Marine Le Pen dans les rues de New York
Politique

Le rêve américain s’effondre pour Marine Le Pen

Mardi 1er novembre, Marine Le Pen, présidente du Front National et candidate à la présidentielle de 2012, s’est rendue aux Etats-Unis pour y rencontrer plusieurs ambassadeurs et représentants américains. Le but de cette tournée américaine est simple : Marine Le Pen veut se doter d’une stature internationale à quelques mois de la présidentielle, afin de prouver qu’elle a l’étoffe d’une future présidente, ou au moins d’une candidate sérieuse. Cette démarche est assez courante chez les politiques français, mais dans le cas de Marine Le Pen, les choses ne se sont pas exactement passées comme le FN l’avait prévu.

 

Marine est abandonnée par ses hôtes

 

Si Marine Le Pen avait des rendez-vous prévus (elle avait annoncé des rencontres avec des représentants des communautés noires et juives, des élus au congrès, etc.), personne ne s’est bousculé pour la rencontrer. Une à une, les personnes en question ont annulé ou écourté leur rendez-vous avec la candidate d’extrême droite. Doit-on y voir le refus d’associer son image à celle d’un parti d’extrême droite française ? Ou bien doit-on comprendre que les dirigeants américains n’ont pas de temps à accorder à une personnalité qu’ils connaissent finalement peu, voire pas du tout ? Le fait est que celle-ci a fini par faire du tourisme dans les rues de Washington.

En fait, ce n’est pas tout à fait juste, Marine Le Pen a bel et bien rencontré un représentant américain, et pas des moindres : l’ambassadeur d’Israël à l’ONU. Tout un symbole pour la fille de celui qui avait qualifié les horreurs de la Shoah de « point de détail », et peut-être, qui sait, cela aurait-il eu un effet positif pour le FN si l’ambassadeur n’avait pas, ensuite, qualifié cette rencontre de « malentendu » et de « bourde ».

En définitive, Marine Le Pen n’a finalement été vraiment reçue que par une seule personne, qui n’a pas voulu assumer cette rencontre.

 

Marine se met les médias à dos

 

Alors que le voyage avait une visée médiatique évidente (montrer aux français la carrure internationale de Marine Le Pen), celle-ci s’est échinée à fuir les journalistes, à refuser de répondre à leurs questions, et comble du comble, la candidate en voyage a même semblé les trouver pénibles. Evidemment, on comprend mieux cette attitude quand on découvre que l’entreprise du Front National a été un véritable fiasco. Marine Le Pen n’a probablement pas eu envie de devoir lister devant les caméras tous les refus qu’elle a essuyés.

Les journalistes français ne se sont pas gênés pour rendre à Marine la monnaie de sa pièce. Tous les médias ont évoqué l’affaire et se sont accordés pour parler de flop.

 

Marine donne un bel exemple d’échec communicationnel

 

Non seulement le FN n’a pas atteint l’effet escompté, mais il a obtenu l’effet inverse. Ce que l’opinion française aura retenu de ce voyage c’est l’image d’un Front National méconnu à l’étranger et auquel on ne veut surtout pas être associé parce que cela fait tâche. Et après cet épisode, les élus étrangers ne risquent pas de se presser au portillon pour rencontrer Marine Le Pen. On peut se demander si cela entachera finalement la campagne de la candidate. Peut-être pas, mais sa sortie américaine ne lui aura probablement pas apporté de nouveaux électeurs.

Le Front National aura tout de même réussi, on peut le reconnaître, à faire parler de lui. Mais en avait-il vraiment besoin ? Le FN est suffisamment connu des français et peut se passer d’un nouveau bad buzz. Il va donc falloir qu’il redouble d’efforts pour travailler son image, parce que de ce bad buzz là, on oubliera vite le « buzz » pour ne garder que le « bad ». Et le bide.

 

Claire Sarfati

 

Crédits photo :
AFP/Emmanuel Dunand
AFP/Alberto Pizzoli
AP/Jacques Brinon

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3 thoughts

  • bravo Claire !
    Haha quelle comédie !
    cf un article très drôle dans Libé du mois dernier;
    ""La présidente du Front national a déjeuné hier avec quelques diplomates à la cafétéria des Nations unies à New York. L’ONU a précisé qu’elle n’avait rien à voir avec ce déjeuner, ses salles de restaurant étant gérées par un restaurateur privé qui les loue aussi pour des repas d’affaires ou des mariages."
    "En 1987, son père Jean-Marie Le Pen avait réussi à se glisser à une réception où figurait Ronald Reagan, et se faire photographier serrant la main du président américain. Le tout, grâce à un dirigeant de la secte Moon, qui avait introduit Le Pen à la réception, avait alors reconstitué le correspondant du Monde, Bernard Guetta."
    "Tout au long de sa journée à Washington mercredi, la candidate du FN s’est efforcée de semer les journalistes pour faire croire qu’elle allait enchaîner d’importants et mystérieux rendez-vous."

  • Belle tranche de rire merci ha ha! Heureusement que la liberté d'expression existe pour qu'on puisse voir toutes leurs idioties, même si ça nous oblige aussi à supporter leur présence!

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