Culture

Place Vendôme VS Tchétchénie aux Rencontres d’Arles

 
Le 7 juillet 2014, les Rencontres d’Arles se sont ouvertes en « Parade »* pour leurs 45ème édition, mettant à l’honneur les photographes du sérail (Martin Parr, Raymond Depardon, David Bailey…) ayant accompagné depuis une dizaine d’années le directeur du festival international de la photographie, François Hebel.

Des sponsors liés à l’histoire même des Rencontres
Alors qu’elles sont à 48% financées par le Ministère de la Culture et de la Communication et les différentes institutions locales**, les Rencontres arborent fièrement sur les affiches une liste de prestigieux sponsors, de Gare&Connexions à l’Occitane. Certaines marques placent leurs produits au Parc des Ateliers, comme les grosses voitures BMW. Pourtant, d’autres entreprises s’intègrent intégralement dans le festival, en soutenant la création photographique par l’organisation d’expositions  et par des initiatives désormais incontournables. On peut citer parmi eux la sélection des SFR Jeunes Talents qui possède, pour la première fois depuis 9 ans, son propre lieu indépendant dans la programmation In, ou encore le projet Olympus qui met en lien des grands photographes professionnels avec des étudiants de l’Ecole Nationale de la Photographie. Pour SFR et Olympus, le message est clair : une visibilité de premier plan avant tout. Partenaire d’autres grandes institutions consacrées à la photographie (le BAL, festival Circulation(s), Paris Photo…), SFR soutient les jeunes photographes qui, selon eux, devraient être vus et reconnus. Recevant entre 500 et 1500 candidatures, SFR se positionne comme un acteur majeur des révélateurs de talents. Mais il s’affiche aussi comme le leader des nouveaux outils digitaux par le développement d’outils numériques (applications mobiles par exemple). Olympus quant à eux, il en va de l’identité même de leur marque que le soutien à la création photographique contemporaine. Plus que le placement de produit, la célèbre marque d’appareils photo est devenue un acteur essentiel de la rencontre entre les maîtres et les élèves et leur présence sur les lieux du festival n’est évidemment pas étonnante.
La banque Pictet et la société de gestion Carmignac, les nouvelles entreprises (culturelles) au cœur des Rencontres
Pourtant, sur la liste des entreprises présentes sur le festival, certaines peuvent étonner par la dissociation de leur cœur de métier avec la photographie. Deux attirent particulièrement le regard, et pourtant font désormais partie intégrante de l’activité culturelle européenne. Il s’agit d’une part du Prix Pictet, et de l’autre, du Prix Carmignac pour le Photojournalisme.
La banque Pictet a su saisir une bonne combinaison. Alors que les budgets mécénat consacrés à la culture baissent cruellement d’années en années en faveur de l’environnement et du social, cette banque suisse a trouvé le moyen de concilier ces domaines en récompensant chaque année un photographe dont le projet est orienté vers les défis écologiques et le développement durable, à travers des grands thèmes universels : l’eau, la terre, la puissance, la croissance et cette année, la consommation. Présidé par son excellence Kofi Annan, la banque Pictet se dit investie de la mission de responsabilité envers ses collaborateurs et la société. Si son engagement philanthropique s’est inscrit dans l’identité même de l’entreprise, c’est parce qu’elle entend, grâce à ce biais-ci, pérenniser ses relations clients et ainsi de maintenir la stabilité  de ses finances et de ses ressources humaines.  Le message est manifeste: « Dans toutes ces activités, c’est la fierté de nos collaborateurs d’appartenir à Pictet, la fierté de nos clients d’entretenir avec leur banque une relation privilégiée, et la fierté de notre maison d’être utile à la collectivité qui nourrit notre volonté d’agir en entreprise responsable”. Investie dans ces missions, le prix Pictet ne peut aucunement être blâmé. Par le bien-fondé des sujets traités singulièrement et pertinemment par les photographes, le prix Pictet réussit indéniablement son objectif : celui d’informer le public des defis environnementaux auxquels nous sommes tous confrontés, et ceci à travers des oeuvres photographiques. Et dans le même temps, s’insérer dans les Rencontres pour une visibilité nouvelle auprès d’un public nouveau, expert et avisé.

A côté de Pictet, c’est la société de gestion Carmignac qui a étonné à Arles à travers une exposition indépendante dans un très bel hôtel particulier en face des Arènes. Le sujet : un regard esthétique et fort sur la quête d’identité de la Tchétchénie d’aujourd’hui par le photo-journaliste Davide Monteleone. “En harmonie avec les valeurs de courage et d’indépendance, de transparence et de partage qui animent ses équipes, Carmignac Gestion a pris le parti de défendre un regard personnel et engagé, par définition minoritaire et pour cette raison même indispensable.” Carmignac en profite ainsi pour collecter certaines oeuvres des photographes afin d’augmenter sa propre collection d’art contemporain.*** Au delà de la programmation officielle, Carmignac s’associe à Voies Off, le festival Off des Rencontres et un laboratoire professionnel (lui-même soutien de la jeune creation photographique contemporaine), pour réaliser son exposition qui n’est aucunement à envier à celle du In.  En offrant une exposition à la portée de tous, gratuite et esthétiquement irreprochable, Carmignac se place au plus près des Arlésiens, du public, et des professionnels presents lors de ces évènements.
* La 45ème édition a pour titre « Parade »
** Chiffres pour 2011
*** La Collection Carmignac est présentée dans les bureaux du siège social Place Vendôme, mais ouvrira sa Fondation sur l’île de Porquerolles en 2015.
 
Joséphine Dupuy Chavanat

Société

Dislike the like

 
Nouveau chapitre dans la critique contre les réseaux-sociaux. Cette fois, c’est l’artiste italien Mr Thoms qui a posté le 8 juillet dernier une vidéo dévoilant en stop-motion une fresque street-art parodiant notre comportement sur Facebook, avec dans son viseur le like.

Le message est explicite. L’artiste peint un homme menotté, enfermé dans un système d’œillère à l’effigie de Facebook, hystérisé et obsédé par la fameuse main au pouce levé accrochée devant lui.
La critique est parlante : le réseau social, loin de générer du lien, emprisonne l’individu dans une frénésie abrutissante. Il devient un dispositif d’aliénation, qui présenterait presque des similitudes avec la célèbre allégorie platonicienne. Alors, les réseaux sociaux seraient-ils la caverne des temps modernes, et les likes des simulacres de popularité ?
 Nous pouvons tous nous reconnaitre dans cette fresque : elle caricature la façon dont nous « scrutons » le nombre de likes sur nos photos, commentaires ou statuts. Elle montre combien le « like » est dans l’ère du temps, mais peut-être surtout dans celle du marché, alors que les jeux-concours exploitant le dispositif se multiplient et que les marques rivalisent en nombres de « j’aime ». Mais l’e-réputation peut-elle se résumer au like, quand on connait sa volatilité ?
 Car plus généralement, l’artiste nous interroge sur la nature de ce geste : « Liker » est un réflexe. L’intuitivité du bouton est d’ailleurs ce qui fait son succès. On adhère d’un clic, sans forcément en mesurer les conséquences. Et si aimer la publication d’un ami semble sans danger, qu’en est-il du reste ? Des publicités, des pétitions, des messages politiques ? Sans compter qu’avec Facebook, qui ne souffre pas de quelques contradictions, l’intuitif a souvent vocation à devenir éternel.
 Et finalement, qu’arrive-t-il lorsque ce réflexe sort du cadre du réseau social ? Sommes-nous, comme semble le penser l’artiste, prisonniers d’un dispositif qui affecte notre propre rapport au monde ? Augure-t-il de l’avènement d’une société du like ou du dislike, en somme du tout ou rien et de l’assentiment instantané et inconséquent ?
 Clarisse Roussel
Sources :
Konbini.com

Always
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#Commeunefille : Quand le féminisme fait vendre !

 
Face caméra, on demande à de jeunes gens (femmes, hommes, enfants) de courir, frapper, jeter la balle “comme une fille”. La réponse se traduit par des mouvements caricaturés, ridicules et exagérés. En revanche, la même demande est formulée à de petites filles, qui, elles, affranchies de toute idée préconçue, ne décèlent pas le côté péjoratif et se comportent tout à fait normalement.

Always a fait le choix d’une campagne publicitaire choc, à contre sens des stéréotypes qui sont généralement plus fréquents et même plus tolérés dans les publicités. Les traits sont souvent appuyés et les rôles sociaux conservés afin de correspondre à l’univers du consommateur.
Ici, la marque de produits féminins sent le changement de pratiques et des mentalités et se veut en rupture une fois pour toute  avec l’image négative accolée au mot “fille” dès qu’il s’agit de compétences ou exploits particuliers. La vidéo souligne le fait que ce sentiment d’infériorité finit par se distiller dans l’esprit des jeunes filles et se traduit par une perte de confiance en elle dès la puberté.
C’est sur ses valeurs égalitaires que la marque Always mise pour booster ses ventes de serviettes hygiéniques et s’offrir une image d’une entreprise responsable et attentive aux droits et au statut de ses consommatrices.
Même si le message véhiculé est louable, on pourrait se demander s’il appartient à des entreprises de les endosser et de les promouvoir, leur objectif étant, en fin de compte, purement commercial. Dove avec sa campagne Oneslaught (voir vidéo ci-dessous) avait suscité le même engouement et avait de ce fait réussi un beau coup de communication.

De la même manière que des entreprises peuvent miser sur des publicités provocantes, voire sexistes, d’autres comme Always prennent le contre-pied. Néanmoins l’objectif reste le même, celui de gagner en notoriété auprès de ses consommateurs et de susciter le plus de réactions. Cette vidéo peut être considérée comme une opération réussie. Déjà 2 millions et demi de vues comptabilisées sur Youtube, en plus de plusieurs reprises sur de nombreux sites d’information et de divertissement.
Par ailleurs, si l’initiative a été largement appréciée, quelques internautes mécontents se sont tout de même exprimés, la vidéo pour eux ne faisant qu’appuyer des clichés, ne traitant uniquement d’exploits physiques et ne posant pas les bonnes questions.
Qu’elle utilise l’ironie, l’humour, ou la sensibilisation, la publicité révèle quelque chose de nos sociétés. L’égalité homme/femme, entre revendications et acquis, reste au cœur de la nôtre.
Salma Bouazza
Sources :
Slate.fr
Lesechos.fr

Pharrell Williams - Lions d'or 2014
Publicité et marketing

Jacques a dit : Les Français triomphent à Cannes !

 
Cannes est par nature sous le feu des projecteurs. Depuis 1954, chaque année le tapis rouge est déroulé non plus pour mettre à l’honneur le cinéma mais bien la publicité. Le Cannes Lions International Advertising Festival est une référence. C’est LE festival, l’événement qu’attendent toutes les agences publicitaires.

Du 15 au 21 juin, 12 000 publicitaires sont venus, 97 pays se sont affrontés et plus de 37 OOO campagnes étaient en lice. Les agences ont dépensé des milliers d’euros pour pouvoir inscrire leurs campagnes et le chiffre d’affaire du Festival tant réputé atteint 26,2 millions d’euros cette année.
Une semaine à la fois éprouvante et palpitante pour les professionnels de la pub qui rêvent tous de remporter un trophée et de voir ainsi leur travail récompensé…

Si Monsieur Tout le Monde se perd parmi les 17 catégories (Direct / Mobile / Outdoor / Media / Press…), les résultats sont là et les agences françaises ont été largement récompensées. La France brille sur la scène internationale de la publicité.
Cependant, si l’événement est crucial pour le milieu, peut-on en dire autant d’un point de vue plus global ? Les « Lions Cannes » ne semblent concerner que le petit milieu des publicitaires. Alors, à quand une récompense venue du grand public ?
Les agences françaises telles que BETC, DDB, Fred&Farid, Marcel, Publicis, LeoBurnett et j’en passe sont à l’honneur. Mais l’agence qui a été la star du Festival est sans aucun doute Iconoclast, qui gagne le Grand Prix Cyber, cinq « Gold lions » et un « silver ». Par ailleurs, il s’agit de la seule agence française qui a remporté un Grand Prix cette année.
Les juges ont décidé de récompenser le lancement du tube de Pharrell Willams « Happy » produit donc par Iconoclast et reposant sur le dispositif 24hoursofhappy.com. Le clip interactif obtient non seulement un Grand Prix pour « l’expérience utilisateur » mais opère un véritable hold-up parmi les récompenses.

Réalisé par le duo français We Are From LA, le clip de 24 heures compte près de 200 millions de vues et génère près de 1500 versions réalisées par des fans issus de 130 pays. Au final, il semble bien que l’avis et le goût du grand public aient quelque part été entendus car « Happy » a été la chanson n°1 des ventes Itunes, celle qui passait le plus à la radio, celle qui a créé le plus d’interactivité. En somme, belle moisson 2014 pour la France qui s’accorde 86 prix contre seulement 55 l’an passé.
 
Sophie Cléret
Sources :
LaReclame.fr
Llllitl.fr
Canneslions.com

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Société

Quand les grands jouent dans la cour des start-up

 
Les grandes entreprises semblent avoir eu le déclic. Pour innover, il faut désormais compter sur les start-up, leur puissance créatrice et leur mode de fonctionnement.
Que cela n’en déplaise aux vieux de la vieille, la culture d’entreprise tend aujourd’hui au rapprochement : on se tutoie, on se donne rendez-vous au « showroom », on se rejoint à l’ « agora » et on s’assoit en tailleur dans l’« open space » pour mieux travailler en « co-working » et en « mode projet ». Cela paraîtra peut-être excessif, pas directement visible, et pourtant le management et la communication interne sont en pleine révolution : Quicksilver est un exemple parmi d’autres en France, où se déploient des programmes internes de formation destinés à développer l’esprit start-up chez les employés.
Dans le même esprit, tous ces grands veulent avoir leur « Lab » : Coca-Cola, British Airways, Nestlé ou encore SNCF avec Paris Incubateur… Et les grands gagnants de cette tendance sont les start-up. Les incubateurs fleurissent dans les entreprises pour leur permettre de challenger les « jeunes pousses » autour de projets essentiellement digitaux que sont les applications mobiles et les plateformes sociales : l’an passé, 86 milliards d’applications ont été téléchargées, soit une mine d’or pour les entreprises qui parviennent à s’y insérer efficacement. C’est ici que les start-up interviennent et bouleversent le modèle de la grande entreprise autonome et toute puissante. Il faudra compter sur ces petits, et même les imiter.
Toutes ces clés permettront de comprendre, dans un futur proche, la nouvelle entreprise de demain pour laquelle il faut se préparer dès maintenant. Pensez donc bien à remplir la ligne « valeurs » de vos CV, car elles seront sûrement le ciment de votre entreprise !
Céline Repoux
Sources :
Les Echos
PQR 66
Capitaldigital.fr
Influencia
Visual.ly
Crédits photo : Israelvalley.com

Société

Etats-Unis : la fabrique à show

 
L’un cache des billets à San Francisco en tweetant des indices permettant de retrouver le sésame, tandis que l’autre dénonce les rappeurs américains qui arborent de fausses montres sur Instagram.Rien ne semble rapprocher ces deux phénomènes 2.0, que l’on retrouve respectivement sous le compte de #HiddenCash sur Twitter et de #FakeWatchBusta sur Instagram.
Et pourtant. Le premier à avoir fait le buzz à la fin du mois de mai,  est Jason Buzi, un investisseur américain, qui, après avoir gagné énormément d’argent, a décidé d’en faire bénéficier les habitants de San Francisco. Pour se faire, il a donc opté pour un procédé simple et ingénieux : à chaque somme d’argent dissimulée, le bienfaiteur tweete un indice sur son emplacement, depuis son ordinateur. Une fois découvert, l’heureux élu est invité à tweeter une photo du butin. Ce Robin des Bois qui agit, dit-il, « par plaisir », a fait savoir qu’il espère étendre son projet à d’autres grandes villes comme New York ou Los Angeles et pense pouvoir continuer à vivre à l’abri tout en donnant jusqu’à 1000 dollars par jour. Il s’est décidé à faire don de sa fortune dans la ville californienne car celle-ci détient le plus grand écart de richesse du pays. Depuis qu’il a été démasqué le 10 juin dernier,
#HiddenCash a déclaré vouloir cacher des billets dans les villes de Londres,
Madrid et Paris durant la première semaine de juillet. Un événement
certainement très attendu des européens.
Et c’est d’Europe que vient le deuxième justicier, un trentenaire connu sous le nom de #FakeWatchBusta sur Instagram et qui se dénomme lui-même The Dark Night of Watches. Ce passionné d’horlogerie et de mécanique et collectionneur de montres, s’amuse à divulguer les tricheries des grands noms du rap comme Soulja Boy (rappeur, producteur et acteur américain) ou même des stars internationales comme Garrett Wolff de la NFL (football américain) qui s’affichent fièrement sur leur propre compte avec de fausses montres de luxe – que certains ne savent même pas contrefaites. L’humiliation peut être sévère lorsque la dénonciation se retrouve placardée publiquement sur Instagram, à l’aide d’un « FAKE » rouge sur la photo du détenteur de la fausse montre. Ce qui peut s’apparenter à une chasse plus « fun » que sérieuse, comporte tout de même des risques pour le traqueur qui fuit les menaces de procès.
Finalement, entre ces deux « phénomènes du web », on retrouve cette même volonté de procéder de façon anonyme. Figures modernes des héros de notre enfance, ils se placent dans la lignée des bienfaiteurs masqués qui avancent dans l’ombre – l’ordinateur étant le gadget par excellence du héros moderne -, risquant beaucoup pour maintenir une certaine forme de justice, voire un équilibre entre le bien et le mal. Même si porter une fausse Rollex n’a jamais tué personne, nos redresseurs de tort défendent des valeurs qui sont celle d’une justice sociale contemporaine. Une redistribution des richesses et une dénonciation du « bling-bling » américain n’ont certes pas le même objectif mais l’auto-justice est dans les deux cas symptomatique. Encore appelée « vigilantisme », ce comportement consiste à faire exercer la loi de manière individuelle et en dehors de toutes considérations juridiques légales. Batman ou Spiderman témoignent du succès des justiciers aux Etats-Unis, terre d’origine des héros à capes et des vengeurs inconnus. Pas étonnant que les internautes (nouvelles figures des citoyens) trépignent devant de telles opérations. Une tendance somme toute, pas si moderne…

Un autre point commun réunit #HiddenCash et #FakeWatchBusta : le goût de la mise en scène, voire de la spectacularisation. Le premier s’en sert pour faire preuve de générosité quand l’autre l’accuse. En effet, si Jason Buzi, le riche investisseur, a fait le bonheur de dizaines de citoyens américains en faisant acte de charité, il a surtout choisi de recourir à une communication virale et à une réalisation inédite, en grandeur nature. En France, quand un gagnant au loto décide de reverser une partie de son du à des associations, la discrétion est souvent préférée à l’exubérance et c’est à peine si quelques médias relatent la nouvelle.
Personne ne semble dépasser les américains au jeu de la « surproduction » quasi hollywoodienne. En témoigne l’événement organisé en novembre 2013 par la fondation « Make-a-wish »qui réalise les rêves d’enfants atteints de maladies graves: le petit Miles Scott, souffrant d’une leucémie et fan des supers-héros, a pu vivre son rêve et lui aussi s’armer de sa cape de « BatKid ». Toute la ville de San Francisco – la police, le maire, l’équipe de football, les médias locaux et 7000 volontaires – ont collaboré pour faire de la ville, un Gotham City plus vrai que nature. Le mini-héro a ainsi pu débarrasser la ville de ses méchants, exploit que n’a pas manqué de saluer Barack Obama et la Première Dame.

Le faste de ce genre de mise en scène, l’Europe n’est pas encore prête à l’adopter : ne serait-ce pas d’ailleurs ce que dit en partie #FakeWatchBusta en dénonçant la contrefaçon ostentatoire ?
Laura Pironnet

Sources
HuffingtonPost
HuffingtonPost
LesInrocks
LeFigaro

Orangina
Publicité et marketing

La canette Anti-Foot d’Orangina

 
La marque de soda light Miss-O d’Orangina vient de lancer une canette “Anti-Foot” destinée à celles et ceux qui se désolent à l’idée que les médias ne parleront que de la Coupe du Monde pendant un mois. Alors que les marques (mais aussi les hommes politiques *) profitent de la Coupe du Monde pour redorer leur communication à moindres frais, Orangina a pris le contrepied en déclarant vouloir contrer la “dictature du ballon rond”.
 La marque de sodas est partie du principe que plus de 37 millions de Français et près de 4 milliards de personnes sur Terre ne regarderont pas la Coupe du Monde, soit une majorité. Ce point de départ a mené à la création d’une canette à part, capable de capter les fréquences des télévisions : il suffit ainsi d’appuyer sur un bouton pour mettre fin aux matchs indésirables.
C’est avant tout une opération marketing (réalisée par l’agence Fred & Farid), mais l’objet magique existe réellement. Pour accentuer le buzz, la canette n’est pas en vente mais à gagner sur Facebook ou Twitter – ce qui permet aussi à la marque de resserrer le lien avec ses fans.
Le choix d’un positionnement “anti” est original, tout en étant en parfaite adéquation avec le discours de la marque qui s’était déjà mobilisée contre le foot en 2008. Orangina s’offre par la même occasion un plaisant pied-de-nez à son concurrent Coca-Cola, sponsor officiel de la Coupe du Monde.
L’opération pleine d’humour crée du buzz autour de la marque, qui profit donc aussi de la visibilité de l’événement…
Lucie Detrain
 
*
Sources :
https://www.facebook.com/Orangina

Publicité et marketing

Osez la créativité !

 
Soyez créatifs : un leitmotiv qui ne cesse d’être repris dans les slogans publicitaires, les médias, les discours de chefs d’entreprise… Le nombre de personnes qui se pressent aux portes des écoles d’arts appliqués encourageant la floraison d’écoles privées atteste également de cette appétence pour la créativité. Toutefois, cette dernière est trop souvent confondue avec sa caricature. La créativité ne s’incarne ni sous les traits d’une personne désorganisée et excentrique, ni sous ceux d’un Léonard de Vinci. Comme le bon sens, elle est l’une des choses au monde les mieux partagées, il suffit seulement de la stimuler. A l’inverse du génie, la créativité n’est pas l’apanage de quelques-uns. Elle se définit comme la capacité à imaginer une solution nouvelle. Pour évaluer le potentiel créatif, quatre critères peuvent donc être retenus : la fluidité (nombre de réponses données en un temps donné sur un problème posé), la flexibilité (nombre de catégories différentes dans lesquelles on peut classer ces réponses), l’originalité (capacité de produire des idées statistiquement peu fréquentes) et l’élaboration (capacité de produire des idées détaillées et complexes).
Chacun de nous possède un créatif qui sommeille en lui et ce n’est rien de le dire. Une enquête sur les habitudes matinales menée par la marque Ikéa dans huit villes à travers le monde a montré qu’un état de demi-sommeil était favorable à la créativité. Elle met également en évidence le fait qu’une partie des couche-tard sabordent eux-mêmes leur potentiel créatif en se forçant à se lever trop rapidement. La proportion varie selon les villes : 57% Mumbai, 52% Shanghai, 44% Paris, 38% New York City, 37% Londres, 25% Stockholm, 27% Moscou et 4% Berlin. Bien que les couche-tard ne considèrent pas la matinée comme un moment favorable à l’épanouissement de leur créativité, c’est en réalité à cette période qu’ils ont le plus de chances de l’exercer.
La créativité est donc une tournure d’esprit qui consiste à renverser le problème et à le résoudre en sortant des sentiers battus. Les règles la briment autant qu’elles lui sont nécessaires. En effet, l’anomie ne permet pas de créer puisque une idée créative n’est remarquable que si elle se distingue de la masse. Avoir un esprit créatif signifie être curieux, savoir remettre en cause les modèles préconçus et bien analyser la situation.
L’invention du post-it commercialisé par 3M company, un conglomérat américain spécialisé dans les matières adhésives –d’où leur marque Scotch- dans les années 1980 ou l’aspirateur sans sac de Dyson datant de 1993 relèvent d’esprits créatifs. Une entreprise de colle qui crée une colle qui ne colle pas et un marchand d’aspirateurs qui supprime un des éléments qui lui assure un revenu régulier. En octobre prochain, Darty révolutionnera la notion de service client. Grâce à un bouton connecté, l’utilisateur dont l’un des appareils est en panne pourra être mis en contact directement avec des conseillers de service après-vente.
La créativité s’impose désormais comme une qualité indispensable dans de nombreux métiers. Nos sociétés industrielles vieillissantes touchées par la crise peinent en effet à retrouver des taux de croissance élevés. Le taux d’équipement des ménages est atteint pour la plupart de biens de consommation : machine à laver, lave-vaisselle, TV, ordinateur… Dans ce contexte, la seule raison qui pousse les individus à renouveler leur parc n’est autre que la volonté d’acquérir un produit plus performant. Or, l’innovation n’émane que d’esprits créatifs.
Par ailleurs, la créativité est aussi la capacité d’exprimer sa personnalité. Dans notre société mondialisée, de plus en plus individualiste, et par certains côtés uniformisée, elle est un moyen d’affirmer sa différence. Or, la démocratisation des moyens techniques grâce aux NTIC telles que la photographie numérique, l’auto-édition de textes par informatique, la fabrication de clips vidéo, permet à chacun de s’approprier ces outils pour ensuite pouvoir signifier son caractère unique en postant via internet des preuves de sa créativité. Le Do It Yourself et la customisation relayés par des émissions télévisées sont deux tendances fortes de cet engouement créatif. Toute production est un prétexte à l’expression de sa créativité, et à travers elle, à celle de soi. La créativité d’un plat, d’une décoration intérieure …
En somme, le fait que chacun puisse être créatif est une bonne nouvelle dans notre société où le pessimisme triomphe. Elle est une porte de sortie à la crise lorsqu’elle se mue en innovation. Cependant, en tant que capacité d’expression et de remise en cause des règles, elle déroute. Les individus ont tendance à se laisser porter par la force des habitudes plutôt que par leur force vitale et oublient leur pouvoir créatif.
Miléna Sintic

Change
Société

Engagez-vous : cliquez

 
Qui aujourd’hui ne connaît pas Change.org, plateforme de pétitions en ligne créée en 2007, qui s’est s’imposée sur nos réseaux et nos « pages » ? Se revendiquant elle-même « la plateforme de pétition en ligne la plus puissante du Web », Change.org répertorie les pétitions tout en permettant à chacun d’en créer et, bien évidemment, d’en « signer ».
Change.org semble ainsi avoir pris acte de l’impossibilité aujourd’hui de passer à côté des réseaux sociaux et d’Internet. Fort de ce constat, le site adapte l’engagement pétitionnaire à l’écran, permettant ainsi une large diffusion et une rapidité d’action (en « un clic »).
Cependant ce choix de pratique, s’il accroît la visibilité des pétitions, et donc indirectement, on peut le supposer, le nombre de signataires, donne-t-il réellement plus de poids à la pétition ? Signer une pétition en cliquant sur un bouton, au même titre que lorsque l’on accepte les conditions d’utilisations (que personne ne lit) peut revenir à amoindrir le geste, à rendre l’engagement plus machinal et automatique. On s’éloignerait ainsi de la logique du soutien humanitaire ou de l’engagement politique que cristallise la plupart des pétitions. D’autant que Change.org se distingue également par une stratégie d’e-mailing que l’on pourrait juger intrusive pour un site de pétition. Car une fois encore, le poids d’une pétition se mesure au nombre de signatures, avec l’idée qu’en amont, chaque signataire a pris acte du sujet et a fait la démarche de signer. Avec Change.org, les pétitions sont répertoriées, certaines arrivent à nous dans notre boîte mail avec une certaine régularité, et ce pour nous présenter de nouvelles pétitions et nous sensibiliser à de nouvelles causes.

Eugénie Mentré
Sources :
Change.org

Fast shopping comptoir des cotonniers
Société

Cet article est une boutique : le fast shopping, une révolution ?

 
La dernière campagne médiatique de la maison de prêt-à-porter Comptoir des Cotonniers a apporté une vague de fraîcheur sur le monde du e-commerce, pratique commerciale aujourd’hui indispensable à toute marque, et banalisée dans les consciences collectives.
Ne mâchant pas ses mots, le teasing précédant cette opération publicitaire parlait de « révolution ». La curiosité de ses clients et autres prospects a été ainsi fortement attisée par le biais des réseaux sociaux et de la presse, notamment lorsque la maison annonçait l’ouverture prochaine de « 10 000 boutiques » et que les partenaires de l’événement se trouvèrent être le groupe industriel d’affichage publicitaire JCDecaux et l’application PowaTAG.

Le 28 mai, cette fameuse révolution s’est affichée, en toute évidence, sur divers supports publicitaires qui avaient alors la mystérieuse prétention d’être des boutiques : « Cet immeuble est une boutique », « Cet abribus est une boutique », « Ce magazine est une boutique »…
Le cœur de l’opération est en réalité le lancement d’une nouvelle application mobile qui relie un achat virtuel à un support physique. En effet, une sélection d’articles de la collection Printemps-Eté 2014, réapprovisionnée de quelques 5 000 articles pour l’occasion, est présentée sur ces panneaux ou pages publicitaires, et chaque article est relié à son propre code QR, ce fameux code-barre disposé dans un carré noir et blanc, décodable par un smartphone.
Il suffit alors au simple passant, pris d’un coup de cœur pour tel ou tel article de scanner son code à l’aide de l’application PowaTAG afin de pouvoir l’acheter directement, simplement et rapidement depuis son téléphone.
Par ce lancement de la société Fast Retailing, propriétaire de l’enseigne Comptoir des Cotonniers, on constate que le canal du commerce mobile répond intrinsèquement à une demande d’immédiateté dans le processus de la découverte du produit ou de la marque, à l’achat, la concrétisation matérielle de ce premier contact.
Plus rapide et plus tout terrain que le e-commerce, le commerce mobile se développe parallèlement à la performance de plus en plus poussée des téléphones portables et des applications qui s’y rattachent, poussant ainsi les consommateurs à y passer de plus en plus de temps, entre réseaux sociaux et flâneries en ligne.

Si l’apparition de cette nouvelle pratique d’achat illustre bien le développement d’une tendance ancrée de longue date dans les consciences des consommateurs, il ne faudrait pas voir là une nouvelle concurrence au e-commerce.
En effet, les chiffres du commerce mobile sont généralement associés à celui de son aîné : la structure logistique en interne de l’entreprise est la même pour deux canaux de vente différents. Le développement du commerce mobile ne fera donc que renforcer les fondements du e-commerce.
Cette nouvelle donne aurait peut-être, en revanche, de quoi effrayer les boutiques traditionnelles. D’une part le développement de marques d’envergures internationales exclusivement en ligne (ASOS, Sheinside, Romwe…), d’autre part le manque de temps et l’addiction au net de la génération digital native, tout sembler pousser les entreprises à investir de plus en plus le commerce en ligne, au détriment, peut-être, de leurs boutiques physiques.

Ainsi, on constate aisément un développement de politiques favorables à l’achat en ligne, e-commerce ou commerce mobile : frais de port offerts, frais de retour offerts, promotions répétées (indépendamment des périodes de soldes fixées), codes promo circulant sur la toile… Avec tous ces avantages, quel intérêt aurait donc le consommateur à acheter en boutique ?
La véritable innovation du « fast shopping » est en réalité la suppression de presque toutes les étapes du processus allant de la publicité à la vente, dans l’esprit du consommateur. L’hésitation n’a guère plus sa place : entre excitation et impatience, le fast shopping semble condenser en un laps minimal de temps les émotions d’une séance prolongée de shopping (en ligne ou en magasin), optimisant alors l’abandon impulsif à la tentation de l’achat.
 
Charlène Vinh
Sources :
Fashionmag.com
Lefastshopping.com
Asos.fr

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