Affichage hors-média pour Volkswagen Up par l'agence V
Edito

Pour les grands et les petits !

 
Nous parlions la semaine dernière des tendances pour 2012. Ces tendances ne prennent de l’importance qu’à partir du moment où des entreprises s’en emparent. Ainsi, elles se confirment, s’installent et se développent. Si cela risque de prendre du temps pour certaines, d’autres vont être exploitées, consciemment ou non, dès les premiers mois de cette année. L’agence .V. et Volkswagen, pour leur part, ne perdent pas de temps ! Ces deux instigateurs nous font prendre de la hauteur avec une initiative qui fait tourner les têtes.
En ce mois de janvier froid et pluvieux, les conducteurs bien au chaud dans leurs habitacles roulants auront le plaisir de voir, sur le périphérique parisien, un affichage pas comme les autres. En effet, l’agence .V. n’a pas chômé pour hisser la nouvelle petite citadine Volkswagen Up aux sommets.

Alors vous me direz que cela n’a rien de particulièrement étonnant, après tout, ce n’est qu’une affiche géante. Certes. Cependant, si ce n’est pas très clair sur la photographie, il faut savoir que la voiture est, en fait, bien réelle. En effet, la voiture a été apposée sur l’affiche ce qui donne tout son sens au concept créatif et tout particulièrement à l’accroche qui n’est pas forcément comprise au premier abord. La règle de 10 mètres de haut permet de démontrer la petitesse de la citadine qui ne dépasse pas la barre des 3 mètres. Cela peut rappeler à certains le moment fatidique de la prise de mesure étant enfant : quand sur le bout des pieds, le menton relevé, le dos droit, on essayait désespérément de gagner quelques centimètres pendant que Maman notait une ligne discrète au crayon.
Ici le but est inversé, et s’inscrit directement dans l’une des tendances que nous avons découvertes dimanche dernier. Je vous laisse deviner laquelle…
Navigating the new normal // Chérie j’ai rétréci les gosses
Rappelons rapidement le propos que ce titre ne clarifie pas. Cette tendance prédit de nouvelles initiatives de la part des annonceurs et des marketeurs qui, dans un marché encombré, vont ouvrir leur entrée de gamme aux consommateurs les plus sensibles du portefeuille. Pour cela, ils vont jouer sur les prix ou sur les tailles. Les produits vont devenir plus petits et, par là-même, moins chers, pour se rendre plus accessibles et correspondre davantage aux exigences du consommateur.
Alors, il parait évident que cette nouvelle petite citadine en fait partie. Elle n’est pas la seule et la tendance au mini n’est pas toute récente mais cette année représentera sûrement son apogée. On le constate dans l’automobile, mais aussi dans tous les secteurs. La dernière campagne Coca-Cola Light par exemple, avec ses dolls, repose sur le même ressort. De même que la campagne Chupa Chups qui nous donne à voir Barbie et Action Man, sucette en bouche.
Nous risquons donc de voir beaucoup de campagnes de ce type lors de l’année qui s’annonce. Espérons qu’elles soient aussi impressionnantes que ce dispositif. Au pire, l’agence .V. nous réserve sûrement d’autres belles surprises.
 
Marion Mons

Crédits photo :
©Volkswagen – ©Coca-Light – ©Chupa Chups

2
JWT Trends pour 2012
Edito

Retour vers la future année 2012

 
Pour débuter cette nouvelle année, je vous propose, une fois remis de votre cuite d’hier soir, de découvrir les prévisions en matière de tendances pour l’année 2012. C’est la période vous me direz ! Tout le monde y va de son petit rapport, de sorte que l’on ne sait plus à quel saint se vouer. Après avoir procédé à un choix quasi cornélien, je me suis penché sur celui de l’agence américaine JWT.
En effet cela fait près de 7 ans que l’agence publie chaque année un cahier développé par  leur bureau de recherche JWT Intelligence à l’aide d’études quantitatives et qualitatives tenues durant l’année.  C’est donc début décembre que le rapport annuel a fait son apparition, à la fois en print et en digital avec un slideshare et une vidéo teaser de 2 minutes que je vous invite à visionner ci-dessous :
 

 
Parce que tout le monde n’est pas bilingue en anglais et que la synthèse d’idées, parfois complexes, n’est pas toujours accessible, je suggère de se prêter à une petite réflexion sur chacun des concepts abordés dans cette animation.
 
Navigating the new normal // Chérie j’ai rétréci les gosses
Restons sur le sujet de l’accessibilité avec cette première tendance et sa signature pas si évidente.  Loin de moi l’idée de vous en fournir une traduction exacte, cependant il semble pertinent d’y associer l’ouverture. Celle-ci s’opèrera au niveau de l’entrée de gamme grâce à des marketeurs prêts à jouer sur des mini prix et des mini tailles. Autant dire que l’on aura bientôt tout en miniature dans notre cuisine. De quoi reconstituer une vraie maison de poupées !
 
Live a little // Un peu de « laisser-aller » n’a jamais tué personne
Les consommateurs trouveront leur compte dans le tout miniature, car en cette année 2012 difficile, ils vont s’accorder plus de plaisir mais à petites doses. Marre de se serrer la ceinture, de courir le matin, de manger sain et d’être un saint !
 
Generation go // La génération entrepreneuriale
Pendant ce temps, les jeunes, contrairement à ce que l’on peut penser, ne vont pas se tourner les pouces. Face à un marché du travail gelé et bouché, ils n’ont plus d’autre choix que de créer leurs propres opportunités. Cette année va voir fleurir des start-up qui vont peut être, à leur façon, relancer l’économie. Qui sait ?
 
The rise of shared value // Synergie et valeurs pour tous
Avant de s’inquiéter de la montée en puissance des start-up, les entreprises vont surtout s’inquiéter de leur image citoyenne. Renflouer les associations ne suffit plus, il faut maintenant intégrer des problématiques sociales à son business model.  Mais si les entreprises doivent sauver le monde, qui va sauver les entreprises ? Super-État ?
 
Food as the new eco-issue // Manger mieux pour dormir mieux
Les entreprises ne seront pas les seules à mettre la main à la pâte. Les consommateurs vont faire plus attention à leurs choix de nourritures et à ce qu’ils peuvent entrainer comme conséquences pour l’environnement. Les marques vont trouver de nouveaux moyens d’inciter à une consommation toujours plus responsable.
 
Marriage optional // Le mariage, c’est en option ?
Plus responsables en matière d’alimentation mais pas forcément quand on en vient à l’engagement suprême. Des femmes, de par le monde, redéfinissent le concept du « happily ever after » a.k.a.* « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». De toute façon, depuis que la valise à roulettes existe à quoi bon se marier ?
 
Reengineering randomness // Laisser le hasard faire les choses
On contrôle tout, si bien que plus rien ne nous étonne. On se constitue un monde personnalisé pour marquer notre individualité. On se renferme sur soi jusqu’à devenir soi-même plus étroit d’esprit. Cette année sera celle de l’ouverture à une vie faite de découvertes aléatoires et de points de vue divergents, synonymes de « nouveau souffle ».
 
Screened interactions // Miroir, mon beau miroir, qui est la plus belle ?
L’écran s’incrustera partout ! Dans les tables de restaurants, dans les murs, dans les panneaux publicitaires… Le tactile prendra le pouvoir en faisant de chaque écran un pur outil interactif afin de découvrir, commander, acheter, et cela partout, sans oublier, tout le temps.
 
Celebrating aging // L’âge rend plus sage
C’est officiel, on vit plus longtemps qu’avant ! Les mentalités vis à vis de l’âge vont s’en trouver changées. Nous allons y voir les bons côtés et redéfinir à quel moment on devient véritablement « vieux ». Quand vieillir devient « cool »…
 
Objectifying objects // L’objet « objet »
Dans un monde de plus en plus digital, des objets de tous les jours comme les cartes de vœux (c’est la saison) ou les cartes postales disparaissent au profit de leur équivalent numérique. Cependant, les consommateurs sont en demande de matérialité. Un objet que l’on puisse toucher, faire tourner et, pourquoi pas, coller à son frigo.
 
Maintenant vous savez à quoi vous en tenir pour 2012 !
 
Marion Mons
 
Sources :
JWTIntelligence
Slideshare Trends 2012
*c’est-à-dire.

Sapin de Noël aux Galeries Lafayette par Ghislain Sillaume
Edito

Merry Christmas – Buon Natale – God Jul

En ce jour de Noël, je propose de faire un petit retour sur ces 15 derniers jours de consommation à outrance digne des fantasmes des « shopaholics » les plus folles. Vous vous êtes, tout comme moi j’imagine, frottés aux foules envahissantes de magasins autrefois tant aimés, jusqu’à vous demander si tout ce qui se dit sur le pouvoir d’achat en baisse des français n’est pas que « foutaises ». Pardonnez-moi l’expression, les courses de Noël ont eu raison de mes manières.
Pour en revenir donc à ce fameux pouvoir d’achat, il semblerait pourtant qu’il ait rarement été aussi bas. Si on en croit le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), les Français se serrent la ceinture face à la crise et sont déjà un tiers à déclarer « consommer moins pour faire des économies ». Sauf…pour la période de Noël car après l’effort, le réconfort !
Dès le foie gras et la dinde digérés, les soucis reprennent avec l’annonce, toujours selon le Crédoc, d’une année 2012 d’autant plus difficile. Alors que certains ménages vont voir leur pouvoir d’achat continuer de reculer en moyenne de 0,3%, d’autres vont se rendre sur ebay pour revendre fissa des cadeaux pas encore tout à fait déballés. C’est un moyen comme un autre d’arrondir des fins de mois difficiles (pour 8,7% des revendeurs concernés) en se débarrassant d’un cadeau déplaisant (25%), ou bien qu’ils ont déjà (17%), ou encore dont ils n’ont pas l’usage (23%).
Cela, PriceMinister l’a bien compris et l’encourage :

 
Enfin, la revente de cadeaux risque tout de même de ne pas suffire à couvrir les frais surtout quand on a encore ceux des fêtes à amortir. On établit une liste des heureux acquéreurs, on fixe un budget de 96,60€*, on s’arrache les cheveux à trouver des idées de cadeaux qui rentrent dans celui-ci et on se jette dans la mêlée des centres commerciaux et autres galeries légendaires. Bien sûr, on dépense toujours plus que prévu et on rentre en se disant « l’année prochaine, je commande tout sur internet un mois avant ! ».
C’est très en vogue d’ailleurs ! Les foyers français ont dédié 22,3% de leurs dépenses en cadeaux à des achats sur la toile cette année et cela ne cesse d’augmenter, surtout avec la montée en puissance des smartphones. De plus, acheter sur internet, c’est aussi économiser jusqu’à 13% sur le panier de Noël, pour les consommateurs  les plus avisés. Reste que l’on est toujours nombreux à s’entasser en magasins et que cette année l’on pouvait même y passer le début des festivités en faisant ses derniers achats le samedi 24 décembre.
Alors pourquoi le fait-on ? En dehors des grands fanatiques de cette période, où loupiottes se mêlent à des décorations carrément ringardes, on est tout de même nombreux à voir en ces courses une corvée, comme le laisse penser cette question lancinante que l’on entend dans toutes les bouches : « et toi, tu as fini d’acheter tes cadeaux ? », sans parler du soupir, de désespoir ou de soulagement, qui s’ensuit.
On le fait sans doute car c’est aujourd’hui un passage obligatoire, un rite sociologique, et la simple idée de ne rien acheter est presque absurde. Tout d’abord, un échange unilatéral engendrerait un silence gênant, remettant en cause les bases du troc selon lesquelles un cadeau en appelle un autre en retour. Puis, de ce silence naîtrait un effet boule de neige, totalement approprié à la saison, électrisant l’atmosphère afin que le reste des réjouissances soit définitivement gâché.
Enfin, ceci n’est que mon humble avis.
Sur ce, bonnes fêtes tout de même !
 
Marion Mons
 Sources :
LSA
CREDOC
Crédits photos :
©Ghislain Sillaume
*Selon une étude Kelkoo et le Centre for Retail Research (CRR).

Edito

C’est qu’une question de temps…

Le 23 novembre, pendant que certains buvaient les paroles d’un penseur de l’homme, d’autres ont fait la queue au cinéma du coin pour voir « Time Out », le nouveau film d’Andrew Niccol, à qui l’on doit notamment Simone et Lord of War. Cet édito n’a pas pour but de faire une critique cinématographique, mais bien d’analyser ce synopsis de fiction pas si fictionnel. Alors, ce film est-il une triste métaphore ou le fruit de l’imagination d’un homme ? Car ne l’oublions pas : le cinéma, de par son statut de média, sert de reflet de la société, tant par le message qu’il émet que par la façon dont il est perçu et reçu.
Le synopsis
 
Tout commence par une injustice. N’est-ce pas toujours le cas ?
Nous voilà plongés dans un monde régi par le temps. Le temps comme monnaie. Le temps comme but à l’existence. Chaque être humain naît avec 25 ans de vie, mais dès sa vingt-cinquième bougie soufflée, voit un compteur se mettre en marche sur son avant-bras avec 365 jours de « crédit ». A partir de là, il faut gagner son pain ou son temps pour subvenir à ses besoins et ainsi, survivre. Car, comme si cela ne suffisait pas, chaque achat se fait par une déduction de ce temps. Ainsi, un café coûte 4 minutes, un trajet en bus coûte 2 heures, et une chambre d’hôtel pour une nuit coûte 2 mois. La suite logique des choses : les riches sont éternels alors que les pauvres vivent au jour le jour, s’entretuant pour quelques minutes.

La problématique du temps
 
Les rapports aux dialogues actuels sont assez apparents. Tout d’abord dans la quête d’une vie rallongée, voire éternelle. La médecine met aujourd’hui en place des techniques qui ont pour but de repousser l’inévitable et si possible en ne prenant pas une ride. Andrew Niccol apporte une solution avec l’impossibilité génétique de vieillir qui nous donne à voir des visages jeunes à jamais. L’âge véritable, de qui que ce soit, devient donc imperceptible : un père et sa fille, par exemple, sont facilement pris pour un couple. Pourquoi a-t-on si peur de vieillir ? Aujourd’hui, ne plus vieillir ne suffit pas, il s’agit de rajeunir. Comme le montrent plusieurs articles sur le sujet, des femmes toujours plus jeunes soumettent leurs visages au botox et placent la vieillesse en pire ennemi de la beauté.
Par ailleurs, le serment d’Hippocrate et l’innovation pharmaceutique ont perturbé l’ordre naturel des choses. On peut les tenir pour responsables, en partie, des difficiles discussions actuelles sur les retraites. En effet, qui va payer pour les personnes âgées alors qu’elles sont en supériorité numérique et gérer une possible surpopulation future ? Là aussi, le concept du film propose une alternative en instaurant le règne du plus fort. C’est la loi de la jungle : un concept qui pousse à l’individualisme induit par le capitalisme, un autre thème fort de l’analyse. Si les riches sont immortels, les pauvres doivent leur laisser la place sur terre donc pour diminuer leurs chances de survie, les taxes dans « les ghettos » sont augmentées chaque jour.
« Remember that time is money »
 
On en revient à l’idée du « temps c’est de l’argent », que l’on doit à Benjamin Franklin, un des pères fondateurs des États-Unis. Cette expression, symbole du capitalisme, n’a jamais été aussi vraie qu’ici. Car ce concept reflète particulièrement le régime américain qui, contrairement au régime français, prévoit peu d’aides sociales. En effet, un citoyen américain qui ne travaille pas jour et nuit, ou qui ne prend pas de grands risques, a très peu de chances  de faire carrière et ainsi faire fortune.
La critique du capitalisme est aussi très présente dans la mise en scène de la société de consommation. Chaque achat correspond à une « perte » de temps. Comment être plus clair ? Perdre du temps, c’est se tuer à petit feu. Donc par déduction pure : consommer, c’est faire le choix d’écourter sa vie. Cette idée est d’autant plus vraie lorsque les héros prennent un verre dans un bar ou achètent un paquet de cigarettes.
 
Enfin, pour conclure, on peut voir dans le film un message d’espoir avec le thème récurrent du don, institué entre deux poignées de mains, par des héros à la Bonnie and Clyde, perdus dans un Robin des Bois futuriste. Quand on sait que le film sort à la période de Noël, connue pour être la période des dons depuis les réductions d’impôts qui y sont associées, on peut se demander si c’est un simple hasard…
 
Marion Mons

Sarkozy et Merkel se font la bise
Edito

Carla Bruni-Sarkozy aurait-elle du souci à se faire?

De nombreux journaux ont choisi cette semaine d’illustrer leur article, désormais rituel, sur La Crise – de l’euro, la dette qu’importe : tremblez ! – par la photographie d’un Nicolas Sarkozy et d’une Angela Merkel que l’on croirait sur le point de s’embrasser. L’initiative est sans doute la bienvenue en ces temps douloureux où l’on appelle les populations du monde entier à se « serrer la ceinture » (Nicolas Sarkozy, le 1er décembre 2011 au meeting UMP de Toulon), alors que les dirigeants n’ont rien d’autre à promettre que de la sueur, du sang et des larmes. Un peu de dérision, donc. Ce fut en outre l’occasion pour nos médias d’informations, muselés par la gravité de la situation, de laisser s’exprimer leur sens de l’humour et leur imagination – de quel brillant toupet sait faire preuve la presse française, quelle liberté de parole et d’image ! Il faut admettre que la photographie rompt avec les traditionnelles et ô combien ennuyeuses poignées de mains.

Mais un tel choix n’est-il réellement que l’expression toute simple d’un besoin de fraîcheur et de légèreté ? Puisque c’est aujourd’hui pratique courante, livrons-nous au décryptage. Et commençons pour ce faire par mettre en relation la médiatisation de nos fausses embrassades avec la diffusion des images montrant la ministre italienne des Affaires sociales Elsa Fornero en larmes à l’annonce de l’adoption d’un plan de rigueur. Si le rapport n’est pas évident à priori – passer si brutalement du transport au désespoir ! –, le dénominateur commun apparaît rapidement : les sentiments – ou plutôt : la sentimentalité…
 
La transmission de l’information est aujourd’hui systématiquement accompagnée d’un volet communication soigné ; les journalistes ont peut être un peu abdiqué leurs prétentions à l’objectivité. Car tout le travail ne consiste plus à rendre l’information disponible : il faut qu’elle touche. C’est pourquoi les médias et médiateurs cherchent à paraître toujours plus proches du public.
L’émission Place Publique, présentée pour la première fois lundi soir sur France 3 par notre PPDA national, illustre cet effort. Le concept de l’émission est d’ailleurs brillamment résumé par son titre – « Place Publique » : il s’agissait de laisser s’exprimer les Français dans un cadre de prétendue démocratie directe, à propos de sujets les concernant de manière immédiate. En première partie, nous rencontrons Nassira, qui nous parle de sa précarité dans un Français plein d’imperfections que les concepteurs du programme imaginent sans doute touchantes : « Je suis handicapée par rapport à moi-même », annonce-t-elle, ajoutant « J’ai mal au crâne, j’ai mal tout ce que vous voulez à cause de toutes ces factures là, qui arrivent comme de la pluie sur moi » – et la voix-off de surenchérir : « Cette année encore, il n’y aura rien sous le sapin. Dans la chambre de Marion, leur fillette de 10 ans, aucun jouet, la petite est résignée »…
Oui, en voilà un vrai débat. Les Français, leur quotidien : nous sommes loin des discussions au sommet, des querelles lointaines des Politiques. Si seulement…
 
En effet, je n’ai jamais eu autant l’impression que le débat politique fut si pauvre. Par quoi est-il alimenté, sinon par de petites phrases assassines que tous passent leur temps à se renvoyer à la figure, comme le font les couples pendant une scène de ménage ? Mélanchon qualifiant Hollande de « capitaine de pédalo », alors qu’Aubry le taxait il y a quelques semaines d’être « mou »… Il est très souvent, et classiquement reproché aux Politiques d’utiliser leur position de pouvoir pour manipuler les populations ; or ils n’ont jamais parus si semblables à nous – « normaux », comme dirait l’autre, prompts à l’emportement, mesquins aussi parfois…
… Mais surtout si effrayés à l’idée de perdre le contact que la communication politique tend à se réduire à de la communication phatique.
 
Elodie Dureu

Edito

Bref, j'ai écrit mon premier édito

 
Nouveau look, nouveaux rédacteurs, nouvelles rubriques – même détermination ! FastNCurious reprend le flambeau d’Infrason avec des idées plein la tête, énergie et audace !
Cette rentrée est aussi celle du lancement de « Bref », la nouvelle mini-émission de Canal+. « Bref » c’est l’histoire d’un type d’une trentaine d’années, célibataire, ni riche, ni pauvre, vivant seul dans une ville que l’on suppose être Paris. Dit comme ça, « Bref » ne bénéficie pas d’un pitch exceptionnel. Alors pourquoi aimons-nous tous cette nouvelle émission ? J’aimerais comprendre ce buzz ! « Bref » compte déjà 1 468 989 like sur Facebook en seulement 3 mois, alors que Vie de Merde n’en est qu’à 1 050 404 depuis sa naissance en janvier 2008. Doit-on parler d’un effet de mode ? Ou tout simplement d’une nouvelle tendance ?
 
Est-ce parce qu’on y croit ?
 
Comme dit plus haut, ce jeune homme n’a rien de particulier – et c’est ce qui fait sa particularité. Il symbolise une version améliorée de « Monsieur Tout Le Monde » qui relate des joies et des galères du quotidien. Ce qui lui arrive nous est arrivé et permet à chacun de s’y retrouver. L’expression employée par le héros est même devenue très à la mode car personnalisable à souhait. On peut voir de plus en plus de statuts Facebook du type « Bref, je me suis fait larguer par ma tortue » ou bien « Bref, mon patron pense que je suis un pervers ». Cette tendance se rapproche de celle de Vie de Merde et d’une tendance plus générale qui consiste à tenter de spectaculariser son quotidien. Raconter sa vie en direct sur des réseaux sociaux, c’est en quelque sorte un moyen d’exister, de se rendre intéressant et ainsi de se sentir moins seul. L’information, aussi banale soit-elle, peut déclencher une déferlante de commentaires. Ainsi, on peut donner son avis sur tout et sur tout le monde, quitte à perdre la notion de vie privée.
 
Est-ce car cela nous change ?
 
Ce protagoniste n’est ni beau, ni riche, ni tombeur, ni vaillant… Il ne réussit pas plus que les autres, n’a pas toutes les réponses et ne sauve pas le monde. Notre héros n’est en fait qu’un anti-héros avec tous ses défauts – qui font de lui un être humain au même titre que vous et moi. Ce personnage est original par sa non-originalité et c’est pour ça qu’il nous plait.
 
Est-ce la brièveté qui nous a conquis ?
 
Cette mini-série ne dure en moyenne que deux minutes. Comme le montrent et le démontrent les études Médiamétrie, le temps de cerveau disponible diminue de plus en plus avec la tendance au cross-média. Chez le jeune en particulier, ce temps est estimé à 0h, ce qui constitue aujourd’hui un vrai défi pour les annonceurs. Une émission comme « Bref », par son format court, réussit à capter l’attention du jeune téléspectateur et ça, Orangina l’a vu venir avant tout le monde. La marque a fait un achat d’espace particulièrement futé en se plaçant en pré-roll sur quasiment toutes les vidéos virales de l’émission. Ainsi, l’annonceur profite de la grande visibilité et notoriété de l’émission qui vit aujourd’hui plus sur le web qu’à la télévision.
Serait-ce pour une toute autre raison dont l’évidence m’échappe encore ? Quoi qu’il en soit, il convient d’observer ce soufflé de près car à un moment donné, il va bien finir par retomber. Quelle véritable espérance de vie peut-on donner à ce concept ?
 
Marion Mons

 
Merci à Canal+ pour sa coopération !
Photo : ©Canal+/Maxime Bruno

4