eelv
Politique

Quand les verts capotent

 
Alors que les campagnes pour les élections européennes battent leur plein, Europe-Ecologie les Verts (EELV) a cherché une manière originale de se distinguer : distribuer des préservatifs estampillés de leur slogan. L’opération avait très bien marché lors de la campagne présidentielle de 2012 avec « Eva Joly, la candidate qui protège ». Le renouvellement aurait donc très bien pu fonctionner si leur slogan actuel n’avait pas été : « Donnons vie à l’Europe. »
Voulant jouer sur le paradoxe et une communication décalée, EELV a suscité la raillerie des internautes qui ont jugé la facétie ridicule. En effet, bien que l’humour soit en théorie un bon ressort communicationnel, la grossièreté apparait rarement comme une méthode efficace, surtout dans le contexte politique. Ce trait humoristique prête encore plus à sourire quand on sait que le slogan de leurs opposants UDI se trouve être « Faites l’Europe, pas la guerre ». Chacun semblant malheureusement s’être calé sur la communication de l’autre, ce qui peut perdre l’opinion.
Ce buzz a eu un autre effet pervers pour EELV : souligner leurs incohérences de calendrier. La temporalité est une donnée primordiale dans une campagne de communication : une opération d’une telle sorte, avec un slogan différent, aurait sans doute eu plus de sens en début de campagne. Elle aurait créé un petit effet médiatique et aurait attiré le public qui se serait concentré par la suite sur le fond des idées. Mais, en orientant le débat sur les techniques de communication, le programme vivement en faveur de la construction européenne n’est pas médiatisé et le parti semble avoir un discours frivole et creux. Cette image est très négative à l’heure où les intentions de vote se portent vers des partis eurosceptiques ou vers l’abstentionnisme.
A cela s’ajoute les bourdes communicationnelles de José Bové, candidat pour le parti dans la circonscription du Sud-Ouest. Le 30 avril dernier, dans une émission sur la chaine télévisée chrétienne KTO,  celui-ci a revendiqué ses positions en défaveur de la procréation médicale assistée pour les couples homosexuels mais aussi pour les couples hétérosexuels, se disant hostile à « toute manipulation sur le vivant ». Il s’attire ainsi les foudres des parlementaires écologistes qui viennent de déposer un projet de loi pour l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes. « Un nouvel adhérent de la Manif pour tous ? Attention à ne pas tomber dans des théories naturistes pas très nettes. A trop suivre la nature on finit par vivre avec des animaux dans une ferme du Larzac », a ironisé durement la sénatrice Esther Benbassa à propos du candidat.

Cet indicent révèle plus que des tensions internes, à un mois du scrutin, il met en avant les contradictions inhérentes au mouvement, il détruit devant les électeurs la crédibilité et la légitimité de la tête de liste. Il ternit davantage le blason de Bové déjà jugé rustique dans son allure, ses idées et ses méthodes comme le fauchage des champs d’expérimentation de culture d’organismes génétiquement modifiés. Mauvaise pioche pour EELV, l’image un peu rustre de leur candidat entre en totale opposition avec celle que le parti cherche à promouvoir : un parti moderne aux valeurs progressistes.
Enfin, la dernière erreur de communication du parti, et non des moindres, aura été la sur-médiatisation de Daniel Cohn-Bendit. En effet, ancien député européen et figure de proue d’EELV, ce dernier a souhaité apporter son soutien aux candidats. Toutefois, la presse s’est concentrée sur lui au point d’effacer les véritables intéressés méconnus du grand public. Un effet contreproductif au vu du résultat.
Mais que les écologistes se rassurent, ils sont loin d’être les seuls à avoir fait mauvaise figure pendant la campagne. Les tensions visibles à l’UMP, le manque de cohérence du PS, la guerre des chefs à l’UDI et le climat europhobe n’ont fait qu’augmenter la défiance de leurs concitoyens et semblent responsables de l’ascension déjà fulgurante des partis extrémistes.
Caroline Dusanter
Sources :
Eelv.fr
Lemonde.fr
Crédit photo :
20minutes.fr

Politique

Nouveau look pour un nouveau poste

 
Cristina Cordula travaille-t-elle tapie dans l’ombre de la classe politique ? C’est ce qu’on pourrait penser aux vue des efforts de nos politiciens. On se souvient du régime drastique de François Hollande avant la campagne présidentielle et des lunettes vertes d’Eva Joly. Aujourd’hui, c’est au tour de Ségolène Royal de changer.
En effet, la nouvelle ministre de l’écologie arbore depuis son arrivée au gouvernement un nouveau chignon. Un détail pourrait-on penser. Mais le diable est dans les détails, particulièrement lorsqu’il s’agit de communication politique. L’image et l’apparence en politique sont parties prenantes de la popularité.

Fini les cheveux aux vents et les tenues blanches et rouges de 2007 qui lui donnaient des airs de de jeunesse fonceuse et de Marianne souvent moqués par les Guignols.
Ségo a désormais muri et tente de le prouver en arborant un look à base de chignon, d’étole sobre et de discrètes perles blanches, qui lui confère une image rassurante et assagie, presque maternelle. Des atours qui rappellent ceux de Simone Veil, icône progressiste.
Elle se positionne d’ailleurs comme une « femme d’Etat » selon son expression. Le coté maternel du look s’accorde avec son intention d’« écouter les gens, de faire attention à eux ». Un attachement à l’apparence, à l’image et aux mots qui porte ses fruits ; La troisième du gouvernement a fait un bon de douze points dans les sondages.
L’apparence est donc en politique plus que jamais reliée à une personnalité et une ligne idéologique que l’on cherche à défendre. Il en va de même pour le style vestimentaire de notre premier ministre. Ancien champion de la chemise et de la cravate colorée, Valls joue maintenant la carte de la sobriété. Il en va de sa réputation de sérieux.

Avec une ambition peu cachée de reconquérir le Sénat, à quand le régime de Gérard Larcher ?
Sources
LeTélégramme
HuffingtonPost
Closer
LeNouvelObservateur

Bush
Politique

Le Bush s’enflamme pour la peinture

Ils sont nombreux ces artistes  à être descendus des hauteurs du Parnasse pour s’engager dans l’action politique. Mais lorsque c’est un homme politique, un grand homme de la cité, à l’instar de Georges W Bush, ancien président des Etats-Unis, qui se reconvertit dans l’art, on ne peut s’empêcher de se demander s’il s’agit réellement d’une passion qui s’est révélée tardivement ou d’un simple coup de communication destiné à rappeler sa présence au monde et à entretenir un mythe autour de sa personne.
Bien qu’ils aient pour réputation de vivre en dehors de la cité et de ses problèmes, voire même d’en être exclus, les artistes aiment frayer avec la politique. Qu’il s’agisse d’Aimé Césaire, poète de la négritude devenu grand homme politique  martiniquais, de Youssou N’Dour, actuellement ministre sénégalais, ou même d’Arnold Schwarzenegger, acteur de film de série B élu pour deux mandats gouverneur de Californie, les artistes d’aujourd’hui aiment à se mêler au commun des mortels, mettre talent et génie au service du public. L’artiste, l’écrivain, le comédien, ont perdu depuis longtemps cette image de personnage maudit désintéressé des hommes et de leurs soucis et  personne ne semble plus s’en étonner.
Cependant, quand George W Bush révèle dans une interview spéciale accordée à sa fille, Jenna Bush lors de l’émission « Today » du 4 avril dernier, l’inauguration de sa première exposition intitulée « L’art du leadership: la diplomatie personnelle d’un président », la réception de l’information, comme de l’œuvre peut laisser perplexe. Ce n’est pas tant son apprentissage rapide de la peinture et des couleurs comparé à la somme conséquente de ses toiles, une vingtaine au moins qui pousse à l’interrogation du point de vue technique et esthétique. Ce n’est pas non plus le sujet de ces peintures, des portraits de ses homologues internationaux ou sa signature, le numéro 43 comme 43e Président des Etats-Unis qui laissent pantois. Non, c’est bien plutôt cette ambivalence entre homme de peinture et homme politique, dont le mandat reste entaché par le 11 septembre et la guerre en Irak notamment, qui n’est pas sans rappeler celle de grands dictateurs et criminels de ce monde restés incompris, pour leur génie artistique comme leur lignes politiques.

En effet, cette double palette est commune à bien des hommes qui se sont pris pour des dieux créateurs autant que destructeurs. Il semble même qu’il y ait une sorte de malédiction à voir des génies incompris devenir de sombres criminels de guerre. On se souvient, ou pas, du revirement subit de Mao Zedong, connu d’abord pour ses poèmes, ou encore,  de Muhamar Kadhafi, facilement comparable à une rock Star puisque le dirigeant libyen en avait tous les attributs, des costumes aux lunettes noires et au sens de la mise en scène,  de ses caprices de diva à ses coups d’éclats. Mais surtout, c’est à Adolphe Hitler que l’on songe, et amèrement, à l’idée de penser ce qu’il aurait advenu s’il avait été accepté aux Beaux-Arts de Vienne. La liste des incompris et des ratés qui se sont finalement illustrés dans leur art de l’oppression est longue. Quid alors de George Bush et où le placer dans cette galerie de criminels-artistes ?

En ce qui concerne l’ex président américain, le rapprochement semble exagéré et trop grossier, sinon pour les opposants à la guerre en Irak et les anti-Bush, qui restent nombreux à travers le monde et continuent de le dépeindre ainsi. Si on ne peut le cataloguer parmi cette pléiade d’artistes « engagés », on peut certainement féliciter ses conseillers en images, sans doute à l’origine de ce coup de maître, pour ce coup de com. La légende raconte d’abord qu’il aurait, en tout modestie, affirmé à son professeur de peinture qu’il « Il y a[vait] un Rembrandt qui sommeill[ait] en [lui] » et qu’elle n’avait qu’à révéler. Et voilà les journaux qui s’emparent de la phrase qui devient le slogan de l’exposition. Cette passion serait née à la lecture de l’œuvre de Monsieur Winston Churchill lui-même, Painting as a Pastime : et voilà qui la légitime de façon fortuite. Enfin, le sujet de sa peinture, des dirigeants étrangers pour qui le cow-boy aurait beaucoup « d’admiration »  est une manière aisée de se rappeler à leur bon souvenir et de retrouver une place dans le débat politique après s’être fait oublier quelques temps. De là à affirmer que George Bush n’aurait finalement pas grand-chose à dire par sa peinture, il n’y a qu’un coup de pinceau, rapidement esquissé.

Quoiqu’il en soit, selon les dires de l’artiste, la signature vaut plus que le dessin lui-même : une vérité qui montre que l’image du président ne sera jamais supplantée par celle d’artiste peintre, une image qui fait vendre, comme lorsqu’il paradait en armes, et prouve sans doute qu’il est davantage question de génie de communication politique que de génie créateur.

Le retour en politique par la peinture ? Voilà qui pourrait donner des idées à certains s’ennuyant dans l’oisiveté post-présidentielle  et qui peinent à se refaire une place dans le débat. En attendant que les critiques artistiques se prononcent, le buisson américain ne cesse d’étonner la galerie et de générer des bénéfices.
Inès Garmon
Sources
LeMonde
HunffingtonPost
CourrierInternational

Politique

Elections ukrainiennes : le poids de l'image

 
Dans la tourmente depuis plusieurs mois, l’Ukraine attend beaucoup de l’élection présidentielle du 25 mai prochain. Précipitée par la destitution de l’ancien Président Viktor Ianoukovitch, cette élection s’avère particulièrement ouverte, surtout depuis l’annonce par Olexandre Tourtchinov, président par intérim, de sa non candidature. Trois candidats particulièrement symboliques se démarquent et vont se disputer le pouvoir : IouliaTimochenko, Petro Porochenko et Vitali Kitschko.
De l’iconoclasme aux nouvelles icônes
Si les candidats se rejoignent tous sur le fait d’être pro-européens, c’est avant tout l’habile mise en scène de leur image qui en fait leur particularité commune. En mal de repères face à cette crise politique renforcée par l’annexion de la Crimée, l’Ukraine semble en effet se jeter corps et âme dans la recherche de l’homme providentiel. Se démarquent ainsi trois candidats-stars, symboles d’une Ukraine forte et internationalisée.

A ce jeu là, c’est Vitali Klitschko qui semble le plus à l’aise. Le boxeur, ancien champion du monde adulé dans son pays, impose en effet son image d’homme réputé incorruptible. Très présent à Maïdan avec les révolutionnaires, il n’hésite pas à se jeter dans la bataille, comme en témoigne son parti Udar (Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme), dont l’acronyme signifie « coup de poing ».

Ioulia Timochenko pour sa part, ancienne égérie de la révolution orange (série de manifestations contre le résultat de l’élection présidentielle de 2004, considérée comme falsifiée), incarne parfaitement l’Ukraine qui lutte et se rebelle. Opposante historique à la Russie et notamment à Poutine dont elle vient de déclarer de nouveau qu’elle se ferait un plaisir de l’abattre, celle-ci vient de vivre une libération tout à fait triomphale. Elle est également forte du soutien du Batkivchtchina, son parti historique.

Petro Porochenko enfin est certainement le candidat le moins connu à l’international, mais n’en reste pas moins le leader incontesté dans les sondages. Milliardaire ayant fait fortune dans la confiserie (usines Rosher), celui que l’on surnomme « le roi du chocolat » est le seul oligarque à avoir clairement affirmé sa position anti-russe. Aujourd’hui à la tête de plusieurs sites de production d’automobiles et d’autobus, du chantier naval Leninska Kuznya, de la chaîne de télévision Kanal ou encore du magazine Korrespondent, il jouit dans son pays d’une implantation et d’une renommée particulièrement fortes.
Des candidats crédibles ?
Pourtant, on est en droit de se demander si ces candidats sont véritablement aptes à être chefs d’Etat. Concernant Vitali Klitschko par exemple, si sa faible expérience en politique peut apparaître comme un gage de non-corruption, elle est aussi synonyme pour beaucoup d’une incapacité à assumer de grandes fonctions ; d’autant plus que ses prestations orales se sont avérées mauvaises,que son programme reste pour le moment imprécis et est avant tout fondé sur une simple opposition au pouvoir précédent.
Quant aux autres candidats, si leurs anciens rôles de ministres leurs confèrent une plus grande crédibilité, des doutes subsistent là encore pour diverses raisons, à commencer par leur implication déjà grande dans un monde politique particulièrement décrié. Ainsi, Ioulia Timochenko, candidate malheureuse à la présidence en 2010, tend à être associée par la population à la période d’intrigues liée à Ianoukovitch. Elle peine ainsi à se défaire d’une image de femme politique du passée, inapte à gérer les affaires actuelles ; ce qui est renforcé par trois ans de prison et un handicap moteur important.
Porochenko pour sa part peut se targuer d’avoir également été actif lors de la révolution orange, mais se trouve en partie compromis par sa participation en 2012 au Gouvernement de l’ancien président. Des doutes subsistent aussi quant à sa capacité à mettre de côté ses affaires et intérêts industriels.
A grands renforts de conseillers, les candidats ukrainiens nous donnent un exemple criant du poids actuel de la communication en politique et notamment de l’importance de la réputation. Malgré le retrait tout récent de Vitali Klitschko au profit de Porochenko, on peut alors craindre que la nomination de candidats-totems ne réponde que de l’envie actuelle du peuple de consacrer des exemples de réussite, sans forcément tenir compte d’une vision politique à long terme.
 
Grégoire Larrieu
Sources :
Le Monde
L’Express
LesNouveautés.fr

Vladimir Poutine
Politique

Vladimir Poutine, tsar des temps modernes ?

 
Qualifié par beaucoup d’ « homme de l’année 2013 », Vladimir Poutine semble définitivement avoir le vent en poupe.
Un récent sondage du Centre Russe d’Etude de l’Opinion publique – organisme indépendant, précisons le –  révèle en effet que 69% de la population russe approuve à ce jour la politique de Vladimir Poutine, aussi bien intérieure qu’extérieure.  Le président russe atteint ainsi dans son pays sa plus haute côte de popularité depuis le début de son troisième mandat, en 2012.  Les populations européennes semblent également éprouver une certaine sympathie pour le président russe. Ainsi, même si seuls 14% des Français affirment avoir une bonne opinion de lui d’après l’institut BVA et même si 72% déplorent son rôle au sein de  la scène internationale, 56% estiment pourtant qu’il défend efficacement les intérêts de son pays.
Suite aux nombreuses incartades récemment commises par Poutine – comme la persécution des écologistes russes pendant les JO de Sotchi ou encore l’invasion de la Crimée, pour ne citer que cela -,  et la situation économique relativement désastreuse de la Russie, on est alors en droit de s’étonner et de s’interroger sur les ressorts de cette popularité, à la fois nationale et internationale.
Rien de très original à première vue : comme tout dirigeant qui se respecte, Vladimir Poutine maîtrise à merveille les codes les plus classiques de la communication politique.
Le storytelling fait ainsi partie intégrante de la stratégie mise en œuvre par le chef du Kremlin, qui tente par là d’apparaitre comme un homme hors du commun, un mâle absolu doté d’une force et d’une habileté extraordinaires. On le retrouve ainsi tour à tour conducteur d’une Formule Un dépassant les 250 km/h, cavalier torse nu montant un cheval au galop en plein cœur de la Sibérie, homme-grenouille brandissant fièrement des amphores miraculeusement retrouvées par ses soins dans les eaux de la Mer Noire ou encore guide d’un vol de cigogne fraîchement remises en liberté depuis un ULM. Ajoutons à cela qu’il se présente comme un homme ayant gravi les marches du pouvoir grâce à sa seule volonté de fer, comme en témoigne par exemple son livre autobiographique A la première personne, recueil d’interviews paru en 2000 dans lequel il explique consciensieusement être sorti de la misère de la kommounalka –  c’est-à-dire un appartement communautaire – dans lequel il vivait enfant grâce à son investissement démesuré dans le judo.
Raillé par les élites russes de Moscou ou de Saint-Pétersbourg pour ces constantes mises en scènes, Poutine fascine et ensorcelle pourtant les populations de la Russie reculée par cette maitrise affichée et exhibée de son corps et de son esprit, se présentant ainsi comme un modèle de réussite sur lequel prendre exemple.
Mais la véritable force de la stratégie de Vladimir Poutine semble tenir dans sa maîtrise incomparable de la rhétorique des blessures présentes et passées de la Russie.
On peut ainsi remarquer son utilisation fréquente mais subtile de la rhétorique de la persécution lui permettant de retourner les attaques de ses opposants à la fois nationaux et internationaux à son avantage en jouant sur le passé douloureux de la Russie, sur sa perte de crédibilité suite à la chute de l’URSS en 1991 et sur la honte que cela a entraîné pour le pays. L’analyse du cas des JO de Sotchi peut ainsi se révéler édifiante : le monde entier semblant penser impossible le bon déroulement de ces jeux du fait de leur pays d’accueil, ces JO et leur succès constituèrent un moyen efficace pour Poutine de souligner auprès du peuple russe qu’en dépit de la piètre image – supposée – de la Russie au niveau international, celle-ci était capable de relever un défi tel que l’accueil de Jeux Olympiques de manière aussi satisfaisante que d’autres pays, et donc de jouer sur un certain nationalisme afin de rassembler le peuple russe derrière lui.
De manière plus générale, on peut remarquer  que Poutine tente en permanence de se présenter comme l’homme capable de restaurer la souveraineté de la Russie face aux Etats-Unis, ainsi que comme la véritable incarnation d’une opposition crédible au système capitaliste, les esprits russes étant toujours marqués aujourd’hui par la « thérapie du choc » néolibérale imposée par l’ex-président Boris Eltsine et des institutions telles que la Banque Mondiale ou le FMI entre 1992 et 1999, qui avait entre autre provoqué une diminution de 50% du PIB russe et une baisse significative de l’espérance de vie dans le pays. Le chef du Kremlin représenterait alors en quelque sorte une incarnation idéalisée d’une utopie altermondialiste. C’est peut-être en cela que l’on peut expliquer l’admiration d’une partie du peuple russe à son égard, et les qualités que lui prêtent une partie des populations européennes. Le caractère autoritaire du régime de Poutine participe néanmoins également à lui conférer cette image, chaque détail pouvant contribuer à l’entacher étant soigneusement écarté et caché par le régime. Par exemple, sa fortune estimée à 40 milliards de dollars.
 
Héloïse Lebrun-Brocail
Sources
BVA
LeFigaro
Métapoinfos
RBTH
SpécialInvestigation
LeMonde

Claude Sérillon
Politique

« Les bonnes idées n’ont pas d’âge, elles ont seulement de l’avenir » ?*

 
Depuis le 10 février, l’ancien présentateur du 20h, Claude Sérillon, considéré comme l’un des « Spin Doctor » du Président François Hollande, s’occupe de la communication web de l’Elysée. L’annonce par Le Monde de son accession à la tête de la stratégie Internet fait beaucoup rire sur Twitter.
Qu’en disent les professionnels ? En nommant Claude Sérillon à ce poste clé, François Hollande montre son ambition de mieux contrôler sa communication. Cependant cette volonté semble se heurter au fait que Claude Sérillon n’est ni expert, ni même utilisateur des réseaux sociaux.
Le principal reproche auquel Claude Sérillon est confronté, c’est son âge. Journaliste du temps de l’ORTF en 1973, il n’est pas de bon goût pour les internautes qu’une personne d’une soixantaine d’années représente la communication Internet de l’Elysée.
Sur la forme, si la nomination de Claude Sérillon avait pour but une meilleure maitrise de la communication Internet, elle est apparue au contraire comme un délaissement voire un mépris de la communication web, poussant certains à aller jusqu’à considérer qu’il s’agit d’une mise au placard. De quoi ravir les internautes…
Cependant, sur le fond, il est bien trop tôt pour mettre en cause cette décision de manière factuelle. D’autant plus que Claude Sérillon a, à sa disposition, une équipe de jeunes militants ayant œuvré durant la campagne présidentielle, de quoi sûrement apporter un peu de sagesse et de recul à un médium de l’instantané et de l’hyper réactivité.
 
Romain Souchois
Sources : 
LCP.fr
*Robert Mallet

Rennes FN
Politique

Antifasciste tu perds ton sang froid

 
A Rennes, une manifestation anti-FN a dégénéré. Profitable à la communication du FN, mais défavorable à l’égard de l’image des antifascistes.
Un message contradictoire
Gérard de Mellon est candidat FN aux prochaines élections municipales à Rennes. Le 8 février il organise un meeting. Les antifascistes préparent alors un rassemblement. Malheureusement, la manifestation dérape.
La Bretagne est une terre hostile au FN, et par conséquent un territoire important pour ce parti qui cherche à s’y implanter durablement. Comme l’illustre cet article de Rue 89, depuis 2002, sur les 20 villes françaises qui votent le moins FN, 13 sont bretonnes et sont situées majoritairement dans la banlieue de Rennes. Que ce soit le FN ou les antifascistes, des deux côtés l’objectif était de faire passer un message fort. Ainsi, le lieu où se déroule le meeting de Gérard de Mellon est la salle de la Cité, considérée comme « la Maison du Peuple, symbole du mouvement ouvrier », le but étant d’inscrire le FN dans l’histoire de la ville de Rennes. Dans un communiqué de presse diffusé le 9 février, le maire PS de Rennes, Daniel Delaveau, qualifiera ce choix de lieu comme une « provocation ».
Le FN touche alors au symbole de trop pour des antifascistes échaudés par une forte présence médiatique de l’extrême droite. La peur que le FN s’implante en Bretagne et peut-être le ressenti d’une percée des idéaux de ce parti ont conduit les antifascistes à répliquer par un message fort.
Cependant, cela n’explique en rien leur comportement violent qui a entraîné des affrontements avec les forces de l’ordre et des dégâts matériels. Pourquoi ne pas avoir manifesté dans le calme pour communiquer en opposition de la violence morale des idées du FN dénoncée par les antifascistes ? Cette manifestation violente a été couverte localement… et nationalement (notamment sur les sites web des grands médias). De plus, les images diffusées sont celles de personnes cagoulées, avec des barres de fer, des pavés, brisant des vitres, brûlant une voiture, caillassant un commissariat, se battant avec des CRS dans un nuage de lacrymogènes. Certes, on parle de leur action mais tout ceci écorne l’image des antifascistes.

Le message est alors contradictoire : où se situe la différence entre la violence des groupuscules d’extrême droite dénoncée par les antifascistes, et les méthodes de ces derniers ?
Des dérapages qui servent la communication du FN
Ainsi, le grand bénéficiaire de ces dérapages semble être Gérard de Mellon, qui se félicite dans 20 minutes.fr, le 12 février dernier, d’avoir profité sans efforts d’une communication nationale : « Lundi, j’ai vu mon nom dans tous les journaux de France, sans rien demander ». Un communiqué du candidat, diffusé le lendemain des incidents, dénonce « des manifestants professionnels (sic) ultra violents ». Ce dernier en profite pour lancer une pique aux antifascistes en réaffirmant son « plus grand respect à la démocratie » ; sous-entendu que les manifestants eux ne la respectent pas. Stratégie de communication pertinente. Ce candidat milite pour un parti reconnu légalement, et les antifascistes empêchent sa campagne à travers l’intimidation. Communiquer sur les valeurs de la démocratie et de la République apparaît logique, et les arguments sont recevables.
Toutefois, des partis politiques communiquent à leur tour pour péricliter les messages du FN, comme l’illustrent les propos de Daniel Delaveau, maire PS de Rennes : « Le Front National, qui n’est pas un parti comme les autres, a choisi de tenir un meeting salle de la Cité, avec le sens de la provocation dont il est coutumier. Ses mensonges et son esprit polémique ne sauraient duper personne. (…) Si les idées d’extrême droite doivent être combattues sans relâche, ce combat ne saurait être mené en-dehors du cadre démocratique et du débat d’idées ».
Enfin, le FN clôt sa communication par un message de soutien aux citoyens rennais. Gérard de Mellon exprime ainsi « sa plus sincère compassion aux riverains et commerçants victimes de ces agissements et les forces de police de sa sympathie devant leur détermination ». Un message pour montrer que le parti veille aux intérêts et au bien-être des Rennais, et qui attaque les antifascistes en sous-entendant qu’eux n’agiraient qu’à travers des actes égoïstes et ne se soucieraient pas, par conséquent, de la population rennaise. Une communication logique au vu des dégâts matériels provoqués par la manifestation.
Un retour de bâton douloureux pour les antifascistes qui, à travers leurs actions, ont finalement servi la communication du FN.
 
Pierre Halin

Sources :
Le Monde
Atlantico
Rennes TV
Rue89
Francetvinfo.fr
Rennes.fr
Crédits photos :
Rennes TV
Le Télégramme

Politique

Le sport, les jeux olympiques et la communication politique

 
Certains grands événements sportifs sont entrés dans l’histoire des relations internationales, que ce soit parce que leur déroulement a été l’occasion d’affrontements et de revendications politiques, ou parce qu’ils ont eux-mêmes créé l’événement. La Coupe du Monde de football ou les Jeux Olympiques en sont les exemples les plus marquants puisqu’ils se chargent de valeurs symboliques et quasi chevaleresques : sont ainsi célébrés l’honneur et le devoir (de faire rayonner son pays à l’étranger).
Les représentants des pays, en s’appuyant sur la puissante capacité fédératrice du sport, ont donc fait du geste sportif un outil de communication politique – voire de propagande. Mais cela ne va-t-il pas à l’encontre des valeurs sportives, telles que la neutralité et la gratuité du geste ?
La communication par le sport
La communication par le sport apparaît être un moyen très efficace de transmettre des idées, puisque le sport a l’aptitude de fédérer les foules tout en étant chargé de valeurs généralement positives. Les villes ou pays candidats rêvent d’organiser un méga-événement sportif comme le Super Bowl ou les Jeux Olympiques puisqu’ils ont un impact économique majeur sur la région qui accueille, tout en augmentant son attractivité.
L’événement sportif est aussi et surtout un événement médiatique : ainsi 3 milliards de téléspectateurs ont regardé la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, vendredi 7 février dernier. En tant que tel, le sport est un indicateur des relations politiques internationales. Hélène Dumas s’est intéressée par exemple aux liens entre le génocide rwandais de 1994 et le football, sport implanté par les missionnaires et réservé aux Tutsi. Les stades étaient devenus de véritables tribunes politiques et c’est là que les milices populaires se sont formées. Le sport et la politique s’imbriquent donc aisément, ce que les Etats ont pris en considération.
Le cas particulier des jeux olympiques
Les Jeux Olympiques sont le symbole paroxystique de cette communication politique qui s’incarne via le sport. Cet événement est politique, depuis ses débuts (Pierre de Coubertin a recréé les Jeux dans le contexte revanchard français post-défaite de 1870) jusqu’à son actualité sous tension à Sotchi, en passant par les grands moments du XXème siècle. Le retentissement médiatique promis par les Jeux a contribué à en faire une véritable tribune politique.
Pour les sociologues Elias et Dunning « Les JO permettent aux représentants des différentes nations de s’affronter sans s’entretuer » (Sport et civilisation, la violence maîtrisée). Les Jeux sont en effet l’occasion de communiquer très largement des idées politiques. Ainsi à Mexico en 1968, avec en toile de fond la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, les sportifs noirs Tommie Smith et John Carlos ont levé vers le ciel un poing ganté de noir lors de l’hymne américain. Cela a été interprété comme un geste de soutien au mouvement politique afro-américain des Black Panthers et les coureurs ont été exclus des Jeux.
Le Comité international olympique (CIO) a beau se targuer d’apolitisme, l’on ne peut que remarquer toute la portée politique des choix du CIO, étant donné que les JO sont porteurs de valeurs de paix et d’union Grèce au sport et ce depuis l’antiquité, ils ne sont pas censés être une chaire politique.
Le pari Sotchi
L’actualité nous présente un autre exemple du sport utilisé comme outil de communication politique. Les 22èmes Jeux Olympiques d’hiver se déroulent à Sotchi, station balnéaire russe située sur les bords de la Mer Noire. En se lançant dans ce projet pharaonique (avec 37 milliards d’euros, ce sont les Jeux d’hiver les plus chers de l’histoire), le président russe entend donner l’image d’un pays qui s’exporte. Mais, sur fond d’oppression des minorités, de scandales de corruption et de tensions nationalistes, c’est un pari qui semble bien risqué.
Organiser les Jeux est pour la Russie une aubaine communicationnelle puisqu’il s’agit de mettre en scène le retour du pays dans la plénitude de sa grandeur, en s’inscrivant dans une vision quasi tsariste de la grandeur russe. Mais encore faut-il bien maîtriser son organisation et sa communication, ce qui ne semble pas être le cas. En effet, les moqueries sur l’organisation des Jeux sont devenues récurrentes sur le Web, notamment sur Twitter (avec l’usage du hashtag #SochiFails ou #SochiProblems).
Malgré la magnificence de la cérémonie d’ouverture, les paillettes de Sotchi ne feront pas oublier l’envers du décor : un saccage environnemental et une menace terroriste (confirmée par les attentats récents de Volgograd). Plus largement, cet événement n’occulte pas le marasme économique qui frappe la Russie ou les controverses actuelles, telles que la loi « antigay » ou les manifestations en Ukraine.
Si de nombreux chefs d’Etat n’ont pas assisté à la cérémonie d’ouverture (Merkel, Cameron ou Hollande), aucun ne s’est prononcé en faveur d’un boycott, comme l’auraient souhaité plusieurs ONG. La France par exemple sera représentée par la ministre des Sports, Valérie Fourneyron, pour qui « le boycott n’est pas une bonne solution ». Elle affirme qu’il peut être plus utile, pour faire avancer la cause des droits de l’homme, de se rendre aux Jeux car ils « sont un moment où on peut obtenir des avancées politiques. Cela s’est produit en Chine et, on l’a encore vu en Russie ces dernières semaines avec des libérations d’opposants au régime ». Le véritable enjeu de Sotchi ne serait-il pas alors plus politique que sportif ?

Le sport est donc l’occasion de communiquer positivement via du divertissement. Il n’est plus seulement une activité de proximité mais devient un spectacle mondial et un outil au service de la communication politique. En raison de leur symbolique historique et de leur retentissement médiatique toujours plus conséquent, les Jeux Olympiques sont le paroxysme de ce credo. Ils deviennent un lieu d’expression des rapports de force internationaux et par conséquent, un vivier très intéressant de communication.
On peut donc considérer que cette utilisation communicationnelle et politique est une dérive supplémentaire du sport. Néanmoins, compte tenu de l’extraordinaire médiatisation des JO, on peut espérer qu’un tel événement engendre des avancées politiques.
 
Lucie Detrain
Sources
RFI
Challenges
Lesreceptionstendances

agir réagir accomplir
Politique

"Aux urnes citoyens"

 
Malgré l’importance croissante du Parlement européen, son rôle en tant que représentant des citoyens reste amoindri par une participation électorale en baisse constante, et ce depuis les premières élections directes de Juin 1979. La participation moyenne dans l’Union Européenne est ainsi passée de 63% en 1979 à 43,4% aux dernières élections en 2009. A titre de comparaison cynique, la Grande-Bretagne a recensé près de 11 millions de votants aux élections européennes en 2009, contre près de 23 millions pour l’élection du gagnant de Big Brother cette même année. On ne peut que constater la faiblesse d’une démocratie représentative qui peine à convaincre et un manque de communication évident pour permettre aux citoyens de se sentir enfin concernés par les débats européens.

C’est pourquoi, les institutions européennes ont décidé de riposter par le lancement en septembre 2013 d’une vaste campagne de communication à l’occasion des prochaines élections européennes. Ces dernières auront lieu en mai prochain et appellent aux urnes tous les citoyens des Etats membres de l’Union afin d’en élire les 751 députés. Le Parlement Européen a déboursé près de 16 millions d’euros (soit 0,0316 euros par habitant de l’UE) pour une campagne de communication diffusée en 24 langues différentes dans les 28 pays concernés ainsi que sur les réseaux sociaux. Le slogan – « AGIR. REAGIR. ACCOMPLIR » – entend montrer aux électeurs européens qu’ils peuvent utiliser leur pouvoir, par le biais des urnes, pour participer à la construction de l’Europe de demain.

AGIR en votant pour entretenir la vitalité du débat politique citoyen
Il s’agit de repenser la démocratie à l’échelle européenne et de rappeler au citoyen qu’il possède le pouvoir de décision dans un contexte où l’UE doit faire face à un déficit démocratique et une représentativité dépréciée. L’opacité institutionnelle pourrait partiellement expliquer le désintérêt supposé des individus, celui-là même auquel la campagne de communication tente de répondre en essayant de clarifier les enjeux des prochaines élections et d’objectiver la compréhension des débats actuels par cinq thématiques définies : économie, emploi, qualité de vie, finances et intégration mondiale de l’UE.
Le défi actuel de l’Union est bien de faire comprendre que les institutions telles qu’elles s’édifient actuellement sont les plus appropriées pour exercer une souveraineté accrue en Europe. Cependant, celles-ci demeurent éloignées du citoyen et difficiles à comprendre, impulsant de fait l’instauration d’un système européen élitiste qui tend à créer les conditions d’une représentation oligarchique du pouvoir : on est bien loin de la volonté politique initiale d’une démocratie fédérale.
REAGIR à la montée des extrêmes insufflée par le déficit démocratique constaté
On constate un paradoxe entre la volonté affichée de l’UE de renforcer son caractère démocratique et la concrétisation de cette dernière. En effet, les principes démocratiques se réalisent essentiellement dans le cadre étatique national, faute de l’existence d’un véritable peuple européen. D’ailleurs, qui se sent davantage citoyen européen que citoyen français..?
Chaque gouvernement est soumis à une « opinion européenne » supposée qui ne correspond pas tant à une conversation citoyenne émanant de la société civile mais plutôt à un processus hasardeux et illisible provenant d’une représentativité hypothétique. La désaffiliation se renforce alors entre les citoyens européens et la politique fédérale, ce qui se traduit actuellement par une montée de l’extrême droite partout en Europe.
Il convient ainsi de réagir face à cette montée des partis dits contestataires qui s’appuient sur une idéologie populiste et font d’une angoisse existentielle issue d’une perte de repères structurels liée au déclin de l’Etat-Providence le cheval de bataille d’un discours qui cristallise les peurs chroniques et le danger conjecturé que représentent les étrangers, désignés comme responsables des maux de la société.
ACCOMPLIR les changements nécessaires pour revaloriser un contrat social mutualiste
Le problème central de l’Europe résulte de l’incertitude de ses ambitions. Dès lors qu’on ne sait pas ce que l’on veut mettre en commun, on ne peut pas créer de véritables institutions nouvelles pour répondre à une envie commune définie. De fait, on assiste à la juxtaposition d’institutions prosélytes et anciennes, nationales et communes, encombrant le pouvoir décisionnel européen et fragmentant les populations.
L’Europe a besoin de se forger un destin commun, une histoire collective, une volonté politique unique qui permettrait de la repenser comme une entité à part entière venant répondre à une demande de stabilité. Il serait alors possible d’assurer la prospérité du vieux continent face à la montée des nouveaux pays émergents et à la menace qu’ils représentent pour l’équilibre économique, politique et social des Etats membres.
Le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas, dans Après l’Etat Nation, y répond en instituant un « patriotisme constitutionnel » qui entend insuffler aux citoyens la passion des institutions démocratiques plutôt que celle de la Nation. Grâce à celle-ci, on peut alors repenser l’Europe fédérale à travers le développement d’une pratique commune de formation de l’opinion publique et de la volonté générale.
L’Europe serait donc un vaste espace de civilisation soumis à des règles uniformes, offrant d’immenses possibilités à des individus capables d’agir positivement selon ces mêmes règles, mais auquel il manque un corps politique mutualiste qui assurerait la « communauté de destin » et l’homogénéité du projet politique européen.
Mais une mobilisation ponctuelle des populations à l’approche de ces élections ne risque-t-elle pas de plonger un peu plus l’Europe dans une illusion démocratique qui ne servirait, en fait, qu’à asseoir une légitimité technique du pouvoir?
Quelle qu’en soit la réponse, aux urnes Citoyens, l’Europe n’attend plus que vous !
 
Charlotte Bavay
Sources :
Portail du Parlement Européen
Pour aller plus loin :
Pierre Manent, La raison des Nations
Jurgen Habermas, Après l’Etat Nation, une nouvelle constellation politique

Politique

LE GAYETGATE

 
L’idylle entre notre président et la jolie Julie Gayet jouit d’une notoriété nationale et les Français connaissent tous désormais l’actrice française, mais cette notoriété a largement dépassé nos frontières, et les médias  étrangers se font une joie d’en faire leurs Unes. Tentons de décrypter le « Gayetgate » et les raisons d’une telle résonnance médiatique.
K.O !
« Le charisme d’un toast sans beurre » (ABC), « François Hollande, la Nabilla de la Vème République » (Le temps), « La France a faim de croissance. Pas de croissants » (Le soir),
« Le président français a été pris la main dans le sac avec son pantalon sur ses chevilles joufflues, trompant non pas la mère de ses enfants, mais la maîtresse avec qui il l’a quittée » (Le Telegraph).
Qu’ils soient Américains, Suisses, Belges ou même Italiens, les journalistes du monde entier ne voient pas d’un très bon œil la prétendue liaison et ne manquent pas de blâmer celle-ci. Pourquoi ce soudain intérêt pour les affaires françaises ? Tout le monde a toujours raffolé des rumeurs et des ragots, d’autant plus quand cela concerne des chefs d’Etat. Kennedy et Marilyn Monroe, Bill Clinton et Monica Lewinsky, ou encore Silvio Berlusconi et ses innombrables maîtresses…
Bill Clinton a fait face à une procédure d’impeachment à cause d’une malheureuse liaison avec une stagiaire, tandis que le Président français est la cible de railleries, moqueries et jugements à l’étranger, qui déteignent sur la vision de notre chef d’Etat, visage de la France durant son mandat. A peu près 80 % des Français déclarent que cette affaire ne va pas changer leur vision du Président, mais les actes de François Hollande désacralisent à l’international la vision de la fonction de chef d’Etat français, en se faisant prendre la main dans le sac comme un enfant.
L’écho du « Gayetgate » a même atteint la Chine, et il ne semble pas s’être adouci avec la distance. Les internautes chinois expliquent les actes du Président par des clichés qui nous collent à la peau : « Si les présidents français n’ont pas de maîtresses, les Français ne seront pas d’accord, c’est la tradition » ou d’autres idées reçues comme : « Il faut s’y attendre avec les Français… En France, même la politique  est très romantique ». L’actrice française est qualifiée de « quatrième femme » venue perturber un ménage à trois préexistant, composé de Ségolène Royal et du couple présidentiel. Monsieur Hollande ne nous aide visiblement pas à enrailler les stéréotypes, nous resterons donc peut être éternellement, des amoureux transis, fana de croissants et qui surfent sur Gleeden comme ils trainent sur Facebook.
Au vu des derniers scandales concernant de hauts dignitaires chinois et des sex tapes , le « Gayetgate » sert peut être à cacher un malaise national. Une technique pour rassurer un peuple sur la « bonne conduite » de ses dirigeants. Une stratégie qui a amené les Italiens à comparer François à Silvio.

Un long silence
Après un long silence de l’Elysée décrit par La Stampa comme « le plus long no comment de l’histoire », les journalistes s’excitent et s’emballent, et les rumeurs pointent le bout de leur nez. On peut lire dans la presse que Julie Gayet serait enceinte de 4 mois, que Valérie Trierweiler aurait tenté de se suicider après la révélation de l’idylle, qui selon Closer durerait depuis plus de deux ans.
Le b.a.-ba de la communication de crise – et on peut considérer cela comme une crise – est de prendre la parole. Si plus personne ne veut entendre parler des lasagnes de Findus c’est bien parce qu’ils sont restés silencieux, les médias se sont donc déchainés sur l’affaire sans aucun cadre de discussion, qui aurait pu être donné par la marque de surgelés. Et l’on retient simplement aujourd’hui la dimension équestre de leurs plats.
François Hollande ne s’est pas exprimé sur le sujet, on a simplement eu le droit à un « c’est d’ordre privé ». La première dame non plus, et l’amante seulement par voie judiciaire, en portant plainte contre le magazine Closer.
Les journalistes français comme étrangers se sont donc fait une joie de remplir ce silence médiatique pesant. Si l’Elysée avait mieux géré cette crise, les journalistes s’en seraient tenus à de simples commentaires. De plus, même si la limite entre vie privée et vie publique d’une personne aussi importante qu’un Chef d’Etat est très compliquée à délimiter, il me semble qu’il est tenu de répondre de ses actes, surtout quand ceux-ci nuisent à l’image de la France. Il est évident que la Présidence aurait dû s’exprimer et contenir alors le scandale.
Sinon, la prochaine fois Monsieur le Président, évitez le scooter.

 
Sibylle Pichot de la Marandais
Sources :
L’Express : Comment la presse étrangère se moque de l’affaire
Le Parisien : L’affaire Gayet – Hollande vu de l’étranger
Le Monde : L’affaire Hollande Gayet électrise les médias étrangers
RTL / Gayet : Hollande, la presse étrangère s’empare de l’affaire révélée par Closer.
Nouvel Obs : Hollande – Gayet les italiens se sentent moins seuls.
Crédits photos :
New York Post
L’Express
FocuSur

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