Closer
Politique

CLOSER : nouveau journal politique ?

 
Il y a quelques jours, le Magazine Closer a (semble-t-il) lancé une véritable bombe médiatique : la « love affair » du Chef de l’Etat. La presse internationale s’en donne à cœur joie, les journaux allemands et Le Guardian en profitent notamment pour revenir sur une tradition de Chefs d’Etat un peu polissons…
Mais alors, politique ou reality show ?
Le Président de la République et sa compagne seraient-ils les nouveaux Brad Pitt et Angelina Jolie (un peu dépassés il faut le dire) ?
Cependant, aujourd’hui la question est de savoir si l’on accepte un monde où ce sont les journaux people qui mènent la danse et donnent le tempo ? En effet, l’article et les rumeurs ont suscité des réactions fortes, bien entendu du principal intéressé, mais également de plusieurs personnalités politiques comme Marine Le Pen ou encore Jean-François Copé.
Cela en valait-il vraiment la peine?
Ne faudrait-il pas mieux débattre du projet du « Pacte de Responsabilité », ou du taux de chômage qui a légèrement remonté ce mois-ci ? La supposée liaison de F. Hollande devient-elle un sujet si important qu’il mérite d’avoir sa place lors de la 3ème Conférence du quinquennat ?
Aux dernières nouvelles, nous attendons les possibles « suites judiciaires » selon les mots du Chef de l’Etat. L’avocat de Julie Gayet, lui, a déjà entamé des démarches. Ce qui laisse présager de nombreux rebondissements dans ce qui s’annonce comme le soap opéra de ce début d’année 2014.
Sophie CLERET
Sources :
Rtl.fr
Bfmtv.com
Theguardian.com
Crédits photos :
Thomas Coex / AFP / Getty Images

NKM
Politique

NKM : la cigarette de trop ?

 
Pour Nathalie Koscusko-Moriset, 2014 s’annonce comme ce que 2013 aura été en termes d’image et de communication : à coups de photos et de publicité orchestrées –la question reste à débattre-, la candidate UMP à la mairie de Paris n’en est plus à son coup d’essai.
Depuis le 2 janvier, la photo fait le buzz : publiée dans le magazine VSD, elle nous montre NKM, en veste en cuir et jean, adossée à un mur en train de fumer en compagnie de personnes sans domicile fixe. « Un autre moment de grâce pour NKM » : le titre prête à sourire, rappelant une des dernières déclarations de la candidate au sujet du métro.
NKM semble plus que jamais cultiver une communication de l’éthos, préférant l’image aux mots et faisant parler d’elle à chaque nouvelle publication médiatique. Alors qu’un des membres de sa garde rapprochée déclare que « ce n’est absolument pas un coup de com ! », on a pourtant surpris la candidate UMP en pleine activité auprès de « publics sensibles » durant les vacances, rendant visite tour à tour au service des Urgences, aux prostituées… Le message de ses multiples initiatives semble être celui d’une candidate toujours plus proche des citoyens. Et si d’habitude seuls les internautes se moquent de cette stratégie jugée dissonante, c’est bien la première fois qu’un écho politique aussi fort se fait entendre. Ainsi, la ministre socialiste de la lutte contre l’exclusion la rappelle à davantage de « décence » tandis qu’Alexis Corbières, fidèle mélenchoniste, l’accuse de « démagogie » … les critiques pleuvent sur NKM.
Dans un monde d’images et d’instantanéité, peut-on vraiment se contenter de communiquer par le visuel, au risque de susciter des interprétations erronées ?
Laura Pironnet
Sources :
Huffington Post
L’express
Photo Crédits :
Reproduction VSD
 Agence SIPA
 

Politique

« GREAT PEOPLE », la dernière campagne choc de RSF

 
Le 21 décembre dernier, Reporters Sans Frontières dévoilait sa dernière campagne pour l’indépendance de la presse, intitulée « Great People ».
Durant 40 secondes, on y voit défiler des clichés attendrissants qui feraient passer Xi Jinping, Robert Mugabe ou Kim Jong-Un pour des enfants de chœur. Un diaporama se concluant avec la phrase suivante « Voici ce qui resterait de l’information, sans journalistes indépendants ». RSF souhaite ainsi rappeler que sans liberté d’expression et sans le travail et l’indépendance de ces journalistes, il suffirait d’un rien pour que Vladimir Poutine passe pour un amoureux des animaux, Bachar El-Assad pour un père affectueux comme les autres et Silvio Berlusconi uniquement pour un amateur de bonne musique.

“Nous avons choisi les fêtes de fin d’année pour sensibiliser le grand public à l’importance de défendre la liberté d’informer et d’être informé, alors que dans le monde, en Syrie, au Mali, en Russie et d’une autre manière au cœur de nos démocraties, les dangers auxquels s’exposent les acteurs de l’information s’intensifient”, estime Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.

Une campagne réalisée en partenariat avec l’agence BETC et diffusée quelques jours seulement après la parution du dernier bilan annuel[1] de RSF, faisant état de 73 journalistes morts au cours de l’année 2013.
Elsa Mahouche
Sources :
Rsf.org
Iletaitunepub.fr

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Politique

Trop de bashing tue le bashing

 
Si vous avez lu la presse en 2013, si vous avez écouté la radio, allumé votre télévision, ou si vous êtes simplement sorti de chez vous, vous n’avez pas pu passer à côté de ce terme mille fois rabâché, le « bashing ». Le verbe « bash » est un mot anglais qui signifie « cogner ». Pour faire simple, si l’on vous dit que vous allez vous faire « basher », c’est que vous allez prendre une raclée. Mais l’attaque ne sera pas nécessairement physique, le terme est plus souvent utilisé pour parler d’agression verbale. Dans notre cadre médiatique moderne, on pourrait  définir le « bashing » comme étant l’art du dénigrement systématique.
Le bashing est un mot un peu magique, qui a la faculté de pouvoir être accolé à n’importe quel nom de personnalité politique, de personnalité médiatique, de personnalité tout court. Cette année, on a beaucoup lu dans les médias des expressions telles que le « Fillon bashing », le « Taubira bashing », le « Hollande bashing » ou encore le « Ben Affleck bashing ». Quel est le point commun entre le futur acteur de Batman vs Superman et notre président ? Ils ont tous deux été victimes de propos virulents sur les réseaux sociaux.

Après tout, qu’y a-t-il de répréhensible à se moquer un peu des « people » ? Pourquoi les internautes n’auraient-ils pas le droit à une liberté d’expression absolue ? Exprimer son mécontentement à propos d’un homme politique ou du mauvais choix d’un acteur pour un blockbuster de 2015, c’est légitime. Mais ce qui peut poser problème, c’est que le propre du bashing est de ne pas être une critique constructive. Basher c’est insulter, harceler, pousser l’incivilité à son maximum.
Prenons l’exemple de la plateforme Ask.fm. Le principe est simple. Créer une page. Attendre que des anonymes posent des questions. Y répondre. Le site est investi principalement par des adolescents, qui se « trollent » ou se « bashent » souvent mutuellement. En août dernier, David Cameron avait appelé à son boycott, car des adolescents se seraient suicidés après avoir été la cible de commentaires dégradants.

Cet exemple est extrême, mais il nous rappelle que chez les adultes, les propos sont parfois aussi immatures que chez les adolescents. Sur Twitter, le bashing est une déferlante qui ne cesse de prendre de l’ampleur et qui touche tous les milieux : le politique d’abord, mais aussi le culturel ou le milieu économique. Ce qui est inquiétant dans cette pratique, ce n’est pas qu’un individu passe ses nerfs sur une personnalité médiatique, mais c’est qu’il le fait dans l’anonymat d’un groupe. Je bashe, mais bon, tout le monde le fait. Dans Psychologie des foules, Gustave Le Bon écrit : « Dans les foules, c’est la bêtise et non l’esprit qui s’accumule. (…) La foule est toujours intellectuellement inférieure à l’homme isolé. (…) La foule étant anonyme, et par conséquent irresponsable, le sentiment de la responsabilité, qui retient toujours les individus, disparaît entièrement. »
Ces derniers mois, en France, on a beaucoup entendu parler de « French bashing ». Les politiques et les grands patrons, comme par exemple Xavier Niel (le patron de Free), dénoncent « l’auto-flagellation » qui sévit en ce moment sur les réseaux sociaux. Ils crient au scandale car ils sont les principales victimes de la pratique du bashing. Ils ont probablement raison en ce point : c’est une pratique contre-productive, elle favorise la propagation du défaitisme, et dans un cadre économique, elle ne peut que faire fuir les investisseurs.
Espérons qu’en 2014, les « boucs émissaires collectifs », pour reprendre l’expression de François Jost consacrée à Nabilla, auront un peu de répit.
 
Camille Frilley
Sources :
Socialmediaclub.fr
Nouvelobs.com
Huffingtonpost.fr
Allocine.fr
Crédits photos :
News.com
Lagauchematuer.fr
Ozap.com

Politique

Kalachnikov a eu un coup de pompe

 
Le 23 décembre dernier mourrait Mikhaïl Kalachnikov, citoyen russe né le 10 novembre 1919 à Kouria en Sibérie. L’histoire retiendra de cet homme qu’il fut l’inventeur de l’arme la plus vendue de tous les temps, et qu’il est aujourd’hui célébré pour cela.
À la guerre, blessé, Mikhail Kalachnikov se penche sur l’ingénierie d’arme. Il créa en 1947, après plusieurs prototypes refusés, le AK-47 : une arme qui se veut simple, robuste et efficace, adaptée au peu de niveau de qualification des soldats. Ce fusil permet à Kalachnikov d’être décoré de toutes les médailles du mérite que compte le système militaire russe. Le AK-47 est désormais un fusil « symbole ». Présent sur le drapeau du Mozambique ou du Hezzbolah, c’est un symbole politique, un symbole de liberté comme l’a voulu le concepteur : « J’ai créé cette arme pour défendre les frontières de mon pays ». Après des années de maladie, Kalachnikov s’est éteint le 23 décembre 2013.
La Russie, et notamment le parti au pouvoir, organisent aujourd’hui une véritable campagne de glorification. Cérémonie en grande pompe, à laquelle le président Poutine lui-même était présent, enterrement dans un complexe mémorial construit afin d’accueillir les plus grandes figures Russes, couverture médiatique importante. Récent, le mémorial ne comportait jusque là que la tombe du soldat inconnu de la Seconde guerre mondiale. Un véritable travail symbolique est ainsi mise en place, tentant de réveiller le souvenir d’une Russie glorieuse, communiste, puissante.
Kalachnikov est en effet symbole de l’URSS, cette période faste d’une Russie alors maître du monde. Vladimir Poutine tente depuis quelques années, et les nombreux mouvements de contestation de son autorité et de son autocratie, d’asseoir définitivement une nouvelle crédibilité de son Etat dans le jeu international, alors même qu’il fait face à d’énormes problèmes démographiques et économiques. Kalachnikov est un homme du système : sa vie, comme nous l’avons vu, se définit par le système communiste, qui seul a pu engendrer un tel talent : un autodidacte forcené, un stakhanoviste de l’armement, qui, par son seul mérite, a réussi à mettre au point une arme qui portera son Etat. Point d’héroïsme dans la suite de sa vie : il enchainera les récompenses, et montera les échelons hiérarchiques un à un, sans aucun passe-droit. C’est un homme de Sibérie, un paysan, arrivé au pouvoir. C’est cette image-ci que Poutine souhaite revaloriser, afin de recréer une véritable attache entre la Russie actuelle et ses habitants, de plus en plus éloignés du pouvoir et qui pensent n’avoir plus aucune possibilité d’évolution sociale face à un système sclérosé et gangréné par la corruption.
Cependant, cette situation est bien critiquable. Ce n’est certainement pas la première récupération politique d’un mort, mais elle est pourtant bien plus choquante. Certes, c’est un beau geste d’ingénierie, qui dans un temps de guerre a permis une suprématie, mais c’est aussi, et surtout, une arme à feu qui par sa volonté de conception est aujourd’hui présente dans tous les conflits mondiaux, qu’elle soit circonscrite à un Etat ou hors des frontières. Peut-on, dans une optique de communication, s’appuyer sur le symbole qu’est Kalachnikov : une réussite mortelle ? La création s’est éloignée de l’homme, mais le célébrer reste une ligne politiquement difficile à justifier sur la scène politique internationale actuelle – notamment les crises sur le continent africain. L’on peut y voir un affront fait aux nations et aux personnes engagées dans des conflits mettant en jeu cette arme.
De plus, le choix de Kalachnikov comme symbole peut être une erreur : la création éloignée aujourd’hui du créateur, ce sont bien deux idéologies différentes qui sont véhiculées. Là où l’ingénieur est statutaire d’une Russie forte, la Kalachnikov, l’arme, est quant à elle symbole de révolution, mais aussi de capitalisme mortifère. Symbole de révolution et donc d’une idée qui germe depuis longtemps dans la population Russe, qui pourrait voir la célébration de cet homme comme le terreau d’un mouvement de libération. Mais aussi symbole de capitalisme : aujourd’hui arme la plus vendue au monde, elle n’appartient plus à la Russie, mais au monde capitaliste de la guerre, qui régit aujourd’hui une bonne partie des conflits internationaux. La kalach’ est passée dans le langage courant, elle est internationale, s’approche de groupes radicaux mais aussi d’imageries cinématographiques ou littéraires occidentaux. La kalach’ est l’idée d’une révolution mais qui sent aujourd’hui le faux, le vétuste, une imagerie de la révolution passée au moulin capitaliste de l’argent.
En s’appuyant sur un tel symbole, Vladimir Poutine tente une récupération politique de premier ordre pour rétablir l’image d’une Russie basée sur ses habitants, leur patriotisme, et un système méritocratique. Cependant, ce choix peut-être véritablement critiqué, puisque la Kalachnikov est désormais un symbole mouvant, appartenant à une idéologie loin de celle de son créateur.
 
Adrien Torres
 
Sources :
Liberation.fr – Funérailles d’Etat en Russie pour Mikhaïl Kalachnikov
Liberation.fr – Mikhaïl Kalachnikov est mort
LePoint.fr – La Russie enterre Kalachnikov avec les honneurs
Crédits photos :
AFP

libération pussy riot
Politique

Amnisties en série

 
La Russie fait encore parler d’elle et de ses prisonniers politiques. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de leurs arrestations, mais bien de leur libération. En effet, les noms de Maria Alekhina, Nadejda Tolokonnikova ou encore Mikhaïl Khodorkovski n’apparaissent pas dans les médias au sujet de leur remise en liberté. Quelle est donc la cause de ces sorties massives de prison d’anciens détenus militants médiatisés dans le monde entier ?
L’adoption d’une nouvelle loi d’amnistie
Mercredi 18 décembre, le Parlement russe a adopté une loi qui gracie les condamnés à moins de 5 ans de prison pour des délits mineurs, notamment financiers, mais aussi de l’ordre du trouble public. Le texte a été présenté le 9 décembre, avant d’être accepté lors de la dernière lecture par 446 députés de la Douma sur 450. Ainsi, sur les 700.000 prisonniers russes, 25.000 personnes pourraient bénéficier de cette carte de sortie de prison, notamment les mineurs et les personnes âgées, les mères d’enfants mineurs et les handicapés. Cette loi a été adoptée dans le cadre des vingt ans de la constitution russe, rédigée sur les cendres de l’Union Soviétique. Mais cet anniversaire n’est clairement pas la seule raison de l’adoption de ce texte inattendu pour un pays qui n’est pas connu pour sa tendresse envers les opposants et prisonniers.
Les motivations d’une loi qui étonne

Un tel revirement politique pourrait ressembler à un changement d’orientation d’un régime controversé, dirigé d’une main de fer par Vladimir Poutine, souvent parodié sur Internet en tant qu’homme surpuissant et faisant l’apologie de la force. Mais la mesure ne propose qu’une amnistie, et non une refonte des lois pénales pour limiter le nombre de ces prisonniers politiques. Ainsi, les opposants qui avaient manifesté le 6 mai 2012 lors de la réélection de ce même Vladimir Poutine ne seront pas tous libérés ; les plus virulents étant condamnés sous le chef d’accusation de « violence contre agent de police » et non de simple trouble. Quant à Mikhaïl Khodorkovsky, devenu un martyr, véritable figure de l’opposition pendant ses dix ans d’emprisonnement en Sibérie, il a quitté la Russie dès sa libération et a d’ores et déjà annoncé qu’il se tiendrait en retrait de la vie politique et ne tenterait aucune action en justice pour recouvrir ses anciens actifs dans le pétrole. Il s’agit donc plutôt de briser l’image du martyr, que ce soit pour lui ou pour les Pussy Riots, de calmer la communauté internationale qui s’était beaucoup mobilisée pour leur libération. Une fois sortis de prison, leur importance est moindre, à moins que comme l’ex-Pussy Riot Maria Alekhina, ils choisissent de s’engager pour le respect des droits de l’homme.
C’est bien cette cause qui réunit l’opinion internationale contre la politique de Vladimir Poutine, et il convient pour lui de calmer ces protestations étrangères, à quelques semaines des Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi, pour lesquels certains chefs d’état, comme François Hollande, ne désirent pas se déplacer. Le traitement des opposants mais aussi des homosexuels a été le sujet de nombreuses mobilisations contre le pays, qui font craindre un fiasco médiatique alors que les infrastructures ont coûté cher à la Russie (40 milliards d’euros, c’est un record absolu).

Récemment, c’est le cas des militants de Greenpeace qui cristallise les critiques contre la Russie. Les trente membres d’équipage de l’Arctic Sunrise qui avait été arraisonné en septembre après une opération sur une plateforme pétrolière ont été détenus de façon préventive pendant deux mois et n’ont toujours pas le droit de quitter la Russie. Contrairement à ce qu’a annoncé Greenpeace à l’annonce du vote de la loi, il n’est pas certain que ses membres puissent en bénéficier, car ils n’ont pas encore été jugés. Il faudra probablement attendre le procès, au cours duquel ils risquent une condamnation à sept ans de prison. Si cette loi est destinée à apaiser les esprits, son application pourrait donc connaître des variations polémiques.
Comme l’a dit Maria Alekhina à sa sortie de prison, cette loi est donc en grande partie une « opération de communication » du régime, qui s’adresse à la communauté internationale, mais peut-être aussi plus précisément à l’Ukraine. En effet, le pays est secoué par des manifestations pro-Union Européenne, rejetant un accord douanier avec la Russie, présentée comme un reste de l’empire soviétique qui voudrait conserver par la force sa domination historique. Il est donc bien urgent pour le pays de réagir sur le plan communicationnel, en vue des JO et de l’Ukraine. Libérer des personnalités dont l’arrestation a été médiatisée dans le monde entier comme les Pussy Riot permet d’exposer une nouvelle représentation du régime, dont certains se félicitent, comme ici le député UMP Lionnel Luca (@lionnelluca06).

La réaction du député UMP parait bien élogieuse au vu des réserves que peut soulever cette mesure. Si le texte peut suggérer un pas de la Russie vers un régime plus démocratique, la question du citoyen lambda, surtout si son éventuel procès est peu ou pas médiatisé, demeure encore en suspens. Les arrestations des opposants politiques seront-elles toujours aussi massives et violentes malgré cette loi d’amnistie?
 
Astrid Gay
Sources
Franceinfo
Lemonde
Lemonde
Lemonde

Hollande
Politique

L’humour du chef

 
Le président Hollande a fait une blague lundi soir à l’occasion du retour de Manuel Valls après son voyage en Algérie, précisant que celui-ci était rentré « sain et sauf. » Les réactions ont été vives en Algérie, les journaux nationaux y ont critiqué le mépris du président Français pour l’Algérie. Le ministre algérien des affaires étrangères Ramtame Lamamra a qualifié cette plaisanterie « d’incident regrettable. » Au delà de la simple maladresse, une véritable question se pose : un président peut-il être drôle ? L’humour, mode de communication perçu de manière positive dans la vie quotidienne, peut-il être porté à la tête de l’État ? La parole présidentielle concernant un nombre important de personnes, le président doit-il sacrifier au prix de certains un humour qui plaira à d’autres ? Et il semble qu’aujourd’hui le second de degré et l’humour aient laissé place à la vexation et aux regrets. Plus symptôme de relations diplomatiques tendues que d’une maladresse communicationnelle, cet incident vient illustrer une communication politique de plus en plus pointilleuse. L’humour doit être encadré, extrêmement contextualisé, comme on peut l’observer lors du dîner de la presse après l’investiture des présidents américains.
Car au-delà de ce simple incident communicationnel c’est bien la personnalité du président, connu pour son humour, qui rentre ici en jeu. Du rire consensuel, à la vexation susceptible, faire rire au sommet de l’État aujourd’hui n’est pas une mince affaire.
 
  Arnaud Faure
Sources
Lejdd.fr
Libération.fr
Lexpress.fr
Crédit photo : Alain Jocard, AFP

Politique

Un beau projet boit la tasse

 
Le 10 décembre 2013 le Parlement européen a rejeté la proposition visant à interdire le chalutage en eaux profondes et ce malgré une communication rondement menée par l’ONG Bloom.
Petit rappel des faits
Vous avez forcément vu cette pétition précédée d’une BD très drôle et très pédagogique postée par Pénélope Bagieu sur son blog. Vous ne l’avez pas forcément signée, mais il y a au moins une de vos supers copines trop impliquée qui l’a fait. Cette pétition a beaucoup tournée sur les réseaux sociaux, générant quelques 799 749 signatures. Cette pétition appelait à la mobilisation du Président de la République contre cette pratique du chalutage en eaux profondes, un appel laissé lettre morte par le Président.
L’association avait toutes les chances de son côté grâce à la très talentueuse Pénélope Bagieu. Fini le texte de pétition barbant, Pénélope impose son style et son humour tout en expliquant très clairement ce qu’est cette pratique, et surtout ses conséquences.

La victoire semblait assurée, raconte l’ONG Bloom sur son site internet, alors quelle ne fût pas la surprise de voir la proposition rejetée<
Une communication trop axée sur le public ?
Faire signer une pétition c’est bien, faire voter les députés européens, c’est mieux. Ce focus sur les électeurs aurait pu être bénéfique s’il avait été mieux suivi par une pression sur les députés concernés. Ces derniers sont sous pression mais après-coup, l’ONG a révélé que ce vote était en fait « une erreur » : des députés se seraient trompés de vote. Mais ce recomptage de la part de l’ONG n’a aucune valeur aux yeux de la loi, même si elle annonce la victoire par 343 contre 330, après 20 corrections de vote, sur son site internet. L’explication détaillée que Bloom donne sur son site internet : les députés ne savaient pas qu’il fallait rejeter l’amendement 62 de la proposition pour pouvoir amener l’interdiction. Ils l’ont donc accepté, et cet amendement a fait tomber les autres, faisant passer à la trappe l’interdiction. Facile de s’y perdre, n’est-ce pas ? Encore plus facile de se perdre dans le site du Parlement Européen, mais voici le fameux amendement :

Difficile de savoir exactement à qui revient le flop dans cette histoire. Bloom avait mené cette affaire d’une main de maître, mais a, par principe, refusé de jouer complètement au jeu du lobbying, ce que des grandes entreprises comme Intermarché ne se sont pas privées de faire. L’association affirme avoir « fléché » le parcours aux députés, mais pas suffisamment, par manque de temps et peut-être d’organisation.
Flop pour les députés qui se discréditent face aux électeurs ? Ce genre de communication n’est pas la bienvenue avec une élection de députés européens en 2014. Cet écart entre opinion public et vote des députés pourrait finir de détourner totalement les électeurs des urnes, pensant qu’ils n’ont de toute façon aucune prise sur les décisions prises au Parlement européen. Cette complexité du vote européen pourrait aussi finir de détourner les citoyens de cette institution qu’ils ne comprennent pas et qui semble prendre des décisions trop complexes et trop contraignantes sur de nombreux points.
Mais derrière chaque flop se cache un ou plusieurs vainqueurs … Et dans ce cas c’est du côté des entreprises qu’il faut tourner la tête. Intermarché est plus qu’impliqué dans le chalutage en eaux profondes car 6 des 11 navires européens le pratiquant lui appartiennent. Magnifique occasion pour les concurrents, Casino en tête, de prendre le contrepied. Casino affiche une politique de pêche responsable et informe ses consommateurs qu’à partir du 1er janvier 2014 l’enseigne ne vendra plus cinq espèces de poissons vulnérables vivant en eau profondes. Les entreprises veulent montrer l’exemple et montrer leur réactivité face à l’opinion publique. Ce qui profite à tout le monde, quand on y réfléchit : les entreprises font des efforts de transparence et gagnent des clients. De l’autre côté il est plus facile pour une ONG de faire pression sur des entreprises que sur le gouvernement, le Président ou le Parlement, parce que les associations environnementales peuvent assez facilement mobiliser les associations de consommateurs… Ou quand l’argent est source de pouvoir reposant sur un talon bien fragile.
 
Paola Paci
Sources
LeMonde
Libération
Parlementeuropéen
PénélopeJolicoeur

libération
Politique

Centrafrique ou Françafrique ?

 
François Hollande a annoncé jeudi 4 décembre une action militaire « immédiate » de la France en Centrafrique, validée par le Conseil de sécurité de l’ONU, pour aider les forces panafricaines à restaurer le calme dans le pays.
 Malgré une communication bien huilée faite d’éléments de langage insistant sur la dimension courte, rapide et efficace de l’opération « Sangaris », dite de stabilisation, François Hollande n’a pas pu empêcher les polémiques.
Au cinquième jour de l’opération, deux soldats français ont été tués, amenant immédiatement les médias à soulever la question suivante : la Centrafrique ne serait-elle pas un piège pour la France ? La Une de Libération du mercredi 11 décembre en est un exemple. L’erreur de l’exécutif a été d’avoir axé sa communication sur une contradiction entre rapidité et efficacité.
 Mais c’est évidemment surtout le refrain de la Françafrique que l’on entend le plus. Or, si les intérêts de la France ne sont pas économiques, on peut néanmoins considérer qu’ils sont communicationnels.
 Grâce cette opération la France, après le Mali, la Syrie et l’Iran, s’affirme de plus en plus sur la scène diplomatique par une communication de « leadership » qui ferait d’elle le nouveau « gendarme du monde ». Si pour Jean-Marc Ayrault, « la France assume tout simplement ses responsabilités internationales », le sous-entendu habile démontre combien cette communication est un enjeu, car qui dit responsabilités dit bien pouvoir.
 D’autre part, la communication de guerre est toujours un moyen pour l’exécutif de rassembler un pays en théorie unanime devant le fait militaire et la défense de la démocratie. Une communication qui veut faire de cette opération un élément fédérateur, salvateur, à l’heure où le gouvernement s’enlise dans les affaires de politique intérieure.
 Mais si cette stratégie avait bien fonctionné lors de l’intervention au Mali, peut-elle encore être efficace ? Le scepticisme des médias semble indiquer le contraire. Par ailleurs, peut-elle être pérenne ? La communication de guerre n’est souvent efficace que dans un temps limité – le temps de l’enthousiasme patriotique et des premières victoires, et périclite sur le long terme.
 Clarisse Roussel
 
Sources :
Lefigaro.fr
Latribune.fr
Lexpress.fr
Atlantico.fr
Crédit photo : Libération

Mélenchon
Politique

L'homme trop bien cadré

 
Dimanche 1er décembre, Jean-Luc Mélenchon défilait dans la rue « pour la Révolution fiscale, la taxation du capital, l’annulation de la hausse de la TVA ». Cette manifestation contre Bercy a entraîné une polémique, non sur ses revendications et son message, mais bien plus sur son relais médiatique. Deux fautes communicationnelles sont venues entacher l’image de cette manifestation et de M. Mélenchon. L’une à propos des comptages annoncés tour à tour par les organisateurs et par la place Beauvau. L’autre concerne l’habile cadrage du reportage organisé par TF1 qui dupe le spectateur en lui donnant une impression de foule immense. Coup dur pour le leader du Parti de Gauche (PdG) qui dévoile ainsi son art de la mise en scène et de la construction médiatique en opposition à son discours politique franchement hostile envers les médias « manipulateurs ».
 Le comptage déclenche la controverse. Si les chiffres des organisateurs de la « Manif’ pour tous » ont pu paraître exagérés, ceux du Front de Gauche apparaissent complètement délirants. En effet, la préfecture de police dénombre 7000 participants alors que les organisateurs en annoncent 100,000 : un rapport de 1 à 14 qui pose question sur la bonne foi des deux entités. Une photo circulant sur Twitter va dans le sens d’un maquillage des chiffres. Prise le jour même Boulevard de l’hôpital, on observe sur l’image une multitude de feux rouges. Le photographe de l’AFP dément tout trucage, la multiplication des feux de signalisation étant apparemment due à un effet d’optique. Celle-ci provoque l’amusement voire les moqueries des internautes, peu crédules.
 

 
La seconde erreur est corollaire de la première. Mélenchon comme TF1 sont soupçonnés de tentative de manipulation des téléspectateurs par l’image et le choix du cadre. En effet, filmée une demie heure avant l’heure de convocation, la vidéo montre une foule qui se presse derrière le camarade Jean-Luc qui répond aux questions de Claire Chazal. Une photo prise depuis son appartement par un journaliste néerlandais et publiée sur Twitter révèle le hors-champ. Mélenchon se trouve devant un carré d’une vingtaine de personnes. Autour, le vide. Le montage ainsi dévoilé ôte toute légitimité aux images et remet en question la déontologie de TF1, l’éthique de transparence morale du Front de Gauche et l’intelligence qu’ils confèrent au public. Ils ont eu tendance à oublier que le spectateur ne se contente plus d’avaler les informations qu’on lui sert sur un plateau. Sa défiance actuelle envers les médias et les politiques le pousse à chercher et à relayer d’autres informations via les réseaux sociaux. Ainsi en quelques clics il peut créer le « bad buzz » et ternir le blason de quiconque veut l’abuser.
 Les réponses des intéressés ne se sont pas faites attendre : le 3 décembre Mélenchon se rend au Grand Journal pour arranger ces incohérences de communication. En vain, suite à quelques contradictions. Il tente de prouver par un calcul que 100 000 personnes défilaient. Cependant une erreur dans ses données lui confirme l’exagération des chiffres annoncés. Pour sa défense, il insinue alors que la préfecture de police a divulgué ces chiffres pour que le cœur du problème ne suscite pas d’intérêt. La dénonciation est reprise par André Chassaigne, le président du groupe communiste à l’assemblée, qui pointe du doigt le Ministre de l’Intérieur : « Le piège a été tendu par Valls qui donne, lui, un chiffre déraisonnablement bas après l’annonce des 100 000 personnes. Valls atteint sa cible et ça permet de dévier le fond du débat. C’est fait intelligemment. »
 
Sur la question de la machination, l’ex-candidat à la présidentielle dément toute intention de la part de TF1. Il affirme que la masse qui apparaît sur l’interview émane d’une volonté propre des participants et ne relève pas d’une construction imposée destinée à améliorer son image ni manipuler l’opinion. Puis, à un autre moment de l’entrevue, il explique le désir du Parti de donner aux images une allure « militante » ; il finit alors par se contredire. Ces propos sont appuyés par Alexis Corbière, secrétaire général du PdG : « Les images ont une dimension politique, nous le savons bien. Pour présenter une manifestation, on n’allait pas faire l’interview dans une rue déserte. » Ceci implique donc le recours aux artifices médiatiques et à une construction qui s’oppose à la prétendue spontanéité du rassemblement.
 L’art de la mise en scène médiatique se pose donc comme inévitable et nécessaire à tout processus de communication politique. Subtilement dosée, un jeu presque théâtral contribue à l’amélioration et à la gestion d’une image. Mais gare à l’abus qui se solde souvent par une douche froide de la part de l’opinion publique.
 
 Caroline Dusanter
Sources :
Le Point
Le MOnde
AFP
Le Parisien
Placeaupeuple.fr
Partidegauche.fr
Le Blog d’Alexis Corbière
TF1
Le Grand Journal – émission du 3 décembre
Crédits photos :
Image de Une : Tweet du Front de gauche (1er Décembre)
Image 1 : AFP
Image 2 : Stephan de Vries