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Le prince (presque) charmant qui roulait en Renault

 
A priori, rien de bien méchant. Un prince (presque) charmant est un film français (réalisé par Philippe Lellouche) et, eu égard au titre et l’affiche, une comédie romantique. Premier plan, on suit une Audi TT (gris mât) lancée à pleine vitesse sur le périphérique. Jean-Marc (Vincent Perez) est aux commandes… et au téléphone, sa secrétaire, très angoissée par sa conduite, se propose alors de prendre le volant, ce que Jean-Marc refuse, en bon PDG macho et méprisant. Le sujet du film est posé. Il s’agit bien d’une histoire d’amour. Non pas entre Jean-Marc et sa secrétaire. Entre Jean-Marc et une autre femme alors ? Manqué ! La princesse du « prince (presque) charmant » est une voiture. L’Audi TT ? Encore raté. C’est une « Zoé », la petite dernière de chez Renault. Analyse.
Le consommateur est aujourd’hui devenu un ambassadeur publicitaire de premier choix en générant ce qu’on appelle du « earned media », c’est-à-dire une communication, souvent suscitée mais non contrôlée par la marque, notamment sur les réseaux sociaux. Tous les personnages du film, consommateurs fictifs et plus ou moins directs de « Zoé », Jean-Marc en tête puisqu’il en est l’heureux propriétaire, défendent ainsi unanimement ses bienfaits. Marie, ses parents et même le paysan du coin, à chaque fois, le même discours bien rodé : « c’est une voiture électrique, donc respectueuse de l’environnement, donc écologique ». Des louanges qui nous feraient presque oublier que l’énergie nucléaire (source n°1 d’électricité en France) n’est pas vraiment la princesse charmante des écologistes (des vrais)…
Jackpot donc. Renault se passe d’inventer un scénario pour vendre « Zoé » selon les règles du « story telling », Philippe Lellouche et Luc Besson (également scénariste) s’en chargent. Avec en prime, comme dans tout bon film publicitaire, des acteurs dont le capital séduction n’est plus à prouver, j’ai nommé Vahina Giocante et Vincent Perez. Toute l’intrigue se construit pour placer « Zoé » au premier plan. L’Audi TT de Jean-Marc tombe en panne d’essence et manque de bol, toutes les stations sont grève. Naturellement, Jean-Marc (qui est très riche) se rend chez un concessionnaire où il choisit et achète une nouvelle voiture dont il exige « le plein ». Amusé, le vendeur lui explique qu’il s’agit d’une voiture électrique, nommée « Zoé ».
A l’acquisition succède l’utilisation. Aux côtés de Jean-Marc, on découvre l’intérieur de « Zoé » (très design avec sièges inclinables et déodorisant senteur lavande) mais aussi comment la recharger (à l’aide d’un adaptateur branché sur le devant), quelle est son autonomie, etc. Surtout, on admire « Zoé » traversant de beaux paysages français, vue du dessus, de devant, de derrière, de l’intérieur. On renoue ici avec les codes esthétiques traditionnels de la publicité automobile lorsque, aussi étonnant que cela soit, voiture et nature rimaient ensemble (là on peut se le permettre à nouveau vu que « Zoé » est « écolo »).
Les avantages du produit « Zoé » sont mis en scène à plusieurs reprises, dans le jargon publicitaire on parle de « bénéfice produit ». Ainsi se construit la scène de la station d’essence en grève avec le routier qui dit à Jean-Marc « eh toi ! Tu fais la queue comme tout le monde ! » et ce dernier de lui répondre « Eh non ! Parce que MOI j’ai pas besoin de carburant, ma voiture elle est électrique ! » A travers ce qui semble être un gag, sont en fait comparés les bénéfices de la voiture essence avec ceux de celle électrique. On en retient qu’en cas de pénurie d’essence, Zoé est PLUS utile que n’importe quelle essence.
Les « bénéfices consommateurs » (ce que le produit promet d’apporter au consommateur) ne sont pas en reste. Grâce à « Zoé », Jean-Marc devient quelqu’un de bien (ou du moins passe pour tel). On retrouve l’idée, abondamment reprise dans les publicités de voitures, d’une consommation qui nous transforme, l’accent étant mis sur le bénéfice consommateur et sur la vente d’expérience qui l’accompagne. La preuve en est : lorsque Jean-Marc rencontre Marie, il est dans sa voiture, paumé dans la cambrousse, la batterie à plat, il pleut des trombes et Marie (qui passait par là) trouve refuge dans sa voiture.
Cette dernière est conçue à la fois comme un véhicule mais aussi et surtout comme un « espace » intime privilégié, « le seul endroit où je peux être moi-même » dit Jean-Marc qui y dort à plusieurs reprises et y petit-déjeune même avec Marie. Notons que depuis le lancement de l’« Espace », le groupe Renault a fait de cette notion un élément clé de son image de marque. Personnifiée, la voiture est à l’image de son propriétaire et apparaît comme une source d’affirmation de soi. Dès le début, avec son Audi TT, Jean-Marc s’affiche comme raide dingue de sa voiture, lui seul peut la conduire (« il faut être un sacré jockey pour la conduire »), « tu vas te marier avec ta voiture » se moquent même ses proches. Avec « Zoé », c’est une tout autre image qu’il renvoie à son entourage, celle d’un homme plutôt branché, écolo et attentionné. Poussons le vice jusqu’au bout, serait-ce là un petit message bien senti envoyé par Renault à ses concurrents via l’idée du « je consomme ce que je suis » à savoir, un connard en Audi TT gris mât, un mec bien en « Zoé » blanche ?
Soyons lucide, le cinéma français ne rime pas qu’avec « art et essai » et subventions publiques. Economiquement parlant cela serait impossible et la publicité aide régulièrement à financer des films de qualité (le programme Audi Challenge Award est en un bon exemple). Pour autant, quelques soit le produit vendu, écolo ou pas, moche ou beau, rose ou vert, l’indépendance et la qualité du cinéma français me semblent ici sérieusement menacées.
NB : Dialogues reproduits non contractuels.
 
Flora Trolliet

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Vente pyramidale, Herbalife dans la tourmente

 
Herbalife International est depuis le mois de décembre 2012 la cible du fonds activiste Pershing Square Fondation l’accusant de fraude pyramidale. Bill Ackman, son président, reproche au groupe de réaliser plus de chiffre d’affaire grâce à l’enrôlement de nouveaux distributeurs que par la vente de ses produits. De quoi s’agit-il exactement ?
Depuis 1980, Herbalife est un des spécialistes dans la vente de produits nutritionnels pour contrôler son poids, offrir une nutrition ciblée par des compléments alimentaires ainsi que des produits de soins du corps et du visage. Des scientifiques et des experts en nutrition conçoivent les produits et Herbalife compte 2,3 millions de Distributeurs Indépendants qui les commercialisent par la vente directe. Chaque membre du réseau paie pour entrer dans le système, se fournir en produits et en matériel nécessaires. Son recruteur perçoit alors une part de ce droit d’entrée. Cette commission augmente si le simple distributeur est devenu au fil du temps recruteur, puis recruteur de recruteur… C’est une technique de marketing très efficace et économique car Herbalife n’a besoin ni d’un budget publicitaire, ni d’organiser des rayons dans les supermarchés. Tout se passe par le classique bouche à oreille et fonctionne très bien aux États-Unis.
Cependant, le terme de vente pyramidale désigne une forme d’escroquerie dans laquelle le profit ne provient pas d’une activité de vente comme on pourrait le croire, mais surtout du recrutement de nouveaux membres. Les initiateurs du système sont au sommet de la pyramide et en profitent en spoliant les membres de la base. L’argent coule vers le haut et les premiers 0,05% des distributeurs ont gagné 337 000 dollars en 2011. Bill Ackman a acheté 20 millions d’options de vente, c’est-à-dire des titres boursiers dont la valeur augmente si l’action de l’entreprise – Herbalife dans ce cas – baisse. Or, les prévisions de celui-ci sur la chute des actions s’est vue confirmée ; l’action a dégringolé jusqu’à atteindre 26,06 dollars le 24 décembre dernier. Elle remonte un peu jusqu’à ce que le 31 décembre, un autre acteur entre en jeu : Daniel Loeb, fondateur de Third Point, un fonds activiste qui décide de soutenir Herbalife et d’en acheter 8,9 millions d’actions. Une enquête de la Security and Exchange Commission (SEC) est ouverte. Les deux hedge fund tentent de défendre leur cause le mieux possible. Herbalife quant à lui, se retrouve acculé à une communication de crise qui l’oblige à justifier son fonctionnement et son bien-fondé.
La technique de communication d’Herbalife est très simple, presque simpliste : description des effets bénéfiques de ses produits sur son site. La promotion se poursuit sur Facebook par le biais de vidéos-conseils diététiques dans lesquelles des nutritionnistes d’Herbalife s’adressent directement au consommateur. Ajoutez-y le bouche-à-oreille et le consommateur de se sentir lié à la marque et de s’en rapprocher.
En début de crise, le 19 décembre, Herbalife publie ses communiqués de presse sur son site. Ceux-ci ne cherchent guère à être rassurants et positifs sur l’affaire, ils s’apparenteraient plutôt à des procès verbaux très factuels et chiffrés. Des phrases très courtes et hiérarchisées par des tirets. Une transparence abrupte comme dans un bilan, pour ne pas avoir à y revenir. La page Facebook est uniquement bombardée de conseils diététiques. Au cours de la conférence de presse du 10 janvier, le PDG Michael O. Johnson dément les accusations et fait intervenir deux arguments par le biais de figures d’autorité pour réaffirmer la probité de l’entreprise. Tout d’abord, Ann Coughlan, consultante et professeur de marketing à la Northwestern University School of Management a expliqué que l’entreprise qu’elle a étudiée, n’a aucune des caractéristiques d’un système de vente pyramidale. Le Dr Vasilios Frankos, quant à lui, ancien haut responsable de la Food and Drug Administration a défendu l’éthique scientifique d’Herbalife dont il est aujourd’hui l’un des dirigeants. L’engagement de ces deux personnes avec l’entreprise dévoile l’intérêt qu’ils servent : Herbalife. Vient en dernier lieu, la vidéo publiée après la conférence qui croise les regards émerveillés des distributeurs, clients, sportifs sponsorisés, scientifiques et dirigeants d’Herbalife. Tout est beau dans le meilleur des mondes, les valeurs de l’entreprise sont réunies. Le paysage est très vert, presque transparent, une vraie merveille. Et puis il y a Michael Johnson qui rappelle à ses consommateurs qu’il travaille pour leur assurer une bonne nutrition, bâtir de nouvelles opportunités de travail, mener les gens vers la compagnie sans les y forcer : « not selling product, selling a good nutrition to people ». Un contraste surprenant avec leurs communiqués de presse froids, secs et télégraphiques. Le retard pris par les communicants pour adopter une stratégie efficace montre bien le grand problème posé par la communication de crise qui impose anticipation et adaptation.
 
Félicia de Petiville
Sources :
Financial Times « Spotlight falls on Herbalife cash source »
Le Monde « Herbalife, au cœur d’une guerre entre investisseurs activistes »
Site d’Herbalife USA

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Jacques a dit qu'il n'avait plus honte de mettre de la crème Nivea

 
Virales, humoristiques, apportant du « capital sympathie », véritables outils de brand content, les web-séries de marques se multiplient sur la toile et semblent désormais indispensables pour les marques qui souhaitent moderniser leur image et séduire un public plus jeune.
D’après une enquête Yahoo de février 2012, près de 80% des internautes interrogés déclarent apprécier qu’une marque propose du contenu. La web-série devient ainsi un vrai enjeu à la fois marketing et d’image pour les marques. Mais, face à cette abondance de choix, toute la difficulté est justement de réussir à se dé-marquer et à ne pas tomber à côté, au risque du bad buzz.
En proposant depuis le 7 décembre une expérience digitale interactive sur le site www.reveillealex.com , Nivea s’empare de cette tendance pour promouvoir sa gamme de produits de beauté pour homme.
Eugénie PIENS, Chef de Marque Senior Nivea For Men décrit ainsi la mission que s’est donnée la marque avec cette campagne digitale : « démocratiser l’hygiène et le soin parmi les hommes en mettant dans les mains de tous les hommes, chaque matin, des solutions de toilette et de soins simples et efficaces qui leur permettent d’être parfaitement prêts pour affronter toutes les situations. NIVEA FOR MEN a choisi l’humour et la proximité pour dédramatiser une catégorie souvent vue comme « tabou » par les hommes. »
Cette web-série cherche donc à déconstruire par tous les moyens l’image que l’on pourrait se faire d’un homme qui utilise des produits de beauté. Mission réussie ? Voyons voir.
En allant sur le site www.reveillealex.com, nous nous retrouvons face à Alex, le héros de la web-série, en train de ronfler profondément, et sommes invités à le réveiller. Suivant l’heure qu’il est, une situation différente nous sera proposée, avec la possibilité ensuite de regarder les autres épisodes.
La première chose à noter est que l’espace de la salle de bains est intelligemment désinvesti, car trop emblématique des soins de beauté féminins. L’action se déroule ainsi dans l’espace de la chambre et plus précisément du lit, au moment qui précède l’utilisation des soins, c’est-à-dire celui du réveil (plutôt difficile) ! Simple mais efficace pour mettre en valeur le côté « vitalité » des produits Nivea for Men, et s’inscrire discrètement une place dans le rituel du matin.
Le personnage mis en scène est un jeune adulte, tout ce qu’il y a de plus commun, un peu négligé, un peu looser sur les bords, qui rappelle le personnage emblématique de la série Bref.
Au niveau de l’environnement de la pièce, c’est encore une fois assez négligé : chambre en désordre, boites de pizza qui trainent… Nivea joue à fond sur les clichés masculins, et ça fonctionne.
Le héros se retrouve dans des situations loufoques et drôles, mais qui balayent un éventail de situations du quotidien dans lesquelles beaucoup de 20-30 ans peuvent se retrouver : problèmes avec le propriétaire ou le banquier, voisin bizarre, colocataire un peu trop collant, tentatives de drague en soirée…  La série mise aussi sur des références qui parlent à cette cible de jeunes adultes, avec par exemple un double-épisode directement inspiré de Dexter mais qui en propose une adaptation décalée et humoristique, puisque cette fois-ci c’est le voisin qui cherche à tuer le héros car il ne trie pas ses poubelles !
Les produits Nivea for Men, quant à eux, sont présentés en bas de la fenêtre, mais pas directement visibles dans les épisodes. L’objectif est donc d’abord de créer de la proximité avec l’internaute et non de lui imposer à tout prix les produits (ce qui serait certainement peu apprécié). Cette recherche de proximité se voit également dans la stratégie de communication qui est mise en œuvre autour de cette campagne digitale. Elle repose sur de nombreux articles sponsorisés ciblant des blogs masculins, lifestyle et de tendances de communication.
De plus, la web-série se prolongera également en-dehors du Web grâce à un partenariat avec la matinale de Virgin radio, qui proposera de réveiller les internautes de façon délirante. Miser sur la radio est ainsi un bon moyen de continuer à entretenir l’intérêt autour de la série, alors que les opérations digitales sont de plus en plus vite oubliées sur Internet.
Interactive, moderne et bien ciblée, cette campagne Nivea for Men a donc tous les ingrédients pour surfer intelligemment sur la tendance des web-séries. Et avec plus de 2.600.000 vues sur la page Youtube, il semble que leur mission soit déjà réussie.

Judicaëlle Moussier
Sources
http://www.e-marketing.fr/Marketing-Magazine/Article/Le-brand-content-monte-en-puissance-43201-1.htm

NIVEA FOR MEN lance une expérience vidéo interactive autour du réveil !

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MORGAN IS THE NEW CHIC

 
Avec l’hiver et la nouvelle année, il n’y a pas que nous qui prenons des (fausses) bonnes résolutions ; les marques profitent de cette période d’empathie et de bienveillance pour jouer la carte du relooking. Cette année, c’est Morgan qui s’y colle. En effet, la grande marque emblématique des années 90, créée par les sœurs Bismuth et rachetée par Beaumanoir suite à son dépôt de bilan en 2008, a entrepris de faire peau neuve et de renouveler son image de marque.
Souvent associée au monde de l’ « adulescence », cette période impalpable entre adolescence et âge mur, la marque Morgan se reconnaissait facilement grâce à son slogan « Morgan de toi » orné d’ un cœur rouge qui rappelle la sensibilité de l’adulescente ainsi que son désir de plaire et d’être sexy en toutes circonstances.

Alors que jusqu’à présent, la marque se contentait de « campagnes modestes, dans le simple but d’assurer une présence » selon les mots du directeur de marque Hervé Bailly, Morgan veut aujourd’hui frapper fort et propose une campagne « énergique et positive », qui renouvelle l’identité de la marque tout en revenant aux fondamentaux. « L’idée, c’est de finir de positionner Morgan quelque part entre les chaînes que sont H&M ou Zara et les marques que sont Maje ou Sandro, précise le directeur de marque. Mais nous voulons nous démarquer d’une forme de conformisme qui règne, dans l’offre et surtout dans l’environnement publicitaire. Chacun utilise les mêmes codes, du noir et blanc, des expressions identiques, jusqu’à rendre les campagnes interchangeables. Morgan ne doit surtout pas être passe-partout », conclut-il.
Ainsi, non seulement Morgan se propose d’incarner une mode spontanée et décomplexée, mais elle se veut aussi le chantre d’une nouvelle forme de publicité aux accents singuliers, en rupture avec les codes visuels habituels. C’est donc une triple rupture : à la fois dans l’utilisation des codes couleurs (adieu le sempiternel noir et blanc, Morgan fait exploser la couleur, aussi bien dans les décors de fond que dans les vêtements eux-mêmes), au niveau graphique avec un slogan qui devient l’élément principal de la publicité, en gros caractères, mais enfin et surtout au niveau symbolique avec un message clair qui n’est plus un simple faire-valoir mais un élément indispensable du message publicitaire : « Happy is the new chic ». Il ne s’agit donc plus de jouer sur la sensualité de la femme mais bien sur son bien-être psychologique : un vêtement n’est plus proposé pour l’image attrayante qu’il est censé renvoyer mais parce qu’il correspond à l’état d’esprit de la femme qui le porte. Morgan invite les femmes à rechercher l’épanouissement personnel dans la mode plutôt que la volonté de plaire et de paraître à tout prix. Un message qui fait effectivement tâche dans l’univers consensuel et superficiel de la mode.
La femme émancipée du XXIème siècle doit donc se reconnaître chez Morgan : une mode abordable mais exigeante, décomplexée mais tendance, spontanée mais séductrice. Le modèle, qui n’est autre que Hailey Clauson (égérie de Jill Stuart, Dsquared2 et Gucci et qui a défilé pour les plus grands – Calvin Klein, Louis Vuitton, Hermès, Dior, Miu Miu …) nous invite par son attitude pleine de fraîcheur et de spontanéité, au jeu et à la légèreté. La femme du XXIème siècle, c’est bien connu, n’aime pas se prendre la tête : la mode, en plus d’être un nouveau moyen d’expression et d’épanouissement est aussi un jeu à part entière, et en ceci elle n’est ni fixe ni conventionnelle. Un sentiment qui se retrouve quand on regarde le spot publicitaire de la marque, qui est à l’opposé d’une campagne haut de gamme comme celle de Prada (Fall/Winter 2012) qui met en scène des mannequins très figés.
Le spot MORGAN :

Le spot PRADA :

La campagne, signée Kids Love Jetlag, nouvelle branche de l’agence de publicité Fred & Farid, consacrée aux réseaux sociaux, a beaucoup fait parler d’elle, notamment de part sa ressemblance avec l’esthétique d’une campagne pour une autre marque qui a marqué les esprits, mais de manière moins positive. Il s’agit de la campagne publicitaire de Kookaï qui l’année dernière, utilisait déjà les mêmes codes (« X is chic », formule inconditionnelle de la presse féminine), la dimension polémique en plus.
Une campagne réussie pour Morgan, qui révèle un certain anticonformisme face aux diktats de  la mode. Pour autant, je ne serai pas aussi catégorique : la marchandisation du bonheur commence par l’appropriation de ce  sentiment proprement intime par l’univers de la publicité et plus largement par celui de la mode. Sans prendre le message au premier degré, on peut tout de même s’interroger sur les codes et préjugés véhiculés par le message : y’a-t-il encore seulement un « chic » en 2012, à l’instar du mantra popularisé par Vogue, « X is the new black » ? Le bonheur passe-t-il forcément par le vêtement ?
Cette campagne Morgan, qui surfe sur une nouvelle dynamique déjà initiée par Kookaï l’an dernier, n’est pas si révolutionnaire que cela dans l’image qu’elle propose de la femme et de son rapport au vêtement. Cependant, on attend toujours la campagne qui mettra d’accord les féministes et les puristes.
 
Laura Garnier
Sources :
Stratégie de marque #3 : Morgan, la résurrection ? sur Sémiozine
« Happy is the new chic » : la nouvelle campagne de pub de Morgan sur Made In Retail
MORGAN présente sa nouvelle campagne « Happy Is The New Chic » sur Générationnelles

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Les shampoings à barbe passés à la loupe

 
En ce décembre 2012, l’antenne zurichoise de la célèbre agence publicitaire Publicis vient de publier une campagne d’affichage de trois visuels assez atypiques à la demande du client Garnier. Pour la promotion de leur nouvelle gamme Fructis, les shampoings Garnier ont fait le pari d’une campagne drôle et décalée. Et il faut dire que le pari est réussi. Le slogan reste le même « Prends soin de toi. » mais l’accroche « Pour tous types de cheveux » prend ici un tout nouveau sens. En effet, les images publicitaires mettent en scène trois personnages masculins, un roux, un brun, un blond (afin de respecter la sacro-sainte trinité) possédant chacun une magnifique barbe ondulante. Au lieu des traditionnels cheveux de femme, Garnier semble ici adresser ses vertus nutritives aux hommes et à leurs barbes. Quelle est la raison ? Une envie d’élargir leur cible ? De développer une approche universelle et mixte ? De briser le conservatisme des codages sociaux ?
Que nenni. En analysant un peu plus les prints ci-dessus, force est de constater que la stratégie marketing employée ici par Garnier n’est pas tant de diversifier ses consommateurs que d’en donner l’illusion pour mieux flatter leur cible originelle et fidèle : les Femmes. Par la mise en place d’un territoire publicitaire humoristique et décalé, Publicis développe ainsi une campagne en plusieurs couches visuelles, très subtile et subversive.
Le double parcours de lecture
Si notre premier contact visuel se focalise sur la pilosité des barbes soyeuses de ces messieurs, notre deuxième contact nous révèle l’astucieux trompe-l’œil. Il faut en effet quelques secondes à notre oculaire pour assimiler le fait que cette crinière appartient à une femme vue de dos que l’homme serre contre lui. Cet effet d’optique opère une séparation très nette entre les deux couches visuelles et donc relève une disparité analytique. Ce double parcours de lecture est un classique dans les analyses iconiques (cf : le schéma de Freud ci dessous qui contient consubstantiellement un homme à lunettes et une femme nue). Le deux en un trompeur assoit et légitime une profondeur de l’interprétation de l’image. Le deuxième plan devient alors plus important que le 1er car secret et sujet à réflexion. Ici, le cœur de l’affiche, celui qui fait objet de devinettes et qui ne se laisse pas découvrir au premier abord, n’est rien d’autre qu’une femme …

Garnier, des shampoings féministes ?
À l’image d’un Brad Pitt devenu nouvelle icône du parfum Chanel n°5, les publicités pour femmes développent de nos jours une nouvelle tendance féministe : introduire des hommes pour être les mannequins de leurs produits à l’instar des produits masculins qui eux ont depuis toujours utilisé les femmes pour attirer les panels de mâles dans leurs filets. Peut-on y voir là un moyen de contrecarrer le sexisme en renversant les codes ? Chez Garnier, l’homme devient appât et cela donne un côté jeune et dynamique en affirmant sans tabous la sexualité décomplexée des femmes. En effet, chez Garnier, ce ne sont plus des femmes qui parlent aux femmes des secrets de beauté dans un langage mièvre mais une émancipation sexuelle qui s’affirme : il faut des hommes pour attirer les femmes. C’est l’affirmation de l’homme-objet dans la publicité. Au lieu d’engendrer la femme à ressembler à un idéal féminin dicté par des lois canoniques, Garnier lui tourne le dos (sans mauvais jeux de mots) et masque le visage de la femme pour affirmer celui de ses désirs : l’homme, qui lui nous regarde face caméra. Pour autant, la publicité ne se fait pas anachronique car celle qui détient les cheveux et qui est au cœur de l’interprétation iconique reste la femme. Cette instrumentalisation de l’homme, qui devient un simple accessoire pour la femme, permet un renversement des codes genrés traditionnels.
Les trois prints publicitaires de Garnier se révèlent ici très brillants : leur forme, iconique et esthétique, sert ici le fond à savoir le message symbolique délivré. En effet, l’analyse à deux étages de l’image dont le centre est la femme, permet de révéler et de souligner la profondeur de l’interprétation féministe.
Une campagne intelligente et vraiment pas « barbante » …
 
Claire Lacombe

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La reine de la pub

 
Élisabeth II et ses tailleurs colorés sont devenus des atouts royaux pour certaines marques en quête de visibilité.
La reine d’Angleterre est bel et bien le plus beau joyau de la Couronne ; mais à qui fait-elle profiter son rayonnement ?
Vous n’avez pas pu y couper, ce fut un véritable scoop, une révolution culturelle, un petit tour pour the Queen mais une odyssée pour le monde. Oui, Élisabeth II était au sein de l’usine Bailey le 22 novembre 2012 pour visiter des camping-cars !
On se demande, quand même, si les informés ne se sont pas fait écraser par le vide de la nouvelle.
En tous cas, pour le plus ancien constructeur d’Angleterre, l’égérie était parfaite et la foule de journalistes qui l’accompagnaient aussi.
L’histoire ne dit pas si cette idée est royale ou si elle vient de l’entreprise mais la notoriété de la reine fait du bien à l’économie britannique.
Sa lumière n’empêche t-elle pas finalement de bien voir les marques ?
En effet, quand toutes les caméras sont braquées sur la reine, le bruit des enseignes n’est qu’un murmure de fond.
Pourtant la marque « Bailey » a été citée dans tous les articles et dans tous les commentaires parus et entendus sur le sujet. Alors, comme un coureur, ce murmure est endurant, il perdure, on l’entend, on l’attend, on s’y attache.
La reine reste donc une véritable force marketing. Certes elle incite à l’achat, notamment par ses compliments, mais sa notoriété, son aura mondiale rendent surtout visibles certains acteurs de l’économie.
Et les Britanniques ne sont pas les seuls à s’intéresser à ce type de placement de produit. D’ailleurs, c’est avec plaisir que la marque Samsung s’est s’invitée au Jubilé de la reine en juin 2012. Et quelles photos n’ont pas été prises de cette dernière recevant une tablette nouvelle génération ! La reine fait parler et par la même met en évidence, volontairement ou non. Est-elle le joujou des enseignes ou se joue-t-elle des marques ? Reste à déterminer.
Mais en quoi la visibilité permise par la reine est-elle spéciale ?
L’image de Buckingham accorde une noblesse à des produits déjà coûteux. Les objets bourgeois veulent acquérir leur titre, et en s’associant à un prestige royal, c’est un peu comme s’ils y parvenaient.
La reine est respectée, aimée, trendy. Elle détient même sa fan page officielle sur Facebook depuis 2010. La reine est fashionable, kitsch, mais surtout elle anoblit certains produits, elle les rend d’autant plus exceptionnels et luxueux.
Samsung, Rolls, Bailey et tout Piccadilly Circus l’ont bien compris.
En cette période de fêtes nous sommes donc heureux de vous annoncer que la bienveillance d’Élisabeth II est sans borne. Au-delà des traditionnelles œuvres de charité elle n’oublie personne, surtout pas les entreprises britanniques qui lui tiennent à cœur. Aussi et surtout, les entreprises ne la mettent pas de côté grâce aux symboles qu’elle représente : longévité, puissance, noblesse, luxe.
Et on attend avec impatience le nom de l’enseigne mortuaire qui organisera ses obsèques.
Le business jusqu’à la mort, Élisabeth II est vraiment la reine de la pub !
 
Maxence Tauril

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Marseille 2013, potentiel buzz ou flop avéré ?

On n’en entendait pas parler. Et, si l’on n’avait pas un œil outrageusement attentif, on aurait pu passer à côté. Alors oui, « Marseille 2013, capitale européenne de la culture », ne date pas d’hier. Le projet a été déposé en 2004 et officialisé en 2008, mais il est pour demain. On nous avait discrètement promis que la campagne de communication serait pour bientôt, nous en avons aujourd’hui les premières ébauches.
 
Marseille 2013, c’est avant tout fonder la communication sur le capital culturel déjà présent de la future capitale culturelle ; un constat qui, à l’écrit, a de quoi embrouiller l’esprit, mais qui est loin d’être incohérent. Marseille mérite son futur titre et c’est à la ville et à ses habitants de le prouver. Quand on pense à la cité phocéenne, on plante calanques pour décor, cigale et accent du sud pour fond sonore. Mais au fond, la culture marseillaise, non, l’Olympique Marseillais n’est pas une bande d’artistes. Ce n’est pas cela qui nous vient spontanément à l’esprit lorsque l’on pense à Marseille. Et pendant de longues années, Marseille n’a rien fait de visible, en termes de communication, pour légitimer son statut de 2013. Le logo, pourtant vite affiché par les localités, n’a apparemment pas marqué les esprits, malgré le choix des couleurs vives et de la typographie simple et percutante, tout à fait déclinable.
 
Cependant, elle se rattrape, petit à petit. Si l’on fouille un peu, en particulier sur le net, où les sites dédiés à Marseille 2013 fleurissent, et où les premiers extraits de la campagne de communication annoncent la couleur : humour et clichés sont au rendez-vous. S’il s’agit de donner mon avis, je dirais que l’accroche est osée, mais pas désagréable, puisque Marseille affiche désormais sur Internet un fier slogan « Descendez à la capitale » sur fond de paysages de carte postale – choix tout à fait délibéré selon Christophe Imbert, directeur de la communication de l’association Marseille-Provence 2013.

 
Suivent des vidéos d’une trentaine de secondes publiées au compte goutte, où là aussi, la vision pastis et soleil est de rigueur. La première vidéo par exemple, nous présente des joueurs de pétanque, dont l’un d’entre eux pose la sempiternelle question « Tu tires ou tu pointes ? ». C’est là qu’on est surpris ; le joueur répond par une réflexion philosophique dithyrambique, dont l’incongruité est soulignée lorsque son compagnon rétorque que, lui, aurait sans doute « pointé ». Re-belotte (sans insister sur les clichés), une deuxième vidéo nous présente deux femmes sous une pergola méditerranéenne, dont l’accent marseillais presque trop prononcé (aurait-on demandé à des parisiennes de jouer des provinciales ?!), est couvert par des bruits de travaux, et les deux protagonistes en parlent comme d’une symphonie riche en émotions. De quoi traiter les clichés avec humour, en mêlant réflexions culturelles et vision parisienne de la région.
 

 
On aurait pu craindre que le manque budgétaire pour la communication conduise à un irrémédiable flop, et j’y ai pour ma part cru pendant un temps. Mais la campagne ne manquera probablement pas de réussir si elle gagne en visibilité, car le pari du projet « Marseille Provence 2013 » ne manque pas d’attraits. Le contenu, plus de 400 évènements, est audacieux dans la mesure où il joue sur l’histoire culturelle extrêmement riche de la cité phocéenne et du pourtour méditerranéen et sur l’image, plus actuelle mais tout à fait justifiée, d’une forte identité urbaine, propice au street art. Des projets solidaires, comme l’OFF Marseille 2013, visant à promouvoir des artistes méconnus, ont été mis en place. Et pourtant, le quasi silence médiatique relatif à l’évènement, a failli nous faire rater ce programme prometteur.
 
Mais à l’approche de 2013, si bien sûr, nous survivons à la fin du monde, « Marseille 2013 » gagne enfin petit à petit ses lettres de noblesse. Les premiers souffles de la campagne de communication, bien que discrets, ne manqueront pas de séduire les plus attentifs : si l’humour n’atteint pas des sommets de finesse, il reste plaisant et tend à ménager la susceptibilité légendaire des Marseillais ; cependant certains d’entre eux semblent sceptiques. Si l’on observe un peu les commentaires marseillais relatifs à la campagne, on se rend compte que les plus outrés, ce sont les Marseillais, d’autant plus qu’on ne sait pas si le directeur de la campagne est marseillais (se moque-t-il de l’œil parisien ?) ou parisien (affirme-t-il les clichés parisiens comme justifiés ?). Christophe Imbert travaillant en Rhône-Alpes, il préfèrerait sans doute qu’on lui prête la première intention.
On compte d’ailleurs probablement sur le sens de l’autodérision des parisiens pour accepter la petite boutade provinciale, qui reste une modeste revanche sur la monopolisation culturelle de Paris du point de vue touristique. Car Marseille, dans sa campagne, vante aussi bien son patrimoine culturel que son identité pittoresque. Sur certains encarts publicitaires, ce ne sont pas des œuvres qui sont présentées, mais des paysages, présentés comme des œuvres. Marseille et toute la Provence sont une œuvre qui en abrite d’autres, nous hurle cette campagne, et malavisé serait celui prompt à  contredire cela.

 
Il est donc sans doute trop tôt pour parler d’un flop de la campagne, même si elle ne fait pas l’unanimité, en particulier auprès des Marseillais. Il en va de même pour affirmer un buzz, mais n’était-il pas la finalité de l’arrivée tardive de la campagne ? La suite nous le dira, et je l’attends avec impatience, d’autant plus que les premières affiches ne devraient pas tarder à fleurir sur les quais de métro, arrêts de bus et autres gares.
 
Noémie Sanquer
http://www.mp2013.fr/

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Actualites/Dossiers/Marseille-Provence-2013-capitale-europeenne-de-la-culture

http://www.marsactu.fr/culture-2013/marseille-provence-2013-la-capitale-des-boules-29532.html

http://www.mediaterranee.com/0312012-france-marseille-provence-2013-lance-sa-campagne-de-communication.html#.UMDhAGfSE_I

http://www.marseille2013.com/

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La promo d’une ville en lumière

 
Du 6 au 9 Décembre a eu lieu une grande fête qui fait rayonner la ville de Lyon. Un événement haut en couleurs et en communication !
De fête populaire à Fête des Lumières
La Fête des Lumières a lieu tous les ans depuis 1852 autour du 8 Décembre. Il s’agissait à l’origine d’une fête religieuse qui célébrait l’Immaculée Conception à Lyon, ville placée sous la protection de la Sainte Vierge. La célébration est ensuite devenue populaire et rassembleuse, en invitant les lyonnais à placer des lumignons à leurs fenêtres. Le ton des festivités a encore changé depuis, car La Fête des Lumières est surtout aujourd’hui un bel exemple de communication évènementielle, et représente une vitrine touristique exceptionnelle pour la ville. La municipalité de Lyon l’a compris dès 1989, date à laquelle elle a commencé à participer à la célébration. Elle en est maintenant l’organisatrice principale. La Fête des Lumières s’est institutionnalisée, elle est devenue une marque. Les frais de la manifestation sont partagés par des entreprises publiques et privées réunies, depuis cette année, dans le « club des partenaires ». La présence des sponsors est devenue indispensable, et marque l’entrée de l’événement dans l’opération commerciale. Ainsi cette année, trois trophées ont été décernés à des artistes par trois acteurs différents : la Ville de Lyon et France3, Recylum (organisme de collecte et de recyclage des lampes usagées) mais aussi par le Club des Partenaires, preuve de l’implication grandissante de ces derniers.

Lyon sous les projecteurs
Fête signifie exceptionnel. La célébration annonce les joies de Noël, et pour cela, toute la ville est réquisitionnée. La circulation a été coupée pendant les 4 jours. Pendant ce long weekend, Lyon n’est plus la ville, lieu de vie des lyonnais, mais la scène d’un spectacle omniprésent qui attire des millions de visiteurs. Durant cette courte période, les 2 tiers de la population présents dans la ville ne sont pas de la région. La ville est belle et bien investie par les visiteurs, et ce pour le plus grand plaisir des tenants de bars et restaurants, dont le chiffre d’affaire serait multiplié par quatre durant cette période (selon la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon). En ces temps froids de Décembre, la lumière est signe de magie, de chaleur, mais aussi d’intelligence et de modernité. La ville éclairée est mise en beauté, magnifiée, elle devient une capitale. Les lieux phares de la ville ont été investis par des designers, plasticiens, architectes, infographistes et éclairagistes reconnus. Les sept kokeshis géantes, poupées japonaises présentes sur la cour de l’hôtel de ville, en plus de mettre en valeur le lieu, symbolisaient un élément d’histoire de la ville. Elles faisait honneur aux japonais qui, au XIXème siècle, ont sauvée la soierie lyonnaise dont les cocons étaient malades, en échangeant des vers à soie contre des métiers à tisser Jacquart. L’histoire sert alors de mythe et contribue à créer l’événement autour de la ville. L’attention particulière portée sur le nouveau quartier de la Confluence représente également un bon « coup de com » de la part de la municipalité. La Confluence est un projet urbain qui réunit de nouveaux logements, un centre commercial, des transports, un parc … Le quartier s’est vu décorer d’une animation avec des baleines à la rencontre du Rhône et de la Saône, et d’une fleur qui éclot au sommet du grand dôme de l’hôtel de région Confluence, métaphore de la renaissance du quartier. Ces animations ont permis une affluence importante dans un quartier en plein essor avec 25 000 spectateurs. Une belle façon de faire valoir un projet municipal.
L’internationalité des festivités
Lyon est une ville importante dont l’image s’exporte partout en France mais aussi à l’étranger. A l’ère de la mondialisation, les villes sont devenues des marques et la concurrence est importante. Lyon souhaite être présente à un niveau international. Pour la première année, une rencontre entre des professionnels de festivals des lumières du monde entier a été organisée le 8 Décembre par la ville de Lyon : le Lyon Light Festival Forum. Lyon est devenu entremetteur entre trente-trois concepteurs lumières et les représentants de dix-sept villes du monde. L’adjoint du maire, Georges Képénékian, a ainsi pu parler de sa ville comme un « lieu d’expérimentation, innovant et toujours en mouvement de créations originales qui peuvent être exportées ». Lyon entre dans la cour des grands. Durant cette fête mondialement reconnue, de métropole, elle accède quasiment au statut de mégapole.

Comme tout événement qui se respecte, La Fête des Lumière a eu droit a sa vidéo teaser officielle associant l’origine traditionnelle de la fête aux lumignons, à la grandeurs de ses installations actuelles. Un site internet a été spécialement créé par la ville de Lyon, avec des informations pratiques, et notamment des conseils pour l’hébergement dans les hôtels partenaires de l’opération. Le Blog des Lumières continue de faire exister la Fête des Lumières, en diffusant des animations filmées et des interviews d’artistes.
Afin de prolonger les festivités jusque Noël, la ville a choisi de conserver quelques créations, notamment les Oriflammes installés par Sébastien Lefèvre (des milliers de fanions colorés et éclairés agités par le vent). Quand à la Tour Part-Dieu, elle conservera ses centaines de LED, permettant des combinaisons variées. Ainsi, Lyon garde en elle les traces de cette grande fête en attendant la 15ème édition, pour plus de lumières encore.
 
Agathe Laurent
Sources :
Le site de la Fête des Lumières
Le blog associé
Lyon.fr
La Croix, ici et là
FranceTV
Metro
Wikipedia

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Jacques a dit Versailles est le centre du monde

 
Jacques ne nous apprend rien de nouveau. De Louis XIV à nos jours, des livres d’histoire aux magazines, nous l’avons lu et relu. Le Château de Versailles fut le soleil de l’occident, la lumière qui attira les intellectuels de tous pays. Tout venait à Versailles, tout passait à Versailles, tout partait de Versailles. C’est ainsi que l’on peut résumer le rôle qu’eut ce marais aménagé. Soucieux de la culture de tous, Jacques a tapissé certains murs avec de belles images pour rappeler aux Français ce lieu commun.
Cette tapisserie urbaine nous dit implicitement : «  Versailles est le centre du monde ». Surinterprétation des slogans ? Peut-être. Pourtant ces derniers font référence à différentes parties du monde et les situent à Versailles. Ainsi, « le Loch Ness » est à « 20 minutes de Paris. ». D’ailleurs, le Loch Ness côtoie la Grèce Antique, l’Angleterre et Venise, elles aussi étrangement situées à « 20 minutes de Paris ». Cette périphrase désigne bien-sûr l’illustre château et son parc. Par ces différents slogans, les publicitaires définissent Versailles comme un centre historique, réunissant différentes époques en une même temporalité, et un centre géographique, rassemblant différents milieux en un même lieu. Dans le passé comme aujourd’hui, Versailles reste le centre du monde.
Les panneaux publicitaires s’inscrivent donc dans une continuité historique. Simples, épurés, ils rappellent le classicisme du château. Pourtant, il ne s’agit pas d’affiches standard, avec une forme en adéquation avec le fond, c’est-à-dire sans originalité. Bien au contraire, elles surprennent ! Cherchant à attirer des touristes à Versailles, elles ne montrent pas de photo du château : ce sont toujours des éléments périphériques qui sont mis en valeur. Ainsi sur une affiche, l’on voit le cheval d’une fontaine, sur une autre le soleil d’un portail etc. Il a fallu apporter un peu de nouveauté dans la promotion d’un lieu plus que célèbre. En France tout le monde connait ce Château, est en mesure de dire à qui il appartenait et sait le situer. Il s’agit d’un sujet vu et revu, battu et rebattu. Les publicitaires cherchent donc à nous montrer que non, nous ne connaissons pas tout, et que oui, nous devrions y retourner (ou y aller). Certaines des affiches ont un côté mystérieux. Reprenons (encore et toujours) celle du Loch Ness. Votre curiosité n’est-elle pas éveillée ? N’avez-vous point envie de saisir votre manteau et monter dans le RER afin d’aller guetter l’apparition du monstre légendaire ?
Convaincante. C’est ainsi que l’on peut résumer la démarche de promotion du Château. D’ailleurs, les publicitaires l’ont bien compris. Cette campagne en effet dure depuis plus d’un an. Régulièrement, de nouvelles images apparaissent dans le métro, toutes basées sur le même concept. Les plus récentes étant celles de la Grèce Antique et du Loch Ness. Cette campagne sur le long-terme est accompagnée de gentlemen-wagons transformés en mini-Versailles.Cinq rames feront découvrir le Château, et ce pendant 2 ans. Versailles envahit Paris semble-t-il…pour la plus grande joie des paresseux qui auront la Galerie des Glaces à portée de main !
Aventure ou tranquillité, monstres ou décors fastueux… deux campagnes pour deux publics différents. A vous de choisir votre camp !
 
Clothilde Varenne

Sources :
http://paris-ile-de-france.france3.fr/info/diaporama—le-rer-c-s-habille-en-versailles-73934498.html

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Le Canada se refait une beauté

 
On oublie souvent que le Québec est une province à part, et distincte à bien des égards, du Canada. Hasard ou volonté de se distinguer, le Québec et le Canada ont chacun lancé une campagne de communication territoriale ce mois-ci, visant à redorer le blason de leur destination touristique. Polyphonie ou cacophonie ? Les voix du Canada s’élèvent. Mais reconnaissons-le,  la période de novembre, prémices de l’hiver, n’est pas si anodine quand on sait que le Canada réalise la majorité de ses bénéfices touristiques sous la neige.
 
Les Canadiens s’expriment 
L’office du tourisme du Canada a lancé ces derniers jours sa campagne intitulée  « les Canadiens invitent le monde entier chez eux ! », aboutissement du projet de la Commission Canadienne du Tourisme (CCT), 35 millions de regards. Cet été, la CCT a confié aux Canadiens la mission de promouvoir leur pays en envoyant des photos et des vidéos de leur endroit préféré, de leur plat gastronomique favori, ou d’un autre sujet faisant foi de leur amour pour leur pays. Le résultat a été concluant, puisque plus de 6000 participants ont répondu à l’appel. Les 65 heures de vidéos reçues ont donné lieu à la création d’un spot de deux minutes.
Ces quelques minutes condensent toutes les régions touristiques du Canada, de magnifiques paysages, de nombreuses expériences sportives qui montrent la diversité du pays. Mais elles dévoilent aussi des images de montagnes russes, de plans divers sur des pieds humains, de glaces italiennes et de hot-dogs, ou encore de chiens, chevaux et autres animaux qui sembleraient faire l’originalité du Canada…
Est-ce à l’agence DDB ou à la Commission canadienne du tourisme qu’a été confiée la tâche de sélectionner les vidéos des participants ? Lorsque l’on sait, après avoir lu le communiqué de la CCT, que  « cette vidéo, présentée autour du globe dans des campagnes et autres initiatives de marketing, est également diffusée à grande échelle dans les médias sociaux, notamment par les Canadiens qui ont contribué au projet », on comprend mieux que ce projet a nécessité des compromis. En effet, on suppose, pour que la viralité et la diffusion sur les réseaux sociaux soient efficaces, que les Canadiens doivent se reconnaître et apprécier la vidéo.
L’originalité est donc formelle, et réside dans le principe, comme le souligne Greg Klassen, vice-président de la CCT : « Personne ne saurait mieux mettre notre pays en valeur que les Canadiens ». Mais, selon le rapport sommaire de la Veille Touristique Mondiale de 2011,  cette campagne de communication participative survient après l’absence de campagne publicitaire touristique en 2011 au sein du Canada. Et cette absence de toute publicité a fait chuter sensiblement la notoriété spontanée des Canadiens pour les voyages « intra-muros ». Ainsi à la recherche de viralité et d’efficacité, la campagne a l’air de viser deux cibles, l’international et le national, et ce à moindre coût. Finalement le résultat  donne plus le sentiment d’un éparpillement qu’il n’engendre un buzz.
De plus, même si la volonté démocratique est visible, elle n’en reste pas moins maladroite.  On se rappelle les campagnes de Swedish Institute et Visit Sweden en 2011, dans lesquelles  les deux institutions avaient mis en place le compte Twitter de la Suède, @Sweden, et laissaient la place aux internautes chaque semaine pour qu’ils s’expriment sur leur pays. La grande différence ? Les tweets ne sont ni censurés ni « choisis » ; on pouvait alors lire des avis déconseillant tel restaurant ou tel bar. La sélection détruit ici l’authenticité proclamée dans la campagne canadienne.

Le Québec joue sur les mots 
Le même mois, Tourisme Québec lance une vidéo publicitaire intitulée « Raconter le Québec » promouvant la région seulement.  Lorsque «  Les Canadiens invitent le monde entier chez eux » sur fond musical, « Raconter le Québec » se fait en français, du moins en québécois traduit en français.
Et pour le coup, leur cible est bien définie, et plutôt stratégique. La Veille Touristique Mondiale de 2011 publie des chiffres démontrant que le Canada jouit d’une forte notoriété dans les marchés européens, et c’est la France qui enregistre les meilleurs résultats. Mieux encore, lorsqu’on demande aux Français quelle est la région qu’ils préféreraient visiter s’ils allaient au Canada, 89% d’entre eux répondent le Québec. Ainsi, Tourisme Québec a décidé de moderniser son image de marque par un nouveau logo-slogan : Québecoriginal, choix simple et judicieux puisque le mot original est compris en français et dans une dizaine de langues.
Le spot vidéo de cette campagne touristique a su tirer parti des recommandations de la CCT qui préconisait une perception  « plus près des traits de personnalité que le Canada souhaite associer à sa marque, en particulier des caractéristiques les plus dynamiques (sûr de lui, fascinant, jeune et plein d’esprit) et insistant davantage pour communiquer des impressions amusantes, énergiques et fascinantes ».
Dans la vidéo « Raconter le Québec »,  la narratrice évoque, non sans le fameux accent, les particularités du Québec et ses anecdotes. Ainsi les Québécois sont « tellement de bonne humeur dans la vie qu’ils ont le seul nom de ville avec deux points d’exclamation, Saint-Louis du Ha ! Ha ! » et autres incongruités de langage qui font rire tant de Français. L’autodérision prime donc dans la première partie du spot, mais, après un ultime trait d’humour, défilent sur un ton poétique les images du Québec que l’on connaît et affectionne.
 La réussite de cette campagne est de pouvoir capter l’attention des Français par un jeu subtil de stéréotypes dans la première partie (les anecdotes racontées ne sont pas les plus connues), tout en montrant de l’originalité dans la seconde. En effet, là où on s’attendait à voir (seulement) les énièmes images de montagnes enneigées, on découvre aussi la vie nocturne et les événements du Québec, en simplicité : «  Chez nous, on crie dehors, on trip dehors, on fait du sport dehors, on joue dehors, on dort dehors, et puis on danse dehors ». Finalement, ça change des publicités touristiques qui ne nous montrent que des paysages sur fond musical. Le pari est réussi, c’est plutôt énergique, du moins ça ne nous endort pas.

Avec ces deux campagnes simultanées, le Canada s’offre une visibilité internationale manifeste. Mais, lorsque l’on s’intéresse aux communications régionales du pays, on n’est pas non plus en reste. Il s’agit d’un phénomène prolixe au Canada, et qui a du succès. Les Français sont donc cordialement invités outre-Atlantique, bien qu’ils n’invitent pas beaucoup en retour…
Marie-Hortense Vincent
 
Sources
http://fredericgonzalo.com/2012/06/18/nouvelle-image-de-marque-de-tourisme-quebec-original/
http://lareclame.fr/46459+canada »http://lareclame.fr/46459+canada
http://fr-corporate.canada.travel/content/news_release/35-million-directors-video
http://fr-corporate.canada.travel/sites/default/files/pdf/Research/Market-knowledge/global_summary_gtw_yr5_2011_fr.pdf