Vitrine de Noël 2011 de Zadig et Voltaire avec des pingouins qui bougent
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Le lèche-vitrine : une opportunité toujours d'actualité

En ce 8 janvier, nous avons encore la chance de pouvoir admirer quelques vitrines de Noël. Cependant celles-ci vont être bien vite remplacées par celles des Soldes. Alors profitons-en pour jeter un dernier coup d’œil à un support si intégré dans notre quotidien qu’on en oublie que c’est un moyen de communication.
La vitrine est une des premières et plus anciennes formes de communication B-to-C apparues. Elle permet d’attirer le regard du consommateur, de présenter ses produits ou services, de créer un univers. Une vitrine réussie incite le passant à franchir la porte de la boutique. Une fois dans le magasin, c’est à la force de vente de prendre le relais. On peut donc considérer qu’un des principaux atouts d’une vitrine est la création de trafic. Celles de Noël sont un peu différentes car elles s’inscrivent (presque) toutes dans un univers similaire qui est celui des fêtes. On retrouve à la fois des contes avec de belles princesses hissées dans des traineaux, des crèches d’animaux fantastiques, et parfois, des pingouins (comme j’ai eu le plaisir de le découvrir hier chez Zadig&Voltaire) …

 
Marion Mons
 

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Affiche Renault 14
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La poire de discorde

Il n’est pas toujours facile de faire fortune grâce au pouvoir symbolique d’un fruit. Qu’il soit croqué ou non.
En ce début d’année, revenons sur une des campagnes publicitaires faisant figure d’archétype dans notre domaine favori. Un exemple qui fait encore l’unanimité quand à la clarté et la qualité, si je puis me permettre, de son flop.
Nous autres étudiants n’étions pas encore nés pour avoir la chance d’assister, devant nos postes de télévisions, à ce fiasco désormais célèbre. Heureusement, n’importe quelle personne d’une classe d’âge supérieure à la nôtre se souvient de cet échec et peut nous en transmettre sa propre vision.
Cet exemple de ratage se libère donc de toute forme d’obsolescence par le simple fait qu’il rassemble les générations et que l’on entend encore aujourd’hui parler de lui dans les chaumières, lorsque les discussions en viennent à porter sur les échecs communicationnels.
Il s’agit de la campagne de Publicis réalisée en 1977 pour la Renault 14, ayant acquis sa triste notoriété sous le nom de La poire.
La Renault 14 remplaçait à l’époque la R6 et le projet se voulait porteur d’innovation grâce à l’installation d’un moteur transversal à l’avant du véhicule. Face aux faibles ventes lors des mois suivant le lancement, la marque au losange a fait appel à Publicis en commandant une campagne audiovisuelle afin de relancer l’image et les ventes de la voiture. Cette dernière n’a fait que desservir la marque.
Voici ce que l’on pouvait voir :

« La Renault 14 c’est comme une poire. A l’avant, un minimum de place pour le moteur transversal. A l’arrière, un maximum de place pour le confort »
Bien que le procédé de comparaison soit ici extrêmement lourd, l’idée de départ n’est pas si mauvaise : mettre en avant la forme innovante de la voiture, fine sur le devant pour souligner l’économie de place d’un nouveau moteur et « ronde » à l’arrière pour mettre en exergue le confort du supposé large habitacle. On retrouve bien, par le changement de formes et le mouvement des courbes, cette sensualité que peut véhiculer la poire et qui renvoie à cette idée de confort, de douceur et de bien-être souvent utilisée à bon escient dans des publicités alimentaires  (cf. campagne Nestlé dessert).

Mais voilà, l’erreur de cette campagne se trouve malgré tout dans le choix du comparant. Il s’agit là d’une faute autant rhétorique que sémiotique car ni l’argument de la poire « pour convaincre » ni la codification du « signe-poire » comme porteur de sens ne sont réellement efficaces ici. Le fait de prendre la poire comme image première associée et explicitement comparée à la Renault 14  sous-estimait le poids symbolique et culturel du fruit en France et en Europe, qui contrairement à son cousin la pomme, est pétri de références péjoratives difficiles à dépasser, même avec le plus travaillé des seconds degrés.
Car si la sensualité prend le dessus lorsque la poire est enduite de chocolat fondant, c’est le ridicule qui triomphe quand on l’imagine en tant que voiture. L’incontournable fait de « passer pour une bonne poire », expression ancrée dans la culture et l’inconscient collectif français, est ici négligé. Personne n’a en effet envie d’être cette bonne poire, c’est à dire l’individu naïf qui peut se faire aisément manipuler (sans doute par la publicité et donc par la voiture). En conséquence, l’hypothèse d’être pris pour une poire a dû inconsciemment réfréner l’envie de posséder cette voiture chez de nombreux acheteurs.
De plus, la poire a été historiquement un outil graphique de satire. Au XIXème siècle, le roi Louis-Philippe fut la cible de nombreuses caricatures qui visaient à transformer son visage en poire faisant de lui un imbécile manipulable. Dans les années 80, le chancelier allemand Helmut Kohl fut aussi portraituré sous l’apparence d’une poire. Le fruit devint même son surnom, évidemment péjoratif.
L’histoire symbolique du fruit joue donc également en défaveur de son image. Il est vrai qu’hormis ses courbes sensuelles, la pomme n’a pas grand chose à envier à la poire surtout sur le plan culturel. Tout cela rend la poire bien plus difficile à utiliser dans les stratégies de communication que sa cousine sphérique.
Le serpent n’a pas poussé Eve à croquer dans une poire et les hommes n’ont donc pas de poire d’Adam. Tout comme aucune poire n’a jamais semé le trouble dans le royaume de l’Olympe. De même que Blanche Neige ne croque dans aucune poire empoisonnée, de même, aucun enfant n’est haut comme trois poires. Il est alors difficile de trouver des poires d’amour dans les fêtes foraines. Et tout comme Newton qui n’a pas inventé la loi de Gravitation universelle après avoir reçu une poire sur la tête, Steve Jobs n’a pas créé la marque Pear.

Cette histoire nous montre qu’en publicité, il peut s’avérer salvateur d’interroger la langue et l’environnement d’accueil d’une campagne afin de pouvoir, en cas d’incompatibilité entre le message et la culture des récepteurs, couper la poire en deux.

Ambroise 

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Pub parfum Miss Dior Chérie avec Natalie Portman en 2011
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Jacques a dit que les stars sentent bon

Parmi les succès de ces cadeaux de fin d’année, il en est un indémodable qui s’est trouvé au pied de nombreux sapins. Je veux bien entendu parler des parfums, produits luxueux que l’on se plaît à offrir, et encore plus à se faire offrir. Les publicités pour ces parfums attirent particulièrement les consommateurs que nous sommes. En effet il est désormais de coutume de faire figurer les personnalités les plus reconnues du cinéma, de la mode voire de la musique pour nous vendre ces produits.
Ces publicités semblent avoir peu de choses en commun avec celles des objets plus classiques. Évidemment, promouvoir un parfum à la télévision ou sur le net ne peut pas se faire en vantant les aspects techniques du produit comme cela se fait pour une voiture ou un téléphone. Et même s’il est désormais possible de regarder un film en 3D dans son salon, on ne peut pas (encore ?) sentir les odeurs à travers l’écran de sa télévision ou de son ordinateur. C’est pourquoi l’accent est porté sur un autre aspect important du parfum: son imaginaire. Le pari porte maintenant sur l’image glamour et sensuelle des célébrités.
De nombreuses actrices se sont ainsi prêté au jeu de la publicité. Le charme de Natalie Portman a représenté Miss Dior, Nicole Kidman Chanel n°5 et Keira Knightley a associé son image à celle de Coco Mademoiselle de Chanel. Ces messieurs ne sont pas non plus épargnés. On a pu voir récemment Jared Leto dans la publicité du parfum Just Different de Hugo Boss ou Jude Law dans celle de Dior Homme.
Cette dernière publicité a par ailleurs été réalisée par Guy Ritchie, à qui l’on doit notamment le film Sherlock Holmes. Une version longue de celle-ci est visible sur internet et dure plus de 5 minutes. On peut également relever la publicité du Bleu de Chanel réalisée par un autre pilier du cinéma : Martin Scorsese.

Aujourd’hui, ces publicités relèvent plus du court métrage réellement artistique que du simple spot destiné à faire vendre. Noir et blanc, costumes, musique : tout est là pour créer un véritable film et tout se doit d’être symbolique.
La présence d’une célébrité est donc devenue indispensable pour fabriquer l’image d’un parfum et par là même, les conditions de son succès. A l’inverse, si l’actrice d’une publicité n’est pas vraiment connue, cette apparition permet souvent de devenir enfin une célébrité. Ainsi Florrie Arnold, qui apparait et chante dans la publicité de L’Elixir de Nina Ricci se fait aujourd’hui connaître en tant que musicienne. Une véritable attente est créée  par ces marques qui aiment former un suspense autour de leur prochaine « égérie », terme qui à l’origine désigne en fait l’inspiratrice d’une personne mais qui aujourd’hui désigne ces femmes célèbres vendant leur image  au profit de ce produit. Il semblerait donc presque que ces stars soient à l’origine du parfum. Cela révèle bien le fait que ces personnalités sont au cœur des publicités pour les parfums, faisant presque passer au second plan le produit lui-même.
Il ne fait plus de doute qu’un parfum doit avant tout refléter une image, une symbolique, un imaginaire. Sans connaître l’odeur du parfum, il est possible de se souvenir de la célébrité figurant dans la publicité. Reste à savoir si le prix de vente de ces produits résultent de leur qualité effective ou du coût de la création de ces courts-métrages publicitaires.
 
Manon Levavasseur
 
Crédits photo et vidéo : ©Dior – ©Chanel – ©Hugo Boss

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Opération de réalité augmentée Orange à Auber et Gare du Nord pour le Noël 2011
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Quand Orange nous vend (vraiment) du rêve

Où suis-je ? Le grand hall de la station Auber.
Et c’est quoi cet énorme écran en plein milieu du hall ? Ma foi, je me suis posée la même question. Musique, lumière et animatrices : il fallait au moins ça pour stopper les gens sur le chemin de leur foyer ce lundi soir de novembre.
Derrière tout ça : Orange. Voilà une marque qui s’est particulièrement démenée cette année pour ne pas se faire oublier pendant les fêtes. Le petit père Nöel en bougie, les rois mages, le lutin et l’ange sont arrivés à la télévision, à la radio, dans la rue, sur Internet, et dans les applications des smartphones depuis plus d’un mois. C’est ce qui s’appelle ratisser large.
Bref, du Orange, vous en avez vu et entendu, mais en avez-vous dansé ? Car c’était bien le but de cette opération lancée le même jour à Marseille et à Paris. Pour cela, Orange a tout simplement fait un partenariat avec Kinect et a installé un immense écran pour que l’on puisse bouger notre corps avec nos petits personnages préférés, et ce devant une foule d’étrangers.
Il y avait bien sûr un petit teaser…
Ainsi, ce soir là étaient présentes trois animatrices Orange qui dansaient et invitaient les passants à venir les rejoindre. Alors je suis restée non pas pour danser, mais pour voir si ça allait marcher…
Eh bien, oui, figurez-vous qu’au bout de 2 minutes, un homme de 40 ans, type cadre, pose son attaché-case et commence un magnifique dandinement sur une mélodie, cousine de Born to be alive en version Noël.
Donc pour le coup, c’était vraiment amusant de regarder tous ces gens, totalement différents les uns des autres, essayer un par un de suivre les mouvements d’un lutin. La magie de Noël, sûrement
N’empêche que tout cela était très bien pensé. Il est quand même beaucoup plus sympathique de danser avec un roi mage ou un bel ange blond qu’avec le logo d’une marque, et ça Orange l’a parfaitement compris. Devant nos yeux pendant l’animation, pas de mobiles dernière génération, pas de box, pas de gros mots du type « abonnement » ou « haut débit ». Les animatrices ne portent même pas le logo sur elles, vêtues simplement d’un manteau de couleur orange. Tout est organisé dans le détail pour adoucir la représentation que nous avons de la marque : une technique douce pour se rapprocher du consommateur. Et, effectivement, le but de l’opération était d’abord de faire passer un bon moment aux gens… Avec Orange, bien sûr.
A la fin de leur partie, les participants souhaitant apparaître sur la chaine Youtube de Orange étaient invités à signer une décharge. Rien ne se perd, tout se transforme : les petits malins ont enregistré continuellement pendant l’opération. Le passage du physique au numérique permet ici de faire durer les retombées.
Pendant tout ce temps, le mot Orange n’était en fait visible qu’une fois : à côté de l’animation, sur les affiches murales qui invitaient tous passants à aller voir les vidéos sur Internet…

Justine Brisson

Montage photo de Steve Jobs sur une tablette Ipad
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Saint Steve, priez pour nous

Ah les fêtes ! Temps d’amour, de réconciliation, de paix, de communion, de présents et… d’ennui profond. Ne le nions pas, nous avons tous regretté un jour de n’avoir plus six ans pour aller jouer dans la neige et échapper ainsi à Tatie racontant à Mamie les problèmes d’Albert, son pékinois préféré depuis la mort de Pachou, splendide bichon maltais écrasé par un conducteur de poids lourd peu scrupuleux. Heureusement, est arrivé un jour sous le sapin un nouveau jouet, le téléphone intelligent aka smart phone, grâce auquel nous pouvons désormais profiter de la vue déclinante de nos aînés pour discrètement retrouver, en plein dîner, notre espace transitionnel préféré: le Web !
 
D’ailleurs, le moment est propice. L’année se termine et blogueurs et médias la fouillent frénétiquement afin de nous attirer à eux à coups de rétrospectives, bilans et classements. Le besoin de sens génère du trafic, et ce jusque chez les publicitaires. Ainsi, Adweek propose depuis le 20 décembre un classement des campagnes virales de grandes entreprises ayant rencontré le plus de succès sur le Net, où les géants des télécommunications trustent presque parfaitement le podium et ses environs. Google y est premier, Apple troisième, Microsoft quatrième et Motorola cinquième. L’hégémonie serait totale sans la présence de Nike sur la deuxième marche.
 
Mais au fait, qu’est-ce que le viral ? De la publicité tout simplement, dont la spécificité et l’intérêt est d’être diffusée par ses destinataires eux-mêmes, sur les réseaux sociaux principalement. Pas d’espaces publicitaires à acheter pour les annonceurs mais une séduction devenue par contre impérative. En effet, il ne s’agit plus de profiter de temps de cerveau rendu disponible par les médias mais d’attirer ces cerveaux vers soi, ou plutôt vers ses annonces. Google a donc engagé Lady Gaga, Nike l’équipe de Retour vers le Futur et Microsoft un type assez inconscient pour se lancer du haut d’un tremplin savonneux dans une piscine de jardin en plastique placée vingt mètres plus loin. Motorola a lui été plus intellectuel et choisi la satire, avec une savoureuse référence au fameux clip réalisé par Ridley Scott  pour Apple en 1984 : « 2011 looks a lot like 1984 ».
 
Et, qu’en est-il d’Apple justement ? Il parle de lui, ou plutôt de la dernière déclinaison de lui : l’iPhone 4S. L’égocentrisme n’est rien de bien séduisant a priori, mais ici ça marche. Plus de 60 millions de personnes ont été voir la vidéo présentant la dernière version de l’iPhone, bien que celle-ci soit 5 fois plus longue que ses concurrentes. Cela soulève nécessairement des questions, sans réponses définitives bien entendu. Parmi les hypothèses avancées : l’amour. C’est la théorie de certains neuro-marketers, popularisée par le reportage Apple, la tyrannie du cool, diffusée le 13 décembre sur Arte. Les utilisateurs entretiendraient avec leur petit engin un rapport fait de crainte d’être abandonné et de jouissance de le retrouver à chaque fois qu’il se signale à leur attention. Certains en viendraient même à le caresser…
 
Mieux encore, cette relation n’est pas seulement bilatérale, elle est aussi communautaire. La pomme croquée serait en fait le symbole d’une nouvelle religion. A l’heure où les croyances traditionnelles déclinent, les marques prendraient le relais et chercheraient à répondre à leur place à nos besoins de liens horizontaux et verticaux. Du coup, rien d’étonnant à ce que la simple présentation d’un nouveau produit rassemble les foules. Si nous adorons la nouveauté, nos reliques doivent être des innovations. Les queues à l’entrée des Apple Stores les jours de lancement ressemblent d’ailleurs assez furieusement aux processions religieuses d’antan.
Vous ne savez pas à quoi ressemble une procession religieuse ? Demandez donc à Tatie et Mamie, elles se feront une joie de vous l’expliquer.
 
Romain Pédron

Opération Mobilia
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Mobilia mobilise la conversation

Cette semaine on part en Suède, et plus précisément à Malmö, au centre commercial Mobilia. Ils ont récemment fait parler d’eux sur les blogs et les réseaux sociaux avec leur coup de pub pour leur nouveau parking, orchestré en octobre dernier par l’agence Halva Kungariket.
À l’origine, un problème : les clients n’utilisent pas le parking couvert construit par Mobilia. C’est là qu’Halva Kungariket intervient : dans le parking extérieur utilisé par les clients, l’agence expose deux voitures superposées, qui symbolisent à quel point le parking est bondé. Les clients intrigués réagissent, prennent des photos, postent sur les réseaux sociaux ; la presse locale reprend l’affaire et relaie elle aussi la photo de cette sculpture insolite. Et c’est seulement après avoir assuré la présence de son client dans les médias et dans les conversations que l’agence sort l’affiche de la campagne « Bekvämare parkering » (littéralement, parking plus pratique) : la photo, désormais connue, des voitures, accompagnée du texte : « C’est plus facile de se garer dans notre nouveau parking ». Rapide, économique, efficace.

Là où l’agence a fait preuve de talent, c’est dans son habileté à créer un buzz avant même la revendication officielle par Mobilia de la sculpture, tout en restant proche de sa cible. Le message, bien que métaphoriquement contenu dans les deux véhicules garés l’un sur l’autre, n’est délivré explicitement qu’après le buzz, dans un effet de surprise qui profite au centre commercial. D’abord la sculpture donc, puis la signature : on y associe un nom et un message. Cette configuration, qui n’a rien d’innovant en soi, puisqu’on peut très souvent l’observer dans des campagnes de teasing utilisant des supports médias traditionnels, reste cependant relativement originale et pertinente dans l’application qu’en fait Halva Kungariket. En effet, il ne s’agit pas uniquement de buzzer ni de teaser, mais avant tout d’influencer les comportements d’une cible bien précise : les clients de Mobilia. Or, quel meilleur endroit pour s’adresser à eux que le parking sur lequel ils s’entassent ? Dans une telle situation, l’utilisation du street marketing prend tout son sens, et prouve, si besoin est, que l’agence n’a jamais perdu de vue l’objectif final de la campagne.
Le processus de « street teasing » a donc été efficace, et au moment où la campagne d’affichage est lancée, la conversation, elle, est relancée. Mais ça ne s’arrête pas là. Quelqu’un (à moins que ce ne soit l’agence elle-même?) met le feu aux voitures. Halva Kungariket fait alors preuve de réactivité et transforme le texte de l’affiche en un : « C’est plus sûr de se garer dans notre nouveau parking ».
Dans cette démonstration d’ambient marketing exemplaire, Mobilia a donc non seulement fait l’objet de trois vagues de conversations successives, mais a également réussi à atteindre efficacement sa cible, tout en faisant l’économie d’un plan média traditionnel. Voilà qui n’est pas prés de remettre en cause le stéréotype selon lequel les suédois réussissent tout à la perfection !
 
Esther Pamart

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L'autre marque à la pomme croquée

Où suis-je ? A Paris, sur les quais de la station Motte-Picquet Grenelle, ligne 10. Voilà une affiche publicitaire avec un message clair et grand format qui attire forcément votre attention. Que ce soit pour approuver ou pour condamner, le résultat est le même : vous allez en parler.
Selon ses fondateurs, Gleeden répond avant tout à une demande. Un tiers des personnes inscrites sur les sites de rencontre habituels se déclarent célibataires mais seraient en réalité déjà mariées. Le site se targue donc de vouloir briser un tabou, et s’emploie à changer l’image de l’adultère en mettant à disposition un service qui ne répond en fin de compte qu’à un besoin de la société. Cet altruisme est bien trouvé puisqu’il est polémique et qu’il a permis au site de couvrir tous les médias, faisant beaucoup parler de lui depuis son lancement.
Pour ne pas se faire oublier, il faut ne faut pas hésiter à rajouter une petite couche de temps en temps : le 15 avril 2010, le site poste dans sa rubrique « Actualités » un article intitulé 10 bonnes raisons d’être infidèle, et c’est reparti pour un tour.
Gleeden est aujourd’hui le site de référence en matière de relations extra-conjugales. Depuis sa mise en ligne officielle le 1er décembre 2009, le nombre d’inscrits n’a cessé d’augmenter. Pour ses 2 ans, le site s’offre une petite campagne de publicité dans les couloirs du métro parisien qui n’est évidemment pas au goût de tout le monde. Depuis juillet 2011, date à laquelle la campagne a débuté, de nombreux blogueurs ont exprimé leur mécontentement face à ces images. Sur le site du parti politique Bloc Identitaire, on peut même trouver un article proposant aux citoyens de s’unir face à Média Transport (la régie publicitaire de la RATP) pour « exprimer, avec courtoisie, leur réprobation et demander l’arrêt immédiat de cette campagne d’affichage ». L’article du site de Bloc Identitaire est repris sur le site des Inrocks, dont l’article est à nouveau repris par Bloc Identitaire. Bref, on n’en finit plus.
Qui gagne dans l’histoire ? Gleeden. Le site se fiche amplement que la critique soit élogieuse ou non puisqu’ils ne donnent de toute manière pas dans un commerce que l’on pourrait appeler élogieux. Leur but est d’apparaître en quantité, non en qualité.
 
 Ainsi, il faut parfois laisser tomber les cris de guerre et savoir se taire.
Aujourd’hui, le site, dont l’interface est traduite en 5 langues (français, anglais, italien, espagnol, allemand), est présent dans 159 pays et compte plus d’un million de membres (40% de femmes et 60% d’hommes environ).
 
Justine Brisson
Merci à Gleeden pour sa coopération !
Photos : ©Gleeden

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Curb, ou comment les anglais réinventent l'affichage

 
Le dernier coup de pub de l’agence Curb ; un « viral billboard » qui a fait le buzz ces dernières semaines sur internet. En cause, un panneau entièrement composé par des bactéries et autres sémillants germes qui dévoileront au terme de leur pourrissement… le titre d’un film. La Warner a en effet décidé de frapper fort pour promouvoir le film Contagion de Steven Soderbergh.

Les non-initiés penseront certainement à une blague de mauvais goût, une campagne anglaise « so yucky » ! Mais pourtant derrière ce petit buzz (twitter, facebook, et youtube relayent l’opération !)  qui  fait son chemin se cache une agence de pub londonienne qui n’en est pas à son premier coup d’éclat. Vous noterez évidemment la totale cohérence du plan de com’ (contagion-germes-bactéries)  sur cette campagne. Toutefois le but de l’agence n’était pas de marquer les esprits avec une campagne choc et isolée, mais bien d’affirmer, au moyen de cette campagne, sa philosophie.
C’est en effet dans ce créneau qu’a décidé de s’engouffrer l’agence Curb en créant des publicités qui respectent au maximum l’environnement ! Intéressant donc quand on sait que la publicité est un milieu hautement énergivore. Curb s’emploie à prendre le contre-pied de ces excès et rompt avec l’imaginaire des boîtes à lettres débordantes de prospectus, de brochures et autres  panneaux lumineux en innovant toujours davantage vers le respect de la nature.
Celle qui se définit comme « The Natural Media Company » propose de réenchanter notre environnement avec par exemple le premier billboard vivant pour la publicité de la société Banrock (cet été en Angleterre) qui voulait promouvoir son action en faveur de la préservation de la nature.
Une nouvelle forme de publicité participative aussi puisqu’il est demandé au passant d’arroser l’installation, pour que cette dernière survive et histoire de donner, concrètement, un petit « coup de main » à la planète…
Pour voir en images, en vidéos les actions de l’agence : direction le site qui explique en détail les initiatives de l’audacieuse petite anglaise => L’agence Curbmedia
 
Marie Latirre

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La Déesse et le métal

De l’art du flop
 
La communication n’est pas quelque chose d’acquis, et encore moins quelque chose de certain. Le message, quel qu’il soit, n’arrive pas toujours à son destinataire comme son émetteur l’aurait souhaité. Cela peut parfois donner lieu à d’agréables surprises et créer diverses interprétations du signal, qui ne font que le nourrir tout en le modifiant. Néanmoins, l’isomorphisme communicationnel (termes donnant un certain crédit à ce qui va suivre)  demeure quelque chose de précieux en ce bas monde. Il arrive que, dans bien des cas, le message passe complètement à côté de son but premier, qu’il ne prenne pas, ou qu’il se vautre lamentablement pour souvent finir dans les oubliettes des SIC, auprès des bides, flops et autres navets.
Pourquoi ?
Cette question sera l’âme même de notre rubrique. Mes camarades et moi-même ne sommes pas ici pour donner une note au plongeon, savoir si les jambes étaient assez tendues au moment de l’impact dans l’eau ou si les courbes étaient assez élégantes dans l’air. Bien au contraire, nous sommes ici pour envisager et analyser le plat, le fracas retentissant du corps contre l’eau, le moment où la nature reprend son droit sur l’homme qui n’arrête pas de la violer. C’est bien ici que cela se passe : l’échec du plongeon communicationnel dans toute sa splendeur. Le navet, à côté d’être un légume indigeste à mon goût, est un objet complexe qui renferme bien des mystères. Tout en restant relatif, il peut nous décevoir, nous faire rire, nous choquer, nous perturber, nous inspirer, nous énerver mais ne nous laisse jamais indifférent, à part peut-être quand il est trop gros pour qu’on ne le remarque même pas. Vous nous voyez ici, chers lecteurs, à votre service dans cette quête universelle qui tente de comprendre le  naze, d’analyser le nul ou de redorer le blason de l’incompris. Car pour nous le « contre-communiquant » et la maladresse voire la bêtise des messages font sens. Et c’est bien là le plus important.
 

La Déesse et le métal
 

 
« Je crois que l’automobile est aujourd’hui l’équivalent exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une création d’époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet parfaitement magique. »
Roland Barthes, Mythologies
Ce week-end a vu naître la nouvelle campagne publicitaire pour la petite dernière de la gamme DS de Citroën, la DS 5. Amis métalleux veuillez m’excuser d’avance mais Marilyn Manson ne m’a pas convaincu.
« Changez d’époque » nous dit le slogan pour une voiture « hybride et diesel ». Changer d’époque , pourquoi pas, mais alors pour ne pas finir dans n’importe laquelle. Le mécanisme est simple, ce qui peut, dans bien des cas s’avérer payant, mais ici trop lourd et mal choisi. Reconnaissons tout de même la bonne idée du choix de l’oxymore comme ressort communicationnel dominant, lui aussi hybride car à la fois visuel et sonore. Néanmoins, l’idée est à mon sens mal exploitée.
Premièrement la publicité nous donne à voir un orchestre philharmonique en train de jouer, et à entendre un morceau de métal de Marilyn Manson. Mais nous voyons directement que ce n’est pas l’orchestre qui joue le morceau. Aussi évident que cela puisse paraître, ce choix, à visée peut-être humoristique ne contribue au final qu’à enfoncer dans la lourdeur un contraste alors flouté par l’irréalité flagrante du son sur l’image.
De plus, l’erreur fondamentale de cette publicité est d’avoir considéré à notre époque , d’une part la musique classique comme une musique obsolète et d’autre part le fait que l’énergie, à terme exaspérante, du métal pouvait jouer le rôle d’ambassadrice d’une nouvelle « époque » au sens où Barthes l’entend, complètement différente par son dynamisme.
Dans le cas présent, les flèches n’atteignent pas leurs cibles. La personne adulte voire senior qui ne connait en rien Marilyn Manson et qui apprécie plus ou moins la musique classique est exclue, le jeune qui vient d’avoir son permis et qui compte s’en servir pour aller en boîte ne supporte en général pas ou plus le métal et enfin l’adolescent qui lui s’enivre des douces harmonies du hard rock est encore loin d’avoir le permis. L’élément musical n’est donc ici pas adapté à l’antithèse mise en place. A moins, qui sait, si les anciens clients de DS sont aujourd’hui devenus de sombres quinquagénaires ayant troqué leurs 45 tours des Beatles contre des téléchargements de compilations de métal.
Pour conclure, rendons à la musique, ce qui revient à la musique : j’eus écouté un jour Manson, à l’âge ou je balbutiais la Lettre à Elise au piano. Mais après plusieurs années d’écoute, il me semble possible d’affirmer que Beethoven ou encore Mozart envoient tout autant du lourd que ce dernier, si ce n’est plus, quand ils étaient en grande forme…
 
Ambroise

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