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Curb, ou comment les anglais réinventent l'affichage

 
Le dernier coup de pub de l’agence Curb ; un « viral billboard » qui a fait le buzz ces dernières semaines sur internet. En cause, un panneau entièrement composé par des bactéries et autres sémillants germes qui dévoileront au terme de leur pourrissement… le titre d’un film. La Warner a en effet décidé de frapper fort pour promouvoir le film Contagion de Steven Soderbergh.

Les non-initiés penseront certainement à une blague de mauvais goût, une campagne anglaise « so yucky » ! Mais pourtant derrière ce petit buzz (twitter, facebook, et youtube relayent l’opération !)  qui  fait son chemin se cache une agence de pub londonienne qui n’en est pas à son premier coup d’éclat. Vous noterez évidemment la totale cohérence du plan de com’ (contagion-germes-bactéries)  sur cette campagne. Toutefois le but de l’agence n’était pas de marquer les esprits avec une campagne choc et isolée, mais bien d’affirmer, au moyen de cette campagne, sa philosophie.
C’est en effet dans ce créneau qu’a décidé de s’engouffrer l’agence Curb en créant des publicités qui respectent au maximum l’environnement ! Intéressant donc quand on sait que la publicité est un milieu hautement énergivore. Curb s’emploie à prendre le contre-pied de ces excès et rompt avec l’imaginaire des boîtes à lettres débordantes de prospectus, de brochures et autres  panneaux lumineux en innovant toujours davantage vers le respect de la nature.
Celle qui se définit comme « The Natural Media Company » propose de réenchanter notre environnement avec par exemple le premier billboard vivant pour la publicité de la société Banrock (cet été en Angleterre) qui voulait promouvoir son action en faveur de la préservation de la nature.
Une nouvelle forme de publicité participative aussi puisqu’il est demandé au passant d’arroser l’installation, pour que cette dernière survive et histoire de donner, concrètement, un petit « coup de main » à la planète…
Pour voir en images, en vidéos les actions de l’agence : direction le site qui explique en détail les initiatives de l’audacieuse petite anglaise => L’agence Curbmedia
 
Marie Latirre

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Jacques a dit qu’en matière d’élections il ne faut pas oublier la photo pour accompagner le CV

 
Et ce conseil a été suivi à la lettre par l’ensemble de nos politiques qui ne se lassent pas de s’afficher sous toutes les formes et sur toutes les plates-formes : affiches, blogs, site internet, réseaux sociaux, tout y passe. Cela dit, cette habitude ne serait-elle pas un des facteurs d’explication d’un mal être qui se fait de plus en plus profond chez les français ? En effet, si on excepte les élections présidentielles de 2007 qui peuvent être qualifiées de réaction automatique à la piqure de rappel infligée en 2002 lors de l’affrontement Chirac/Le Pen, force est de constater que l’abstentionnisme électoral est en train de devenir la norme[1]. A une époque où tout le monde s’exprime sur tout, tout le temps, il semble nécessaire de se demander ce que peut signifier ce manque de communication ahurissant entre gouvernants et gouvernés au travers de la non-utilisation de cet outil qu’est le droit de vote et pour lequel certains se sont battus. Il est possible de considérer cette question en observant deux phénomènes inter-reliés.
 
Dans un premier temps, comportons nous comme un passant en pleine campagne électorale. Dans la rue, nous croisons des affiches représentant la plupart du temps un candidat au sourire béat. Son slogan est généralement largement affiché à ses côtés dans un paysage correspondant à l’image qu’il veut renvoyer. Plus tard, il est l’heure de rentrer et au journal télévisé passe ce même candidat que nous avons pu observer dehors il y a quelques minutes à peine. Il a soigné son allure, ses vêtements et son discours est préparé, même les petites phrases assassines à l’égard de ses concurrents qu’il espère voir reprises par la presse le lendemain. Il a l’air plus gros que ce matin quand on l’a vu faire son jogging. Finalement, à la fin on nous citera les différentes plateformes où l’on peut discuter des « idées » débattues qu’il s’agisse de blogs, de site web ou de réseaux sociaux. Ce que l’on peut retirer de ces observations c’est que le dispositif de communication en soi se veut plus présent que les idées elles-mêmes. On multiplie les contenants sans les agrémenter du contenu nécessaire. On met en avant des hommes plus que leurs idées.
 
A partir de là, il est tout à fait compréhensible que l’on se sente l’objet de manipulations permanentes. La politique devient un objet de marketing où chacun devient une cible et non plus un citoyen capable de penser par lui-même. Une impression se dégage selon laquelle nous sommes une voix supplémentaire dans le compte électoral plutôt qu’une voix complémentaire dans le mécanisme démocratique. L’abstention alors peut être considérée de deux manières. Soit comme un vote de protestation parce qu’aucun des candidats en lice ne s’est montré à la hauteur des espérances du votant et que dans notre pays, aucune distinction n’est encore faite entre le vote blanc et le vote nul. Soit comme un vote d’indifférence parce que le votant est désabusé des discours politiques qu’il fourre dans un unique sac peu importe qu’ils soient de droite de gauche ou du centre et que de toute façon la seule chose qui compte pour M. Machin c’est d’être élu voir réélu.
 
On peut donc se poser cette question le plus sérieusement du monde : et si les hommes politiques ne s’affichaient plus ? Cela ne signifie pas qu’il faille abandonner toute forme de communication, celle là est évidemment plus que nécessaire, mais c’est un dispositif à repenser parce qu’aujourd’hui aux yeux des citoyens elle inspire d’avantage la méfiance que la confiance. Ne faudrait-il pas s’abstraire de la vision de l’homme en tant qu’être de chair et d’os pour une représentation de l’homme en tant qu’esprit productif d’idées. Au fond ce que les citoyens attendent aujourd’hui est ce que ce n’est pas une abstraction de l’homme plutôt qu’une abstraction des idées et des actes? Et si les hommes politiques ne s’affichaient plus ? Peut être qu’ilslaisseraient la place aux idées et que leurs actes pourraient parler pour eux…
 
Justine Jadaud

 

[1] Abstentions

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