Politique

Salafistes, la puissance de l'image

Le mois de janvier a, comme toujours, connu de nombreuses publications ou sorties d’œuvres culturelles et politiques – et des polémiques qui les accompagnent. Les bruits autour d’un film sorti récemment sous un titre plutôt accrocheur et déstabilisant sont probablement parvenus à vos oreilles. Salafistes, un documentaire de François Margolin, nous plonge au cœur du djihadisme au Mali et a pour objectif principal de dévoiler la réalité d’une forme de terrorisme de beaucoup méconnue. 
 Pourquoi un tel tollé sur ce film qui a pour vocation d’être un documentaire sur un monde terroriste que trop peu connaissent ? 
 Un documentaire qui fait l’effet d’une bombe
Salafistes a été décemment sorti dans le contexte de tension politique que nous connaissons, à la suite des multiples attentats terroristes à l’échelle internationale depuis plus d’un an maintenant. Sa sortie était réfléchie et les réalisateurs étaient forcément conscients du débat que provoquerait la sortie du film. Et c’était bien là l’objectif affiché des réalisateurs, qui soulignent avant tout un acte citoyen, de salut public : parler des dessous du terrorisme, pour éveiller les consciences à des aspects méconnus du terrorisme et participer à l’enrichissement du débat autour du terrorisme en société. Mais en terme d’agenda médiatique, le film ne pouvait s’attendre à une semaine aussi chargée en terme de polémiques concernant le terrorisme.  En effet, il est révélé peut de temps avant l’intervention politique de Najat Vallaut Belkacem, ministre de l’Education nationale, dans le Supplément de Canal +, dans laquelle les propos d’Idriss Sihamedi, dirigeant de l’association humanitaire islamique Barakacity, font scandale.  
 La sortie de Salafistes s’inscrit donc dans un contexte tendu. Le documentaire retrace, du Sahel à la Syrie en passant par l’Irak et la Tunisie, la pensée de cette mouvance terroriste. Comme dans tout documentaire, François Margolin, assisté du journaliste mauritanien Lemine Ould M. Salem, affichent clairement leur volonté de révéler les dessous, même choquants, de cette organisme de terreur. Après visionnage, la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a déclaré déconseiller la diffusion du documentaire aux personnes de moins de 18 ans. Cette décision est-elle légitime de par la violence des scènes présentes dans le film ou cette censure est-elle une atteinte à la liberté de chacun d’être conscient des enjeux actuels ? 
 Un sujet clivant
 Le documentaire a essuyé de nombreuses réserves concernant la diffusion de la violence salafiste comme œuvre culturelle dans les salles de cinéma. Nombre de personnes ont dénoncé la présence de scènes trop choquantes, beaucoup d’autres ont aussi fait valoir que ce documentaire était en réalité une plate-forme de propagande gratuite pour Daesh. 
 Qu’en penser ? Si les avis divergent sur la question, la presse semble prendre parti à l’unanimité pour la défense la liberté d’expression. 
 Décrire ce film comme vecteur de la communication de Daech c’est faire le postulat que son public peut se laisser influencer par les propos tenus par les prédicateurs, s’insérer dans une vision tchakhotinienne avec un viol psychique du public et soustraire aux français leurs capacités réflexives. Les réalisateurs s’insurgent «  Dire que pour les adultes, cela va, mais pas pour les jeunes, c’est le principe même de la censure. Or, je pars du principe qu’il faut prendre les spectateurs pour des gens intelligents, quel que soit leur âge. » 
 Le langage des ministères oscille entre abérration devant la brutalité des images et dénonciation d’une présumée apologie du terrorisme…pour finalement aboutir à une exploitation dans un nombre restreint de salles réservé à un public majeur.  
 Si l’on condamne la violence du réalisme du documentaire de François Margolin, comment dès lors justifier du réalisme journalistique quotidien, parfois aussi choquant que le film Salafistes ? On pense notamment aux Unes récentes affichant la photo « choc » du petit Aylan sur les plages d’Egypte, ou encore de la récente campagne de Reporters Sans Frontières.

Comment expliquer qu’un documentaire, qui respecte une même déontologie journalistique que le journalisme de la presse écrite, connaisse davantage de censure que la presse écrite nationale ? La violence de l’image est-elle acceptée quand elle est seule, au dépit du reportage de terrain qui repose tout entier sur elle ?
L’image tue
En refusant la diffusion du documentaire et en déplorant la présence d’une voix-off encline aux commentaires qui contre-balanceraient la logohrrée islamique, serait-ce sous-entendre que chacun des français est en puissance un terroriste ? Cela reviendrait à faire de l’image un vecteur plus puissant qu’elle ne l’est en réalité.
Dans Imaginaire et Post-modernité  Michel Maffesoli parle de l’image comme un mésocosme entre le microcosme personnel et le macrocosme collectif, «  un monde du milieu qui fait un lien, établit une relance » Ainsi l’image n’aurait donc, selon M. Maffesoli, aucune proximité avec ces idéologies, il n’y aurait donc aucune raison d’émettre des réserves sur les finalités que peuvent avoir la vue de ce film sur un public lambda dont l’horizon d’attente serait critique !
Dans la classe politique aussi bien que chez les journalistes ou dans l’opinion publique, le sujet est brûlant et inévitablement clivant. Cependant, si le but était de masquer dans les méandres du silence ce documentaire pour en limiter l’impact, l’importante couverture médiatique autour de ce film contribuera sans doute à provoquer l’effet inverse.
Jérémy Figlia 
Sources: 
http://www.bvoltaire.fr/dominiquejamet/salafistes-nest-censurant-realite-quon-change,2350001
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1475025-salafistes-interdit-aux-de-18-ans-insense-notre-2 documentaire-est-un-acte-citoyen.html 
http://www.msn.com/fr-ca/actualites/photos/salafistes-on-a-risqué-notre-vie-pour-montrer-ce-que-3 pensent-ces-gens/vi-BBoJxnh?refvid=BBoDbEc
Serge Tchakhotine, Le viol des foules

Enjoy Phoenix
Société

Et si les youtubeuses beauté ne savaient pas tout ?

Salut les filles ! Je suis super contente de vous retrouver aujourd’hui pour parler de l’influence de vos youtubeuses préférées et des dangers qui en découlent. Ne vous inquiétez pas, j’ai mis toutes les références en barres d’infos. N’hésitez pas à me laisser des commentaires, à liker si le sujet vous intéresse et à vous abonner à ma chaîne bien sûr !
Il est aujourd’hui difficile de passer outre les tutos beauté sur YouTube et leurs créatrices, ces nouveaux gourous du net que sont les youtubeuses beauté. Véritables influenceuses, elles partagent des conseils beauté avec leurs nombreux abonnés. Il semble néanmoins que leur champ de compétence ait aujourd’hui bien évolué. Mais où s’arrête la légitimité des youtubeuses beauté ? Quelles peuvent être les conséquences d’un amateurisme qui s’impose comme une référence ?
De la bonne copine à la professionnelle, il n’y a qu’un pas (et quelques milliers d’abonnés)
Rappelons tout d’abord que ce qui fait le succès d’une youtubeuse, c’est en partie sa proximité avec son public. Après tout, c’est une fille comme vous, comme nous, un peu comme la grande soeur qu’on n’a jamais eu. Une véritable relation se tisse et vidéo après vidéo, conseil après conseil, la confiance s’installe. Plus leur notoriété augmente, plus la part de confiance qui leur est accordée est importante.
Nous avons pu remarquer ces dernières années que ces youtubeuses tendent à se présenter comme des « professionnelles » de la beauté. La qualité visuelle de leurs vidéos, les partenariats avec des marques ou encore la participation à des émissions de télévision pour certaines (la célèbre EnjoyPhoenix est une habituée des plateaux et a même participé à Danse avec les stars récemment), véhiculent cette image professionnelle, alors qu’en réalité elles ne possèdent aucune formation en esthétique ou en coiffure pour la grande majorité. Autodidactes, elles s’en sortent souvent très bien. Et même dans les cas où leurs conseils seraient mauvais, un maquillage raté n’est pas un drame : on l’essaie devant son miroir et si ça n’est pas réussi, on se démaquille. Or, si leur non-expertise ne les empêche pas d’être très douées, voire même meilleures que certains experts, il semblerait que cela puisse devenir problématique quand elles tentent d’étendre leurs compétences à des domaines plus spécialisés et plus complexes.

Les youtubeuses beauté sont-elles mauvaises pour la santé ?
Pour continuer à séduire leurs fans et pour ajouter du contenu à leur chaîne, les youtubeuses beauté donnent maintenant de nombreux autres conseils : lifestyle, santé, cuisine, vie privée… Tout y passe. Certaines donnent par exemple des conseils sur les problèmes de peau. N’étant pas diplômées en dermatologie, il semble naturel de remettre en question la légitimité de leur parole. Elles ne font, en effet, référence qu’à leur propre expérience, à d’autres vidéos qu’elles ont pu voir ou encore à des informations qu’elles ont elles-mêmes trouvé sur Internet. La fiabilité de leurs trucs et astuces peut donc être mise en doute.

 
En outre, le public des chaînes YouTube étant extrêmement large, leurs conseils ne peuvent s’appliquer à tous. Et ce n’est pas certaines abonnées d’EnjoyPhoenix qui diront le contraire. La youtubeuse star, dans une vidéo de masques DIY (“do it yourself”), conseille d’essayer un masque à base de cannelle et de miel qui donne une peau « toute belle, légèrement rosée parce qu’elle a pris des couleurs ». Comme l’explique un article publié sur marieclaire.fr le 20 octobre dernier à ce sujet, la cannelle est « une plante dermocaustique (qui entraîne des brûlures) et très allergisante ». Ainsi, certaines abonnées ont eu la sympathique surprise de retrouver leur visage brûlé après l’utilisation du masque. Bien sûr, l’erreur est humaine, mais lorsque l’on se porte garant devant des millions de personnes des vertus d’une recette, et que l’on a autant d’impact sur des millions de jeunes filles qu’EnjoyPhoenix, l’erreur prend une toute autre dimension. Si les youtubeuses se veulent professionnelles, elles doivent prendre les responsabilités qui accompagnent ce changement de statut.
Tous les conseils sont-ils bons à prendre ?
L’exemple est encore plus frappant dans le cas de Kelly Angelini, alias KayEhHey. Dans une vidéo sortie début décembre 2015, elle donnait des conseils concernant la première fois. Elle insistait sur l’importance de la tenue vestimentaire et du maquillage, ainsi que sur la nécessité de s’épiler pour « ne pas dégoûter son partenaire » et de se laver le sexe plusieurs fois « par respect». Une fois passés ces conseils misogynes, qui véhiculent une conception arriérée de la femme, la youtubeuse renchérit. Elle explique, en effet, qu’il faut parfois se faire violence et se forcer un peu pour sa première fois, car après tout, « tout le monde est passé par là ».

La vidéo a rapidement été supprimée par son auteure . Néanmoins, ces propos ne sont pas passés inaperçus auprès des internautes. Clarence Edgard-Rosa, blogueuse et journaliste féministe, conclut ainsi un article à propos de cette vidéo sur son blog pouletrotique.com: « Son ignorance crasse n’empêche en rien Kelly de se sentir légitime à distiller ses conseils à ses près de 250.000 abonnés, et grâce à YouTube, elle sera rémunérée pour ça. Récompensée financièrement pour avoir expliqué à des jeunes filles que le plus important dans une première relation sexuelle avec un garçon, c’est de se forcer un peu, de ne pas porter un décolleté trop plongeant et de se récurer l’entre-jambes par respect pour les garçons. J’oscille entre honte et colère. Je vais prendre les deux. » Comme le précise une rédactrice du site blastingnews.com, le public de ces youtubeuses est généralement un public jeune, manquant de confiance en soi et de repères. Ces jeunes accordent donc un grand intérêt au discours de leur youtubeuse favorite et dès lors, ces paroles deviennent un réel enjeu. Les propos de Kelly Angelini peuvent être nuisibles, en particulier pour les jeunes âmes qui parcourent YouTube à la recherche de conseils et de réconfort.

Ces exemples de dérapage made in YouTube nous montrent bien que ce média social soulève de nouveaux débats, notamment en ce qui concerne l’amateurisme sur Internet. L’importance accordée aux youtubeuses beauté, à la fois sur Internet et dans les médias dits traditionnels, ainsi que la professionnalisation entraînée par cette médiatisation nécessitent donc une réelle remise en question. Néanmoins, il semble clair que les youtubeuses beauté ont désormais une place prépondérante dans la consommation médiatique des jeunes publics, interrogeant également le futur des sacrosaints magazines féminins.
Clémence de Lampugnani
LinkedIn 
Sources: 
Marie-Claire, « POURQUOI ENJOYPHOENIX FAIT-ELLE LE BAD BUZZ SUR LA TOILE ? » de Lola Talik 
L’obs, « Première fois: une YouTubeuse conseille aux filles de se forcer. Une honte » de Audrey Kucinskas 
Blasting news, « YOUTUBEUSE BEAUTÉ: RÉEL MÉTIER, EFFET DE MODE OU VÉRITABLE STAR MODERNE? » par Lilylaura Devillers 
« Le pouvoir des Youtubeuses beauté » par Magali Heberard 
Crédits photos:
Joel Saget / AFP
Capture d’écran Youtube d’une vidéo de Michelle Phan
capture d’écran YouTube d’une vidéo d’EnjoyPhoenix
apture d’écran YouTube vidéo de KayEhHey alias Kelly Angelini
Twitter

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Société

Bad buzz bad buzz, watcha gonna do ?

« Je suis un produit, mais comme beaucoup d’autres artistes qui passent à la télé et à la radio et qui deviennent populaires. Je l’assume complètement, j’aime divertir les gens, je m’amuse dans ce que je fais ». Sur le plateau d’On n’est pas couché, la chanteuse Shy’m n’a pas hésité à assumer sa conception marchande du vedettariat. Son objectif est clair : vendre. Sa stratégie : se construire une identité de marque, créer une offre originale et innovante pour séduire le public le plus large possible. Si tout acteur, chanteur, ou comique ne se considère pas comme un objet de consommation, avoir une stratégie de communication élaborée, voire s’affubler d’une identité chimérique fait souvent partie du jeu.
« Haters make me famous »
De nos jours, face à l’élargissement considérable de l’offre autant musicale que théâtrale ou cinématographique, il faut savoir se démarquer pour être reconnu. Etre une célébrité est devenu un métier en soi, comme l’ont révélé les nombreuses émissions de télé-réalité à travers le monde. Du succès de Loana à celui de Nabilla, il apparaît clairement de nos jours qu’une des meilleures manières de se faire remarquer est d’user d’une stratégie du choc et de l’anormal.
Or, il n’est pas rare lorsque l’on cherche à choquer de rencontrer sur sa route bon nombre de « haters » et de devenir victime du dit « bad-buzz », qui tend à se généraliser. Loana a marqué toute une génération pour être « passée aux choses sérieuses » dans une piscine à la télévision nationale, et Nabilla est connue de tous pour sa bêtise et son inculture. Loin d’en être traumatisées, ou de considérer leur carrière comme un échec, ces dernières peuvent être fières d’avoir réussi à s’imposer dans notre société comme de véritables phénomènes culturels, aussi surprenant que cela puisse paraître.
Mais jusqu’où est-on prêt à aller pour être sur le devant de la scène ? La tendance étant déjà fortement ancrée, le bad-buzz doit – malheureusement ? – aller de plus en plus loin pour conserver toute son efficacité. On se souviendra longtemps de Kris Jenner, mère de Kim Kardashian, qui n’a pas hésité à vendre la sextape de sa fille pour lancer sa carrière. De même, on peut s’interroger sur la signification du geste de Nabilla lorsqu’elle poignarde Thomas, son petit ami : excès de violence ou pure coup de com’ ? La question se pose quand on sait que leur popularité était à l’époque en perte de vitesse et que le couple semble toujours aussi soudé à l’heure actuelle.

 
Un bad-buzz est un buzz, le marketing n’a pas d’œil
Du côté des artistes, le bad-buzz apparaît de la même façon comme un élément difficilement contournable. Quand on réfléchit aux images les plus virales de la fin d’année 2015, on pense rapidement aux pas de danse ridicules de Drake, énormément détournés et moqués, ou à la chute solitaire de Shy’m en concert. Dommages collatéraux ? Crise communicationnelle ? Bien au contraire. Qui aujourd’hui n’a pas entendu parler d’Hotline Blink, le dernier single de Drake ? Dans une interview accordée au webzine musical anglo-saxon Complex, Tanisha Scott, chorégraphe pour le clip d’Hotline Blink, affirme la chose suivante : « Tous ces memes et mashups, il savait que ça allait arriver ! Quand on regardait les playbacks, il m’a dit  “ça va forcément devenir un meme“ ». Quand on sait que l’objectif de Drake avec la sortie de ce single était d’arriver numéro 1 au Billboard Hot 100, comme il l’a lui même expliqué sur Instagram, on comprend aisément que les détournements de ses « haters » étaient souhaités et assumés.
 

 

Je voudrais tant que tu memes
Souvent plus viral que le buzz traditionnel parce qu’il permet à chaque internaute de faire sa petite blague, et donc son propre petit buzz, il n’y a souvent rien de tel que le meme pour faire parler de soi, et beaucoup l’ont compris. Certaines stars sont allées jusqu’à forger leur identité publique et donc leur carrière sur cette stratégie. On pense à Shia LaBoeouf, souvent qualifié de « meme humain », et élu « meme de la semaine » dans les Inrocks en juin dernier.

 
Comme expliqué dans l’article, tout dans cette vidéo semblait avoir été conçu pour servir de support à de futurs memes (fond vert, coupe de cheveux inqualifiable, postures étranges, etc.). Si l’autodérision n’a jamais fait de mal à personne, ce phénomène prend une importance toute particulière, brisant le stéréotype de la vedette tirée à quatre épingles, qui maîtrise compulsivement son comportement et son image. Au contraire, il semble qu’il n’y ait plus aucun tabou, aucune honte ou bizarrerie qu’une célébrité ne puisse dépasser, comme l’illustre parfaitement le cas de Miley Cirus, devenue l’opposée d’Hannah Montana (son rôle titre chez Disney), pour s’assurer une carrière mondiale.
Alors qu’il pouvait sembler au début du XXIème siècle que le bad buzz était un signe de fin de carrière – on se souvient de Britney se rasant le crâne avant de disparaître de la scène musicale pour revenir des années plus tard – il s’agit aujourd’hui probablement du meilleur moyen de gagner ou de retrouver la notoriété.
Alix Leridon
Sources :
http://uk.complex.com/music/2015/10/tanisha-scott-interview-on-choreographing-drake-hotline-bling-video


Crédits photos :
Reddit 
Les Anges de la télé-réalité 
Dailymail
Just do it on Youtube 

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Meme cat
Société

Adopte un lolcat

Les chats les plus drôles d’Internet débarquent dans la communication. Un doux mélange entre le rire, LOL, acronyme de Laughting Out Loud, et le chat, nous donne le lolcat, une sorte de chat rigolo. D’un phénomène a priori spontané et sans visée commerciale, il est devenu un réel atout de communication. Pourquoi ?
Le vieux chat fait la grimace
Si le lolcat paraît récent de seulement quelques années, son origine remonte en fait à la fin du 19e siècle, lorsque le photographe américain Harry Whittier Frees immortalisait des chats déguisés.

Le lolcat n’est pas à confondre avec le chat mignon, autre phénomène du web, comme le souligne André Gunthert, maître de conférence de l’EHESS, dans l’émission de Sonia Devillers, l’Instant M du 27 novembre sur France Inter. Développé notamment par le site 4chan.org., une plateforme d’échange en ligne connue de tous les geeks, le lolcat est devenu un mème, autrement dit une image reprise et déclinée par les internautes. Devenu viral dans le milieu des années 2000 et reconnu officiellement dans la presse depuis 2007 avec un article que lui consacre le Times, il répond à certaines caractéristiques. Il s’agit d’une photo d’un chat drôle, mignon ou en situation de détresse accompagné d’une légende humoristique, le tout ayant vocation à susciter le rire. Le texte, un commentaire qui est superposé à l’image en police Impact ou Arial black, est indissociable de celle-ci. Il est écrit dans un langage particulier, souvent bourré de fautes, pour en rajouter à l’effet comique.

Parce que ça fait du bien
Se moquer d’un chat rigolo, qui de plus s’exprime mal, ça fait du bien. Le phénomène d’anthropomorphisme du chat humanise le lolcat et nous permet ainsi de dire des choses sur nous que nous ne dirions pas autrement, de se moquer sans se sentir directement visé. André Günter précise qu’aujourd’hui nous ne pouvons plus nous moquer de certaines catégories de la population, alors nous le faisons avec des chats, car eux sont neutres. Il ajoute que cette pratique est loin d’être neuve, c’est le principe même des Fables de La Fontaine, qui humanisent des animaux pour en tirer une morale sur l’humain.
C’est aussi le caractère universel du lolcat qui fait du bien. Compréhensible par tous, il crée du lien social comme « une soupape de décompression, un îlot de drôlerie dans un monde violent » propos d’Anaïs Carayon, rédactrice en chef de Brain magazine et autre invitée de l’Instant M. Son universalité le rend fédérateur et offre ainsi aux communicants qui l’emploient une plus large cible.
Lol-communication
Si les lolcats sont un phénomène créé par et pour les internautes dans un but non commercial, ils ont vite été mis au profit d’activités lucratives. L’un des chats les plus connus d’Internet, GrumpyCat – le « chat grincheux » – a même aujourd’hui un manager puisqu’il a généré l’an passé plus de revenus que Brad Pitt, seulement en produits dérivés. En effet l’acteur gagne environ 25 millions d’euros par an, lorsque GrumpyCat a rapporté l’an passé plus de 80 millions d’euros à sa propriétaire, n’étant connu que depuis 2012.

Mais les lolcats ont aussi été récupérés par la communication. Certaines marques alimentent leurs comptes sur les réseaux sociaux de lolcats, pour créer une certaine proximité avec leurs abonnés, comme le fait Cdiscount sur sa page facebook. Les community managers de la marque alimentent le profil de lolcats accompagnés de messages pour leurs abonnés, dont le but n’est pas directement d’appeler à la consommation de la marque mais d’entretenir une relation positive avec une communauté d’abonnés qui sont des clients éventuels.

Déclinés en vidéos, ils servent plusieurs campagnes. C’est le cas de GreenPeace, qui se sert des « petit frères » des tigres, les chats, pour sauver cette espèce en danger. L’enjeu est d’autant plus important qu’il s’agit d’une ONG, les ressources étant moindres et soumises à des aléas. Pour une communication originale et décalée, basée sur le rire et pourtant totalement dans le thème des animaux, le lolcat est l’arme efficace.
 

 
Les lolcats présentent des avantages évidents en terme de communication, à commencer par leur universalité et leur transculturalité. Aucun prérequis nécessaire pour comprendre le lolcat, si ce n’est la compréhension d’un minimum d’anglais, quand ils ne sont pas traduits. Le lolcat est aussi un moyen de communication rapide dans un monde de l’instantané : une image accompagnée d’un commentaire bref qui suscite un rire immédiat. Il est question de caricature, de décompression par l’humour, une communication assez facile mais un atout pour séduire les jeunes générations.
Le lolcat contre le terrorisme ?
Après une légère baisse de popularité des lolcats, ils sont revenus en force avec le hashtag #BrusselslockDown, lancé par les belges suite à une demande de la police de ne pas diffuser de photos de l’opération en cours le 22 novembre dernier pour empêcher une éventuelle attaque terroriste dans la capitale. La réaction des internautes : diffuser et partager des images de chats. Lolcats et chatons mignons se sont mélangés, certains au ton ironique, pour dénoncer la censure des forces de police. Malgré ces dénonciations, le chat a plutôt servi a créer du lien, à se détendre un peu dans une ambiance qui n’était pas à l’humour.
Coïncidence malheureuse, le lolcat, et le chat en général, ont aussi servi d’outil de communication à Daesh. Utilisé notamment par la communauté qui fait la promotion de l’organisation Etat Islamique, les lolcats sont représentés avec des armes ou à coté d’images de personnes tuées par l’organisation. Pour les âmes moins sensibles qui voudraient approfondir la récupération des lolcats par l’organisation terroriste, Arte en parle ici
Se détendre seul ou à plusieurs, créer une communauté, défendre une cause plus ou moins noble : le lolcat est partout. Mais il n’est pas le seul animal humanisé à envahir Internet. Depuis peu les stars du web sont aussi des chiens, à l’image de Doug the Pug ou Doge, les nouveaux copains de GrumpyCat, tout aussi productifs en produits dérivés.
Adélie Touleron
LinkedIn
 
Sources :
France Inter, l’instant M: « le pouvoir du chat »
Huffington Post, Les « lolcats » à l’honneur pour la journée international du chat
Arte, Etat islamique: la sainte armée des chats
 
Crédits:
http://i.imgur.com/
http://knowyourmeme.com/memes/sites/cheezburger
http://lejournaldessorties.com/wp-content/uploads/2014/03/harrywhitterfrees7.jpg
 

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Manifestation anti-taxe Tampon
Politique

Taxe Tampon: quand l'Assemblée s'en tamponne

Le 14 octobre dernier, l’Assemblée Nationale a rejeté la demande des députés d’abaisser à 5,5% la taxe sur les produits d’hygiène féminine (tampons et serviettes), actuellement à 20%. Instaurée au Canada en 2013, cette taxe – jugée discriminatoire et sexiste – est depuis l’année dernière en débat dans de nombreux pays à travers le monde.
Contre toute attente, le Sénat a finalement voté le 21 Novembre dernier l’abaissement de la TVA, relançant le débat.
2014 : « Année des règles »
Souvent tabou, passé sous silence ou retrouvé dans des conversations exclusivement féminines, le sujet des règles émerge librement depuis quelques mois sur les différents réseaux sociaux, dans les médias ou les débats publics.
On ne parle pas ici uniquement de féminisme, mais d’une volonté de ne plus cacher inutilement un phénomène dont tout le monde a connaissance.
Avis mitigés, interrogations, l’unanimité n’est pas encore totalement adoptée, comme lorsque Instagram censure – puis remet en ligne sous la pression des internautes – la photo d’une bloggeuse où l’on aperçoit sur son pantalon et son drap des tâches de sang menstruel.
Des publicités qui mettent en scène un pudique liquide bleu jusqu’aux représentations péjoratives à la télévision et au cinéma – analysé dans Periods in Pop Culture, un essai de Lauren Rosewarne – une réelle spirale médiatique s’est enroulée autour de ce thème.
Si le sujet paraît anecdotique, il n’en demeure pas moins sérieux, car le sujet qui fait le plus parler de cet « événement » mensuel est la taxe sur les produits de première nécessité, autrement surnommée « taxe tampon ».
En France, tout produit ou service acheté est frappé par la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui est la principale source de revenu de l’Etat (193 milliards d’euros selon le projet de loi de finances pour 2016). Il existe trois taux : le taux réduit à 5,5%, le taux intermédiaire à 10% et le taux dit normal à 20%.
Les produits d’hygiène, et donc aussi ceux d’hygiène féminine, sont compris dans ce dernier taux et sont donc taxés à 20%.
Par comparaison, dans les produits dits « de première nécessité » qui sont taxés à 5,5%, on trouve des produits évidents tels que l’eau mais aussi… le foie gras, les sodas ou les bonbons. Se pose donc la question de ce que l’on entend par « première nécessité ».
Avec cette taxe, le collectif féministe Georgette Sand a estimé qu’une femme dépensait en moyenne au cours de sa vie 1500€ en protections hygiéniques.
En Suède, où le sujet est devenu tellement courant que les médias ont renommé l’année 2014 « année des règles », la bloggeuse Clara Henry aurait même demandé à la Sécurité Sociale de lui rembourser 5800€, soit le prix dépensé au cours de sa vie en protections (le coût de la vie étant plus cher en Suède).
Saigner, c’est payer

Il y a donc un réel enjeu économique, qui peut s’avérer rédhibitoire dans les pays défavorisés, quant à l’accès à ces produits.
En Inde, où seulement 12% des femmes y ont accès en raison de leur coût, ces produits sont d’ailleurs très peu commercialisés, entraînant ainsi des répercussions sur le mode de vie, et bien sûr sur la santé des femmes.
Mais plus proche de nous, le coût de ces produits pose aussi problème dans les milieux les plus précaires. Distribution gratuite en Angleterre pour les sans-abris, succès de la Coupe menstruelle (protection réutilisable), invention de sous-vêtements réutilisables et absorbants… les solutions alternatives sont de plus en nombreuses pour éviter ce diktat non écologique et coûteux.
Les médias au service d’un ras-le-bol généralisé
La taxe initiale qui avait été instaurée au Canada en 2013 – par la députée Irene Mathyssen, une femme donc – et qui s’élevait alors à 5%, a été supprimée depuis sous la pression médiatique et des suites d’un mécontentement général.
De nombreuses « opérations » ont été lancées dans divers pays, pour faire annuler cette taxe discriminatoire qui classe un tampon au même rang d’utilité que du caviar (rappelons qu’avoir ses règles ni un choix, ni un phénomène évitable).
En 2014, de nombreuses militantes britanniques ont envoyé des culottes ensanglantées en signe de protestation à David Cameron. Récemment, ce « Culotte Gate » s’est répété en France avec des centaines de sous-vêtements tachés envoyés à François Hollande, Manuel Valls ou encore Marisol Touraine, ministre de la santé.

Pour dénoncer le coût élevé des tampons et éveiller certaines consciences, un collectif britannique a revisité un spot publicitaire, sur le modèle des publicités pour parfum. Le tampon y est devenu presque luxueux : sensualité, désir pour l’objet, grand appartement sur un fond de musique envoutante, le tampon est présenté avec dérision comme un objet rare et précieux.
 

Après également de nombreux hashtag sur les réseaux sociaux tels que #TamponTax ou #NoTaxOnTampon et une pétition en ligne – adressée directement à Michel Sapin, ministre des finances – qui rassemble plus de 27 000 signatures, le combat pourrait enfin aboutir.
En effet, des sénatrices militantes ont déposé le 19 novembre des amendements au projet de budget 2016 pour réduire cette taxe sur ces produits, finalement voté le 21 novembre.
Mais si Pascale Boistard, secrétaire d’Etat chargée des droits des femmes, a déclaré « qu’il fallait prendre au sérieux cette demande », Christian Eckert, secrétaire d’Etat au Budget, a de son côté affirmé que « le gouvernement ne souhaite pas bouger sur les taux de TVA ».
Bien que passée au Sénat, contre l’avis de Christian Eckert, cet amendement doit passer le 10 décembre à l’Assemblée Nationale. Cette dernière étant composée à 75% de députés masculins, affaire à suivre…
Capucine Olinger
LinkedIn
Sources :
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1444587-video-du-soir-pour-que-cesse-la-taxe-rose-une-pub-imagine-le-tampon-en-produit-de-luxe.html
http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/11361-culottegate-centaine-culottes-tachees-envoyees-francois.html
http://www.lemonde.fr/sante/article/2015/11/11/comprendre-la-bataille-de-la-taxe-tampon_4807643_1651302.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&utm_campaign=Echobox&utm_term=Autofeed#link_time=1447266823
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/16/tva-sur-les-tampons-qu-est-ce-qu-un-produit-de-premiere-necessite_4791200_4355770.html
http://bfmbusiness.bfmtv.com/france/budget-2016-le-retour-de-la-taxe-tampon-931578.html
http://georgettesand.org
« La guerre des tampons », Glamour N°137, août 2015
Crédits photos :
Vice.com
20minutes.fr

NICOLAS HULOT
Société

Nicolas Yolo Break the Internet

 
Il y a quelques semaines, Nicolas Hulot, épaulé par Golden Moustache, a publié une vidéo visant à sensibiliser les jeunes aux enjeux du climat et à l’événement que constitue la COP 21. L’objectif : que sa pétition soit au maximum agréée pour interpeler les chefs d’états. Pour faire passer son message, il convoque les codes de l’humour 2.0 et prouve par le même biais son engagement pour la planète.

La vidéo s’intitulant « Nicolas Yolo, Break the internet » n’a pas fait que nous casser de rire, puisque dès les premiers jours, le serveur de sa fondation n’a pas résisté au nombre faramineux de visiteurs. C’est ce qu’on peut appeler un coup de com’ réussi, puisqu’on recense aujourd’hui 500 000 signataires et plus de 7 millions de vues sur la page Facebook de la fondation Nicolas Hulot.
Mise en abyme
« Faire passer le message de la manière la plus efficace possible » est l’enjeu même de ce clip ; sorte de mise en abyme du brainstorming qui a du vraiment avoir lieu, lorsque  Nicolas Hulot a frappé à la porte des studios Golden Moustache. L’équipe, désireuse de soutenir cette cause s’est portée bénévole durant les trois jours de tournage (Le making-off)
Ce qui est intéressant dans cette vidéo, c’est qu’elle est construite autour de la vraie problématique rencontrée par le personnage principal Hulot/Yolo : faire passer son appel à la pétition. D’un point de vue communicationnel, même si ce procédé est assez courant, mettre en scène de faux essais, qui prennent en compte les enjeux de départ, permet de montrer l’ampleur des débats et mises en gardes à l’égard de toutes les cibles.

Transparence et références
Admettons aussi que ce genre de procédé médiatique est efficace par sa transparence apparente (comme lorsque nous sommes amenés à voir les fonds verts du tournage). Comme nous le rabâchent nos médias, notre époque est plus que jamais celle de la transparence, du « décryptage », et c’est pourquoi montrer les processus de création, l’envers du décor (même s’ils sont biaisés par la mise en récit) reste très efficace.
Aussi, ce qui provoque le rire (et le buzz) , c’est évidement le contenu en lui même. Ces cinq minutes sont saturées de références à la génération Y. Les intonations et blagues plus ou moins douteuses de Bapt et Gaël, la présence de Kyan Khojandi, le « rainbow-cat » qui surgit avec vigueur et son « nyanyanya », ou encore l’ouverture du clip avec un clin d’œil à « Norman fait des Vidéos » … autant de références qui s’adressent aux jeunes que d’arguments d’autorité. Ou d’arguments utilisant l’autodérision… Car une grande part du comique réside dans le contraste entre l’équipe de com ultra branchée, incarnant un stéréotype poussé à l’extrême, et l’authenticité de Nicolas Hulot.

Léger décalage
Ce dernier est une personnalité médiatique habituée aux caméras, puisqu’il a été candidat aux présidentielles de 2012 et présentateur d’Ushuaïa pendant 25 ans. Il incarne donc un visage familier, que nous avions l’habitude (ou pas…) de voir dans des contenus orientés planète et écologie, donc peu humoristiques, c’est le cas de le dire. Le changement de style de son discours et de cadre d’élocution sont donc aussi des clefs de voûte du succès viral de ce clip.
Ainsi, l’autre tension que nous pouvons soulever suite à un tel buzz, c’est l’écart qui sépare l’importance des questions écologiques et la difficulté à trouver un bon moyen de les communiquer, de les faire résonner avec impact. Pourquoi la cause écologique, aussi importante soit-elle, continue à être un sujet rébarbatif, qui rebute et ennuie nombre de nos concitoyens ? Comment est-il possible que l’écologie souffre encore de son image austère, « terre à terre » et peu sexy, alors qu’elle constitue un enjeu clef pour les générations à venir ? Les « sympathisants » n’auraient donc pas besoin de se faire draguer par une com’ édulcorée ? Il faut envisager que si, à en croire les chiffres énoncés précédemment. Et il faut espérer que certains continueront à être drôles et inventifs, si c’est pour la bonne com, euh… cause.
Julia Lasry
Sources : 
www.osons-agir-pour-le-climat.org
http://www.franceinter.fr/emission-linvite-nicolas-hulot-0
http://www.ladn.eu/actualites/nicolas-hulot-golden-moustache-interpellent-jeunes,article,28081.html#ixzz3phbZHasY
Crédits images : 
Libération, « quand Nicolas Yolo joue la carte virale »
Golden Moustache

Break the Internet : le making of !

Nicolas Hulot "Break the Internet: le making of de la vidéo" Merci encore une fois à Golden Moustache McFly Studio Bagel madmoiZelle.com Mcfly – David Coscas Kyan Khojandi Natoo La Ferme Jerome ! Bapt&Gael Kayane Raphaël Descraques François Descraques – Page officielle – Marjorie Le Noan Le Fat Show Justine Le Pottier FloBer Aude Gogny-Goubert Kemar Lucien Maine Adrien Ménielle Nad Rich' Hard Akim Omiri Julien Pestel Juliette Tresanini Comédienne Marion Seclin – Mady Nicolas Berno sans oublier Havas Worldwide ParisSi vous ne l'avez pas déjà fait, n'hésitez plus : signez l'appel !! C'est par ici: https://goo.gl/vPygyS#osons

Publiée par Fondation pour la Nature et l'Homme sur Mardi 13 octobre 2015

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Appli Peeple
Société

Peeple: indignez-vous ?

Peeple, nouvelle venue dans la grande famille des applications, a provoqué la colère et l’indignation de la communauté Internet avant même sa sortie, prévue en novembre prochain. Développée par deux jeunes canadiennes, Julia Cordray et Nicole McCullough, cette appli entend permettre à ses utilisateurs de noter leur entourage, plus ou moins proche, dans trois catégories: professionnelle, personnelle et romantique. Alors que l’application a été élue la « plus détestée du web », les créatrices de Peeple ont tenté de remédier à la situation en modifiant le projet pour lui donner un aspect plus « positif ». Retour sur les pérégrinations de l’appli bad-buzz du moment.
Peeple, l’appli qui entend faire de vous un bien de consommation
 

Le projet initial de Peeple était de noter son entourage comme n’importe quel bien consommable que l’on trouve sur Internet. Ce parti-pris était d’ailleurs totalement assumé par les créatrices de l’appli. « Les gens font tellement de recherches quand ils achètent une voiture ou prennent ce genre de décisions, pourquoi ne pas faire le même genre de recherche pour d’autres aspects de notre vie? », déclarait Julia Corday dans une interview donnée au Washington Post. Une application censée améliorer et faciliter nos vies en nous évitant beaucoup de « mauvais » choix…
Une fois annoncé, le principe de l’application a été jugé révoltant par une large majorité d’internautes. Et ses premières conditions d’utilisations ne faisaient que l’enfoncer au plus profond des méandres du bad-buzz. Pour en citer quelques-unes, il était impossible de supprimer son nom de l’application une fois qu’il y était rentré. Les commentaires, positifs comme négatifs, pouvaient apparaître pendant 48 heures sans pouvoir être modérés par l’utilisateur. Le projet prévoyait également que les utilisateurs puissent créer un profil à n’importe quelle personne sans nécessité d’un accord préalable.
Aux côtés de la communauté Internet, les médias se sont également indignés face aux nombreux risques que pourrait comporter une telle application: l’exposition de la vie privée (aggravée pour les utilisateurs inscrits sans leur accord), le racisme, le harcèlement, une tendance à « l’objetisation » de l’humain ou encore la déshumanisation des rapports sociaux. Et cette indignation semble avoir payé.
Peeple 2.0, la « positive revolution »
 

Avant même sa sortie, l’application a déjà connu une mise à jour importante suite aux nombreuses critiques qu’elle a essuyées. Julia Cordray a néanmoins publié un communiqué sur Linkedin indiquant que l’appli avait toujours été « Positive Only ». Après ce post, les conditions d’utilisation ont pourtant été modifiées: personne n’apparaîtra sur Peeple s’il ne l’a pas décidé, et les commentaires devront être modérés par l’utilisateur avant qu’ils n’apparaissent sur son profil.
Ce revirement de situation semble montrer à la fois la puissance que peut avoir la communauté Internet lorsqu’elle exprime son mécontentement, mais aussi l’hypocrisie de la communication de Peeple. Julia Cordray déclarait en effet en août dernier, dans une vidéo de teasing (supprimée depuis), que l’application n’aurait pas grand intérêt si on ne pouvait y poster d’avis négatifs.
Il semble enfin que cette application soit la traduction d’un réel malaise social. Le but de l’application, dans sa version aseptisée, est ainsi défini par Julia Cordray: « Il s’agit de nous inspirer les uns les autres en partant du positif. Nous méritons tous de savoir qui sont les meilleurs parmi les meilleurs! C’est un feedback pour vous-même! ». Ce feedback, que l’on peut assimiler à un certain narcissisme et à de la self-admiration, nous laisse penser qu’il y a en réalité un cruel manque de confiance, à la fois en soi et en l’autre, dans notre société. Cette nouvelle version de Peeple, semble illustrer ce besoin d’être rassuré en permanence à propos de nous-mêmes et des autres au sein d’un climat d’incertitude et de méfiance.
Les réseaux sociaux peeplisés?
Si la grande majorité s’indigne face à Peeple, nous pouvons aisément dresser des parallèles entre l’application et nos utilisations habituelles des réseaux sociaux. D’une certaine manière nous les utilisons déjà pour nous noter et nous juger les uns les autres à coup de like Facebook et de commentaires sur Instagram. Il faut cependant bien noter une différence fondamentale entre ces réseaux sociaux et Peeple puisque le jugement n’est pas leur but premier, affiché et assumé comme il l’est pour Peeple. Et en tant qu’application uniquement dédiée à l’évaluation humaine, elle aurait sûrement tendance à rendre systématique des pratiques qui ne sont pour l’instant que diffuses dans notre utilisation des réseaux sociaux.
Peeple se veut être utile pour se renseigner sur les autres et évaluer notre intérêt à les fréquenter ou non. Une telle conception des relations humaines peut paraître choquante, pourtant nos pratiques sur Internet traduisent déjà cette volonté. Ainsi le « googling », avant ou après un rendez-vous par exemple, montre bien un désir d’en savoir plus sur l’autre avant de le connaître vraiment, comme si nous avions peur de la découverte pure et simple. Une telle pratique, et a fortiori une application comme Peeple, nous poussent donc à conserver nos préjugés en ajoutant un obstacle à la rencontre, et à se priver des surprises de la rencontre in real life.
Finalement, la proposition de Peeple serait de vivre dans un monde aseptisé où l’on ne se confronte plus aux autres mais où l’on choisit seulement ceux qui paraissent nous correspondre. Peeple, qui se veut une révolution positive et une application sociale, se révèle finalement un réel frein au lien social.
Clémence de Lampugnani
@clemydelamp
Sources:
http://www.blogdumoderateur.com/peeple-pivot-positive-revolution/ 
http://www.slate.fr/story/107641/peeple-application-noter-gens-terrifiante
http://www.presse-citron.net/peeple-lapplication-ou-lon-peut-noter-les-gens-fait-scandale/
http://www.bbc.com/news/technology-34446882
http://arstechnica.com/business/2015/10/yelp-for-people-app-if-it-exists-disappears-from-the-internet/
Crédits: 
Peeple
Twitter
 

Brice de Nice
Société

Clasher pour ca$her

Parce qu’à côté de Yann Moix, même le Kass contre Kass de Brice de Nice ne ferait pas le poids. Aujourd’hui, c’est bien connu, le clash télévisuel fait vendre et devient même l’essence de certaines émissions. Ces dernières semaines, le fameux talk-show « On n’est pas couché » animé par Laurent Ruquier a été en permanence l’objet des zappings et buzzs télévisuels.

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Culture

L'art de se réfugier dans les clichés

Une nouvelle polémique est venue irriguer, mardi 6 octobre 2015, le chapitre déjà controversé de l’accueil des réfugiés en Europe. Le hongrois Norbert Baksa, qui se définit lui-même comme « un photographe professionnel indépendant avec vingt ans d’expérience à son actif », est à l’origine de « Der migrant », clichés de mode sur le thème des réfugiés.
 

La réaction des internautes fût virulente et sans appel. Devant l’ardeur des condamnations de son travail, Norbert Baksa retira finalement les images de sa page internet et de son compte Twitter deux jours après leur publication.
De l’objet des médias à l’objet d’art
Depuis quelques mois, et a fortiori depuis le 24 août dernier, lorsqu’Angela Merkel a annoncé une souplesse sur l’ouverture des frontières de l’Allemagne concernant le cas des demandeurs d’asile syriens, les articles et reportages médiatiques au sujet des réfugiés prolifèrent.
Aussi le thème de l’immigration est-il omniprésent dans les médias, qu’on lise la presse, qu’on écoute la radio, qu’on regarde la télévision, et par conséquent il s’inscrit dans nos quotidiens.
Entendu en tant qu’objet investi par les médias, le thème des migrants soulève un paradoxe. S’il est légitime que les travaux de Norbert Baksa dérangent et offusquent les internautes, il reste compréhensible que la thématique des migrants soit source d’inspiration pour l’art, puisqu’au cœur des préoccupations actuelles (en admettant que les clichés en question soient de l’art). Comment comprendre cette tension ?
Art et politique, les amants maudits
En partant du postulat que le projet « Der migrant » appartienne bien au domaine de l’art, il est possible d’entendre les justifications que le photographe s’est donné la peine de publier sur son compte Twitter.

Norbert Baksa soutient que son travail met l’accent sur « la complexité de la situation et adopte un point de vue différent ».
Dans l’exemple de la photographie ci-dessous, on peut remarquer un décalage évident dans le choix des personnages. Le contraste est évident entre une délicate et fragile jeune femme, représentant une migrante, et un individu violent, symbole du l’ordre étatique.
La série de photos dérange surtout par ses contrastes manichéens entre le beau et le laid, le bien et le mal. Et ce sont précisément ces oxymores visuels qui permettraient de mettre en évidence « la complexité de la situation ».
 
 

« Ingrid, est-ce que tu buzz ? »
Le problème n’est pas le choix du thème des réfugiés, mais la manière discutable, et plutôt frivole, dont il est traité. La mise en scène d’une jeune femme, respirant la fraîcheur, en train de faire un selfie aguicheur, chemisier ouvert, devant une barrière barbelée à l’aide d’un téléphone portable qui porte le logo Chanel, n’a pu naître que d’un esprit conscient du tollé que cela engendrerait. Les situations sont si grotesques qu’elles transpirent la recherche du « buzz médiatique ».

Cinquante-deux millions d’immigrés*, et moi, et moi, et moi
On connaît la position radicale de la Hongrie à propos de l’accueil des réfugiés en Europe. Après qu’il ait construit un mur « anti-migrants » à sa frontière avec la Serbie, le premier ministre hongrois Viktor Orban a fait voter une loi autorisant les militaires à faire usage d’armes non létales sur les migrants.
Certes, les jolies ambitions que Norbert Baksa a affiché sur son compte Twitter, telles que « exposer la dualité des reportages des médias », « faire se rencontrer différentes opinions pour nous ouvrir l’esprit » semblent prôner un noble objectif de compréhension de la situation dans sa globalité. Mais dans ses clichés, on retrouve en fait le leitmotiv de la décadence et du repli national.
 

Il nous assure en effet que ses « photos sont la traduction des reportages qu’on peut voir dans les médias hongrois. Certains montrent bien des réfugiés qui s’enfuient pour une question de survie, tandis que d’autres exposent des migrants agressifs ou terroristes ».
La théorie du complot revisitée ?
Peut-être Norbert Baksa entend-il en fait dénoncer les abus de tous ces migrants calculateurs, qui se cachent sournoisement sous l’appellation « réfugiés », et s’infiltrent en Europe, uniquement dans le but de profiter de la prospérité économique européenne. Cette intention de dénonciation serait sous-jacente dans l’intitulé même de son projet. Alors qu’il prétendrait nous ouvrir les yeux sur une situation complexe, puisque les médias traditionnels n’auraient pas correctement rempli leur mission d’information à ce sujet, l’accusateur nomme naturellement son travail « Der Migrant ».
Mais l’emploi de l’article défini ne sous-entend-il pas précisément une généralisation, celle-là même qu’il ambitionne de combattre ?
 

Trancher entre hypocrisie ou recherche de buzz, voilà la « dualité » que semble suggérer Norbert Baksa à travers ses clichés, à prendre dans tous les sens du terme.
Aline Nippert
Linkedin
Sources :
* chiffre tiré d’un projet-événement d’Arte reportage, où « migrants » est pris dans son sens large de « nombre d’êtres humains qui sont contraints à vivre sur une terre qui n’est pas la leur » http://info.arte.tv/fr/refugies

https://twitter.com/NorbertBaksa?ref_src=twsrc%5Etfw
http://www.rtl.fr/actu/international/en-hongrie-les-militaires-sont-autorises-a-tirer-sur-les-migrants-7779808514

Crédit photos :
http://www.konbini.com/fr/tendances-2/en-images-shooting-mode-refugies-fait-polemique/

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BuzzFeed Badges
Publicité et marketing

Buzzfeed en mal de buzz

 
Il y a quelques jours, BuzzFeed fêtait les 1 an de son édition française. Nous vous avions déjà parlé de son arrivée par ici.
Il serait bien difficile de dire que sa présence sur la Toile française est une grande réussite. Au lancement de cette version, le site totalisait 300 000 visites tandis que depuis quelques mois son audience stagne aux environs des 400 000 / 500 000 vues, avec 7 834 followers et 14 840 abonnés à sa page Facebook. Rien de bien spectaculaire.
Fail Feed
Mais pourquoi un tel résultat alors que le site fait un carton outre Atlantique ? Il faut dire que la concurrence est rude du côté des sites d’infotainment nationaux avec Topito, Le Démotivateur, Konbini ou encore MinuteBuzz qui sont très bien implantés dans le paysage web français. Certains réalisent d’ailleurs des audiences remarquables : Le Démotivateur totalise à lui seul plus de 2 millions de visiteurs par mois ! Coup dur pour BuzzFeed… Mais quelle est donc leur recette au Démotivateur ? Selon son cofondateur, Michal Sikora, ils préfèrent se concentrer « sur les contenus [les] plus viraux, […] susceptibles de plaire à 1 millions de personnes ».
Et c’est là que le bât blesse. Du côté de chez BuzzFeed France, les gifs de chat, mème de la culture Internet, sont très peu partagés sur les réseaux sociaux français alors qu’ils sont très populaires aux Etats-Unis. Serait-ce donc un manque de prise en considération des particularités des internautes français ? Scott Lamb, vice-président chargé du développement international de BuzzFeed, s’en rend bien compte : « Les articles sur la nostalgie ou les animaux mignons sont cliqués mais pas partagés, les Français préfèrent la politique ou les particularités régionales ». Un certain chauvinisme français ne serait donc pas à négliger.
C’est donc le serpent qui se mord la queue : les articles qui sont peu partagés sur les réseaux sociaux ne permettent pas au site d’augmenter sa visibilité. En effet, il faut souligner que plus de 75% des vues de BuzzFeed proviennent des réseaux sociaux. Ces derniers se révèlent d’une importance capitale pour ces sites d’infotainment étant donné qu’ils vivent grâce au phénomène de viralité.

Feel cool
Pourtant chez Buzzfeed, on préfère relativiser les résultats. La preuve en est dans les interviews accordées à différents médias comme L’Obs ou encore Le Figaro.fr. Scott Lamb et Marie Telling, rédactrice en chef de la version française, expliquent en effet chacun de leur côté qu’ils ont voulu se laisser du temps pour appréhender ce qui fonctionnait dans l’Hexagone et en déceler les caractéristiques des internautes français : « nous commençons par étudier la manière dont les réseaux sociaux sont utilisés sur ce marché. Et c’est beaucoup plus facile à faire avec des contenus légers et universels, qui parlent à plein de monde. Avant de s’attaquer à la « vraie » actualité, nous voulons d’abord bien connaître le pays. »
Par la suite, l’équipe va être renforcée, notamment en recrutant des journalistes basés à Paris, afin de concocter des contenus plus spécifiques aux frenchies et réaliser des reportages produits en exclusivité pour le public français. Certains articles longs formats produits aux Etats-Unis vont également être adaptés et recontextualisés à destination de la France, afin que les lecteurs puissent mieux cerner la teneur des contenus. Toutefois, cette glocalisation* des contenus n’est pas nouvelle pour Buzzfeed qui avait déjà adapté ses articles pour des pays tels que l’Espagne, le Brésil ou encore le Royaume-Uni.
La critique serait-elle donc trop sévère ? La montée en puissance du site serait, selon ce que BuzzFeed voudrait nous faire comprendre, une question de temps, d’analyse et d’adaptation. Oui, certes. Mais n’est-il pas plus difficile de redorer la réputation d’un site de lol quand ses articles ne sont pas très populaires à l’origine ? Alors, le buzz sera-t-il pour demain ?
 
*glocalisation : le fait d’adapter un produit ou un service selon le lieu de point de vente
 
Hélène Hudry
 
Sources :
Journal du net
L’Obs
Le Figaro.fr
Ina global
Crédits photo :
adambraun.com
guizmodo.fr