Culture

Tarantino déchaîné

 
N.B. : Cet article risque de décevoir les cinéphiles. On parle communication ici.
On connaît tous Quentin Tarantino à l’aune de ses films déjantés, violents et colorés, que l’on a vus, revus, ou peut-être jamais vus (d’ailleurs, il serait peut-être temps d’aller y jeter un coup d’œil). Néanmoins, on méconnaît encore Tarantino le communicant, celui qui a su, tout au long de sa prolifique carrière (depuis ses  premiers scripts réalisés par d’autres jusqu’à la sortie de son tout dernier film, Django Unchained, le 16 janvier) jouer avec son propre personnage et le contenu de ses films pour faire parler de lui et promouvoir de facto ses œuvres. Un bel exemple de personal branding que nous allons essayer d’analyser ici.
 
Un acteur raté, un cinéaste né, un communicant doué
 Il faut le dire, Tarantino semble avoir un don pour se saisir des médias et faire parler de lui, ce qui sert évidemment la promotion de ses films. Acteur raté (en 1998 il monte sur les planches de Broadway pour jouer un gangster sadique, mais se fait doublement conspuer par la critique, pour sa prestation et pour le succès mitigé de son film Jackie Brown), il a néanmoins un certain talent pour jouer la comédie et mener les médias par le bout du nez. Pourtant, ce n’est pas un personnage réellement charismatique, quoique l’on puisse en dire, mais il fait preuve devant les caméras et les journalistes d’une impudeur et d’un narcissisme qui font de lui un bon client médiatique et un bon communicant. Il aura su se créer un personnage, en adéquation avec sa filmographie, et dont il est en fait le faire-valoir : un homme haut en couleurs, connu pour ses sautes d’humeur, une star de l’industrie du cinéma que l’on attend avec impatience de voir apparaître quelques minutes dans chacun de ses films. Réfléchissez-y quelques instants : quel autre réalisateur a ce statut de star cinématographique (et qui n’est pas lui-même un acteur) ? Bien sûr, on aime à dire que l’on va voir un film de Haneke, que l’on a vu tous les Leone ou les Godard, mais aucun de ceux-là n’ont réussi là où Tarantino a triomphé : créer une « marque » associée à leur nom.
 
Un as de la promo
Avant tout, Tarantino est un maître de l’auto-promotion, du personal branding. Pour se défendre auprès de ses détracteurs qui critiquent son amour pour le feu des projecteurs, il a choisi de les placer face à un simple constat : quand un acteur est amené à parler de son film (et qu’il en fait donc la promotion « cachée »), on ne lève pas les boucliers aussi promptement. Néanmoins, on peut affirmer de manière certaine qu’aucun cinéaste n’a son attitude sous les projecteurs : le personnage Tarantino aime communiquer sur ce qui ne semble pas en rapport avec ses films (sa vie privée, son amour pour la pop culture, son opinion sur le cinéma), mais qui au fond, n’est qu’une stratégie pour occuper l’espace public et médiatique. Quand les autres voient sur le court-terme, lui recherche l’occupation à long terme. Résultat, on ne voit que lui. Depuis le 7 juin, jour de la sortie du teaser de Django Unchained, et jusqu’à  aujourd’hui, la presse et les médias ont multiplié les dossiers, reportages, rétrospectives à son propos. Une campagne de communication comme les autres me direz-vous. Pas tant que ça. Ce serait oublier que Tarantino avait multiplié les déclarations au cours des deux dernières années, évoquant son rêve de réaliser un western spaghetti, sauce Sud esclavagiste, toujours en restant assez vague, mais en donnant assez d’éléments pour que nous en redemandions. Évidemment, cela a mis l’eau à la bouche de beaucoup, et laissé perplexes certains. Mais le stratagème avait marché, et nous étions dorénavant, au mieux, en attente de nouvelles informations, au pire, au courant d’une prochaine sortie du réalisateur du mythique de Pulp Fiction.
 
Des polémiques à l’image de sa filmographie : presque ridicules, toujours alléchantes
Avant même la sortie de Django Unchained sur nos écrans, la polémique faisait rage dans les médias. Ce bon vieux Spike Lee, revenu à la charge contre Tarantino (il l’avait déjà vivement critiqué pour l’utilisation trop prolifique du mot « nigger » dans son film Jackie Brown en 1997), clamait sur Twitter et dans la presse son indignation au vu du traitement de la question noire, qu’il qualifie d’holocauste, dans Django.
 
Certes, on ne peut lui reprocher sa sensibilité sur la question, mais il a ainsi nourri le moulin à eau de Tarantino ; celui-ci, un peu excédé d’avoir à se répéter à chaque nouvelle sortie, a perdu son sang froid face au présentateur britannique Krishnan Guru-Murthy après que celui-ci lui ait demandé s’il n’y avait aucun lien entre aimer la violence à l’écran et l’aimer dans la vie réelle. Ce qui a peut-être été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est la commercialisation de figurines à l’effigie des personnages principaux du film, et qui prouve de façon plus ou moins grossière que Django est aussi un prétexte au marketing pur et dur, ou du moins que le marketing pénètre de plus en plus la sphère artistique.
 
Une fiction pas si pulp
Cependant, le système de la « marque » Tarantino a aussi ses limites, comme le dit si bien Vincy dans son article sur le site ecrannoir.fr : « À force de tout régenter en faisant de chaque sortie une machinerie marketing, centrée autour de lui-même, le réalisateur, qui n’est pas Orson Welles, risque de devenir davantage un Godard caricatural ».
C’est vrai, Tarantino, dès 1997, a rapidement saturé les médias. Et Vincy de renchérir : « À force de multiplier les casquettes et de diluer la qualité dans la quantité, le phénomène dont il était l’épicentre est devenu une tornade à hauts risques. » Mais avec Kill Bill en 2003, Tarantino revient au centre de l’attention, et malgré quelques baisses d’affection (période Inglorious Bastards), la marque Tarantino n’est pas prête de quitter les esprits. Jusqu’à ce que Tarantino se retire lui-même du circuit ? Il l’a en tout cas annoncé : il ne fera que dix films. On a donc encore de beaux jours devant nous pour observer cet énergumène médiatique, génie du cinéma et héraut de la culture moderne.
 
Laura Garnier
Sources :
Le portrait de Tarantino sur Écran Noir
Quentin Tarantino préparerait un western spaghetti sur Slate
Quentin Tarantino, le Luc Besson américain ? Sur Films Actu
Polémique : Django Unchained, le dernier Tarantino, est-il raciste ? sur Slate
 

Culture

Le pouvoir communicatif de la bande-annonce

Pleinement intégrée dans notre quotidien, la bande-annonce est un outil de communication qui produit une réelle influence sur son audience. Analyse.
Comme base de cet article, le box-office français de 2012: Intouchables, Sur la Piste du Marsupilami, Astérix, Le Prénom, La Vérité Si Je Mens 3. La bande-annonce est l’outil publicitaire de base d’une bonne action communicationnelle autour d’une sortie prochaine en salle.
 
Fais ce que tu veux: ne lésine pas sur la crème !
Comme le khâgneux qui hésite à tout mettre dans son introduction de peur de griller toutes ses cartouches, tu dois choisir les meilleurs moments de ton film sans tout donner pour autant. Alors oui, tu vas mettre la meilleure blague d’Omar, la punchline de Patriiiiiick Bruel et la larmichette de Marion Cotillard.
Voici la construction de la bande-annonce du Marsupilami: un plan pour présenter le cadre : musique latine et plages exotiques ; l’Amérique du Sud. L’acteur principal, Jamel Debbouze. La situation initiale donc. Une blague! Puis l’élément perturbateur. Ensuite le début de la quête : Chabat et Debbouze sur un bateau. Une autre blague. Le méchant. Les péripéties : gros plan sur la fille restée au pays, mais aussi les tribus effrayantes, les bêtes sauvages. La brochette d’acteurs passée au peigne fin: Jamel Debbouze, Alain Chabat, Fred Testot, Lambert Wilson (déjà là on se dit “waaaaouw le casting, trop cool”), Géraldine Nakache, Patrick Timsit. Puis du bruit, des pleurs, des rires, un crachat de lama, des rires et à la toute fin: le fameux marsupilami! Pour finir, tu colles ce qu’on appelle un “carton” (d’invitation): “Au cinéma le 4.4.12 partout même en Palombie”.
Il n’est pas si fou de se demander si le matériel cinématographique, comme certaines catch-phrases ou scènes originales et hilarantes, n’est pas pensé en fonction d’une optimisation de la bande-annonce. Les premiers mots de la bande-annonce du film Le Prénom avec Patrick Bruel confirmeraient cette hypothèse: “La vie est dure parfois, vous avez eu une journée fatigante, des rendez-vous à la chaîne, des heures dans les transports en commun, c’est bon de se retrouver en famille.” Adresse directe au spectateur, promesse de détente, de bien-être et intégration du public dans l’intrigue.
 

 
Fais comme tu veux : l’essentiel c’est de vendre ton film comme un petit pain
Contrairement à une idée reçue, la plupart des bandes-annonces ne sont pas réalisées par les studios mais par des sociétés spécialisées comme « Bande-Annonce Productions ». On nage en plein advertainment qui mêle message publicitaire et moment ludique. La bande-annonce souligne tous les points forts et les atouts d’un film: le casting, le cadre, le réalisateur, le scénariste, les partenaires médias et j’en passe. S’il s’agit d’un deuxième ou d’un troisième volet, on cible ce qui a fait le succès des premiers films. Ainsi la bande-annonce de La Vérité si je mens 3 est une compilation de toutes les fois où les acteurs lancent leur fameux “La vérité!”. Le spot du dernier Astérix fait quant à lui, une énième allusion, à l’interdiction d’Obélix de prendre de la potion magique.
 
Où tu veux : l’impact de la bande-annonce diffère selon le lieu de visionnage
Au cinéma, c’est l’occasion d’offrir aux spectateurs une petite revue de l’actualité cinématographique du moment. D’ailleurs, qui n’a jamais commencé ses pop-corn à ce moment là? Les producteurs profitent, intercalent leurs spots promotionnels entre la publicité Ben & Jerries, que tu connais maintenant par cœur, et les spots Miko et M&M’s. Alors lorsqu’une bande-annonce arrive, on se réjouit, on rit plus que d’habitude, on s’émeut plus facilement. Bref, on joue la comédie. Ici, tu cherches à attraper les gens qui se déplacent au cinéma, à donner des idées pour une sortie prochaine.
 
À la télé, c’est l’occasion de s’insérer dans un programme de divertissement type “Les Enfants de la télé” ou “Le Grand journal”. Omar Sy et François Cluzet y font un petit speech de deux minutes puis la bande-annonce met tout cela en image. À ce moment là, le spectateur ne distingue plus vraiment la publicité cinématographique car elle s’inscrit dans son émission du samedi, elle fait partie du show. C’est d’ailleurs pour cette raison que la plupart des bandes-annonces diffusées à la télévision sont des comédies : pas question de miner le moral du spectateur. Ici, tu cherches plutôt à toucher le grand public.
 
 

 
Et puis, il y a la toile, énorme espace de communication cinématographique où la bande-annonce devient virale, où elle peut provoquer le buzz des mois avant la sortie du film en salles. Elle est également accompagnée de trailers.
Commence d’abord sur Allociné et après tu innoveras. L’idéal de la communication online est de créer une communauté d’internautes au sens large, qui va être la première représentante du film. Ici, tu cherches à toucher des porte-paroles et des ambassadeurs de ta marque et de ton film.
 
La bande-annonce est donc devenue un moyen de soutenir son film avant et après la sortie en salles. Elle est faite pour tenir toute seule et constitue une véritable réalisation qui s’adresse au plus grand nombre. Représentative du film, elle doit donner envie de passer à l’acte de consommation. Mais son objectif actuel est quand même de comptabiliser le maximum de vues sur Internet.
À quand une cérémonie pour récompenser les meilleurs spots?
Steven Clérima
 
Sources
Revues
PINO Michaël, Pourquoi est-on déçu par un film au cinéma ? Microsociologie et typologie de la déception, éditions Connaissances et Savoirs, 2008, p.42.
VIVIANI Christian, Entretien avec Axel Brucker, Evolution de la bande-annonce, dans Positif, n° hors-série « La bande annonce », octobre 1996, p.3.
 
Web
http://www.labande-annonce.fr/news/lart-de-la-bande-annonce-loutil-marketing-quest-la-bande-annonce-au-cinema-est-en-train-au-fil-des-ans-de-gagner-ses-titres-de-noblesse/
http://www.culturecrossmedia.com/digital-marketing/comment-susciter-la-curiosite-des-fans-pour-assurer-la-promotion-dun-film-serie/
http://alterrealites.com/2011/09/14/la-bande-annonce-une-approche-du-voirmontrer-1/
 

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Affiche du film Would you have sex with an arab - sortie en 2012
Culture

Would you have sex with an arab ?

 
Si vous avez emprunté le métro ces dernières semaines, vous avez certainement été frappé par ces quelques mots qui ornent l’affiche du film de Yolande Zauberman « Would you have sex with an arab ? ». Au-delà du titre d’un film, il s’agit d’une véritable interpellation, d’une invitation à la réflexion. Et vous, est-ce que vous coucheriez avec un arabe ?
On dénote un certain malaise dans ces mots, un tabou, un interdit. La réalisatrice ne pose pas la question « avez-vous déjà couché avec un arabe ? » ou « vous est-il déjà arrivé d’entretenir une relation amoureuse avec un arabe ? ». Non, elle emploie le conditionnel « would you », « est-ce que vous le feriez ? » pour mettre en évidence une impossibilité, une improbabilité, en quelque sorte une barrière comme si le fait de faire l’amour avec un « arabe » tenait de l’extraordinaire. Cette question résonne un défi, comme une interrogation existentielle : si nous nous trouvions dans cette situation est-ce que nous dépasserions l’interdit ?
Aujourd’hui en Israël, un individu sur cinq est arabe. Un million cinq cent mille arabes vivent en communauté avec la société juive-israélienne, sans en être séparés par un mur. C’est dans ce contexte, où la formation de couples mixtes est presque considérée comme un crime, que Yolande Zauberman interroge de jeunes juifs de Tel-Aviv, mais aussi des arabes israéliens sur la possibilité d’un rapport sexuel avec un(e) arabe (et inversement un(e) juif(ve)). On se rend compte que le conflit israélo-palestinien est partout, qu’il s’immisce même dans la chambre à coucher qui est lieu de l’intime.
La finalité de la question n’est en fait plus de savoir si effectivement ces israélien(nne)s pourraient entretenir des rapports sexuels avec des arabes, mais plutôt d’interroger profondément la manière dont la question est perçue. On cherche à comprendre le sens de la question pour le récepteur : qu’associe-t-on au mot « arabe »  (et inversement au mot « juif »)? Il apparait clairement dans le film que souvent, dans la société israélienne, ces termes renvoient à l’idée de l’ «ennemi », de  « l’envahisseur », de l’ « autre ». Et pourtant, on ne fait pas l’amour à une représentation mais à une personne. On dématérialise ici l’humain, l’individu et on le renvoie à une idée, un imaginaire que l’on se fait de l’autre, qui dans ce contexte, apparait indissociable de l’identité. Une jeune juive israélienne exprime cette idée de manière triste mais quelque part touchante lorsqu’elle raconte son expérience « quand je l’ai fait, c’est comme si je faisais la paix avec un peuple. Je n’ai pas pu une seule seconde oublier qu’il était Palestinien. C’était purement politique, le coup le moins érotique de toute ma vie ».  La diversité des sens de cette question génère la diversité des réponses qui tient sur la manière dont les jeunes font l’expérience du conflit.
Il n’est pas anodin que ce film nous soit présenté ainsi de manière provocante, car au-delà de la situation au Moyen-Orient, il s’inscrit dans un contexte de tensions déjà existantes pour ceux qui veulent réfléchir en termes de séparation, entre « you » et « the arab ». Elle nous interroge sur notre représentation de l’autre, sur les barrières et les tabous qu’elle nous impose et son influence sur notre manière d’envisager le rapport avec l’autre de manière universelle.
 
Camélia Docquin

Image du film de la sécurité routière sorti début 2012 par Publicis Consultants sur les dangers de la route
Publicité et marketing

Un conducteur choqué en vaut deux

Voici le troisième volet d’une campagne en 3 temps menée par la Sécurité Routière, toujours bien décidée à nous rendre plus responsables ! En effet, même si le nombre de tués baisse d’années en années en France, elle n’en reste pas moins un des pays les plus concernés par les accidents de la route (encore 3 970 accidentés en 2011). C’est pour cette raison que la Sécurité Routière continue son travail et investie aujourd’hui dans des campagnes toujours plus transmédia. Il est donc possible de voir un nouveau film à la télévision depuis janvier, au cinéma depuis le 1er février, ainsi que sur facebook, sur msn et sur youtube (sans parler des relais média gratuits).
Après « Insoutenable » et ses 3 millions de vue sur Youtube en 2011 :

Et le film « électrochoc » décembre dernier :

Voici donc le premier film de Publicis Consultants pour l’organisme : 45 secondes pour « réveiller les consciences » et rappeler les principales causes des accidents de la route. Ce film fait partie d’une nouvelle campagne de sensibilisation demandant à chacun d’être acteur de la sécurité routière avec ce message « Tant qu’il y aura des morts…il nous faudra agir pour une route plus sûre ». Découvrez, en noir et blanc, 45 secondes d’images réelles mêlées à des images de fictions plus poignantes les unes que les autres :

Pour soutenir le film, l’agence a également prévu un espace de dialogue sur ce site. Le tout formant une campagne numérique conséquente.
 
Marion Mons
Sources :
©Le Parisien – ©Stratégies – ©Sécurité Routière – ©Publicis Consultants – Communiqué

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Société

Detachment

Henry Barthes (Adrien Brody) est un jeune professeur d’anglais remplaçant. Chargé d’élèves plus que turbulents d’un lycée difficile de la banlieue new yorkaise, c’est dans un environnement hostile qu’il fait son apparition. Dans cet établissement, il fait la rencontre d’une proviseure à bout de nerfs et de profs désarmés devant le désintérêt flagrant des élèves, mais également celui du gouvernement américain qui a littéralement abandonné sa mission éducative.
« Jamais je n’ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde », une phrase d’Albert Camus reprise dans le film pour illustrer la position de détachement adoptée par ce professeur qui refuse de s’engager dans une cause perdue d’avance mais qui continue son combat dans l’espoir d’atteindre ces élèves qui ont délaissé les bancs de l’école pour leur rêves de richesse et de célébrité.
Henry Barthes (la référence à Roland Barthes est évidente) donne désespérément cours devant une classe virtuellement vide : des élèves qui ont métaphoriquement quitté la salle de classe par démotivation, manque d’intérêt ou tout simplement par réalisme concernant leur avenir et se sont réfugiés dans la violence verbale, la recherche de l’affrontement et la recherche des plaisirs instantanés.
Les professeurs, qui ressentent un véritable sentiment d’impuissance et d’abandon, se battent pourtant et refusent de déposer les armes. Par des moyens tout aussi brutaux que la violence morale à laquelle ils sont confrontés chaque jour, ces professeurs tentent de ramener leurs élèves à la raison, comme on peut le voir dans le passage où Lucy Liu annonce à une adolescente insouciante dont la moyenne est en chute libre, le futur sordide et dérisoire de pauvreté et de misère auquel elle – comme tous les autres – est destinée si elle ne se ressaisit pas. Encore une fois, on lit le désespoir de cette conseillère d’orientation qui se sent inutile face à cette jeunesse stoïque et impassible.
L’école américaine est en ruine, c’est le message porté par cette image sur laquelle se termine le film de Tony Kaye : une école qui s’effondre sur elle-même par l’absence de soins malgré les symptômes persistants qui n’ont cessé d’être dénoncés. Le gouvernement américain a complètement abandonné cet aspect de la politique pourtant primordial pour l’avenir du pays. Obama avait lui-même  déclaré qu’il ne fallait négliger « cette priorité nationale qu’est l’éducation, essentielle pour l’avenir de la nation ». « Détachment » montre la défaite d’un système scolaire américain dans lequel la jeunesse a perdu toute confiance et tout espoir de s’en sortir. Une problématique de l’éducation qui nous concerne nous Français aussi. Quels individus voulons-nous former pour prendre la relève demain ? Quelles chances donnera-t-on à nos enfants ?

En 2009, l’administration d’Obama a mis en place le plan d’action American Recovery and Reinvestment pour répondre à la crise économique actuelle. Ce plan a pour but de relancer la croissance par l’emploi en s’attardant notamment sur l’éducation. En effet, selon le Président Obama, pour que les États-Unis se relèvent de la crise, tous les citoyens doivent faire des études supérieures adaptées au marché du travail et le pays doit devenir le premier au monde dans l’achèvement des études secondaires et supérieures. En 2009, selon un rapport de l’OCDE, les Etats-Unis ont été classés au 16ème rang des pays de l’OCDE pour le taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement secondaire dans la population en âge typique de l’obtenir. C’est pourquoi 100 milliards de dollars du budget ont été alloués à l’éducation afin d’améliorer les conditions d’enseignement dans les collèges, lycées et universités, en particulier dans les établissements publics à faibles revenus, ainsi que pour venir en aide aux familles les plus en difficultés. Il reste à voir la portée de cette nouvelle action (en 2002 George Bush avait lancé le plan No Child Left Behind dont le bilan reste contrasté), le monde du cinéma avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 1995 avec « Esprits Rebelles » de John N. Smith.
« Detachment » n’est pas sans rappeler le film récompensé par le Festival de Cannes en 2008 « Entre les murs » qui avait dressé un constat similaire, quoique moins dramatique mais pas pour le moins alarmant de l’école « à la Française ». Deux films à portée commune d’une véritable crise universelle de l’éducation qui se profile en ces temps difficiles et qui en appelleront certainement d’autres si les mesures prises ne se révèlent pas efficaces.
 
Camélia Docquin

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Affiche du film Chronicle sorti en février 2012
Culture

Hommes Volants Non Identifiés à New-York

Une attaque d’hommes venus d’une autre planète ? Non non, pas de panique il s’agit simplement de la promotion du film Chronicle qui sort le 22 Février prochain sur nos écrans.

L’illusion est saisissante et l’effet garanti, certains habitants de New-York ont d’ailleurs réellement cru à une attaque. L’affiche de cinéma classique ne suffisant plus à promouvoir un film, ces publicitaires ont voulu aller plus loin, beaucoup plus loin. Et ça marche : plus de 600.000 visionnages sur Youtube en une seule journée. Les méthodes pour diversifier la communication promotionnelle de tous types de produits n’ont pas fini de nous surprendre…
 
Héloïse Hamard

Alice au Pays des Merveilles - le fim en noir et blanc
Culture

"Il importe fort peu que la ruse et l'artifice soient connus de tous" Baudelaire

C’est toujours intéressant de combiner deux éléments. C’est commun, tout le monde fait ça. Tout le temps, pour tout. On expérimente, on essaie, on mélange. Et puis, on voit.
Alors quand on mélange deux choses qui, à priori, n’ont rien à voir l’une avec l’autre, pour peu qu’on soit un peu curieux, c’est d’autant plus intéressant. C’est ce qu’il m’est arrivé en allant voir l’exposition Trompe l’Oeil au musée des Arts Décoratifs quand dans le métro du retour je me suis trouvée nez à nez avec l’affiche de promotion du film « Tahrir, Place de la Libération » de Stefano Savona.
Sans ironie -jamais !- j’ai réalisé que je ne voyais pas de véritable coupure sémiotique avec cette exposition que je venais de quitter.
En effet, c’était seulement le deuxième film dont j’entendais parler qui traitait du Printemps Arabe alors qu’on pouvait considérer qu’il était toujours en cours.
Rien de choquant ? On médiatise, on informe. Ben voyons.
Assise sur un strapontin, une minute et les portes se referment, tout juste le temps pour moi de repenser à ceux qui nous conseillaient d’apprendre à changer d’optique. Il ne s’agit pas ici d’Alain Afflelou mais bien d’Alice et de Buñuel.
« You must close your eyes… otherwise you won’t see anything. » qu’elle disait, la petite. Buñuel semblait préférer utiliser la manière forte, rapide et efficace : couper l’œil directement. En vérité, c’est seulement qu’Alice n’avait pas le droit de jouer avec les couteaux.
Derrick a guidé mes pas jusqu’à Google : « Tahrir, Place de la Libération ». Play sur la bande annonce. Bien, c’est un documentaire. « C’est une chronique au jour le jour de la révolution, aux côtés de ses protagonistes. »

Si l’intention est louable et que je n’ai même pas encore vu le film, quid de l’objectivité d’un film tourné par un étranger dans un pays qui bouillonne ? Et surtout quid de la parole de tous ceux qui n’ont pas sur place les moyens de tourner un véritable documentaire ?
Premiers questionnements pleins d’à-priori… Ce n’est pas très Celsa, tout ça.
Je continue mes recherches ; un autre film est sorti sur un sujet proche « Fleurs du Mal » de David Dusa. Cette fois, on nous raconte une belle histoire.

C’est Père Castor en Iran ? J’ai peur. Je laisse la bande annonce se terminer. C’est peut-être un bon film, en vérité…
Ma nouvelle question n’est même pas là : ce film a utilisé de vraies séquences tournées avec des téléphones portables. Que cherche t-on à démontrer ? Dans quelle mesure ces vidéos « clandestines » sont-elles plus vraies que celles que l’on nous montre au 20h ? Et plus vraies que les films documentaires ? Qui sont ceux qui possèdent ce type de téléphones dans ces pays ? Comment vit-on la révolution chez les populations plus reculées que celles des villes, celles qui n’ont pas de téléphone ? S’en préoccupe-t-on ?
Et puisque tout devient confus : peut-on mettre en rapport les ombres et lumières utilisées dans les illusions d’optique et ceux que l’on choisit de mettre dans l’ombre ou dans la lumière en nous montrant ces révolutions ? La lentille de la caméra n’est-elle pas le premier prisme qui ne peut nous faire voir qu’une seule vérité à la fois ? Jouets optiques et jeux de miroirs ne manquaient pas aux Arts Déco…
Qu’est-ce qu’une illusion sinon un substitut pour convaincre ? Le montage est-ce la distorsion de l’image ? Devient-elle la « projection monstrueuse » dont parle l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ou « la capacité à émerveiller » ? Comment parler objectivement d’un événement qui n’est pas terminé ? Pense-t-on seulement aux conséquences que pourraient avoir ces pré-jugements ? Peut-on décemment mélanger marketing culturel et guerres civiles ? Si oui, où s’arrêtent la fiction et l’information ?
Après quel lapin blanc courent tous ceux qui cherchent à enregistrer et montrer les évènements actuels ? Et ceux qui cherchent à se les procurer?

 
Aurélia Guechi

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Orgasme de Jim dans American Pie
Culture

Le cinéma français fait sa crise

En décembre dernier, plusieurs journaux annonçaient que le groupe Quinta Industries, entreprise de post-production audiovisuelle de nombreux films français tels que Astérix et Obélix au service de Sa Majesté, ou La Vérité si Je mens 3, était en faillite. La sortie dans les salles de ces films s’en voyait donc très compromise, bien que certains films avaient déjà commencé leur campagne de communication, comme La Vérité si je mens 3, dont les affiches sont visibles partout dans la capitale.
En réalité, plus de 61 films étaient concernés par cette crise.
Le 2 janvier dernier, Le Figaro publiait un article sur son site web pour annoncer que plus de la moitié de ces films avaient déjà « résolu leur situation positivement ».
L’article annonçait également la mise en place d’une réunion le 9 janvier afin de discuter de la situation avec les organisations professionnelles du secteur, toutefois aucune information n’est sortie sur les résultats de cette réunion.
Mais cette situation soulève un problème de fond qui a été identifié dès la seconde moitié de 2011, et pas uniquement en France. En effet le cinéma américain se trouve dans une crise similaire.  L’année dernière, la fréquentation des cinémas avait chuté de 10% au premier trimestre en France. Elle a certes fini par atteindre un record fin 2011, tirée par les films français Intouchables et Rien à déclarer par exemple, ainsi que la sortie d’autres franchises très attendues (Harry Potter et Tintin pour ne nommer qu’eux). Mais d’autres films se sont révélé être décevants en termes de résultats. Des superproductions comme Reel Steel n’ont pas crée l’engouement attendu, et cela est révélateur d’une tendance : les « Blockbusters » (les films à très gros budget) marchent moins. La fièvre de la 3D amorcée par Avatar n’a pas séduit les publics à la hauteur des espérances des producteurs. Au final, ce sont les films à budget plus timide qui ont su gagner le cœur des spectateurs.
Ce constat peut être fait également pour Hollywood. Durant les années 2000, les producteurs américains ont décidé de ne plus juger que par les franchises et les suites à répétitions. Les succès du Seigneurs des Anneaux et des premiers Harry Potter ont très probablement donné envie à toutes les maisons de production américaines d’avoir leur part du gâteau. Mais si l’on regarde les films qui ont le plus marqué la fin des années 2000, ce ne sont pas les plus gros budgets. En ce qui concerne les récompenses, on observe que des films comme Le Discours d’un Roi, ou même Slumdog Millionaire ont été largement préférés par les critiques et les professionnels du cinéma. En France les exemples ne manquent pas non plus. En 2008 sortait Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques, qui est passé presque inaperçu, et s’est vu voler la vedette par des films comme La Môme ou Le Scaphandre et le Papillon.
Plus récemment, le cinéma américain s’est pris d’affection pour The Artist, tout juste récompensé de 3 Golden Globes.
Alors, est-ce la fin des superproductions débordantes d’effets spéciaux et aux castings regroupant plus de superstars qu’un magazine people ?
L’enjeu est de taille, surtout quand on sait que beaucoup de films prévus pour 2012 sont des suites, comme le nouveau American Pie (prévu pour mai 2012) ou le troisième volet de Men in Black (prévu en mai également), pour ne citer qu’eux. Dans le cinéma, le flop n’est jamais là où on l’attend.
 
ER
 
Crédits photo : ©Universal Pictures

Shame
Culture

SHAME, ou comment raconter l’indicible ?

Parler de la honte est un pari difficile à relever. Par définition la honte semble être ce qui ne se raconte pas, ce que l’on tait, ce qui ronge de l’intérieur et qui malheureusement sans que l’on puisse l’éviter, finit toujours par s’extérioriser, se manifester physiquement : on rougit de honte, on sue, on tremble, on évite les regards. C’est bien parce qu’il est difficile de parler de la honte que la première parole prononcée dans Shame n’intervient qu’après un bon quart d’heure, que la plupart de la communication est corporelle, violente, bestiale. En effet, si on analyse brièvement la manière dont les deux protagonistes (Brandon et Sissy) dialoguent, une bonne partie se fait dans les cris, les hurlements, les coups portés à l’autre et à soi-même.
C’est ainsi que pour son deuxième film, Steve McQueen a décidé de mettre en scène un sujet qu’on qualifie aisément de tabou : l’addiction sexuelle (ou peut-être simplement la sexualité). L’affiche donne à voir un drap bleu recouvrant le corps nu du héros dont la main tend à se glisser au-dessous. Le drap cache ce que l’on ne saurait afficher et qui pourtant ici est à l’affiche, et la couleur bleue vient jouer le rôle de vernis de civilité. C’est la bienséance affichée, c’est la vie cliniquement approuvée : l’appartement de Brandon est bleu, gris, sobre, impeccablement rangé, presque inhabité ; Brandon s’habille dans les mêmes tons, avec une apparence soignée, insoupçonnable. Le drap, le bleu agissent donc bien comme une carapace opaque. A l’inverse, la couleur ocre, jaune, lumineuse intervient dans toutes les séquences où le héros perd sa maîtrise et entame sa ronde de coïts infernaux.
L’affiche met également l’accent sur le titre, court, sans appel. Certes il reste dans la tonalité de Hunger (premier film du réalisateur) mais est problématique puisqu’il convoque immédiatement la morale dans le traitement de la sexualité. Car le problème est bien là : pas de honte sans morale, pas de fou, de malade, de taré, de sexopathe sans jugement normatif, c’est-à-dire socialement établi. En somme pas de honte sans sentiment de faute, et pas de faute sans instance morale pour distinguer le bien du mal. Or s’il y a un domaine qui est normé, c’est bien celui de la sexualité. Dans le film, on distingue très clairement la sexualité saine de la sexualité maladive, perverse, animale. Il y a l’adultère bourgeois du patron de Brandon, propret, qui se fait à porte fermée. Et à l’opposé, la sexualité monstrueuse, pathologique, sans âme ni sentiment, qui annihile toute part d’humanité, qui confère à Brandon un regard lubrique, des gestes primaires et une bestialité mécanique. Mais là où Steve McQueen est fort, c’est qu’il montre déjà que le premier type de sexualité est tordu, Sissy (la sœur de Brandon) et le patron copulent allègrement dans le lit du frérot qui, dans la pièce à côté, entend tout et en est excité. L’adultère bourgeois nourrit la bête et semble, par procuration, ouvrir la porte à l’inceste de tragédie grecque.
Parler de la monstruosité au cinéma, de la perversité, de l’anormalité n’est pas nouveau. On peut penser aux Freaks de Tod Browning, à l’assassin pédophile de M Le Maudit, à l’adolescent perverti d’Orange mécanique. Mettre en scène la monstruosité est un exercice de style pour les cinéastes, mais qui s’est toujours accompagné d’un discours sur le jugement moral. Le pire des freaks, c’était bien la belle Cleopatra qui épousa un nain pour son argent ; le héros de Fritz Lang hurle que personne ne peut comprendre ce qui se passe dans la tête d’un monstre, que personne n’est habilité à condamner sans comprendre ; les soins administrés au jeune Alex de Stanley Kubrick semblent aussi barbares que ses virées nocturnes entre droogs. Si on retrouve dans ces films un double discours, c’est parce que, quand la morale traditionnelle n’est pas contestée, quand on ne sent pas le besoin de la renouveler, la réflexion languit. Et c’est le problème de Shame. A aucun moment on ne doute que la libido encombrante de Brandon soit une maladie et que, pour cela, il doive être puni. Ce qui pourrait être simplement considéré comme un handicap, au même titre que n’importe quel handicap, est ici moralement condamné. Soit que Steve McQueen semble mettre justement le doigt sur la tendance du public à condamner, juger la sexualité ; soit que Steve McQueen lui-même soit incapable de sortir d’une approche du sexe teintée d’une religiosité irritante. Un corps nu recouvert d’un drap rappellera toujours la représentation du Christ. Tout au long du film, ce corps se vit dans la souffrance, les coups, les blessures, les scarifications. Sissy, au physique de madone angélique, incarne le martyr qui expie les tares de son frère en se tranchant les veines : on la retrouve baignée dans son sang, les bras en croix, rappelant les stigmates. Enfin, à la fin du film, Brandon regarde le ciel qui vient apporter sa miséricorde et laver par la pluie les péchés du héros. Pour finir, la seule explication fournie pour expliquer la perversité de Brandon est donnée par sa sœur : « Nous ne sommes pas mauvais, nous venons d’un endroit mauvais », ce qui n’est pas sans rappeler les origines de l’Homme perverties par Adam et Eve.
Steve McQueen décide donc de parler de ce que l’on tait généralement : la honte liée à une sexualité vécue dans une société moralisatrice. Mais, s’il brise ainsi un silence encombrant et dépassé, il n’ouvre pas le dialogue et ne fait pas avancer la réflexion morale. Il ne ferme pas la bouche aux prétendus « améliorateurs de l’humanité » qui départagent les sains d’esprit des tarés pervers. Steve McQueen finit donc par transformer un sujet que les médias se plaisent à qualifier de brûlot, de subversif en une fable consensuelle et convenue. La nudité affichée des protagonistes n’est qu’une vulgarité artificielle utilisée afin que le film semble provocant, c’est-à-dire d’un genre que seuls les génies décomplexés peuvent se permettre. Et, le fait que Shame soit qualifié de « provocant » atteste que l’idée selon laquelle le cinéma, comme toute forme d’art, doit déboussoler l’ordre du bien pensé est, à notre époque, sclérosée.
 
Lola Kah

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Pub parfum Miss Dior Chérie avec Natalie Portman en 2011
Publicité et marketing

Jacques a dit que les stars sentent bon

Parmi les succès de ces cadeaux de fin d’année, il en est un indémodable qui s’est trouvé au pied de nombreux sapins. Je veux bien entendu parler des parfums, produits luxueux que l’on se plaît à offrir, et encore plus à se faire offrir. Les publicités pour ces parfums attirent particulièrement les consommateurs que nous sommes. En effet il est désormais de coutume de faire figurer les personnalités les plus reconnues du cinéma, de la mode voire de la musique pour nous vendre ces produits.
Ces publicités semblent avoir peu de choses en commun avec celles des objets plus classiques. Évidemment, promouvoir un parfum à la télévision ou sur le net ne peut pas se faire en vantant les aspects techniques du produit comme cela se fait pour une voiture ou un téléphone. Et même s’il est désormais possible de regarder un film en 3D dans son salon, on ne peut pas (encore ?) sentir les odeurs à travers l’écran de sa télévision ou de son ordinateur. C’est pourquoi l’accent est porté sur un autre aspect important du parfum: son imaginaire. Le pari porte maintenant sur l’image glamour et sensuelle des célébrités.
De nombreuses actrices se sont ainsi prêté au jeu de la publicité. Le charme de Natalie Portman a représenté Miss Dior, Nicole Kidman Chanel n°5 et Keira Knightley a associé son image à celle de Coco Mademoiselle de Chanel. Ces messieurs ne sont pas non plus épargnés. On a pu voir récemment Jared Leto dans la publicité du parfum Just Different de Hugo Boss ou Jude Law dans celle de Dior Homme.
Cette dernière publicité a par ailleurs été réalisée par Guy Ritchie, à qui l’on doit notamment le film Sherlock Holmes. Une version longue de celle-ci est visible sur internet et dure plus de 5 minutes. On peut également relever la publicité du Bleu de Chanel réalisée par un autre pilier du cinéma : Martin Scorsese.

Aujourd’hui, ces publicités relèvent plus du court métrage réellement artistique que du simple spot destiné à faire vendre. Noir et blanc, costumes, musique : tout est là pour créer un véritable film et tout se doit d’être symbolique.
La présence d’une célébrité est donc devenue indispensable pour fabriquer l’image d’un parfum et par là même, les conditions de son succès. A l’inverse, si l’actrice d’une publicité n’est pas vraiment connue, cette apparition permet souvent de devenir enfin une célébrité. Ainsi Florrie Arnold, qui apparait et chante dans la publicité de L’Elixir de Nina Ricci se fait aujourd’hui connaître en tant que musicienne. Une véritable attente est créée  par ces marques qui aiment former un suspense autour de leur prochaine « égérie », terme qui à l’origine désigne en fait l’inspiratrice d’une personne mais qui aujourd’hui désigne ces femmes célèbres vendant leur image  au profit de ce produit. Il semblerait donc presque que ces stars soient à l’origine du parfum. Cela révèle bien le fait que ces personnalités sont au cœur des publicités pour les parfums, faisant presque passer au second plan le produit lui-même.
Il ne fait plus de doute qu’un parfum doit avant tout refléter une image, une symbolique, un imaginaire. Sans connaître l’odeur du parfum, il est possible de se souvenir de la célébrité figurant dans la publicité. Reste à savoir si le prix de vente de ces produits résultent de leur qualité effective ou du coût de la création de ces courts-métrages publicitaires.
 
Manon Levavasseur
 
Crédits photo et vidéo : ©Dior – ©Chanel – ©Hugo Boss

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