Société

Complot de l'atmosphère ou atmosphère de complot ?

Une heure après la fusillade du 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo, une centaine d’arguments « pro-complot » émanent d’Internet : comment quelqu’un pouvait se trouver, juste au même moment, sur le toit d’un immeuble pour filmer la scène ? Comment se fait-il que les auteurs de l’acte terroriste puissent oublier leur carte d’identité dans leur voiture abandonnée ? Comment se fait-il que le président Hollande arrive si vite sur les lieux – sinon qu’il ait été prévenu à l’avance du drame ? Autant d’interrogations auxquelles de plus en plus de gens semblent préférer la thèse d’une vaste conspiration plutôt que celle de la folie meurtrière et idéologique. Problème : on y trouve pas le début d’une preuve rationnelle.

Le mythe du complot ne date pas d’hier. Il est né, en France, avec la Révolution de 1789 : preuve qu’il émerge d’événements des plus violents. Il a cependant changé de nature. Presque devenu anodin, on le voit surgir non plus seulement à chaque événement dramatique (attentat, crashs…), mais aussi à l’occasion de n’importe quel fait avéré de notre monde, pour peu qu’il soit inédit. Ainsi le changement climatique, dont nous ressentons pourtant les effets, est traité par certains comme le produit d’un vaste complot.
La vérité est ailleurs…
Une contradiction demeure : on voit surgir, dans une société hyper informée, une forme de paroxysme  de la rumeur. La faute, justement, à la surabondance de médias ?
Préférant la polémique à la pédagogie, ils alimenteraient le sentiment collectif d’une conspiration, d’une vaste supercherie concernant les problèmes de fond de notre société. L’éclairage médiatique, quand il est provoqué par un détracteur, ou un pourfendeur d’une  thèse, peut-il mener à autre chose qu’a la suspicion ?
Rien n’est moins sûr. Sur des sujets comme la réchauffement climatique, la « machine à clash » dont nous parlions ici même, pousse les gens non pas à l’action, mais à la résignation. On se réjouit que certains se demandent s’il faut vraiment continuer à inviter les climatosceptiques sur les plateaux télé, ou si ceux-ci font du bien à la science et au débat démocratique.
Car la crise climatique devrait provoquer  un sentiment d’urgence des décisions, et non l’agitation  stérile – souvent à l’initiative, il faut bien l’avouer, des politiques. Celle ci  n’amène qu’à la défiance, et deux choix s’offrent alors à nous : la résignation devant « ces choses qui nous dépassent », ou  la préférence paresseuse pour le complot.

Certains penseront aussi que les médias « ne disent pas tout, et que tout ce qu’ils ne disent pas se trouve sur internet ». C’est d’ailleurs parfois vrai… Mais, le nouveau réflexe de l’opinion commentant, instantanément, un événement fait qu’elle bascule vers des explications complotistes – ce au même titre que les médias traditionnels.
Quand chacun y va de sa propre interprétation, le citoyen est perdu. Le désordre du web conduit à un ordre factice. Le complotiste vous donnera en effet l’illusion d’apporter un peu de cohérence à ce désordre, uniquement par la réfutation méthodique d’arguments avérés par les médias et/ ou par les politiques. Pour cela, il utilisera la même logique que ceux qu’il critique : titres racoleurs, preuve par l’image… (On pense, dans le cas de Charlie Hebdo, à la polémique autour des rétroviseurs de la voiture des terroristes).
Séduisant, non ? La rhétorique du « on vous ment », on le sait, est aujourd’hui fructueuse. Même pour des domaines scientifiques, comme pour celui du climat,  elle fait  recette.
Climatosceptiques : du complotisme actualisé
Il n’est pas étonnant, de nos jours, de voir certains acteurs profiter d’un moment particulier pour faire valoir leur arguments – souvent vides – en faveur d’un complot organisé. Cela offre une « fenêtre d’écoute » très convoitée. En ce qui concerne le climat, ce moment, c’est évidemment la COP21. Les climatosceptiques, eux non plus, ne datent pas d’hier: seulement, on observe un retour sensationnel de leurs théories, à la veille de la conférence mondiale des Nations Unies.
À la source de ce scepticisme, on trouve la même défiance envers les institutions, médiatiques et cette fois scientifiques. D’une part, on observe en effet un certain catastrophisme à l’oeuvre dans les médias quand il s’agit de traiter un événement climatique. Images chocs, témoignages tristes et effrayants, bref, la « fin du monde » ne semble jamais loin. Là aussi, on préfère la polémique à la pédagogie, le sensationnalisme à l’information. Le sentiment d’impuissance prend le pas sur celui de la volonté d’agir, de trouver des solutions, de s’adapter.
D’autre part, le GIEC (Groupe Intergouvernmental d’Experts sur les Effets du Climat, crée en 88 par deux instances de l’ONU) a beaucoup de mal à se faire entendre : les accusations d’une trop grande complexité des rapports (même pour les Etats…) s’ajoutent aux accusations d’erreurs scientifiques – même quand elles sont corrigées ; et aussi au scandale sexuel qui a touché le président du groupe l’année dernière. Pas étonnant que le complotisme y trouve un terrain particulièrement intéressant.

 
Les climatoscpetiques ont par ailleurs une lourde responsabilité : la chimère du complot dissimule la réalité. En attendant, on compte à ce jour les réfugiés climatiques à 23 millions de personnes. Quand on parle de réchauffement, on ne parle pas seulement de la fonte des glaces – à des milliers de kilomètres de chez nous. On parle de morts, de drames, de catastrophes ; bien réels. Nier tout cela est à la limite de « l’indécence », selon Emmanuelle Cosse, élue EELV.
Le cas Philippe Verdier : quand monsieur météo fait dans le climat…
Tout cela n’enchante pas vraiment notre vision du monde. Quelle meilleure réponse à ce désenchantement que sa réfutation complète, par le biais de révélations des plus gargantuesques ? Il s’agit de « magnifier » l’événement pour le rendre soi disant plus intelligible ; tout ça en masquant allègrement des vérités que chacun peut pourtant voir de ses propres yeux (quand la pollution de l’air ne les pique pas…).
Le scandale médiatique autour du livre de Philippe Verdier, Climat Investigation, témoigne de la gêne occasionnée par ce genre de discours conspirationniste, le plus souvent dénué de toute preuve. En effet, le livre ne contient ni notes, ni bibliographie. Mais ! Pas de panique, « quand les températures sont plus confortables, nos modes de vie s’adoucissent », nous dit Philippe Verdier. Avec un tel postulat, qui a besoin de preuves, après tout ?

Personne n’a véritablement besoin d’avoir un doctorat en sciences climatiques pour comprendre, à la vue de cette vidéo « trailer » du livre, qu’ici le complotisme (même s’il est nié) est utilisé uniquement à des fins marketing. On voit mal en effet comment un sujet aussi sérieux peut être traité de manière crédible et scientifique, quand il est présenté sur la bande originale du film Interstellar, en images accélérées –  ou encore quand le champ lexical de la guerre (« machine de guerre », « peur », « otages »…), mêlé à celui de la tromperie (« manipulation », « corruption », « conflit d’intérêt »… Oui oui, tout ça en même temps) laisse entendre une volonté de dénonciation, plutôt que d’investigation.
On ne sait pas, alors, s’il faut se réjouir ou pleurer de ce changement de nature du conspirationnisme. Le cas Philippe Verdier nous montre qu’il peut parfois être risible – donc peu crédible.
Reste que nier l’évidence est plus apaisant que s’accoler à la résoudre, et il est désolant de voir cette négation prendre plus d’ampleur dans les médias que les solutions mises en œuvre face au changement climatique. On peut cependant constater que malgré cet espace médiatique offert au complotisme, il ne trouve toujours pas de place au sein des décisions étatiques ; sauf si ceux qui s’en nourrissent arrivaient un jour au pouvoir…
Faustine Faure
@FaustineFaure
Sources
Revue Esprit, La passion du complot, Novembre 2015
http://www.franceculture.fr/emission-culturesmonde-l-art-du-mensonge-44-theories-du-complot-la-fabrique-de-la-mefiance-2015-11-0
http://www.franceinter.fr/emission-le-79-emmanuelle-cosse-les-climatosceptiques-me-font-penser-aux-negationnistes-du-sida-des-

http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/11/09/s-il-y-a-eu-un-echec-du-giec-c-est-sur-la-communication_4805927_1650684.html
http://libelalettredorion.blogs.liberation.fr/2015/11/06/un-refugie-climatique-debarque-du-service-public-televisuel/
http://www.liberation.fr/planete/2015/10/15/climat-une-bonne-dose-antisceptique_1404928
http://www.slate.fr/story/110803/urgence-climatique-quarante-trois-ans 
Crédits photos
http://www.joewebbart.com/
http://www.mondesetranges.fr/spip.php?article91
9gag

Europe
Politique

« L’Europe, l’Europe, l’Europe ! »

 
Alors que les élections européennes du 25 mai prochain approchent à grand pas, une seule question semble encore dominer les débats : celle de l’intérêt qu’y portent les Français. Car même si selon un récent sondage 62 % d’entre eux se déclarent prêts à aller voter, les motivations exprimées restent dans le détail beaucoup moins rassurantes.
Le sacre de l’euroscepticisme ?
Il semble en effet que ces élections annoncent le triomphe d’un repli national déjà bien engagé depuis la crise économique. Ainsi, ce sont seulement 25 % des électeurs qui pensent que ce scrutin changera quelque chose à la situation de la France.
La montée en puissance du Front national en témoigne, avec en particulier le paradoxe de voir que c’est le parti le plus anti-européen qui, avec plus de 20% des intentions de vote, va certainement être la première force politique de ces élections.
Pourtant, à y regarder de plus près, cet euroscepticisme n’est le fait que d’une poignée de pays (France, Royaume-Uni, République tchèque, Pologne ou Danemark) seulement, et c’est bien l’alliance des partis de gauche et des écologistes qui devrait rester majoritaire en nombre de sièges au Parlement.
Plus qu’une approbation aux idées eurosceptiques, il semblerait donc que le discrédit des élections européennes vienne d’ailleurs.
Une communication particulièrement défaillante
 En effet, si la nationalisation des votes est une des raisons principales de ce désamour vis-à-vis de l’Union européenne, il faut aussi noter qu’elle se nourrit d’une communication des partis politiques particulièrement défaillante.
 Cela est spécialement vrai pour le Parti socialiste qui pâtit avant tout des mauvais résultats de François Hollande, 21 % des français annonçant ainsi que leur vote aux élections européennes servirait avant tout à sanctionner le gouvernement. Gouvernement qui avait d’ailleurs lui-même bien mal préparé le terrain lors du dernier remaniement, avec la nomination très contestée du « cancre » Harlem Désir comme Secrétaire d’État aux affaires européennes.
 De son côté, l’UMP souffre de divisions récurrentes, Laurent Wauquiez et Henri Guaino ayant eu la bonne idée de publier dans le Figaro, au lendemain du lancement de la campagne par le Parti, une tribune signée par 40 parlementaires pour « tout changer » en Europe. Une initiative traduisant les amertumes nées de la constitution des listes, et notamment de la nomination d’Alain Lamassoure comme tête de liste d’Île-de-France. Ces problèmes venant d’ailleurs s’ajouter à l’affaire Bygmalion, qui resurgit au plus mauvais moment, jetant un peu plus le discrédit sur le parti, par l’intermédiaire d’un de ses chefs, Jean-François Copé.
 Enfin, et c’est peut-être plus inquiétant, même l’UDI et EELV pourtant connus pour être les plus européens des partis français, ne semblent pas parvenir à gagner la confiance des électeurs. Dans le premier cas, cela est dû à un semblant de désorganisation que focalise la maladie et le retrait récent de Jean-Louis Borloo, tandis que dans le deuxième cas, ce sont des choix de communication peu judicieux qui portent tort au parti (voir article précédent: ).
Le rôle des médias : les dangers de l’effet loupe
Mais si ces difficultés existent, on peut toutefois questionner in fine le rôle décisif que semblent jouer les médias. On peut ainsi se demander dans quelle mesure leur focalisation sur des querelles nationales, doublée d’un désintérêt assez marqué pour les élections européennes, n’est pas ce qui conditionne en grande partie la vision négative des électeurs.
Il apparaît en effet très difficile pour les électeurs d’appréhender le rôle et les enjeux réels de l’UE, quand France Télévisions ne diffuse même pas le débat du 15 mai dernier pour la Présidence du Parlement. De même, il est certainement tout aussi difficile d’accorder du crédit à nos élus, alors que les chaînes de télévisions nous rappellent à loisirs le taux d’abstention de certains d’entre eux.
Enfin, et c’est là que l’effet loupe est le plus pervers, il semble très compliqué de se rendre compte que l’euroscepticisme est loin d’être dominant, alors que la montée du Front national monopolise l’attention et les débats.
Bizarrement, ces élections présentent donc le dangereux paradoxe de ne pas être très médiatiques, tout en étant le pur fruit de la communication ; une communication malheureusement centrée sur la forme et le cadre national, et qui tend à oublier le fond et les enjeux européens.
Il serait alors peut-être temps de se souvenir de la célèbre phrase du Général de Gaulle, pour se rappeler que l’Europe n’est pas une abstraction mais bien un débat d’idées à même de conditionner notre avenir :
« On ne fait pas de politique autrement que sur des réalités. On peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe, l’Europe, l’Europe », mais ça n’aboutit à rien, et ça ne signifie rien. »
Grégoire Larrieu
Sources :
Latribune.fr
Lesechos.fr

Société

TNT : « Il y en a un peu plus, je vous le mets ? »

 
Et de 21. Avec la mise en place aujourd’hui de 6 chaînes supplémentaires diffusées via la TNT, chaque téléspectateur pourra désormais avoir le choix entre 21 chaînes, sans compter les 6 chaînes généralistes traditionnelles. Un plus grand choix pour un public lui aussi grandissant : en France, ce sont 16,3 millions de foyers qui sont équipés d’un décodeur TNT. Seulement en contemplant ce choix, on peut se poser la question : une telle abondance, n’est-ce pas trop ?
Une première expérience TNT en cours
La chaîne féminine Chérie 25 (NRJ Group), la chaîne familiale 6ter (du groupe M6), la sportive L’Equipe HD 21, celle dédiée aux fictions HD1 (du groupe TF1), la chaîne de documentaires RMC Découverte HD 24 (du groupe NextRadioTV) et celle de la diversité Numéro 23 diffuseront donc prochainement via de nouveaux canaux de la TNT. Mais l’expérience TNT est évidemment plus ancienne, les premières chaînes datant de  2005  (BFMTV, Direct 8, Gulli, i-TELE, NRJ12, NT1, TMC, Direct Star et W9). Or ces chaînes, selon le rapport effectué en 2011 par le CSA ne sont elles-mêmes pas encore rentables. Michel Boyon constate : « Malgré une croissance rapide de leur audience, les nouvelles chaînes privées gratuites reposent encore sur un équilibre financier fragile. »
Les 6 nouvelles chaînes ne prévoient pas elles non plus d’être rentables avant un horizon assez lointain. En effet elles ne seront pleinement déployées sur tout l’espace métropolitain qu’en 2015, et l’abondance entraîne et entraînera une dispersion de l’audience. Les objectifs d’audience sont donc revus à la baisse : entre 0,5% et 1% pour Chérie 25, 1% pour Numéro 23 et 1,6% pour 6ter. HD1 table sur 1,9% en 2016 et RMC découverte sur 2% en 2018, alors que L’Equipe vise selon ses déclarations  « les 1,3 à 1,4% à terme. »
La mise en concurrence : un réel danger
L’arrivée de ces « nouvelles de la TNT » se fait également dans un contexte perturbé. Cela inquiète aussi bien les grandes chaînes généralistes (pourtant faisant partie pour certaines de l’aventure) que les pouvoirs publics. La plus grande peur est que la division de l’audience déclenche une division du marché publicitaire, alors que celui-ci est déjà dans un contexte difficile.
C’est pour cette raison que TF1 et M6 ainsi que le groupe France Télévision s’étaient élevés contre l’autorisation de la diffusion pour ces nouvelles chaînes (le problème du marché publicitaire est encore plus aigu pour France Télévision qui doit jongler avec l’interdiction de publicité après 20H) En effet, si tout se passe comme en 2005, cette concurrence risque de nuire progressivement une nouvelle fois aux chaînes généralistes, qui accusent le coup à la fois sur le marché de l’audience et celui des annonceurs.
L’autre grand point d’interrogation est l’effet de cette concurrence sur le contenu des programmes. Selon Aurélie Filippeti (ministre de la Culture et de la Communication), qui, en juillet, avait également critiqué le lancement de ces chaînes, le succès de ces nouvelles chaînes dépendra «de leur qualité». «Ces nouvelles chaînes [devront] contribuer à améliorer la diversité de l’offre», a-t-elle rajouté. Or force est de constater que ce n’est pas toujours le cas. Michel Boyon dans son rapport sur l’avenir de la TNT déclare même que  « l’on constate une insuffisante diversité de leur programmation, ce qui pourrait amener à dire que la concurrence n’a pas encore vraiment bénéficié aux contenus. ». Et il faut bien reconnaître qu’en regardant ne serait-ce que la programmation de la première journée de diffusion, celle-ci n’inspire pas confiance : une rediffusion de Julie Lescaut sur HD1, dès demain des rediffusions d’Une Nounou d’enfer sur 6ter…
Seules quelques chaînes proposent de l’inédit, et souvent des séries américaines à succès, certaines d’attirer du public, comme Community sur Numéro 23.
Un problème physique : la télécommande devient petite
Un autre problème que posent ces nouvelles arrivantes est leur place dans la numérotation des canaux qui leur sont accordés. En effet, la TNT étant numérotée juste après les chaînes généralistes, cela fait reculer de 6 crans supplémentaire les canaux des chaînes locales sur la télécommande. Tant et si bien qu’y accéder ne sera plus aussi simple qu’avant, le numéro dépassant à présent bien la dizaine. Et les syndicats de s’insurger : « Ce 12 décembre marque le mauvais coup porté aux télévisions locales avec le lancement d’une nouvelle numérotation injuste et pénalisante » (TLSP et Les Locales TV)
 Alors qu’elles procurent une réelle information et de proximité, ces chaînes seront en effet pénalisées par une difficulté supplémentaire à leur accès. On comprend que l’attribution de canaux plus faciles d’accès (entre 20 et 25 sur la télécommande) est un enjeu important. Cela nous rappelle également que même si l’on cherche à effacer le support physique, l’objet télévision et l’objet télécommande, ceux-ci ont toujours un grand effet sur la médiation.
Enfin, une dernière remarque peut nous conduire à associer ces nouvelles chaînes à un trop plein : celui de la réception du public. En effet,  seulement 61% des Français sont au courant de leur arrivée et 57% de ceux informés du déploiement de ces nouvelles chaînes sont incapables de citer une des six chaînes, selon un sondage réalisé sur internet par Vivaki auprès de 1.000 personnes entre les 3 et 9 décembre. Il faut donc se méfier : si la diversité et le choix sont pour beaucoup synonymes de qualité et de plus grande satisfaction du téléspectateur, celui-ci pourrait aussi se retrouver noyé par trop d’options. Peut-être que désormais, proposer sans cesse davantage de chaînes n’est plus la solution.
 
Clément Francfort

FranceTV-Info-iPhone
Société

Francetv-info : l’information hybride

 
Voilà quatre mois que Francetv-Info.fr a fait son apparition sur le Web (et sur les smartphones). Une plateforme aux promesses ambitieuses qui s’inscrit dans le prolongement des évolutions médiatiques récentes.
Il s’agit d’une plateforme lancée par France Télévision avec l’envie de permettre à l’internaute de suivre l’actualité au moment même où elle se passe. L’accès au site ne nécessite pas de s’inscrire. Concrètement, dans la lignée de Twitter, on peut suivre un fil d’actualité constitué de courts messages émanant d’une équipe de journalistes et de points de bilan faits régulièrement sur l’ensemble des sujets chauds. Comme cela est possible sur Twitter, chaque post commence par un hash tag qui permet de retrouver rapidement les informations que l’on veut consulter. La plateforme veut ainsi proposer de l’actualité « sur mesure », c’est-à-dire que l’internaute peut aller directement aux informations qui l’intéressent via le mur d’actualité ou en allant sur les pages et les onglets qui regroupent les sujets qui font l’actualité sous formes d’articles plus longs et plus détaillés ou encore en parcourant les pages dédiées aux régions. Francetv-info tire ainsi profit du vaste réseau de rédactions de France Télévision puisque chaque région et chaque thème a son propre flux d’informations. Autre innovation, on peut directement interpeler les journalistes en leur envoyant une question ou une remarque. Là encore, on est dans le prolongement de Twitter et cela contribue au « sur mesure » prôné par Francetv-info.
Ainsi, Francetv-info propose de l’information en continu en mettant à disposition un journaliste qui répond en live aux possibles messages des lecteurs, des articles de fond, des liens vers d’autres sites d’analyse d’actualité ou encore des photos et des vidéos. C’est donc un hybride entre les chaînes télévisuelles d’information en continu et Twitter. De ces deux médias, Francetv-Info garde le foisonnement et l’ubiquité. Des chaînes d’information, Francetv-info conserve la légitimité et la crédibilité. Enfin, de Twitter, Francetv-info garde l’interactivité, la proximité avec les journalistes et la possibilité de ne voir que ce que l’on veut. Francetv-info cherche ainsi à réduire l’asymétrie qui existe entre journalistes et curieux autour du traitement de l’information.
 
Thomas Millard