Environnement, Médias, Société

L’écologie dans l’environnement médiatique : le réveil inespéré de l’oubliée

Sans doute n’avons-nous jamais autant parlé d’écologie que depuis la démission inattendue de Nicolas Hulot de son poste de Ministre de la Transition écologique et solidaire le 28 août dernier. Impulsion d’un élan soudain d’engagement, elle a entraîné le réveil des citoyens et des médias sur les questions écologiques et environnementales. Mais qu’en est-il de ces prises de conscience populaire et médiatique ? Ne s’essouffleront-elles pas comme cela a déjà été le cas par le passé ? Autant de questions qu’il est légitime de se poser à l’heure où le changement climatique et ses conséquences se font de plus en plus ressentir dans nos vies et dans les médias.

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Invités, Politique

Daniel Bougnoux parle communication, politique et terrorisme avec FastNCurious

Daniel Bougnoux, chercheur en sciences de l’information et de la communication (SIC), est l’auteur d’ouvrages majeurs dans la discipline comme La crise de la représentation et son Introduction aux sciences de la communication.
Dans cette entretien divisé en trois parties, il nous parle des SIC, du terrorisme et de sa médiadépendance et enfin de communication politique.
 

D. Bougnoux qualifie les SIC de « randonnée critique » il explique qu’il y a dans les SIC une volonté de s’écarter de la méthodologie tracée par d’autres disciplines. « Il y a la volonté de se confronter au hasard des événements » et l’idée que tout est bon à prendre pour réfléchir.
« Nous sommes des sujets de mondes propres ». Chaque porteur est facteur de transmission, prélève sa dîme sur le message qu’il a reçu, c’est à dire, au passage, le transforme ». « Tout ça fait partie d’une médiologie ». La médiologie fédère de nombreuses études, elle analyse ce qu’un médium fait à un message.
 

Les médias agissent comme une « caisse de résonance » des actes terroristes. Ils propagent l’onde de choc des actes terroristes. « Il y a médiadépendance du terrorisme et les médias trouvent un effet d’audience pernicieux dans les actes terroristes ».
Le journaliste va t’il relayer simplement ces actes ou alors utiliser un langage de prise de distance ? « Le propre de la terreur c’est qu’on n’a plus aucun recul, on a la face contre terre. » « Les messages sont reçus et traités par des sujets d’information qui doivent rester critiques, » ils doivent les élaborer en les recevant.
 

 
En 1996, Daniel Bougnoux écrit une Lettre à Alain Juppé. Il revient ici sur son contenu et l’éclaire à la lumière de la situation politique actuelle.
« Il [Juppé] avait une vision descendante de la politique où le chef d’Etat ou de gouvernement était en position d’avoir à expliquer des mesures, et les autres à les appliquer ou à les enregistrer. » « C’est une conscience que la raison est distribuée et non pas incarnée dans le chef et que la raison étant distribuée, seule une forme minimale de participation et de communication horizontale peut faire émerger des solutions éminemment politiques ».
Un message a de moins en moins de chance d’arriver dans la tête des gens de la même façon pour tous à cause de la multiplication des mondes propres.
« Le costume de chef de guerre de Francois Hollande lui va bien et il va bien, en général, à un chef d’Etat. » Cela peut rassembler la nation et faire du bien au pouvoir en place. « il y a actuellement un moment d’émotion qui rend le corps social moins fracturé qu’auparavant ». « Mais on sait à quel point ces états sont métastables ».
FastNCurious remercie Oliver Aïm qui nous a permis de réaliser cet entretien.

le gorafi fastncurious
Société

Infaux-maniac

Les visiteurs du musée Grévin seraient autorisés à gifler les statues des personnalités qu’ils n’aiment pas chaque vendredi ! Dans sa rubrique « Dernière minute » du numéro de février 2015, Arts magazine s’indigne. « Un cahier pour écrire ce qu’on pense d’eux aurait suffi et laissé plus de traces. Je pense que les gifler ne sert pas à grand-chose ça ne vide pas ce qu’on a sur le cœur et ça détruit le travail des artistes qui ont fait ces statues. Il faut respecter leur travail même si certaines personnalités ne méritent pas d’être exposées », se désole un internaute penaud en commentaire. Cet emballement et la bévue de la dernière minute, celle de trop, font sourire les habitués du Gorafi, site d’information satirique à l’origine de l’intox. Cette méprise aurait pu arriver à beaucoup. A l’heure où la moindre information se veut aussi divertissante qu’un singe ventriloque, difficile de distinguer la satire du fait avéré…
Un engouement pour les fake news
« Russie – Une nouvelle loi sanctionne les personnes qui connaissent ou qui ont déjà vu un homosexuel », « Ouverture d’un pont de déchets en plastique entre l’Amérique et l’Asie », « Fabrice Luchini sombre dans la dépression après avoir commis une faute de liaison », « Sortie en DVD de la version longue de la pub LCL avec Gad Elmaleh »… Le Gorafi, site satirique d’ « information de sources contradictoires » créé en 2012 attire, selon ses créateurs, plus d’un million de visiteurs chaque mois avec ses articles « faux (jusqu’à preuve du contraire) ». Depuis, plusieurs sites se sont inspirés de ce concept, que ce soit bilboquet-magazine.fr, le dailyberet.fr, darons.net ou encore trollywood.fr.
Fort de son succès, Le Gorafi s’est vu offrir un créneau au Grand Journal de Canal+. Chaque lundi, Pablo Mira présente un faux sujet d’actualité – « Les politiques devront déclarer leurs pots-de-vin aux impôts », « Un élève des beaux quartiers a trois fois moins de chance de remporter une bagarre qu’un élève de ZEP », … – photomontages et propositions de loi factices à l’appui. Les codes du journalisme sont repris, le cadre de l’énonciation aussi : seul le jugement critique du spectateur (aidé par les rires de ses pairs présents sur le plateau) lui permet de déceler la farce.
Les réseaux sociaux ou l’avènement du bullshit viral
Evidemment, le succès de l’information satirique n’est pas un phénomène nouveau. Il remonte aux origines du journalisme et l’a accompagné au fil des siècles, de La Baïonnette à Charlie Mensuel en passant par l’Os à moelle et Hara-Kiri. Seulement, l’arrivée des réseaux sociaux a totalement bouleversé notre rapport à l’information humoristique.
A la différence de ses ascendants sur papier, le site web satirique laisse planer un flou sur la véracité de ses articles. Sur Le Gorafi, si l’internaute n’a pas le réflexe de faire un détour par la rubrique « A propos », seul endroit du site où il est précisé franchement que les articles sont faux, rien ne le lui indique. Or peu d’internautes se rendent sur le site – et a fortiori sur la rubrique « A propos » – d’eux-mêmes. La popularité des articles est grandement due au fait qu’ils sont massivement relayés sur les réseaux sociaux. Contrairement aux journaux, donc, les articles satiriques ne sont pas regroupés en une entité médiatique, cantonnés à un journal unique qui ne se mélange pas avec les autres, ne serait-ce que par sa matérialité. Sur Internet, les articles sont volatiles, extraits de leur site, et donc de leur contexte d’origine. Ils ne sont pas abordés avec une grille de lecture propre. Info et intox se mêlent dans nos fils d’actualité, sur Twitter ou Facebook, sans aucune hiérarchie, offrant une lecture uniforme. De plus, rien ne ressemble plus au site du Figaro que celui du Gorafi.
Sur les réseaux, on ne lit pas un article parce que la source est fiable, comme lorsqu’on achète un journal ou que l’on regarde une émission, mais pour son titre. Or dans le flux ininterrompu des réseaux sociaux, l’attention de l’internaute hypersollicité va au plus racoleur, au plus insolite, au plus inattendu. L’information se consomme vite, se dévore en un coup d’œil : on lit le titre et les premières lignes.
Et entre « Les critiques de la CNIL contre le projet de loi sur le renseignement » (Le Monde) et « La boulette de Ribéry : Nominé à l’Ice Bucket Challenge, il se renverse des Buckets du KFC et se brûle » (Footballfrance), l’œil va plus facilement au dernier. Cela pourrait être sans conséquences si les réseaux n’étaient pas la première source d’information pour beaucoup d’entre nous, journalistes compris et que souvent, l’instantanéité de l’information et son potentiel émotionnel triomphent sur sa vérification méticuleuse.
L’insoutenable légèreté du web
Les réseaux sociaux confèrent une visibilité énorme au vide ou presque, pourvu qu’il fasse rire et qu’il permette de créer du lien. C’est ce qu’a illustré l’engouement immense pour les faux évènements sur Facebook, mystérieusement nés le 15 février (et morts une semaine plus tard d’une lassitude agacée de la presque totalité des utilisateurs du réseau social). Pendant quelques jours, nos fils d’actualité Facebook se sont inexplicablement empli de faux évènements reprenant là aussi les codes du genre. « Grand concert pour enfin entendre la carotte râpée » (regroupant 20 671 participants), «Grand bal de fin d’année pour que Manuel valse », «Sommet pour savoir si l’OTAN en emporte le vent », « Rassemblement pour retrouver le pain perdu » : ils étaient plus d’une centaine à fleurir sur le réseau. Tous ces faux évènements qui ont fait le buzz n’avaient aucune raison d’être, si ce n’est de créer un sentiment de communauté et de faire rire – ou du moins provoquer un rictus –, par des jeux de mots et une culture populaire. Ces événements se sont appuyés sur une expérience commune (celle du CP et de l’apprentissage des conjonctions de coordination avec la «Traque pour retrouver Ornicar »), des références cinématographiques populaires («Grande battue pour retrouver la valise de Charlotte » (Nos Jours heureux) ou «Grand débat pour savoir si c’est une bonne ou une mauvaise situation » (Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, regroupant 46 527 participants)) ou musicales («Grand questionnaire pour savoir qui a le droit » (Patrick Bruel, 12 162 participants)).

Cette courte tendance a mis en lumière l’engouement créé par la satire et la viralité liée aux réseaux sociaux.
L’ère de l’infotainment
Le phénomène de confusion de la satire et de la réalité est renforcé par l’infotainment ambiant. Ce mot valise, composé des termes information et entertainment, renvoie au mélange de trois des quatre catégories du contenu médiatique dégagées par Daniel Bougnoux : l’information proprement dite, le divertissement et les émissions relationnelles. L’infotainment permet de ressembler les fonctions essentielles de la communication, à savoir s’informer et être ensemble, de manière ludique.
Car l’information a plus d’impact si elle est humoristique, comme c’est le cas dans Le Canard enchaîné. Il y a, dans notre société, une injonction à l’humour, forme de distinction nouvelle. Pour Gilles Lipovetsky, auteur de L’ère du vide, l’humour caractérise notre époque en tant qu’il s’est démocratisé. Pour que l’information trouve preneur, elle doit être sensationnelle. « On est naturellement attiré par ce qui nous paraît surréaliste et qui nous fait rire. C’est l’avènement de l’info de l’émotion. Les médias de masse comme leurs pendants satiriques se lancent dans une course aux infos invraisemblables parce que ça emballe la machine à clics », analyse le journaliste Vincent Glad.
En somme, il est moins aisé de distinguer le vrai du faux sur Internet du fait de notre lecture rapide mais aussi des sites d’information classiques qui relayent les informations les plus insolites possibles, bien qu’elles relèvent parfois plus du bruit que de la pertinence. Et quand bien même, la réalité dépasse parfois cruellement la satire, lorsqu’on apprend qu’un groupe d’extrémistes saccagent un musée pour réaliser une vidéo de propagande…
Néanmoins, forts de notre humiliation d’avoir pris la satire pour la réalité ou inversement, nous avons développé un sens critique plus aiguisé que celui des générations précédentes. La génération Y, et davantage encore la génération Z, sont caractérisées par leur méfiance envers les médias.
Louise Pfirsch
@ : Louise Pfirsch
Sources :
legorafi.fr
Stylist, n°064
Gilles LIPOVETSKY, L’Ere du vide, essai sur l’individualisme contemporain, Gallimard, coll. Folio Essais, éd. 2013
Crédits images :

Le Gorafi
Facebook

je suis charlie fastncurious
Société

Je suis Charlie : Chronique d'un évènement historique

Historicité à deux mesures
Pour devenir historique, un évènement est en permanence le jeu d’une confrontation entre l’ancien et le nouveau. Il doit entrer dans une certaine continuité avec le passé, ce qui lui vaut d’être parsemé de références historiques. Mais il doit aussi faire preuve de rupture, pour se démarquer et avoir une place légitime dans le processus d’historicité.
Je Suis Charlie ne déroge pas à la règle avec, d’une part des références historiques à la philosophie des Lumières, à l’esprit Voltairien et aux références picturales classiques; et d’autre part la nouveauté des réseaux sociaux, qui ont fondamentalement participé à la construction de l’évènement historique, par leur logique de viralité. Ainsi, les livres d’histoire se devront de traiter cette double historicité: celle relative à l’analyse factuelle de ces attentats; et celle attenante au rôle des réseaux sociaux dans le rassemblement populaire qui en a découlé.
S’informer plus vite pour comprendre moins: les réseaux sociaux
Pour Nicolas Vanderbiest, doctorant en Sciences de l’Information et de la Communication et social media analyst pour des entreprises « Twitter est un réseau social par excellence en cas de crise. » Une théorie qui s’est confirmé les 7, 8 et 9 janvier derniers. Pendant ces trois jours, Twitter est pratiquement devenu un moteur de recherche à part entière. Nombre de personnes se sont informées sur les attentats et les avancées de la traque policière préférant Twitter aux sites d’informations plus traditionnels ou agrégateurs d’actu’ tel que Google Actualités. Le point commun entre un site d’informations et Google Actu est qu’ils recensent tous deux des articles écrits par des journalistes, nécessitant ainsi un minimum de temps de travail. Or pendant ces trois jours, du temps que la traque n’était pas terminée, du temps que ces terroristes couraient toujours dans la nature, la France ne pouvait attendre les premiers articles d’analyse et s’est alors plongée dans l’information en continu de Twitter.
Il convient également de dire que cette frénésie qui s’apparentait à une « dictature de l’instant » a été alimentée par les médias traditionnels: en effet, pour TF1 et France 2, le temps s’était aussi arrêté. Les deux grandes chaînes avaient en effet cassé leur grille de programmation pour se consacrer à des après-midi entiers d’antenne, concurrençant ainsi directement les chaînes « tout info ».
Cependant, les informations qui fluent sur Twitter ne sont pas que celles des journalistes, mais aussi celles de citoyens peu emprunts à la vérification de leurs dires. Et pourtant beaucoup de ces contenus sont retweetés en chaine, répandant rumeurs et intox sur la Toile. Quoi de mieux pour donner du grain à moudre aux théories conspirationnistes qui, plus de deux semaines après ces évènements tragiques, fleurissent sur la Toile ?
Je Suis Charlie: slogan et hashtag
Mais, pour devenir un véritable moteur de recherche qui soit un portail d’entrée sur l’actu en continu de l’avancement de l’enquête, de l’énumération des victimes, du recueil des témoignages et des suites de la traque, Twitter avait besoin d’un mot-clé où tout puisse être recensé. #JesuisCharlie est le hashtag qui s’est imposé. Ce hashtag permet de faire converger toutes les informations et de donner un point d’entrée dans l’évènement. Mais il permet aussi de centraliser tout le mouvement de soutien et de mobilisation contre cette barbarie, en reprenant le visuel de Joachim Roncin. #JesuisCharlie n’est alors que la traduction textuelle, adaptée au codage Twitter, du visuel « Je suis Charlie », crée par le directeur artistique du magazine gratuit Stylist.

Avec le slogan « Je Suis Charlie », nous sommes dans une solidarité en toute retenue. Le message est extrêmement sobre et neutre n’affichant aucun signe d’appartenance, si ce n’est la typographie du journal « Charlie » et le code couleur noir et blanc porteur de la symbolique du deuil. Et c’est ainsi que tout un chacun peut se l’approprier, sans exception.
La simplicité et la brièveté du message entrent également en jeu dans la faculté de ces trois mots à devenir aussi viraux. En reprenant les codes du slogan publicitaire, son impact est beaucoup plus fort que tous les discours d’émotion et d’éloge. L’emploi de la première personne du singulier se veut à la fois fondamentalement individuel – car porter ce message signifie s’identifier personnellement – ; mais amène paradoxalement à un sentiment d’appartenance collective. Je suis Charlie est véritablement rentré dans la mythologie iconique de l’évènement, jusqu’à couvrir plusieurs sens : un slogan crié dans les rues, une image reprise par des millions des personnes et un mot-clé de référence pour la recherche d’informations.
Le Crayon guidant le peuple
L’iconicité ne s’arrête pas ici. Parmi toutes les photos prises lors de la Marche Républicaine, on aurait pu s’attendre à une rivalité amateurs/photographes, quant à celui qui captera « la » photo, celle qui rentrera dans les livres d’Histoire. Pourtant, le consensus s’est rapidement fait autour de celle du photographe indépendant Martin Argyroglo.

Le cliché s’est imposé comme une évidence puisqu’ il recèle une multitude de référents picturaux, dont les plus cités se retrouvent dans les tableaux de Delacroix et de Géricault, respectivement La Liberté guidant le peuple et Le Radeau de la Méduse. Le rapprochement établi avec ces classiques de la peinture romantique de la première moitié du XIXème siècle, accentue encore davantage l’historicité de l’évènement.
Ainsi, la photo d’Argyroglo reprend les mêmes ressorts de l’esthétique et de la scénarisation que ceux du tableau de Delacroix avec cette idée de révolution impulsée par un peuple uni autour de valeurs communes (la liberté d’expression en tête). L’assimilation au Radeau de la Méduse est plus subtile mais la photographie convoque en nous l’image d’un peuple qui flageole. La combinaison des deux nous donne donc un peuple qui est à la dérive, mais qui face à un ennemi commun, s’uni et s’élève ensemble pour résister.
En définitive, un slogan de ralliement, un visuel fort, des références historiques, sont autant d’éléments qui contribuent à la fabrication d’une matérialité de l’émotion inscrite dans un processus de mémoire collective au service de l’Histoire (celle avec un grand H).
Marie Mougin
@mellemgn
Sources: 
MUST READ
Analyse de #jesuischarlie sur les réseaux sociaux – Reputatio Lab
Les images “iconiques” du 11 janvier, un monument involontaire? –  L’image sociale
GO FURTHER
Guillaume Meurice renonce à sa chronique dans « La Nouvelle Edition » de Canal+ après le refus de diffuser un dessin de Charb – Huffington Post
Pourquoi les Anonymous «sont Charlie» – France Culture Plus #politique
Penser l’école après Charlie – France Culture Plus Babel Oueb
Témoignages
« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts » – Le Monde
Luz à propos de la une de «Charlie Hebdo» : « C’était mon dernier jus » – Libération
« Il a appelé BFM et leur a demandé de changer leur bandeau » – L’Observatoire des médias
Riss de « Charlie Hebdo » sur France 2 : la peur d’être « achevé » – Nouvel Obs le Plus
A Dammartin-en-Goële, huit heures sous un évier, les frères Kouachi à côté – Libération
L’islam et les valeurs occidentales
Du Coran et de la liberté de penser – La Vie des idées
De la peur à l’intolérance– La Vie des idées
Du religieux au politique : la philosophie islamique– La Vie des idées
L’islam peut-il être français ? –La Vie des idées
L’attentat contre Charlie Hebdo vu par Farhad Khosrokhavar – Bondy Blog
Olivier Roy : « La peur d’une communauté qui n’existe pas » – Le Monde
réseaux sociaux
#JesuisCharlie, #JesuisFlic, #JesuisNico : ce que nous ont appris les réseaux sociaux – Nouvel Obs le Plus
Etre ou ne pas être Charlie : les hashtags en chiffres – Libération
Attentats: comment la Gendarmerie a crevé l’écran sur Twitter – L Express
 vues de l’étranger
Drawing the prophet: Islam’s hidden history of Muhammad images – The Guardian the Observer
I Am Not Charlie Hebdo – New-York Times
Beware of curtailing freedom of expression in the name of #CharlieHebdo – World News Publishing Focus by WAN-IFRA
Polis – Citizen terrorism: the Paris killings and networked media
Polis – The right response to Charlie Hebdo: fear and humanity
Polis – Charlie Hebdo and the Other Within (guest blog)
 Crédits photos:
 Marche Républicaine
Martin Argyroglo
 
 
 

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Flops

Flop informationnel : l’annonce erronée d’un crash d’avion sur Twitter

 
La Toile s’est enflammée ce jeudi 27 mars suite à la publication d’un tweet par le 112, le service d’urgence des Canaries, qui a annoncé la « chute d’un avion en mer ». Or celle-ci s’est avérée être une erreur… n’empêchant cependant pas une reprise massive de cette information erronée par la presse locale, les réseaux sociaux, puis les médias internationaux.
Ce déluge informationnel peut, certes, trouver son explication dans le mystère du vol MH370, fraîchement sur-commenté par les médias nationaux et internationaux. Mais il souligne surtout une question intrinsèque à nos circuits d’information actuels : dans quelle mesure les journalistes peuvent-ils relayer les informations diffusées sur les réseaux sociaux et sur le Net en général ?
Sur le site de France Info, un internaute s’indigne à propos de la précipitation des journalistes qui ont réagi à chaud à l’annonce publiée sur Twitter :

Ce point d’actualité soulève effectivement un paradoxe inhérent au métier de journaliste. Celui-ci se trouve aujourd’hui recomposé avec la montée en puissance des réseaux sociaux qui ont fortement accéléré la vitesse de circulation de l’information. Nos circuits d’information contemporains semblent se caractériser par le paradoxe suivant : visant une information immédiate, les acteurs du monde de l’information s’engouffrent dans une course à l’information et au sensationnalisme, et tendent à négliger la qualité de l’information qu’ils fournissent.
Aujourd’hui, entre immédiateté et fiabilité, entre précipitation et vérification, le défi de nos circuits d’information réside ainsi dans cette double exigence d’une information à la fois réactive et fiable.
 La reprise massive de l’information erronée du crash d’avion en Espagne met en lumière un constat : l’abondance de l’information qui nous entoure se fait souvent au détriment d’une qualité de son contenu.
Ainsi peut-on voir l’émergence de nouvelles pratiques de la part des producteurs d’information, qui s’attachent à suivre une méthodologie précise qui respecte l’exigence d’une information hautement fiable et vérifiée. A ce titre, la méthode du « fact-checking », après avoir été massivement promue comme principe de vérification de la parole publique sur Twitter, commence à être utilisée comme méthodologie journalistique dans certaines rédactions.
Les Décodeurs du Monde sont l’une de ces plateformes qui s’attachent à publier du contenu de qualité. Ses journalistes s’appuient sur une démarche d’investigation basée sur des analyses strictes des données données élaborée autour du concept même du « fact-checking ».
Après avoir été un blog dédié au « fact-checking », Les Décodeurs se sont institutionnalisés en une rubrique à part entière sur le site du Monde.fr : ici.
Les journalistes « Décodeurs » affirment vouloir « traiter des rumeurs et des intox qui circulent sur la Toile pour, là encore, distinguer le vrai du faux », tout en associant réactivité à une démarche de vérification factuelle :
 Les Décodeurs du Monde, ce sont des vérifications factuelles, des explications et du contexte autour de l’actualité du moment, au rythme des réseaux.
 Une telle démarche de décryptage mérite-t-elle pour autant d’être étendue à tout média souhaitant interpréter les informations qui circulent sur la Toile ?
Quoiqu’il en soit, en cette ère de déluge informationnel, la clef pour délivrer une information fiable et de qualité réside peut-être après tout dans l’application du précepte : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».
A bon entendeur.
Alexandra Ducrot
Sources :
La Tribune : « Un crash d’avion annoncé par erreur enflamme la toile »
Latribune.fr
Franceinfo.fr
Crédits photos :
TwitteRadar.com 
 

Schumacher presse journalisme
Agora, Com & Société

Schumacher, ou l’histoire d’un journalisme à deux vitesses

 
Cela ne vous aura sans doute pas échappé, Michael Schumacher est hospitalisé depuis le 29 décembre au CHU de Grenoble à la suite d’un grave accident de ski. Maintenu dans un coma artificiel et souffrant d’un traumatisme crânien, son état est jugé critique, quoique stable.
Alors que les circonstances et les responsabilités de l’accident font l’objet de nombreux débats, des voix commencent à s’élever contre la couverture médiatique sans précédent de l’évènement.

Dérives
Les médias du monde entier font en effet le pied de grue face au bâtiment où Schumi est interné. Mais faute de mieux, les télévisions rediffusent en boucle les mêmes images, à savoir celles des fans du pilote ou encore du panneau « urgence », comme l’a bien montré Le Petit Journal du lundi 06 janvier. Comble du paradoxe, elles obtiennent toutes leurs infos uniquement par les agences de presse.
Alors, dans cette véritable course au « visuel », certains journalistes outrepassent les limites et tentent de se déplacer dans l’hôpital au-delà de la salle de presse. L’un d’entre eux s’est même déguisé en prêtre pour tromper les agents de sécurité, révélant ainsi une absence de limite dans la poursuite du sensationnel.
Un journalisme « peopolisant » l’anecdotique qui pose la question de la limite entre investigation et intrusion dans la vie privée de la famille de Schumacher, loin d’être sereine face à l’acharnement médiatique. Dans un communiqué, son épouse a appelé les médias à quitter l’hôpital de Grenoble : « S’il vous plait, aidez-nous dans le combat que nous menons avec Michael. Il me parait important que vous soulagiez les médecins et l’hôpital afin qu’ils puissent travailler en paix. S’il vous plait, faites confiance à leurs communiqués et quittez l’hôpital. S’il vous plait, laissez aussi notre famille en paix ». Une demande qui a été relayée par les médias, mais qui ne semble pourtant pas avoir été entendue.
Certains fans ont également manifesté leur mécontentement envers ce journalisme intrusif, comme Monique Neyret il y a quelques jours : « On a l’impression que vous, les journalistes, vous attendez tous qu’il soit mort, et que votre but est simplement d’être celui qui annoncera la nouvelle en premier ». Une phrase qui en dit long sur un malaise dans la perception du journalisme aujourd’hui.
Le journalisme en péril ?
Finalement, ce que l’on retrouve surtout dans cette affaire, c’est cet éternel journalisme à sensation, avec ici une recette qui ne peut que marcher : une star, du sport, un accident, un risque de mort… tous les ingrédients sont réunis pour capter au mieux l’attention de l’audience. Car c’est bien de cela dont il s’agit : une course à l’audience. Néanmoins, le journalisme à sensation n’est pas totalement contre-nature si l’on considère le fait que la presse de masse est née dans l’avènement du fait divers.
Mais le fait est que ce journalisme n’est aujourd’hui plus réservé qu’aux magazines people et à la presse tabloïd, mais concerne bien la grande majorité de nos médias, y compris les JT et autres journaux d’information qui s’en défendent.
La couverture médiatique autour de l’accident de Schumacher rappelle par exemple celle de la naissance du « royal baby », avec des journalistes campant nuit et jour devant la maternité et des images, là encore, rediffusées en boucle. Idem avec la couverture médiatique actuelle autour de l’affaire Dieudonné.
Finalement, le journalisme tel qu’il est pratiqué aujourd’hui semble faire l’amalgame entre information et évènement. La sacro-sainte actualité est devenue proprement événementielle, et le journaliste n’est plus un spectateur engagé qui restitue des faits et tente de les expliquer, mais un simple témoin attestant d’une évènementialité. Un rôle qui, semble-t-il, lui donne le droit de dépasser toutes les limites de l’intimité et de la vie privée.
En témoignent les chaines d’information en continu, qui ont la possibilité de traiter des sujets de fond mais qui se contentent bien souvent de JT qui s’enchainent et se ressemblent, à grand renfort d’interviews d’experts – entrecoupés par des « priorités au direct » ayant rarement un véritable intérêt au regard de leur contenu.
Mais peut-être ne faut-il pas tomber dans le piège du regret systématique d’un « âge d’or du journalisme d’information », qui existe toujours dans certains médias d’une qualité indiscutable.
Beaucoup d’ONG se battent par ailleurs pour la liberté de la presse et de l’information, tels que Reporters Sans Frontières, mais aussi beaucoup de journalistes, et ce parfois au péril de leur vie : selon la Fédération Internationale des Journalistes, 108 d’entre eux ont ainsi été tués dans le monde en 2013.
Un chiffre ambivalent, alarmant d’une part car représentatif de la difficulté de l’exercice journalistique aujourd’hui, mais qui nous rappelle en même temps que la promesse du journalisme est toujours tenue : informer, tout simplement.
 
Clarisse Roussel
Sources :
Canalplus.fr
LeMonde.fr (1)
LeMonde.fr (2)
Lexpressiondz.com
Crédits photos :
Une – DL/C.A
LeJDD.fr

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Les Fast

Rétrospective ou recyclage ?

 
C’est dans la joie et la bonne humeur que 2013 s’achève, emportant avec elle son lot de guerres, d’attentats, de consécrations et de morts célèbres. Vous l’avez compris, l’heure est à la rétrospective, et ce depuis quelques semaines déjà.
 En 2013, les récapitulatifs qui étaient habituellement réservés aux artistes et organisés dans des musées, des galeries ou des cinémas sont partout : Google, Facebook, Pinterest, dans le Huffington Post, Libération. Si les listes de mots les plus recherchés sur Google dans le monde et par pays se basent sur des statistiques et présentent un certain intérêt, les résumés de l’année 2013 présentés par des journaux ou des sites d’information en ligne ne tiennent-ils pas plutôt du recyclage ? Un journal est un lieu d’information où l’on traite de sujets d’actualité, et c’est justement là que la question de la pertinence d’une rétrospective se pose. Depuis plusieurs semaines, chacun des sites mentionnés nous propose un panorama de l’année écoulée. Or, plutôt que de nous présenter les moments forts de 2013, certains se démarquent en mettant en avant leurs articles les plus marquants de l’année, ceux qui comptabilisent le plus de like, de partages. Nous resservir ces articles, ce n’est pas célébrer l’information mais fournir du réchauffé.
 Il en va de même pour les rétrospectives que chaque personne inscrite sur un réseau social peut télécharger et partager avec ses amis, abonnés, followers : nos publications ayant recueilli le plus de « like » méritent-elles véritablement que nous les publiions ? 2013 a été une année chargée et internet n’aime pas le vide, mais en ces périodes de fêtes, ne ferions-nous pas mieux de cesser de communiquer sur des actus qui n’en sont plus et d’arrêter le recyclage ?
 
 Clémence Lépinard
Crédit photo :
Branchez-vous.com

Président Hollande
Les Fast

Au secours ! Le Roi se meurt !

 
Voilà maintenant une semaine que le pays entier retient son souffle. Le chômage, la crise, les taxes… passe encore. Mais la prostate du Président !
C’est lors de la cérémonie du lever, mercredi dernier, que nous, peuple de France, avons appris la funeste nouvelle. Voilà presque trois ans que François Hollande se serait fait opérer pour un problème de prostate, bénin certes, mais un problème tout de même !
Rassurons-nous cependant, tout va mieux depuis que les médias se sont emparés de l’affaire. Experts médicaux, flashs d’information, envoyés spéciaux à l’Elysée… tous les moyens ont été mis en œuvre pour nous rassurer. Ou plutôt nous inquiéter.
Car il est bon en effet de s’inquiéter pour son Président-Roi quand on est Français, dans un système où celui-ci apparaît sinon omnipotent, du moins indispensable. D’ailleurs d’aucuns se sont empressés de faire le lien, pourtant disproportionné, avec le sort de Messieurs Pompidou et Mitterrand.
Il faut dire que le pouvoir lui-même a laissé faire et même encouragé ce battage. D’un côté cela lui a permis de mettre en scène une normalité, rendue pathétique jusque dans ses problèmes, et d’un autre, cela a été une habile façon d’esquiver, au moins pour une journée (celle du Conseil des ministres comme par hasard), les échecs qui s’accumulent. Une bonne tactique en somme pour un monarque devenu infertile !
Mais au-delà de ce coup de com’ l’affaire semble révéler une tendance plus grave. Celle d’un système médiatique sans cesse à la recherche de scoops, pour qui l’information transparente devient malheureusement une information sans épaisseur.
Aussi serait-il temps de revenir aux vraies préoccupations. Car quand le Roi tousse, c’est bien le peuple qui s’enrhume.
 
Grégoire Larrieu