CINEMA DES FAUVETTES
Culture

Le cinéma des Fauvettes : un renouveau de l'expérience visuelle

6 novembre 2015, 18h, une file d’attente se bouscule au 58 avenue des Gobelins, bracelets VIP aux poignets avant de pénétrer dans le cinéma des Fauvettes flambant neuf après plus de vingt mois de travaux. L’inauguration se fait dans les règles de l’art, hôtesses et serveurs, vin et champagne, conversations sur la magnificence du lieu. Car oui ce n’est pas un simple Gaumont-Pathé, mais un véritable bijou architectural. Le lancement du nouvel investissement de la Fondation Pathé-Seydoux est un magnifique coup de com. Chaque invité, après s’être mêlé à la petite famille du cinéma, se voit attribuer à sa sortie une enveloppe renfermant une carte magnétique vous offrant trois places de cinéma gratuites (le chiffre impair signant la logique marketing de fidélisation). Cinéphiles et initiés, soyez les bienvenus. Mais justement, ne vous trompez pas de numéro dans l’avenue des Gobelins, ici ce n’est pas l’UGC, on ne passe que des films restaurés. Le projet ? Rendre accessible une culture de l’image et honorer notre patrimoine. Mais à quel prix ?
Aziz, Lumière !

Le Cinéma des Fauvettes n’est pas un cinéma comme les autres. Un bâtiment sombre aux décors semblables aux files d’attente de Disney ? Niet. L’architecte Françoise Raynaud a voulu en faire un puits de lumière. Le cinéma est donc doté d’une cour intérieure qui laisse paradoxalement entrer les rayons du soleil. Le concept : en faire un lieu de sociabilité, où l’on s’attarde après ou avant la séance en prenant un verre dans l’espace lounge. On peut y croiser du beau monde, comme par exemple le réalisateur des Blues Brothers, John Landis (true story). Le design intérieur est signé Jacques Grange. Dommage que le tissu des fauteuils et canapés fasse un peu tache, mais après tout, c’est la signature Pathé qui le veut.

Les boiseries magnifiques du lieu mettent à l’honneur l’architecture japonaise et l’artisanat. On se croirait dans un sauna suédois, avec un petit jardin sous verrières au centre du cinéma. Les dizaines de poutres en bois font écho aux écrans pixellisés qui illuminent l’avenue des Gobelins et la rue Abel Hovelacque. Bref, Shanghai et Time Square s’invitent à Paris. Il s’agit là d’une œuvre de l’artiste Miguel Chevalier. Ces façades extérieures diffusent des extraits de films, qui changent selon les cycles proposés par les Fauvettes. C’est un écran publicitaire unique qui vient signifier le passage dans une autre dimension. D’ailleurs le couloir de l’entrée provoque cet effet tunnel et déroutant grâce à la chaleur naturelle du bois, contrastée par des écrans et machines ultra modernes.

Mais les salles de visionnage ne sont pas immédiatement visibles. Les cinq salles sont situées au sous-sol, pour un total de 646 places contre 1000 dans l’ancien cinéma. C’est le confort qui est privilégié. Autrement dit, c’est toute l’expérience du cinéma que la fondation Pathé-Seydoux entend renouveler.
(Est) Fauve qui peut
« Films restaurés, émotions intactes ». C’est le slogan du cinéma dans lequel la fondation a investi plus de 6,5 millions d’euros pour les travaux. C’est l’expérience cinématographique qui est valorisée au travers de leur communication. Un choix éditorial d’ailleurs sursignifié par le passage d’un petit court-métrage avant la diffusion de votre film qui remplace les habituelles bandes annonces et publicités. Le court métrage est à la limite du mini documentaire qui explique via un storytelling bien ficelé, sur une musique dramatique, l’art de restaurer un film. Pathé a ainsi lancé en 2012 un grand plan de restauration d’une centaine de films.
L’expérience mise en avant est celle d’un cinéma de luxe. 12€ la place, c’est aussi le prix d’un spectacle à l’Opéra en catégorie 5. Entre le bar-salon et la possibilité de choisir son siège comme au théâtre – rang, numéro, solo ou duo. Les Fauvettes vous offrent même le privilège d’une séance sans publicité remplacée par une promotion en interne puisqu’en plus de vanter l’artisanat des techniciens, sont annoncés sous la forme de bandes annonces des films que l’on connaît déjà, que l’on aime et aimera revoir, histoire de commencer la séance le sourire aux lèvres et les souvenirs plein la tête.
C’est une promotion sans bavure et sans fioritures. La question se porte donc sur le financement de cette communication. La cible : les CSP+, des retraités et des cinéphiles connaisseurs. Pathé espère créer un concept qui sera copié par ses concurrents. Mais est-ce réellement un nouveau concept ?
« Il y a des films inoubliables, il y a maintenant des cinémas pour les rendre éternels »
Cet autre slogan a failli faire s’étrangler les concurrents de Pathé. Nombreux cinéma français font honneur au patrimoine cinématographique. MK2 fonctionne déjà sur l’alternance blockbusters/rétrospectives. Les MK2 communiquent autour des expositions culturelles partenaires et diffusent aussi des films restaurés. Mais leur vision de l’accessibilité est différente de celle des Fauvettes. Différente aussi du Champo, à deux pas de la Sorbonne qui ne diffuse que des films anciens.
L’offre des Fauvettes se tourne vers les films qui ont plu au public, de grands classiques comme Le Corniaud qui a inauguré le cinéma, mais aussi les dessins animés Pixar, les James Bond ou la saga Harry Potter. Les Fauvettes fonctionnent ainsi par thématiques, cycles de films qui s’adressent à des initiés, à des cinéphiles qui veulent voir sur grand écran en haute définition les images qui ont marqué leur époque. La fondation Pathé-Seydoux, d’ailleurs située au 73 de l’avenue des Gobelins, se cale ainsi sur des projections Arte ou sur des festivals comme le Festival « Il Cinema Ritrovato » de Bologne qui a inspiré Jérôme Seydoux pour la création des Fauvettes.
En somme, le passereau réussit à faire son nid avenue des Gobelins et l’expérience vaut le détour.
Judith Gasnault
Sources :
Cinéma les Fauvettes – http://www.cinemalesfauvettes.com
Besse Caroline, « Les Fauvettes : de « Top Gun » à « Casino », un cinéma dédié aux grands films restaurés » in TELERAMA, mis en ligne le 13/11/15. Disponible sur : http://www.telerama.fr/cinema/top-gun-retour-vers-le-futur-casino-cinema-les-fauvettes-petit-a-petit-l-oiseau-refait-son-nid,134099.php
Fabre Clarisse, « Les cinémas parisiens au bord de la crise de nerfs » in LE MONDE, mis en ligne le 09/11/15. Disponible sur : http://abonnes.lemonde.fr/culture/article/2015/11/09/les-cinemas-parisiens-au-bord-de-la-crise-de-nerf_4805719_3246.html
Larrochelle Jean-Jacques, « Bain de lumière et de pixels pour le cinéma Les Fauvettes, à Paris  » in LE MONDE, mis en ligne le 09/11/15. Disponible sur : http://abonnes.lemonde.fr/cinema/article/2015/11/09/bain-de-lumiere-et-de-pixels-pour-le-cinema-les-fauvettes-a-paris_4805721_3476.html
Crédits images : 
http://culturebox.francetvinfo.fr/cinema/evenements/les-fauvettes-un-cinema-ultra-moderne-dedie-aux-films-classiques-ouvre-a-paris-230341 
Judith Gasnault
http://www.telerama.fr/cinema/top-gun-retour-vers-le-futur-casino-cinema-les-fauvettes-petit-a-petit-l-oiseau-refait-son-nid,134099.php

Restauration TGV
Publicité et marketing

TGV, Com’ c’est bon !

 
Il est l’heure de passer à table ! Un jambon beurre SNCF en carton, ça vous tente ?
Ce temps là est révolu. Paul, Monop’Daily, Angelina, Boco, Paul & Augustin… Depuis le 3 novembre les marques s’invitent dans le TGV et espèrent révolutionner les mentalités. Aujourd’hui, seul un voyageur sur quatre achète son casse croûte à bord. L’enjeu est de taille pour cette entreprise en quête de nouvelles ressources. Le choix des marques n’est donc pas anodin. Elles sont connues du grand public et sont gages de confiance.
C’est l’image de sandwich en carton que veut briser la SNCF à travers sa nouvelle carte. Une carte plus diversifiée (petit-déjeuner, menu enfant, produits bio…) et qui sera renouvelée chaque saison. Le but étant de cibler un public le plus large possible. La communication de l’entreprise ferroviaire ne laisse passer aucun détail. Ainsi, le décor des wagons bars et la tenue du personnel seront également modifiés. Le positionnement est intéressant : afin de donner l’impression aux voyageurs de ne plus être dans un train mais au restaurant (la marque Boco regroupe huit chefs dont certains sont étoilés), la SNCF s’efface progressivement de ses wagons bars. Intelligent car si on peut douter de la qualité des produits d’un TGV, on ne doute pas de ceux d’un restaurant.
Cependant, le coût des produits reste élevé. Ses efforts communicationnels sont-ils inutiles ? Pas forcément. L’entreprise a le mérite de se préoccuper du confort de ses voyageurs et donne l’impression d’être à leur écoute. L’image de sandwich en carton est en passe de disparaître. A quand celle des retards ?
 
Pierre-Yves Halin
Sources :
20Minutes 30/10
20Minutes 12/11
Le Monde
Métronews