Formats spéciaux

Rencontre avec Mathieu Maire du Poset, directeur du Tank Media

J’ai rencontré Mathieu Maire du Poset, l’actuel directeur de Le Tank media chez Spintank. Spintank est une agence à l’ADN numérique qui se positionne au côté de ceux qui transforment la société, notamment à travers l’entreprenariat et la création. Ses clients sont à la fois des grands groupes (comme le Groupe ADP, anciennement Aéroports de Paris), mais aussi des Think Tank ou des acteurs publics (comme la Mairie de Paris ou le Ministère de la Culture).

Publicité et marketing

Uber contre-attaque ?

La récente décision de la justice anglaise vis-à-vis d’Uber, célèbre service de mise en relation de chauffeurs VTC, oblige l’entreprise à attribuer à ses chauffeurs le statut de salariés sous contrat.
Cette nouvelle mise en lumière de différents entre la justice et Uber rappelle comme la marque est souvent au centre de polémiques concernant son fonctionnement.
Mi-septembre 2017, Uber lance en France une campagne publicitaire comprenant son premier spot publicitaire destiné à la télévision. Celle-ci, réalisée par l’agence DDB met en avant la relation qu’Uber tient à conserver avec ses clients, en balayant le passé pour aller de l’avant.
#AvancerAvecVous en marche arrière ?
La campagne est portée par le slogan #AvancerAvecVous. Uber souligne l’importance de ses clients, et cherche à prouver que c’est grâce à ses utilisateurs qu’ils progressent – ainsi l’inclusion du client est dominante. L’entreprise San-Franciscaine semble faire son mea-culpa . L’évocation des « milliers de routes différentes, des bonnes, des mauvaises, des risquées » illustre les erreurs qu’Uber a pu commettre, sans pour autant donner plus de précisions. Ici est ressenti le reproche que l’on peut faire au géant du service VTC. Certes, les promesses annoncées dans la campagne sont prometteuses, mais le refus de communication sur les différentes polémiques dont l’entreprise est sujette pose problème. Uber compte vraiment résoudre les problèmes du passé ou met de la poudre aux yeux à ses utilisateurs ? La catchline « Nous avons aussi appris à écouter » laisse à penser qu’auparavant le dialogue était fermé.

 
 

 
 
 
 
 
Cette situation de « mea-culpa » n’est pas nouvelle en terme de stratégie communicationnelle. Cette situation de « mea-culpa » n’est pas nouvelle en terme de stratégie commun
Cette situation de « mea-culpa » n’est pas nouvelle en terme de stratégie communicationnelle. En 2016, Samsung avait du faire face à une crise majeure : celle des batteries de son Galaxy Note 7. Mal fabriquées, certaines d’entre elles avaient implosé dans la poche de leur utilisateur, provoquant un bad buzz mondial. Afin de se défendre et de regagner la confiance de ses clients, Samsung a sorti un spot publicitaire mettant en exergue le contrôle qualité sur les batteries, en amont de la sortie du smartphone succédant au Galaxy Note 7. Cela a permis à la marque de regagner des points sur le BrandIndex de YouGov
Le dialogue dans la souffrance
Il semble que l’unique possibilité de dialogue entre les institutions étatiques et Uber soit l’interdiction et la violence. En effet, mi septembre 2015, le service UberPop a été interdit en France, donnant suite à de nombreuses manifestations, notamment entre les taxis parisiens et les chauffeurs Uber se voyant retirer le droit d’exercer. Outre les affrontements directs, l’entreprise est suspectée de ne pas payer ses impôts en France, ne déclarant qu’une partie de ses revenus.
Plus récemment, la fermeture du service Uber dans la capitale anglaise illustre l’impossibilité communicationnelle. Alors qu’on s’attendrait à ce qu’Uber mette en place une communication de crise pour expliquer les raisons de l’interdiction du service, l’entreprise fait profil bas et semble ne pas faire fi des problèmes qu’elle rencontre. Le problème reste en interne et les utilisateurs ne sont pas tenus au courant de l’avancée de la résolution du problème. En contrepartie, la récente campagne a été dévoilée lors d’un événement réunissant un grand nombre de chauffeurs dans les locaux en banlieue parisienne de l’entreprise pour créer une plus grande cohésion. Mais qu’en est-il des clients ?
A cela, il a été révélé ce mardi 21 novembre que les données de 57 millions  d’utilisateurs ont été piratées en octobre 2016, par deux hackers. Ces données auraient été détruites en échange d’une rançon. Révélation après un an de silence de la compagnie, alors que la loi américaine force les compagnies à révéler aux autorités et aux clients ce genre d’informations. Encore un faux pas pour Uber, dont le nouveau PDG, Dara Khosrowshahi, assure n’avoir été informé que “très récemment” du piratage. Que ce soit sous le “règne” de M.Khosrowshahi ou sous celui de son prédécesseur Travis Kalanick, l’éthique de la firme reste à questionner.

#AvancerAvecVous mais sans nous ?
Contrairement à la précédente campagne où le choix était de faire des jeux de mots liés à des situations dans un Uber – côté client («Uberdumat’ », «Uberassurée », « Uberge de jeunesse », etc.) et côté chauffeur (« Uberman », « Uberdanslesépinards », « Uberwoman ») – la nouvelle stratégie communicationnelle est plus sobre et plus épurée.

 
 
 
 
affiches. Celles-ci sont dépersonnalisées et insiste sur le paysage et/ou l’architecture. Quant au spot destiné à la télévision, il s’apparente à ceux des marques de voiture et d’entreprise d’éner
Le client, bien que présent dans les catchlines et le script du spot, disparaît des affiches. Celles-ci sont dépersonnalisées et insistent sur le paysage et/ou l’architecture. Quant au spot destiné à la télévision, il s’apparente à ceux des marques de voiture et d’entreprise d’énergie.
#AvancerAvecVous, oui, mais communiquer avec nous serait encore plus bénéfique. Aucun compte twitter d’Uber ne mentionne la décision de justice londonienne du 10 octobre 2017. La stratégie de la dernière campagne évoque les erreurs passées, mais les passent sous silence. L’entreprise continue d’avancer, mais semble faire la sourde oreille. Ce manque de réactivité se sent à la fois dans la stratégie communicationnelle et dans la gestion d’événements imprévus. Lors de l’attentat à Londres début juin, les courses ont été majorées automatiquement par l’algorithme répondant à la loi de l’offre et de la demande avant de retrouver leurs coûts habituels.
So, let’s take a ride ?

Jules de Senneville
LinkedIn.

Sources :
Le Parisien avec AFP, Londres : Uber perd son procès et devra payer ses chauffeurs au salaire minimum, 10/11/2017, consulté le 14/11/2017
L’ADN, Uber dévoile sa première campagne TV en France, 18/09/2017, consulté le 14/11/2017
La Reclame, Campagne de communication – Uber – agence DDB Paris, consulté le 14/11/2017
Myriam Berber, Ariane Gaffuri, Le service UberPop interdit en France, 23/09/2015, consulté le 16/11/2017,
Sarah G., La 1ère campagne d’Uber France pour ses 4 ans, La Réclame, 09/03/2016, consulté le 16/11/2017
Le piratage massif d’Uber en sept questions, 22/11/2017 
Jamal Henni, Comment Uber échappe à l’impôt, BFM Business, 30/06/2015, consulté le 20/11/2017
Guillemette Petit, Galaxy Note 7 : le mea-culpa de Samsung, 12/05/17, consulté le 20/11/2017,
 
Crédits photos et vidéo :
Agence DDB Paris
Photo 1

Société

Lancer son application : le parcours d’Honi

Alexandre Le Boucher, 24 ans, a co-fondé avec Pierre Delannoy l’application Honi – Défis en couple, qui propose aux couples de pimenter leur quotidien avec des défis. Avec 30 000 utilisateurs et une forte croissance, Honi est l’exemple d’une start-up qui monte. Mais au fait, comment se lance-t-on aussi jeune dans une aventure entrepreneuriale ? Comment se faire connaître sans argent ? Et surtout, comment rendre son application rentable ? Alexandre a accepté de répondre à nos questions.
Le goût du  risque
Il n’y a pas qu’un seul profil d’entrepreneur. Ce qui les lie est peut-être une chose : le goût du risque. Se lancer jeune, sans expérience, peut faire peur. Mais la jeunesse permet aussi de s’engager dans une aventure sans le poids des responsabilités familiales et des crédits (si l’on est chanceux). Pour certains l’expérience salariale permet d’acquérir la maturité nécessaire au développement d’une entreprise. Même si l’expérience est un échec, un employeur sera aussi bien attiré par le profil d’une personne ayant tenté, innové et créé.
Le risque, c’est donc le moteur de l’innovation, de la création. Lancer une application plutôt qu’une entreprise classique permet cependant de limiter considérablement les risques financiers. En effet, le codage informatique peut s’apprendre grâce à des cours en ligne. La plateforme internet UDEMY¹ propose par exemple des cours dont les prix peuvent atteindre quelques dizaines d’euros, moins risqué que d’engager un développeur dont la facture se comptera en milliers.
Une stratégie de lancement déterminante
Les coûts de lancement limités d’un format digital permettent de développer plusieurs versions. [Effectivement, une fois l’application lancée sur une plateforme de téléchargement (Apple Store, ou Google Store pour Android), les critiques des utilisateurs peuvent être virulentes, mais constructives. Elles permettent d’améliorer l’application, mais peuvent aussi effrayer de potentiels nouveaux utilisateurs. À noter que les captures d’écran de l’application sont aussi de redoutables outils marketing : en deux images seulement, qui se doivent d’être pertinentes et révélatrices, c’est l’esprit de l’application qui apparaît au grand public.
De même, le choix de la catégorie dans laquelle est rangée l’application doit être réfléchi. Pour Honi par exemple, il aurait été peu efficace de la classer dans les « réseaux sociaux ». En la faisant appartenir aux « divertissements », l’application fait face à la concurrence moins directe des autres applications de couple.

Pour accroître le nombre d’utilisateurs, une seule solution : communiquer. Comme le montre Honi, les réseaux sociaux y sont propices. L’application doit avoir sa propre identité, son propre univers pour atteindre la cible. Il est donc primordial que le développeur se détache de son univers personnel, or cette distance est parfois difficile à appréhender quand on crée de toutes pièces un produit. Le choix des réseaux sociaux doit aussi être en lien avec le contenu de l’application.
Pour Honi, Twitter semble peu opportun, puisque c’est surtout par Facebook que les couples communiquent. Posséder une page Facebook est alors indispensable, mais il faut savoir la gérer. Alexandre a par exemple constaté que publier des défis à réaliser sur la page Facebook entraînait des conversations en commentaire entre les couples et aboutissait à de nouvelles adhésions, alors que relayer des articles n’avait pas d’impact. Sur Instagram, le système de hashtag permet de cibler des contenus en rapport avec le thème de l’application. Aussi, en aimant des photos tagguées « amour », par exemple, l’application se fait connaître efficacement chez les couples grâce à des outils gratuits simples à paramétrer, comme Instagress.com qui permet d’automatiser ce processus en ciblant les photos d’un hashtag choisi.

Enfin le community manager (le porte-parole de l’application) se doit d’être exemplaire pour fidéliser et conquérir de nouveaux utilisateurs. C’est un des outils de croissance principal des jeunes start-ups, et il est gratuit. À la différence des grandes entreprises qui l’utilisent davantage comme un système de SAV, le CM est un rôle clé de la communication puisque il est capable d’interagir directement avec les utilisateurs par le biais des réseaux sociaux. Si cette gestion peut prendre du temps, certaines plateformes comme Mailchimp permettent également d’automatiser le mailing à bas coûts.
Communiquer, c’est bien. Gagner de l’argent, c’est mieux.

Un point commun chez toutes les start-up à succès du digital : le recours au growth hacking. En d’autres mots, le « détournement de la croissance ». Ce sont des manières créatives d’accroître le nombre d’utilisateurs, de les pousser à lire, ou encore à signer un contenu, en dépensant le minimum de budget. Hotmail a par exemple inclus la proposition de parrainage (moyen principal d’adhésion au réseau) directement dans l’e-mail. Avec son son “PS : I love you. Get your free e-mail at Hotmail », l’entreprise s’est ainsi démarquée de toutes les autres boites mail du marché et en est devenu le leader en 1996.
Mais Andy Johns, chez Facebook, reste le maître incontesté du growth hacking. Après avoir réuni une « équipe de croissance », testé de nombreuses idées et récolté les impacts de chacune d’entre elles sur le nombre d’adhérents Facebook, Johns et son équipe ont trouvé le hack le plus efficace. C’était le système du badge personnalisé (à l’effigie d’un drapeau, d’un site internet, d’une marque…) que l’utilisateur pouvait afficher sur sa photo de profil.

Une fois le public ciblé atteint, plusieurs options s’offrent au développeur, en fonction de la nature de son application. Le mode freemium, avec des options payantes dans une application gratuite (comme par exemple les modes « hard » de défis avec Honi), peut permettre d’engranger des bénéfices. Plus infaillible peut-être : créer une demande chez l’utilisateur, à laquelle l’application peut répondre. Pour Honi, le lancement prochain de lots d’accessoires, nécessaires dans certains défis et que les utilisateurs ne possèdent pas, constituera une source de revenus certaine.
Le système du drop shipping² semble alors une évidence : le client passe commande au commerçant, lequel transmet celle-ci au fournisseur qui gère les stocks et assure la livraison. Le commerçant ne conserve donc aucun stock. C’est un système gagnant-gagnant, qui fournit des clients aux grossistes et permet au développeur de l’application de rester dans un circuit complètement digital, à l’instar d’Amazon.

Quant à la publicité, elle reste un moyen efficace de rentabiliser un contenu. Mais sur une application, elle est rapidement intrusive et risque de faire fuir l’utilisateur. L’application peut donc prendre la forme d’une place de marché³, pour mettre en relation des utilisateurs avec des services ou des biens payants, tout en prélevant une commission. Honi a par exemple créé une « carte de l’amour » où les couples s’échangent les bons plans à proximité (activités, restaurants). À terme, l’objectif serait de pouvoir réserver directement via l’application, qui prélèverait une commission.
Le m-commerce (ou commerce sur mobile) représentait 10 % du e-commerce en 2015 en France, soit 6 milliards d’euros, avec une forte progression par rapport à 2014 (+50 %). Le format digital offre des possibilités de développement uniques et peu coûteuses.
Louise Cordier
LinkedIn

Index:
¹ UDEMY : https://www.udemy.com/
² Drop shipping : https://fr.wikipedia.org/wiki/Drop_shipping
³ Place de marché : Espace virtuel de rencontre entre l’offre et la demande
Crédits  :
– Application honi sur le site d’apple : screens – PHOTOS 1 et 2
– Wikipedia : image drop shipping : PHOTO 5
– honeytechblog – PHOTO 4
– presswork.me – PHOTO 3
Sources :
• http://bit.ly/2ix4SxF : consulté le 22 décembre 2016
• FIDELMAN Mark, « Meet the Growth Hacking Wizard behind Facebook, Twitter and Quora’s Astonishing Success », Forbes, publié le 15 octobre 2013, consulté le 22 décembre 2016
 

Société

Quand les grands jouent dans la cour des start-up

 
Les grandes entreprises semblent avoir eu le déclic. Pour innover, il faut désormais compter sur les start-up, leur puissance créatrice et leur mode de fonctionnement.
Que cela n’en déplaise aux vieux de la vieille, la culture d’entreprise tend aujourd’hui au rapprochement : on se tutoie, on se donne rendez-vous au « showroom », on se rejoint à l’ « agora » et on s’assoit en tailleur dans l’« open space » pour mieux travailler en « co-working » et en « mode projet ». Cela paraîtra peut-être excessif, pas directement visible, et pourtant le management et la communication interne sont en pleine révolution : Quicksilver est un exemple parmi d’autres en France, où se déploient des programmes internes de formation destinés à développer l’esprit start-up chez les employés.
Dans le même esprit, tous ces grands veulent avoir leur « Lab » : Coca-Cola, British Airways, Nestlé ou encore SNCF avec Paris Incubateur… Et les grands gagnants de cette tendance sont les start-up. Les incubateurs fleurissent dans les entreprises pour leur permettre de challenger les « jeunes pousses » autour de projets essentiellement digitaux que sont les applications mobiles et les plateformes sociales : l’an passé, 86 milliards d’applications ont été téléchargées, soit une mine d’or pour les entreprises qui parviennent à s’y insérer efficacement. C’est ici que les start-up interviennent et bouleversent le modèle de la grande entreprise autonome et toute puissante. Il faudra compter sur ces petits, et même les imiter.
Toutes ces clés permettront de comprendre, dans un futur proche, la nouvelle entreprise de demain pour laquelle il faut se préparer dès maintenant. Pensez donc bien à remplir la ligne « valeurs » de vos CV, car elles seront sûrement le ciment de votre entreprise !
Céline Repoux
Sources :
Les Echos
PQR 66
Capitaldigital.fr
Influencia
Visual.ly
Crédits photo : Israelvalley.com