Formats spéciaux

MAYDAY, MAYDAY, FASTN NE REPOND PLUS

Si vous êtes un lecteur assidu de FastNCurious, vous l’aurez sûrement remarqué : depuis plusieurs semaines déjà, le blog d’actualités de la communication tenu par les étudiants du CELSA rencontre quelques problèmes qui en déstabilisent plus d’un. Toujours curious, mais plus très fast, un flop temporaire, où FastNCurious est victime de son succès. Retour inédit sur cette complication.
Des blessures difficiles à panser…
Un site qui met trop de temps à charger le contenu ? Une page internet qui ne s’ouvre pas ? Des articles difficiles à lire sur mobile ? Le ralentissement du site provoque de nombreux petits problèmes qui peuvent gêner la bonne lecture d’un article. Cependant, il faut savoir que les ingénieux Webmasters de FastNCurious, Guillemette Trognon et Dylan Langlois, œuvrent au nettoyage complet du site pour nous assurer un retour à la normale dans les semaines à venir. En effet, c’est bien d’une question d’assainissement qu’il s’agit puisque depuis sa création en 2011, les spams et autres désagréments n’ont pas été traités. Malgré l’aide d’ingénieurs er d’informaticiens extérieurs, le problème stagne et aucune solution n’a pu être trouvée. Les Webmasters se voient donc attribuer une charge de travail conséquente !

Pas de panique : les articles restent accessibles !
Mais rassurez-vous, bien que le site en lui-même soit un peu difficile d’accès par moments, les liens directs vers les articles sont LA solution. Pour les trouver, rien de plus simple : l’équipe de Community Management composée de Laura Sébert et Caroline Dos Santos, accomplit un travail impressionnant de relais des articles et des actualités sur les réseaux sociaux. Chaque jour, sur Twitter et Facebook, les liens directs aux articles sont relayés et fonctionnent à merveille. Pour les trouver, il suffit de suivre votre blog préféré sur ces réseaux sociaux. De plus, les articles publiés chaque samedi sur Le Monde sont accessibles sans aucune difficulté.
Un lectorat attristé
Qui dit problème d’accès, dit tristesse de nos lecteurs… et on les comprend ! Il faut savoir que le cœur de FastNCurious bat aussi à travers un lectorat de plusieurs milliers de personnes comprenant en majorité des étudiants, mais aussi des professionnels du métier. Et vous, qui êtes-vous ? De plus, ayons une pensée pour les candidats se présentant au concours du CELSA qui ont soif de connaissances et de billets pertinents quant à la communication, car tout le monde le sait : FastNCurious c’est l’une des clés pour le réussir ! Les lecteurs sont déçus de ne pas avoir leur dose hebdomadaire – voire quotidienne – de FastNCurious.
Ces problèmes ne sont pas passés inaperçus et la frustration est aussi ressentie par les rédacteurs qui chaque jour, font battre votre cœur de lecteur !
Pour expliquer et comprendre ce sentiment que nous avons perçu chez eux, nous avons réalisé une courte vidéo. Arpentant les couloirs du CELSA, nos caméras ont suivi les lecteurs et rédacteurs dans leur relation à FastNCurious :

Vous l’aurez compris, le problème rencontré par notre plate-forme n’est que temporaire et ne fait pas le poids face à votre détermination à lire les articles qui vous intéressent le plus ! Si malgré tout, vous êtes effondré par ces complications, FastNCurious serait heureux de recevoir ses premiers dons, afin de se remettre à neuf ! Cela dit, si vous sentez que vous pouvez être, personnellement, le remède aux maux de FastNCurious, l’équipe serait ravie d’accepter l’aide précieuse d’un informaticien aguerri (gratitude à la clé).
Steffi Noël

Politique

"90 jours" pour tout changer ?

« Écologie » : c’est presque de manière violente que ce terme clivant retentit dans les esprits, victime d’une quantité de clichés indénombrables. L’ « écolo », dans l’imaginaire collectif, est tantôt associé à une sorte de babacool nostalgique aveuglé par les promesses utopiques que lui font ses tongs en bois, tantôt à un genre de « bobo biocool », faisant peser sur tout ceux qu’il fréquente une véritable culture de la culpabilité. L’écologie effraie car elle nous confronte à des réalités parfois choquantes et dramatiques, qui nous renvoient à notre statut de « poussière d’étoile » et bousculent notre rapport au temps. L’écologie effraie, aussi, parce qu’elle nous responsabilise et nous demande de jouer pleinement notre rôle de citoyen.
Les nouvelles technologies au service de l’écologie participative
Pourtant, certains n’hésitent pas à faire preuve de créativité et à utiliser les supports communicationnels modernes pour réconcilier écologie et citoyenneté. La technologie semble en effet s’imposer peu à peu en tant que medium innovant, encourageant la sensibilisation de la société civile aux problématiques écologiques.
C’est dans cette lignée communicationnelle ludique que s’inscrit l’application pour smartphone « 90 jours ». Imaginée par Elliot Lepers, designer de formation, elle offre à tout un chacun la possibilité de se familiariser à l’écologie et d’agir de manière non-chronophage à partir d’outils qui sont entrés dans notre quotidien. Son créateur envisage l’application en tant qu’ « assistant personnel permettant de mettre en œuvre sa propre transition écologique ».

Première étape : remplir un questionnaire afin de définir son profil personnalisé. Deuxième étape : relever vaillamment les défis reçus. De « faire pipi sous la douche » à « modérer sa consommation de viande » ou encore « s’inscrire à une AMAP », les impacts environnementaux des défis sont expliqués et assortis de conseils qui favorisent le passage d’une écologie de la privation à une écologie plaisante qui crée une nouvelle pratique.
Lors d’une conférence donnée pour TedX Paris, Elliot Lepers explique penser qu’il est « important de sortir l’écologie de ses incarnations ». Dans l’espace public et médiatique, l’écologie est le plus souvent dépeinte à coup de drame et de fin du monde, alors que c’est uniquement l’inaction face aux questions environnementales qui nous sont posées qui présage des conséquences dramatiques. De quoi encourager le plus grand nombre à fermer les yeux et à mépriser les couleurs des bacs de tri sélectif.
Il semble légitime de questionner l’efficacité concrète de ce genre d’application qui ne relève, pour certains, que du gadget. Les résultats sont bien là, pourtant : les utilisateurs de « 90 jours » ont déjà réussi à économiser 900 000 kg de cO2 et un million de litres d’eau. Plus de 60 000 personnes l’utilisent aujourd’hui. Cependant, d’autres outils communicationnels de plus vaste ampleur permettent, à une autre échelle, la mobilisation d’acteurs écologiques qui tentent de porter les revendications devant les pouvoirs publics. C’est le cas de la pétition en ligne, par exemple, qui est à l’origine d’une nouvelle communauté partagée.
S’informer, se former… et agir ?
Ce qui semble important, avant de pouvoir agir en tant qu’acteur écologique citoyen, est de savoir comment et pourquoi. Cette nécessité informationnelle est exploitée sous des formes de plus en plus innovantes, comme le webdocumentaire. Ces œuvres multimédia et interactives proposent une immersion documentée au sein d’un thème donné et invitent le spectateur à participer voire, parfois, à mener la visite guidée. Elles sont données à l’usagé comme des jeux, des panoplies à explorer et à manier. Arte en a produit de nombreux, mis en ligne sur sa plate-forme créative. « Polarsea360 », par exemple, est un voyage virtuel à la découverte de la fonte des glaçes.

Ces plate-formes technologiques nous proposent à la fois du contenu informatif et un nouveau mode de participation au débat : le citoyen a des clés en mains. Lors de la COP 21, par exemple, les internautes étaient invités à réagir via les réseaux sociaux. Pour la journée du dimanche 29 novembre (jour de l’arrivée de 130 chefs d’Etat à Paris) plus de 750.000 tweets en lien avec la conférence des Nations unies ont été postés sur Twitter.
Toutes ces initiatives tendent à dé-diaboliser l’écologie considérée comme science obscure pour en faire une pratique qui nous soit familière. Demain, film documentaire réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, récompensé par le césar du meilleur documentaire, nous propose d’aller à la rencontre de ces acteurs innovants qui repensent l’écologie via l’utilisation de nouveaux outils. Comme le dit Elliot Lepers : « nous sommes tous les designers de notre quotidien ». Alors, prêts à relever le défi ?

Emilie Beraud
Sources :
http://90jours.org/
http://www.tedxparis.com/?s=90+jours
http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/05/05/linky-le-compteur-intelligent-suscite-deja-la-polemique_1517385_3234.html

Cyril Dion nous raconte le succès de « Demain », le docu écolo-feel good devenu phénomène de société


http://www.franceculture.fr/emissions/la-revolution-ecologique/ecologie-et-democratie
La résistance au changement, produit d’un système et d’un individu par Daniel Dicquemare
Crédits images :
Aline Nippert
http://90jours.org/

Publicité et marketing

Du pareil au mème

Ci-dessus, l’enfant qu’on ne présente plus. A l’origine un bébé sur une plage, il a fait le tour de la toile et a été baptisé « Success Kid ». Les plus pessimistes l’ont surnommé « I Hate Sandcastles ». Quoi qu’il en soit son histoire ne s’arrête pas là. En février 2012 il devient la star d’une campagne de publicité de la marque britannique Virgin Media. Vous avez vu l’avant, voici l’après :

Récemment, Yomoni a lancé une campagne de publicité basée sur la rhétorique du mème, posant ainsi la question de la pertinence d’une telle stratégie, de plus en plus discutée et parfois préconisée dans le milieu du marketing.
Je suis bilingue web, viens on parle !
Le mème est « un anglicisme utilisé pour décrire un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur internet ». Il peut prendre la forme d’une vidéo, mais on le connait plus souvent sous celle d’une photo, reprise et détournée au moyen de phrases humoristiques surimposées. Il s’agit souvent d’images insolites ou drôles qui se prêtent à une multitude d’interprétations. Il ne tient alors qu’à l’internaute de faire preuve d’imagination, de créativité et d’humour. Ce dernier élément est essentiel au mème et constitue un des ressorts majeurs pour une campagne publicitaire. De plus en plus, les marques cherchent à établir une relation avec leurs publics plutôt que de vendre directement un produit. Passer par le rire ou le sourire est un moyen d’entrer en contact avec des publics potentiels ou déjà constitués. Le capital sympathie du mème est grand et favorable à la marque qui se le réapproprie.
Il est également pour la marque une manière de montrer patte blanche. Si elle s’adresse à un public plutôt jeune (les moins de 40 ans), l’utilisation du mème permet de lui fait comprendre qu’elle parle sa langue. En s’appropriant les codes de la culture web que ce public a en commun, la marque met en place les conditions d’une connivence qui ne peut que favoriser, ou même renforcer, le lien qu’elle entretient avec sa cible. En voici un exemple, qui repose sur l’utilisation du « Y U NO » Guy des Rage Comics, dont la popularité ne cesse d’augmenter.

Partage-moi…
Le mème dans une campagne d’affichage est l’irruption d’une rhétorique web dans un espace extérieur au web. C’est précisément cette hybridation qui constitue l’intérêt du phénomène : internet est en train de devenir le média le plus chronophage, reprendre ses codes semble être une évolution logique et évidente des discours publicitaires qui doivent s’adapter aux usages de leurs publics. Le mème permet de capter l’attention grâce à un effet de surprise double : le format d’une part – celui d’un panneau d’affichage dépasse largement celui d’un écran d’ordinateur et crée une impression de gigantisme amusante – et la présence encore rare des mèmes dans les espaces d’affichage. Sachant que la problématique principale pour les publicitaires est celle de capter et de retenir l’attention, les mèmes sont une réponse encore originale et pertinente.
Par ailleurs, le mème est un phénomène viral fondé sur la reprise et le détournement. En reprenant un même ou en créant un même, une campagne publicitaire incite à la reprise de son contenu et impulse une dynamique favorable à la marque. Celle-ci peut se reposer dessus pour créer le « buzz », une des façons les plus efficaces de faire parler de soi. Il s’agit de donner la parole à ses publics en les invitant à la réappropriation, tout en misant sur leur bienveillance du fait de la connivence instaurée.
De la pertinence de ce discours
En se reposant sur la réappropriation de son contenu par ses publics une marque s’expose cependant à l’éventualité d’un « bad buzz ». Il faut en effet accepter de perdre le contrôle sur le discours initial. Il faut également faire attention à ne pas faire du même pour du même (comme cela a été le cas pour Wonderful Pistachios… Faites-vous un avis :

 
Et de fait, les marques sont encore réticentes à l’utilisation des mèmes, surtout pour des campagnes d’affichage, en publicité. Pourtant, à en croire le nombre d’articles postés sur internet à ce sujet, le « memevertising » est une pratique qui prend de l’ampleur, surtout aux Etats-Unis pour l’instant, et qui commence à émerger en France.
Yomoni est un service de gestion d’épargne, exclusivement en ligne, qui s’est récemment fait connaître grâce à une campagne d’affichage dans le métro parisien, dont voici un échantillon :

Il s’agit d’une bonne illustration de la rhétorique du mème pour établir un premier contact (c’est la première campagne publicitaire du service) avec des cibles potentielles : humour, décalage, visuels, typographie, simplicité des messages. Par ailleurs, Yomoni fait ici preuve d’une très grande cohérence dans son discours. Etant un service exclusivement en ligne, l’utilisation d’un code du web apparaît comme naturelle et démontre ici son efficacité. Etant également un service de type nouveau, le recours à une campagne inhabituelle permet de démontrer par l’exemple son approche novatrice du monde de l’épargne.
Le même est une des évolutions que l’on peut observer dans le monde de la publicité. Il démontre la volonté de s’adapter aux usages des publics : le temps croissant passé sur internet et des phénomènes viraux qui démontrent l’appétit des internautes pour la réappropriation des contenus qui circulent. Cependant, les marques avancent avec précaution du fait de la difficulté de la mise en place d’une communication virale.
Sophie Miljkovic
Sources:
L’ADN, Yomoni, première campagne de communication. In : L’ADN. 18/01/2016
Bouilhot, Elodie, La réappropriation des mèmes internet dans la publicité est-elle légitime ? In Slideshare. Publié le 26/11/2014.
Cléry, Hugo, Quand la publicité récupère la culture internet. In : Blog du modérateur. 11/09/2012
Markowski, Jordan, The Best Examples of Meme Marketing. In : Sparksheet. 10/04/2013
Vaughan, Pamela, 10 Popular Memes Masquerading as Marketing Campaigns. In: Hubspot Blogs. 07/06/2012
Wikipedia, Mème internet
Crédits photo:
http://blog.hubspot.com/blog/tabid/6307/bid/33197/10-Popular-Memes-Masquerading-as-Marketing-Campaigns.aspx
https://www.yomoni.fr/blog/premi%C3%A8re-campagne-de-pub-pour-yomoni
http://knowyourmeme.com/memes/success-kid-i-hate-sandcastles

Publicité et marketing

Les bloqueurs de pubs, sauveurs en toc ?

L’une des choses qui nous insupporte le plus lorsque l’on navigue sur Internet, outre les temps de chargement et les bugs, c’est la pub. Omniprésente, sa surabondance et son trop récurrent manque de pertinence ont conduit à un ras-le-bol généralisé des internautes. Des concepteurs de logiciels ont alors décidé de s’engouffrer dans la mode du do not track pour y proposer leurs services.
Le plus connu, Ad Block, créé en 2006 par Wladimir Palant, suscite la polémique. Accusé par certains de violer la propriété intellectuelle des producteurs de contenus gratuits en ligne en leur coupant leur unique source de revenus, il est encensé par d’autres le voyant comme un service pro-consommateur et libertaire. Mais où est la vérité dans tout cela ? Les bloqueurs de pub sont-ils réellement pro-consommateurs ou ne s’agit-il que d’une imposture ? Pour le découvrir, il nous faut d’abord comprendre comment circulent les publicités sur Internet.
La pub sur Internet : marchés automatisés et ciblage
Auparavant, deux grands problèmes contrariaient les affaires des annonceurs sur Internet : les modalités du dispositif d’achat et de vente d’espace publicitaire, et le manque de ciblage des annonces.
Le dispositif d’achat et de vente d’espace publicitaire
Avant 2010, le marché de la publicité sur Internet est entièrement calqué sur le modèle simple et institué des médias traditionnels, composé de trois acteurs : des éditeurs (un site d’information par exemple) qui vendent de l’espace publicitaire, des annonceurs qui achètent ces espaces, et des agences (telles que Havas ou Publicis) servant d’intermédiaire entre les deux parties. Ce modèle est encore utilisé sur Internet, mais concerne surtout les échanges entre éditeurs et annonceurs qui se connaissent bien, qui ont l’habitude de traiter ensemble.
Il a en effet le défaut d’être assez mal adapté au fonctionnement d’Internet. Sur le web, tout va plus vite, et l’audience d’un site internet proposant des contenus gratuits a moins de valeur que celle d’un média matérialisé, car on s’attarde plus sur un magazine ou une émission TV que sur une page Internet. C’est donc le dispositif de l’échange entre éditeurs et annonceurs qui doit être modifié, selon deux critères : l’instantanéité de la transaction et la faiblesse des coûts.
C’est pour cela qu’à partir des années 2010 est arrivé l’achat programmatique, appelé de manière générique Ad Exchange. Les ad exchanges sont des plateformes de marchés automatisés où s’achètent et se vendent des espaces publicitaires en moins de 120 millisecondes par page et par internaute, sous la forme d’enchères en temps réel. Dans ce système on retrouve le triptyque éditeur/agence/annonceur, mais s’y ajoutent d’autres intermédiaires, chacun spécialisé dans un type de format de publicité précis (vidéo, display, native advertising ou autre) : d’un côté les SSP (Supply-Side Platform), qui vendent l’espace publicitaire des sites, et de l’autre les DSP (Demand-Side Platform), qui offrent une interface pour gérer les campagnes des annonceurs.
En moins de 120 millisecondes, cinq opérations sont réalisées sur ces plateformes : l’internaute arrive sur une page web, l’impression de publicité pour cet internaute est mise aux enchères, des acheteurs proposent une enchère, l’enchère la plus élevée gagne l’impression, et le gagnant sert sa publicité.
Le succès de ces Ad Exchanges est tel que la plupart des grandes sociétés informatiques ont développé leur propre plateforme : Microsoft avec App Nexus, Yahoo! avec Right Media, ou encore Orange avec Ad Market. La rapidité et la faiblesse des coûts sont au rendez-vous, mais reste à proposer des annonces pertinentes, c’est-à-dire en adéquation avec les goûts de l’internaute présent sur la page.

Le ciblage des annonces
C’est Google qui a trouvé la solution – et ce bien avant la création des ad exchanges – avec une fonctionnalité permettant aux annonceurs d’afficher des publicités correspondant aux mots-clés tapés par les utilisateurs dans leurs différentes recherches : Ad Words. Grâce à cela, un internaute aura l’agréable surprise, après avoir visité un site commercial, de voir des petits encarts lui présentant des articles consultés ou bien en étroit rapport avec ceux-ci s’afficher sur tous les autres sites sur lesquels il se rendra.
Ces deux phénomènes concomitants – le ciblage des publicités pour chaque internaute et leur diffusion ultra-rapide et surabondante – ont pourtant eu un effet que les annonceurs, pris dans leur appétit insatiable de ventes et de notoriété, n’ont pas vu venir : un ras-le-bol généralisé. Les consommateurs, las d’être envahis de publicités, ont commencé à se plaindre, et ont été entendus par des sociétés proposant de bloquer les publicités intrusives. Reste à savoir si ces services sont aussi désintéressés et efficaces qu’ils prétendent l’être.
Les bloqueurs de pub, une imposture ?
La mode du blocage de pub a certes démarré avec la création d’Ad Block en 2006, et sa pérennisation en entrant dans le groupe Eyeo en 2011, mais c’est en 2013 qu’elle atteint une ampleur jusqu’alors inégalée en France quand Free annonce le blocage automatique de toutes les publicités Google pour l’ensemble de ses clients, à l’occasion de la mise à jour de sa Freebox Revolution. D’autres ont alors suivi, comme Microsoft avec une fonctionnalité dans Internet Explorer 10, et Mozilla Firefox, avant de se rétracter.
Cela peut sembler assez paradoxal pour ces groupes de bloquer la publicité, mais ce blocage est en réalité plus stratégique qu’éthique. Le vrai objectif de Free en faisant cette annonce est double : obtenir un accord de trafic payant avec Google, et renforcer son image de marque proche de ses clients, soucieuse de leur « expérience de navigation ». Les bloqueurs de pub ne sont donc pas désintéressés, encore moins Ad Block.

Le logiciel, dont le slogan est « Surfez sans désagréments ! », se positionne du côté des consommateurs, dont il veut améliorer les conditions d’accès aux contenus sur le web. Pourtant son action n’est pas tout à fait morale. En supprimant les publicités dites « intrusives », il supprime l’unique source de revenus des éditeurs et des producteurs de contenus en ligne, ce qui est potentiellement illégal. En effet, cela peut être assimilé à de la violation de la propriété intellectuelle puisqu’on considère que sur une page web la publicité fait partie intégrante du contenu, tant parce qu’elle y a sa place, délimitée spatialement, que parce qu’étant une source de revenus, elle permet au contenu d’être édité. Mais Ad Block n’informe à aucun moment ses utilisateurs de ce problème.
Le logiciel se défend pourtant de mettre en péril le modèle économique d’Internet, fondé sur la gratuité de l’accès aux contenus en échange du visionnage de publicité. Il ne filtre en effet que les publicités dites « intrusives », et laisse passer celles qui appartiennent à sa « liste blanche ». Cette dernière est quelque peu controversée, car c’est elle qui permet à Ad Block de gagner de l’argent : les pubs whitelisted ne peuvent rester sur cette liste que moyennant finance.
En outre, les critères permettant à une publicité d’intégrer la « liste blanche » sont assez indulgents pour laisser passer une grande partie de la publicité. Ils sont basés sur trois éléments : la position sur la page (une publicité ne doit pas interrompre la lecture), le fait qu’on les distingue clairement du contenu naturel de la page, et la taille. On arrive ainsi parfois à des situations où le bloqueur de publicité devient une vraie passoire. Pour exemple, sur la page d’accueil du site ask.com, la pub whitelisted représente 30% de l’espace, et le contenu de l’article lui-même 13%, ce qui revient à 2,3 fois plus de publicité que de contenu.

Les ennemis d’Ad Block lui reprochent ainsi deux choses. D’une part, d’effectuer une sélection hypocrite et arbitraire des publicités intrusives, et d’autre part de menacer le modèle économique d’Internet sans proposer de solution alternative. C’est ainsi que deux Français ont pris l’initiative en 2014 de créer un logiciel permettant aux sites de contrer Ad Block ayant pour nom Secret Media.

La publicité sur Internet est un vrai problème. Omniprésente et intrusive, il est normal de vouloir la bloquer, ou du moins la réguler. Mais cela remet en question le fonctionnement économique du web en bloquant l’une des uniques sources de revenus des éditeurs de contenus. Les pureplayers sont plus directement menacés, car les médias disposant également de formats physiques ont d’autres sources de revenus publicitaires. Dans tous les cas, le blocage de la publicité crée un manque à gagner pour des groupes médiatiques traversant actuellement une crise, et pourrait devenir un frein à l’innovation et au développement de petites structures web. La publicité sur Internet deviendrait-elle de plus en plus une question éthique ? Ce qui est sûr, c’est que dans notre monde ultra-connecté, elle ne laisse pas indifférent.
Clément Mellouet
Sources :
– Andréa Fradin, Rue89, « On a pisté la publicité sur Internet » (30/03/15). http://rue89.nouvelobs.com/2015/03/30/a-piste-publicite-internet-258354
– Jérémie Bugard,, Le Monde, « A qui profite le blocage publicitaire sur Internet ? » (30/05/14). 
– Frédéric Montagnon, frenchweb.fr, « Adblock Plus : ce qu’ils prétendent faire et ce qu’ils font réellement » (31/03/15). 
Crédits images :
1- SouthPark
2- Rue89
3- castle33.com
4- frenchweb.fr
5- secretmedia.com

Politique

Il était une fois Internet, les hommes et la démocratie

Une fameuse utopie, où, le légendaire Internet va révolutionner notre société afin d’y introduire un épanouissement total de la démocratie. Son avènement promettait un rêve fou : le pouvoir au peuple. Lol.
Bon, c’est vrai, Internet a changé la donne.
Il nous a permis de démocratiser notre société, l’exemple le plus pertinent étant la possibilité de répondre. En contradiction avec la théorie d’une parole – médiatique – sans réponse – de la part des masses que Baudrillard présente dans son ouvrage, Pour une critique de l’économie politique du signe, la société actuelle grâce à Internet et aux réseaux sociaux, est une société d’échanges d’informations.
A cet égard, le web est un outil démocratique, donnant à chacun un nouveau champ d’expression plus libre.

Au delà de ce droit de réponse, un des exemples phare qui affirme cette démocratisation que véhicule Internet est Wikipédia. Cette encyclopédie ouverte à tous, aussi bien dans la rédaction du contenu que dans la lecture de celui-ci, est symbolique de cette révolution : le savoir pour tous.
Il est indéniable qu’Internet engendre un changement de paradigme : d’un one to many à ce que l’on pourrait qualifier d’un « many to many. » Pourtant, cette révolution culmine davantage vers un glissement des forces en présence et une redistribution des pouvoirs allant à l’encontre du sens traditionnel de la démocratie : le pouvoir au peuple. « Le pouvoir relatif des internautes »  est exposé ici.
L’émergence d’une nouvelle classe. 
On parle bien souvent de la dimension participative d’Internet, permettant aux internautes d’intégrer une communauté, de donner son avis, de s’exprimer. A cet égard, La société met en exergue une soi-disant démocratisation du pouvoir, alors qu’en réalité, il n’y a qu’un transfert de ce pouvoir entre des groupes qui étaient déjà plus ou moins dominants.
Cyrille Frank, journaliste, formateur et consultant, explique dans son blog médiaculture.fr, qu’Internet engendre non pas un partage démocratique du pouvoir, mais plutôt l’avènement d’une « nouvelle classe de dominants ». Adieu, donc, l’utopie d’un pouvoir également distribué entre tous.
Historiquement, l’apparition de nouveaux déséquilibres sociaux est une conséquence inhérente à un changement de paradigme. Par exemple, la bourgeoisie supplanta l’aristocratie après la Révolution Française. L’apparition d’une nouvelle classe après une grande rupture est commun dans l’Histoire.
Dès lors, même si Internet comporte une vertu émancipatrice pour les internautes, il est important de souligner le fait que cela ne concerne pas tout le monde.

Cette nouvelle classe établit son pouvoir grâce à sa maîtrise des nouvelles technologies. Ces acteurs parviennent à s’adapter au temps technologique, afin d’en vivre. Plus concrètement, Cyrille Frank désigne cette nouvelle classe par : « les jeunes journalistes 2.0, communicants et marketeux technophiles, experts et consultants en réseaux sociaux, entrepreneurs du secteur technologique… ».
L’information est un levier de domination majeur dans la société actuelle : il est assez évident que ceux qui savent la manier seront puissants. 
Une illusion de pouvoir ? 
Par le biais de ce droit de réponse et de participer, les internautes ont également un pouvoir, une influence sur Internet. Cependant, sommes-nous influencés ou sommes-nous totalement libres de cette parole ?
On pourrait croire qu’il n’y a pas d’obstacle à notre liberté d’expression, et pourtant, il s’avère que nous sommes toujours influencés.
Prenons par exemple le système de réponse aux médias web, tel que le commentaire sur les articles ou bien sur les réseaux sociaux. On s’aperçoit que cette influence, ce pouvoir qui nous a été donné est en réalité réutilisé par les médias web dans leur propre intérêt. « Voici le pouvoir essentiel de la forme – en ce qu’elle est l’essence même de l’information. » explique Emmanuel Souchier, dans La mémoire de l’oubli. C’est en partie cette forme codifiée qui limite notre pouvoir, et qui permet aux médias web cette réappropriation. Prenons l’exemple de Twitter et ses fameux 140 caractères, qui influent malgré nous sur le contenu de l’information que nous transmettons. En effet, qu’est-ce que donner son avis en 140 caractères ? Notre influence est donc limitée à une forme qui est déterminée par les médias eux-mêmes.

Le Community Manager, acteur de cette « nouvelle classe dominante » dont parle Cyrille Frank, peut définir sa mission par trois verbes : fédérer autour d’un intérêt commun, animer en fournissant des informations aux internautes qui sont susceptibles de les intéresser, et modérer en régulant les conversations pour que les débats restent de qualité. Autrement dit, c’est lui qui va être face à nos réactions, à notre réponse. Les trois verbes qui définissent sa mission, prouvent que notre parole est influencée par l’action du Community manager. On nous amène subtilement d’un point A à un point B, de manière inconsciente. Il y a un mécanisme derrière le système du commentaire qui n’est pas synonyme de totale liberté et donc de vrai pouvoir.
D’autre part, d’un point de vue sociologique, notre choix est déterminé par plusieurs facteurs. Cette liberté d’expression pour tous, engendre un réel problème de visibilité. Certes, nous avons davantage la possibilité de nous exprimer, mais paradoxalement notre avis est dilué dans cet océan – nouveau – d’informations. Par conséquent partager son opinion via un commentaire relève également d’un relatif narcissisme. Il y a une volonté de sortir de la masse, d’être LE commentaire, et d’avoir raison. Cette problématique est d’autant plus réelle avec la possibilité de liker les commentaires. L’acte de réponse n’est donc pas totalement désintéressé, au contraire. Il se place comme fait social, c’est à dire comme une action qui n’est pas entièrement libre puisque partiellement déterminée. Par conséquent, la possibilité de réponse qui est donnée par les médias web est à double tranchant. Elle révèle à la fois la possibilité de participer, ce qui relève de la dimension démocratique du web, mais aussi une volonté d’attirer les internautes sur leur plateforme grâce au besoin des individus d’exister parmi les autres.
On peut parler de ré-appropriation d’un pouvoir des internautes par les médias web, et c’est cette récupération qui démontre dans le même temps la limite de ce pouvoir, que l’on a tendance à surestimer. 
Clémence Midière
LinkedIn
@clemmidw
 
Sources :
La démocratie électronique est-elle une illusion ? Par Hubert Guillaud sur Homo Numericus
Nouveaux médias : une nouvelle classe de dominants par Cyrille Franck sur Mediaculture
Qui a le pouvoir sur Internet ? Par Clément Mellouet sur FastNCurious
Crédits images:
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Lefigaro.fr
Computer Ethics
Emarketing.fr

Norman Crunch
Société

Stars du web : mythes et mystères

Les 7 et 8 novembre 2015 se tenait Porte de Versailles la Vidéo City de Paris, premier festival en France autour de la création de vidéos. 25 000 visiteurs sont venus rencontrer leurs youtubeurs préférés pour partager leurs créations, obtenir autographes et selfies, et assister en live à des shows exclusifs. Mais alors que ces stars du web semblent tout partager avec leurs intimes millions d’abonnés, un tabou subsiste : leurs revenus. Et si la justice commence à s’attaquer à ce sombre secret, c’est que tout n’est peut-être pas si clean.

Célébrités du net ou d’ailleurs, même combat
Quand on est star, c’est toute une communauté qu’on inspire. Et plus on a de fans ou d’abonnés à inspirer, plus on est susceptible d’être contacté par des sponsors. En France, la condition afin de pouvoir utiliser sa notoriété pour promouvoir une marque est, s’il y a rémunération, de préciser ouvertement que la marque en question nous a payés pour que l’on en fasse la publicité. Tant que Gad Elmaleh utilise son image à la télévision pour promouvoir la banque LCL, il n’y a pas de problèmes. En revanche, ils arrivent quand la youtubeuse EnjoyPhoenix étale ses derniers achats chez H&M ou que l’humoriste Cyprien sort une vidéo intitulée « La Wii U » dans laquelle il nous présente la nouvelle console de jeux de Nintendo.
EnjoyPhoenix et Cyprien ont-ils été sponsorisés par H&M et Nintendo ? Rien dans la vidéo ni dans le descriptif de celle-ci ne le précise, mais nos deux youtubeurs ont l’air très, très satisfaits des produits présentés… « Et pour finir, ma conclusion sur la Wii U : c’est bien », nous dit Cyprien. Voici justement ce qui a attiré les foudres de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) : la publicité déguisée qui prolifère sur YouTube. En pensant se divertir, l’internaute regarde en réalité une vidéo-promotion, et se transforme en consommateur manipulé. La loi punit ce type de fraude de 300 000 euros d’amende et de deux ans de prison. Selon l’article 20 de la loi pour la confiance de l’économie, « Toute publicité (…) doit pouvoir être clairement identifiée comme telle ». Problème : comment distinguer le youtubeur secrètement sponsorisé de celui qui parle d’un produit en toute innocence ?
Le silence est d’or
Préciser qu’une vidéo est sponsorisée n’est avantageux ni pour l’annonceur ni pour le youtubeur. En effet, Youtube est avant tout une plateforme d’expression libre. L’arrivée des annonceurs sur cette plateforme signifie pour les internautes la mort de la liberté d’expression et surtout celle de la sincérité… Norman a été qualifié par certains de ses fans de « vendu » après avoir participé au défi de Crunch en 2013, Crunch sort Norman de sa chambre.

Kevin Tran, de la chaîne Youtube Le Rire Jaune, remarque en effet dans sa vidéo « L’Argent sur Youtube » le fait que faire du placement de produit dans une vidéo est très mal vu en France. Il explique intelligemment que tant que l’internaute n’a pas l’impression de se faire utiliser, le placement de produit doit être accepté car « ça fait partie du jeu » : les youtubeurs ont besoin d’argent, ne serait-ce que pour produire des vidéos de qualité. Kevin ne parle cependant pas de l’obligation de préciser que la vidéo contient un placement de produit et nous propose même une astuce pour pouvoir déterminer si la vidéo que nous regardons en contient un ou pas (si le youtubeur critique ne serait-ce qu’une fois le produit, ce n’est pas un placement de produit).
Ce qui prouve que préciser clairement que sa vidéo contient un placement de produit n’est pas considéré comme obligatoire par la communauté des youtubeurs. D’autre part, on remarque que les annonceurs interdisent à leurs intermédiaires de déclarer le montant de leur rémunération. Echapper aux impôts grâce aux failles du système YouTube ?

Les stars du net ont toujours le pouvoir
Cependant la marge de manœuvre des stars du net est encore totale. En effet, si rien ne les oblige à accepter les offres de sponsoring, elles sont également libres de n’accepter les offres que sous condition ou de les envoyer balader comme bon leur semble.
Ces questions épineuses ne touchant pas uniquement YouTube, prenons l’exemple du buzz récent d’une star d’Instagram. Essena O’Neills, 18 ans et 580 000 followers, a décidé de faire un pied-de-nez à ses nombreux sponsors en révélant ce qui se cache vraiment derrière ses photos : outre les problèmes liés au jeûne pour avoir un ventre plat et au mal-être dû à l’exhibition de son corps, des placements de produits rémunérés 2 000 dollars !

L’idée que les stars du web renvoient aux internautes est ainsi la suivante : ce ne sont pas les marques qui se servent de nous, mais nous qui nous servons des marques.
A l’heure du 2.0, fraude ou pas, ce sont les célébrités d’Internet qui ont encore le contrôle total de leurs actions. Mais dans le cas des youtubeurs, il est plus facile de refuser l’offre d’un sponsor quand on s’appelle Pewdiepie (première chaîne avec un revenu qui varie entre 4 et 7 millions de dollars par an) que quand on a un nombre d’abonnés plus modeste et que l’on ne crache pas sur quelques milliers d’euros. Le youtubeur lambda est donc tiraillé entre l’appât de l’argent facile et le désir de maintenir son image d’artiste libre et sincère, qui ne se sert pas de sa communauté de fans pour se faire de l’argent.
Et au-delà des belles intentions, Internet est bien trop vaste pour que la DGCCRF puisse condamner toutes les stars du web françaises qui auraient « oublié » de préciser que leur vidéo/photo contient un placement de produit.
Camille PILI
Linkedin
Sources :
« Pour montrer la réalité qui se cache derrières ses photos, cette célébrité Instagram édite ses photos « parfaites »  … C’est étonnant !  » in Espace buzz, mis en ligne le 05/11/15 – Disponible sur : http://www.espacebuzz.com/pour-montrer-la-realite-qui-se-cache-derriere-ses-photos-cette-celebrite-instagram-edite-ses-photos-parfaites-c-est-etonnant.html
Nathan Weber. « Une célébrité Instagram édite ses posts pour révéler la dure réalité qui se cache derrière ses photos « parfaites » … Edifiant ! » in Demotivateur, mis en ligne il y a un mois – Disponible sur :  http://www.demotivateur.fr/article-buzz/une-celebrite-instagram-edite-ses-posts-pour-reveler-la-dure-realite-qui-se-cache-derriere-ses-photos-parfaites-edifiant–3788
Kenny. « La répression des fraudes s’intéresse aux Youtubeurs » in Hitek, mis en ligne le 08/12/15 – Disponible sur : http://hitek.fr/actualite/repression-des-fraudes-youutbeurs_7813
Matthieu Delacharlery. « Des Youtubeurs dans le collimateur de la répression des fraudes » in METRONEWS, mis en ligne le 04/12/15 – Disponible sur : http://www.metronews.fr/high-tech/des-youtubeurs-dans-le-collimateur-de-la-repression-des-fraudes/mold!xA8EH5K4dOCA/
William Audureau. « La répression des fraudes s’intéresse à la publicité déguisée sur Youtube » in LE MONDE, mis en ligne le 21/12/15 – Disponible sur : http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/12/04/la-repression-des-fraudes-s-interesse-a-la-publicite-deguisee-chez-les-youtubeurs_4824504_4408996.html
Kévin Ebelle. « La répression des fraudes : enquête sur les revenus opaques des Youtubeurs » in Toolito, mis en ligne le 08/12/15 – Disponible sur : http://www.toolito.com/geek/youtubeur-enquete-repression-fraudes/
Sandrine Etoa-Andegue. « Vidéo City Paris : enquête sur le business des Youtubeurs » in France Info, mis en ligne le 07/11/15 – Disponible sur : http://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/video-city-paris-enquete-sur-le-business-des-youtubeurs-744003
Crédits images : 
– Video City
– Capture d’écran Youtube
– Capture d’écran Instagram

ferguson
Société

Ferguson : du choc des médias mainstreams et de l’Internet

Ferguson, un évènement médiatique généré par les nouveaux médias
En bref rappel des faits, Michael Brown, jeune afro-américain de 18 ans a été abattu par un policier le 9 août 2014 dans la ville de Ferguson, Missouri. La violence des six coups de feu tirés par un représentant des forces de l’ordre blanc contre cet adolescent noir non armé, selon les témoins, a réveillé le passé raciste des Etats-Unis et soulevé des vagues d’émeutes. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais à mesure que la répression policière s’intensifie – toutes les forces de police du comté environnant (Saint-Louis) étant réquisitionnées – la situation déborde de l’espace public au cyberespace. Le Web devient le seul refuge à la liberté d’expression et une avalanche de commentaires référencés, sous le hashtag #Ferguson, fusent sur Twitter pour dénoncer cet usage excessif de la force. Ces commentaires, tenant lieu de journalisme citoyen, sont partagés sur toute la Toile et finissent par attirer les regards de toutes les rédactions occidentales. Sarah Seltzer, écrivaine, essayiste et journaliste freelance écrit dans Flavorwire « A Ferguson comme dans le comté de Saint-Louis, les réseaux sociaux étaient là pour [documenter] ces épisodes scandaleux, petits ou grands, depuis les affreuses conférences de presse jusqu’aux nuits de terreurs entre les gaz lacrymogènes, les arrestations et les armes pointés sur les manifestants. »
Ces évènements datent du mois d’août mais le 24 novembre dernier, la justice a décidé de ne retenir aucune charge contre l’officier Darren Wilson, responsable de la mort de l’adolescent. En l’espace de quelques heures, après le verdict, pas moins de 3,5 millions de tweets furent postés pour critiquer cette décision de justice. La cybercitoyenneté et le cyberactivisme ont beaucoup de détracteurs : il est si facile de s’engager en ligne lorsque l’on est confortablement installé derrière son écran que la transposition et l’action dans la rue sont souvent rares. Cela est vrai, nombre de collectifs créent des évènements sur Facebook pour annoncer une marche citoyenne qui, finalement, ne compte que la moitié des inscrits. Vous-mêmes vous pouvez en faire l’expérience, créez un évènement, retenez le nombre d’internautes qui ont répondu positivement et comptez le nombre de personnes qui seront alors présentes. Mais l’exemple de Ferguson montre que le passage à l’acte peut être bien réel. Les twittos n’ont pas oublié Michael Brown, ils ont repris leur hashtag mais ils ont aussi recommencé à descendre dans les rues, et cela plus de deux mois après les évènements déclencheurs.
Glissement de pouvoir entre médias traditionnels et nouveaux médias
Force est de constater qu’une nouvelle forme de « journalisme Web » envahit la Toile. Toutefois, il n’est pas à confondre avec le journalisme numérique. Ce dernier comporte toutes les formes de journalismes transposées sur les supports numériques. Tandis qu’un journalisme Web est une forme de journalisme spécifique qui n’utilise pas seulement Internet comme un support de diffusion, mais comme un outil de production de l’information. Internet désigne la mise en réseau du monde, tandis que l’appellation Web désigne l’avènement du feedback et de l’interactivité dans le système Internet.
Jon Henley est un exemple de ces nouveaux journalistes web, dans la mesure où il utilise Twitter comme levier d’action pour effectuer son travail de terrain. Il y annonce son prochain lieu de reportage et invite qui le veut à lui proposer une rencontre. Mais plus largement, les réseaux sociaux couvrent désormais de grands évènements avant même que les médias classiques s’en emparent. Et dans certains cas, c’est la couverture médiatique faite par les réseaux qui poussent les médias traditionnels à s’y intéresser. Ainsi, en juin 2013 des manifestations se multiplient sur la place Taksim à Istanbul, pour prendre la défense du parc Gezi contre un grand projet immobilier qui visait notamment à le détruire. Pourtant aucun journaliste n’était présent pour couvrir l’évènement. Ce n’est que par le biais des réseaux sociaux que l’information a pu circuler, amenant de plus en plus de manifestants. Et à terme, c’est en faisant connaître les manifestations sur Internet, en dehors du pays, que les chaînes de télévisions turques ont fini par couvrir l’évènement. L’exemple de Ferguson, comme celui du parc Gezi, illustrent ce tournant dans la création et la production de l’information à l’ère numérique, dont parlait récemment Mouloud Achour. Dans les deux cas, les petits gazouillis des twittos se sont transformés en forces capables de s’attaquer aux médias traditionnels, comme les Oiseaux d’Hitchcock se sont attaqués à la population de l’île de Bodega Bay. Et derrière, l’image des twittos, on pourrait presque parler d’une révolution marxiste, puisque les individus lambda ont influencé l’agenda médiatique, contre l’establishment traditionnel.
Dans tous les cas, il s’agit d’une forme de journalisme plus proche de la population. Si ce journalisme séduit c’est qu’il représente un empowerment du lecteur sur la production de l’information, mais qu’il se joue du désamour mythique qui existe entre les lecteurs et les journalistes. Un désamour dont les arguments consistent bien souvent en un décalage entre les sujets médiatisés et les sujets qui préoccupent la majorité des individus. Des sujets médiatisés qui n’intéresseraient finalement que la caste de l’intelligentsia et les journalistes dont ils font partie. En définitive, une critique des journalistes qui écrivent avant tout sur les sujets qui les intéressent eux plutôt que sur les sujets qui intéressent le plus grand nombre.
Marie Mougin
@MelleMgn
Sources:

France Inter – L’Instant M 01/12/2014
Medium – Is the Internet good or bad? Yes.
The New-York Times – What Ferguson Says About the Fear of Social Media
Flavorwire – Ferguson: When Social Media Changes the Conversation But Not the Power Structure
Flavorwire – Why We Should Applaude Ferguson Protesters for Interrupting Last Night’s NFL Game
 

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please don't wait
Politique

Touche pas à mon net!

 
« La neutralité du Net est l’essence même d’Internet depuis sa création, mais c’est aussi un principe que nous ne pouvons pas prendre pour acquis. » C’est en ces mots que s’est exprimé Barack Obama le lundi 10 novembre. Face à la Federal Communications Commission, – autorité de régulation du marché des télécommunications aux États-Unis – le président américain a tenu un discours sans équivoque en faveur d’un internet ouvert et des libertés individuelles, pressant la FCC d’appliquer des règles strictes pour préserver le web.

Le gendarme américain des télécoms change les règles du jeu
Pour comprendre la raison de ce rappel à l’ordre, il faut revenir en mai 2014, le 15 plus précisément. L’autorité de régulation a alors approuvé un texte qui prévoit la mise en place « d’un traitement préférentiel » entre les différents maillons constituant Internet tel qu’on le connaît aujourd’hui. Pour résumer, les opérateurs pourront faire payer les sites web pour assurer un débit de connexion optimal à leurs utilisateurs. Ceux qui refusent de payer se verraient attribuer une vitesse de connexion bien plus lente. Alors qui se cache derrière ces décisions ? Qui met la neutralité du net en danger ? Pour ceux qui ne seraient pas tout à fait familier avec le concept de neutralité, l’article « Internet sous péage : entre voies express et chemins de terre » devrait vous aider à y voir un peu plus clair.
Barack Obama poursuit: «ni les câblo-opérateurs ni les opérateurs télécoms ne devraient se comporter comme des gardiens de passerelle, en restreignant ce qu’il est possible de voir ou de faire sur Internet.» Cette volonté de réglementation émane de fournisseurs d’accès très imposants sur le marché des télécoms comme Verizon, AT&T ou Comcast. Ces trois entreprises ont d’ailleurs été incriminées dans l’affaire de la NSA suite aux données d’utilisateurs qu’elles auraient communiquées au gouvernement via le fameux programme informatique PRISM. La démocratie paraît presque contre-productive pour leur modèle économique. En plus d’interdire toute forme de priorisation, la neutralité du net passe également par l’exigence d’une transparence accrue, possible avec un internet respectueux de l’anonymat de ses utilisateurs. Pourtant, la conjoncture actuelle campe à des kilomètres d’une vision éthique du web…

« La loi, c’est moi. »
La position de force revient avant tout aux fournisseurs d’accès qui ont su faire entendre leur voix dans le cadre de la législation, bien plus que les utilisateurs ou leurs représentants politiques. TAFTA, c’est sous ce doux nom que se cache la potentielle mort programmée du net libre. Cet accord commercial transatlantique de libre-échange entre l’Union Européenne et les États-Unis, qui est en discussion depuis 3 ans maintenant, pose les fondements du net idéal – pour les multinationales. Peu médiatisé, les réglementations qu’il contient ont de quoi faire pâlir plus d’un défenseur des cyber-libertés.
Parmi les acteurs les plus influents de ces négociations, les multinationales, dont la coalition du commerce numérique (Digital Trade Coalition) qui regroupe des industriels du net et des hautes technologies. Cette coalition – ou plutôt ce lobby, bouscule les négociateurs pour qu’ils abolissent les barrières empêchant une circulation fluide des flux de données personnelles de l’Europe vers les États-Unis. L’USCIB, le conseil américain pour le commerce international, qui réunit des sociétés similaires à Verizon va plus loin. Il affirme que cet accord de libre- échange chercherait « à circonscrire les exceptions , comme la sécurité ou la vie privée afin de s’assurer qu’elles ne servent pas d’entraves au commerce déguisées ». Cette tendance qui vise à libéraliser l’Internet à outrance s’inscrit dans une tradition politique « récidiviste ». TAFTA est le fruit de propositions précédentes similaires, très mal accueillies par la société civile.
Ainsi, entre 2007 et 2010, ACTA, l’accord commercial anti-contrefaçon imposait aux acteurs du net des sanctions pénales et des mesures répressives pour les forcer « à coopérer » avec les industries créatives (cinéma et musique principalement), dans le but de surveiller et censurer les informations délivrées sur la toile, sans passer par l’organe judiciaire. Négocié secrètement, il regroupait 39 pays dont les 27 de l’Union Européenne, les États-Unis et le Japon. Ce traité a été massivement refusé par le Parlement Européen.

Une fois la machine infernale des traités lancée, elle ne s’arrête plus. 2012 marque la naissance du projet SOPA (Stop online Piracy Act) qui permet au procureur d’imposer aux entreprises américaines de « cesser toute activité avec un site accusé de violer les droits d’auteur. » Dans la pratique, cela se traduirait par l’interdiction pour Google de référencer tout site proposant du contenu piraté. La mesure principale du texte imposait aux fournisseurs d’accès américains de rendre inaccessibles les sites incriminés. Il a été refusé par la majorité des entreprises du net…
Le mode opératoire est le même d’un traité à l’autre : des négociations tenues dans l’opacité, avec une tentative quasi-systématique d’écarter l’appareil démocratique. L’ennemi reste le même : la culture du partage. Les mises en garde de la société civile face à ces textes de lois n’ont visiblement pas été suffisantes, puisque les membres européens du parlement ne sont pas opposés au manque de transparence de ces dites négociations, et n’ont même pas exigé leur suspension pendant l’affaire d’espionnage des hauts responsables européens par la NSA…
La confusion est donc totale pour la population. Difficile de s’opposer à une machine aussi bien huilée en tant que simple individu, même si, depuis 2009, l’Union Européenne possède le droit de veto contre ce genre de traité. Le recours politique reste le seul levier que les citoyens européens aient entre les mains pour faire entendre leur mécontentement – mais encore une fois l’opacité des négociations complique la donne. Une solution serait d’adapter la nature des discussions dans un cadre démocratique, loin des pratiques actuelles, qui alimentent la désinformation et les fantasmes autour de ces textes de lois.
Ces conflits d’intérêts montrent à quel point les frontières qui définissent l’Internet sont floues. S’agit-il d’un média, d’un instrument de pouvoir, d’un espace supplémentaire aux luttes géopolitiques ? Un accès démocratisé ou régi par les lois du marché ? Une réglementation plus stricte en faveur d’un Internet considéré comme un service public ferait considérablement avancer les choses, mais la nonchalance des parlementaires ne favorise en rien un avancement dans ce domaine.

Karina Issaouni
Sources
Lemonde.fr
Nytimes.com
Laquadrature.net
Obsession.nouvelobs.com
Crédits Images
Revolution-news.com
Whitehouse.gov
Cagle.com
Oneworldsee.org

Société

Caisse d'épargne : l'échec d'une stratégie digitale

 
La Caisse d’Épargne Auvergne-Limousin a fait parler d’elle, ces derniers jours, en détournant trivialement son animal emblématique sur sa page Facebook. Présenté les testicules coincés dans une mangeoire, l’écureuil-victime accompagne de manière sarcastique le slogan de l’enseigne : Parce que les accidents n’arrivent pas qu’aux autres, la Caisse d’Épargne prend aussi en charge les séquelles temporaires… 
Le message décalé qu’a voulu véhiculer l’institution n’a pas été apprécié par ses clients, qui ont associé cette ironie triviale à une preuve de médiocrité et à un manque de sérieux et de professionnalisme : Vous vouliez être drôle ? Mais alors que faites-vous avec notre argent ? Vous rigolez avec ? (1). Comment comprendre une telle consternation face à une opération de communication pourtant originale et audacieuse ? Suite à cet afflux de commentaires négatifs, la banque a supprimé son post et présenté ses excuses. Cette stratégie du mea culpa sonne comme l’aveu d’une erreur communicationnelle.
La dérision et le ton décalé sembleraient être en incohérence avec les codes communicationnels du secteur bancaire, à tel point que les internautes ont d’abord cru à un piratage du compte Facebook de la banque. L’image corporate de la banque semble se heurter aux codes particuliers du Web 2.0, marqués par des jeux de détournement et de second degré.
Au risque de se voir décrédibilisées, les institutions bancaires sont-elles vouées à conserver une posture communicationnelle sobre et minimaliste ? Sans l’humour, pilier de la créativité, comment peuvent-elles innover dans leur stratégie communicationnelle ?
 
 Alexandra Ducrot
(1) Un des commentaires sur le compte Facebook de la Caisse D’Épargne Auvergne-Limousin
Sources :

https://www.facebook.com/Caisse.dEpargne.Auvergne.Limousin?fref=ts
 
 
 
 

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Société

Arte : artifices ?

 
La chaîne franco-allemande Arte s’illustre en ce moment. D’abord, il y a quelques semaines en diffusant l’ambitieux documentaire  Une contre-histoire des Internets. Un objet qui allie le loufoque, respectueux de la déjantée culture web, et le très sérieux. Rarement avait on vu autant de grands hommes – et femmes -, pionniers et intellectuels des Internets, réunis en seulement 87 minutes. Réalisé par Jean Marc Manach et Julien Goetz, deux anciens d’OWNI, il a été plébiscité par l’ensemble des internautes et a évidemment figuré parmi les sujets les plus traités sur Twitter.
Mais qui dit documentaire sur Internet dit aussi… Internet. Arte ne s’est pas contentée de diffuser ce documentaire, à une heure précise, avec la traditionnelle idée d’un début et d’une fin précises. La temporalité des grilles télévisées n’est pas celle d’Internet. Il fallait les harmoniser, et plus encore, faire la jonction entre des publics et des usages très différents. Rappelons que si en 2007, 3 millions d’Américains n’avaient pas de télévision chez eux, ils sont aujourd’hui 5 millions. La moitié de ces individus a moins de 35 ans, or c’est la tranche d’âge la plus représentée sur Internet.

Arte a su faire preuve d’ingéniosité pour rassembler les publics et répondre aux diverses attentes, en déployant une stratégie de communication plus qu’attrayante. Elle a en effet exploité tous les fantasmes dont est chargé Internet : la participation, la transparence, l’immédiateté, etc. et a également fait un important travail de séduction en développant une interface impressionnante et fluide. Les internautes se voyaient par exemple proposés de partager leur « première fois sur le net ». Là encore, le vocabulaire, un peu provoquant, faisait un clin d’œil à la culture web, « libérée » des tabous, drôle et trash. A la manière du fameux phénomène de crowdfunding, où chacun peut donner un peu pour financer un projet, ils pouvaient « participer » à l’aventure en donnant de leur personne, ou bien, sur le modèle de Wikipédia, de leur savoir. Ici, Internet se présente comme une prolongation, une augmentation de la télévision : on y retrouve des contenus inédits qui n’ont pas été diffusés. Enfin, la chaîne a fait un geste notable : au lieu de ne proposer un revisionnage du documentaire limité à sept jours, elle a considérablement étendu cette durée : tout doit être accessible et libre sur Internet. Une belle communication donc, qui redore le blason d’une chaîne trop souvent considérée comme snob et inaccessible pour une grande frange de la population, notamment jeune.

L’expérience a été poussée encore plus loin pour le dernier grand projet d’Arte : Futur par Starck, qui avait pour simple ambition de « nous emmene[r] dans un voyage planétaire inédit à la rencontre des visionnaires qui imaginent le monde de demain. » Futuristique pour futuristique, autant adapter la forme au fond. Et à Arte de proposer un format de documentaire inédit. Le principe est simple. A l’heure où l’on ne parle que du potentiel du deuxième écran – cette tablette ou téléphone qui accompagne le téléspectateur un peu las d’être passif – Arte a décidé de faire plus que proposer un mot-dièse permettant de créer une « grande conversation » sur Twitter. Elle a repris le contrôle des écrans. A la télé, nous voyions le documentaire, avec des numéros en bas de l’écran rappelant les références pour les audioguides dans les musées. Sur notre ordinateur/tablette, nous disposions d’informations supplémentaires : qui est l’intervenant qui parle en ce moment, où le retrouver (site internet, compte twitter) et, coup de force de communication : des tweets tout-faits, citations choc de moins de 140 caractères que l’on n’avait même pas à recopier : un simple clic sur le bouton « tweeter » et nous en devenions auteurs.
Avenir de la télévision ou pas, complémentarité ou distraction, le débat fuse comme à son habitude. Quoiqu’il en soit, ces expériences étaient certes intéressantes, et on su séduire un public non télévisé. Entre des séries originales et des innovations de qualité, Arte change de visage. Reste à savoir s’il n’éloigne pas le public traditionnel.
Vous pouvez revoir les deux émissions sur les sites d’Arte qui leur sont consacrés :
http://lesinternets.arte.tv/
http://futur-par-starck.arte.tv/#home
 
Virginie Béjot

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