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La consultation en ligne, révélatrice d’une France toujours aussi critique mais peu investie ?

Le 15 décembre dernier, le CESE (conseil économique, social et environnemental) a lancé, comme réponse partielle aux manifestations des gilets jaunes, une consultation en ligne avec pour objectif de recueillir leurs revendications dans l’attente du grand débat national. La consultation couvre des sujets tels que les inégalités sociales, la justice fiscale, les inégalités territoriales, le pouvoir d’achat, la participation des citoyens ainsi que la transition écologique. Clôturée ce 4 janvier, les résultats ont néanmoins de quoi surprendre…

La manif pour tous, seule intéressée ?

Il semblerait en effet que les quelques 260 854 votes collectés sur la plateforme ne reflètent pas, du moins majoritairement, les revendications des gilets jaunes évoquées dans les médias ou sur les réseaux sociaux. En ligne de mire, la loi Taubira (« mariage pour tous »), la prochaine révision de la loi bioéthique dont un des sujets principaux est l’ouverture de la PMA aux femmes seules et couples de femmes et la conception de la famille de manière générale. Bien loin des revendications et des problématiques sociales et économiques soulevées par les gilets jaunes (et plus globalement les français) au cours de ces derniers mois, ces injonctions à un retour de la conception « traditionnelle » de la famille semblent davantage émerger de partisans d’une droite (très) conservatrice.

 

Discordants par rapport aux problématiques globalement partagées, ces résultats révèlent pourtant un certain regain des partisans de la manif pour tous qui, depuis maintenant plusieurs mois, reviennent sur le devant de la scène en s’opposant à des réformes et/ou à des sujets d’ores et déjà adoptés. Un pas en avant, dix en arrière ? A priori non ; la prise de recul sur ces chiffres est de mise. Au demeurant, ces derniers semblent symptomatiques d’une forte implication et d’une prise de parole accrue des extrêmes … au détriment des autres voix.

En effet, une des plus grandes problématiques et critiques émises envers le président de la République par les citoyens français porte sur son manque de considération et d’écoute envers la population. Il est évident qu’une seule mesure ne peut résoudre ce problème et le chemin à parcourir paraît encore aujourd’hui bien long. Toutefois, il semble que les propositions de participation aux mesures potentiellement mises en œuvre par le gouvernement ne sont pas acceptées. De gauche, de droite, du centre ou bien même apolitique, la question ne réside pas tant dans les opinions de chacun mais davantage dans une cohérence des propos et des actes, des revendications et des critiques, qui, à la vue de cette faible participation, questionne et délégitime malheureusement les véritables motivations et la bonne foi de tous.

Comment appréhender ce manque d’investissement dans le contexte de tensions actuelles  Une tendance typiquement française à saisir une nouvelle opportunité de contestation virulente ? Bien que les avis sur le sujet ne soient pas unanimes, c’est du moins cette image qui est véhiculée dans une partie des pays étrangers et la France reste, en dehors de ses frontières, indéniablement confrontée à son image de pays irréformable.

Une communication minimisée voire biaisée

Manque d’implication des français, « offensive coordonnée de militants de la manif pour tous » ou initiative inutile ou trop peu utile (selon un sondage Harris Interactive, 47% des Français pensent que le gouvernement ne tiendra pas du tout compte de cette consultation)? Chacun peut émettre ses hypothèses et disposer de son propre point de vue sur la question, mais au vu des réactions sur certains réseaux sociaux et principalement Twitter et Facebook, l’information même de la mise en place de cette consultation en ligne semble avoir été en partie éclipsée.

D’autres dispositifs avaient également été proposés : notamment, la mise en place dans certaines mairies de cahiers de doléances, dans le même objectif de recueillir les craintes, les propositions ou les contestations à faire valoir. La semaine passée, encore pour beaucoup, cette information était une découverte. Force est de constater que les informations relayées se tournent davantage vers les points de rencontres hebdomadaires du samedi que vers les moyens mis en œuvre (en omettant leur efficacité ou la sincérité des démarches qui en émanent) pour tenter de résoudre cette « crise ».

Elisa LE BRETON

 

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