Le Calendrier des Dieux du Stade 2010 par François Rousseau
Société

Les Dieux du Stade

Il nous fait rêver, excite notre curiosité, électrise l’atmosphère, érotise le quotidien, met de l’ambiance dans les réunions Tupperware et dans les salles de muscu. Les femmes en sont folles, les hommes jaloux. A quelques semaines du déballage des cadeaux, zoom sur le phénomène du calendrier des Dieux du Stade, qui connait depuis 2004 un succès foudroyant.

Apparu en 2001, le calendrier des Dieux du Stade montre des athlètes, principalement des rugbymen, dans des poses érotiques illustrant chaque mois de l’année. Dès 2004, un DVD du making-off sort en parallèle du calendrier, contribuant à son succès. Cette année, les Dieux du Stade innovent encore, avec la sortie en juin prochain d’un livre du photographe 2010 des Dieux du Stade, Tony Duran, qui montre cette fois les joueurs totalement nus.

Il n’est alors peut-être pas si incongru de se demander : les Dieux du Stade, ode au sport ou ode au corps ?

Dans la société sensible à l’apparence que nous connaissons, les Dieux du Stade apparaissent à la fois comme une adéquation et comme une provocation.

Une adéquation avec les valeurs de jeunesse, de beauté extérieure et de perfection physique véhiculées par une société qui se veut profonde en se montrant superficielle. Et en effet, nul ne peut contester la beauté sans pareille des modèles du calendrier, mis en valeur par des photographes de talent. Les corps ressortent dans toute leur force majestueuse, les muscles salliants, érotisme se conjugue avec virilité pour un cocktail explosif. Dans cette perspective, le calendrier n’est rien de plus qu’une mise en valeur du Corps, pimentée par une pointe de sensualité.

Néanmoins, les Dieux du Stade sonnent aussi comme une provocation dans une société qui, bien que vouant un culte au corps parfait, n’a jamais autant rougi devant sa nudité. Malgré les publicités qui dévoilent les corps, les esprits ont rarement été aussi éloignés de la libération sexuelle des années 1970. Face à cette beauté brute et sans artifice, les regards se baissent, les joues rougissent, et les lèvres esquissent des sourires gênés. On avance l’argument de la plaisanterie pour l’offrir ou se l’acheter. Qui ose dire qu’il aime les Dieux du Stade pour l’esthétisme des photos et la nudité des corps ?

Mais les Dieux du Stade, ce n’est pas que des corps, de la beauté, de l’art, c’est aussi un ballon de rugby, le culte de l’ovalie à l’état pur. C’est un hymne au sport ainsi qu’aux valeurs qu’il véhicule : amitié, solidarité, fidélité, courage, force, l’essence même du rugby. C’est une main tendue vers tous ceux qui revendiquent cette ligne de vie sans pour autant faire du rugby. C’est enfin un cadeau aux amateurs (et surtout aux amatrices), qui peuvent s’enorgueillir d’un sport dont le courage ne se montre pas que sur le terrain, mais encore devant l’objectif. Car au-delà des considérations économiques qu’avanceront certains, il faut un certain courage pour poser ainsi, nu, lascif, abandonné devant l’objectif, en s’exposant ainsi au regard des autres, les nôtres en l’occurrence.

Originalité française, les Dieux du Stade ont de quoi faire parler d’eux. Et encore de quoi nous surprendre. Gageons que cette année sous le sapin, la rugbymania qui a enflammé le pays ces derniers mois n’est pas près de s’éteindre !

 

Julie Escurignan

Crédits Photo : ©François Rousseau/Stade.fr

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