Société

L'autre campagne de 2017 : les villes candidates à l'accueil de Jeux Olympiques de 2024

C’est l’autre campagne de 2017, plus discrète dans les médias, mais pourtant menée à l’échelle internationale. Tout commence en 2015. Quatre villes se déclarent candidates pour être hôtes des olympiades qui se tiendront dans huit ans : Paris, Budapest, Los Angeles et Rome. Finalement, Rome a retiré sa candidature, faute de budget. Restent trois concurrents qui doivent convaincre avant les résultats au congrès de Lima le 13 septembre 2017. Un an leur est donc dévolu pour mener cette campagne. L’enjeu pour les villes candidates est de présenter une image dynamique de ville prospère, mais également de prouver que celles-ci sont en mesure d’organiser un événement sportif d’envergure mondiale. Pour cela, elles doivent présenter un projet mené sur huit ans et convaincre le CIO, mais également les sponsors et parfois les populations elles-mêmes qu’elles sont dignes de devenir le centre du monde en 2024.

« Paris, la force d’un rêve »

Logo pour la candidature de Paris pour les JO de 2024
Logo pour la candidature de Paris pour les JO de 2024

En février 2016, Paris dévoile son slogan de candidature: « La force d’un rêve ». En effet, après les échecs de 2008 et de 2012, Paris semble destinée à devoir organiser les jeux de 2024, cent ans après les dernières olympiades françaises. La ville présente ainsi son meilleur dossier depuis de longues années. Plusieurs villes seront mobilisées pour accueillir certaines épreuves, notamment Marseille pour des épreuves nautiques. Des sportifs iconiques soutiennent la campagne et rappellent subtilement que les Jeux sont aussi un grand spectacle qui émeut le monde entier. Ainsi, Teddy Riner, devenu une légende mondiale du judo, figure comme un ambassadeur incontournable pour cette candidature, de même que le couple de boxeurs en or de Rio, Tony Yoka et Estelle Mossely. Ces soutiens de campagne mobilisent donc les stars des derniers jeux qui sont déjà associés au succès français aux JO. Il s’agit également de jeunes sportifs populaires et appréciés qui doivent donc remporter l’adhésion au programme français.
N’oublions pas l’argument choc du dossier, l’usine à rêve française : la proximité du château de Versailles. Le rapport ? Aucun, mais il s’agit de faire rêver donc Paris ne lésine pas sur les moyens. Par ailleurs, un symbole a été vite repris pour quiconque soutient la candidature : placer les mains de sorte à ce qu’elles forment une tour Eiffel. Les femmes participant à la Parisienne de 2016 ont donc été invitées à soutenir Paris 2024 de la sorte. Un symbole fort bien choisi sommes toutes : il signifie « Paris » en langue des signes internationale.
Enfin, le hashtag #shareParis peut-être repris sur Twitter. La campagne française joue ainsi sur tous les tableaux : la richesse du patrimoine et l’attrait de Paris dans l’imaginaire mondial, mais également une mobilisation populaire et un soutien de sportifs au sommet de leur popularité et de leur discipline. Un dossier optimal en apparence. Mais n’oublions pas que la menace sécuritaire continue de planer sur la France. Espérons que le CIO ne juge pas trop dangereux en ces temps troublés de confier à la France l’organisation d’un événement qui devrait rassembler tous les dirigeants de la planète dans un même stade, même dans huit ans.

Los Angeles, « Follow the sun » ou lobby NBC.

Logo pour la candidature de Los Angeles pour les Jeux Olympiques de 2024
Logo pour la candidature de Los Angeles pour les Jeux Olympiques de 2024

Le logo de LA 2024 représente un athlète aux ailes d’ange semblant prendre son envol face au soleil. Mais la ville ne capitalise pas que sur son ensoleillement pour appuyer sa candidature. En effet, la cité des anges n’hésite pas à avoir recours à des stratégies diaboliques : la chaîne NBC a ainsi acheté le monopole pour la diffusion des JO jusqu’en 2032. Aussi s’agit-il d’acquérir le monopole sur la couverture médiatique de l’événement. La ville de Los Angeles s’assure donc le contrôle sur le futur discours tenu au sujet de ces jeux. Los Angeles anticipe ainsi la production médiatique d’une lecture univoque au sujet de l’événement et conditionne la réception des images qui nous parviendront des jeux.
La fin justifie les moyens. Comme le dirait Edward Hall, l’ambition est ainsi de placer le téléspectateur de la chaîne NBC dans une «position hégémonique » ; il incarnerait la condition dans laquelle est un récepteur qui intègre sans résistance le message dans les termes souhaités par l’émetteur.
À un an du résultat, Los Angeles est le favori de la campagne et mise aussi sur la modernité de ses installations. Ceci permet de se démarquer de Paris et Budapest, qui mettent en valeur leur patrimoine. D’où la volonté de capitaliser sur les ressources entrepreneuriales et les pool d’innovation de la Silicon Valley. En témoigne le film de campagne de la ville, qui allie des plans de la côte pacifique avec des images des centres de recherche et des ressources technologiques des laboratoires californiens. Los Angeles propose donc une candidature portée vers l’innovation et le numérique, ce qui pourrait séduire le président du CIO Thomas Bach.

Vidéo de présentation pour la candidature de LA

Budapest: un rappel historique et une candidature boudée par les Hongrois.

Logo pour la candidature de Budapest pour les Jeux Olympiques de 2024

Logo pour la candidature de Budapest pour les Jeux Olympiques de 2024

Le 23 octobre, Budapest dévoile le visuel du stand de tir à l’arc aux pieds du Parlement hongrois, sur les rives du Danube. Cette date n’a rien d’un hasard car elle coïncide avec la commémoration de l’insurrection populaire de 1956. Le symbole est fort: ce même parvis avait été un haut-lieu de la répression. Le message est donc à peine subliminal : le sport, instrument de paix, réconcilie et fédère en dépassant les clivages politiques. Il s’agit donc de rassurer le CIO quant aux inquiétudes qu’il pourrait avoir concernant les tendances autoritaires du gouvernement hongrois : “Les Jeux Olympiques ont une signification particulière pour la Hongrie au regard de ce contexte ; ils ont servi d’exemple du fait que la puissance du sport peut guérir les blessures et unir l’humanité” a déclaré Balázs Fürjes, président de la campagne Budapest 2024.
La capitale hongroise affiche la volonté d’utiliser ses monuments historiques, ce qui représente 26 sites prévus dans un rayon de 7km. Des casques de réalité virtuelle seront mis à disposition des délégués du CIO visitant Budapest afin de se figurer la grandeur du projet. La capitale magyare accroît également sa visibilité en organisant les championnats du monde de natation en 2017. Budapest se tourne vers une campagne ancrée dans la modernité, mobilisant les nouvelles technologies, mais sans se départir du patrimoine historique et architectural de la ville. Cette dualité semble donc refléter l’image actuelle de la Hongrie, entre héritages historiques lourds et volonté affichée de développement économique. Malgré ses bonnes initiatives, Budapest semble toutefois mal partie dans cette lutte. En effet, l’opinion publique apparaît très partagée. Nombre d’opposants ont tenté d’organiser un référendum citoyen pour bloquer la candidature, sans succès. De plus, la ville n’a pas vu les choses en grand lors de l’annonce de sa candidature. Aucune festivité n’avait été organisée alors que Paris avait présenté sa candidature à la nouvelle philharmonie de Paris, drapée de bleu-blanc-rouge pour l’occasion.

Capture d'écran du flux vidéo en direct de la cérémonie. Paris 2024 / Dailymotion
Capture d’écran du flux vidéo en direct de la cérémonie. Paris 2024 / Dailymotion

Nous verrons donc le 13 septembre si Paris 2024 n’était qu’un doux rêve ou si à trop suivre le soleil, Los Angeles s’est brûlé les ailes et a laissé Budapest conquérir le monde.

Justine Fortuny

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Sources :
• Revue « Sport et société », article du 20 octobre 2016 par Kévin Bernardi, « L’occasion pour le Mouvement Olympique de se réengager avec des villes de taille moyenne ». Consulté le 26 octobre 2016.
Paris2024.org consulté le 18 novembre 2016.
la24.org consulté le 18 novembre 2016.
budapest2024.org consulté le 18 novembre 2016.
• Article de L’Equipe, « Quelles sont les forces et les faiblesses de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques de 2024 ? », publié le 14 septembre 2016, consulté le 26 octobre 2016.
• RTL, article « JO 2024 : Paris dans le coup mais Los Angeles bénéficie du « contrat du siècle », publié le 23 août 2016 par Grégory Fortune, consulté le 24 octobre 2016.
• Site 20minutes, article « JO 2024: Slogan, logo et com’… On a comparé les candidatures de Paris, Los Angeles et Budapest » publié le 17 novembre 2016 par Romain Baheux, consulté le 18 novembre 2016.
Crédits photos :
• site 20 minutes. Propriété de la photo : agence presse SIPA.
• site www.paris2024.org
• site https://la24.org/
•site https://budapest2024.org/
la Parisienne Crédit Paris2024
• l’Express, suivi live de l’événement, capture d’écran issue du direct de la cérémonie sur Dailymotion.
 

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