Les vitrines de Noël, la dernière illusion
En cette fin d’année 2018, Paris n’était pas vraiment une fête. Les manifestations – et les destructions attenantes – des Gilets Jaunes tout au long du mois de décembre ont sans doute largement participé à construire cette atmosphère. Pourtant, les Grands Magasins ont tenu bon et créé, comme chaque année, des décors extravagants pour leurs vitrines de Noël.
L’occasion pour nous de les aborder sous l’angle des sciences de l’information et la communication, pour lesquelles ces vitrines sont des objets hybrides, difficiles à saisir, à michemin entre écrins de protection et étalages de produits.
Noël sera spectacular spectacular !
Quel est le point commun entre Hugh Jackman, Zac Efron, Noël et les Galeries Lafayette ? Pour répondre à cette question, il suffit d’évoquer le film The Greatest Showman qui sortira sur les écrans français le 24 janvier 2018. L’enseigne de grands magasins nous fait découvrir en avant-première l’univers surréaliste et spectaculaire du film, le tout étant mis en scène aussi bien en vitrines qu’à l’écran.
Le groupe l’écrit ainsi : « À l’occasion des fêtes de fin d’année 2017, les Galeries Lafayette vous invitent à retrouver votre âme d’enfant ». Magie, diseuse de bonne aventure, chorale et même tatouage éphémère (si si !), autant d’animations qui feront des immanquables courses de Noël un jeu d’enfant…
Aussi simple que ça ? Pas si sûr, du moins en coulisses… La campagne monstre qui a commencé depuis fin novembre est le fruit d’une stratégie communicationnelle très habile, s’appuyant sur le multimédia et l’expérience immersive. En somme, un univers à décliner sous toutes ses coutures et sur tous les formats.
365 jours pour consommer
Il y a tout juste une semaine, vous choisissiez vos déguisements les plus terrifiants pour impressionner vos amis à l’occasion d’Halloween. Dès le lendemain, les citrouilles au placard, il est temps de s’atteler à la fête la plus rentable de l’année, à savoir Noël.
Dès la fin du mois d’octobre, les décorations de rue les plus précoces avaient fait leur apparition, les pâtés de foie ajoutaient à leurs emballages des petites étoiles dorées, et les instagrammeuses les plus impatientes commençaient leurs premiers tutos spécial table de fête en papier mâché. La croissance n’attend pas, et elle a fait de la naissance de l’enfant le plus populaire et le plus controversé de l’humanité la meilleure excuse pour consommer. Car il est un temps pour tout, mais surtout pour faire du profit.
Le moment est venu pour plonger dans ce calendrier des 365 dépenses, à l’aide de Guy Debord qui nous annonce la finalité actuelle de la consommation (attention spoil) : c’est le spectacle, car « ce qui apparaît est bon, et ce qui est bon apparaît ».
De la division du calendrier solaire
Comment en sommes-nous arrivés là ? Voyage à travers les calendriers de l’histoire… Nous partons à la rencontre d’Ovide qui rapporte, dans Les Fastes, que l’invention du calendrier romain serait celle de Romulus, fondateur de Rome. Il compte à l’origine dix mois et commençait en mars ; chaque mois étant dédié à un dieu ou une déesse.
A chaque nouvelle passation politique, le calendrier romain connaît bon nombre de réformes et de modifications. Et ce jusqu’au calendrier institué par l’empereur Jules César qui établit en 46 avant Jésus Christ l’année à 365 jours, y ajoutant un jour intercalaire tous les quatre ans pour former l’actuelle année bissextile. Ce calendrier julien perdure jusqu’à la fin du XVIème siècle, laissant la place au calendrier grégorien : calendrier solaire institué par le Pape Grégoire XIII.
Aux fêtes religieuses romaines se substituent alors celles chrétiennes qui rythment encore l’année aujourd’hui. Mais désormais, ce sont ces fêtes religieuses chrétiennes qui s’ajustent peu à peu à notre agenda capitaliste.
Il est donc temps d’ouvrir les yeux sur la division de notre année par événements forts en émotion et en rentrées d’argent. L’encouragement à la consommation, généralement vu d’un œil soupçonneux par le grand public, sait alors parfaitement se fondre dans l’euphorie ambiante, de sorte que les consommateurs impulsifs que nous sommes n’y voient que du feu… et des paillettes, celles des fameuses « fêtes de fin d’année ».
Une année au rythme de votre carte de crédit
Six grandes périodes se détachent alors de notre calendrier grégorien, ponctuant l’année en ajoutant au quotidien ordinaire un brin d’extraordinaire.
Durant tout le mois de septembre, c’est la période de la rentrée des classes, mais l’achat des fournitures ne pouvait certainement pas se limiter à celui des stylos Bic quatre couleurs et des nouveaux cahiers format 21×29,7.
Le besoin de se renouveler et de prendre, comme tous les ans, de bonnes résolutions pour cette nouvelle année scolaire permet de justifier la nouvelle décoration de sa salle de séjour, mais aussi de refaire sa garde-robe, s’inscrire à la gym suédoise, à des cours du soir aux Beaux Arts, acheter un nouveau forfait téléphone, et un forfait annuel pour les visites du Centre Pompidou… C’est le « fétichisme de la marchandise » que Karl Marx développe dans son œuvre majeure Le Capital : l’égarement que produit ce « rapport aux choses » fait oublier les « rapports aux hommes ».
Alors déjà octobre est passé, et les derniers jours du mois annoncent Halloween et ses réjouissances horrifiantes. Cependant, cette fête qui se positionne comme institution au États-Unis n’a jamais vraiment réussi à prendre en Occident. C’est pourquoi dès le 1er novembre, les temps sont déjà aux préparatifs de Noël…
Période de faste par excellence, c’est la période de l’année où les ménages consomment le plus : 560€ de dépenses générales par foyer et un total de 67 milliards d’euros de dépenses pour les français en 2016. Les « fêtes de fin d’année » deviennent alors le seul rendez- vous fixe des familles, officiel car accepté socialement comme tel. C’est le moment où l’on est heureux de se retrouver tous ensemble, de partager des moments forts en émotions et en retrouvailles enjouées. L’homme contemporain a trouvé de quoi se sentir ré-ancré dans un héritage familial, dans des rituels et des traditions. Pour se sentir aimé, pour favoriser cette appartenance à une descendance, pour oublier le temps d’une coupe de champagne cet individualisme contemporain propre à nos vies quotidiennes. Pour ce faire, rien de mieux que l’échange rituel de cadeaux, le partage de fastes repas… Une vie de famille en papier glacé, parfaite pour les photos souvenirs.
Et pour ne rien perdre de ce dynamisme économique unique dans l’année, Noël – qui se prépare à présent plus de deux mois à l’avance – s’ensuit sans trêve de la fête du Nouvel An, de l’Épiphanie, puis de la Chandeleur. La période creuse qui s’ensuit ne sera pas longue : Pâques et ses rayons interminables de chocolats dans les supermarchés ne se font pas prier. Et sans se faire attendre plus, les beaux jours s’installent et dénudent leurs frêles épaules, s’accompagnant de la sortie de la garde-robe d’été, des ponts de mai, des premiers sorbets, premières lunettes de soleil et premiers plongeons dans les piscines pour les plus chanceux. Cela ne cessera d’emplir la sphère publique pendant le farniente coûteux des « grandes vacances ».
Ces bouées en forme de flamand rose sont sans nul doute le point d’orgue de la consommation ostentatoire – postulat posé par Thorstein Veblen dans sa Théorie de la classe de loisir en 1898. L’auteur fait une analyse « positionnelle » de la consommation : l’objectif des « possédants » étant avant tout de signaler leur statut, leur position dans la société.
La société du spectacle
C’est le réseau social – spécialement Instagram – qui se place finalement en parfait enjoliveur de sa propre vie, pourtant inexorablement marquée par la routine, dont les couleurs sont parfois ternies par l’habitude et la répétition. Alors, tout un chacun s’applique, grâce à des angles travaillés et des filtres en tous genres, à gommer les coins cassants de sa réalité. On met de l’extra dans l’ordinaire et l’on fait de sa vie quotidienne un feu d’artifice permanent, dans un environnement ouaté et rose poudré. Les drames sont chassés de l’univers lissé et aseptisé qu’est celui de la consommation comme synonyme de bonheur ! Et les fameuses blogueuses et leurs milliers de followers l’ont bien compris ; ces « influenceuses » mode, lifestyle, diy, décoration, voyages et tutti quanti ne se lassent pas d’exposer leur vie dans ce qu’elle a de plus intime sur toutes les plateformes à grande visibilité.
Ainsi, la consommation impulsive dans une société déracinée et sans espérance se meut en exutoire existentiel, et chaque moment du quotidien devient un instant à représenter, à célébrer, à mettre en spectacle. C’est Guy Debord, fustigeant la société du spectacle dans son livre éponyme qui déclare : « Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale. »
Tout au long de cette année, les consommateurs que nous sommes s’acharnent à acheter des promesses, celles d’une vie normale, sans accrocs, sans risques, sans drames comme dirait Fauve ; les promesses de l’aube, l’aube d’une vie à 365 jours et autant d’énergie dépensée à la rêver.
Astrid Villemain
Twitter : @AstridVillemain
Sources :
Guy Debord. La Société du Spectacle. Gallimard. 1992
Notices sur les Fastes d’ovidé, Bibliotheca Classico Selecta, 05/11/2004, consulté le 11/11/2017.
Le calendrier romain, Légion VIII Augusta, consulté le 8/11/2017.
Karl Marx. Le Capital. Critique de l’économie politique. Flammarion. 1867
Thorstein Veblen. Théorie de la classe de loisir. Gallimard. 1898
Source AFP, Noël : les Français vont dépenser (un peu) plus, Les Echos, 07/11/2016, consulté le 11 novembre 2017.
Crédits photos :
Photo de couverture : Sous la coupole des Galeries Lafayettes – Reuters Photo 1 : Compte instagram @petitbateau
Photo 2 : Philippe Huguen pour l’AFP
Photo 3 : Compte instagram @lesjolieschoses.paris
Magazines de jouets : quand consumérisme rime avec sexisme
Début novembre, nous apprenions que l’enseigne espagnole Toy Planet décidait cette année de passer outre les stéréotypes de genres dans ses catalogues de jouets. Initiative progressiste ou simple « coup de com’ » à l’approche des fêtes de fin d’année ? Dans tous les cas, cette décision nous interpelle et nous amène à réfléchir sur la place du marketing genré dans les catalogues de jouets.
Une représentation en décalage avec la réalité
Ce n’est une surprise pour personne, mais Noël est la période la plus démonstrative du monde binaire et stéréotypé dans lequel baignent les magasins de jouets. Il n’y a qu’à tourner les pages de n’importe quel catalogue, c’est chaque année la même rengaine : une rubrique rose avec des jouets « pour filles », une autre bleue pour ceux des garçons. Outre les objets proposés – maquillage, dinettes, poupées pour les filles, jeux d’aventures, de logique ou super-héros pour les garçons – la différence se remarque aussi par les mises en scènes, les postures, et les symboles évoqués. Dans la partie masculine, les petits garçons auront plus tendance à être représentés en action, alors que les petites filles seront, en toute logique, passives. Mona Zegaï, sociologue ayant travaillé sur cette question, explique lors d’une interview au site Womenology un exemple de différenciation symbolique : « Le mot ‘eau’ par exemple renvoie au combat chez les garçons (pistolets à eau) ou à des milieux à maîtriser (aller sur l’eau, sous l’eau…) alors qu’elle renvoie surtout au travail domestique chez les filles (lave-linge…) ».
Cette segmentation marketing paraît bien loin des pratiques professionnelles observées dans la société selon la sociologue : « la population active comprend aujourd’hui à peu près autant d’hommes que de femmes, et pourtant dans les jouets, les femmes sont presque toujours représentées au foyer, elles n’ont pas souvent une activité professionnelle. » Les mises en scènes et les rôles sociaux montrés aux enfants dans ces magazines n’évolueraient donc pas du tout, contrairement à la réalité observée. Selon une étude de l’Insee, en France, le taux d’activité des femmes âgées de 25 à 49 ans était de 60% en 1975 contre 85% en 2012. Même si les inégalités, ces progrès méritent d’être soulignés.
Les représentations du genre en question
Si le phénomène est dénoncé depuis les années 1970, c’est en 1990 qu’il s’amplifie vraiment. Dans son étude pour le programme « Enfance & Cultures », Mona Zegaï cite les propos d’un cadre du groupe Ludendo (La Grande Récré) : « La petite fille elle voit sa maman en train de faire à manger, ça lui plaît, et donc il y a des jeux qui lui permettent de faire la cuisine, donc elle va vouloir une cuisine, elle va vouloir faire comme maman ! Les activités ménagères c’est pareil. » Les magazines de jouets contribuent donc, au même titre que les autres médias, à inculquer des repères binaires aux enfants et à leurs parents. Pourquoi continuer à poser ce regard biaisé d’adulte sur des produits destinés aux enfants ? Cela contribue-t-il à pérenniser les stéréotypes?
Quelles conséquences sur la construction chez l’enfant de son identité de genre? Dès sa naissance, l’enfant est influencé par son environnement social. Pour la chercheuse en psychologie Isabelle D. Chernay, qui a publié dans la revue Enfance un article sur la sexualisation du jouet par l’enfant, « les jeunes enfants décident si un jouet est destiné aux garçons ou aux filles en fonction de leurs convictions préexistantes sur les jouets qui sont aimés par les garçons et les filles. » Elle nuance cependant son propos par cette remarque : « En ce qui concerne leurs propres choix de jouets, les enfants ont tendance à raisonner en se basant sur la fonction du jouet et leurs propres aversions. » L’enfant en bas âge intègre donc les stéréotypes de genres des jouets qu’on lui propose, mais ne tiendra pas compte de cette binarité si le jouet lui plaît. Qu’en est-il de l’influence des stéréotypes véhiculée par les jouets sur les parents ? Un rapport du Sénat sur l’importance des jouets dans la construction de l’égalité entre filles et garçons datant de 2014 cite les propos de Michel Moggio, directeur général de la Fédération française des industries du Jouet et de la Puériculture (FJP) : « le premier critère d’achat reste toutefois pour les parents de ‘faire plaisir à l’enfant’ ». On peut également lire plus loin que l’importance accordée à des jouets non-sexistes serait relative au capital culturel des foyers : « Faire plaisir à l’enfant semble plus important dans les familles à ‘capital culturel’ modeste ».
La riposte : quand les marques de jouets pour enfants s’affranchissent des stéréotypes
Les anti-marketing genré existent bel et bien ! Leur volonté : limiter voire annuler les injonctions normatives dans leurs catalogues de jouets. En 2012, Toys’R’Us lance un magazine qui délaisse les codes de genres. L’exemple a été suivi la même année en France par les magasins U, suivi par d’autres enseignes comme Toy Planet. Ce sont ces initiatives qui inspireront le rapport du Sénat en 2014, qui se saisira de la question. Nous sommes certes loin d’une révolution, mais il s’agit d’un premier pas pour renverser la tendance. Comme l’on pouvait s’en douter, de nombreuses associations anti-gender et autres groupuscules réactionnaires ont fustigé ces évolutions, accusant les chaînes de magasins de bafouer les valeurs traditionnelles et appelant même au boycott.
Les quelques initiatives progressistes des dernières années montrent bien que les marques de jouets, conscientes de leur poids idéologique sur les enfants et les parents, peuvent communiquer des valeurs plus égalitaires et ne pas céder à la catégorisation primaire et stéréotypée de la société. Néanmoins, selon Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales qui intervient dans le rapport du Sénat, ces évolutions n’ont pas donné de suites significatrices sur la durée et leur influence sur l’industrie du jouet a été quasi-nulle. A quand des jouets pour faire des petits garçons de bons futurs papas ?
Mathilde Duperyon
Linkedin
Sources :
Mona Zegaï. « Les catalogues de jouets proposent un monde bien plus inégalitaire que la réalité » in Womenology, mis en ligne le 27/01/14 – Disponible sur : http://www.womenology.fr/reflexions/les-catalogues-de-jouets-proposent-un-monde-bien-plus-inegalitaire-que-la-realite/
Trezego. « Stéréotypes et jouets pour enfants : la situation dans les catalogues de Noël » – Disponible sur : http://api.rue89.nouvelobs.com/sites/news/files/assets/document/2013/12/trezego_etudecataloguesnoel2013.pdf
Yvelines Nicolas. « Jouets pour filles, jouets pour garçons, pourquoi ? » in Adequations, mis en ligne le 06/12/15 – Disponible sur : http://www.adequations.org/spip.php?article1911
Rapport d’information du Sénat n°183 (11/12/14) – Disponible sur : http://www.senat.fr/rap/r14-183/r14-1831.pdf
Pierres-Yves Cabannes. « Trois décennies d’évolution du marché » in INSEEC – Disponible sur : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/HISTO14_f_D5_travail.pdf
Claire Levenson. « La suppression des distinctions fille-garçon dans les magasins Target relance le débat sur le genre » in Slate, mis en ligne le 18/08/15 – Disponible sur : http://www.slate.fr/story/105639/jouets-genre-distinctions-fille-garcon-magasins-target
Cherney Isabelle D., Harper Hilary J., Winter Jordan A., « Nouveaux jouets : ce que les enfants identifient comme “ jouets de garçons ” et “ jouets de filles ”. », Enfance 3/2006 (Vol. 58) , p. 266-282 – URL : www.cairn.info/revue-enfance-2006-3-page-266.htm.
Crédits images :
– http://www.twenga.fr/
– Wikipédia
– Toy Planet
Offrez-vous un vieux pour Noël !
Ces derniers jours, de nombreux sites proposant des services affligeants pour les personnes âgées ont fleuri sur le web. Plumeunvieux.com et Oldéal.com font partie de ces sites qui ont créé la polémique récemment.
Le premier est un site internet permettant de sélectionner une personne âgée n’ayant ni famille, ni amis, en vue de créer des liens avec elle pour ensuite en hériter. Le choix est large, il y en a pour tous les goûts ! On peut piocher parmi les cancéreux par exemple. Quoique, mieux vaut saisir une offre de dernière minute. Rapide et efficace. Il ne reste au vieillard que quelques semaines à vivre, donc on arrose ses plantes patiemment en lui parlant du temps qu’il fait dehors, puis bingo, on empoche le jackpot !
Oldéal quant à lui, est un site qui propose une solution à ceux qui souhaiteraient éloigner leurs proches, pour ainsi réaliser des économies. Le site propose 3 formules pour envoyer ses vieux à l’autre bout du monde et ne plus s’occuper de rien, des paperasses aux obsèques. Il n’est même plus nécessaire de perdre son temps à les appeler pour les entendre radoter, Oldéal s’occupe de tout !
Vous trouvez ça aberrant ? Tant mieux. Car ces sites sont en fait montés de toute pièce par des étudiants en dernière année du bachelor de l’IESA, une école de multimédia. Les élèves devaient monter et animer une campagne de communication autour d’un thème, qui était cette année celui de la solitude des personnes âgées. Au risque de créer la polémique, certains n’ont pas hésité à jouer sur des campagnes trash, visant à choquer un public visiblement trop peu concerné par la solitude des séniors.
Le bruit médiatique recherché par ces étudiants était bien au rendez-vous, mais pas forcément dans le sens recherché. En effet, un bad buzz s’est fait ressentir via certaines associations comme Famidac ou Petits Frères des Pauvres, qui ont été terriblement heurtées par ces campagnes. Le secrétaire général de Famidac, association qui propose des familles d’accueil pour les personnes âgées, considère ces sites comme « ignobles, peu crédibles, mais qui peuvent piéger les sans-cœur ». Les étudiants y sont-ils allés trop fort ? Difficile à évaluer. Nous pouvons simplement admettre qu’ils se sont fait prendre au piège de leur propre motivation et de la qualité de leur travail. En effet, il est difficile au premier coup d’œil de se douter du traquenard, tant les sites sont bien réalisés.
Cela nous pousse alors à nous poser plusieurs questions : les étudiants auraient-ils pu se contenter de créer une publicité triste et émouvante ? Sommes-nous réellement obligés de choquer ou de créer de l’émotion pour sensibiliser la société ?
Moins choquer pour mieux toucher
Nous avons tous déjà été exposés à des campagnes trash, défendant de lourdes causes. Sécurité routière, pauvreté, solitude, chaque année nous sommes la cible de ces publicités douloureuses. Mais la multiplication de ces campagnes choquantes, ajoutée à la banalisation de la violence par les médias et les jeux vidéo, n’affaiblit-elle pas leur impact ? Depuis quelques années, certaines entreprises prennent le contrepied, en essayant de marquer les esprits plus en douceur. C’est par exemple le cas de Metro Trains, le réseau ferroviaire de Melbourne, qui à travers une chanson enfantine appelle à la vigilance des Australiens envers les trains et métros.
En France, la Sécurité Routière a elle aussi décidé de changer de ton. Après deux courts-métrages réalisés par Rémi Bezançon en 2014 (Le sourire du pompier et Je vous aime très fort), c’est Mathieu Amalric qui s’est chargé cette année de sensibiliser les Français quant à la vigilance à adopter au volant. Tout en suggestions, ce nouvel opus de cinq minutes mettant en scène Pio Marmaï et Caroline Ducey, nous plonge dans un vrai malaise. On assiste aux difficultés qu’éprouve un père de famille à profiter du réveillon de Noël, sans penser à l’accident mortel qu’il a causé. Pointant du doigt l’utilisation du téléphone au volant, ce court-métrage n’est ni choquant, ni forcément émouvant, mais simplement troublant. La Sécurité Routière a cette année joué la carte de l’esthétisme, du suggestif et du psychologique, afin qu’au delà des conséquences physiques qu’entraîne un accident, nous réalisions que celui-ci peut nous torturer intérieurement jour et nuit. Se pose alors la question de l’efficacité de cette publicité. La Sécurité Routière touchera-t-elle sa cible aussi efficacement avec ce court-métrage, qu’avec ses anciennes publicités bien plus choquantes ?
Lumière sur le sadvertising
Au delà des campagnes choquantes défendant des causes sérieuses comme la solitude des personnes âgées, il est intéressant de considérer une tendance très en vogue depuis quelques années : le sadvertising. Comme son nom l’indique, cette tendance concerne une flopée de marques qui tentent de convaincre leurs consommateurs potentiels via des publicités émotives. De nombreuses enseignes que l’on pourrait qualifier de « froides », comme Apple ou Samsung, sont friandes de cette technique et en profitent pour rappeler leur contribution à l’enrichissement de la vie affective et émotionnelle de leur public. Il s’agit d’offrir un supplément d’âme, de dépasser la simple transaction matérielle pour atteindre une cible plus large, qui achètera un produit pour sa valeur émotionnelle et non parce qu’elle en éprouve le besoin. Drôle de paradoxe : on fait du trash avec des produits de la vie quotidienne, et on arrête d’être trop choquant lorsque l’on veut sensibiliser un public à une grande cause.
La tendance du sadvertising reste tout de même largement anglo-saxonne, les Français ayant un regard plus critique et recherchant l’intention derrière l’hyperémotivité publicitaire. Je vous laisse tout de même savourer – ou détester – les six campagnes les plus larmoyantes de ces dernières années. Sortez vos mouchoirs !
Procter and Gamble
Apple
Ikea
Always
John Lewis
Google Chrome
Louise Bédouet
@: Louise Bédouet
Sources :
Stratégies
etudiant.lefigaro.fr
advertisingtimes.fr
silvereco.fr
Crédits photos :
silvereco.fr (1) et (2)
Publicité ciblée : Donne moi ton adresse IP, je te dirai qui tu es
A l’approche des fêtes de Noël, un habitant de la région de Marseille s’est vu proposer un pack « AK47 » contenant notamment une kalachnikov et deux chargeurs 30 coups, dans les publicités de son mur Facebook. En effet, l’homme résidant dans une zone connue pour ses multiples cas d’agressions à l’arme à feu, a pu apprécier l’efficacité du ciblage publicitaire, dont le but marketing est de proposer au consommateur le bon produit au bon moment. Il a ainsi reçu une offre promotionnelle en rapport direct avec l’actualité locale.
Le phénomène de vente d’armes sur des réseaux sociaux comme Instagram avait déjà été observé aux Etats Unis il y a quelques mois, mais il s’agissait alors de petites annonces de particulier à particulier. Traqué et géolocalisé grâce à son adresse IP, Cédric M. a quant à lui reçu l’annonce publicitaire d’une entreprise d’armement, Aset protection, qui proposait un pack « spécial Noël » des plus singulier. Bien que cette annonce ait été accompagnée d’un lien signalant les multiples conditions de vente d’un tel produit, il paraît légitime de se questionner sur la pertinence de la présence d’une telle promotion sur les réseaux sociaux.
Amandine Verdier
Sources :
Lemonde.fr
Le storytelling autour de Noël : la campagne Coca-Cola
La période de Noël est l’occasion pour les annonceurs de déployer des spots publicitaires aux scénarios inspirés des couleurs de Noël. Parmi eux, Coca-Cola a déployé une véritable narratologie autour de l’esprit de Noël dans le cadre de sa campagne « Raisons d’y Croire », qui marque sa nouvelle signature pour l’année 2014. Musique d’Elvis transposée sur fond de cloches retentissantes, effet vidéo slow motion, lumières scintillantes : le format publicitaire s’efface au profit d’une expérience quasi cinématographique et nous happe dans un univers fictionnel enchanteur.
Des larmes, un baiser fougueux, de la joie, des retrouvailles… Le scénario explore une palette d’émotions, avec au centre la figure de l’étoile filante dont les personnages sont témoins. On peut aisément interpréter celle-ci comme métaphore de la marque, veillant sur ses fidèles consommateurs et les accompagnant dans les grands moments de la vie.
C’est avec son slogan de clôture (« Moi aussi je crois en vous » – Le Père Noël) que Coca-Cola se meut sous les traits de Saint-Nicolas. Le récit allégorique déployé par la marque témoigne d’un mécanisme de détournement publicitaire : se décentrer de son produit pour mieux s’y recentrer, au moyen d’un message qui s’axe autour des valeurs de l’optimisme et du plaisir d’être ensemble.
A croire que la « magie de Noël » n’est opérante que si l’on boit une bouteille de Coca-Cola…
Alexandra Ducrot
Sources :
Stratégies.fr
LaRéclame.fr
Crédits photos :
Capture d’écran Coca-Cola.fr
Google vous souhaite un Joyeux Noël… enfin presque
A chaque fin d’année, à l’approche des fêtes il est coutume de se souhaiter un « Joyeux Noël » ou de « très Bonnes fêtes », tout dépend du contexte, de l’endroit et des personnes auxquelles on s’adresse.
Google, le géant américain n’a pas dérogé à la règle. La veille de Noël, le moteur de recherche avait mis en place un Doodle intitulé « Google vous souhaite de joyeuses fêtes ! », qui mettait à l’honneur la recherche du jour « Joyeuses Fêtes » sur sa page d’accueil. Si vous êtes un adepte de Google, vous savez que le moteur de recherche n’hésite pas à remplacer son logo officiel par un Doodle. Il a même tendance à les utiliser à tout bout de champ pour communiquer sur des évènements particuliers, qu’ils soient nationaux ou internationaux, via sa page d’accueil. Ainsi, on peut se souvenir des 17 Doodles crées rien que pour les Jeux Olympiques cet été, par exemple.
En se connectant sur la page d’accueil le 24 décembre, on pouvait admirer un Doodle assez classique avec un Google au pays des jouets. Les jouets en file indienne qui suivent une majorette ou ce qui ressemble à un petit soldat, et qui se dirigent vers des caisses en bois entrouvertes sur lesquelles on peut lire les lettres du mot Google. Le lendemain, le Doodle du jour n’était que la continuité de celui de la veille. On retrouve la majorette ou le petit soldat, et les caisses en bois ne sont plus entrouvertes et font place à des cadeaux portant toujours les lettres du mot Google. Place au grand déballage des cadeaux de Noël. Du moins c’est l’idée qui en découle et Google ne pensait surement pas mal faire, et pourtant…
En effet, le moteur de recherche a quand même réussi à s’attirer les foudres de certains avec ce Doodle des plus innocents. Dans la journée du 25 décembre, une polémique a fait son apparition sur la toile à propos de la recherche du jour. Certains internautes chrétiens n’ont pas apprécié le fait que Google ait tout simplement choisi d’utiliser une expression religieusement neutre et n’ait pas plutôt mis en avant la recherche « Joyeux Noël », qui selon eux était plus de circonstance en cette période au lieu d’un simple « Joyeuses Fêtes » qui regroupe le réveillon de Noël et celui du Nouvel An. Cette pseudo polémique autour des fêtes de fin d’année et d’un des outils préférés de communication du géant américain a même eu droit à la création d’un sujet sur le forum de Google, à ce jour le sujet compte tout de même 161 messages de 98 auteurs différents qui reprochent à Google son ton trop neutre. Certains vont même jusqu’à l’accuser de détruire l’esprit de Noël. Si on a du mal à imaginer Google comme le nouveau Grinch, le moteur de recherche a quand même tenu à se justifier compte tenu de la situation. Ainsi Jessica Schwartz, en charge d’animer la communauté Google Search, a répondu via un message directement posté sur le forum : «Les Doodles de Google sont faits pour faire sourire les gens et je suis triste d’apprendre que cela perturbe gravement les gens sur ce fil de discussion, au point même de croire que cela « détruit l’esprit de Noël ». Nous serons ravis de faire passer le message aux Doodlers ».
Jessica Schwartz et Google font le choix de ne pas s’excuser et campent sur leurs positions, et si le choix des mots avait été fait prudemment dans le but de justement ne faire référence à aucune religion pour ne pas fâcher certains utilisateurs, Google a en fait rencontré l’effet inverse.
Malgré cela et en dépit de cette polémique des plus insolites, l’équipe de FastNcurious espère que vous avez passé un Joyeux Noël ET de très bonnes fêtes, nous vous souhaitons nos meilleurs vœux pour 2013.
Sabrina Azouz
Sources :
Lemondenumerique.com
Geek.com
La promo d’une ville en lumière
Du 6 au 9 Décembre a eu lieu une grande fête qui fait rayonner la ville de Lyon. Un événement haut en couleurs et en communication !
De fête populaire à Fête des Lumières
La Fête des Lumières a lieu tous les ans depuis 1852 autour du 8 Décembre. Il s’agissait à l’origine d’une fête religieuse qui célébrait l’Immaculée Conception à Lyon, ville placée sous la protection de la Sainte Vierge. La célébration est ensuite devenue populaire et rassembleuse, en invitant les lyonnais à placer des lumignons à leurs fenêtres. Le ton des festivités a encore changé depuis, car La Fête des Lumières est surtout aujourd’hui un bel exemple de communication évènementielle, et représente une vitrine touristique exceptionnelle pour la ville. La municipalité de Lyon l’a compris dès 1989, date à laquelle elle a commencé à participer à la célébration. Elle en est maintenant l’organisatrice principale. La Fête des Lumières s’est institutionnalisée, elle est devenue une marque. Les frais de la manifestation sont partagés par des entreprises publiques et privées réunies, depuis cette année, dans le « club des partenaires ». La présence des sponsors est devenue indispensable, et marque l’entrée de l’événement dans l’opération commerciale. Ainsi cette année, trois trophées ont été décernés à des artistes par trois acteurs différents : la Ville de Lyon et France3, Recylum (organisme de collecte et de recyclage des lampes usagées) mais aussi par le Club des Partenaires, preuve de l’implication grandissante de ces derniers.
Lyon sous les projecteurs
Fête signifie exceptionnel. La célébration annonce les joies de Noël, et pour cela, toute la ville est réquisitionnée. La circulation a été coupée pendant les 4 jours. Pendant ce long weekend, Lyon n’est plus la ville, lieu de vie des lyonnais, mais la scène d’un spectacle omniprésent qui attire des millions de visiteurs. Durant cette courte période, les 2 tiers de la population présents dans la ville ne sont pas de la région. La ville est belle et bien investie par les visiteurs, et ce pour le plus grand plaisir des tenants de bars et restaurants, dont le chiffre d’affaire serait multiplié par quatre durant cette période (selon la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon). En ces temps froids de Décembre, la lumière est signe de magie, de chaleur, mais aussi d’intelligence et de modernité. La ville éclairée est mise en beauté, magnifiée, elle devient une capitale. Les lieux phares de la ville ont été investis par des designers, plasticiens, architectes, infographistes et éclairagistes reconnus. Les sept kokeshis géantes, poupées japonaises présentes sur la cour de l’hôtel de ville, en plus de mettre en valeur le lieu, symbolisaient un élément d’histoire de la ville. Elles faisait honneur aux japonais qui, au XIXème siècle, ont sauvée la soierie lyonnaise dont les cocons étaient malades, en échangeant des vers à soie contre des métiers à tisser Jacquart. L’histoire sert alors de mythe et contribue à créer l’événement autour de la ville. L’attention particulière portée sur le nouveau quartier de la Confluence représente également un bon « coup de com » de la part de la municipalité. La Confluence est un projet urbain qui réunit de nouveaux logements, un centre commercial, des transports, un parc … Le quartier s’est vu décorer d’une animation avec des baleines à la rencontre du Rhône et de la Saône, et d’une fleur qui éclot au sommet du grand dôme de l’hôtel de région Confluence, métaphore de la renaissance du quartier. Ces animations ont permis une affluence importante dans un quartier en plein essor avec 25 000 spectateurs. Une belle façon de faire valoir un projet municipal.
L’internationalité des festivités
Lyon est une ville importante dont l’image s’exporte partout en France mais aussi à l’étranger. A l’ère de la mondialisation, les villes sont devenues des marques et la concurrence est importante. Lyon souhaite être présente à un niveau international. Pour la première année, une rencontre entre des professionnels de festivals des lumières du monde entier a été organisée le 8 Décembre par la ville de Lyon : le Lyon Light Festival Forum. Lyon est devenu entremetteur entre trente-trois concepteurs lumières et les représentants de dix-sept villes du monde. L’adjoint du maire, Georges Képénékian, a ainsi pu parler de sa ville comme un « lieu d’expérimentation, innovant et toujours en mouvement de créations originales qui peuvent être exportées ». Lyon entre dans la cour des grands. Durant cette fête mondialement reconnue, de métropole, elle accède quasiment au statut de mégapole.
Comme tout événement qui se respecte, La Fête des Lumière a eu droit a sa vidéo teaser officielle associant l’origine traditionnelle de la fête aux lumignons, à la grandeurs de ses installations actuelles. Un site internet a été spécialement créé par la ville de Lyon, avec des informations pratiques, et notamment des conseils pour l’hébergement dans les hôtels partenaires de l’opération. Le Blog des Lumières continue de faire exister la Fête des Lumières, en diffusant des animations filmées et des interviews d’artistes.
Afin de prolonger les festivités jusque Noël, la ville a choisi de conserver quelques créations, notamment les Oriflammes installés par Sébastien Lefèvre (des milliers de fanions colorés et éclairés agités par le vent). Quand à la Tour Part-Dieu, elle conservera ses centaines de LED, permettant des combinaisons variées. Ainsi, Lyon garde en elle les traces de cette grande fête en attendant la 15ème édition, pour plus de lumières encore.
Agathe Laurent
Sources :
Le site de la Fête des Lumières
Le blog associé
Lyon.fr
La Croix, ici et là
FranceTV
Metro
Wikipedia