Flora Coquerel miss france 2014
Société

La belle et les bêtes

 
Depuis le 7 décembre 2013, la France a sa nouvelle Miss : Flora Coquerel, jeune étudiante de 19 ans. Si la plupart des Français approuvent ce choix (ou s’en fichent), c’est plus la nationalité franco-béninoise de l’ancienne Miss Orléanaise qui intéresse l’opinion publique que sa beauté incontestée.

On s’y est habitué : A chaque concours Miss France son scandale. Rappelons-nous seulement du litige autour du concours de 2010 entre la société Miss France (appartenant à Endemol France) et l’emblématique Geneviève de Fontenay.
Or, cette fois-ci, « le scandale Miss France 2014 » prend une dimension politique. Dès son couronnement, Flora Coquerel a été la cible d’attaques racistes, surtout sur les réseaux sociaux (à retrouver sur Buzzfeed), espaces protégés par l’anonymat. « Elle n’est même pas blanche celle qui représente la France » compte hélas parmi les commentaires les plus cléments…
De plus, de soi-disant trucages du vote du public auraient fait gagner une fille métissée en guise de réponse du Comité Miss France à Alain Delon qui, suite à ses propos favorables au Front National, n’est plus le bienvenu au Comité dont il était pourtant le parrain « à vie. »
Pourquoi ce concours est-il toujours accompagné d’une polémique ? Serait-ce surtout pour faire parler à chaque fois d’un évènement dépassé qui perd de plus en plus l’attention de la population ?
Cependant, l’élection Miss France 2014 soulève une deuxième question : celle de la légitimité de la parole sur internet, une sphère encore peu contrôlée. Les auteurs de propos racistes publiés sur la toile ne devraient-ils pas être condamnés comme dans la vie réelle ?
 
Teresa Spurr
Sources :
Le Nouvel Observateur, Le plus
Lepoint.fr
Huffingtonpost.fr
Linternaute.com
Photos :
Une : TF1
Sacre Flora Coquerel : metronews.fr

Facebook, j'aime ou j'aime pas ?
Société

Les réseaux sociaux : WHO’S NEXT ?

 
Au secours, Facebook devient has been ?
Une récente étude américaine montre que Facebook séduit moins les jeunes adolescents aujourd’hui que leurs aînés.
Il semble que les jeunes utilisateurs commencent à se lasser de partager leurs photos librement, de liker les pages de leurs films préférés, et préfèrent les mini-messages vifs de 140 caractères.
Sur 8 600 interrogés, 26% préfèrent Twitter, contre 23% pour Facebook et sa filiale Instagram.
De plus, on ne peut ignorer l’entrée fracassante de l’Oiseau bleu à Wall Street, qui semble être au passage bien mieux réussie que celle de son concurrent en son temps.

Facebook et Twitter co-existent depuis plusieurs années déjà, alors pourquoi ce revirement en 2013?
Aujourd’hui, la tendance semble être celle du commentaire. Il faut réagir et interagir sur un article, une émission… et bien sûr dans l’instant.
Alors, Twitter a-t-il déjà remplacé Facebook dans le cœur des ados ? Les tweets ont-ils remplacé les statuts, et les followers les amis ?
Twitter semble bien « follow » les traces du succès de Facebook. Alors faisons une hypothèse un peu folle : après The Social Network, pour quand un film sur la création de Twitter ?
Les réseaux sociaux n’ont pas le temps de s’essouffler qu’ils se trouvent déjà soi-disant remplacés.
Alors chers curieux, à vos Smartphones : Mais pourquoi faire au juste ? Actualiser son statut, retweeter ou pourquoi pas envoyer un Snapchat à un ami ?
Avouez qu’on s’y perd un peu. Who’s next ?
 
Sophie Cleret
Sources :
Stratégies.fr – Twitter détrône Facebook chez les adolescents américains
Slate.fr – Les adolescents se lassent de Facebook
Crédits photos :
Image de une : BeGeek.fr
Image 2 : brandaroundtheweb.fr

Société

Facebook et Snapchat : l'écart se creuse

 
Petit fantôme malicieux sur carré jaune : vous connaissez sans doute ce logo. Snapchat, application disponible sur les plateformes iOS et Android, connait une croissance fulgurante : 350 millions de « snaps », photos éphémères qui disparaissent une fois reçues, ont été envoyées en septembre, contre 200 millions en juin dernier. Pas de doute, Snapchat, grâce à sa forme hors norme, est désormais un support médiatique incontournable et fascinant.
Ainsi propulsé à une position clé du marché des réseaux sociaux, il n’est pas étonnant que Facebook, qui avait fait l’acquisition à prix d’or en 2012 d’Instagram, se soit intéressé à ce phénomène et ait tenté de racheter l’application Cependant, Snapchat décline le million de dollars que Facebook lui propose. Une simple application peut-elle se permettre de refuser une telle offre, de la part d’un des géants du marché international ? Que révèle cette prise de position sur notre société et les évolutions médiatiques à venir ?
Plus Snapchat échappe aux mains des puissants, plus il gagne en valeur, et tandis que la mémoire de Facebook refuse d’effacer la moindre information, avec Snapchat, toute preuve disparait en quelques secondes. Mais à travers le « snap », la puissance de l’image est réaffirmée dans sa positivité sans être jamais remise en question. Que cache ce désir d’indépendance : une incitation à de nouvelles formes de communication ou un énième passe-temps ?
 
Agnès Mascarou

Le Thigh Gap par Eleonore Péan
Société

Jacques a dit : Et mon thigh gap, tu l'aimes mon thigh gap ?

 
Le thigh gap, il y a celles qui l’ont… et celles qui le veulent. Véritable raz de marée depuis quelques mois sur les réseaux sociaux, on ne finit pas, sur la toile et ailleurs, de voir s’étaler photos, conseils, exercices minceur, mises en garde, ou encore bashing de la fameuse pratique. Chez les adolescentes, depuis plusieurs mois déjà, il est l’objectif suprême, le saint Graal. Les réseaux sociaux en sont le terrain de jeux privilégié : Facebook, Twitter, Instagram, Tumblr, Pinterest, aucun n’échappe à la vague.
Le thigh gap dans son plus simple appareil

Communément décrit comme l’écart qui sépare le haut des cuisses en position debout (les pieds joints), on pourrait le placer sans céder aux raccourcis comme le descendant glamour de la lignée pro-ana, aux côtés de ses amis #Thinspiration, #Fitspiration ou encore #Ana-mia (comprenez Anorexia-Boulimia). Seulement voilà, derrière ce thigh gap se cachent des techniques qui relèvent, disons le clairement, de la torture. Parce qu’effectivement, manger des cotons imbibés de confiture ou des glaçons pour tromper la satiété, c’est donner une toute autre dimension au mot « originalité » ; pour autant, ça n’en reste pas moins une pratique qui mériterait d’être remise en question, de par sa singulière ressemblance avec les « astuces » des pro-ana. Sur Twitter, @Chiboui a beau dire qu’ « une fille anorexique c’est horriblement moche mais le thigh gap c’est trop beau », le chemin pour y arriver reste le même. On découvre d’ailleurs avec stupéfaction sur le même réseau que certaines continuent d’arborer leur poids en pseudo, tout en martelant des encouragements… dont elles sont les uniques destinataires.

Les réseaux sociaux, des nids d’épidémies ?
Sur Internet, plus question de se comparer à ses copines ; aujourd’hui sur Tumblr, c’est avec le mannequin le plus en vue du moment que vous entrez en rivalité. Cara Delevigne, Snejana Onopka, autant de comptes Twitter qui ont de quoi faire rêver des ados complexées à l’ère numérique de l’obsession de soi. Difficile alors de ne pas faire le rapprochement entre la publication régulière de ses photos (très) personnelles et l’exhibitionnisme. Non sexuel, peut être, mais un exhibitionnisme de groupe qui ancre un mouvement et imprime sa norme au reste des utilisatrices. Parce que toutes ces photos sont autant de potentiels déclencheurs pour les non initiées. Au début, il y a une photo, un idéal peut-être, une comparaison. Puis un complexe, une humiliation, une adhésion. Une adhésion qui pour certaines se révèle adopter une maladie comme mode de vie, une vie où l’on comptabilise chaque calorie ingérée, où l’on se pèse 10 fois par jour, où l’on s’enferme dans une quête dont le moteur ne tient qu’à un nombre de followers ébahis devants les résultats, mais incapables de vous raisonner. Un programme somme toute assez ahurissant, d’autant qu’il séduit des filles de plus en plus jeunes, n’excédant pas les 11 ou 12 printemps.
Et les réactions de la plèbe dans tout ça ?
Dans les médias, la pratique se retrouve largement décriée par les médecins, qui voient en cette quête de la minceur une porte ouverte à l’anorexie mentale. Ils rappellent d’ailleurs que cet attribut dépend en réalité de la morphologie de chacune – certaines, aussi minces soient elles, ne pourront jamais obtenir le précieux écart ! –
Sur les réseaux sociaux, rien n’y fait : ni les détracteurs, ni les tentatives des plateformes d’interdire certains hashtags ou mots clés, comme #anorexia ou #thinspiration. Un engagement qui mérite pourtant d’être salué, qu’il s’agisse d’une action sociale, ou simplement de la volonté de se protéger de l’image peu valorisante qu’apporte une telle publicité. Malheureusement, ces mesures n’auront su arrêter le phénomène, Internet ayant cette précieuse faculté de donner libre champ aux opprimés sur les forums périphériques, blogs perso, ou autres espaces difficiles à surveiller.
Chez les stars, Robyn Lawley, la célèbre mannequin australienne taille 42, a tiré la sonnette d’alarme cette semaine. Elle monte au créneau alors qu’il y a un peu moins d’un an, une photo d’elle en lingerie s’est retrouvée sur une page Facebook « Pro thigh gap ». Commentaires humiliants, insultes, autant de mots inacceptables qu’elle condamne dans une interview fin octobre 2013. Elle y déclare vouloir « des cuisses plus grosses et musclées […] nous voulons toutes des choses différentes, mais les femmes ont déjà suffisamment de pression pour avoir à subir en plus la pression d’avoir un thigh gap ».

Endiguer le phénomène, mais comment ?
Face à la dangerosité d’une telle mode et surtout à la vitrine que constituent les réseaux sociaux pour la diffuser, de quels outils disposons-nous ? En 2008, pour tenter d’enrayer le courant de l’anorexie, le Ministère de la Santé a signé une charte d’engagement volontaire et d’interdiction de l’apologie de l’anorexie sur Internet, sans plus d’effet que la campagne de pub qui avait mis en scène Isabelle Caro (décédée depuis) sous l’objectif d’Oliviero Toscani. Cette campagne de sensibilisation avait suscité un vif débat (publicité retirée de l’espace public à Milan car son affichage coïncidait avec la semaine de la Fashion Week), mais sans notable changement des mentalités.
En 2010, le CNRS s’est intéressé à son tour à l’incidence du réseau social sur l’épidémie des troubles alimentaires, en effectuant une étude sociologique comparative de sujets ana-mia en France et aux Etats Unis, à travers une restitution de leurs réseaux sociaux en ligne et hors ligne, en vue de la conception de campagnes d’information et de politiques d’intervention en matière de santé publique.
Quand on sait qu’en mars 2013, The Lancet a publié une étude prônant la stimulation cérébrale profonde – en d’autres termes, des électrodes dans le cerveau – comme traitement de l’anorexie, on redoute la suite. À mode extrême, solutions extrêmes ?
 
Eléonore Péan
Sources :
L’étude de l’Institut Interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain sur la sociabilité « Ana-Mia »
TheDailyBeast – Interview de Robyn Lawley
La Nouvelle Edition du Grand Journal du 29/10
L’étude parue sur The Lancet, revue scientifique médicale britannique
Photos :
Une – Journald-unerondeastucieuse
Photo Robyn Lawley – The Daily Beast

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Société

"OMG" : Buzzfeed bientôt en français

 
Si vous cherchez désespérément une liste des 18 chats les plus ennuyeux/agaçants sur Instagram ou 20 idées de déguisement d’Halloween pour briller malgré votre timidité maladive, alors n’attendez plus : Buzzfeed est fait pour vous.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Buzzfeed : c’est un site américain né en 2006 et devenu un véritable phénomène dans le monde anglophone avec ses 85 millions de spectateurs uniques par mois en août dernier. Un score qui le situe entre les géants Amazon et Twitter. Le site connaît d’ailleurs une croissance exponentielle : c’est en effet 3 fois plus qu’il y a un an et le nombre de visiteurs ne cesse de grandir.
Pourquoi un tel succès ? Tout d’abord parce que Buzzfeed a un positionnement des plus originaux. Le site se définit volontiers comme une « base virale du buzz » : les contenus sont faits pour être partagés et se propager sur le net. En effet, habilement conçus, ils envahissent les réseaux sociaux, une des raisons de la très forte fréquentation du site. Mi-website éditorial classique, mi-réseau social, ce site hybride possède ses petites spécificités : des « badges » emblématiques permettent par exemple aux utilisateurs de donner leur avis sur les articles, à la manière d’un « like » Facebook en plus diversifié. Le site se veut réactif et interactif : ainsi la publication continue de nouveaux posts et articles est signalée comme une notification (« raw feed »), les contenus les plus appréciés et prometteurs du moment sont mis en avant pour optimiser le buzz, de grandes compétitions sont organisées entre les « users » qui sortent ainsi de la passivité et se transforment momentanément en éditorialistes… Ainsi Buzzfeed est un site polyvalent où on peut donc consulter, interagir, commenter, partager et publier des contenus.

BuzzFeed
Succès également parce que le site joue la carte de la diversité à travers ses différentes rubriques : « informations, divertissement, life, vidéo, more ». Buzzfeed s’est rendu célèbre grâce à ses fameuses « listes », souvent déjantées (un concept repris par des sites français très populaires, tels que Topito.fr) et propose des gifs à la manière d’un tumblr, des sélections de vidéos, de liens etc. Toutefois, il se positionne également aujourd’hui comme un site d’information sérieux, ambitieux et légitime. De grands reporters y proposent des articles de fond et de nombreuses exclusivités sur les thèmes suivants : monde, politique, business, technologies, sports, idées et « longform ». Rien de très surprenant finalement quand on apprend que son co-fondateur n’est autre que Jonah Perrepeti du Huffington Post (un des quelques 300 sites partenaires de Buzzfeed) et qu’entre autre Ben Smith, journaliste de Politico collabore au site. Ces articles prennent parfois une tonalité humoristique : pour Buzzfeed « sérieux » et « amusant » n’ont rien de contradictoires et le site prend un malin plaisir à se jouer des codes en « décoinçant » la presse politique. Une approche qui, de surcroît, attire plus de jeunes soi-disant « délaissés » par les autres sites d’information classiques.
Résolument innovant, volontairement concis, fait sur mesure pour les réseaux sociaux, flexible sur les contenus pour un multi-usage et une foule de visiteurs aux attentes et profils très éclectiques… si Buzzfeed est un succès c’est finalement parce que le site incarne un nouveau modèle pour la presse. Un modèle qui marche puisque le site devrait réaliser cette année environ 60 millions de recettes, soit 20 millions de plus que prévus. Tout cela sans héberger de publicité venant de l’extérieur puisque le site se finance largement grâce aux « native advertising » ou aux « advertials », mélanges de publicité « ad » et d’édito « editorial ».
Buzzfeed pique votre curiosité ? Si le site américain ne s’est pas encore imposé en France (100 000 visiteurs par mois), ce dernier a bien l’intention de conquérir les internautes non anglophones : c’est pourquoi il lancera en octobre la version espagnole et portugaise de son site, après le projet d’un Buzzfeed UK sur mesure pour les British et leur humour si… particulier. Pas de jaloux : les articles les plus populaires seront traduits en français par des équipes de traducteurs, faisant appel à des internautes, des étudiants utilisateurs de Duolingo, une plate-forme gratuite d’enseignement de langues étrangères. Il faut donc espérer que les traductions seront de qualité. Buzzfeed a cependant le projet de recruter une équipe d’éditeurs professionnels pour surveiller les opérations et permettre de publier des articles plus adaptés aux pays ciblés. Les Frenchies pourront donc expérimenter Buzzfeed dans la langue de Molière à partir du 4 novembre 2013.
Beaucoup d’OMG, LOL et WIN en perspective !
 
Maud Espie
Pour patienter :
http://www.buzzfeed.com/hannahkw/20-reasons-you-wish-you-were-at-hogwarts-during-ha-fncg
http://www.buzzfeed.com/samir/this-bad-lip-reading-of-game-of-thrones-is-the-best-thing-yo
Sources :
Le Monde, Marianne

Société

Jacques said Draw your life !

 
Un beau dessin vaut mieux qu’un beau discours : telle serait la morale de la nouvelle fable moderne dans laquelle l’internaute raconte une histoire (sa vie !) au travers de dessins.
Après le journal intime à qui l’on confiait ses problèmes, les blogs ont fait leur apparition. Délaissés depuis quelques années, il manquait donc un outil de confidence pour toute cette masse humaine qui avait remplacé le cahier par l’écran et sur ce même écran, l’écrit par l’image.  En effet, de nombreux Youtubers racontent leur vie, leurs difficultés grâce à Draw my life. Le principe n’est pas bien compliqué : une main est filmée alors qu’elle dessine des personnages et rédige des textes simples, l’image est retransmise en accéléré et accompagnée d’un fond sonore (musique et voix off). On compte aujourd’hui environ 3 millions de vidéos qui ont adopté ce concept !
Sam Pepper, artiste britannique, a publié une vidéo de 5 minutes et 9 secondes le 8 janvier 2013 qui a déjà été visualisée plus d’un million de fois. Le titre de la vidéo « Draw My life » a donné son nom au mouvement.

Depuis cet été, les vidéos calquées sur ce modèle font fureur en France : les jeunes, entre 17 et 25 ans, sont les premiers à se lancer dans ce jeu du dessin. Le format est d’autant plus séduisant qu’il ne demande aucune qualité artistique puisque, dans sa vidéo, Sam Pepper fait des dessins simplistes avec des personnages en bâtons. Il n’est plus question de grammaire, d’orthographe, de syntaxe : un élève de maternelle pourrait dessiner sa vie. C’est pourquoi, selon les vidéos « Draw My life », les dessins peuvent être grotesques ou bien artistiques.
L’idée est de confier une partie de sa vie personnelle, voire intime. Ce buzz, plutôt récent, invite à se questionner sur l’utilisation et l’évolution des moyens de faire des confidences jusqu’à aujourd’hui. Le journal intime était réservé à son seul auteur. Les blogs s’adressaient à des amis, à un entourage proche. La vidéo Youtube s’adresse à tous les internautes confondus, à cette communauté du web qui partage tout. Les confidences deviennent donc de moins en moins confidentielles et de plus en plus théâtralisées. C’est ainsi que les difficultés sont souvent partagées sur le ton de la plaisanterie, avec un ton enjoué : une technique qui permet de prendre de la distance. Youtube devient ainsi le théâtre de nombreuses confidences.
Le phénomène s’étend rapidement et s’élargit, s’éloignant de la même manière de son objectif initial. C’est ainsi qu’une classe de collège illustre un cours grâce à ce même concept :

Ces élèves dessinent des animaux marins, non des éléments de leur quotidien : on perd alors la dimension primordiale de la thématique personnelle initiée par Sam Pepper dans sa vidéo. Mais cet exemple montre bien l’ampleur prise par  cette nouvelle mode.

Clothilde Varenne

Société

Facebook, ton pire cauchemar ?

 
Des conditions générales nébuleuses
Le 26 août dernier, Facebook a dû faire face à une plainte massive. Le groupe de Marc Zuckerberg s’est engagé à reverser 20 millions de dollars aux utilisateurs dont certaines données avaient été revendues à des fins publicitaires, à leur insu. Afin de faire preuve de plus de transparence et de clarifier les paragraphes nébuleux permettant certaines interprétations, Facebook a prévu un changement de ses conditions générales, concernant particulièrement l’utilisation de ses données. Cette annonce s’est faite très discrètement (du moins vis-à-vis des utilisateurs). Pourtant, six associations américaines pour la défense des libertés sur Internet se sont emparées du sujet, ce qui a conduit à un décalage dans le lancement de cette politique auprès des utilisateurs américains. Les modifications ne sont plus qu’une question de temps. L’Europe s’inquiète, même si encore protégée par les autorités de protection des données comme la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) qui restent méfiantes à l’égard de ces pratiques. Des articles soucieux ont fusé, ici et là.
Entre volonté de faire preuve de transparence et d’honnêteté et simple protection juridique, la modification des conditions générales d’utilisation n’en reste pas moins une remise en question de la propriété des données nous concernant.
L’écrire, c’est pire
Cette modification dont nous parlons tant, que signifie-t-elle concrètement? Selon Facebook, il s’agit de clarifier un point qui pourtant, pour les médias, n’est autre que l’annonce d’une abominable vérité que les utilisateurs refusent de voir : Facebook utilise nos données, à notre insu et à des fins commerciales. Après maintes recherches sur Internet et après avoir épluché les conditions d’utilisation version française, il semblerait que le pire se tienne encore aux Etats-Unis. Par exemple, le paragraphe 10 point 1 est beaucoup repris par les médias :
Vous nous donnez la permission d’utiliser votre nom et la photo de votre profil en rapport avec du contenu commercial ou sponsorisé. Par exemple auprès d’une marque que vous avez soutenue en cliquant sur « like ». Ceci signifie que vous donnez votre accord pour qu’un business ou une autre entité rémunère Facebook pour l’utilisation de votre nom, la photo de votre profil et les informations vous concernant, avec votre consentement, sans aucune compensation en échange.”
et on obtient en Français :
Vous pouvez utiliser vos paramètres de confidentialité pour limiter la façon dont votre nom et votre photo de profil peuvent être associés à du contenu commercial, du contenu sponsorisé ou d’autres contenus (tels qu’une marque que vous indiquez aimer) que nous diffusons. Vous nous donnez la permission d’utiliser votre nom et votre photo de profil en association avec ce contenu, conformément aux limites que vous avez établies.”
Entre le pire et le “moins pire”… Une fois décortiquée la langue de bois, Facebook utilise tout de même vos noms et photos pour faire de la publicité sponsorisée, mais il semblerait qu’en France l’on ait encore un choix, ce qui n’est plus le cas outre-Atlantique. Encore faut-il savoir que vos paramètres par défaut sont « tout public ». Peut-être découvrirez-vous un jour votre tête dans une publicité pour spiritueux ou problèmes de peau… A suivre !
Quand l’argent n’a pas honte
Notre première réaction était celle d’une surprise abasourdie, quant à ce que permet le premier réseau social du monde. D’autant qu’ils ne changent pas leurs façon de faire, ils ne font qu’officialiser une pratique qu’ils exerçaient déjà (cf. lien RFI). Le droit français et européen offre encore une certaine protection du droit moral et privé, dont les contours tendent à changer ces dernières années.
Certes, il est grave qu’une entreprise prenne autant de libertés avec notre propre liberté et vie privée mais au final, on se demande si le plus grave, ce n’est pas cette indifférence générale qui gangrène les utilisateurs. Même si l’information a été relayée par les médias, sur un ton plutôt alarmant d’ailleurs, les internautes n’ont pas massivement crié leur opposition aux nouvelles conditions d’utilisation et n’ont pas non plus décrié l’abus qui en est fait. Oui, ils ont grincé des dents. Mais pas avec assez de conviction pour quitter Facebook, ce qui aurait (peut-être ?) permis de remettre en cause l’utilisation de la plateforme.
 
Sophie Pottier et Pauline St Macary
Sources:
RFI
Commentçamarche
Le Monde
Gentside
Un dernier lien datant de 2009 mais toujours intéressant
Crédits image : zombie-parade.net

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Société

Zoom sur la Yelpattitude

 
Connaissez-vous les yelpeurs ? Cette communauté inscrite sur Yelp, un site internet alliant des services de recherche, de critique et de réseau social. Tout le monde peut accéder aux avis mais pour en rédiger, il est impératif de s’inscrire. On entre alors dans la communauté des yelpeurs. Zoom sur une pratique qui peut vite devenir addictive !
Yelp nous vient de San Franc&isco. En 2009, Google lui faisait déjà  les yeux doux afin d’enrichir ses services de géolocalistaion et de développer la publicité locale. Mais Yelp ne s’est pas laissé séduire. Le site a racheté Qype l’année dernière et continue de s’implanter en Europe, malgré une concurrence encore rude sur le terrain (Cityvox, Foursquare…). En France, Yelp se concentre très largement sur Paris pour se développer ensuite dans les autres grandes villes du pays.
La planète critique
 Yelp fait partie de ces nombreux sites internet consacrés à un art qui a explosé et s’est généralisé avec le web 2.0 : la critique. On a tous un avis sur la qualité d’un service, d’un restaurant, d’un bar, et on peut maintenant l’exprimer facilement. Cette activité n’est plus l’apanage de quelques critiques employés au guide Michelin. Le modèle d’affaire du site repose principalement sur la vente de publicités aux commerces locaux. Comme tout site de ce type, la question de la neutralité se pose. Yelp aux Etats-Unis a plusieurs fois été accusé de vendre des commentaires positifs ou des suppressions d’avis négatifs. À l’inverse, certains commerçants ont dénoncé les commentaires négatifs et non justifiés publiés à leurs égards, les conduisant à indiquer “no yelpers” sur la vitrine de leurs commerces. De son côté, Yelp assure opérer le moins de censure possible afin de garantir la fiabilité des critiques. Il ne filtrerait que les avis suspicieux, trop élogieux pour être honnêtes.
L’expérience Yelp
Quand on a des yelpeurs convertis dans son entourage, on est tenté soi-même de mettre à profit ses sorties nombreuses et variées. Pour son ascension, et comme pour celle des adresses présentes sur son site, Yelp compte sur le bouche-à-oreille. Quand le concept a été vendu par des amis, il est d’autant plus attrayant. Une community manager alimente le site en articles et photos. Elle encourage aussi les nouveaux yelpeurs en les complimentant ou en leur conseillant de bien remplir leurs profils. Les commerçants peuvent se créer des comptes sur Yelp afin de compléter leurs descriptions, lire et évaluer les avis qui les concernent, et interagir avec leurs clients. Chaque semaine, la weekly Yelp propose des adresses sur une tendance du moment : où trouver les meilleurs cupcakes, friperies, fleuristes… Une Newsletter, disons-le, souvent très hipster. Les “check-in” sur l’application mobile Yelp permettent d’indiquer sa présence sur un lieu, et de proposer plus tard de rédiger un avis dessus. Yelper devient alors un mode de vie.
Un vocabu-Yelp
Yelp, c’est aussi des termes bien sélectionnés pour nous flatter et nous donner envie de continuer à yelper. Trouver un nom pour qualifier ses utilisateurs, les “yelpeurs”, constitue une véritable pépite en termes de communication. On se sent alors appartenir à un groupe virtuel uni par un rythme de sorties intensif. Le ton est donné dès l’inscription : il est cool. “Cool”, c’est d’ailleurs l’un des qualificatifs qu’on peut attribuer aux avis d’autres yelpeurs. Les utilisateurs se complimentent entre eux. Il est très plaisant de recevoir un message indiquant que l’on a reçu un “compliment” ou que quelqu’un a trouvé notre avis “cool”, “utile” ou “drôle”.

La crème de Yelp
Et puis il y a les élites, c’est là que les choses sérieuses commencent. Les yelpeurs élites sont un peu les leaders d’opinion à l’échelle du site. Yelp parle de brigade d’élite et affiche un badge sur leur profil. Ils doivent être authentiques, avoir une forte contribution au site, et sans cesse interagir avec la communauté. Ils sont sélectionnés par une commission chaque année, et conservent leur statut jusqu’à la fin de l’année civile. Les élites profitent de certains avantages, comme être invité à des soirées ou ateliers Yelp chez des partenaires de la marque. Les élites donnent ensuite leur avis sur l’événement, histoire de donner envie à tous les yelpeurs d’y participer et de faire un peu de publicité pour le commerce les ayant reçus.
Faire interagir l’offre (les commerces) et la demande (les yelpeurs avides de sorties), tout en encourageant les internautes à en faire un mode de vie : voilà la force de Yelp dont l’influence devrait s’étendre.
 
Agathe Laurent
Sources :
Le Journal du Net, ici, là et ici.
Web.archive.org, là et là.
Clubic
ZNet, ici et là.
Yelp

Culture

Peut-on toujours « madonner » le monde à 53 ans ?

 
Ce n’est une surprise pour personne : le nouvel album de Madonna est sorti le lundi 26 mars dans les bacs. Minutieusement préparée, la communication élaborée autour de la parution de cet opus provoquait déjà une scission entre les fans impatients et les autres, partagés entre l’agacement et une curiosité réservée. Toutefois,  chacun à sa manière attendait de pied ferme le retour de la « Reine de la Pop ».
Le titre même se veut accrocheur : « MDNA », initiales qui font évidemment écho aux petits cristaux euphorisants, ainsi qu’au DNA, acronyme anglais d’ADN. On s’attend alors à un album qui serait du « pur Madonna », marqué à la fois par son ADN et ses vertus addictives. La promesse est élevée, et la communication autour du douzième album de la Reine n’est pas là pour le démentir.
L’élément paroxystique de sa promotion est bien sûr sa performance à la mi-temps du  Super Bowl 2012, diffusée sur NBC. La Madone commençait en effet son live en reprenant deux de ses titres phares : Vogue et Music, avant d’enchaîner de façon plus surprenante sur une reprise de Sexy and I Know It de LMFAO. Mais c’était surtout l’occasion de chanter son nouveau single Give Me All Your Luvin avec ses deux nouvelles collaboratrices Nicki Minaj et MIA. Devant environ 114 millions de téléspectateurs, il s’agissait d’un véritable enjeu pour créer l’engouement autour de son album.

Oui mais voilà, déjà, à ce moment, un article du Figaro soulignait : « La prestation était à couper le souffle du côté de la mise en scène. Mais la chanteuse, un peu molle et hésitante dans sa performance, a perdu de sa superbe. ». Un tel propos laisse bien entendre le principal obstacle pour Madonna : personne ne nie sa capacité à surprendre et à proposer des spectacles de qualité, mais là où le doute s’installe, c’est lorsqu’il s’agit de savoir si elle est toujours celle qui casse les paradigmes des tendances musicales, celle qui trône au royaume de la musique populaire.
En effet, celle qui a vendu le plus de disques de tous les temps se confronte à des monstres de la scène musicale, prêts à jouer sur les ressorts les plus efficaces de la communication et de la provocation pour faire parler d’eux. Citons sa principale concurrente Lady Gaga, à la fois artiste la plus suivie sur Twitter et personnalité la plus influente du monde selon le magazine Time . Celle-ci cherche l’innovation à un point tel qu’elle a opté pour un changement de look au jour le jour, la création d’un réseau social (LittleMonsters.com) ou encore des prises de position politiques (la dernière en date : création d’une association pour se battre contre les humiliations subies par les jeunes lors des bizutages). Par ailleurs, l’américaine délurée est tout aussi capable de faire des shows enflammés que des ballades au piano.
En clair : la jeune génération (oui oui, Katy Perry, Shakira, et toute la clique) a formé une nouvelle cour des Grands, dans laquelle on joue certes à provoquer aux niveaux politique et sexuel, mais également à triompher sur Twitter & Co. Voilà pourquoi le nouvel album de Madonna semble décevoir : il semble presque désuet dans les moyens qu’il exploite pour faire parler de lui.  Ainsi, le clip « Girls Gone Wild » paru tout récemment, tire les ficelles du « porno chic » dans un paysage sadomasochiste qui… non seulement ne surprend plus, mais encore fait penser aux premières vidéos de Madonna, illustrant des morceaux comme Erotica.

Madonna : Girl gone wild (2012) par tartenpion333
Enfin, on serait presque tenté de dire que quelque chose sonne « faux » dans cette exhibition de la part de cette femme de 53 ans. Elle serait allée jusqu’à s’écrier « Combien d’entre vous dans cette salle ont vu Molly ? » (pour ne pas dire MDMA) au festival Ultra Music à Miami, propos qui amènera le DJ canadien Deadmau5 à poster sur Facebook : « Très classe, Madonna. Quel super message pour les jeunes fans de musique. Mais au moins, t’es hype et branchée! J’en ai rien à faire de critiquer Madonna. Je peux admirer sa carrière et tout ce qu’elle a fait de bien, mais c’était quoi, cette connerie? C’est ça, ton message? Rechercher de la drogue? Va te faire foutre, putain d’imbécile! ».
On peut donc penser, au terme de cette argumentation, qu’il y a peut-être une erreur dans l’approche de Madonna pour continuer à régner sur le monde de la pop, qui est paradoxale : pour être « in », la diva n’aurait peut-être pas dû surfer sur la puissante vague électro-érotique qui fait la grande tendance du moment. Toutefois, il faut savoir que les plus critiqués sont en général les plus grands, et que l’album de Madonna reste de bonne qualité, beaucoup de journalistes se recoupant dans leur opinion, selon laquelle les singles ne sont pas les meilleurs morceaux, l’album proposant quelques bonnes pistes à l’instar de « Gang Bang » ou « I don’t give A ».
Il revient donc à chacun de faire le choix d’aimer ou ne pas aimer.

 
Lucas Vaquer
Crédits photos: billboard.com  

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Société

Wax Tailor, la révolution numérique s'exprime aussi par la musique

La révolution numérique est paradoxale. Certes, Internet, les blogs, les smartphones et Twitter ont révolutionné notre rapport à l’écrit et sacralisent une écriture intuitive, rapide et fragmentée; mais ces mêmes outils s’inscrivent dans une tradition de l’écriture et revendiquent bien souvent des référents anciens (l’icône correspondant à la composition d’un nouveau tweet est celle d’une plume et d’un parchemin).
Toutes les formes d’art sont touchées par le paradigme propre au numérique de l’articulation du passé et du moderne. A l’heure ou David Fincher est qualifié de cinéaste du numérique; dans le milieu musical aussi, l’innovation prend forme. Les musiques dites « électroniques » sont une fusion détonante entre la nostalgie et l’innovation. Wax Tailor explique très bien cette synthèse, lorsqu’il expose dans le blog de l’Atelier, son double rapport au vinyl et aux platines: « Il faut garder le meilleur des deux mondes […]. J’ai une collection de Mp3, des outils qui me permettent de voyager léger. Quand je vais faire un DJ set, je vais être capable d’aller jouer avec des fichiers […] mais cela ne m’empêche pas de collecter des vinyls. Il y a un rapport affectif à l’objet, à son histoire. C’est quelque chose qu’on ne peut pas nous enlever. » 
Zoom sur Wax Tailor, alias Jean-Christophe le Saoût, compositeur et Dj mixant le trip-hop, le hip-hop et la down tempo. Voici 6 raisons pour lesquelles sa musique me semble particulièrement emblématique des nouvelles tendances la révolution numérique.
 
• La duplication et la répétition
 
Dans la chanson We be (clip ci-dessous), l’anaphore du « We be », la répétition du même discours en fond (« Power to the people! ») semble faire écho au matraquage médiatique, au flux incessant des réseaux sociaux… Cette pratique est à lier à celle du morcellement, du découpage en petites unités, qui est au fondement d’un média comme Twitter. Wax Tailor utilise des petites phrases répétées inlassablement, des répliques de films sorties de leur contexte et re-mixées avec d’autres paroles. Ces segments sont comme ces phrases volées par les médias et journalistes, partagées et naviguant d’utilisateur en utilisateur grâce au partage et au retweet, qui personnifie pleinement cette notion de fragmentation.
 
• L’importance de l’écriture
 
La pratique de l’écriture est une forme de communication hyper prégnante et magnifiée par les nouveaux médias (le règne du commentaire, de l’ « exprimez vous! », l’application « Notes » pour les Iphones designé comme du papier brouillon…)
Dans l’univers visuel de Wax Tailor, c’est une forme de communication efficace. Dans ses clips, on retrouve souvent de l’image et du texte mixés ensemble. Dans Positively Inclined (2e clip ci-dessous), le graphe est mis en valeur, et les mots qui s’inscrivent ont un pouvoir performatif qui doit donner l’inspiration au rappeur-poète :« inspiration », « insulation », « intonation »…
 
• Les thématiques du rassemblement
 
Dans son morceau We be, les paroles expriment un besoin de se regrouper autour d’une identité commune, de se rassembler en transcendant les différences: « We be… Joinin’ the endless convoy of cultural hegemony. »; « We be…oh so many… like the multitudes of souls, lost… in the wars of men…/Over gold, over power, over god & hate/; « Why can’t we be more peaceful? Why can’t we be… nicer… to one another? Why can’t we be… we be… what we were meant to be: LOVE ». C’est un discours souvent tenu par les nouveaux médias et qui se matérialise par la création de plus en plus de communautés virtuelles qui transcendent les nationalités, les âges, les idées politiques pour se concentrer sur d’autres intérêts tel que la musique, justement.
 
• L’emprunt, le patchwork
 
« Wax Tailor », le tailleur de cire en anglais: la matière est celle qui est commune à tous. Ici, le tailleur, c’est celui qui mixe, qui fait un montage, un patchwork: les musiques de Wax Tailor sont un vrai « melting pot » d’influences diverses et d’emprunts.
Dans le clip Positively Inclined, cette pratique est illustrée par le flux de couleur noire, le matériau de l’inspiration musicale qui passe de personnage en personnage, de l’objet à l’humain dans un mouvement constant de va-et-vient. On rejoint la pratique du partage, qui est commune à tous les médias 2.0.
 
• L’héritage du passé
 
Cet emprunt se fait selon des référents universels, une sélection parmi une culture populaire qui symbolise notre héritage.
Comme les multiples applications smartphones opérant un fascinant retour au vintage (Vintage caméra, Instagram), Wax Tailor utilise (et c’est bien sa marque de fabrique) des répliques de films (la plupart des années d’après-guerre: Welles, Lubitsch, Ford, Hitchcok.. ou des années 70 Forman, Cassavetes) pour ponctuer des rythmes innovants. De plus, il recycle des musiques cultes (comme le « Feeling Good » de Nina Simone dans How I Feel).
 
• Le laboratoire de l’innovation : réaliser un synthèse
 
Mais ces emprunts nostalgiques ne s’inscrivent justement pas dans une vision passéiste et poussiéreuse.
Le collectif franco-suisse-argentin de tango Gotan Project est un autre exemple d’artiste de la génération 2.0. Ils expliquent en 2010, interviewés par l’Express, que le titre de leur dernier album « Tango 3.0 » « symbolise la collision entre l’ancien et le moderne, le tango qui a un siècle d’histoire et le Web 3.O qui commence tout juste la sienne. Notre parti est celui d’une expérimentation autour du tango et de la musique électronique. ». En mixant par exemple des instruments très traditionnels avec du rap ou de la techno minimale allemande, le projet de Gotan Project peut somme toute, résumer celui des NTIC: elles innovent et créent des usages sans précédant, mais restent néanmoins fidèles aux usages hérités du passé, s’inspirent de traditions instituées pour les faire rentrer dans des nouveaux cadres, ceux de la modernité.

Wax Tailor « We Be » By Mathieu Foucher

Wax Tailor, « Positively Inclined » by Tenas
 
Camille Principiano

Sources :
« l’Express.fr » : interview de Julien Adigard
« le blog de l’Atelier », Lila Meghraoua