Culture

JO 2018 : Où est donc passée la Russie ?

« Les jeux les plus chers de l’histoire », on se souvient des Jeux Olympiques de Sotchi organisés par la Russie en 2014 et dont le budget s’élevait à 37 milliards d’euros. Une occasion pour le pays de redorer son image dans le monde mais aussi de montrer sa puissance en se hissant à la première place : 33 podiums pour 13 titres. Trois ans plus tard, le 1er décembre 2017, le Comité International Olympique (CIO) interdit la participation du pays aux jeux de 2018 à cause du dopage avéré de plusieurs de ses sportifs concourant en 2014. Onze médailles retirées, 25 sportifs russes disqualifiés : un coup porté au cœur d’une Russie où le sport est presque une affaire d’idéologie.

Politique

Vkontakte vs. Facebook, les enjeux politiques des nouveaux médias

Dans notre monde ultra connecté, il est aujourd’hui difficile d’échapper aux réseaux sociaux. Ils sont présents partout dans le monde et ont une influence de plus en plus importante dans le champ médiatique et politique. Avec ses 1,7 milliards d’utilisateurs, le géant américain Facebook semble être un leader indétrônable. Pourtant, s’il est le numéro 1 mondial, il n’est pas pour autant premier dans tous les pays. En Chine, le leader n’est autre que Sina Weibo, avec ses 309 millions d’utilisateurs, et en Russie, Ukraine et Biélorussie, il s’agit de Vkontakte (littéralement « en contact »), qui en compte plus de 100 millions. Ainsi, la maîtrise de l’information est devenue, au XXIème siècle, un enjeu essentiel pour les plus grandes puissances de notre monde.
Une concurrence Est-Ouest jusque dans les réseaux sociaux

Profil Vkontakte du fondateur de ce réseau, Pavel Durov

Profil Facebook du fondateur de ce réseau, Mark Zuckerberg

Vkontakte et Facebook semblent incarner une rupture symbolique, un fossé communicationnel entre la jeunesse de l’Est et de l’Ouest. Nous pourrions presque voir dans la création de ce réseau, deux ans seulement après celle de son homologue américain en 2006, la volonté assumée de se démarquer culturellement, en créant son propre modèle dans un contexte d’essor des nouveaux médias. Cette volonté de concurrencer coûte que coûte son rival historique n’est pas franchement un phénomène nouveau pour la Russie, bien au contraire.
Pourtant, et c’est bien là que réside tout le paradoxe de cette démarche, des similitudes troublantes existent entre les deux concurrents. Premièrement, le concept, puisque les deux sites sont destinés à la rédaction de messages publics comme privés, au partage de photos ou de vidéos, à la création de pages publiques, de groupes ou encore événements. La ressemblance réside aussi dans les couleurs dominantes et même dans l’agencement des sites et applications qui sont quasiment identiques.
Au-delà de la volonté de concurrencer le modèle américain, la création d’un réseau social national permet d’instaurer une forme d’autarcie communicationnelle, limitant ainsi l’influence culturelle extérieure.
Les réseaux sociaux, vecteurs de contestations politiques

Manifestations de décembre 2011 en Russie

Sur la scène internationale, la Russie est connue pour sa mainmise gouvernementale sur les médias. Ce contrôle s’exerce par exemple sur la production — la majorité des imprimeries sont propriété de l’État — mais aussi à travers la nomination de proches du gouvernement à la tête des principaux organes médiatiques, comme D. Kisselev, nommé par V. Poutine à la tête de Rossia Segodnia en 2013, et surtout par une forme de pression constante sur les journalistes.
Cependant, Internet et les nouveaux médias restaient des espaces de relative liberté, dont le contrôle échappait au gouvernement qui sous estimait sans doute le rôle potentiel de ceux-ci, du moins jusqu’en décembre 2011. À la suite d’élections législatives, aux résultats jugés frauduleux, la population décide de se rassembler dans la rue pour manifester. Dès lors, les réseaux sociaux, et notamment Vkontakte, sont montrés du doigt et accusés d’alimenter un esprit contestataire envers le régime, puisqu’ils ont le pouvoir de fédérer les masses, de rassembler la foule derrière certaines idées, mais aussi d’importer des principes et idéaux venus d’Occident; ils constituent par conséquent une menace envers l’ordre politique établi.
Vkontakte : Un espace de liberté ou un domaine contrôlé ?

Pavel Durov, fondateur de Vkontakte

Suite à ces événements, le gouvernement russe décide de resserrer l’étau autour d’Internet et des réseaux tels que Vkontakte. Cela se caractérise par exemple par la rédaction d’une loi « contre la calomnie », visant à éviter la diffusion de messages allant à l’encontre de l’ordre établi, limitant ainsi la contestation politique. De même, en 2014, Pavel Durov, le fondateur du réseau social russe est évincé au profit d’Igor Setchine et Alicher Ousmanov, deux proches de Vladimir Poutine. Son éviction a lieu dans un contexte bien particulier, celui du bras de fer avec l’Union Européenne et les États-Unis sur l’Ukraine. Ainsi, sur fond de conflit géopolitique, c’est bien une bataille communicationnelle qui se déroule et dont la clé semble être la maîtrise de l’information.
Pourtant, un problème demeure encore à ce jour pour le régime russe : l’impossibilité de censurer les contenus sur Internet, et donc sur Vkontakte. En effet, une forme de censure sur les journalistes restait possible tant que celle-ci s’exerçait de façon indirecte et ce, sur un nombre limité de personnes, et qu’elle ne nuisait pas à l’image du pays. Le problème des réseaux sociaux réside justement dans le fait que chacun peut produire du contenu, politique ou autre. Censurer les contenus sur Vkontakte reviendrait finalement à censurer une grande partie de la population elle-même, chose tout à fait impensable dans un État dont toute la communication étrangère est basée sur la volonté de véhiculer l’image d’une « démocratie » forte.
Aussi, la Russie – au même titre que les États-Unis et la Chine – semble avoir parfaitement compris les enjeux culturels, mais aussi politiques et stratégiques que représente la maîtrise de l’information à l’ère du numérique.
Lucille Gaudel
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Sources :
Chupin Ivan, Des médias aux ordres de Poutine ?, Savoir Agir, 2014, consulté le 27/12/2016 https://www.savoir-agir.org/IMG/pdf/SA28-ChupinIvan.pdf
Hénin Nicolas, La France Russe : Enquêtes sur les réseaux de Poutine, Fayard, 2016, 221370113X
Laroque Clémence, « Facebook, Vkontakte : quels dangers pour le gouvernement russe ? », Le Courrier de Russie , 20/01/2012, consulté le 26/12/2016 , http://www.lecourrierderussie.com/societe/gens/2012/01/vkontakte-facebook-dangersgouvernement
Lefilliâtre Jérôme, « Comment Poutine a mis la main sur Vkontakte, le Facebook russe », Challenges, Le 22/04/2014, consulté le 26/12/2016, http://www.challenges.fr/monde/ comment-poutine-a-mis-la-main-sur-vkontakte-le-facebook-russe_158593
« En Russie, Poutine accentue son contrôle sur les médias », Le Monde, 09/12/2013, consulté le 28/12/2016, http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/12/09/vladimir-poutineaccentue-son-controle-sur-les-medias-russes_3528033_3214.html
« Les médias russes entre contrôle interne et propagande externe », 20 Minutes, 2/11/2014, consulté le 28/12/2016
Crédits photos :
– Profil Facebook de Mark Zuckerberg
– Profil Vkontakte de Pavel Durov
– Profil Instagram de Pavel Durov
– Reuters Pictures, Denis Sinyakov
 

Politique

Poutine et le storytelling : une recette surannée ?

À l’heure où la Russie se positionne de façon de plus en plus belliqueuse sur la scène internationale, l’importance de la figure de l’homme providentiel ne faiblit pas aux yeux du Kremlin. Ainsi, la diffusion d’images grandiloquentes et les mises en scène épiques autour du chef de l’État Vladimir Poutine se poursuit avec vigueur pour défendre l’aura d’un leader viril à l’énergie inépuisable.
Poutine chevauchant un étalon sauvage dans les steppes sibériennes, Poutine aux bras de sept mariées de la Place Rouge, Poutine le fusil à la main lors d’une chasse aux tigres … Ces clichés véhiculant les « exploits » de l’ex agent du KGB sont autant d’images familières aux citoyens russes et aux observateurs internationaux qui perpétuent l’édification d’un mythe contemporain autour de la figure du président de la Fédération de Russie.
Derrière la profusion des mèmes à l’effigie du chef de l’État se trouve une stratégie communicationnelle soignée. Celle-ci se décline sous la forme d’un storytelling qui connaît ses premières heures en 2000, lorsque Poutine publie une première autobiographie qui retrace sa trajectoire depuis la petite délinquance dans les rues de Leningrad jusqu’aux dorures du Kremlin.

Un culte étatique de la personnalité
La relance économique de la Russie initiée par Poutine lors de son premier mandat est à l’origine de sa réputation de sauveur de la nation. Cette légitimité du chef de l’État contraste fortement avec celle de son prédécesseur Boris Eltsine perçu comme souffreteux et alcoolique. En découle un désir de la part du Kremlin de perpétrer ce statut à travers une « communication du charisme » particulièrement bien huilée.
Cette communication plonge ses racines dans la propagande communiste stalinienne mais sait exploiter comme il se doit les médias contemporains. En témoigne la forte présence de Vladimir Poutine sur le Web. La vidéo du chef de l’État s’improvisant crooner en 2010 lors d’un dîner mondain ou le clip de promotion d’une agence de publicité où Poutine apparaît en détenu sont par exemple sanctionnée par trois millions de vues en deux jours.
Ces deux vidéos montrent une habilité du Kremlin dans la mobilisation des médias 2.0 dans sa stratégie communicationnelle. Elles attestent également d’un désir de faire écran autour de la personnalité du dirigeant. Les crispations liées au durcissement du régime depuis le début du troisième mandat amènent le pouvoir à vouloir substituer à l’image de l’homme d’État parfois clivant, une personnalité proche du peuple russe.
Cette propagande permet à Poutine s’offrir une image de politicien sérieux et inexorable. Elle lui permet également de s’affirmer comme une figure éternellement juvénile et moderne, qui contraste fortement avec le conservatisme et l’austérité de la politique proposée sur le plan intérieur par l’administration dont il est la tête.
Un simulacre mal dissimulé
Néanmoins, force est de constater que même en Russie, on ne s’y trompe pas. Les ficelles communicationnelles tirées par le Kremlin sont loin d’être aussi novatrices qu’on veut bien le dire, et le succès de Poutine n’est pas tant lié à la qualité de l’image qu’il véhicule qu’au très fort contrôle autour des médias.
L’univocité du discours autour du chef de l’État est perçue par une part non négligeable de la société russe (plus de 20%), notamment la classe moyenne, comme une manipulation grossière. Des initiatives telles que l’érection d’un buste de Poutine en empereur romain en Crimée témoignent du simulacre.

Une grande part des urbains éduqués se détachent ainsi de la figure présidentielle. À travers le prisme des médias étrangers, ils mesurent l’influence du pouvoir russe sur le débat démocratique et constatent l’accentuation de l’autoritarisme malgré les tentatives de charme de la part des dirigeants moscovites.
La désignation par Poutine du nouveau CEO du principal réseau social de Russie (VKontakte) et la réappropriation par le pouvoir des agences de presse les plus importantes, à l’instar de l’agence Ria Novisti, montrent une emprise quasi omnipotente du Kremlin sur le discours tenu autour du dirigeant.
Une influence qui se maintient par delà les frontières
Si cette méfiance se renforce en Russie, il n’en demeure pas moins que l’influence de Poutine à l’international continue de croître. En atteste l’éditorial du Monde du 30 décembre qui l’érige au statut d’homme le plus important de l’année 2016.
« Si D. Trump a monopolisé la « une » de l’actualité en 2016, le véritable homme de l’année qui s’achève est Vladimir Poutine. La course de fond que le président russe a engagée depuis maintenant seize ans pour remettre son pays au centre du jeu est en train de porter ses fruits de manière spectaculaire. » (Éditorial du Monde, 30/12/16)
Une telle prise de position à contre courant des autres principaux quotidiens (Donald Trump est pour beaucoup la personnalité majeure) est due notamment au rôle de premier plan joué par le dirigeant russe. Il s’est illustré dans le cadre des dossiers internationaux et a su encourager également une spectacularisation sa personne au sein des médias et sur le web.
Fougueux, autoritaire et tendanciellement belliqueux, Poutine incarne désormais dans l’imaginaire collectif l’homme politique ayant réussi, de même que son homologue outre Atlantique, à se hisser au-dessus de la pâleur des politiciens internationaux. Il semble incarner désormais une action politique narrativisée à l’extrême au point de rappeler parfois la fiction du cinéma d’espionnage.
La « poutinemania » qui se manifeste chez les dirigeants internationaux, à l’instar de François Fillon, ainsi que chez les internautes, montre que la figure de Vladimir Poutine n’en finit pas de susciter admiration et/ou fascination. Aujourd’hui, nous sommes en droit de spéculer : peut-être y aura t-il a un jour une place pour le grand Vladimir dans le panthéon de la pop culture occidentale ? Son ami et hôte fiscal Gérard Depardieu l’y attend de pied ferme.

Etienne Brunot
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Sources :
« Poutine, Homme de l’année », Editorial, 30/12/2016, Le Monde
« Un buste de Poutine en empereur romain érigé en « reconnaissance de l’annexion de la Crimée », 16/05/2015, Le Monde
« Dans la tête de Vladimir Poutine », Mahieu Salma d’après Michel El, chaninoff, 08/05/2015, Le Figaro
« Une guerre de communication ? La Russie entre propagande d’État et stéréotype occidentaux », Vivien Chauffaille, 09/12/2014, Avril 21
« Poutine, la victoire du culte de la personnalité ? », Stéphane Wojcik, 12/03/2012, Avril 21
Crédits photos:
1. Ouest France, Moscou. Un troisième mandat pour le président Poutine, Modifié le 27/09/2013 http://www.ouest-france.fr/sites/default/files/styles/image-640×360/public/2013/09/27/moscou.un-troisieme-mandat-pour-le-president-poutine.jpg
2: Extra extra, « Vladimir Putin is riding », 10 juillet 2014, http://www.extraextra.fr/wpcontent/uploads/2014/02/poutine-470×245.jpg
3 : https://img.rt.com/files/news/3f/56/50/00/28.jpg, Cast in faux bronze: ‘Emperor Putin’ monument revealed outside St. Petersburg, 17 Mai 2015
4: http://cabelkawan.jallet.org/wordpress/wp-content/uploads/2015/03/poutinebiche-500×326.jpg, Cabel Hawan, « 15 ans de Poutine ! », 26 mars 2015
 

Politique

Propagande et censure: les médias russes pestiférés par leur nouvelle législation

Encadrement des médias traditionnels 
Depuis le 1er janvier 2015, CNN a cessé d’émettre en Russie. Avant elle, d’autres médias ont mis les voiles : RFI, Voice of America, BBC… Leur point commun ? Ce sont tous des médias étrangers. Alors pourquoi ? C’est la faute d’une nouvelle loi sur les médias qui a été adoptée en octobre 2014. Elle interdit à toute personne physique ou morale étrangère ou de double nationalité de posséder plus de 20 % du capital d’un média émettant en Russie : une mesure visant à limiter la participation étrangère dans les médias russes.

Au-delà du contenu de cette loi, les conditions dans lesquelles elle a été adoptée sont aussi significatives. Déposée le 17 septembre sans la consultation de la population, la loi a été adoptée par la Douma (la chambre basse du parlement russe) au bout de neuf jours, le 26 septembre – soit pratiquement sans débat – et ratifiée le 15 octobre. Nous sommes donc dans une adoption éclair qui est à recontextualiser dans les relations tendues qu’entretient la Russie avec le reste du monde depuis l’annexion de la Crimée.
Encadrements des nouveaux médias
Au-delà du contrôle grandissant sur les médias traditionnels, de nouvelles mesures touchent aussi les médias numériques. Depuis le 22 avril 2014, tout blogueur qui atteint le seuil des 3 000 visiteurs a pour obligation de se faire indexer auprès des autorités et devient autant responsable devant le gouvernement que n’importe quel média institutionnalisé. Depuis le 4 juillet 2014, les acteurs étrangers de l’Internet ont pour interdiction de stocker les données des utilisateurs russes en dehors du territoire. Une mesure qui a provoqué le départ des ingénieurs de Google le 12 novembre 2014.
Parallèlement, l’affaire Navalny révèle des demandes de censure de plus en plus nombreuses de la part du Kremlin aux géants de l’Internet. Un procès est actuellement en cours contre Alexei Navalny, avocat et opposant politique russe, et son frère Oleg. Ils sont accusés d’avoir détourné l’équivalent de 400 000 € à la société Yves Rocher Vostok, qui affirme n’avoir subi aucun préjudice de son côté. Le 19 décembre une page Facebook a été ouverte pour appeler à un rassemblement de soutien à Alexei Navalny. Mais dès le lendemain, la page était bloquée. Cette mesure répond à la demande du procureur général, qui s’en réfère de nouveau à une nouvelle loi. Celle-ci date du début de l’année 2014 et permet à tous les procureurs d’ordonner le blocage de sites sans avoir eu de mandat préalable de la cour, pour raisons de soupçons d’extrémismes, ou d’incitation à manifester contre l’accord des autorités. Twitter, Google et Youtube affirment avoir reçu des requêtes similaires, sans y avoir répondu. Pour se rattraper, Facebook a refusé de bloquer la nouvelle page de rassemblement qui a fleuri. Mais pour le blogueur Leonid Volkov, la censure menée conjointement par le procureur général, le Roskomnadzor (service de surveillance d’Internet et des médias traditionnels du ministère des télécommunications) et Facebook ont fait plus de bien que de mal au soutien à Alexei Navalny. 12 000 personnes avaient rejoint la première page Facebook du mouvement, censurée, tandis que la nouvelle compte plus de 15 000 adhérents.

 
De la propagande des uns
Selon Ilze Juhansone, représentante de la Lettonie à l’Union Européenne, la crise ukrainienne a créé un regain de propagande russe. Les chaînes russophones incitent à la haine des nationalistes ukrainiens et pratiquent la désinformation. Un reportage sur l’incendie d’Odessa, survenu en mai 2014 et qui a fait 40 morts contenait un message subliminal image par image : « L’incendie est le fait des ultra-nationalistes de Pravy Sektor » un groupe radical ukrainien. Un autre reportage, cette fois-ci sur le crash du vol MH17 arguait que ce Boeing de Malaysia Airlines avait été abattu par des avions ukrainiens.
Dernièrement, la chaîne russophone Inter a diffusé en Ukraine pour le soir du Nouvel An un concert en direct depuis Moscou avec des célébrités connues pour avoir publiquement affiché leur soutien à Vladimir Poutine dans le conflit avec l’Ukraine. Tel que le chanteur Yossif Kobzon qui a pris le parti des séparatistes du Donbass dont il est originaire.
A la censure des autres
Enfin, la propagande russe pousse les pays qui se considèrent victimes de celle-ci vers de plus en plus de censure. Cette stratégie n’est pourtant pas la bonne car elle va augmenter la défiance des communautés russes au lieu de capter son audience. En avril 2014 la Lettonie a interdit la diffusion de chaines russes sur son territoire. En juin, la Lituanie a suspendu pour trois mois trois chaînes de télévision russes. L’Ukraine de son côté multiplie les mesures : après la création un ministère de l’Information, malgré les critiques de l’Union Européenne, le pays a interdit 14 chaînes de télévision russes, a perquisitionné les bureaux du journal russophone Vesti situés à Kiev et interdit d’entrée sur le territoire une dizaine de journalistes russes. Concernant la chaîne Inter, le secrétaire du Conseil de défense et de sécurité nationale, Oleksandr Tourtchynov et le ministre de la culture Vyacheslav Kirilenko appellent à sa fermeture. Le conseil national de l’audiovisuel doit se réunir à la mi-janvier.
Marie Mougin
@mellemgn
Sources:
ITélé – CNN cesse d’émettre en Russie
Le Courrier de Russie – la participation étrangère dans les médias russes
Le Monde – la nouvelle réglementation sur les données personnelles des internautes russes
Le Monde – les ingénieurs de Google quittent la Russie
Politis – affaire Navalny
Développez – affaire Navalny et réseaux sociaux
Wall Street Journal – demandes de censure de la part de la Russie aux géants du Net
Euractiv – propagande russe en Lettonie
RFI – propagande russe en Lituanie
RFI – face à la propagande russe, l’Ukraine a recours à la censure
L’Expansion – en Ukraine une chaîne russophone menacée de fermeture
Crédits images:
Manifestation de soutien à Alexei Navalny (Associated Press)
Logos des principaux médias étrangers qui ont quitté le pays
Capture d’écran de la page Facebook censurée
 

Vladimir Poutine
Politique

Vladimir Poutine, tsar des temps modernes ?

 
Qualifié par beaucoup d’ « homme de l’année 2013 », Vladimir Poutine semble définitivement avoir le vent en poupe.
Un récent sondage du Centre Russe d’Etude de l’Opinion publique – organisme indépendant, précisons le –  révèle en effet que 69% de la population russe approuve à ce jour la politique de Vladimir Poutine, aussi bien intérieure qu’extérieure.  Le président russe atteint ainsi dans son pays sa plus haute côte de popularité depuis le début de son troisième mandat, en 2012.  Les populations européennes semblent également éprouver une certaine sympathie pour le président russe. Ainsi, même si seuls 14% des Français affirment avoir une bonne opinion de lui d’après l’institut BVA et même si 72% déplorent son rôle au sein de  la scène internationale, 56% estiment pourtant qu’il défend efficacement les intérêts de son pays.
Suite aux nombreuses incartades récemment commises par Poutine – comme la persécution des écologistes russes pendant les JO de Sotchi ou encore l’invasion de la Crimée, pour ne citer que cela -,  et la situation économique relativement désastreuse de la Russie, on est alors en droit de s’étonner et de s’interroger sur les ressorts de cette popularité, à la fois nationale et internationale.
Rien de très original à première vue : comme tout dirigeant qui se respecte, Vladimir Poutine maîtrise à merveille les codes les plus classiques de la communication politique.
Le storytelling fait ainsi partie intégrante de la stratégie mise en œuvre par le chef du Kremlin, qui tente par là d’apparaitre comme un homme hors du commun, un mâle absolu doté d’une force et d’une habileté extraordinaires. On le retrouve ainsi tour à tour conducteur d’une Formule Un dépassant les 250 km/h, cavalier torse nu montant un cheval au galop en plein cœur de la Sibérie, homme-grenouille brandissant fièrement des amphores miraculeusement retrouvées par ses soins dans les eaux de la Mer Noire ou encore guide d’un vol de cigogne fraîchement remises en liberté depuis un ULM. Ajoutons à cela qu’il se présente comme un homme ayant gravi les marches du pouvoir grâce à sa seule volonté de fer, comme en témoigne par exemple son livre autobiographique A la première personne, recueil d’interviews paru en 2000 dans lequel il explique consciensieusement être sorti de la misère de la kommounalka –  c’est-à-dire un appartement communautaire – dans lequel il vivait enfant grâce à son investissement démesuré dans le judo.
Raillé par les élites russes de Moscou ou de Saint-Pétersbourg pour ces constantes mises en scènes, Poutine fascine et ensorcelle pourtant les populations de la Russie reculée par cette maitrise affichée et exhibée de son corps et de son esprit, se présentant ainsi comme un modèle de réussite sur lequel prendre exemple.
Mais la véritable force de la stratégie de Vladimir Poutine semble tenir dans sa maîtrise incomparable de la rhétorique des blessures présentes et passées de la Russie.
On peut ainsi remarquer son utilisation fréquente mais subtile de la rhétorique de la persécution lui permettant de retourner les attaques de ses opposants à la fois nationaux et internationaux à son avantage en jouant sur le passé douloureux de la Russie, sur sa perte de crédibilité suite à la chute de l’URSS en 1991 et sur la honte que cela a entraîné pour le pays. L’analyse du cas des JO de Sotchi peut ainsi se révéler édifiante : le monde entier semblant penser impossible le bon déroulement de ces jeux du fait de leur pays d’accueil, ces JO et leur succès constituèrent un moyen efficace pour Poutine de souligner auprès du peuple russe qu’en dépit de la piètre image – supposée – de la Russie au niveau international, celle-ci était capable de relever un défi tel que l’accueil de Jeux Olympiques de manière aussi satisfaisante que d’autres pays, et donc de jouer sur un certain nationalisme afin de rassembler le peuple russe derrière lui.
De manière plus générale, on peut remarquer  que Poutine tente en permanence de se présenter comme l’homme capable de restaurer la souveraineté de la Russie face aux Etats-Unis, ainsi que comme la véritable incarnation d’une opposition crédible au système capitaliste, les esprits russes étant toujours marqués aujourd’hui par la « thérapie du choc » néolibérale imposée par l’ex-président Boris Eltsine et des institutions telles que la Banque Mondiale ou le FMI entre 1992 et 1999, qui avait entre autre provoqué une diminution de 50% du PIB russe et une baisse significative de l’espérance de vie dans le pays. Le chef du Kremlin représenterait alors en quelque sorte une incarnation idéalisée d’une utopie altermondialiste. C’est peut-être en cela que l’on peut expliquer l’admiration d’une partie du peuple russe à son égard, et les qualités que lui prêtent une partie des populations européennes. Le caractère autoritaire du régime de Poutine participe néanmoins également à lui conférer cette image, chaque détail pouvant contribuer à l’entacher étant soigneusement écarté et caché par le régime. Par exemple, sa fortune estimée à 40 milliards de dollars.
 
Héloïse Lebrun-Brocail
Sources
BVA
LeFigaro
Métapoinfos
RBTH
SpécialInvestigation
LeMonde

Politique

Kalachnikov a eu un coup de pompe

 
Le 23 décembre dernier mourrait Mikhaïl Kalachnikov, citoyen russe né le 10 novembre 1919 à Kouria en Sibérie. L’histoire retiendra de cet homme qu’il fut l’inventeur de l’arme la plus vendue de tous les temps, et qu’il est aujourd’hui célébré pour cela.
À la guerre, blessé, Mikhail Kalachnikov se penche sur l’ingénierie d’arme. Il créa en 1947, après plusieurs prototypes refusés, le AK-47 : une arme qui se veut simple, robuste et efficace, adaptée au peu de niveau de qualification des soldats. Ce fusil permet à Kalachnikov d’être décoré de toutes les médailles du mérite que compte le système militaire russe. Le AK-47 est désormais un fusil « symbole ». Présent sur le drapeau du Mozambique ou du Hezzbolah, c’est un symbole politique, un symbole de liberté comme l’a voulu le concepteur : « J’ai créé cette arme pour défendre les frontières de mon pays ». Après des années de maladie, Kalachnikov s’est éteint le 23 décembre 2013.
La Russie, et notamment le parti au pouvoir, organisent aujourd’hui une véritable campagne de glorification. Cérémonie en grande pompe, à laquelle le président Poutine lui-même était présent, enterrement dans un complexe mémorial construit afin d’accueillir les plus grandes figures Russes, couverture médiatique importante. Récent, le mémorial ne comportait jusque là que la tombe du soldat inconnu de la Seconde guerre mondiale. Un véritable travail symbolique est ainsi mise en place, tentant de réveiller le souvenir d’une Russie glorieuse, communiste, puissante.
Kalachnikov est en effet symbole de l’URSS, cette période faste d’une Russie alors maître du monde. Vladimir Poutine tente depuis quelques années, et les nombreux mouvements de contestation de son autorité et de son autocratie, d’asseoir définitivement une nouvelle crédibilité de son Etat dans le jeu international, alors même qu’il fait face à d’énormes problèmes démographiques et économiques. Kalachnikov est un homme du système : sa vie, comme nous l’avons vu, se définit par le système communiste, qui seul a pu engendrer un tel talent : un autodidacte forcené, un stakhanoviste de l’armement, qui, par son seul mérite, a réussi à mettre au point une arme qui portera son Etat. Point d’héroïsme dans la suite de sa vie : il enchainera les récompenses, et montera les échelons hiérarchiques un à un, sans aucun passe-droit. C’est un homme de Sibérie, un paysan, arrivé au pouvoir. C’est cette image-ci que Poutine souhaite revaloriser, afin de recréer une véritable attache entre la Russie actuelle et ses habitants, de plus en plus éloignés du pouvoir et qui pensent n’avoir plus aucune possibilité d’évolution sociale face à un système sclérosé et gangréné par la corruption.
Cependant, cette situation est bien critiquable. Ce n’est certainement pas la première récupération politique d’un mort, mais elle est pourtant bien plus choquante. Certes, c’est un beau geste d’ingénierie, qui dans un temps de guerre a permis une suprématie, mais c’est aussi, et surtout, une arme à feu qui par sa volonté de conception est aujourd’hui présente dans tous les conflits mondiaux, qu’elle soit circonscrite à un Etat ou hors des frontières. Peut-on, dans une optique de communication, s’appuyer sur le symbole qu’est Kalachnikov : une réussite mortelle ? La création s’est éloignée de l’homme, mais le célébrer reste une ligne politiquement difficile à justifier sur la scène politique internationale actuelle – notamment les crises sur le continent africain. L’on peut y voir un affront fait aux nations et aux personnes engagées dans des conflits mettant en jeu cette arme.
De plus, le choix de Kalachnikov comme symbole peut être une erreur : la création éloignée aujourd’hui du créateur, ce sont bien deux idéologies différentes qui sont véhiculées. Là où l’ingénieur est statutaire d’une Russie forte, la Kalachnikov, l’arme, est quant à elle symbole de révolution, mais aussi de capitalisme mortifère. Symbole de révolution et donc d’une idée qui germe depuis longtemps dans la population Russe, qui pourrait voir la célébration de cet homme comme le terreau d’un mouvement de libération. Mais aussi symbole de capitalisme : aujourd’hui arme la plus vendue au monde, elle n’appartient plus à la Russie, mais au monde capitaliste de la guerre, qui régit aujourd’hui une bonne partie des conflits internationaux. La kalach’ est passée dans le langage courant, elle est internationale, s’approche de groupes radicaux mais aussi d’imageries cinématographiques ou littéraires occidentaux. La kalach’ est l’idée d’une révolution mais qui sent aujourd’hui le faux, le vétuste, une imagerie de la révolution passée au moulin capitaliste de l’argent.
En s’appuyant sur un tel symbole, Vladimir Poutine tente une récupération politique de premier ordre pour rétablir l’image d’une Russie basée sur ses habitants, leur patriotisme, et un système méritocratique. Cependant, ce choix peut-être véritablement critiqué, puisque la Kalachnikov est désormais un symbole mouvant, appartenant à une idéologie loin de celle de son créateur.
 
Adrien Torres
 
Sources :
Liberation.fr – Funérailles d’Etat en Russie pour Mikhaïl Kalachnikov
Liberation.fr – Mikhaïl Kalachnikov est mort
LePoint.fr – La Russie enterre Kalachnikov avec les honneurs
Crédits photos :
AFP

libération pussy riot
Politique

Amnisties en série

 
La Russie fait encore parler d’elle et de ses prisonniers politiques. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de leurs arrestations, mais bien de leur libération. En effet, les noms de Maria Alekhina, Nadejda Tolokonnikova ou encore Mikhaïl Khodorkovski n’apparaissent pas dans les médias au sujet de leur remise en liberté. Quelle est donc la cause de ces sorties massives de prison d’anciens détenus militants médiatisés dans le monde entier ?
L’adoption d’une nouvelle loi d’amnistie
Mercredi 18 décembre, le Parlement russe a adopté une loi qui gracie les condamnés à moins de 5 ans de prison pour des délits mineurs, notamment financiers, mais aussi de l’ordre du trouble public. Le texte a été présenté le 9 décembre, avant d’être accepté lors de la dernière lecture par 446 députés de la Douma sur 450. Ainsi, sur les 700.000 prisonniers russes, 25.000 personnes pourraient bénéficier de cette carte de sortie de prison, notamment les mineurs et les personnes âgées, les mères d’enfants mineurs et les handicapés. Cette loi a été adoptée dans le cadre des vingt ans de la constitution russe, rédigée sur les cendres de l’Union Soviétique. Mais cet anniversaire n’est clairement pas la seule raison de l’adoption de ce texte inattendu pour un pays qui n’est pas connu pour sa tendresse envers les opposants et prisonniers.
Les motivations d’une loi qui étonne

Un tel revirement politique pourrait ressembler à un changement d’orientation d’un régime controversé, dirigé d’une main de fer par Vladimir Poutine, souvent parodié sur Internet en tant qu’homme surpuissant et faisant l’apologie de la force. Mais la mesure ne propose qu’une amnistie, et non une refonte des lois pénales pour limiter le nombre de ces prisonniers politiques. Ainsi, les opposants qui avaient manifesté le 6 mai 2012 lors de la réélection de ce même Vladimir Poutine ne seront pas tous libérés ; les plus virulents étant condamnés sous le chef d’accusation de « violence contre agent de police » et non de simple trouble. Quant à Mikhaïl Khodorkovsky, devenu un martyr, véritable figure de l’opposition pendant ses dix ans d’emprisonnement en Sibérie, il a quitté la Russie dès sa libération et a d’ores et déjà annoncé qu’il se tiendrait en retrait de la vie politique et ne tenterait aucune action en justice pour recouvrir ses anciens actifs dans le pétrole. Il s’agit donc plutôt de briser l’image du martyr, que ce soit pour lui ou pour les Pussy Riots, de calmer la communauté internationale qui s’était beaucoup mobilisée pour leur libération. Une fois sortis de prison, leur importance est moindre, à moins que comme l’ex-Pussy Riot Maria Alekhina, ils choisissent de s’engager pour le respect des droits de l’homme.
C’est bien cette cause qui réunit l’opinion internationale contre la politique de Vladimir Poutine, et il convient pour lui de calmer ces protestations étrangères, à quelques semaines des Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi, pour lesquels certains chefs d’état, comme François Hollande, ne désirent pas se déplacer. Le traitement des opposants mais aussi des homosexuels a été le sujet de nombreuses mobilisations contre le pays, qui font craindre un fiasco médiatique alors que les infrastructures ont coûté cher à la Russie (40 milliards d’euros, c’est un record absolu).

Récemment, c’est le cas des militants de Greenpeace qui cristallise les critiques contre la Russie. Les trente membres d’équipage de l’Arctic Sunrise qui avait été arraisonné en septembre après une opération sur une plateforme pétrolière ont été détenus de façon préventive pendant deux mois et n’ont toujours pas le droit de quitter la Russie. Contrairement à ce qu’a annoncé Greenpeace à l’annonce du vote de la loi, il n’est pas certain que ses membres puissent en bénéficier, car ils n’ont pas encore été jugés. Il faudra probablement attendre le procès, au cours duquel ils risquent une condamnation à sept ans de prison. Si cette loi est destinée à apaiser les esprits, son application pourrait donc connaître des variations polémiques.
Comme l’a dit Maria Alekhina à sa sortie de prison, cette loi est donc en grande partie une « opération de communication » du régime, qui s’adresse à la communauté internationale, mais peut-être aussi plus précisément à l’Ukraine. En effet, le pays est secoué par des manifestations pro-Union Européenne, rejetant un accord douanier avec la Russie, présentée comme un reste de l’empire soviétique qui voudrait conserver par la force sa domination historique. Il est donc bien urgent pour le pays de réagir sur le plan communicationnel, en vue des JO et de l’Ukraine. Libérer des personnalités dont l’arrestation a été médiatisée dans le monde entier comme les Pussy Riot permet d’exposer une nouvelle représentation du régime, dont certains se félicitent, comme ici le député UMP Lionnel Luca (@lionnelluca06).

La réaction du député UMP parait bien élogieuse au vu des réserves que peut soulever cette mesure. Si le texte peut suggérer un pas de la Russie vers un régime plus démocratique, la question du citoyen lambda, surtout si son éventuel procès est peu ou pas médiatisé, demeure encore en suspens. Les arrestations des opposants politiques seront-elles toujours aussi massives et violentes malgré cette loi d’amnistie?
 
Astrid Gay
Sources
Franceinfo
Lemonde
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manifestations foot
Culture

L’image du football en danger

 
A 6 mois de la Coupe du Monde de football au Brésil, l’image de ce sport tend à se dégrader de jour en jour : que ce soit son image en France ou son image mondiale. Le football est le sport le plus populaire au monde. La dernière finale de la Coupe du Monde (Espagne – Pays-Bas) a été suivie par 700 Millions de téléspectateurs ! En France, nous avons 2 millions de licenciés. Autant dire qu’il est primordial que le ballon rond montre l’exemple.
La FIFA donne l’image d’un football au-dessus de tout
C’est paradoxal. La mauvaise image du football est véhiculée par l’instance footballistique suprême : la FIFA. C’est elle qui départage les candidatures pour l’organisation d’une Coupe du Monde. Ainsi, nous savons qu’en 2018, elle sera organisée en Russie et en 2022 au Qatar. En terme de communication, choisir ces 2 pays pour une Coupe du Monde, c’est déjà se mettre dans une position inconfortable. Dès l’annonce des lieux d’organisation, la FIFA est déjà fortement critiquée. Organiser une Coupe du Monde dans un pays où les gays n’ont pas droit de cité . Organiser une Coupe du Monde au Qatar alors qu’en été les températures peuvent atteindre les 50 degrés ! Néanmoins, une solution apparaît : créer des stades climatisés. Quoi de plus écologique ! Tout cela véhicule une image d’un football qui se moque des problèmes sociétaux.
En témoignent les manifestations qui ont eu lieu lors de la Coupe des Confédérations en juin dernier au Brésil. Si cette compétition devait à l’origine être une répétition de la Coupe du Monde 2014, elle est devenue un signal d’alarme ! Ce pays qui ne vit que pour le football a osé, pendant une compétition internationale, reléguer celui-ci au second plan. L’enjeu, protester contre les sommes colossales investies pour le Mondial : 11 milliards d’euros ! Des sommes qui auraient pu (dû) être utilisées dans le domaine social. Pendant les manifestations, Sepp Blatter, Président de la FIFA, met en place une communication surréaliste et affirme les propos suivants : « Je suis sûr que les manifestations vont s’apaiser. Le football est plus fort que l’insatisfaction des gens . La FIFA, au lieu de tenter de justifier les sommes investies et ce qu’elles peuvent apporter au Brésil, décide par la voix de son Président de provoquer les Brésiliens. Le message est le suivant : le foot est plus fort que vous. Le foot plus important que l’éducation. Pourquoi ne pas avoir communiqué en montrant que les deux pouvaient être intimement liés ? A l’inverse, ici, le football semble être une arme de manipulation.
Veille de sa déclaration : 250 000 Brésiliens dans les rues. Quelques jours après : 1 million de Brésiliens manifestaient ! Sepp Blatter découvre alors que le foot passe après l’éducation, le coût des transports en commun, la sécurité, la qualité des services publics… Eh oui ! Le football, même au Brésil, passe après de nombreuses conditions essentielles à toute population.
Cet évènement aura servi à prévenir la FIFA : pour les trois prochaines Coupes du Monde il est nécessaire de mettre en place un système communicationnel qui permettra de prévoir tout aléa. Par conséquent, une communication de crise dont le but n’est pas de communiquer pour se sortir d’une crise mais de l’éviter, même pour la Coupe du Monde 2022, peut (doit) dès aujourd’hui débuter !
Communiquer à travers les femmes
De plus, une communication locale doit se mettre en place en partenariat avec les Fédérations de football nationales. En France, l’image du football est de plus en plus négative : reportage de Cash Investigation (France 2), interview (en partie censurée) sur fond de règlement de compte de Patrice Evra, affrontements au stade entre des supporters de Saint-Etienne et Nice. Aujourd’hui, plusieurs stades peinent à se remplir. Mais avec cette image négative, comment attirer de nouveaux supporters ?
Certains clubs ont trouvé la parade. Améliorer l’image du foot à travers la Femme. Le foot est le sport le plus populaire au monde, mais est connoté comme un sport masculin

Même si certaines publicités sont osées, les clubs communiquent enfin vers ou à travers la Femme.
Casser cette image pour attirer les supportrices au stade et communiquer à travers le football féminin, davantage associé à ce qui relève du sport amateur. Et ce n’est pas péjoratif ! Car cette représentation donne l’impression d’un football sain, non soumis aux lois de l’argent. Communiquer à travers l’image stéréotypée de la Femme : douce, aimante. Loin de celle des supporters qui s’insultent et se battent.
Nul doute que la Coupe du Monde sera suivie par de nombreux spectateurs. Peu importe le pays, le nombre de morts et les conditions de travail pour la construction des stades, nous serons devant notre télé pour supporter l’équipe de France. Et c’est précisément ce comportement qui conduit la FIFA à ne pas changer de stratégie. Attention ! Au foot tout va vite. On croît à la victoire, et à la dernière seconde on peut tout perdre.
 Pierre-Yves Halin
Sources :
Lemonde.fr
Libération.fr
Huffingtonpost.fr
Crédits photos :
Paris St Germain Féminines
Stade Rennais
Le Figaro

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Politique

La France, tu l’aimes ou tu la quittes

« #JeDemandeLaNationalitéRusse Parce que les droits de l’Homme c’est quand même moins important que les éléphants ou les impôts! » (@Paul_da_Silva).
Depuis plusieurs semaines, les peoples français se sont découverts une passion pour la Russie et ce cher Vladimir Poutine. Le 3 janvier dernier, ce dernier accueillait le Cyrano français. Le lendemain, Brigitte Bardot, s’enflammant à son tour, menace de prendre la nationalité russe pour sauver deux éléphantes tuberculeuses. La Russie est-elle devenue en l’espace d’une semaine une «grande démocratie» (Gérard Depardieu) et son président un homme avec « beaucoup d’humanité » (Brigitte Bardot)?
En 2013, je sauve les éléphants ou je pars en Russie
Le 11 décembre 2012, le préfet de la région Rhône-Alpes autorise l’euthanasie de Baby et Népal, deux éléphantes potentiellement atteintes de tuberculose, une maladie transmissible à l’homme et encore mortelle. Les éléphantes obtiennent un sursis grâce la mobilisation générale, lorsque Brigitte Bardot prend l’affaire en main. Elle a menacé le 4 janvier de s’exiler en Russie, si les deux pachydermes ne sont pas confiés à sa fondation, position qu’elle a défendue dans son communiqué de presse publié le même jour…
En 2013, j’en ai marre de payer mes impôts
Grand martyr de la fin 2012, Gérard Depardieu n’en finit pas d’alimenter la chronique en ce début 2013. Faisant fi des qu’en-dira-t-on, n’écoutant que son courage  – et l’état de son compte en banque – l’acteur se refait maintenant une santé au pays de la vodka, après avoir reçu fièrement des mains du président son passeport russe, le 3 janvier dernier. La chroniqueuse de France Inter Sophia Aram lui a consacré un billet des plus croustillants le 15 janvier dernier.
En 2013, quoi qu’il en soit, je renie mes idéaux et je pars en Russie
Après avoir critiqué fortement Gérard Depardieu pour son amour de la corrida, ce « rituel sublime », Brigitte Bardot défend aujourd’hui l’exil de cette « victime d’un acharnement extrêmement injuste ». Quel bel esprit de contradiction, notre BB ! Mais ce n’est pas tout. Notre chère actrice dit avoir trouvé en la Russie une terre d’accueil pour ses convictions et en Poutine, un homme « plein d’humanité », prêt à écouter ses revendications. Lorsqu’elle affirme que sa nouvelle idole « a fait plus pour la protection animale que tous nos présidents successifs », oublie-t-elle que la Russie n’est pas un exemple en la matière? Rappelons qu’en 1994, elle haranguait la Russie contre le massacre des bébés phoques. Nous pourrions évoquer longuement la pratique du braconnage, le massacre (pardon la chasse) des ours bruns en pleine hibernation ou encore l’importance du marché de la fourrure. L’état de développement des droits des animaux devrait laisser à désirer pour une femme qui s’en dit fervente défenseure. Ne parlons même pas des droits de l’Homme, qui n’ont manifestement pas le même sens en France qu’en Russie. La démagogie a la mémoire courte…
Quant à Depardieu, il aime aussi à flatter ses nouveaux compatriotes, sans exception. Ne prenons qu’un de ses nombreux propos élogieux à l’égard de son pays d’accueil: “J’aime la Russie, Poutine et sa démocratie”. Voulait-il parler d’une vision proprement poutinienne de la démocratie?
En 2013, je soigne ma com’ (ou pas)
Le cas des deux acteurs de renom, suscitant mépris, désapprobation, résignation ou forts encouragements, n’a certainement pas laissé les tweetos français insensibles. Ils ont été nombreux à faire part de leurs petits désagréments quotidiens via le hashtag #JeDemandeLaNationalitéRusse. Ainsi, l’acte des deux acteurs, aussi symbolique puisse-t-il être à leurs yeux, nous a avant tout fait sourire par son grotesque et son décalage avec ce que nous croyions connaître de ces deux ex-pontes de la vie culturelle française.
Du côté des politiques, la tendresse n’est pas le maître mot. Depardieu voit son choix de l’exil fiscal traité de “minable” par un premier ministre remonté et sans doute inquiet pour les finances françaises. De son côté, BB est victime du sarcasme de Benoît Hamon. Sa proposition? Un mariage aux couleurs locales, avec son cher Gérard. La présidente de la fondation éponyme déchaîne même l’ironie de la très discrète Michèle Delaunay, ministre de la Santé, qui évoque sa liste des personnalités françaises qu’elle souhaiterait voir décamper en Russie.
Finalement, Brigitte et Gérard, nos “deux crétins finis” du moment, comme les appelle (certes peu affectueusement) Daniel Cohn Bendit, ont été très présents sur la scène médiatique ces dernières semaines. Difficile de croire qu’ils sauront redorer leur blason médiatique après tout le mépris que leurs actes ont récemment suscité. D’autant plus que cela ne semble pas être une priorité à leurs yeux.
Bref, en 2013, je revois mes idéaux (à la baisse)
Choisir de changer de nationalité, de se réfugier dans un pays par idéologie, par contestation politique est un projet noble s’il s’accompagne de la réflexion philosophique qui le justifie. Le malheur de nos deux protagonistes dans cette histoire, c’est de l’avoir fait par intérêt personnel ou chantage irréfléchi (choisir la Russie quand on défend les droits des animaux, c’est comme s’y réfugier pour manifester contre le nucléaire…). Nous déplorons le manque de valeurs et de morale dont font preuve nos symboles déchus du cinéma français, mais heureusement pour nous, des tweetos ont eu une idée des plus cyniques: et si on échangeait les trois Pussy Riots contre nos chers acteurs décadents? Offrir un passeport français à chacune de ces trouble-fêtes, emprisonnées pour leurs actes de rébellion politique contre le régime russe, serait faire à Vladimir Poutine un sacré pied de nez. Nous verrons si la pétition mise en ligne pour réaliser ce projet pour le moins original, va donner suite à cette folle histoire de transit patriotique.
Parce qu’après tout, c’est la période des soldes alors pourquoi ne pas brader ses convictions ! FastNCurious a entendu dire que la Russie faisait des offres sur les passeports. Jet-setteurs français, profitez-en!
 
Pauline St Macary et Sophie Pottier
Sources :
Lavie.fr
Echange Depardieu et Bardot contre Pussy-Riot
Contexte Baby et Népal
Bardot menace de s’exiler + tweets #jedemandelanationalitérusse