Flops

Tous les coups sont-ils vraiment permis ?

M6 : « la petite chaîne qui monte ou la grande qui descend » ?
M6 va mal. Sans être catastrophiques, les audiences de la chaîne sont en berne et, le moins que l’on puisse dire, c’est que les stratégies de programmation manquent cruellement d’originalité pour sortir la 6 de ce marasme. Le nouveau directeur général des programmes, Frédéric de Vincelles, annonce d’emblée la couleur : « je ne viens pas faire une révolution » bien qu’il continue à développer et « chercher des idées nouvelles ». Dernière trouvaille en date : Tous les couples sont permis qui débarque en access-prime time et reprend la case qu’occupait le deuxième épisode des Reines du Shopping à 18h40. Le but est d’élire le couple le plus emblématique, le plus parfait, celui qui « est fait pour être ensemble ». Des candidates-juges aidées de leurs petits amis se donnent en spectacle et s’offrent aux notes de leurs concurrentes. Mais on ne peut parler de couple sans que des sujets comme la sexualité et les fantasmes ne soient abordés. Quid de la tonalité familiale de la chaîne et de l’horaire en question ? M6 s’engouffre dans le sillon de la TNT (de Vincelles est l’ancien directeur général de W9) et le premier casting de l’émission emprunte à la fois aux Ch’tis, à Tellement vrai ou encore à Confessions intimes. Tous les candidats viennent de Lille et de sa région et l’éventail des couples proposés se décline de l’exhib, à la majorette en passant par les kékés sportifs.

Un concept d’émission loin d’être novateur
Tous les couples sont permis se développe selon un format de candidat-juge connu de tous, recyclé à n’en plus pouvoir, à en dégouter le téléspectateur. Afin d’établir les vainqueurs, 5 critères, pour le moins surprenants, rentrent en compte pour le jugement final :

la première impression : quel couple est le mieux assorti physiquement
le secret du bonheur à deux
la déclaration d’amour (effectuée par l’homme)
le défi (rester complice face à une épreuve du quotidien)
le quizz (qui se connaît le mieux).

Voilà donc des passages obligés pour décréter la solidité d’un couple ou la sincérité des sentiments… Nous pouvons dresser des parallèles avec une émission phare de la chaîne qui a récemment été supprimée de la grille : Un dîner presque parfait. Mais, non content de reprendre des concepts déjà éprouvés, M6 pille son concurrent direct : TF1. Ainsi, à la manière de 4 mariages pour une lune de miel ou encore de Bienvenue au camping : les candidats ne sont plus uniquement acteurs et juges du programme, ils deviennent spectateurs et sont confrontés à la violence des remarques de leurs concurrents, gage d’un cocktail explosif. Le téléspectateur, lové dans son canapé, se délecte des réactions des couples et des réponses formulées à chaud suite aux insultes proférées et attend avec impatience les retrouvailles de fin de semaine, signes de règlements de compte. Mais rien ne se passe. Le nouveau programme de M6 qui prend donc place à une heure hautement concurrentielle où les enjeux liés aux revenus publicitaires sont conséquents ne convainc pas, pire ne surprend pas. Les candidats sont trop lisses, sans aspérité, archétypiques : on observe se mouvoir des quadras autonomes, des jeunes beaux autoproclamés Barbie et Ken, des retraités lubriques hyperactifs et un jeune couple fusionnel. Rien de bien moderne dans tout cela. M6 la chaîne jeune se la joue conformiste. Il n’y a qu’à voir l’image dépeinte de la femme pour s’en convaincre : mesquine, médisante, adepte de la méchanceté gratuite. Triste tableau. Mesdames, vous n’en sortez pas grandies. Le concept de l’émission a pourtant tout pour être subversif et politique à l’heure où l’on débat, dans notre société, de la place accordée à la cellule familiale, de ce qu’est un couple, de ce qu’est le mariage. Malheureusement, toute réflexion, tout regard critique semblent absents de ce divertissement.
Aller toujours plus loin dans l’intimité : le mythe de la transparence
Le voyeurisme est à son paroxysme avec cette émission. Ce n’est plus seulement leur cuisine ou leur dressing que les candidats ouvrent bien volontiers, mais leur chambre et par conséquent leur intimité. Ce lieu, inaccessible à l’accoutumée, du secret et du désir voit son verrou sauter. La lumière est faite sur tout, absolument tout : les photos de vacances sur une plage naturiste, les lieux les plus insolites où s’est déroulé « un câlin »… Tout est déballé sur la place publique : sentiments, confessions, déclarations d’amour. D’ailleurs, certains candidats, honteux au moment de se visionner, prient pour que les images défilent plus vite. C’est qu’il y a un paradoxe majeur dans Tous les couples sont permis : pourquoi vouloir mettre en lumière ce qui prend sa pleine puissance dans l’obscurité ? Cette volonté omnisciente n’annihile-t-elle pas ce qui fait la beauté intrinsèque du sentiment amoureux ? Le désir ne naît-il pas plutôt de ce qui est caché laissant ainsi pleinement s’exprimer l’imagination et l’entraperçu n’a-t-il pas un pouvoir évocateur bien supérieur à ce qui est entièrement donné à voir ? Une autre contradiction importante réside dans la mise en scène de la relation amoureuse des candidats. Ils jouent un rôle et poussent le curseur à son maximum quitte à devenir caricaturaux. Ce spectacle télévisuel ne fait pas dans la demi-mesure : on rejoue les déclarations d’amour (on reproche même au couple de sexagénaires sa théâtralité : mais de qui se moque-t-on ?) et les candidats ne délaissent jamais le registre de l’ostentation. Seules les apparences et les faux-semblants comptent. Il convient de donner à voir, de laisser entendre qu’on est heureux pour gagner le suffrage. Le paraître signe sa victoire définitive sur l’être… Quel comble pour une émission qui se propose d’élire le plus beau couple, n’est-ce pas plutôt le moment où l’on est le plus soi qui prime ?

Francis Métivier dans l’Obs note la fusion des deux derniers échelons de la pyramide de Maslow : le besoin de reconnaissance et celui d’épanouissement afin de parvenir à une reconnaissance publique. La conviction que l’on est bien avec son conjoint ne nous appartient plus uniquement, le regard des autres et leur consentement deviennent primordiaux car la décision finale leur revient. La sphère du privé se dissout dans celle du public : cela s’opère face à la caméra, dans l’ouverture la plus totale de son espace personnel. « Vivons heureux, vivons cachés » … L’adage a du plomb dans l’aile. L’émission s’achève avec la même conclusion pour tous les couples : « nous c’est nous et on est unique », « nous on a notre histoire, les autres ne peuvent pas comprendre ». Alors à quoi bon ? C’est sans doute pour cela que les téléspectateurs ne sont, pour l’instant, pas au rendez-vous. L’émission réunit environ 500 000 personnes de moins que les reines du shopping et sa charismatique Cristina.
Jules Pouriel
Sources :

leplus.nouvelobs.com
television.telerama.fr
effeuillage-la-revue.fr
Crédits images :
 
ozap.com
programme-tv.net
 
 

netflix
Médias

Un petit écran, escroc mais pas trop

Alors que le CNC (Centre National de la Cinématographie) annonçait pour 2014 une augmentation de plus de 40% de la fréquentation des films français qui ont alors atteint leur plus haut niveau d’audience depuis trente ans, le cinéma Hollywoodien, en berne depuis 2013, ne cesse de reculer. Sur le territoire américain, les performances décevantes de certains gros opus tels que Transformers 4, Hunger Games, The Amazing Spider-Man 2 semblent vérifier une bien regrettable prophétie annoncée par Michael Cieply en 2012 dans Le New York Times qui titrait «  Movies try to escape cultural irrevence  » autrement dit « Le cinéma cherche à redevenir pertinent ». Le cinéma, du moins outre-Atlantique, aurait-il déjà franchi le seuil de la modernité? Le plus jeune des Arts aurait-il subi un vieillissement prématuré? A ce constat s’ajoute l’effondrement du sacro-saint marché de la distribution doublé du déclin amorcé de la 3D. Depuis le piratage et l’éclatement des plateformes de visionnage illégales, le cinéma bataille pour son existence. Pourtant, alors en plein milieu d’une seconde crise d’audience liée au développement des sites de locations de films et de séries télévisées tels que Netflix, ce sont les grands gardiens du cinéma, ces réalisateurs connus qui ont fait du grand écran le bastion de leur succès, qui semblent se désolidariser de celui-ci en s’associant au format sériel du petit écran, dévitalisant encore plus nos cinémas bien amoindris.
Woody l’entourloupette

Signait cette maxime restée culte : « La vie n’imite pas l’art, elle imite la mauvaise télévision ». Prolifique au grand écran, Woody Allen, le réalisateur de Manhattan, abandonne à titre provisoire un septième Art morose, pour se consacrer au petit écran, bien plus tendance en ces temps. C’est précisément le studio de production Amazon Studios qui a annoncé le savoureux projet dans lequel Woody Allen se voit confier l’écriture et la réalisation intégrale d’une saison de huit épisodes d’une demi-heure, baptisée «  Untilted Woody Allen Project » autrement dit Le projet Woody Allen sans titre. Malgré un discours naïf hurluberlu que nous lui reconnaissons bien, « Je ne sais pas comment je me suis mis là-dedans. Je n’ai aucune idée et je ne sais pas par où commencer (…)», difficile de ne pas faire le rapprochement avec l’attribution, et ce, la veille au soir, du Golden Globe à Kevin Spacey, pour son premier rôle dans la série House Of Cards produite par Netflix, un concurrent direct de Amazone Studios.
Petits écrans, grands affronts
Clint Eastwood pour la série Rawhide, Steve Mac Queen pour Au nom de la loi accompagné d’acteurs des plus cinégéniques comme Johny Depp, Brad Pitt ou George Clooney, autant de figures emblématiques du grand écran gagnées par le petit. Hitchcock l’avait très justement présagé dès 1955 avec les anthologies Alfred Hitchcock, ainsi qu’en tournant Psychose avec les moyens techniques de la télévision. L’avenir du cinéma se trouverait donc derrière lui, dans nos écrans LCD, depuis l’érosion de son succès et l’apparition du format sériel. Les plus gros producteurs Américains comme Jerry Bruckheimer, McG, David Fincher, malgré son dernier succès Gone Girl sorti fin 2014, sont aujourd’hui rangés derrière des chaines câblées prépondérantes tels que HBO, Showtime et des sites de locations : Netflix ou Amazone Studios et mènent une guerre d’audience acharnée. Le 7e Art connait une débâcle historique. Le petit écran, longtemps considéré comme un média ringard et peu valorisant pour la carrière d’un acteur se positionne aujourd’hui comme un art à part qui propose aussi bien une densité et une variété des rôles qu’une visibilité telle que le cinéma n’en pourrait jamais donner.

 
Johana Bolender
@JohBolen
Sources :
nytimes.com
slate.fr
lemonde.fr
cnc.fr
Crédits photo :
pro.clubic.com
gq.com

Flops

Rising star : quand l'émission déchante

 
Lancée en 2013 par la société de production israélienne Keshet Broadcasting, l’émission HaKokhav HaBa – repris sous le nom de Rising Star – a très vite gagné sa place dans le monde des télé-crochets. Ce programme innovant remporte rapidement l’adhésion du public israélien – atteignant jusqu’à 49% de parts de marché – et devient alors le nouveau succès convoité des diffuseurs internationaux. En France, c’est M6 qui se montrera la plus persuasive pour remporter le contrat.
Un concept innovant où l’immédiateté règne
Avec un format reposant sur la gratuité du vote, le direct continu et une interaction plus qu’active avec le téléspectateur qui décide du sort des candidats, Rising Star rompt avec les codes classiques des télé-crochets, ces concours de chant télévisuels. Chantant derrière un mur, les candidats, sélectionnés par un jury ou bien sur Instagram, doivent recueillir 70% de votes positifs via l’application Rising Star afin de faire lever le mur et ainsi poursuivre l’aventure. C’est donc sur le principe d’immédiateté que repose cette émission, où le téléspectateur, friand du direct, peut détenir les pleins pouvoirs du déroulement d’un prime.
Des audiences en chute libre
Le 15 septembre dernier M6 diffuse un kick off* de l’émission : un succès avec 3,7 millions de téléspectateurs. Un score très encourageant qui se reproduira 10 jours plus tard pour la première avec 3,8 millions et 16,9% de parts de marché et surtout M6 première sur les cibles jeunes et féminines, les cibles recherchées. Mais voilà, ce succès n’aura pas duré puisque la deuxième émission ne rassemble que 2,7 millions pour 12% de part de marché ; la troisième chute encore en atteignant seulement 9% d’audience et la quatrième ne fait guère mieux, peinant à atteindre les 2 millions de téléspectateurs.
Des bugs techniques, un jury irritant qui sonne faux, une présentation en duo qui se cherche, un manque de souffle et de surprise : la presse, tout comme le public, sont critiques. Les réseaux sociaux, plus particulièrement Twitter deviennent des défouloirs où la moindre erreur n’est pas pardonnée. Un comble pour cette émission musicale interactive.
« @Mauraneofficiel : « En résumé, pour moi #RisingStar c’était la première et la dernière fois » »
« @neige2407 : « Avis très mitigé sur cette 1ere de #risingstar, présentation tres en deçà et le surf sur la vie privé des candidats me dérange bcp » »
Un coup dur pour la chaîne qui partait pourtant confiante avec notamment Nicolas de Tavernost qui annonçait en mars dernier : «  Je vais vous faire une confirmation, un aveu, Rising Star ça va être un immense succès, voilà. »…raté.
Malgré des améliorations, le public n’adhère pas. En conséquence, la régie publicitaire de la chaîne doit revoir à la baisse ses tarifs, le coût des écrans passant de 60.000 à 30.000 euros les 30 secondes. Avant d’être un pari risqué pour la chaîne, Rising Star reste surtout un programme très onéreux.
Rising star : le télé-crochet où la voix est oubliée
Autre critique de l’émission : la focalisation sur l’histoire des candidats. « Je veux prouver à mes parents qu’ils se sont trompés », « j’ai abandonné l’école pour réaliser ce rêve », « je veux prendre une revanche sur la vie » : Ces phrases-là ne sont que des échantillons parmi tant d’autres. Pathos et sob stories** sont mis au premier plan et la prestation même du candidat au second. Avec les codes de la téléréalité, l’histoire du candidat est alors rabâchée encore et encore par la présentation ou par une Cathy Guetta larmoyante. Le cliché supplante alors la musique et faire le buzz semble alors être l’objectif principal. Nous sommes loin du concept de The Voice où la voix est au cœur de l’émission. Une volonté de la production ? Malheureusement cela ne paye pas et engendre moins de sympathie que d’agacement.
Nathalie Nadaud-Albertini, sociologue des médias, relève également le concept du mur comme repoussoir. Ce  « mur virtuel » peut « donner l’impression de quelque chose d’un peu désincarné, ou du moins dont on n’a pas l’habitude visuellement », annonçait-elle sur BFMTV. Cette dernière ajoute qu’il faudrait «laisser du temps au téléspectateur pour qu’il s’habitue. » Mais les téléspectateurs pros du zapping auront-ils assez de patience ?
Un échec du genre
Petite dernière sur la liste, Rising Star arrive dans une période où les télé-crochets sont assez contestés.
Serait-elle donc la goutte d’eau qui fait déborder le vase ? Là où The Voice est parvenue à se faire une place grâce à son concept novateur, Rising Star semble avoir manqué la marche et entretient cette lassitude des télé-crochets chez le public français. Les récentes déprogrammations de X Factor, Star Academy et Popstars ou la baisse d’audience de Nouvelle Star annoncent-elles déjà une fin prématurée de Rising Star ?
Si M6 assure ne pas vouloir diminuer son nombre de prime, la rude concurrence de TF1 avec la série Profilage attirant plus de 30% d’audience, la pression économique ou encore des crises internes comme la récente mort d’un participant, peuvent sonner la fin de ce programme. Rising Star parviendra-t-elle à échapper à une déprogrammation en France, là où l’Angleterre n’aura même pas attendu une première diffusion ?
*coup d’envoi
**histoires larmoyantes
Félix Régnier
Sources :
BFMTV
Europe 1
RTL
Le Tube (Canal +)

Ozap.com

Com & Société

Gogglebox : Ces britanniques qui regardent leurs compatriotes regarder la télévision.

 
A l’heure des superproductions aux budgets faramineux, la recette du succès pourrait tenir à bien peu de choses… Prenez un échantillon représentatif du peuple britannique, ajoutez-y un canapé plus ou moins miteux et une série de programmes triés sur le volet. Agrémentez  selon votre convenance le décor de junkfood et de quelques boissons. Placez-le tout  devant un écran de télévision.
Vous obtenez la nouvelle émission phare de la chaine Channel 4.
L’idée  de Gogglebox (littéralement, « la boîte à yeux » soit  le « petit écran »), est si simple qu’elle en est presque impertinente. Il s’agit pour le spectateur de regarder d’autres spectateurs regarder la télévision en se délectant de leurs réactions.  Rien n’est écrit, tout est spontané, seul le choix des programmes est réalisé en amont par la production. Divers et variés, ces derniers, qui peuvent traiter de cuisine comme de politique, ont en commun leur cible grand public. De X Factor aux pubs John Lewis en passant par le dernier discours de David Cameron,  chaque épisode de Gogglebox compile les évènements marquants du paysage audiovisuel des sept derniers jours.
Sans scénario, sans action et sans équipe de tournage, le programme n’a pas à rougir face à la concurrence. Non seulement son concept incongru  rassemble plus de deux millions de spectateurs chaque mercredi, mais il est aussi le nouveau chouchou des réseaux sociaux. Une vague de réactions succède immanquablement à chaque diffusion et le buzz fonctionne tant et si bien que l’émission devrait désormais être suivie en prime time le vendredi soir.
Si l’on sait la téléréalité capable de battre des records d’audience, l’engouement que suscite Gogglebox peut néanmoins surprendre. Comment une mise en abyme aussi banale peut-elle captiver un public si étendu ?
La réponse est peut-être à chercher du côté de ses créateurs… Stephen Lambert (directeur du studio éponyme), a pensé l’émission comme un laboratoire social, un documentaire sur la « réalité observable ». A la fois miroir de l’actualité du pays et immersion dans l’intimité de ses citoyens, Gogglebox bénéficie d’un double ancrage propice à l’identification.  D’autant que si les moyens dédiés au tournage sont dérisoires, le soin accordé au choix du casting est au centre de toutes les attentions. Quatorze ménages ont été retenus selon des critères bien spécifiques. D’âge, de sexe et de groupes socioprofessionnels différents, les familles et groupes d’amis ayant accepté de se prêter au jeu  incarnent une Angleterre aux multiples facettes.
Quinquagénaires huppés propriétaires d’une maison d’hôtes dans le Kent, coiffeurs homosexuels installés à Brighton, immigrés habitants de Derby, couple de retraités vivant à Liverpool, copines chômeuses du quartier londonien de Brixton, la distribution est volontairement hétéroclite. Débordants de spontanéité, les protagonistes sont des plus attachants. Nul besoin d’artifices pour que le charme opère. Tour à tour engagées, émouvantes, excessives ou franchement hilarantes, les interactions ont de quoi séduire le spectateur avide de parlers francs et de discours sans langue de bois.

Si le programme est évidemment novateur en matière de feedback – faire de la réaction des spectateurs face aux programmes un programme à part entière, il fallait y penser-, il entraîne aussi son lot de polémiques. Certains jugent le concept malsain et crient au voyeurisme, d’autres sont simplement atterrés par l’intérêt motivé par un programme… qui n’en a pas. Or, les critiques à l’égard de Gogglebox tendent à être tempérées par la mouvance actuelle. L’émission n’est en effet pas la seule à donner à voir ce qui, de prime abord, parait trop commun pour être médiatisé.  En Corée du Sud, il est possible de payer pour regarder des filles manger sur Internet. En Norvège, la chaine NRK, spécialiste de la slow TV, diffuse des feux de cheminée et des paysages apaisants sur les écrans.  Sans scénarisation ni montage, cette nouvelle forme de télévision vise moins à distraire le spectateur qu’à le relaxer.
Au-delà des jugements de valeur, ces programmes sont aujourd’hui les principaux témoins de l’évolution des usages de la télévision.
 
Marine Bryszkowski
Sources
TheGuardian
Radiotimes
Libération
STYLIST, numéro 42, 27 mars 2014

1
Equipe féminine de football
Flops

Le sport féminin : un combat perdu d'avance ?

 
Nous avons encore tous en tête ces magnifiques commentaires de Philippe Candeloro pendant les Jeux Olympiques de Sotchi : « Je connais un anaconda qui serait bien allé embêter cette Cléopâtre canadienne »,  « Vous pourrez lui dire que c’est pas la seule à être excitée, elle a un joli sourire cette patineuse »,  « Elle a des airs de Monica Bellucci, avec un peu moins de poitrine mais bon… ».
Blagues lourdes comme celle de l’oncle un peu éméché aux repas de famille ou propos sexistes ? La question est difficile à trancher, mais elle a le mérite de reposer une question extrêmement importante : celle de la place du sport féminin à la télévision.
La ligne de défense France Télévisions
Philippe Candeloro n’en démord pas et le président de France Télévisions non plus : ce ne sont pas des propos sexistes car le patinage artistique se juge aussi sur le physique. Le président ajoute : on aime Candeloro justement parce qu’il est drôle même si pas toujours politiquement correct. Philippe Candeloro affirme lui-même ne jamais donner dans le « trash ».
Bizarrement, par contre, les propos relevant du physique concernent toujours les femmes. Pourtant et, jusqu’à preuve du contraire, dans le patinage artistique, il y a aussi des hommes. Mais leur physique semble avoir moins d’importance.
Un certain regard sur le sport féminin
Ce qui est en cause avant d’arriver à des raisons toutes matérielles c’est le regard des gens sur le sport féminin. Qu’ils soient directeurs des programmes, commentateurs ou simples téléspectateurs, le regard des hommes sur le sport féminin n’est souvent pas un regard bienveillant. On se souvient encore des propos de Jean-Michel Aulas, président du club de football lyonnais, qui affirmait que les femmes devaient retourner à leurs casseroles, avant de s’occuper de football. Pourtant, l’équipe féminine lyonnaise est l’une des meilleures de France.
Les performances sont là, la plupart du temps, mais peinent à changer ce regard dévalorisant sur le sport féminin, qui est plus ou moins révélateur du regard porté sur la femme en règle générale. On regarde le sport féminin différemment, on compare les performances à leurs homologues masculins, on juge leur physique beaucoup plus qu’on ne juge celui des hommes. Et puis, surtout, les femmes trouvent leur place à la télévision dans des sports qui sont dits « adaptés » pour elles : danse, gymnastique, patinage… Pour ce qui est du football, milieu malheureusement machiste par excellence, les femmes peinent encore à trouver leur place, malgré de très bonnes performances du football féminin français au niveau européen.
Le regard est sûrement la chose la plus difficile à faire évoluer, et la diffusion du sport féminin sur les chaînes publiques serait peut-être un bon moyen de le faire. Mais là aussi, les obstacles sont nombreux.
La diffusion sur les chaînes publiques : mission impossible ?
Il faut toutefois faire attention à ne pas peindre un tableau trop sombre. Pendant Roland Garros ou les Jeux Olympiques, le sport féminin trouve une bonne place sur France 2 et France 3. La natation par exemple, grâce aux performances de Laure Manaudou et des nouveaux talents de l’équipe de France comme Camille Muffat, fait de bonnes audiences. C’est le cas aussi pour l’athlétisme. Enfin, la finale féminine de Roland Garros ne démérite pas au niveau de l’audience par rapport à la finale masculine.
Mais ce sont ici des exemples de sport réputés « adaptés » aux femmes et pendant des événements sportifs spécifiques. Quand il s’agit de football ou de rugby, beaucoup de barrières se dressent. La première raison invoquée par les chaînes est souvent le manque d’audience, mais certains chiffres tendent à prouver le contraire. Lorsque D8 diffuse la demi-finale de la Coupe du monde 2011, elle réalise un des plus beaux scores de la TNT avec 2,8 millions de téléspectateurs. Les rencontres de rugby féminin font des audiences assurément correctes sur France 4 avec une montée en puissance pour des évènements comme la Coupe de France.
Quelle est la raison alors si ce n’est pas le manque d’audience ? Peut-être est-ce le manque d’audace. Eurosport s’est positionné sur ce marché tout comme Sport + qui diffuse, par exemple, du handball féminin (autre sport où les femmes s’en sortent extrêmement bien, mais les grands médias nationaux ne parlent pas, par exemple, de la coupe du monde féminine. Mais ces deux chaînes sont pour l’instant assez seules. La prise de risque est difficile dans le monde de la télévision car elle se solde souvent par une sanction au niveau des audiences et donc au niveau de l’achat de temps publicitaire par les annonceurs.
Le CSA a tenté d’apporter sa pierre à l’édifice en organisant le 1er février la Journée internationale du sport féminin. La mesure était incitative, les chaînes qui ont décidé de ne pas prendre part à cet événement n’ont pas été sanctionnées. L’idée fait alors son chemin dans la presse nationale et au sein des directions de chaînes. Profitons de la proximité avec la Journée de la femme pour dire avec le sourire : messieurs, ayez un peu d’audace !
 
Paola Paci
Sources
LePoint
LeMonde
LeNouvelObservateur
LeMonde
Crédits photos : Bertrand Guay / AFP

1
True Detective
Les Fast

True Detective, une série « d’anthologie »

 
Le 12 Janvier dernier, HBO lançait sa série évènement : True Detective, l’histoire de la traque d’un tueur en série au Etats-Unis entre 1995 et 2013 par deux enquêteurs au tempérant opposé. Attendue par tous, True Detective réussi son pari et rapproche définitivement les médias télé et cinéma.
Créée en 2012 par Nic Pizzolatto, devenu showrunner pour HBO après une courte carrière d’écrivain, la série adopte une forme originale et de plus en plus en vogue : l’anthologie.
Le terme désigne une non-continuité scénaristique entre chaque saison : les personnages et les intrigues sont renouvelés, tout en gardant un fil rouge et des problématiques communes. Les exemples les plus connus et qui ont popularisé le genre sont Les contes de la crypte, Black Mirror ou American Horror Story. Cette nouvelle approche permet un renouvellement important, ainsi que des scénarios plus ciselés puisque devant concentrer leur intrigue sur une petite dizaine d’épisodes.
True Detective dispose d’autres arguments pour séduire le public mais surtout les chaînes : une intrigue puissante, un réalisateur – Nic Pizzolatto, le créateur – talentueux, mais surtout un jeu d’acteur irréprochable de Matthew McConaughey et Woody Harrelson, tous deux plus habitués aux plateaux de cinéma qu’à celui d’une série télévisée.
Tous ces éléments réunis ont créé un véritable « buzz » lors de la mise en vente de la série aux channels américains. C’est finalement HBO qui a raflé la mise. Les critiques américaines et françaises sont dithyrambiques : « Les performances de Woody Harrelson et Matthew McConaughey figurent parmi les meilleures vues cette saison à la télévision, voire toutes années confondues » écrit le San Francisco Chronicle.
Ainsi, force est de constater que les liens entre série télévisuelle et cinéma sont désormais tant sur le média que sur la qualité même des contenus.
 
Adrien Torres
Sources :
Allocine.fr
Lesinrocks.fr
Liberation.fr

ARTE
Les Fast

1914 : Dernières nouvelles

 
Adepte des webproductions et active sur les réseaux sociaux, Arte propose à ses téléspectateurs des immersions dans des univers à part.
Après La fabrique à candidat, un jeu où l’on crée le chancelier idéal à l’Allemagne  et son partenariat avec le « jeu documentaire » Fort Mcmoney de David Dufresne (un serious game sur l’industrie pétrolière au Canada), Arte lance en cette année centenaire de la Première Guerre Mondiale 1914 : Dernières nouvelles.

Tous les jours, le site Internet de Arte nous propose une photo et plusieurs articles retraçant le quotidien d’il y a 100 ans, une idée qui apporte une nouvelle vision de la guerre et de la vie d’antan. Pour la chaîne franco-allemande, ce dispositif est un teasing sur de futurs documentaires et permet d’associer le Web à ses programmes.
Arte apparaît comme la chaîne de télévision qui intègre le mieux le numérique dans sa stratégie. Ainsi, pour la série Real Humans (l’histoire d’un futur où humains et robots humanoïdes vivent ensemble), la chaîne avait créé une fausse boutique en ligne de robots : quand Internet devient prolongement de la télévision.
 
Pierre Halin
Sources :
Arte.tv
Future.arte.tv
1914derniesnouvelles.arte;tv

Com & Société

Zappe-t-on encore aux US ?

 
L’éternel duel opposant la télévision à Internet n’a pas fini d’animer les débats. Aux Etats-Unis, une récente étude vient de confirmer ce qui a longtemps été prédit : le temps de visionnage de la télévision baisse au profit des autres supports numériques (smartphones, pc portables et tablettes)
Les Américains de 18 à 49 ans passent ainsi en moyenne 5h09 devant différents supports contre 4h31 pour le petit écran, une première !
 L’argument qui l’emporte est celui de la portabilité qu’offre ces nouveaux supports. L’image du « Couch potato » n’est plus d’actualité, désormais on choisit de consommer en mobilité. L’offre élargie et l’accessibilité grandissante aux tablettes y sont pour quelque chose. L’explosion des ventes de ces supports vient en effet confirmer ce changement de pratiques.
 Il n’y a pas si longtemps, la télévision représentait LE médium capable de fédérer autour d’un programme alors qu’Internet était considéré uniquement comme lieu de flânerie occasionnelle, de hasard et de buzz. La donne est en train de changer affirme cette étude. L’on pourrait être tenté d’affirmer sans nuance le déclin de la télévision, ceci dit, les programmes télé sont très souvent commentés à travers un second écran dans une démarche dite de second-screening ou de multitasking. Comprendre par-là, l’action combinée de regarder une émission tout en utilisant un deuxième terminal afin de partager sur les réseaux sociaux ce que l’on est en train de faire ou son avis sur ce qui est diffusé.
 Néanmoins, en réalité, le contenu télévisé n’est pas moins consommé, il est juste consommé en majeure partie, ailleurs : en ligne. La SVOD (Subscription Video on Demand) a fait des ravages, des plateformes de streaming vidéo telles que HULU ou Netflix gagnent de plus en plus de parts de marchés par rapport aux chaînes du câble. Un abonnement moins coûteux, la possibilité de visionner un contenu  à tout moment, des programmes de qualité qui peuvent se vanter d’avoir remporté un Emmy Award (House of Cards), autant d’avantages qui séduisent de plus en plus. Ainsi, le chiffre d’affaires de Netflix qui comptabilise 31 millions d’abonnés aurait bondi d’un quart en un an pour atteindre 1,1 milliard de dollars.

Netflix se réjouit et tente de renforcer sa position en tant qu’acteur dans le monde du cinéma notamment en s’alliant à la maison de production de Sony, puis en négociant un accès au câble. Ainsi, il viendrait se frotter de plus près à ses plus gros concurrents qui eux tentent d’effectuer le chemin inverse pour être là où leur public semble leur échapper, sur la toile.
 La SVOD sonne-t-elle le glas de la télévision traditionnelle ? Nombreux sont ceux qui le pense, toutefois, ce serait sans compter sur la réactivité des grands groupes télévisés, et l’énergie qu’ils mettent pour rester dans la course. S’adapter est le maître mot. S’adapter au progrès des supports technologiques, leur multiplication et à l’autonomie qu’ils offrent à chacun à travers Internet. Dans le cas échéant, ce sont les annonceurs qui risqueraient d’aller chercher le consommateur potentiel là où il sera le plus probable de se trouver.
 L’avantage pris par le numérique aux Etats-Unis vient corroborer des hypothèses émises il y a de cela quelques temps. Si ce pays semble être la référence en matière de tendances, un service tel que celui offert par Netflix ne saurait, pour le moment, trouver sa place en France, en témoigne la réticence qu’avait suscitée l’arrivée des nouvelles chaines de la TNT. De plus, les habitudes de consommation du médium TV ainsi que l’organisation des grands groupes médias ne sont pas les mêmes. Sans oublier les instances concernées telles que le CSA qui jouit d’une influence certaine pour tout ce qui se passe dans le paysage audiovisuel français.
 
Salma Bouazza
Sources :
Lesechos.fr
Lesechos.fr
Zdnet.fr

Société

La guerre de l’access prime time

R.I.P #Morandini. Le PAF est en deuil depuis l’arrêt de l’émission « #Morandini – Télé, people, buzz » sur NRJ 12. Avec moins de 1% de part d’audience, l’émission n’aura pas même tenu le cap du mois de septembre et aura été la 1ère victime de la bataille qui fait actuellement rage sur la tranche du 19h 21h. Pourquoi cette case du 18h – 20h, appelée access prime-time est-elle si stratégique pour les chaînes de télévision? FastNCurious vous livre les quelques éléments nécessaires à la compréhension des enjeux au cœur de cette bataille cathodique.
Pourquoi l’access prime time est si important ?
L’access prime-time est une case particulièrement stratégique dans la mesure où il s’agit d’une des plages horaires les plus regardées. C’est donc sur cette case qu’il est possible d’attirer les annonceurs et ainsi d’augmenter le prix de vente de l’espace publicitaire à la seconde. Or, en 2005, lorsque les chaînes de la TNT ont fait leur apparition sur nos écrans, ces dernières ont décidé de casser les prix de leur espace publicitaire afin d’attirer les annonceurs. Face au succès de cette stratégie, les autres chaînes n’ont eu d’autres choix que de s’aligner sur ces nouveaux tarifs. Si cette politique a été favorable aux annonceurs, elle a créé un réel manque à gagner pour l’ensemble du panorama télévisuel français. Aujourd’hui, plus que jamais, il est donc primordial pour les chaînes d’asseoir leur audience sur la case de l’access prime-time afin de continuer à attirer les annonceurs et assurer ainsi une source de revenu cruciale en temps de crise[1].

La « Grande Famille » Canal
Jean-Marc Morandini écarté[2], deux groupes restent dans la bataille. D’un côté Canal+, de l’autre France Télévisions. Le Grand Journal –émission phare de Canal+- a été au cœur des discussions estivales. Tout le monde y est allé de sa critique sur le retour d’Antoine De Caunes y compris Cyril Hanouna -animateur vedette de l’émission Touche pas à mon poste et concurrent frontal du Grand Journal – qui estimait que cette décision était « très très mauvaise [3]». Si Touche pas à mon poste réalise de bons scores d’audience depuis la rentrée (autour de 6%), la nouvelle formule du Grand Journal peine, quant à elle, à trouver son public. Malgré les différents qui les opposent, Hanouna et De Caunes œuvrent au succès du même camp puisque la chaîne D8, sur laquelle est diffusée Touche pas à mon poste, appartient au groupe Canal+.

France Télévisions passe à l’attaque
Face à ces deux émissions on retrouve sur France 5, C à vous présentée depuis début septembre par Anne-Sophie Lapix[4]. Le pari était risqué tant Alexandra Sublet était parvenue à apposer, au cours des six saisons précédentes, sa marque de fabrique à cette émission. Bien qu’elle doive encore trouver ses marques, Anne-Sophie Lapix réalise de bons scores (autour de 4% de part d’audience) et s’inscrit dans la continuité de la stratégie mise en place par Sublet dont les maître-mots étaient convivialité et complicité.
Avec cette émission, France 5 en profite pour affirmer les bases posées par sa dernière campagne de communication lancée en juillet dernier et qui rompt avec une image jugée parfois « intello » et froide, afin d’affirmer le ton décalé de la chaîne[5]. Par effet ricochet, ce positionnement a pour but de dynamiser l’ensemble du groupe France Télévision. Et les débuts victorieux d’Anne-Sophie Lapix sont de bon augure pour l’arrivée de Sophia Aram, sur France 2, avec son émission Jusqu’ici tout va bien, à 18h00, sur une case jugée particulièrement compliquée à faire décoller.
L’ambition de C à Vous est de parvenir à chasser sur les terres de Canal+. Et lorsqu’Anne-Sophie Lapix interroge Michel Denisot sur la concurrence entre Hanouna et De Caunes, ce dernier lui répond que « comparer Touche pas à mon poste au Grand Journal, c’est comme comparer Rires et Chansons à France Inter ». Heureux hasard puisque Patrick Cohen, animateur star de la matinale de France Inter est également intervieweur sur le plateau de C à vous et qu’entouré d’Anne-Sophie Lapix, ils semblent bien prêts à récupérer les téléspectateurs déçus de Canal+.

 Angelina Pineau

[1] Source de revenu d’autant plus cruciale pour France Televisions qui ne peut plus gagner d’argent grâce à la publicité après 20h.

[2] Rassurez-vous quand même, il reviendra sur NRJ 12 pour présenter l’émission « Crimes ».

[3] #espritdefamille http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2013/06/18/hanouna-de-caunes-au-grand-journal-une-tres-tres-mauvaise-idee_3432250_3236.html

[4] Ancienne de Canal + et actuellement en procès contre le groupe suite à son départ de France 5 pour non-respect de son contrat d’exclusivité

[5] Ladite campagne, à mon sens particulièrement réussie http://www.ozap.com/actu/france-5-lance-une-campagne-de-pub-a-l-occasion-de-sa-nouvelle-signature/447960/m1#scrolldown  

 

les Marseillais
Société

La télé-réalité, y en a (jamais) assez

 
Les Marseillais arrivent en moonwalk sur W9…
Si cela ne se voit toujours pas que l’été (et les vacances) approche, les chaînes de télévision, elles, nous le font remarquer grâce à leurs nouvelles émissions de télé-réalité qui débarquent sur nos écrans, comme chaque année à la même période. La nouvelle saison de Secret Story vient de débuter sur TF1, les Marseillais à Cancun continuent tranquillement de s’installer sur W9. En revanche, pour les Anges de la télé-réalité, le temps commence à se faire long sur NRJ 12.
La seconde saison des Marseillais est diffusée depuis quelques semaines sur la chaîne W9. Cette année, c’est à Cancun pour le fameux Spring Break qu’ils ont été envoyés et si nos Marseillais ne sont pas encore aussi célèbres que les Ch’tis, ils sont en passe de le devenir. En effet, les héros de cette série-réalité connaissent des records d’audience. Le jeudi 30 mai, ils ont réuni environ 720 000 téléspectateurs dès 18h55 avec un pic d’audience de 800 000 téléspectateurs, réalisant ainsi 4% des parts de marché auprès de l’ensemble du public, leur meilleure audience depuis son lancement selon la chaîne. Ils ont également repris la première place au niveau national auprès des moins de 25 ans avec un score de 17.8% sur cette cible.
 
Des audiences aussi difficiles (et inexistantes) que « la guerre de 78 »
C’est Jean-Marc Morandini qui doit être content puisqu’il est le premier à souffrir de ses audiences avec son émission Vous êtes en direct, un débrief de l’épisode des Anges de la télé-réalité diffusé juste avant, réalisé avec la présence de chroniqueurs dits « journalistes » pour des magazines tels que Closer ou Public.  En effet, en l’espace d’une semaine, le programme, diffusé à la même heure, a perdu 28% de son audience alors qu’en face, les audiences de Touche pas à mon poste et C à Vous ne sont pas du tout affectées. Si les Anges de la Télé-Réalité en ont lassé plus d’un, le système du débrief des Anges ne fonctionne plus du tout et la concurrence de la chaîne W9 ne va sûrement pas les aider.
Si la concurrence met en danger certains de ces programmes, plusieurs chaînes ont décidé de faire quelques changements dans leur programmation. Ainsi, l’épisode inédit des Anges est maintenant diffusé à 17h50 pour laisser le temps aux téléspectateurs de le regarder en entier avant de basculer sur TF1 à 18h15 pour la quotidienne de Secret Story et pour finir par les Marseillais à 19h. C’est tout un programme !
 
Il paraît que « les aigles ne volent pas avec les pigeons » 
S’ils sont diffusés à la même période, ces programmes de série-réalité comme Les Marseillais, Les Ch’tis et les Anges respectent les mêmes codes et présentent seulement quelques rares différences.
Les émissions sont toujours tournées dans les mêmes types de lieux, des lieux paradisiaques, célèbres et qui font rêver beaucoup de Français. On se rappelle notamment des cinq saisons des anges qui ont été tournées à Miami, à New York, à Los Angeles, Hawaï. Les Ch’tis, eux, ont passé du temps entre Ibiza, Mykonos et Las Vegas tandis que les Marseillais ont préféré Miami et Cancun. Des cadres idylliques, des destinations de rêve qui laissent peu de place à la (télé) réalité, quand on peut encore parler de réalité.
En effet, l’hyper scénarisation est omniprésente dans chacun de ces programmes, tellement présente que les téléspectateurs ont l’impression de suivre une série. Chaque épisode des Anges ou des Marseillais commence par un résumé des épisodes précédents et se termine par un résumé des prochains épisodes qui durent chacun plus de cinq minutes, et qui, au lieu de lasser les téléspectateurs, les fidélisent. On leur montre des scènes « chocs », des futures disputes entre candidats, un nouveau couple qui va se former, tout est fait pour « teaser » le spectateur chez lui. Quant aux épisodes, tout semble déjà préparé. Dans les Anges, un couple formé dans une précédente émission de télé-réalité, se sépare très rapidement au début de la saison pour que chacun aille ensuite se trouver une nouvelle cible. Que ce soit Les Anges, les Marseillais tout est scénarisé, voire trop, puisque les programmes sont souvent comparés à des telenovelas.
Mais ce sont les rediffusions à l’extrême qui aident ces programmes à trouver leur public. Les Anges ont le droit à une diffusion à 11h, puis 17h puis 20h, tout cela, dans la même journée puis un récapitulatif de tous les épisodes le dimanche en fin d’après-midi. Il en va de même pour les Marseillais diffusé tous les soirs à partir de 16h30 jusqu’à 19h. La seule différence c’est que ces derniers sont moins présents sur leur chaîne que les Anges sur NRJ 12. Rediffusés à outrance, ils « bénéficient » aussi d’une émission avant et après épisode avec Le Mag et Vous êtes en Direct qui servent de récap’ mais aussi de pseudo décryptage des épisodes précédents.
Les deux programmes présentent tout de même quelques différences puisque les Anges font appel à des anciens candidats de télé-réalité recyclés pour l’occasion alors que les Marseillais sont des inconnus choisis par la production qui forment une « équipe » à laquelle elle fera appel au fil des saisons. Si les Anges de la télé-réalité doivent défendre des pseudo projets professionnels puisqu’ils aspirent tous à devenir mannequins ou chanteurs et récolter de l’argent pour une association en allant toiletter des chiens ou nettoyer des yachts privés, les Marseillais, eux, effectuent des emplois saisonniers en tant que serveurs, barmaid ou danseurs. Des carrières qui font moins rêver mais auxquelles les jeunes téléspectateurs peuvent plus facilement s’identifier.
Mais finalement, tout est facilité par les perles et surtout les punchlines des candidats qui restent en tête, qui font rire et dont se moquent les téléspectateurs. Si on a souffert du « Non mais allô » chronique d’il y a quelques mois à cause de Nabilla, les Marseillais s’y sont mis aussi avec le « Y en a assez, fraté » utilisé à outrance par tous à Cancun, mais peut-être moins à Marseille en réalité…
Sabrina Azouz & Steven Clerima