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« Et pour quelques tweets de plus » ou la passion de Trump pour Twitter

Ce n’est un secret pour personne : Trump utilise de manière privilégiée les réseaux sociaux — et en particulier Twitter — pour communiquer sur des sujets très variés : politique intérieure comme extérieure, actualité internationale, et même pour commenter les actions de certaines célébrités. Au risque de se montrer impertinent à l’égard de la fonction qui est la sienne, voire de déclencher des polémiques et des tensions diplomatiques. Mais quels sont les véritables ressorts de cette communication trumpienne presque intempestive sur Twitter ? En quoi celle-ci lui est parfois plus nuisible que bénéfique ? FastNCurious a mené l’enquête !

 

La « communication puritaine » est morte, vive la communication 2.0 !

La communication de la Maison Blanche est de loin l’une des plus intéressantes à analyser historiquement, et ce, indépendamment du Président en fonction. Les États-Unis ont été, par exemple, l’un des premiers pays à généraliser le recours aux conférences de presse pour relayer les actions du gouvernement aux médias.

Mais jusqu’à présent, la communication des Présidents américains était dominée par une certaine forme de « puritanisme » ; par exemple, par l’emploi d’un langage considéré comme « politiquement correct », par une distinction opérée entre WASP (White Anglo Saxon Protestants : « Protestants anglo-saxons blancs ») et minorités, ou encore par la croyance en la « destinée manifeste » des Etats-Unis, nouveau Peuple Élu par Dieu, qui se retrouve encore dans certains discours, en particulier chez les démocrates.

Donald Trump, lui, rompt radicalement avec cette tradition communicationnelle, en utilisant les réseaux sociaux de manière intensive, mettant ainsi à mal la prise de recul qui n’est possible qu’avec une certaine retenue. Une plateforme comme Twitter interdit, bien évidemment, ce type de posture.

Elle le permet d’autant moins que Donald Trump publie la majorité de ses tweets — environ 40 % — en matinée, entre 2h et 9h, et que ses réactions portent bien souvent sur les breaking news. Une manière pour le Président américain, de faire savoir au monde entier, son opinion sur des sujets aussi vastes et variés que l’autorise l’actualité.

L’art du mauvais timing

Conséquence directe de cet « hyper-twitting » ? Trump semble avoir du mal à mesurer les conséquences possibles de ses prises de position ou de décision relayées sur Twitter, en particulier concernant les relations internationales. Dès lors, la communication qui peut parfois se faire a posteriori apparaît davantage comme une correction de certains de ses excès, que comme un véritable moyen de diffuser de la véritable information.

Un des meilleurs exemples de ce phénomène est son tweet à l’encontre de Kim Jong-Un en août dernier qui menaçait d’attaque nucléaire le chef de la Corée du Nord, si cette dernière ne renonçait pas à ses provocations bellicistes. Aux yeux de Trump, Twitter aurait définitivement supplanté le communiqué officiel, et ce, même pour des déclarations aussi solennelles et graves qu’une menace de bombardement nucléaire.

     

Cette étrange manière trumpienne d’utiliser Twitter, qui devient le relais de toutes ses pensées ou actions en tant que Président, instaure dès lors une espèce de rupture sémiotique au sein de ses tweets, où se côtoient, pêle-mêle, des messages concernant son dîner avec Emmanuel Macron à la Tour Eiffel et des déclarations bellicistes. Cette rupture est bien évidemment induite par son utilisation intensive des réseaux sociaux qui ne se prête pas à tous les contextes, surtout diplomatique. Ce manque de discernement se ressent aussi quantitativement, puisque Trump tweete une quinzaine de fois par jour en moyenne.

La communication sur Twitter impuissante ?

Pour autant, ni le changement du directeur de la communication en juin dernier, ni sa communication toujours plus intense sur Twitter ne semble compenser la popularité quelque peu bancale du Président Trump (37 % des Américains approuvent la manière dont il gouverne en octobre 2017). D’ailleurs, sa communication quasi-systématique et spontanée sur les réseaux sociaux est souvent moquée par les internautes. Donald Trump a même vu son compte être désactivé pendant 11 minutes, le 2 novembre dernier, par l’une de ses employées sur le départ.

Autre manière de rendre compte de l’impuissance d’un réseau social comme Twitter s’il est mal utilisé, le célèbre « covfefe » (pour conférence sous-entendu de presse), faute de frappe de Trump devenue virale, à tel point qu’un projet de loi visant à archiver (donc à conserver de manière définitive) les tweets de l’administration Trump porte son nom.

Si, donc, l’utilisation de Twitter peut paraître, pour une personnalité publique, comme résolument moderne et positive, dans le cas de Donald Trump, elle se révèle parfois amusante, quelque peu maladroite, sinon impuissante à assurer une communication présidentielle efficace, faute à une utilisation intensive de ce média.

Sara Lachiheb

Sources :

Claire Digiacomi. « Les 4 manies de Trump qui en disent long sur sa manière de gouverner ». Le Huffington Post. Mis en ligne le 4 novembre 2017. Consulté le 12/12/2017

Anaïs Cherif. « « Covfefe« , ou quand les tweets de Donald Trump déclenchent un projet de loi ». La Tribune. Mis en ligne le 13 juin 2017. Consulté le 12/12/2017. Lien URL : https://www.latribune.fr/economie/international/covfefe-ou-quand-les-tweets-de-donald-trump-declenchent-un-projet-de-loi-738184.html

Rédaction en ligne. « Baisse de la cote de popularité de Trump auprès des jeunes». La Libre Belgique. Mis en ligne le 17 octobre 2017. Consulté le 14/12/2017. Lien URL : http://www.lalibre.be/actu/international/baisse-de-la-cote-de-popularite-de-trump-aupres-des-jeunes-59e5fd5acd70be70bd095448

Vianney Savatier. « La réalité sur la politique de Donald Trump ». radiolondres.fr. Mis en ligne le 7 novembre 2017. Consulté le 14/12/2017. Lien URL : http://radio-londres.fr/2017/11/tribune-realite-politique-de-donald-trump/

Sources images :

Mashable.com

 capture d’écran

 

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