La colère des étudiants des Beaux Arts de Paris face au mécénat et aux donateurs privés
« L’École n’est pas à vendre ». Voici ce qu’on pouvait lire sur les banderoles mises en place dans la cour des Beaux Arts le 4 octobre. Les étudiants dénoncent la mise en place de politiques de mécénat sans concertation des élèves. Les faits survenus ont prouvé les difficultés de faire concilier les activités des Beaux-Arts avec les évènements organisés par différents donateurs. En échange du financement de la rénovation de l’Amphithéâtre d’Honneur, Ralph Lauren a organisé un gala où les VIP ont pu déguster des petits-fours et… déposer leurs vêtements dans un des ateliers transformés en vestiaires. Ainsi, 12 ateliers d’étudiants sur 24 ont été fermés, sans qu’ils n’aient pu s’organiser.
Si le mécénat est un des moyens fondamentaux de soutenir l’École et ses étudiants, en rénovant des bâtiments et en payant du matériel et des voyages scolaires, il permet aux entreprises de trouver des avantages communicationnels et fiscaux indéniables :
Nespresso, Lanvin ou Neuflize investissent à l’ENSBA au moyen de 60% de déduction fiscale sur la somme avancée. Plus que la défiscalisation, ces opérations s’intègrent dans une stratégie de communication bien ancrée. Ralph Lauren y voit l’occasion de s’assimiler à la culture et le luxe français, en associant ses activités au patrimoine parisien. Les entreprises mécènes attendent de leur hôte une compensation symbolique, dont ces évènements huppés accompagnent l’image fastueuse de la marque donatrice.
Or c’est l’image même de l’École que les étudiants souhaitent conserver. Ils pointent du doigt ces financements privés qui cherchent à soutenir les projets les plus voyants, sans tenir compte des véritables travaux qui pourraient être utiles à la vie de l’école. Rénover une salle somptueuse est plus « communicable » que de financer la mise en place d’une isolation performante permettant aux étudiants de mieux travailler l’hiver…
Ainsi les valeurs des donateurs pourraient être repensées, en s’adaptant plus profondément aux valeurs de leurs bénéficiaires autour d’une communication plus pertinente qu’une communication de façade.
Joséphine Dupuy-Chavanat
Sources :
Slate.fr
Lemonde.fr