Société

Tumblr is the new black

 
Tumblr, Quésaco?
Qu’on jette le premier stiletto à la personne qui ne connaît toujours pas Tumblr, cette plateforme de microblogging créée en 2007 par David Karp qui permet de poster des contenus divers tels que des vidéos, des images, des textes, des liens et des sons. Chacun peut s’y abonner librement et découvrir les nouveaux billets des blogs qu’il follow via un flux qu’on appelle le Dashboard, si le billet vous plaît vous pouvez le « rebloguer » pour qu’il apparaisse également sur votre blog. Le seul mot d’ordre de cette plateforme ? La créativité. L’une des maisons de mode les plus célèbres au monde semble l’avoir compris puisque très récemment c’est Dior qui a sauté le pas.
Si j’étais un blog, je serais celui de Dior
Le Tumblr de Dior est né (pour y jeter un coup d’œil, ça se passe par là) et la marque y affiche un thème personnalisé qui rend son blog très épuré, simple mais efficace. Les contenus sont exclusifs et divers : des photos toutes aussi magnifiques les unes que les autres qu’elles soient pour un parfum, un rouge à lèvres, un vernis, une ombre à paupières ou qu’elles immortalisent simplement les défilés Dior à travers le monde au cours de la dernière Fashion Week. Les GIF sont également omniprésents puisque, soyons honnêtes, un Tumblr sans GIF n’est pas vraiment un Tumblr. Ce qui est d’autant plus intéressant c’est que Dior respecte sans surprise certains codes comme celui de ne poster des billets que dans un certain ton de couleurs par jour, ce qui rend le blog d’autant plus esthétique. Il utilise également les Tag ou mots clés pour faciliter la recherche de ses utilisateurs qui dans quelques semaines, quand le contenu du blog sera plus riche, pourront accéder plus aisément aux rubriques et thématiques qu’ils souhaitent : fashion, fashion week, backstage, menswear, womenswear, prefall, makeup… Si le contenu est facilement accessible il est également très simple à partager puisqu’il est possible de le faire via le reste de la longue famille de réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google +, Pinterest) à laquelle le Tumblr est connecté. Il n’y a rien à redire, c’est une belle stratégie de contenus à laquelle nous avons droit grâce à Dior. Si le but de la marque est d’augmenter son nombre de fans, elle ne devrait pas avoir trop de difficultés surtout que la plateforme Tumblr est tous les jours de plus en plus accessible, sans compter les milliers de Fashion blogueurs qui partagent et « rebloguent » plus vite que leur ombre les billets de Dior. Si ça c’est pas de la viralité !
Dior, sa « Success story » online
Pourtant Dior n’en est pas à son premier coup d’essai. La marque a déjà été à l’origine de plusieurs autres stratégies de contenus mêlant le net et les réseaux sociaux qui ont toujours été efficaces et originales. Sur Youtube par exemple, Dior avait crée sa chaîne officielle pour y diffuser à l’automne 2012 la série des mini-films de Lady Dior où l’égérie n’était tout autre que Marion Cotillard. La marque avait tenu ses 42 000 abonnés en haleine grâce à des teasers et deux épisodes où l’on voyait l’actrice et égérie asseoir le statut et la légitimité de la grande maison française. Autre exemple, le « Dior Mag », un magazine online qui a pour but de diffuser des informations et communiquer sur l’histoire de la marque mais également ses actualités à travers le monde entier et diffuser anecdotes et les backstage des défilés. Ses publications de qualité et quasiment quotidiennes ont fait que les fans sont au rendez-vous, le magazine connaît un franc succès depuis son lancement en 2012. Dior ne s’arrête donc pas là, puisque hormis l’apparition de son nouveau Tumblr, on sait la marque également omniprésente sur d’autres réseaux tels que Facebook (plus de 11 millions de fans) ou Twitter (plus d’un million et demi d’abonnés). Quant à l’annonce de leur Tumblr, la nouvelle avait été partagée plus de 1340 fois, rien que sur Facebook.
Ainsi, le nouveau Tumblr de Dior n’est rien d’autre qu’un autre exemple du succès de la marque dans sa communication. La maison de mode nous démontre une fois de plus qu’elle sait y faire grâce à une stratégie de contenus différente selon les réseaux sociaux et les plateformes mais qui reste encore et toujours en accord avec son image de rêve. Il ne reste plus qu’à se demander quelle sera la prochaine étape pour la maison de luxe puisque Dior ne s’arrêtera sûrement pas là.
 
Sabrina Azouz
Sources :
Le Tumblr de Dior
La page Facebook de Dior
Crédits photo : © Dior

Flops

Graph Search m'a tuer

 
Le 15 Janvier dernier, Facebook présentait sa nouvelle fonctionnalité : le Graph Search. L’idée est simple. L’internaute peut y rechercher à peu près tout et n’importe quoi mais de manière très précise. La base de données ? Tout ce que nous aimons, toutes les pages que nous suivons, nos photos, les endroits où nous nous sommes géolocalisés… Il est disponible en version béta uniquement pour les utilisateurs anglais qui se sont inscrits sur la page dédiée. Mais la nouveauté fait déjà polémique en France et interroge : pourquoi Facebook lance-t-il un tel produit à ce moment précis alors qu’il fait toujours l’objet de polémiques sur ses critères de confidentialité ? Analyse.
La nécessité de révolutionner Facebook
Il faut dire que Facebook a connu des jours meilleurs. Toujours empêtré dans une polémique ou deux sur la confidentialité des donnés, il génère de plus en plus de méfiance de la part des utilisateurs. Rappelez vous à cet égard cette étrange polémique sur les messages privés soit disant rendus publics.
Aux États-Unis, une étude récente montre que la population se lasse de plus en plus du réseau. 61 % des utilisateurs interrogés ont confessé s’être déconnectés plusieurs semaines. Manque de temps, perte d’intérêt… On s’ennuie de plus en plus sur Facebook. C’est un problème car le réseau est de moins en moins vu comme un outil incontournable. Et parallèlement, d’autres réseaux comme Pinterest, Google+ et surtout Twitter montent de plus en plus. La concurrence est rude.
L’âge d’or de Facebook est derrière lui. C’est compréhensible : le temps de la découverte est fini. On ne ressent plus l’excitation de la nouveauté, l’impression d’être sur un site Internet à la pointe de la modernité quand on s’y connecte, contrairement à ce qu’il était en France en 2008/2009.
Nuançons : le réseau reste toujours extrêmement fréquenté, c’est indéniable. Le géant semble à l’heure qu’il est, inébranlable. Voir Facebook fermer un jour reste, actuellement, du domaine de la science-fiction. Mais pour éviter une perte d’utilisateurs conséquente qui arrivera un jour si rien ne se passe, Facebook décide d’innover. Le Graph Search dans ce contexte est une révolution qu’il fallait faire pour que le roi des réseaux ne perde pas sa première place.
Le Graph Search est une bombe à retardement
Mais il pose d’énormes problèmes. Et cela pourrait très vite dégénérer.
Il y a, bien sûr, l’éternel problème de la confidentialité du réseau. Car pour l’instant la nouvelle fonctionnalité devrait être étendue pour tous les utilisateurs. Tout ce que nous avons publié et aimé depuis notre inscription pourra faire l’objet d’une recherche. Le problème de Facebook est situé dans la communication qu’il fait autour de la confidentialité. Leur credo en la matière pourrait être le suivant : « vous pouvez tout rendre privé, c’est disponible mais il faut chercher. » La communication autour de ces paramètres existe, une page a été dédiée au moteur mais il faut aller les chercher. On peut donc rendre nos likes et nos photos privés, on peut éviter de se géolocaliser à tout va.
Le Like au cœur du réseau social
Mais franchement, à quoi ça sert ? Si on décide de ne plus partager nos photos et nos likes, qu’est ce qui différencie Facebook d’une plate-forme de mail ? Les photos peuvent certes être gérées par d’autres réseaux. Mais l’interrogation est surtout de mise pour le service des likes, existant depuis le 9 Février 2009. Voilà sans doute la seule et unique énorme révolution faite par Facebook. Le bouton est devenu l’essence du réseau.
Véritable outil d’interaction, ce dispositif recouvre désormais énormément d’usages. Je vous recommande la lecture de ce bel article proposant une typologie des différents likes. Qui voudrait rendre privés ses likes dans ce contexte ? A quoi ça servirait de liker juste pour soi ?
Pourtant souvenons-nous : à l’origine le like ne recouvrait pas autant d’usages. Je me rappelle surtout de cette mode courant 2010 qui visait à liker à peu près tout et n’importe quoi, si possible des pages pratiquant la dérision et l’humour noir pour faire rire les amis. J’ai ainsi redécouvert que j’avais aimé par exemple « monter dans la voiture d’un inconnu en sortant de l’école » (32 623 fans actuellement), une page douteuse appelée « moi, mes problèmes je les règle avec une scie et des sacs plastiques » (70 704 fans) ou encore le très moyen « Chérie, n’oublie pas ta pilule, on n’a plus de place dans le congélateur » (89 447 fans).
Or ces likes du passé, enfouis tout au fond de ma Timeline remonteront à la surface avec le Graph Search et mon e-réputation en prendra un coup.
Mais le problème est bien plus profond et plus grave : le moteur deviendra l’outil de stalking ultime, le meilleur moyen de découvrir des dossiers croustillants sur vos amis. Mais votre boss, lui, pourra faire la même chose si vous avez fait l’erreur de l’ajouter ou si vous aimez la page de l’entreprise pour laquelle vous travaillez. Ainsi, le Community Manager pourra s’il le veut venir fouiner et découvrir des choses qui pourraient ressortir au mauvais moment. Et pour les activistes de pays dictatoriaux ? On pourra très vite vérifier quelles sont les personnes qui ont aimé il y a quelques années telle ou telle organisation révolutionnaire.
Le Graph Search rend visible l’invisible
Il y a de manière peut être plus anecdotique un autre problème posé par  le Graph Search. Il est nouveau en ce qu’il propose de manière publique un outil de tri de toutes nos données. Mais cet outil n’est pas nouveau. Il est utilisé depuis longtemps par le réseau pour vendre nos données à des entreprises dans le but de créer des publicités extrêmement ciblées. Le problème est que l’outil va rendre publique une méthode de tri qui était jusqu’ici invisible. Les utilisateurs pourraient se rendre compte de ce que sont réellement le ciblage publicitaire, l’ampleur de sa précision et de notre vulnérabilité. Attirer l’attention sur une méthode qui existe mais pour laquelle une politique de l’autruche existe – du côté des utilisateurs – n’est peut être pas la meilleure des idées. Mais c’est un effet secondaire qui pourrait très vite porter un énorme préjudice au réseau.
Le Graph Search pourrait donc vite devenir une bombe à retardement pour Facebook.
On a souvent comparé Facebook à Big Brother. Cette fois, véritablement, la comparaison a lieu d’être. Et si Facebook ne communique pas plus et ne prend pas ces problèmes en compte, ça risque de se passer très mal.
 
Arthur Guillôme
Sources
Le Cercle – Les Échos
20 Minutes
Le Figaro Blogs

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Flops

Manger du Nutella c'est pas bien

 
La commission des Affaires sociales du Sénat a adopté le 7 Novembre dernier un « amendement Nutella », présenté dans le cadre du projet sur la sécurité sociale. Cet amendement vise à taxer à 300 % l’huile de palme. L’argument écologique est avancé pour justifier les 40 millions d’euros qui entreraient dans les caisses de l’Etat. Ferrero, inventeur et distributeur de la fameuse pâte à tartiner, monte alors très vite une cellule de crise. Le 16 Novembre, il publie dans divers journaux un communiqué de presse sous le titre « Nutella, parlons-en » accompagné d’un site internet. Le 21 Novembre, on apprend que l’amendement est  refusé mais qu’il sera réexaminé dans le cadre d’un projet de loi sur la santé en 2013. Pourtant la campagne papier de Ferrero continue. Un compte Twitter est ouvert le 2 Décembre. Le communiqué continue d’être publié, comme dans le Libération du 3 Décembre augmenté d’un lien vers le compte Twitter.
Le fait que l’entreprise continue sa campagne alors que l’amendement a été refusé intrigue. Comment expliquer la réaction de Ferrero à un bad buzz relativement faible comparé aux moyens mis en œuvre pour le contenir ? Le danger est là : à force de vouloir le contenir, la marque attire l’attention du consommateur occasionnel qui aurait pu passer à côté du débat.
Il sera ici question d’analyser cette campagne pour soulever un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur : le lobbying orchestré directement vers les consommateurs.
Le publi-communiqué
Ce communiqué semble s’adresser aux consommateurs, qui seraient directement touchés par la taxe. Sur le ton de la transparence, Ferrero clarifie la situation en répondant point par point au débat « injuste et opportuniste » dont il se clame victime.
En somme, la marque rassure les consommateurs autour d’un communiqué qui se veut simple, explicatif, transparent (ce qui est d’autant plus surprenant de la part de Ferrero, entreprise réputée pour son opacité) et scientifique, comme le prouvent les deux renvois en bas de page et le graphique nutritionnel. Le tout rédigé sur un ton bienveillant : le consommateur est rassuré. Et Ferrero se positionne en tant que victime d’un débat illégitime. Il est curieux de voir que la marque décide de se tourner vers les consommateurs au lieu de toucher directement le gouvernement. Au-delà de la volonté de rassurer les consommateurs, nous assistons ici à une véritable campagne de lobbying d’un nouveau genre, tournée vers les clients.
Un lobbying d’un nouveau genre
Par lobbying, j’entends une action visant à se positionner comme victime et à appeler un groupe de personnes à créer un collectif de soutien à la marque. Dans notre cas, le groupe est le client. Et la victime Ferrero. Dans le communiqué, les mots « injuste », « idées reçues », « opportuniste » et « communication opportuniste » sont employés. Les écologistes et dans une certaine mesure l’Etat Français feraient un abus de pouvoir, illégitime et infondé face à une marque transparente contre laquelle on ne peut alors plus adresser de reproches.
Ainsi, au-delà des arguments visant à redorer l’image de la marque, Ferrero joue la carte du digital. Grâce à ce communiqué et à sa stratégie digitale, la marque tente de créer un lien direct avec les consommateurs. Cela entre dans la stratégie plus globale de transparence caractérisant cette gestion de crise.  Est-ce que ça marche ?
Le résultat est contrasté. Quatre jours après la création du fil Twitter on compte 195 Followers. En revanche sur Facebook, un groupe de clients s’est formé sous le nom « touche pas à mon pot ». Ce groupe, très actif, reprend systématiquement l’actualité relative au Nutella, en France et en Belgique. On y trouve des débats entre les « pro »-Nutella et ses détracteurs. Le groupe compte 1 984 fans. Cependant, l’argument central n’est pas une préoccupation environnementale ni nutritionnelle, mais budgétaire. C’est contre l’augmentation en elle même que ce groupe se positionne. L’approche du groupe Facebook est clairement ego-centrée : ce qui compte c’est le prix en augmentation de ce produit tant chéri, ce n’est pas la marque ni son image. Même si elle ne sera que de 5 centimes pour un pot familial de 850 grammes.
On peut cependant discerner une seconde cible : les journalistes. Le publi-communiqué insère des informations facilement réutilisables par les journalistes. Le fil Twitter, lui, semble être exclusivement dirigé vers eux. Il suit des comptes de grands journaux et tweet à chaque fois qu’un article est publié sur ce sujet. Ainsi, Ferrero montre qu’il est actif dans le débat, prêt à répondre à toutes accusations. Cette présence réduit fortement les critiques des journalistes dans la mesure où ils savent qu’ils devront nécessairement répondre de leurs publications.
On assiste donc à une forme de double lobbying, de plus en plus fréquente. Séphora et son communiqué à propos de l’heure de fermeture de son magasin des Champs Élysée en est le plus récent exemple. Dans notre cas, Ferrero tisse un lien ténu avec les consommateurs qu’il touche directement grâce à une logique fondée sur la bienveillance. Cependant l’effort de transformer le bad buzz en quelque chose de positif semble vain : il y a une certaine passivité chez les clients, uniquement concernés par l’augmentation du prix. La marque touche aussi les journalistes, auxquels elle fournit une ligne d’informations et un suivi systématique des articles, leur laissant peu de marge de manœuvre pour répondre.
 
Arthur Guillôme
Sources :
Rue89
Paroles De Géographes – Le Monde
Huffington Post
France TV Info
 

Société

Sécuriser des courants d'air

 
S’il y a bien une chose dont internet ne s’accommode pas, c’est la sécurité ; en témoigne la récente vague d’indignations qui a agité les médias et les internautes concernant une hypothétique fuite de messages privés dans les fils d’actualité – publics – des utilisateurs de Facebook. En témoigne également cette étude menée par Havas Media sur les « Déconnectés 2.0 », selon laquelle 35 % des internautes considèreraient « l’insuffisance de la protection des données personnelles comme un frein à l’utilisation d’internet ».
De fait, un internaute est chaque jour confronté à une inscription qui requiert le saint des saints, le sésame : la combinaison identifiant/mot de passe. Passons sur le fait que le protocole utilisé dans la majorité des cas pour encrypter ces données – pour le moins sensibles – soit obsolète depuis sept à huit ans, mettons également de côté le fait que beaucoup de sites web stockent aujourd’hui les identifiants et mots de passe de leurs utilisateurs sans chiffrement aucun.
Restent alors des utilisateurs dont le réflexe demeure d’utiliser des identifiants simples et, pis que tout, d’utiliser les mêmes quels que soit le site en question : c’est alors autant de dominos, un maillon donnant accès à toute la chaîne. Pour exemple, en mai 2012, un jeune américain dénommé Chris Chaney a piraté des dizaines de boîtes mails de stars hollywoodiennes. Sa technique ? Celle d’un hacker ultra-brillant, doté de connaissances pointues dans les systèmes d’information ? Loin s’en faut. Il lui a suffi d’une unique adresse mail, et d’en retrouver le code grâce aux fameuses questions secrètes (dont les réponses se trouvent dans n’importe quel magazine people…) : il a paramétré le compte pour recevoir automatiquement tous les messages qui y étaient émis ou reçus, et a pu accéder à un répertoire complet d’autres comptes où s’infiltrer.
Mais, à la source, le premier problème est la confiance que l’on octroie à ces services en ligne : une start-up dérisoire pourrait trouver alléchant de vendre son carnet d’adresse pour renflouer ses caisses. Et quant aux mastodontes, tels que l’IEEE, les multiples scandales sur la fuite d’identifiants ne sont pas pour nous rassurer.
Au petit jeu de la sécurité sur internet, Macintosh a longtemps fait figure d’exception : pas de virus, pas d’infection, une sécurité optimale. On lui a volontiers opposé les déboires de Windows, perclus de virus.
Mais à l’heure où le Mac représente près de 12 % des ordinateurs et où l’iPhone représente 17 % des smartphones dans le monde, les attaques se multiplient contre le système d’Apple. Et là où Microsoft a acquis un savoir-faire et une expertise dans le domaine, Apple se trouve démuni, tant sur la plan technique que sur celui de la communication.
C’est en effet l’un de ses arguments-phares qui s’effondre, et la réaction de la première valorisation boursière au monde n’est pas pour accroître sa crédibilité : après la découverte du virus Flashback infectant 600 000 ordinateurs, il a fallu plus d’un mois à la firme pour proposer un correctif. Plusieurs éditeurs d’antivirus l’avaient devancé, de deux semaines pour le plus réactif.
Mais les acteurs de l’internet et des nouvelles technologies savent à quoi s’en tenir : rares sont ceux qui s’aventurent à communiquer sur la sécurité qu’ils proposent. Un exemple parlant ? La page d’accueil du Cloud (service de stockage en ligne) de Google, « Google Drive », vante l’accessibilité du service, la possibilité de partager ce que l’on y stocke, l’espace disponible, la facilité de collaboration autour d’un document…  Un absent, vous dites ? En effet, quid de la protection des documents ainsi mis en ligne ? Ne cherchez plus : le nom « Google » passe pour être une caution suffisante dans ce domaine. Pour être tout à fait honnête, Google aborde bien la question de la sécurité, avec cet argument : si votre ordinateur vient à imploser, pas de panique, tout est en ligne. Voilà tout. Rappelons qu’il n’a fallu que quelques heures au FBI pour saisir les serveurs de Megaupload (et donc leur contenu).
Le premier des risques aujourd’hui est la banalisation : l’illusion de sécurité diminue la vigilance des internautes, rentrer un mot de passe et un identifiant (couramment identiques pour plusieurs services) suffit souvent à nous faire croire que l’on possède l’unique clef d’une porte infranchissable ; sans penser une seconde à ceux qui s’introduisent par la porte de derrière, et sans s’imaginer que le propriétaire pourrait être demain celui qui ouvrira grand les fenêtres. Ajoutons que la multiplication des achats sur internet, donc la diffusion des données bancaires, tend à rendre la fuite de données personnelles nettement plus rentable. Enfin, on soulignera qu’a contrario, et à défaut d’éduquer les utilisateurs, une société comme Amazon ne manque pas d’ingéniosité pour s’assurer un contrôle total et sans partage sur ses livres électroniques, au point de pouvoir les effacer sur votre liseuse, et ce sans vous en avertir. Deux poids, deux mesures ?
 
Oscar Dassetto

 

Société

Le jeu vidéo : un produit culturel pas comme les autres

 

L’an dernier, à cette même date, ils étaient 180 000. 180 000 à se presser aux portes du salon Paris Games Week, dont la 3ème édition s’est déroulée cette année à la Porte de Versailles du 31 octobre au 4 novembre. Un chiffre impressionnant pour un produit culturel qui ne cesse de croître : le jeu vidéo.
En effet, si autrefois le jeu vidéo était synonyme de repli sur soi et si jouer était une activité marginale,  l’industrie vidéo-ludique se retrouve à présent propulsée sur les devants de la scène. Le jeu vidéo sur l’année 2011 représente 2,7 milliards € de chiffre d’affaire, et ce seulement en France. Le produit culturel le plus vendu en 2011 n’est ni un livre, ni un film… mais un jeu, Call of Duty : Modern Warfare 3, qui a récolté en 5 jours de commercialisation la bagatelle de 775 millions de dollars. Mais ce qui attire l’attention, ce n’est plus seulement l’importance que prennent ces grosses franchises du jeu vidéo. Ces dernières années, en effet, le jeu vidéo traverse de profonds changements. De plus, on ne vend pas un jeu vidéo comme on vendrait un autre produit : les enjeux sont différents, les techniques également.
L’évolution des joueurs est manifeste, et bat en brèche tous les clichés. Tout d’abord, on peut noter que tout le monde joue. 63 % des Français de 10 ans et plus ont joué aux jeux vidéo. L’âge moyen des joueurs est de 35 ans et est en constante augmentation. Il va donc falloir apprendre à s’adresser à de nouveaux joueurs, plus vieux, et qui ne rentrent donc plus dans la cible visée par la communication traditionnellement plus orientée vers les adolescents. C’est ce qu’a compris avant les autres le japonais Nintendo, avec sa Wii, dont les multiples programmes pour garder la ligne et un esprit vif (Dr Kawashima) ont rencontré un franc succès chez les joueurs plus âgés.

La deuxième évolution dément elle aussi un préjugé depuis longtemps ancré. En effet, 52% des joueurs sont… des joueuses. Le public masculin n’est plus prédominant, et les développeurs et éditeurs l’ont compris : il s’agit de produire des jeux qui plairont aux filles ! Plaire aux petites filles donc, avec beaucoup de jeux « girly » estampillés Barbie ou Littlepetshop, mais aussi aux plus grandes : le contenu des jeux ne mise plus tout sur la violence, et s’enrichit de cette nouvelle identité du public. Cela se traduit dans les jeux même par l’apparition de personnages féminins principaux aux personnalités fortes, qui change des stéréotypes sexualisés qu’ils endossaient auparavant. Toutefois, la sexualisation du marché est toujours forte, et les efforts ne sont que des pistes qu’il faut continuer à explorer. Par exemple, Jade de Beyond Good and Evil, est une journaliste-reporter-aventurière qui va dévoiler à ses lecteurs un bien sombre complot… Bien loin d’une Lara Croft dont le seul intérêt sont ses atours  qui attirent la gente masculine.

Au delà de ce changement de public, le jeu change aussi de pratique. On ne joue plus de la même manière. Tout d’abord, on ne joue plus seul, on joue en réseau. 73% des joueurs pratiquent le jeu en ligne. Cette mise en commun du jeu contribue à créer de véritables communautés qui échangent et influent sur le jeu avec un pouvoir colossal, parfois même trop important. L’année passée le studio Bioware, et son jeu Mass Effect 3 en ont fait les frais : les fans, déçus devant la fin de la trilogie qui ne tenait pas toutes ses promesses, ont tenu à faire entendre leur voix. Ces fans, par leurs actions sur les forums du jeu, sur les réseaux sociaux et sur ces outils « online » mis à leur disposition, ont fini par obtenir gain de cause. En effet, le studio a décidé de modifier son jeu en ligne pour en changer la fin ! Cela pose d’énormes questions : à qui appartient l’œuvre vidéo-ludique ? Ce comportement et cet engouement semble là encore propre au jeu vidéo : il est peu concevable d’aller voir un réalisateur pour aller lui demander de modifier la fin de son film !

Mais le changement de pratique vidéo-ludique se ressent par dessus tout sur l’évolution des supports. Le jeu traditionnel est amené peu à peu à disparaître.

Le nouveau marché est axé autour de deux supports principaux : les réseaux sociaux, et les smartphones et tablettes.
En ce qui concerne les réseaux sociaux, Facebook a pris une longueur d’avance, avec une application dédiée aux jeux, appelée Games Feed. Le succès est au rendez-vous : Sur Facebook, 350 millions de joueurs jouent ensemble, soit 53 % des utilisateurs.
Le marché des jeux sur portable est en pleine expansion. Ce seul marché a dégagé 5,2 milliards  d’euros de chiffre d’affaire dans le monde en 2011. Et certains « hits » en récoltent les fruits : les petits oiseaux énervés d’Angry Birds se sont plus vendus en 3 ans que Mario en 30 ans.
Les effets, prenant une telle ampleur, ne pouvaient rester circonscrits au seul milieu des jeux vidéo. La communication elle-même lorgne de plus en plus du côté du jeu, via l’ « advergaming ». Il s’agit de divertir, tout en faisant passer un message ou en vendant une marque. Cela peut se faire en introduisant le message dans un jeu (très présent dans les jeux sportifs ou automobiles), ou en faisant passer le message via une forme vidéo-ludique. (Cela est très présent sur Internet, notamment sur Facebook.)
Au vu de toutes ces évolutions, le marché culturel étrange et grandissant du jeu a probablement encore de beaux jours devant lui…
 
 Clément Francfort
 

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Edito

Fail de Fringues

 
C’est déjà la rentrée pour les Celsiens et les rédacteurs sont ravis de reprendre le travail. Le blog nous a manqué et nous espérons que vous serez nombreux à nous suivre lors de cette reprise. Après un mois de vacances quasiment coupée du monde, il m’a semblé très difficile de trouver un sujet approprié pour cette rentrée et pourtant ! C’est au détour d’une page du dernier Elle qu’un sujet s’est imposé à moi.
Pour la plupart d’entre nous, Kookaï n’est qu’une marque de vêtements pour jeunes femmes parmi d’autres. Que l’on aime ou pas, c’est également une marque qui fonctionne bien. Cependant, il semblerait que celle-ci ait une histoire plutôt mouvementée quand il s’agit de communiquer vers le grand public. Dès la fin des années 90, Kookaï pouvait se vanter d’avoir fait parler d’elle avec sa saga mettant en scène l’homme objet sous l’emprise du Girl Power. Si le ton de la marque se faisait plus discret ces derniers temps avec de mignonnettes campagnes illustrant la femme Kookaï toujours plus ingénue, il n’aura fallu qu’un seul visuel pour replacer la marque aux côtés de provocateurs comme Benetton… Mais comme Benetton, c’était peut être la campagne de trop. L’année dernière, les visuels des chefs politiques aux bouches délicatement appuyées ont fait le tour du monde. Reste à espérer que ce ne sera pas le cas de la dernière campagne Kookaï, déjà largement visible dans les magazines féminin du type Elle, Grazia…
Voici les 3 visuels constituant la campagne « Cool but Chic » :

Trouvez l’intrus !
Et voici comment la marque présente elle-même cette nouvelle campagne sur sa page facebook :
« Nous découvrons la femme KOOKAÏ, tout au long des visuels, dans ses contradictions qui en font ce qu’elle est : Une femme vraie et glamour. Tous ses petits défauts sont sublimés par sa classe incontournable. Cool but Chic représente ce mariage talentueux entre authenticité et sophistication ! »
Vous l’aurez sûrement deviné, l’image qui dérange est la troisième car même si les deux premières ne présentent pas de grand intérêt (en particulier si l’on s’attarde sur la traduction se voulant fine et espiègle) elles rentrent plus ou moins dans les codes actuels de la communication du secteur. Loin de moi l’idée qu’il faille rester dans les codes, au contraire, je pense que le public est ravi d’être surpris par toujours plus d’audace. Avant de foncer tête baissée dans le débat sur l’anorexie, la mode, les mannequins russes de 14 ans qui tombent comme des mouches, j’aimerais prendre une seconde pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête des concepteurs de cette campagne. On est en droit de se demander si la marque s’est sentie l’âme créative et s’est lancée elle-même dans la réalisation ou bien si une agence se cache véritablement derrière ce travail (auquel cas ce serait très inquiétant). Ma lecture la moins négative de ce message différera peut être de la vôtre. Il m’a semblé que la marque cherchait à dire que cette jeune fille était « affamée » (cf la traduction si délicate) car elle préférait dépenser ses sous pour s’acheter des vêtements chez Kookaï. Cependant alors que j’écris ces mots, j’ai peine à croire que l’on puisse se planter autant. Car il est évident que la première signification de ce message est : « affamez vous pour être maigres donc chics ». Et d’ailleurs, après avoir publié les trois visuels sur sa page Facebook, la marque a du faire face à deux plaintes de ses fans concernant la jeune fille « Hungry but chic ».
Voici la plus pertinente d’entre elles :
« I think this is so wrong on so many levels, I know that it’s just an advertising but hungry is not chic, hunger is not chic, and by making this ad you are promoting the ugly fashion industry that is growing, thinner models, saying that you need to be skinny to be chic and encouraging young girls to starve themselves. »
Traduction : « Il y a tellement de choses qui ne vont pas avec ce visuel, je sais que c’est juste une publicité mais être « affamée » n’est pas chic, la faim n’est pas chic, et en réalisant cette pub vous faites la promotion de l’hideuse industrie de la mode qui entretient des top models de plus en plus minces, en disant qu’il faut être maigre pour être chic et en encourageant de jeunes filles à s’affamer ».
Et voici la réponse du community manager en charge de la page :
« Bonjour,
Certain(e)s d’entre vous ont réagi au visuel HUNGRY BUT CHIC. Cette affiche montre comment se faire pleinement plaisir tout en restant élégante, même prise en flagrant délit de gourmandise… L’image véhiculée par notre publicité montre une femme moderne et mode, à la personnalité affirmée, qui garde un certain décalage humoristique en toutes circonstances. Cette campagne comporte 3 visuels qui vont dans le même sens : la femme du visuel MESSY BUT CHIC assume le désordre de son sac à mains tout en restant élégante et SINGLE BUT CHIC montre une femme qui sait rester mode, même en changeant le pneu sa voiture.
Voici de quoi vous rassurer sur l’intention de notre marque.
Bonne journée à tous nos fans !
KOOKAÏ”
Je ne sais pas si vous êtes rassurés mais c’est loin d’être mon cas…
Affaire à suivre…
Marion Mons
Sources :
Et Kookaï sortit de l’anonymat par Véronique Richebois – 02/08 – Les Echos
Page Facebook de Kookai

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Bernard de la Villardière
Les Fast

L’avis privé des personnes publiques

 
Dans la vie de tous les jours, sur votre compte facebook ou twitter, vous racontez votre vie, vous partagez des liens, des idées, et souvent vous émettez des avis et des opinions. Surtout en cette période politique cruciale : on voit fleurir les statuts ou les tweets de soutien à tel ou tel candidat(e) à la présidentielle.

Si vous pouvez faire tout  cela sans scrupule, c’est que vous n’êtes pas une personnalité publique ! En effet, suite à un tweet de Bernard de la Villardière qui, semble-t-il, montrait ses positions en matière politique, M6 a rappelé à l’ordre ses salariés, et en particulier ses animateurs et journalistes les plus connus. Dans un courriel, la direction d’M6 leur demande de « ne pas exprimer d’opinion politique personnelle » sur leurs comptes sociaux. Elle leur rappelle aussi que leurs tweets et statuts doivent « loyauté » à leur chaîne : il n’est pas question de critiquer un programme d’M6 par exemple !
Sur twitter, Bernard de la Villardière fait face à de nombreuses critiques et se défend d’avoir exprimé son opinion politique. « Un commentaire vaut-il prise de position ? Non ! », écrit-il.
La question est tout de même délicate : le compte twitter ou facebook d’un individu est le sien : pourquoi n’aurait-il pas le droit d’émettre sa propre opinion ? On voit d’ailleurs souvent dans les profils twitter la phrase suivante : « mes tweets n’engagent que moi ».
Alors, un tweet n’engage-t-il que soi ? Où est donc la limite entre vie privée et vie publique, entre vie professionnelle et vie personnelle ?
En attendant d’avoir la réponse à cette question, profitons de pouvoir écrire librement sur nos réseaux sociaux, nous, pauvres mortels inconnus !
 
Claire Sarfati
Crédits photo : ©B. de la Villardière

Campagne du Bon Marché pour les TBM par Les Ouvriers du Paradis
Edito

The Mistaken Identity

On le sait tous, enfin tous ceux qui ont vu le chef d’œuvre cinématographique The Social Network, Facebook est né d’une envie de vengeance et de valeurs peu catholiques. Alors quoi de plus étonnant que l’usage parfois « détourné » que l’on en fait maintenant ? Dans une vision du monde toute rose, Facebook ne serait qu’un réseau destiné à nous réunir en toute convivialité pour un pur moment d’amitié bien ordonnée. Seulement, une fois les lunettes de soleil hyper kitsh ôtées du pif on se rend vite compte qu’il n’en est rien. Sans tomber dans l’extrême malveillance, il me semblait intéressant de vous faire part d’une récente expérience.
Je ne vous apprends rien en vous disant que Facebook est la plateforme rêvée pour lancer des rumeurs en tout genre. Les statuts apparaissent depuis longtemps sur un fil d’actualité visible par tous les contacts (et parfois plus) mais cela ne fait que quelques mois que les statuts jugés les plus intéressants restent en haut de l’affiche afin d’être vus et revus par tous ceux qui auraient eu la malchance de ne pas les lire dès leurs postages. Les photos prennent de plus en plus d’importance. Celui qui a dit qu’une image valait un millier de mots devait être un fan des Motivational Pictures : ces fameuses photos que les gens se postent sur leurs wall respectifs entourées d’un cadre noir avec un message parfois moqueur, parfois blagueur.
J’aurais adoré que l’on m’explique le rapport entre le nom qui leur a été attribué – Motivational – et l’actuelle photo visible sur mon fil d’actualité d’une femme au fessier important se tenant devant une voiture conduite par un chien…
Enfin, je divague, mon but n’étant pas du tout de vous parler d’un chien très doué mais d’une simple expérience. Hier matin, la filière Marketing, Publicité, Communication du Celsa a été conviée à une conférence des plus intéressantes sur le Branding par le Groupe Medinge. Ce groupe, basé en Suède, est un Think-Tank ou laboratoire d’idées qui décerne chaque année les prix « Brands with a Conscience »*. Tout ça pour dire que nous étions entourés de têtes pensantes dont une qui a particulièrement attirée notre attention. Sur la base d’un quiproquo, une femme du nom de Brigitte Stepputis a été confondue avec Vivienne Westwood. Il semblerait que cette femme travaille pour la marque mais n’ayant été présentée que sous le nom de celle-ci, vous comprenez bien que nous ayons eu un doute. Sans compter que la ressemblance physique (de dos) était trompeuse. D’un élan enthousiaste, mes doigts font leur chemin sur le clavier pour partager au mieux cette information :

En quelques minutes seulement, mon statut a été liké plus de fois que mes derniers statuts mis ensemble (vous me direz, je suis pas bien populaire non plus). Alors que les likes augmentaient, le fait que personne ne remette en question la véracité de cette information me taraudait. En effet, il m’est apparu que de plus en plus de gens tendaient à croire naïvement ce qu’ils lisent sur Facebook. En dehors de la première dimension gossip du site – qui ne nous leurrons pas est aussi la raison de notre présence accrue – on peut également trouver celle de l’actualité, mais pas n’importe laquelle. L’internaute se plaçant en médiateur n’est pourtant jamais incité à prouver la véracité de ses propos. Bien au contraire, il a tendance à être instantanément cru car qu’en retirerait-il ? Surtout que dans un objectif de m’as-tu-vu, légitimé par le site, il serait bien mal venu de sa part de propager une information dite d’actualité qui soit fausse.
Ou bien, on peut se demander s’il est véritablement important que celle-ci soit véridique ou non, tant qu’elle alimente les débats… On en revient donc à la bonne vieille rumeur et à toutes les conséquences dévastatrices qu’elle peut engendrer. Sans tomber dans l’exagération, il faut reconnaître que la plupart restent gentillettes.
Il me fallait tout de même vous le dire, mon statut était faux !
Brigitte pardonne nous notre ignorance…
 
Marion Mons
Crédits photo : ©Le Bon Marché / Agence : Les Ouvriers du Paradis

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Publicité pour Yummypets représentant un chien triste de ne pas avoir son profil
Archives

Jakadi qu’il fallait inscrire son minou sur Yummypets…

Il n’est pas véritablement le premier réseau social pour animaux, comme on a pu le lire ou l’entendre dans les médias. Yummypets arrive après Woopets, Zanibook, ou encore Mypety – autant de plateformes qui permettaient déjà aux internautes de créer une sorte de profil Facebook à leurs minous, toutous, et autres bêbêtes. En cela, il semble que l’agence de communication bordelaise Octopepper qui a lancé le projet ait plutôt réussi son coup : de nombreuses chaînes télévisions y ont consacré un mini reportage (pas très fouillé, puisque toutes ont présenté le réseau comme un concept absolument innovant), et l’information a également été relayée sur le web. Mais pourquoi 150 maîtres de plus chaque jour y inscrivent-ils leur Médor, et pourquoi cela a-t-il tant intéressé les médias ?
La plateforme de Yummypets est bien plus accueillante, plus séduisante que celle des réseaux concurrents – si l’on peut parler de concurrence. Le design est agréable, les diverses catégories apparaissent clairement et le tout semble très simple d’utilisation. Aucun internaute un peu familier des réseaux sociaux n’aurait de mal à comprendre comment l’utiliser, ni à s’approprier ses fonctionnalités. Le propriétaire, après avoir renseigné quelques informations personnelles, établit un profil pour son animal, exactement comme il l’aurait fait pour lui-même : pseudo, description, photos, etc. Les rubriques livres, émissions et films favoris, grâce auxquels nous nous caractérisons sur Facebook, ont été remplacées par « plats », « jouet préféré », « place préférée » ou encore « plus grosse bêtise »… Je vous passe les florilèges et vous laisse le soin d’aller voir par vous-même, les Curieux…
A côté de cela, les utilisateurs ont la possibilité de se faire des amis, ou encore de devenir fan d’autres animaux – de les « suivre », un peu comme sur Twitter. D’ailleurs, certains profils « privés » sont accessibles uniquement si l’on est inscrit sur Yummypets et que l’on suit l’animal en question. Restreindre les contenus visibles, ou augmenter la part d’invisible : une manière d’inciter les simples visiteurs curieux à s’inscrire… D’autant que le réseau social propose plusieurs fonctionnalités invitant les internautes à interagir, tel que le « cute or not cute », qui permet d’élire parmi deux toutous/minous/pioupious le plus mignon ; le nombre de participations s’élève déjà à 20 000. Les concepteurs organisent également chaque mois un concours photo à thème – en ce moment, c’est « le plus bébé du mois »… Le but de toutes ces manœuvres est bien évidemment d’augmenter le temps passé sur le réseau à chaque visite : aujourd’hui, les membres y restent en moyenne 15 minutes par jour ! Cela pourrait sembler peu, mais c’est déjà considérable compte tenu la jeunesse de Yummypets et le nombre encore assez réduit de membres et de fonctionnalités. Et le virus est amené à se propager grâce à la page Facebook et au compte Twitter dédiés au réseau, qui sont incroyablement bien animés.
Le potentiel du réseau social apparaît donc plutôt intéressant. Si pour l’instant les fondateurs d’Octopepper disent ne pas vouloir « monétiser très vite » – « on n’est pas des marchands d’animaux. On veut conserver l’affect. » –, le concept pourrait devenir rapidement rentable. Les entreprises exerçant dans le secteur animalier devraient y voir un support publicitaire formidable – quel meilleur endroit qu’une communauté complètement dingo des bêbêtes pour trouver de nouveaux clients ? –, et M. Glayrouse parle déjà de la mise en place éventuelle d’une boutique en ligne… Ingénieux. D’autant que l’application pour Iphone est prévue pour fin février…
Mais mettons entre parenthèses ce que Yummypets rapporte d’un point de vue stratégique et économique pour se pencher sur ce qu’il apporte aux utilisateurs. « On s’est dit que, comme ça, les gens allaient beaucoup plus se lâcher », déclare le concepteur. Et il n’avait pas tort : le réseau social animalier rapproche ses membres, et il les rapproche certainement plus que Facebook ou Twitter, sur lesquels ils s’efforcent souvent d’entretenir une certaine image, promouvant leur profil dans une logique de personal branding. Sur YP, les utilisateurs se permettent des réactions plus spontanées – plus « bêtes » aux deux sens du terme ! – parce qu’ils savent qu’ils sont entre eux, entre grands amateurs d’animaux, et qu’ils parlent et agissent de toute façon derrière le masque de leurs compagnons poilus. Non non non, ce n’est pas moi qui fait/dit cela, c’est Caramel, mon cochon d’Inde !
Si tout cela apparaît fort sympathique, et fort commode, il reste un risque important : celui de commencer à se voiler la face et vivre par procuration…
 
Elodie Dureu
Crédits photo : ©Yummypets

Profil facebook faux d'Adam Barak Janvier 2012
Société

Avec ou sans drogue, la Timeline c’est toujours aussi inutile

Ou inversement….
Quand un annonceur décide de s’approprier le nouveau Facebook Timeline, ça donne ? Une campagne anti-drogue basée sur une asymétrie « avant/après » ou plutôt « avec/sans ». L’idée est bonne et originale mais selon moi inefficace ou du moins, mal exploitée (sans compter qu’il y a violation du règlement du réseau social en ce qui concerne les « faux » profils). Inefficace, dans une perspective préventive, j’entends ! C’est en revanche une bonne « pub » pour l’IADA (l’Israël Anti-Drug Authority), qui en est à la base. Pour les ignares (comme moi), sachez qu’il s’agit d’une organisation israélienne quasi-gouvernementale, sous la coupe du Premier Ministre, mise en place en 1988, chargée de mener une véritable guerre contre la drogue et, plus récemment, contre l’abus d’alcool. Pour ce faire, elle conçoit et coordonne des campagnes de prévention et de sensibilisation, facilite l’accès aux cures et aux divers traitements, aide au respect de la loi, mène des recherches sur le sujet.
J’invite ceux qui ne seraient pas encore tombés sur le faux profil d’Adam Barak, à y jeter un œil. Le concept est bien trouvé : pas de meilleur moyen pour toucher les principaux intéressés que de s’immiscer dans leur petit monde virtuel, mais cela aurait certainement pu être utilisé à meilleur escient. Pas de quoi engendrer une réelle prise de conscience, ni de quoi vous choquer. En réalité, sept photos se battent en duel sur cette ligne du temps, censée opposer un an d’une vie « avec » drogue à un an d’une vie « sans ». En ce qui me concerne, cela m’a (presque) fait sourire. Quoique ! Au final, s’il n’y a rien d’attrayant, ni de risible (j’en conviens) dans la vie du Adam drogué de gauche, celle de l’Adam clean de droite n’est pas plus folichonne. Au même titre que la saga des « Martine », Adam va au cinéma, Adam joue au basket, Adam s’habille, Adam est pris en photo dans son lit le matin. Mouais… On a vu mieux en matière de sensibilisation ! Le Adam « sans » aurait pu réaliser de grands projets, avoir un job intéressant, voyager. Non. Il ne lui arrive rien, à tel point qu’il semble avoir trouvé refuge dans la drogue ! De même que la vie du Adam « avec » est bien loin de la réalité d’un toxicomane. Seule trace de sa débauche : un bang (vide), des mégots de joints et un visage complètement tuméfié. D’ailleurs, à voir le résultat, le type a plutôt l’air d’un consommateur de crack ou de crystal meth et non de cannabis. Comble de la maladresse, une des légendes : « anyone got shit to burn? im running low… »*. Soyons réalistes, c’est un profil Facebook, et non un réseau de dealers.
En revanche, il faut souligner la dimension psychologique de l’initiative. La drogue est un calvaire pour votre entourage, détruit ceux qui vous aiment et vous enferme dans la solitude, alors que sans elle vous vivez d’amour et d’eau fraîche, vous avez une vie sociale, des amis (pas toujours !). C’est tout de même un peu léger. Finalement, seuls ceux qui ont été confrontés à une telle situation dans leur entourage, avec un proche, saisiront toute l’ampleur de ce message. Or, le jeune collégien ou lycéen tenté par ses amis, sa curiosité ou la peur de paraître ringard, n’y verra aucune mise en garde effrayante, aucun frein réel.
Alors pourquoi ne pas être allé plus loin dans le parallèle ? Pourquoi ne pas en avoir montré plus ? Pour des raisons de mœurs, sûrement. Évidemment, à chaque société, à chaque communauté, sa propre jauge du politiquement correct, du honteux, du dégradant, du vice.
Or, si la campagne s’était adressée à une culture « occidentale », aurait-il fallu être plus trash pour autant ? Ce n’est pas si évident. De nos jours, plus c’est « gore », plus c’est drôle. À l’instar des images choc des paquets de cigarettes, que les buralistes d’Ile-de-France soupçonnaient de devenir « les nouvelles vignettes Panini », il n’est pas certain que cette campagne aurait eu de toute façon les effets escomptés.
Alors, oui, nous entendrons certainement parler de ce « détournement de Timeline », mais pour ce qui est de la problématique de fond ? Pas sûr, parce que la réalité est beaucoup plus complexe que ce schéma binaire bien trop simpliste.

 
Harmony Suard
 
* « quelqu’un a de quoi fumer? j’ai presque plus rien… »  

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