paywwhatyouwant PWYW
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Seriez-vous prêts à payer avec le PWYW ?

 
Depuis plusieurs années on assiste à une transformation de l’attitude du consommateur. Force est de constater que ce dernier rejette de plus en plus la passivité qui lui a longtemps été attribuée. La tendance est en effet à une émancipation croissante du consommateur vis à vis des opérations de marketing en se rendant maître de ce qu’il consomme et de l’argent qu’il dépense.
Il se dessine aujourd’hui devant nous un sujet qui décide de la publicité qu’il souhaite voir sur les écrans − comme nous en avons eu l’exemple avec la marque Nespresso et le sexy George Clooney − un sujet qui décide de quand il veut regarder son programme télévisuel préféré, avec le service de TV à la demande, et même un sujet qui décide du prix qu’il souhaite dépenser pour un produit proposé.
Cette dernière évolution s’exprime dans le « pay what you want » (payez ce que vous voulez), ou le PWYW pour les plus initiés. C’est un système de prix participatif au sein duquel l’offrant n’impose plus un prix fixe pour le produit qu’il propose, mais laisse le consommateur en décider lui-même, générant ainsi une implication exclusive de ce dernier dans la chaîne de valeur.

D’où vient cette tendance ?

C’est le groupe Radiohead qui, en 2007, a initié cette tendance en proposant à ses fans de payer ce qu’ils souhaitaient pour le téléchargement de leur nouvel album « In Rainbows ». Si l’objectif affiché était de se libérer de l’emprise des maisons de disque, il n’en est pas moins vrai qu’ils ont créé le buzz et donc transformé l’évènement en une opération de marketing. En effet, si la majorité des personnes ont téléchargé l’album pour un euro seulement, 40% d’entre elles ont tout de même décidé d’y consacrer 8 euros. L’opération peut sembler ne pas avoir été profitable sur le plan commercial, pourtant presque la moitié des acheteurs ont reconnu la valeur marchande du produit alors qu’on leur laissait le choix de ne rien dépenser du tout.
Depuis, ce système a prospéré dans le monde de la musique et s’est étendu à d’autres domaines marchands tels que la restauration, l’hôtellerie, le tourisme et même la vente en ligne.
Ainsi, cet été, à Paris, cinq hôtels, dont certains étoilés, ont lancé une opération similaire sur une durée d’une vingtaine de jours. Et ça a marché ! Les clients ont dans l’ensemble joué le jeu en payant un prix avoisinant celui habituellement appliqué par les établissements.
Un modèle qui marche quand le lien social est plus fort
En revanche, en 2009, Brandalley, le célèbre site de vente de vêtements en ligne, avait proposé, sous le slogan « rendons le pouvoir d’achat aux français », plus de dix mille articles vendus au prix proposé par les cyberacheteurs eux-mêmes. Malheureusement pour le site, 85% de ces derniers n’ont payé qu’entre 1 et 2 euros, sans tenir compte du prix recommandé par le site, ce qui avait poussé l’e-commerçant à déclarer qu’il regrettait « l’instinct d’appropriation pur et simple [des consommateurs]» et que pour eux l’opération « payez- ce-que-vous-voulez [serait] la dernière ».
Le problème, dans ce cas-là, est bien que le consommateur paie « what he wants » et non « what he thinks is fair ». La nuance, si elle est mince, se doit d’être relevée. On remarque ainsi que l’opération est beaucoup plus concluante dans des domaines qui impliquent un rapport direct entre l’offrant et l’acheteur. Il semblerait que le lien social ait un impact sur l’attitude du consommateur et sur son éthique, élément indispensable à la viabilité de ce système. Le consommateur ne jouerait le jeu que lorsqu’il se trouverait en face de la personne offrante, ou, mieux encore, en face de la main créatrice qui a façonné le produit proposé (un concert, un hôtel, un repas…). L’expérience hôtelière menée à Paris cet été le prouve.

Le PWYW, un idéal ? …
Le PWYW serait-il un système idéal qui révolutionnerait la relation existant entre le consommateur, le produit et l’offrant ? Au vu des expériences citées précédemment, ne devrait-on pas doubler le PWYW d’une action d’éducation du consommateur à la valeur marchande des produits qu’on lui propose pour que ce système soit viable ? Ou devrait-on plutôt le transformer en un système où chacun paie ce qu’il peut payer, et non plus ce qu’il veut payer ? Dans ce dernier cas de figure, l’avancée vers l’autonomisation du consommateur en serait atténuée. En effet ce dernier y perdrait son pouvoir de décision puisque l’effort consenti dépendrait de ses moyens financiers et non plus d’une volonté personnelle.
… Ou une réalité beaucoup plus terre à terre ?
Cependant il faut bien l’admettre, plus qu’un idéal, l’idée du PWYW est une utopie. Ce système est proposé par les offrants non pas avec l’intention de le maintenir durablement, mais plutôt dans l’optique de fidéliser le client par des opérations ponctuelles et accrocheuses.

Ainsi, la société Brandalley qui avait pourtant annoncé ne plus vouloir reconduire l’opération a, contre toute attente, décidé de la renouveler les 13,14, 15 et 16 novembre prochains, mais en fixant cette fois un prix minimum d’achat et un nombre maximum de produits achetés. Si en 2009, l’opération n’a pas été rentable sur le plan financier, elle l’a bien été sur le plan du marketing : le site a pu accueillir 10.000 nouveaux adhérents et donc 10.000 nouvelles cibles publicitaires. Cette opération marketing n’est pourtant pas assumée publiquement puisque dans ses déclarations le e-commerçant assurait « vouloir avant tout faire plaisir à ses clients ».
En effet, plus qu’une nouvelle façon de consommer, le PWYW est une nouvelle façon de concevoir une action de marketing : le consommateur se laisse attirer par des manœuvres accrocheuses qui ont pour seul but de fidéliser les clients ou d’en attirer de nouveau. Ce système serait alors la version moderne de la carte de fidélité.
 
Valentine Cuzin
 
Sources :
influencia.net
lesechos.fr
ladepeche.fr
Crédits photos :
spinnakr.com
eil.com
lesbonsplansdenaima.fr

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Le street, c'est pas automatique

 
S’il y a encore un mariage qui fait débat, c’est naturellement celui de la publicité et du street-art. La tendance à cette association contestée n’est, certes, pas inédite mais elle poursuit sa systématisation et sa normalisation. Loin d’être encore perçu comme une expérimentation originale et périlleuse de la marque, le recours aux codes du street-art est désormais tristement banal. L’underground acéré s’est fondu dans la masse, à grands coups d’édulcoration et de censure. Exit les contenus politiques et sociaux contestataires, bienvenue dans le joli monde marketé du street-art gentillet.
Un mariage arrangé contre-nature
« J’essaie de faire de belles peintures et je m’arrêterai le jour ou la publicité ne m’agressera plus dans les rues » , nous dit le street-artist Lenz. Que penser aujourd’hui quand le street-art prend part au mécanisme de « pollution visuelle » qu’il prétend combattre ?
Le street-art et la publicité entretiennent originellement une relation conflictuelle, aux limites de l’antagonisme. Les Pixadores, groupe de graffeurs de São Paulo, appuient cette idée en présentant le street-art comme « une forme de protestation, de révolte idéologique ! » . Précisons que, ironie du sort ou appât du gain, ces mêmes défenseurs de l’art sauvage finiront par collaborer avec Puma en 2012 (Puma x ASOS dans « OS PIXADORES »).
L’acte originel de la profanation de l’espace publicisé (ou simplement urbain) a aujourd’hui ouvert la voie à son contraire. Le contre-dispositif qui se met en place depuis quelques années investit la publicité non plus comme victime du street-art mais bel et bien comme instigatrice et mécène de celui-ci. Le mouvement audacieux et subversif est devenu un enjeu économique, tombé dans la production à la chaîne et instrumentalisé à des fins marchandes.
Le street-art pour tous ?
La question majeure qui se pose est celle de la légitimé et de la pertinence d’une marque à communiquer via les codes esthétiques et culturels qui sont ceux du street-art. Se dessinent alors plusieurs cas de figure, que l’on peut distinguer en fonction du degré de cohérence entre l’ADN de la marque et les valeurs portées par l’art de rue (la transgression, la contestation…).
Les « vrais » de la street

Keith Haring pour Reebok (à gauche) – Modèle Toki de Nike (à droite)
Ces « vrais de vrais » sont à chercher parmi les marques qui, à l’instar de Reebok ou de Nike, ont fondé leur image même sur cette « culture de la rue ». Les collaborations avec des street-artists ou les featurings avec des rappeurs se justifient par le fait qu’ils coïncident avec la volonté de la marque de se positionner en tant que pseudo « sub-culture » revendicatrice.

Le street-artist Niark à l’œuvre dans le métro pour la campagne
« Shoes are boring, wear sneakers » de Converse
Dans cette même catégorie, on retrouve les marques qui exploitent le filon de la provocation et de l’anticonformisme. Converse, avec sa campagne « Shoes are boring, wear sneakers » , dont les affiches ont été « vandalisées » volontairement par des street-artists, ou avec l’aménagement de son pavillon (au bord du canal de l’Ourcq) par l’artiste Supakitch propose une véritable collaboration entre l’art de rue et la publicité.
Les surfeurs superficiels
Ce phénomène de « street-artification » a particulièrement le vent en poupe chez les marques de boissons : on ne compte plus le nombre de bouteilles collectors en édition limitée issues des collaborations Marque/Street-Artist (Hennessy, Perrier, Malibu, J&B, Kronenbourg…). Le mouvement a également trouvé un écho dans la fashion sphère, où les marques de vêtements de luxe et semi-luxe ont toutes plus ou moins exploité les codes graphiques du street-art (Kongo x Hermès, Honet x Lacoste…).

Le manquement fondamental de ces marques est d’envisager le recours à ces « arts décalés » comme une formule magique à même de satisfaire leur aspiration à s’inscrire dans l’air du temps et à toucher un public jeune et branché.
La directrice marketing France de Perrier souligne en effet, dans le cadre de la collaboration « Inspired by Street-art » , la volonté de « parler à des gens avec lesquels [la marque] ne parle pas d’habitude », entendons « les jeunes urbains ».
Or, dans le monde de la communication, les échecs retentissants provoqués par ce type de raccourcis maladroits sont légion. Si peindre un 4×4 en rose n’en fait pas pour autant une voiture destinée aux femmes, si parler verlan n’est pas la garantie de toucher un public jeune, « faire à la manière» du street-art ne suffit pas à transformer une marque en the brand to be.
Le risque encouru, via ce genre de raisonnement littéral, est de tomber dans la gratuité de l’esthétique et dans l’absence de discours de marque au-delà. Le rapport entre le street-art et la marque devient indéniablement superficiel au sens où cette dernière est davantage dans l’imitation de codes visuels que dans l’incarnation de valeurs fortes.
La journaliste Catherine Cochard le formule clairement : « L’art est soumis aux règles de la tendance et celle-ci est actuellement urbaine » . Les marques, dans leur désir d’actualité et d’attractivité, sont ainsi les premières à surfer sur cette vague.
Les opportunistes illégitimes

La Collection Street-art de Monoprix, lancée en cette rentrée 2014, symbolise la dénaturation et la négation la plus complète du mouvement artistique qu’est le street-art. La marque a banalisé au plus haut point la tendance et a destitué l’œuvre d’art pour en faire une pure marchandise. L’absence de signature d’un artiste en particulier, au profit d’un englobant « Collection Street-art », marque l’apparition de biens de consommation sérialisés et anonymes, dont seule l’esthétique désincarnée évoque vaguement les graffitis urbains. Dans ce lieu de distribution grand public qui propose la customisation de produits domestiques (torchon, gant de cuisine, culotte…), l’art a disparu, le street aussi.
Monoprix, qui s’est démarqué sur d’autres collaborations bien plus réussies, a malheureusement endossé le mauvais rôle cette fois-ci. Alors que le recours au street-art se limitait, jusque-là, à des campagnes publicitaires et des produits de niche, l’initiative malhabile de la marque fait jouer au mouvement artistique urbain son dernier acte : celui de sa néantisation.

Détournement des codes visuels des packagings Monoprix par Martin Parker, adepte
de urban hacking, pour dénoncer la « Collection Street Art »
Le divorce radical entre l’annonceur et l’urban-artist n’est pas nécessairement souhaitable. Il serait simplement bon que certaines marques osent fermer leur porte et laisser le street-art à la rue.
Tiphaine Baubinnec
http://www.linkedin.com/pub/tiphaine-baubinnec/75/76/995
Sources :
slate.fr
digitalhunter.fr
allcityblog.com
fabula.org
midilibre.fr
Crédits photos :
street-rules.com
buzzly.fr
fraisfrais.com
monoprix.fr

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L'explosion du service à domicile : la consommation à portée de souris

 
Consommer à distance aujourd’hui n’a jamais été aussi facile, et tout porte à croire que le phénomène ne va cesser de s’amplifier. En effet, nous assistons depuis quelques années à un véritable combat opposant les plus grands groupes d’e-commerce, et le vainqueur sera le premier à atteindre votre palier.
Uber, application dédiée au service de transport avec voitures de luxe, vient d’ailleurs d’investir près de 1.4 milliard de dollars pour se lancer dans un projet de livraison à domicile de produits d’épicerie générale, qui seront livrés chez le client en moins d’une heure chrono. Pendant ce temps, Amazon effectue des recherches sur le développement d’un système de livraison par drone, qui permettrait à ses clients de recevoir leurs petites commandes (jusqu’à 2,26 kilos) entre 30 et 90 minutes après avoir cliqué sur « valider ».

Si l’on regarde en arrière, on peut constater que la livraison à domicile de produits alimentaires a été relancée au milieu des années 90, et que son développement n’a cessé de s’intensifier avec l’explosion d’Internet et des nouvelles technologies. Les commerçants ont ainsi saisi l’énorme opportunité que leur offraient le net et la généralisation des smartphones, dont les logiques d’instantanéité et d’immédiateté se prêtaient parfaitement au lancement de services de vente à distance. Désormais, un clic sur l’écran de son smartphone suffit pour recevoir des services et produits toujours plus innovants, tout en vivant une expérience originale.
Une offre qui explose, un choix pléthorique : « on vous livre quoi aujourd’hui » ?
Recevoir à domicile un barman professionnel qui animera nos soirées et préparera nos cocktails, découvrir nos courses sur le pas de notre porte en pleine nuit alors que tous les magasins sont fermés, ou encore nous faire livrer nos plats favoris, préparés dans un restaurant bondé et inaccessible physiquement : tout cela est désormais possible. Nous assistons chaque semaine à la naissance de nouveaux sites qui ne cessent d’élargir la palette de produits et services disponibles en livraison à domicile. Pensons à toktoktok.com, plateforme permettant de faire appel à des coursiers qui se rendent dans les boutiques indiquées par les clients et leur apportent les produits désirés, ou encore à getcleanio.com, un service de pressing en 24 heures. Si la livraison est longtemps restée une affaire de spécialistes, réservée à des domaines spécifiques comme l’alimentaire, il semble aujourd’hui que tous les domaines et tous les distributeurs l’aient adoptée : du pressing à la librairie, il vous est désormais possible de tout obtenir en ligne, sans quitter votre canapé.
Et ce ne sont pas seulement les livraisons des produits ou de services qui existaient avant internet qui poursuivent leur développement : nous assistons à l’apparition de services totalement nouveaux, qui misent sur cette tendance du tout à domicile. Ainsi, Book-a-friend vous permet désormais de « louer » un ami pour la soirée : il suffit de remplir un questionnaire permettant de cibler vos attentes pour que, quelques heures plus tard, la sonnette retentisse, avec derrière la porte un ami d’un soir supposé correspondre à votre profil. Ce ne sont plus uniquement nos courses de la semaine que vise à faciliter le service à domicile, mais bien tous les pans de notre vie. On voit bien apparaître ici les limites de l’expérience : sommes-nous prêts à tout commander à distance, et à mettre dans le même panier (d’achat) nos amis et nos carottes ? Rien n’est moins sûr…
La livraison à domicile : bien plus qu’un simple service pratique, une expérience à part entière.
Ce qui se dégage de tous ces exemples, c’est la nécessité pour les entreprises d’être originales afin de se démarquer, devant l’offre pléthorique qui caractérise le monde du service et de la livraison à domicile aujourd’hui. Quand Serge Alleyne, fondateur et CEO de TokTokTok, explique que « le client est roi », on se rappelle combien les souverains aimaient être divertis et constamment étonnés : il en va de même pour les clients de ces services, qui recherchent désormais des expériences toujours plus originales et hors du commun. Il ne s’agit plus simplement de faciliter la vie du consommateur, mais de lui proposer quelque chose d’inoubliable, qu’il pourra raconter à ses amis et partager sur les réseaux sociaux. Des initiatives de plus en plus ambitieuses voient ainsi le jour, telle que la possibilité pour le client de TokTokTok de se faire livrer par le célèbre sportif Taïg Khris (Triple champion du monde de roller sur rampe, qui a participé à de nombreuses émissions télévisées) : plus le consommateur commande sur le site, plus il aura des chances de se faire livrer par cette personnalité.

Plus qu’une simple innovation en termes de produits et de services proposés à la livraison, on observe donc un réel renouvellement de la livraison à domicile. L’expertise numérique réactualise ces pratiques en leur redonnant toute leur pertinence, dans un monde caractérisé par la rapidité des échanges.
Que ce soit par manque de motivation, de temps, ou tout simplement pour s’essayer à de nouvelles pratiques, chacun peut désormais trouver son bonheur sur les sites de service en ligne, quitte à mettre de côté l’aspect relationnel et humain de la vente directe, au profit d’un commerce dématérialisé et toujours plus ludique.
 
Sarah Revelen
 
Sources :
Article de Stylist (septembre 2014) par Raphaelle El-krief
pro.clubic.com
frenchweb.fr
toute-la-franchise.com
Crédits photos :
lejdd.fr
pcworld.com
01net.com

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Mon beau smartphone, dis-moi ce que je veux : la théorie de l'aliénation volontaire

 
Du succès des applications tyranniques
Vous avez l’impression que vos journées ne sont que successions de prises de décisions éreintantes ? Que faire ce soir ? Où manger ? Combien dépenser ? Plus besoin de vous échiner sur ces choix cornéliens (si si !), un florilège d’applications pour smartphone est là pour prendre la décision à votre place ! Roll Decisions tire au sort une décision parmi les différentes options, Yes No Decider répond à vos doutes par oui ou non, Decision King s’engage quant à elle à sélectionner une de vos dix possibilités, « vous [donnant] ce que vous voulez en rendant votre vie tellement plus simple ! ». Si le concept de ces applications n’est pas révolutionnaire − il ne s’agit que de que la version 2.0 du pile ou face ou autre lancer de dés −, la vague de téléchargement de celles-ci soulève une question, celle de l’aliénation volontaire d’un utilisateur qui se soumet à une machine. Ce comportement est révélateur d’une tendance chez les consommateurs à déléguer leurs prises de décisions.
Du panier de légume au vêtement : quand l’entreprise construit ce que nous sommes
Depuis quelques années se répand une nouvelle forme des courses alimentaires, celle du panier bio. Le client s’abonne auprès d’un producteur et reçoit chaque semaine, chez lui ou sur son lieu de travail, un panier de fruits et légumes livré avec des recettes. Il ne décide donc plus des aliments qu’il met dans son assiette ni de leurs quantités, mais le voilà débarrassé de la corvée des courses et du sempiternel « qu’est-ce qu’on mange ? », le tout complété par la satisfaction de manger sain et responsable. Cette tendance du consommateur à confier la responsabilité du choix à une entreprise s’est diffusée dans d’autres domaines, comme celui de la mode. Ainsi, avec le site sefairelamalle.com, après avoir indiqué son style, l’internaute reçoit à son domicile une malle pleine de vêtements et accessoires sélectionnés par une styliste. Il dispose alors d’une semaine pour décider de ce qu’il souhaite conserver ou renvoyer, à ses frais s’il n’effectue pas un achat d’une valeur de 100 euros ou plus. Là encore, le service répond aux manques de temps et d’inspiration (principaux maux de notre époque, semble-t-il). N’y a-t-il rien de dérangeant, cependant, à confier à autrui un choix aussi personnel que celui de l’apparence ? Paradoxalement, alors que les acheteurs n’ont jamais eu autant de choix, notamment avec le e-commerce et la disparition presque totale des frontières commerciales, ils s’érigent des limites. Comment interpréter cette recherche d’amenuisement de leur liberté de choix ?
Une aliénation volontaire
Bien sûr, cette tendance s’explique par le gain de temps et d’énergie qu’elle offre. Elle répond à la lassitude de l’individu face à une hyper sollicitation de l’offre. En fait, ce phénomène met en lumière une nouvelle façon de consommer issue du contexte de crise : le consommateur contemporain cherche à se libérer du modèle traditionnel « un bien – un prix » à travers le principe d’abonnement, par exemple. Recevoir un panier rempli suite à un prélèvement mensuel, c’est se libérer du carcan du prix, c’est oublier que les trois bâtons de rhubarbe ont coûté 3 euros, la salade 1,50. Mais les prix ne sont pas le principal moteur de ces abonnements. Plus qu’un produit, on achète une expérience, l’excitation de déballer des vêtements sectionnés pour nous, l’occasion de se sentir comme un enfant à Noël.

Dans cette même lignée, le boom des boîtes surprises telles que la BirchBox ou la GlossyBox illustre le primat de la découverte, de la surprise, de l’émerveillement. Pour 15 à 30 euros par mois en moyenne, l’abonné reçoit un paquet à l’emballage soigné contenant des échantillons de produits de beauté, des gadgets, des articles d’épicerie fine. A la manière des cornets surprise fille ou garçon d’antan, on ne choisit pas des produits mais un univers. La tendance est ainsi à la « box lifestyle ». Little Box se décline par exemple en Charity, New York ou Paris Box. Plusieurs magazines ont suivi la tendance : il s’agit de prolonger l’univers du journal au travers de produits sélectionnés. De cette façon, on se maquille Cosmo, on mange Cosmo, on vit Cosmo. L’infantilisation de la consommation, en somme, est un moyen d’offrir un souffle de légèreté au consommateur.

Enfin, être abonné à une « box », c’est intégrer une communauté ; recevoir une malle, adopter son style. Pour être soi, il faut passer par l’autre.
La promotion de Big Brother
La tendance à la délégation des choix est du pain béni, pour les entreprises. On assiste en effet à une uniformisation des comportements des consommateurs qui cherchent à intégrer un univers, une communauté. En réaction à l’affadissement de la volonté des clients, les sites internet multiplient les propositions des produits, souvent culturels, « qui pourraient vous intéresser », grâce au fichage des données. Ainsi, des pubs en rapport avec nos recherches sur Internet fleurissent de toutes parts de l’écran, Netflix nous indique les séries que nous allons aimer et Amazon projette d’envoyer près de chez nous des produits que nous n’avons pas encore commandés. Internet permet d’anticiper les envies des consommateurs, d’y répondre avant qu’elles ne soient formulées. C’est donc un double mouvement qui se crée : d’une part, une personnalisation (apparente, du moins) de l’offre, de l’autre une uniformisation des comportements.
A trop se laisser guider, ne risquons-nous pas de perdre notre individualité ? Cette angoisse prend désormais le nom de « No data », à l’heure où des sites revendiquent qu’ils n’enregistrent pas les données de leurs utilisateurs comme argument de notoriété…
 
Louise Pfirsch
 
Sources :
liberation.fr
L’Oeil By Laser, n°198
sefairelamalle.com
Crédits photos :
hrringleader.com
My Little Box
sefairelamalle.com

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Pub Cigarette Electronique Like-Cigarette
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Papotons du vapotage

 
Qui parmi vous n’a pas encore croisé les nouveaux adeptes de la cigarette électronique ? On les trouve partout, en pause avec leurs collègues, à la terrasse des cafés ou même dans les centres commerciaux. Ces néo-fumeurs arborent fièrement leur accessoire fétiche accroché autour du cou, aspirant avec cette touche tellement « chic » à une santé (qu’ils espèrent) meilleure. En effet, si la cigarette électronique représente une  alternative intéressante pour tout fumeur qui souhaiterait diminuer sa consommation, voire arrêter de fumer, il n’en reste pas moins que les professionnels du secteur ont mis en place une stratégie marketing bien pensée pour faire de cette promesse de santé un argument commercial.
Chaque jour nous sommes témoins des nouvelles méthodes marketing mises en place par les industriels pour continuer à améliorer leurs ventes dans le secteur ; des ventes qui se portent déjà fort bien.
En effet, d’après les représentants de la Fivape (Fédération interprofessionnelle de la vape) sur 16 millions de fumeurs, 2,5 utilisent régulièrement la cigarette électronique. Inversement, les ventes de tabac dites « classiques » accusent un net recul (8,6% en août sur douze mois pour les cigarettes selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies).
Comme le disait Jean Jaurès : «  Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots ». En effet, pour  souligner le caractère inoffensif de la cigarette électronique, les publicitaires ont inventé une nouvelle formule magique : qui parle de fumer ? Parlons plutôt de vapoter.
Quels sont les arguments des publicitaires ?
Afin de toucher le potentiel consommateur, la publicité « pédagogique » continue de suivre l’adage « faire comprendre pour faire accepter ». Alors qu’aujourd’hui personne n’est en mesure de prouver (ou non) la dangerosité de la e-cigarette, les publicitaires jouent la carte santé en faisant valoir à leurs consommateurs les avantages de la version électronique. Pourtant,  ils ne manquent pas d’autres arguments vendeurs : la cigarette électronique coûterait moins cher à long terme, serait moins désagréable pour les voisins, et elle serait  autorisée dans la plupart des lieux publics…
Pour ces cigarettiers, elle serait aussi un excellent moyen d’arriver à stopper définitivement sa consommation de tabac : cependant il semble que, paradoxalement, tout soit fait pour maintenir le fumeur captif : le design, les parfums, et l’assurance de pouvoir continuer à fumer tout en restant en bonne santé… Les lobbys industriels continuent de faire pression afin que nous puissions vapoter l’âme tranquille.
Comment se diffuse cette nouvelle tendance ?
Malgré l’engagement de la Ministre de la Santé Marisol Touraine en faveur de l’interdiction de la publicité autour des cigarettes électroniques, concrètement leur vente n’est interdite qu’aux mineurs. Les publicitaires bénéficient aujourd’hui  d’un vide juridique dont ils profitent pour investir ce créneau nouveau avec des méthodes similaires à celles qui avaient été appliquées  par le marketing à ses débuts dans la vente de cigarettes classiques.
Que voit-on dans ces publicités ?
De jolies femmes, du glamour, de la classe… Oui, les publicitaires jouent exactement sur les mêmes leviers de persuasion pour influencer leurs cibles, que les anciennes réclames. L’accent est mis sur la gestuelle des fumeurs, une dépendance aussi importante que la nicotine en elle-même. En réaction à ces nouvelles publicités, l’office de la prévention du Tabac (OFT) a saisi le CSA et l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) afin de limiter voir de mettre fin à leur diffusion.
Le public visé  par ces publicités se veut le plus large possible : un maximum de sensualité et d’élégance pour le public féminin, de la virilité pour les hommes, tout le monde en a pour son compte. Cependant, un soin tout particulier est apporté pour que n’apparaisse jamais clairement le caractère addictif etpotentiellement dangereux de ces produits. Puisqu’aucune certification n’a été à ce jour mise en place, on en profite pour susciter le désir de la façon la plus discrète possible…
Choisirez-vous la saveur rhum, vanille ou cola ?
La création de ces publicités finit par nous interroger sur leur réception par le jeune public. Tout cela n’inciterait-il pas à goûter à la e-cigarette, non par volonté de sevrage, mais par simple curiosité ? Ces belles couleurs sont en effet bien tentantes pour le jeune public adepte de nouveautés et de goûts exotiques. Il existe des centaines de modèles  de goûts différents, certains d’entre eux clairement orientés vers une cible jeune ou féminine. La cigarette électronique, plus qu’une alternative à la « clope », c’est aussi un gadget social et identitaire séduisant.
Branche ton e-pipe sur l’allume cigare !
Pour finir, la diversification de ces objets électroniques fait apparaîtrede curieuses nouveautés : il existe désormais le e-narguilé, le e-cigare, la e-pipe, et même le e-joint ! Avec la montée en puissance de ce secteur en pleine croissance, l’influence des lobbyistes industriels et la puissance de persuasion de ces publicités, il n’est pas sûr que les politiques de santé publiques puissent arriver à rendre les fumeurs moins accros…
 
Lucie Jeudy
 
Sources :
youtube.com
liberation.fr
fivape.org
CASH investigation, la grande manipulation de l’industrie du tabac
Crédits photos :
like-cigarette.fr

Pharrell Williams - Lions d'or 2014
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Jacques a dit : Les Français triomphent à Cannes !

 
Cannes est par nature sous le feu des projecteurs. Depuis 1954, chaque année le tapis rouge est déroulé non plus pour mettre à l’honneur le cinéma mais bien la publicité. Le Cannes Lions International Advertising Festival est une référence. C’est LE festival, l’événement qu’attendent toutes les agences publicitaires.

Du 15 au 21 juin, 12 000 publicitaires sont venus, 97 pays se sont affrontés et plus de 37 OOO campagnes étaient en lice. Les agences ont dépensé des milliers d’euros pour pouvoir inscrire leurs campagnes et le chiffre d’affaire du Festival tant réputé atteint 26,2 millions d’euros cette année.
Une semaine à la fois éprouvante et palpitante pour les professionnels de la pub qui rêvent tous de remporter un trophée et de voir ainsi leur travail récompensé…

Si Monsieur Tout le Monde se perd parmi les 17 catégories (Direct / Mobile / Outdoor / Media / Press…), les résultats sont là et les agences françaises ont été largement récompensées. La France brille sur la scène internationale de la publicité.
Cependant, si l’événement est crucial pour le milieu, peut-on en dire autant d’un point de vue plus global ? Les « Lions Cannes » ne semblent concerner que le petit milieu des publicitaires. Alors, à quand une récompense venue du grand public ?
Les agences françaises telles que BETC, DDB, Fred&Farid, Marcel, Publicis, LeoBurnett et j’en passe sont à l’honneur. Mais l’agence qui a été la star du Festival est sans aucun doute Iconoclast, qui gagne le Grand Prix Cyber, cinq « Gold lions » et un « silver ». Par ailleurs, il s’agit de la seule agence française qui a remporté un Grand Prix cette année.
Les juges ont décidé de récompenser le lancement du tube de Pharrell Willams « Happy » produit donc par Iconoclast et reposant sur le dispositif 24hoursofhappy.com. Le clip interactif obtient non seulement un Grand Prix pour « l’expérience utilisateur » mais opère un véritable hold-up parmi les récompenses.

Réalisé par le duo français We Are From LA, le clip de 24 heures compte près de 200 millions de vues et génère près de 1500 versions réalisées par des fans issus de 130 pays. Au final, il semble bien que l’avis et le goût du grand public aient quelque part été entendus car « Happy » a été la chanson n°1 des ventes Itunes, celle qui passait le plus à la radio, celle qui a créé le plus d’interactivité. En somme, belle moisson 2014 pour la France qui s’accorde 86 prix contre seulement 55 l’an passé.
 
Sophie Cléret
Sources :
LaReclame.fr
Llllitl.fr
Canneslions.com

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Fast shopping comptoir des cotonniers
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Cet article est une boutique : le fast shopping, une révolution ?

 
La dernière campagne médiatique de la maison de prêt-à-porter Comptoir des Cotonniers a apporté une vague de fraîcheur sur le monde du e-commerce, pratique commerciale aujourd’hui indispensable à toute marque, et banalisée dans les consciences collectives.
Ne mâchant pas ses mots, le teasing précédant cette opération publicitaire parlait de « révolution ». La curiosité de ses clients et autres prospects a été ainsi fortement attisée par le biais des réseaux sociaux et de la presse, notamment lorsque la maison annonçait l’ouverture prochaine de « 10 000 boutiques » et que les partenaires de l’événement se trouvèrent être le groupe industriel d’affichage publicitaire JCDecaux et l’application PowaTAG.

Le 28 mai, cette fameuse révolution s’est affichée, en toute évidence, sur divers supports publicitaires qui avaient alors la mystérieuse prétention d’être des boutiques : « Cet immeuble est une boutique », « Cet abribus est une boutique », « Ce magazine est une boutique »…
Le cœur de l’opération est en réalité le lancement d’une nouvelle application mobile qui relie un achat virtuel à un support physique. En effet, une sélection d’articles de la collection Printemps-Eté 2014, réapprovisionnée de quelques 5 000 articles pour l’occasion, est présentée sur ces panneaux ou pages publicitaires, et chaque article est relié à son propre code QR, ce fameux code-barre disposé dans un carré noir et blanc, décodable par un smartphone.
Il suffit alors au simple passant, pris d’un coup de cœur pour tel ou tel article de scanner son code à l’aide de l’application PowaTAG afin de pouvoir l’acheter directement, simplement et rapidement depuis son téléphone.
Par ce lancement de la société Fast Retailing, propriétaire de l’enseigne Comptoir des Cotonniers, on constate que le canal du commerce mobile répond intrinsèquement à une demande d’immédiateté dans le processus de la découverte du produit ou de la marque, à l’achat, la concrétisation matérielle de ce premier contact.
Plus rapide et plus tout terrain que le e-commerce, le commerce mobile se développe parallèlement à la performance de plus en plus poussée des téléphones portables et des applications qui s’y rattachent, poussant ainsi les consommateurs à y passer de plus en plus de temps, entre réseaux sociaux et flâneries en ligne.

Si l’apparition de cette nouvelle pratique d’achat illustre bien le développement d’une tendance ancrée de longue date dans les consciences des consommateurs, il ne faudrait pas voir là une nouvelle concurrence au e-commerce.
En effet, les chiffres du commerce mobile sont généralement associés à celui de son aîné : la structure logistique en interne de l’entreprise est la même pour deux canaux de vente différents. Le développement du commerce mobile ne fera donc que renforcer les fondements du e-commerce.
Cette nouvelle donne aurait peut-être, en revanche, de quoi effrayer les boutiques traditionnelles. D’une part le développement de marques d’envergures internationales exclusivement en ligne (ASOS, Sheinside, Romwe…), d’autre part le manque de temps et l’addiction au net de la génération digital native, tout sembler pousser les entreprises à investir de plus en plus le commerce en ligne, au détriment, peut-être, de leurs boutiques physiques.

Ainsi, on constate aisément un développement de politiques favorables à l’achat en ligne, e-commerce ou commerce mobile : frais de port offerts, frais de retour offerts, promotions répétées (indépendamment des périodes de soldes fixées), codes promo circulant sur la toile… Avec tous ces avantages, quel intérêt aurait donc le consommateur à acheter en boutique ?
La véritable innovation du « fast shopping » est en réalité la suppression de presque toutes les étapes du processus allant de la publicité à la vente, dans l’esprit du consommateur. L’hésitation n’a guère plus sa place : entre excitation et impatience, le fast shopping semble condenser en un laps minimal de temps les émotions d’une séance prolongée de shopping (en ligne ou en magasin), optimisant alors l’abandon impulsif à la tentation de l’achat.
 
Charlène Vinh
Sources :
Fashionmag.com
Lefastshopping.com
Asos.fr

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Le « connected commerce » tu vivras & utiliseras !

Sans en avoir forcément conscience, nous entrons aujourd’hui dans une « nouvelle ère » : celle du commerce connecté !
L’arrivée des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) ont transformé notre regard, notre mode de vie. Nous sommes parfois malgré nous devenus des « individus cross-canaux », toujours affairés sur nos Smartphones, tablettes et autres. Nos habitudes ont évolué, nous naviguons perpétuellement dans un monde « online » & « offline ».
Cette digitalisation, de plus en plus présente, dans nos sociétés et nos usages n’est pas sans conséquences, et ce notamment pour les marques.
Mais pour comprendre ce changement et en venir à l’arrivée du commerce connecté, permettons-nous en premier lieu quelques explications.
  Le panoptisme, même dans la consommation ?
Michel Foucault, dans son ouvrage Surveiller et Punir, publié en 1975, nous amène à nous poser la question de la transparence et propose le concept de « panoptisme » ; postulat que notre société est une société du spectacle mais aussi et surtout de la surveillance.
Autrement dit, c’est l’idée que les individus se trouvent observés, surveillés par des instances qui produisent de la connaissance sur eux-mêmes.
Aujourd’hui ce concept est encore vrai, on peut facilement le comparer au « Big Data » et aux marques qui récoltent toujours plus d’informations sur ses consommateurs, et ce, toujours pour mieux les connaître et mieux cibler leurs produits.
Cependant avec l’avènement d’internet, on pourrait dire qu’une logique « contre panoptique » s’est mise en place : les consommateurs ont, eux aussi, accès aux informations.
Il est désormais très simple d’aller comparer des produits entre eux, tant sur leur qualité que sur leur prix, de laisser un avis dessus, etc.
Cet accès à l’information a transformé notre comportement en tant que consommateur, nous sommes devenus plus exigeants, nous nous renseignons, nous évaluons et nos possibilités d’achat sont désormais géographiquement décloisonnées.
L’attitude « cross-canal »

Nos habitudes et nos usages se sont donc modifiés et ont évolué avec l’avènement des NTIC : nous avons dorénavant une attitude « cross-canal ».
Ainsi, le secteur du commerce se voit bouleversé, faisant face à des consommateurs qui jonglent de plus en plus avec les différents canaux offline et online, tant pour s’informer que pour acheter.
Nous sommes passés d’un processus d’achat « simple », une seule visite en boutique, à un processus d’achat beaucoup plus complexe qui implique par exemple de s’informer en magasin avant d’acheter en ligne, notamment pour bénéficier de la dernière promo, ou inversement.
Nous sommes devenus beaucoup plus versatiles, imprévisibles auprès des marques, mais aussi beaucoup plus difficiles à contenter, demandant que notre expérience consommateur soit toujours plus poussée, toujours plus stupéfiante.
Le commerce connecté : au carrefour du commerce traditionnel et de l’e-commerce
Les marques ont été déstabilisées par cette nouvelle redistribution de l’asymétrie sur leurs marchés. La concurrence n’est plus « physique », un quartier, une zone commerciale, mais est devenue augmentée, virtuelle, ce qu’on appelle le fameux « à porté de clic ».
Avec ces nouveaux usages, le monde marchand se modifie, se complexifie et les marques l’ont bien compris. On remarque ainsi petit à petit une nouvelle transformation de ce monde, celui d’un monde plus ouvert, celui du commerce connecté !
Le commerce connecté immisce le digital dans le réel, en point de vente, mais surtout interagit avec les différents canaux pour offrir une expérience d’achat homogène d’un canal à l’autre et faire entrer en cohérence le « online » et le « offline ».
La frontière artificielle entre e-commerce et commerce s’estompe, les consommateurs de demain ne connaîtront pas cette dichotomie entre l’achat en ligne et l’achat en magasin, ils ne prendront que les bons côtés de chacun. Magasins physiques et virtuels seront de plus en plus connectés entre eux, et connectés sur l’extérieur, créant une nouvelle approche et une nouvelle proximité avec les consommateurs.
La vidéo ci-dessous montre le potentiel qu’offre le commerce connecté, avec une expérience consommateur toujours plus grande, toujours plus « connectée » et surtout toujours plus personnalisée !

Ne reste plus au consommateur qu’à faire son choix sans se laisser emporter par toutes les possibilités qui lui sont “offertes”.
Adeline Reux
 
Sources :
@wt.be

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Flat design
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Le « flat design » : le graphisme minimal à succès

 
Mais qu’est-ce que le flat design ? Vous l’avez déjà vu, vu et revu, mais vous ne le savez pas. Depuis 2013, le flat design a envahi nos paysages numérique et physique, au détriment du « skeuomorphisme » autrefois présent chez Apple. Le flat design, c’est « la mise à plat » du design, son uniformisation et sa simplification au profit de grands aplats de couleurs minimalistes. Pourquoi une telle diffusion ? Et surtout, une telle réussite ?

Tout d’abord, petit retour sur le skeuomorphisme. So 2000’s et désormais passé de mode, il correspond à la traduction du terme anglais pour désigner des éléments d’interface informatique reproduisant des objets physiques (par exemple des textures : cuir, papier, bois) dans le but de donner des repères facilement accessibles à l’utilisateur, de manière intuitive. Dans les faits (et c’est plus parlant), c’est ça :

Il est apparu au fil du temps que de nombreux sites internet avaient abusé de ces effets en surchargeant leurs pages d’éléments superflus et peu ergonomiques, signant ainsi l’arrêt de mort de cette approche esthétique. Malgré tout, il faut noter que flat design et skeuomorphisme ne sont pas forcément incompatibles, et que la combinaison des deux n’est pas rare encore aujourd’hui (elle est parfois appelée « skeuominimalisme »).
Ainsi, de nouveaux standards graphiques sont apparus, en premier lieu chez les grandes marques. On les a notamment retrouvés chez Windows (les détenteurs du Windows Phone lancé dès 2012 comprendront) et par la suite chez Google, Apple, Facebook et Soundcloud pour ne citer qu’eux (vous voyez mieux ?).
Le flat design a progressivement fait la place aux formes géométriques de grandes tailles et angulaires, aux polices épurées (sans sérif) sans effets ni volume. En filigrane, on distingue chez ces marques la promesse de vendre de la lisibilité, de l’essentiel et du contenu aux clients ; une manière finalement d’intégrer la nécessité de transparence à leur marque, tendance fortement influencée par Internet.

Le flat design, ressort marketing :
Exemple devenu presque canonique, Monoprix a très bien compris qu’un design épuré, plat et intemporel pouvait devenir un argument marketing. Cela à tel point que l’enseigne lançait en décembre dernier une application permettant de personnaliser les packagings cultes de la marque. Il s’agissait de sélectionner un type emballage, d’entrer le prénom et d’y apposer le message décalé de son choix. Simple mais terriblement efficace.
Récemment, c’est même McDonald’s qui a actualisé ses pictogrammes. TBWA\France a revu leur campagne en accentuant l’aspect iconique de la marque. En épurant au maximum ses produits phares (le Big Mac, le Sundae, les nuggets…), McDonald’s adopte un langage universel, accessible à tous. Ces pictogrammes seront à l’honneur dans une grande campagne d’affichage déployée au niveau national à partir de juin.

Enfin, si l’on peut saluer cette tendance, c’est bien pour son côté accessible. Cette caractéristique correspond à bon nombre de nouvelles préoccupations comme le « responsive web design » (site adaptatif), la réflexion sur l’expérience de l’utilisateur et sur l’ergonomie. Tendant à la simplification, le flat design est aussi l’occasion d’utiliser des illustrations plus claires et compréhensibles.
Mais voilà, on en revient aux questionnements métaphysiques premiers : est-ce qu’en faire moins, ce ne serait pas en faire trop ? Un risque de basculer vers l’uniformisation à l’extrême ? Nous pourrions alors retomber dans un phénomène de lassitude à l’égard du « flat ». En définitive, et au contraire, les marques semblent, paradoxalement, vouloir s’adapter à un monde devenu complexe qui réclame des expériences plus accessibles et plus vraies. Stratégiquement, c’est plutôt bien joué, et le succès de l’application-jeu 2048 est peut-être aussi à chercher de ce côté-là.
Il est en tout cas à parier que la tendance perdurera, au vu de la multiplication des packagings… « flatisés ». A vos souhaits !
 
Céline Repoux

Sources :
L’ADN
Lunaweb.fr
Webmarketing-com.com
Crédits Photos :
Renda Harding

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digital detox
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Jacques a dit : A la recherche de l'intimité digitale perdue

 
On nous annonçait il y a quelques jours que Snapchat s’était fait pincer : bye-bye les photos éphémères, et bonjour l’archivage massif.
Pourtant, malgré les failles de sécurité et de confidentialité qui se succèdent, le nombre de réseaux sociaux et d’applications perso continuent leur ascension. Pour longtemps ? Car les bugs répétés ont effectivement eu vocation à éveiller chez l’utilisateur l’aspiration à une expérience différente. Une tendance qui s’est illustrée lors de la publication par Influencia de l’Observatoire des tendances 2014 d’M6 : d’un côté l’homme bionique, porté par l’arrivée des Google Glass, les avancées M2M, mais également les séries d’anticipation comme Black Mirror et Real Humans ; le tout confronté à une envie significative de déconnexion, de « retour à la patience », à l’état « undigitalised ». Un véritable grand écart, en somme, lequel s’observe à travers différents phénomènes.
Pour partager mieux, partageons cachés
Lequel n’a d’entre nous n’a jamais songé à disparaitre définitivement de la surface des réseaux sociaux (de la surface seulement, inutile de se fourvoyer sur un complet nettoyage de nos données sur le web). Une tendance qui ne date pas d’hier, puisque dès 2013, l’application Social Roulette nous enjoignait à mettre en jeu la vie de notre compte Facebook, et par là-même d’une partie de notre identité virtuelle : une réaction hypodermique à la place qu’avait pris la communauté Zuckerberg dans nos vies. Mais qui peut se targuer d’en avoir réellement été sevré ? Au contraire, chaque réseau additionnel s’est évertué à devenir indispensable. Twitter, LinkedIn, Instagram, Pinterest, Foursquare… et même Google+ ; une horde de réseaux à l’émergence rapide, lesquels ont fini par s’agglomérer dans l’éventail d’applications du smartphone de l’utilisateur. Une dépendance chronophage, néfaste pour certains, et qui pousse le marché à trouver des alternatives digitales.
Adieu présentations de profil, expérience, groupes d’amis… L’anonymat, nouvelle promesse des applications dites « anti-Facebook », antres de la parole libérée et des données – prétendument – dissimulées. Whisper et Secret, pour n’en citer deux, font partie de cette liste. Pas grand-chose de plus que des photos et des phrases cinglantes, brèves, drôles, pour confesser ses petites zones d’ombre, secrets honteux, ou amuser la galerie. Le partage et le like demeurent, mais l’utilisateur ne saura (jamais ?) qui a professé ces dires. Une solution qui semble avoir trouvé son public aux Etats-Unis. « A place where you can be yourself » comme se présente l’application Whisper, lancée en France fin avril, et qui se targue déjà d’afficher dans son pays natal un nombre de publications mirobolant.
Veuillez patienter, déconnexion en cours…
Une montre qui mesure votre pouls, des colliers qui déterminent l’état de santé des animaux qui les portent, des caisses de vins connectés pour garantir leur conservation… Il faut l’avouer, la technologie et les objets connectés ont du bon. Pour certains en revanche, le burn-out est proche. Comment alors réussir à retrouver la valeur du temps, le plaisir d’une minute hors de l’exaspérante vitesse de notre environnement ? On connaissait les voyages proposant un break digital, les cures de « désintoxication » au numérique. Aujourd’hui ce sont les marques que l’on retrouve à l’origine de ces initiatives, l’exemple en est de KitKat, qui a instauré à Amsterdam le temps d’une campagne en 2013 des « Free No-Wifi Zones », grâce à l’utilisation de brouilleurs, permettant ainsi aux passants de profiter d’une pause déconnectée, loin de l’agitation de leurs appareils électroniques.
Un engouement qui séduit son public, comme le montre la vidéo « Look Up », publiée récemment sur Youtube par un anglais, Gary Turk, véritable critique contemporaine d’un monde où l’homme est trop obnubilé par son téléphone pour saisir l’essence de sa vie, et qui comptabilise aujourd’hui près de 39 millions de vues.

Les pulsions antagonistes donc, d’un monde à l’évolution étourdissante, où l’on s’imagine déjà vivre l’expérience d’un épisode de la série britannique Black Mirror (diffusée actuellement sur France 4), en recréant l’humanoïde d’un proche disparu, grâce à son utilisation des réseaux sociaux alors qu’il était encore en vie. Une perspective fascinante autant qu’effrayante, dans une réalité qu’il nous est désormais possible de toucher du doigt.
 
Eléonore Péan
Sources :
Influencia.net.net
LeMonde.fr
Digitalbuzzblog.com
Crédits photos :
SoWhatFace.com
HerCampus.com
DesignTaxi.com