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Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle

 
Face à la dénonciation croissante de l’utilisation de la maigreur comme égérie de la mode, la marque suédoise H&M a créé l’événement en introduisant des mannequins taille réelle dans le rayon lingerie d’un de ses magasins en Suède. Par cette action symbolique, le pays a ainsi démontré son ouverture d’esprit et son émancipation face aux diktats de la mode. En effet, si la Suède a sauté le pas, la majeure partie du monde de la mode ne semble toutefois pas encore disposée à valoriser une image de la femme et de la beauté dont le critère majeur serait autre que la minceur. De cette façon, l’initiative de la marque a eu immédiatement son effet sur les réseaux sociaux et nombreux sont les internautes (hommes et femmes) à saluer cette action :
« Enfin des personnes qui savent apprécier ! Beauté ne rime plus avec maigreur … »
« Enfin ! Si cela pouvait arrêter cette folie anorexique chez nos adolescentes ! »
En effet, cette image de la beauté véhiculée par l’ensemble des médias n’est pas anodine et sans conséquences, notamment concernant les adolescentes, qui seraient plus enclines à sombrer dans l’anorexie. Nombreuses sont ainsi celles qui ripostent sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce diktat d’une beauté uniforme, valorisant un type unique de morphologie plutôt que les spécificités de chacune.
The perfect body
Cependant, si le géant du vêtement semble vouloir changer peu à peu les choses en matière de représentation féminine, il n’en est pas toujours de même ailleurs. La célèbre marque américaine de lingerie Victoria’s Secret s’est en effet récemment illustrée dans un scandale lié à sa dernière campagne de communication, The Perfect Body, illustrant toute une ribambelle de femmes prenant la pose en sous-vêtements. Jugée comme inacceptable par bon nombre d’internautes, la campagne fait alors un tollé et provoque la création d’une pétition, qui récolte plus de 14500 signatures. Victime d’un véritable bad buzz, la marque s’est ainsi retrouvée assaillie de critiques négatives, à tel point que cette dernière a dû faire marche arrière, préférant « A body for everybody » à son précédent slogan, jugé trop polémique.

« Vous être superbe bien entendu, mais ils aimeraient en publier une de vous en t-shirt »
Dans le même registre, on se souvient de Brooke Birmingham, cette jeune illinoise de 28 ans, ancienne obèse, ayant réussi le pari de perdre durablement plus de 80 kilos. Jeune femme désormais épanouie, fière de son nouveau corps et bien dans sa peau, son histoire a tout d’une success story comme en raffolent les médias. Lorsque le magazine Shape la contacte pour raconter son histoire, la jeune femme y voit alors l’occasion d’y partager son histoire, porteuse d’optimisme. Et pourtant. Brooke déchante rapidement lorsque le magazine décide de censurer la photo où elle pose en bikini, les mains sur les hanches, fière d’un corps portant les signes de sa métamorphose. « Vous être superbe bien entendu, mais ils aimeraient en publier une de vous en t-shirt ». La jeune femme comprend alors rapidement la triste réalité à laquelle elle fait face : même avec 80 kilos de moins, son corps ne correspondra jamais à l’idéal prôné par les médias.

Face à ce diktat de l’apparence, l’actrice Keira Knightley s’est récemment insurgée contre cette maladie de la retouche Photoshop dont elle a de nombreuses fois fait les frais. « J’ai vu mon corps être malmené tant de fois et pour tant de raisons différentes, que ce soit par des paparazzi ou sur des affiches de films. Je suis d’accord pour faire des shootings topless, tant qu’on ne me retouche pas, moi ou mes seins. Parce qu’il me semble important de dire que ce n’est pas la forme qui compte ». L’actrice, qui ne semble visiblement pas apprécier de voir son physique retouché à maintes reprises sans raisons valables si ce n’est pour les besoins du marketing, a ainsi accepté de poser topless pour le magazine Interview à la seule condition que son corps ne soit absolument pas retouché par la suite. Magazines, vous voilà prévenus.
« I want to show that average is beautiful » : making Barbie a real woman
Prenant le contrepied de ces dérives de la presse magazine, le designer américain Nickolay Lamm s’est récemment lancé dans la création d’une poupée aux proportions plus réalistes que celles de notre chère copine Barbie. Avec sa silhouette élancée et ses longs cheveux blonds platine, la Barbie avec laquelle nous avons grandi est en effet loin de ressembler à la majorité des femmes. C’est la raison qui a poussé Nickolay Lamm à créer Lammily, un équivalent de Barbie version réaliste, qui a été conçue selon les mensurations moyennes d’une jeune fille de 19 ans établies par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (la principale agence gouvernementale américaine en matière de protection de la santé et de la sécurité publique).

Pour le côté réaliste de sa poupée, Lamm a dans un second temps créé une palette de stickers qu’il est possible de coller et d’enlever à sa guise : taches de rousseur, cicatrices, boutons, pansements adhésifs, tatouages, blessures, ou encore piqûres de moustiques, à vous de customiser comme il vous plaît votre poupée. Avec ce nouveau modèle, Lamm espère montrer que les différents types de morphologies sont à la fois naturels et beaux. Il dénonce la forte ressemblance de toutes les poupées, raison pour laquelle il souhaite leur donner une touche réaliste.
Si l’ensemble de ces revendications ciblant le diktat d’une beauté féminine uniforme encouragent visiblement l’évolution des mentalités, les médias – et particulièrement les magazines – s’inscriront-ils également dans cette voie du changement ? On peut espérer que les défenseurs d’une beauté non standardisée finiront par obtenir gain de cause, mais il est cependant encore trop tôt pour l’affirmer. Affaire à suivre.
Pauline Flamant
Sources :
express.be
thecreatorsproject.vice.com
facebook.com/minutebuzz
buzzfeed.com
journaldesfemmes.com
dailymail.co.uk
huffingtonpost.fr
Crédits photos :
Victoria’s Secret
brookenotadiet.com
nickolaylamm.com