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Jacques a déclaré la guerre de l’internet

En vérité, plus que Jacques, c’est l’oncle Sam qui l’a dit la semaine dernière en fermant par l’intermédiaire du FBI l’un des sites de partage de fichiers les plus populaires du moment: Megaupload et son équivalent streaming, Megavidéo mais également 17 autres sites. Pour resituer un peu le contexte, cette décision s’inscrit dans le débat de deux lois américaines, PIPA et SOPA, assez controversées puisque  même la Maison Blanche a  annoncé qu’elle ne soutiendrait pas « une législation qui réduit la liberté d’expression, augmente les risques pour la sécurité cybernétique et sape le dynamisme et le caractère innovant de l’Internet mondial » [1].  Ce serait donc là que se situe le cœur du problème: la violation d’une liberté reconnue comme fondamentale par de nombreux pays du monde et pour laquelle certains se battent tous les jours, la liberté d’expression. On ne serait donc plus libre de communiquer de contenus comme bon nous semble.
Cette décision a évidemment provoqué un tollé parmi la communauté internaute et en particulier dans la communauté hacker. Ainsi, des membres du collectif Anonymous ont immédiatement riposté par un déni de service en rendant hors-service des sites tels que celui du ministère de la justice américain, d’Universal ou encore Hadopi qui visent à restreindre la liberté sur internet au nom de la protection du droit d’auteur. D’autres sites participatifs, tels que Wikipédia, WordPress ou Reporters sans frontières ont également réagi par une sorte de grève à cette tentative de putsh sur la toile.
La question à se poser alors est de savoir quel camp défend quoi ? En vérité, les enjeux de cette guerre du net sont bien entendu économiques. D’un côté les Etats qui interdisent de manière générale le partage gratuit d’informations ou de fichiers au nom du droit des auteurs à être rémunérés pour leur travail, et c’est bien la moindre des choses. De l’autre, il y a d’une part l’ensemble des protagonistes cités dans le paragraphe précédent, Anonymous, les sites participatifs qui se voient contraint en quelque sorte à une publication contrôlée ; et d’autre part sans doute, de nombreux internautes dont vous faites peut être parti qui ne voient pas d’un très bon œil le fait d’être privé de leurs séries télé préférées ou plus généralement de ne plus avoir accès gratuitement et en illimité à des contenus culturels.
Si l’on considère la question objectivement, l’extension de la loi au monde virtuel (une zone relative de non-droit il faut le reconnaître) n’est pas si choquante que ça. Une forme de censure y existe déjà au nom par exemple de la lutte contre la violence ou la pédophilie, allez faire un tour sur les conditions d’utilisation de Facebook. Cependant, la censure de contenu au nom de la protection du droit d’auteur est plus problématique. En effet, cela revient à dire que je n’ai pas le droit de dire, faire suivre, partager quelque chose sans en mentionner l’auteur initial et pour ce qui est des films par exemple, sans le rémunérer. Le problème ici se situe dans le fonctionnement même du web qui peut se décrire comme un média participatif auquel tout le monde contribue et où il est, de fait, souvent difficile d’établir la paternité d’un contenu sur la toile ou d’en limiter la diffusion. Pour illustrer mon propos, si on s’en tient à ce type de raisonnement dans la régulation en ligne, Facebook ou Twitter pourraient très facilement être suspendus alors même qu’ils sont tous les deux des réseaux sociaux incontournables.
En vérité, il faut effectivement trouver un moyen de protéger le droit d’auteur (chacun a droit à  la reconnaissance de son travail). Pour autant, il me semble que la répression pure et dure n’est pas le moyen le plus adapté à l’heure actuelle : il s’agit davantage d’un retour en arrière qui entrave et bloque la communication parce qu’elle bloque la diffusion, l’échange et le partage de contenus. Comme je l’ai dit plus haut, le web est participatif et encourage  l’émulation intellectuelle, la contribution de tous peut donc être requise. Si on considère la question du partage de films ou de musique par exemple, cela pourrait passer par une sorte de redevance culturelle, à l’image de la redevance télévisuelle, reversée aux auteurs de musique, films… En somme, un système participatif jusqu’au bout ainsi qu’on me l’a suggéré récemment (oui, je ne revendique pas la paternité de cette suggestion et, finalement, peut être que tout commence ici !)
 

Justine Jadaud

[1] Plus d’infos sur PIPA et SOPA

Crédits photo : ©Anonymous – ©Wikipedia

Affichette du front de gauche Janvier 2012
Société

2012 : Année du papier

Campagne des réseaux sociaux ! Génération Y à conquérir ! Election 3.0 ! Nadine Morano accro à Twitter ! Quelle mouche a donc piqué Jean-Luc Mélenchon pour qu’il décide de faire publier son programme aux éditions Librio ?
Oui, vous avez bien lu, le programme du Front de Gauche est disponible en librairie, imprimé sur de vraies feuilles, par de vraies imprimantes industrielles avec en prime une mignonne couverture en papier glacé toute pleine de rouge. Une erreur sûrement ! Même pas. Il s’en est déjà vendu 320 000 exemplaires. De quoi faire au moins sourciller le plus convaincu des technologistes, qui doit d’ailleurs commencer à voir apparaître quelques rides sur son front. L’engouement pour l’Indignez-vous de Stéphane Hessel, ses multiples traductions, son influence sur les manifestants de la Puerta del Sol ou de la City avaient dû en effet lui faire passer déjà quelques nuits difficiles.
Simple nostalgie révolutionnaire se rassure-t-il peut-être. L’imprimé a été le médium privilégié du socialisme du dix-neuvième siècle, une des conditions nécessaires à son développement. Ainsi, à ses arrières petits-enfants qui de nouveau se lèvent, le papier fournirait le sentiment d’une légitimité innée et un peu de l’aura des glorieux anciens. Il y a probablement de cela mais, cette explication suffit-elle ?
Probablement pas. Ce qui se joue ici, c’est sûrement autre chose aussi. Afin de l’apercevoir, intéressons-nous un peu à l’écrit d’écran, c’est-à-dire à la forme sous laquelle apparaît l’écrit en tant que signes et textes sur les écrans de nos ordinateurs. Sur ces supports nouveaux, l’écriture, si elle ne perd son intemporel aspect d’image, la retrouve sur un mode intangible. Elle n’est plus à portée de main mais à portée de clic, insaisissable et disparue une fois la lecture terminée. Ainsi du programme du Parti Socialiste, où dans sa rubrique du site internet les thématiques se chassent sans cesse et successivement l’une l’autre dans un bandeau vertical.
Mais, qu’importe peut-être tant que le récepteur-électeur a reçu tous les messages qu’on voulait lui destiner ? C’est un peu court. C’est surtout oublier l’importance de la matérialité du texte, de sa géographie notamment, atomisée et fugace ici. Si l’écrit doit donner à voir le monde, cela passe par sa forme. Si cette forme s’échappe à tout instant alors c’est la représentation d’un réel saisissable qui nous échappe tout bonnement. Le contraire du livre en somme.
De poche ou de collection, il est en effet cet objet qui renferme en lui une représentation tangible et inamovible de ce réel, une représentation stable et rassurante et donc une représentation d’où faire démarrer une action, un engagement. On ne mène pas de bataille sans carte, l’idée semble conserver quelque actualité.
 
Romain Pédron
Source : Emmanuël Souchier, « L’écrit d’écran, pratiques d’écriture et informatique », Communications et langages n° 107 [ www.persee.fr ]

Teaser "The Bark Side" par Volkswagen célébrant le Big Game
Les Fast

Il n'y a pas si longtemps dans une galaxie pas si lointaine…

Vous l’avez sûrement deviné, je vous parle de Volkswagen (vous allez croire que j’ai des actions chez eux à force). La marque automobile et son agence Deutsch Los Angeles continuent de nous étonner avec cette année un orchestre de toutous « so geek » !
A l’occasion du Super Bowl, Volkswagen sort à nouveau son sabre laser du jeu avec ce nouveau spot qui vient un an après le fameux « The Force ». Souvenez-vous (bien que je doute que cela vous soit difficile) d’un mini Dark Vador déterminé à faire bouger de multiples choses grâce au pouvoir de la force. Pour ceux qui l’aurait loupé (coincés dans une grotte ou en prison) :

Le spot de cette année ne semble pas destiné à faire le tour des télévisions mais bien du web. « The Bark Side » (joli le jeu de mot) est en effet un teaser en l’honneur du Big Game (première journée du 46ème Super Bowl) qui fait le buzz sur la toile avec déjà 6 704 869 vues depuis le 18 janvier sur Youtube uniquement ! Découvrons ensemble ce qui fait aboyer tout le monde :

Volkswagen n’aurait pas pu choisir mieux que Star Wars pour parler de la force et donc du pouvoir de l’ingénierie allemande (attention à ne pas tomber dans la métaphore fasciste cela dit). Le tout bien sûr avec humour et légèreté, on doit avouer que c’est vraiment bien joué !
 
Marion Mons

Etudiants de la junior communication du Celsa en 2011-2012
Edito

Celsiens en entreprise : quelle réputation ?

Le 6 décembre, le CELSA a organisé, avec le soutien de JCom, du BDE, et de l’Association des Diplômés, le forum des entreprises 2011 du CELSA à l’Espace Charenton – étaient présentes plus de cinquante entreprises. Le but était, comme chaque année, de permettre aux étudiants de Masters de trouver un stage ou un apprentissage, et de recueillir de précieux conseils. Le blog FastNCurious en a profité pour interroger les entreprises sur leurs rapports au CELSA et aux Celsiens.
Les entrepreneurs et recruteurs ont d’abord majoritairement répondu en mettant en valeur les qualités des étudiants.
La qualité essentielle, celle qui était dans toutes les bouches et qui fera frémir les élèves de L3 qui ont rendu leur nouvelle, c’est la dimension littéraire. Que l’on parle de « qualité rédactionnelle », de « bonne plume », ou encore de « fibre littéraire », ces mots semblent faire la spécificité de cet enseignement et surtout des étudiants.
L’autre qualité qui va avec et qu’on a souvent entendu également, est la capacité à réfléchir : on a mentionné des « têtes bien faites », de la « culture générale », des « qualités d’analyse », bref d’atouts indispensables aux travaux de stratégie. C’est pourquoi on a très souvent apprécié chez les élèves un parcours diversifié, une association de connaissances très précises et un fond culturel général important. Certaines entreprises nous ont ainsi confié qu’aux élèves d’une certaine école s’accorde souvent un certain type de stage, et que si l’on devait définir le stage ou l’emploi correspondant aux Celsiens, il s’agirait d’un poste davantage stratégique, transversal, qui comporterait une partie rédactionnelle ou nécessiterait une certaine polyvalence intellectuelle.
Les étudiants du CELSA semblent cependant présenter un défaut qui n’est pas lié à leurs capacités. Il semblerait que certains métiers de la communication soient fantasmés par les élèves : le succès du planning stratégique dépasse les potentiels emplois disponibles en France, alors que certaines filières, comme la communication en industrie, sont parfois négligées. Les présents sur le forum se souviennent de la consternation de Saint Gobain qui manquait de CV, oui qui en manquait. A croire que malgré leur budget et l’ambition de leurs projets de communication, le métier n’est pas assez attirant.
L’école en elle-même joue aussi son rôle dans les relations entre les étudiants et l’entreprise. Le CELSA en effet, semble se partager entre un enseignement académique et une formation professionnelle. L’école sculpte des élèves à double profils : avec une connaissance pointue de la communication, mais aussi une capacité remarquable à s’adapter dans le monde de l’entreprise (plus que les étudiants de Sciences Po selon certains). Chez Bouygues, par exemple, M. Venuti (chargé de Relations Ecoles) nous a dit que le CELSA pouvait être présenté comme une synthèse de l’exigence des écoles de commerce et de l’ouverture culturelle de l’université. Toutefois, dans des milieux professionnels très précis, on peut parfois déplorer un manque de connaissances strictement professionnelles : comme si avoir un double profil rendait plus difficile l’investissement dans les deux.
Il a été intéressant de voir, sur le même sujet, l’importance des options des élèves dans le choix du recrutement. Pour certaines très grandes entreprises, l’option est minoritaire dans la décision ; certains même ne les connaissent pas toutes. Les Magistères sont apparemment les plus reconnus, même si souvent tout ce que les recruteurs ont su dire a été : « c’est les plus généralistes non ? ». Ce qui est cependant très vrai, et joue comme un atout. Les CEI et les MPC, très souvent sollicités dans des entreprises de tout type, sont appréciés en raison des domaines très vastes qu’ils brassent. Les RH viennent toujours à part, comme une section indispensable : « et les RH bien sûr ». Cela est du à la spécialisation un peu plus prononcée de ces études. Quant aux médias, ils sont très spécifiquement nommés dans les entreprises qui se centrent sur la communication digitale, où la spécialité peut jouer comme un atout sur le CV, sans pour autant être relevée et identifiée comme une spécialisation à part entière de l’école. Mais globalement, l’enseignement de l‘école était perçu comme une unité, un ensemble dans lequel toutes les options comptaient et pouvaient influencer chaque élève.
Le dernier facteur qui joue dans les relations entre le CELSA et les entreprises est la réputation de l’école dans le monde du travail. Les personnes interrogées ont soulevé majoritairement trois atouts. D’abord il semble évident que, dans le milieu de la communication, le CELSA fait office de référence : une garantie de qualité, un label qui valorise de toute évidence les CV. Le second tient au statut de l’école : ce critère dépendait davantage des valeurs et des principes des personnes sondées, mais pour beaucoup, l’association avec la Sorbonne et le statut d’école publique sont cruciaux et très valorisants. Le troisième atout est la sélection. Le fonctionnement même de l’école implique une diversité impressionnante de profils et de personnalités. C’est selon certains recruteurs une qualité qui ressort chez les étudiants qui sont passés par l’enseignement du CELSA : une grande ouverture, de la curiosité, et souvent des intérêts particuliers prononcés. Chez Dagobert par exemple, il a été dit que les activités en associations ou les hobbies sont considérés comme de l’expérience déterminante, au même titre que les expériences professionnelles.
De plus Certains nous ont parlé d’un changement de réputation : auparavant, la surpopulation féminine et la localisation à Levallois/Neuilly, jouaient en défaveur de l’école. Aujourd’hui on parle d’élèves davantage dynamiques, plus performants, plus ouverts. Et même si la population à majorité féminine semble poser encore quelques problèmes pour la parité en entreprise, le CELSA sait compenser par les résultats.
En conclusion nous dirons que bien sûr, il reste des choses à accomplir par les élèves et par le CELSA. Mais jusqu’ici, l’école et les Celsiens ont parcouru un long chemin en peu de temps, et ont stimulé et entraîné beaucoup d’évolutions positives, dans l’éducation et le monde de la communication. Pour terminer sur une note positive on notera l’unanimité que l’école a faite en termes de référence scolaire, et de niveau d’enseignement.
 
Marine Gianfermi, en collaboration avec les interviewers : Romain Pédron, Thomas Millard, Marie Latirre et Ophélie Delienne.
 
Crédits photo : ©Anaïs Martin – ©Junior Communication
Des remerciements tout particuliers à BETC EURO RSCG, Bouygues Telecom, Cicommunication, Dagobert, Saint Gobain, TF1 et Word Appeal, Et aux Aéroport de Paris, à Aristophane, Dysneyland Paris, Equancy &co, Europcar International, Fullsix, Groupe Lagardère Hachette Livre, et Lagardère Publicité, ID View, La Poste Groupe, Léo Burnett, L’Oréal, M6, MC Cann Worldgroup, MC2I Groupe, Moet et Chandon / Ruinart, Mozaik, My Little Paris, NBA New Business & Associés, Protéines, Publicorp Création, Saguez & Partners, Sanofi, SNCF, Société Générale, Thalès, TNS Sofres, Toys R Us, Trois temps conseil, Weber Shandwick,
Sans oublier bien sûr, ceux sans qui rien de tout cela n’aurait été possible : l’Association des Anciens Diplômés, le Bureau des Elèves, et JCom, la Junior Entreprise du CELSA.

Orgasme de Jim dans American Pie
Flops

Le cinéma français fait sa crise

En décembre dernier, plusieurs journaux annonçaient que le groupe Quinta Industries, entreprise de post-production audiovisuelle de nombreux films français tels que Astérix et Obélix au service de Sa Majesté, ou La Vérité si Je mens 3, était en faillite. La sortie dans les salles de ces films s’en voyait donc très compromise, bien que certains films avaient déjà commencé leur campagne de communication, comme La Vérité si je mens 3, dont les affiches sont visibles partout dans la capitale.
En réalité, plus de 61 films étaient concernés par cette crise.
Le 2 janvier dernier, Le Figaro publiait un article sur son site web pour annoncer que plus de la moitié de ces films avaient déjà « résolu leur situation positivement ».
L’article annonçait également la mise en place d’une réunion le 9 janvier afin de discuter de la situation avec les organisations professionnelles du secteur, toutefois aucune information n’est sortie sur les résultats de cette réunion.
Mais cette situation soulève un problème de fond qui a été identifié dès la seconde moitié de 2011, et pas uniquement en France. En effet le cinéma américain se trouve dans une crise similaire.  L’année dernière, la fréquentation des cinémas avait chuté de 10% au premier trimestre en France. Elle a certes fini par atteindre un record fin 2011, tirée par les films français Intouchables et Rien à déclarer par exemple, ainsi que la sortie d’autres franchises très attendues (Harry Potter et Tintin pour ne nommer qu’eux). Mais d’autres films se sont révélé être décevants en termes de résultats. Des superproductions comme Reel Steel n’ont pas crée l’engouement attendu, et cela est révélateur d’une tendance : les « Blockbusters » (les films à très gros budget) marchent moins. La fièvre de la 3D amorcée par Avatar n’a pas séduit les publics à la hauteur des espérances des producteurs. Au final, ce sont les films à budget plus timide qui ont su gagner le cœur des spectateurs.
Ce constat peut être fait également pour Hollywood. Durant les années 2000, les producteurs américains ont décidé de ne plus juger que par les franchises et les suites à répétitions. Les succès du Seigneurs des Anneaux et des premiers Harry Potter ont très probablement donné envie à toutes les maisons de production américaines d’avoir leur part du gâteau. Mais si l’on regarde les films qui ont le plus marqué la fin des années 2000, ce ne sont pas les plus gros budgets. En ce qui concerne les récompenses, on observe que des films comme Le Discours d’un Roi, ou même Slumdog Millionaire ont été largement préférés par les critiques et les professionnels du cinéma. En France les exemples ne manquent pas non plus. En 2008 sortait Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques, qui est passé presque inaperçu, et s’est vu voler la vedette par des films comme La Môme ou Le Scaphandre et le Papillon.
Plus récemment, le cinéma américain s’est pris d’affection pour The Artist, tout juste récompensé de 3 Golden Globes.
Alors, est-ce la fin des superproductions débordantes d’effets spéciaux et aux castings regroupant plus de superstars qu’un magazine people ?
L’enjeu est de taille, surtout quand on sait que beaucoup de films prévus pour 2012 sont des suites, comme le nouveau American Pie (prévu pour mai 2012) ou le troisième volet de Men in Black (prévu en mai également), pour ne citer qu’eux. Dans le cinéma, le flop n’est jamais là où on l’attend.
 
ER
 
Crédits photo : ©Universal Pictures

Exemple d'un troll 9gag
Agora, Com & Société

Le Troll, sadisme et spectacle

Peut-être avez vous manqué ce concept du troll, peut-être ne trainez-vous pas, à vos heures perdues, où les neurones cherchent désespérément à se connecter, sur des sites comme 9gag, ou d’autres encore… Vous n’avez rien manqué d’essentiel, si ce n’est un phénomène social intéressant du web : le troll. Le troll est une figuration graphique de diverses tendances qui parcourent le web. Il s’agit de ces petites BD, ou de ces montages photo, qui visent à faire rire à travers la moquerie, l’ironie, voire un peu de sadisme (voir illustrations).
On retrouve les blagues qui portent sur notre infra-ordinaire, déjà exposées sur des sites comme VDM. Par exemple, les thèmes exposés les plus importants concernent la fameuse « friendzone »*, les situations à l’école, les conversations qu’on trouve sur les réseaux sociaux, les moments de tous les jours dans lesquels tout le monde se reconnaît avec une certaine autodérision. Mais c’est aussi la démocratisation de l’illustration de notre quotidien : à l’origine, ce sont les auteurs de bande dessinées plus ou moins amateurs qui ont lancés cette vogue dans les blogs d’illustrer des anecdotes et des routines. Avec le troll, tout le monde peut se mettre à cette illustration car l’exigence graphique et artistique est minime (comme on peut le constater sur les sites en lien), et cette simplicité séduit d’autant plus qu’elle fait appel à l’imagination. Dernière tendance présente dans cette tête au sourire moqueur : la Fashion Geek. On a vu depuis quelques années se développer la mode du « nerd », les grosses lunettes, le look faussement négligé, et la conviction ferme que tout ce qui touche à cet univers un peu codé et fermé est cool. Le troll, en soi, existe depuis très longtemps, mais ce n’est que maintenant qu’il devient populaire et qu’il est utilisé par divers type de publics, sur pratiquement tous les réseaux sociaux. (Il faut tout de même noter que le troll fait constamment référence à un « patrimoine geek » qu’il est nécessaire d’avoir pour comprendre les blagues : du Seigneur des anneaux, aux jeux vidéos des années 90, la culture est vaste).
La métaphysique du troll reste cependant mystérieuse… Au départ, « troller » c’est intervenir dans un forum ou sur un site d’échange pour énerver l’audience, produire un débat, créer du conflit, ou tout simplement pour provoquer l’hilarité des complices et un certain plaisir sadique. C’est de là que sont ensuite venus les dessins, comme pour mieux représenter une pratique tellement vaste qu’elle ne concerne plus nos seuls échanges en ligne, mais envahit notre quotidien. Mais pourquoi « troller » ? Quelles sont les motivations des « trolleurs » ? Il y a cette première évidence qui vient à l’esprit : « on rit toujours plus facilement du malheur des autres » ; mais dans notre société moderne pessimiste et quelque peu dépressive, cela va au-delà de ça : la moitié des trolls, en effet, verse dans l’autodérision. Il y a cette idée que n’importe qui peut scénariser son quotidien, le représenter, ou simplement créer un événement : que l’on dessine sur Paint la petite BD de sa vie, ou qu’on aille se moquer d’une population sur un site, on crée un événement, quelque chose à raconter, qui atteindra toujours une audience. On se donne à voir, et on s’illustre à travers un humour particulier, qui a ses codes, ses règles, ses symboles, son langage. Du même coup, on intègre aussi une communauté, on partage des valeurs, des pratiques (pour un exemple concret du pouvoir de 9gag, voir ici comment les utilisateurs ont spammé Nescafé pour venger un des leurs : Nescafail. C’est bien là tous les avantages des nouveaux médias…
Pour finir, je voudrais revenir à la dimension historique du phénomène : en fin de compte, quand on y pense, le trolleur a toujours existé. C’est par exemple, celui qui durant une prise de vue en direct au journal télévisé, va se mettre en arrière plan du journaliste pour faire des grands signes de mains, ou des grimaces. En réalité, si on devait rendre toute son innocence au geste, on pourrait dire simplement que le troll est une grimace à l’endroit où ne l’attend pas.
 
Marine Gianfermi
 
* la friendzone, c’est le statut atteint parfois auprès de la personne qui nous intéresse lorsqu’on échoue à la séduire. La phrase fatale, clôturant toutes tentatives, se résumant à un discret mais terrible : « Tu es un(e) super ami(e) ».

Campagne Dolce&Gabbana choquante
Société

Le shockvertising

Vous n’avez rien demandé à personne. En bon citoyen intégré à la société sur-consommatrice vous avez parfaitement intégré la présence des publicités dans votre milieu naturel, vous ne les voyez même plus, vous avez renoncé à vous battre contre cette hyper-publicitarisation qui vous envahie. Selon certaines agences, les Français subiraient entre 600 et 800 messages publicitaires par jour (2 500 selon la « Brigade anti-pub »).
Face à une telle omniprésence, les spectateurs sont devenus hostiles : la lassitude a peu à peu gagné les Français qui sont désormais passifs quant à l’abondance de ces messages.
Les entreprises, de leur côté, tentent désespérément de capter votre attention dans cette jungle où la compétition est rude. Certains misent sur l’humour, d’autres sur le glamour mais dans le meilleur des cas, une publicité ne retient notre attention que quelques instants. Il n’y a pas à tergiverser : celles qui nous sortent de notre torpeur habituelle, sont d’une toute autre nature. Vous les avez certainement déjà remarquées… Elles nous offusquent, nous terrorisent parfois. Elles se fondent dans la masse de slogans et de réclames pour mieux nous frapper.
Certaines affiches cherchent en effet à nous choquer, non par pur plaisir sadique mais par désir de sensibilisation et de lutte pour des causes nobles : combat contre l’exclusion, les violences conjugales, le tabagisme, la protection de l’environnement et des animaux, la faim dans le monde… Le spectateur ressent alors souvent un tel malaise qu’il accepte de faire un don pour soulager sa conscience.
Jusque là rien de bien nouveau, il existerait deux grandes familles publicitaires : celles qui nous vendent un produit en nous attirant et celles qui défendent une cause en nous choquant. L’une nous manipule, l’autre nous sensibilise. L’une incite à l’achat, l’autre nous pousse à nous remettre en cause. Ces deux ensembles semblent donc complètement distincts. La réalité est bien sûr beaucoup plus compliquée.
Les marques ont compris que le meilleur moyen de se différencier de la concurrence était de recourir à une stratégie plus agressive à l’égard des consommateurs. C’est la stratégie adoptée par Benetton sous l’égide du photographe Oliviero Toscani. Celui-ci a renoncé à l’idée de vendre du rêve ; pour lui la publicité « ne vend pas des produits ni des idées, mais un modèle frelaté et hypnotique du bonheur ». Exit donc le mythe de la publicité qui défendrait des valeurs et une vraie image de marque, place à la créativité, à la liberté d’expression et aux images fortes. Les photos de Toscani sont toujours percutantes, choquantes et contraires à l’opinion publique.
Une nouvelle technique publicitaire est donc en plein essor : le shockvertising. Exploiter les tabous de la société : le sexe, le racisme, la violence, la mort, la maladie pour faire la promotion d’un produit qui n’a aucun lien avec ces grands thèmes de société. Les publicitaires utilisent des éléments qui ne passent pas inaperçus dans le but de susciter des émotions négatives chez les consommateurs (révolte, tristesse, colère).
Pourquoi les marques cherchent-elles à choquer leurs clients potentiels ? En quoi cela est-il favorable à la vente ?
Le shockvertising est en réalité très efficace car le fait de troubler les spectateurs renforce la mémorisation et donc l’efficacité de la technique marchande. Ces campagnes entrainent la confusion chez celui qui les regarde car aucun lien apparent ne semble lier l’idée du message au produit lui-même ; cela oblige donc les spectateurs à réfléchir sur la connexion entre les deux. On peut prendre l’exemple de l’affiche Dolce Gabbana qui montre une scène de viol, ou encore la marque de vêtement Sisley qui est très connue pour ses publicités outrancières dans lesquelles les thèmes de la drogue et du sexe sont très souvent repris. On y voit notamment des jeunes filles en train de « sniffer » un T-Shirt blanc comme s’il s’agissait de cocaïne. D’autre part, une publicité censurée crée du scandale et attise ainsi la curiosité des consommateurs qui chercheront par tous les moyens à voir ce qui semble si dérangeant ; ce fut le cas pour les affiches de campagnes contre le Sida sur lesquelles la maladie était comparée à Hitler, Staline et Hussein.
Le shockvertising est une technique publicitaire controversée et souvent dénoncée.
Jusqu’où les marques sont-elles prêtes à aller pour nous inciter à l’achat ? Les valeurs morales que nous partageons peuvent-elles être irrespectueusement utilisées à des fins commerciales ? Les publicitaires se défendent en affirmant que la liberté d’expression et la créativité sont les bases de leur métier. De plus, l’argument marketing est incontestable : les campagnes choquantes font parler d’elles et donc des marques qu’elles représentent. Attention tout de même car donner un nom à une technique (le shockvertising), ne la rend pas légitime pour autant et les dérives sont fréquentes. Ames sensibles s’abstenir.
 
Charlotte Moronval
 
Crédits photo : ©Dolce&Gabbana – ©Aids – ©Sisley

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Balle de football américain au sol représentative du Super Bowl Américain
Com & Société, Publicité

La publicité, grande gagnante du Super Bowl

Commençons avec une devinette : quel est le jour de l’année où les Américains consomment le plus de nourriture ? Okay, Thanksgiving, that was an easy one. Et le deuxième sur le podium ? Réponse : le Super Bowl Sunday. Le what ?
Le Super Bowl, c’est la finale du championnat national de football (américain, of course). Mais c’est aussi 1,25 milliards d’ailes de poulet, 4000 tonnes de guacamole, 14 500 tonnes de chips et surtout, environ 100 millions de téléspectateurs. Ce dimanche‑là est presque considéré comme un jour férié à part entière, le match est regardé en famille ou entre amis, et la consommation suit le mouvement, ainsi que les taux d’audience ! Le Super Bowl XLV (la 45ème édition du match depuis la toute première en 1966) est même à ce jour l’émission télévisée américaine la plus regardée de l’Histoire.
111 millions d’Américains rassemblés devant leurs téléviseurs par la seule beauté du sport ? Pas tout à fait. Chez l’oncle Sam, un match de football est toujours accompagné d’une fanfare, de cheerleaders, de l’hymne américain… Autant dire que lors du Super Bowl Sunday, le spectacle est à son comble ! Chaque année, le processus de sélection de la ville qui organisera la grande finale s’apparente aux sélections olympiques. Important aussi, le choix de l’artiste qui aura l’honneur de chanter l’hymne américain, et de celui qui animera la mi‑temps par un mini‑concert (mais avec un maxi‑public). Cette année pour le Super Bowl XLVI, qui aura lieu le 5 février, ce sont Indianapolis, Kelly Clarkson, et Madonna qui ont raflé la mise.
Mais pour les téléspectateurs, le spectacle ne se joue pas uniquement sur le terrain, il est aussi dans les coupures publicitaires. Eh oui, quand on s’appelle Coca Cola, Doritos ou Budweiser et qu’on s’adresse au tiers de la population américaine à travers un spot qui peut coûter jusqu’à 100 000 dollars la seconde, on s’arrange pour ne pas louper son coup. Résultat : les publicités diffusées lors du Super Bowl sont bien souvent des merveilles d’ingéniosité et de drôlerie, et sont une des raisons pour lesquelles tant d’Américains se regroupent devant leur télé ce soir-là. Dans une société dite de plus en plus publiphobe, quel drôle de phénomène que celui-là: la pub est appréciée, voire plébiscitée, elle est presque appréhendée comme une forme d’expression artistique, à la manière du cinéma ou de la photo. Alors que les pauses publicitaires sont traditionnellement pour les téléspectateurs un moment propice au zapping ou à la satisfaction des besoins les plus élémentaires de l’organisme, ici les annonceurs s’efforcent de contrer le phénomène et de retenir les Américains dans leur canapé à l’aide de talentueux exercices de style. D’une certaine façon, pendant le Super Bowl, la pause pipi c’est le moment où le match reprend ! Selon Stephen Master, le vice président de l’institut de recherche et de sondage Nielsen, près de 50% des téléspectateurs allument la télé pour regarder les publicités, plus que pour regarder le match*.
Néanmoins, on peut s’interroger. Les bijoux publicitaires dévoilés lors du Super Bowl Sunday valent-ils vraiment leurs 3,5 millions de dollars (pour un spot de trente secondes) ? Il semble pourtant que les marques trouvent leur compte dans cet investissement. En effet, l’audience atteinte par les publicités du Super Bowl ne se limite pas aux quelques 111 millions d’Américains qui auront passé le dimanche devant le match. Les publicités du Super Bowl sont un tel phénomène que désormais on voit fleurir sur Internet les listes récapitulatives et autres « tops des 20 meilleures pubs du Super Bowl ». Si par ailleurs, on tient compte de la dimension affective qui lie les consommateurs à ces perles attendues chaque année avec impatience, on imagine sans peine l’impact que peut avoir un spot au Super Bowl pour les marques. Faire partie des happy few qui communiquent lors du Super Bowl est déjà en soi une raison d’être au cœur de la conversation ! En témoigne l’attention que reçoivent dès aujourd’hui GoDaddy.com, Doritos, Skechers, Teleflora, Pepsi, ou encore Kia pour avoir annoncé qu’ils diffuseraient un spot lors de ce Super Bowl XLVI.
 
Esther Pamart
* Source: money.cnn.com
Crédits photo : ©Anderson Mancini Flickr

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Publicité pour Yummypets représentant un chien triste de ne pas avoir son profil
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Jakadi qu’il fallait inscrire son minou sur Yummypets…

Il n’est pas véritablement le premier réseau social pour animaux, comme on a pu le lire ou l’entendre dans les médias. Yummypets arrive après Woopets, Zanibook, ou encore Mypety – autant de plateformes qui permettaient déjà aux internautes de créer une sorte de profil Facebook à leurs minous, toutous, et autres bêbêtes. En cela, il semble que l’agence de communication bordelaise Octopepper qui a lancé le projet ait plutôt réussi son coup : de nombreuses chaînes télévisions y ont consacré un mini reportage (pas très fouillé, puisque toutes ont présenté le réseau comme un concept absolument innovant), et l’information a également été relayée sur le web. Mais pourquoi 150 maîtres de plus chaque jour y inscrivent-ils leur Médor, et pourquoi cela a-t-il tant intéressé les médias ?
La plateforme de Yummypets est bien plus accueillante, plus séduisante que celle des réseaux concurrents – si l’on peut parler de concurrence. Le design est agréable, les diverses catégories apparaissent clairement et le tout semble très simple d’utilisation. Aucun internaute un peu familier des réseaux sociaux n’aurait de mal à comprendre comment l’utiliser, ni à s’approprier ses fonctionnalités. Le propriétaire, après avoir renseigné quelques informations personnelles, établit un profil pour son animal, exactement comme il l’aurait fait pour lui-même : pseudo, description, photos, etc. Les rubriques livres, émissions et films favoris, grâce auxquels nous nous caractérisons sur Facebook, ont été remplacées par « plats », « jouet préféré », « place préférée » ou encore « plus grosse bêtise »… Je vous passe les florilèges et vous laisse le soin d’aller voir par vous-même, les Curieux…
A côté de cela, les utilisateurs ont la possibilité de se faire des amis, ou encore de devenir fan d’autres animaux – de les « suivre », un peu comme sur Twitter. D’ailleurs, certains profils « privés » sont accessibles uniquement si l’on est inscrit sur Yummypets et que l’on suit l’animal en question. Restreindre les contenus visibles, ou augmenter la part d’invisible : une manière d’inciter les simples visiteurs curieux à s’inscrire… D’autant que le réseau social propose plusieurs fonctionnalités invitant les internautes à interagir, tel que le « cute or not cute », qui permet d’élire parmi deux toutous/minous/pioupious le plus mignon ; le nombre de participations s’élève déjà à 20 000. Les concepteurs organisent également chaque mois un concours photo à thème – en ce moment, c’est « le plus bébé du mois »… Le but de toutes ces manœuvres est bien évidemment d’augmenter le temps passé sur le réseau à chaque visite : aujourd’hui, les membres y restent en moyenne 15 minutes par jour ! Cela pourrait sembler peu, mais c’est déjà considérable compte tenu la jeunesse de Yummypets et le nombre encore assez réduit de membres et de fonctionnalités. Et le virus est amené à se propager grâce à la page Facebook et au compte Twitter dédiés au réseau, qui sont incroyablement bien animés.
Le potentiel du réseau social apparaît donc plutôt intéressant. Si pour l’instant les fondateurs d’Octopepper disent ne pas vouloir « monétiser très vite » – « on n’est pas des marchands d’animaux. On veut conserver l’affect. » –, le concept pourrait devenir rapidement rentable. Les entreprises exerçant dans le secteur animalier devraient y voir un support publicitaire formidable – quel meilleur endroit qu’une communauté complètement dingo des bêbêtes pour trouver de nouveaux clients ? –, et M. Glayrouse parle déjà de la mise en place éventuelle d’une boutique en ligne… Ingénieux. D’autant que l’application pour Iphone est prévue pour fin février…
Mais mettons entre parenthèses ce que Yummypets rapporte d’un point de vue stratégique et économique pour se pencher sur ce qu’il apporte aux utilisateurs. « On s’est dit que, comme ça, les gens allaient beaucoup plus se lâcher », déclare le concepteur. Et il n’avait pas tort : le réseau social animalier rapproche ses membres, et il les rapproche certainement plus que Facebook ou Twitter, sur lesquels ils s’efforcent souvent d’entretenir une certaine image, promouvant leur profil dans une logique de personal branding. Sur YP, les utilisateurs se permettent des réactions plus spontanées – plus « bêtes » aux deux sens du terme ! – parce qu’ils savent qu’ils sont entre eux, entre grands amateurs d’animaux, et qu’ils parlent et agissent de toute façon derrière le masque de leurs compagnons poilus. Non non non, ce n’est pas moi qui fait/dit cela, c’est Caramel, mon cochon d’Inde !
Si tout cela apparaît fort sympathique, et fort commode, il reste un risque important : celui de commencer à se voiler la face et vivre par procuration…
 
Elodie Dureu
Crédits photo : ©Yummypets

Hollande interviewé par des journalistes
Société

Vers la fin du off ?

Début d’année, reprise de la campagne présidentielle – qui s’était un peu arrêtée avec la magie des fêtes – et comme d’habitude, cela ne commence pas par le meilleur. Le Parisien publie des propos attribués à François Hollande où celui-ci se met dans la peau de Nicolas Sarkozy : «Je suis le Président de l’échec, je suis un sale mec, mais dans cette période difficile, je suis le seul capable, j’ai le courage…». Cette déclaration, tenue en off, avait elle vocation à se retrouver dans la presse ?
De plus en plus malmené par les nouvelles technologies et les nouvelles formes de journalisme, le « off » est il encore une réalité ?
Si le « off » a été créé, c’est qu’il servait des intérêts. Dans le principe, il est une protection pour les hommes politiques, qui peuvent de temps en temps s’exprimer librement (ce qui sous-entend bien que ce n’est pas toujours ce qu’ils font quand ils sont interviewés de manière classique). Ainsi que pour les journalistes qui obtiennent des informations -qui même si elles ne sont pas publiables – apportent un ton à l’article et une relation de confiance souvent utile.
Le « off » inciterait donc au journalisme connivent, non critique, facile. En ce sens, les journalistes sont les premiers à défendre la publication du off dans leurs articles. C’est le cas de Maurice Szafran, dans l’introduction de son livre « OFF : Ce que Nicolas Sarkozy n’aurait jamais dû nous dire », qui écrit « le journalisme neutre, faussement objectif, nous fait mourir ». La publication du « off » serait l’anecdote, la petite information qui apporterait la touche finale à un article peu dynamique. Cette vision du journalisme à l’anglo-saxonne prône la transparence totale : « un président ou un candidat à la présidence n’a pas de vie privée » avait dit Bob Woodward (il fût à l’origine du scandale du Watergate).
Dans cette manière de penser le « off », on comprend bien que celui-ci serait toujours involontaire de la part du politique. C’est une pensée naïve. Cependant, il est sûr qu’au fur et à mesure que le « off » disparaît, les hommes politiques s’adaptent. C’est donc un nouveau canal de communication, avec un contrat à part qui s’est institué : « je te raconte quelque chose que tu vas publier comme si tu n’avais pas le droit de le faire ». Là, ce n’est plus les politiques ni les journalistes qui sont bernés mais bien les lecteurs. F. Hollande voulait-il se donner une nouvelle image plus combative en traitant N. Sarkozy de « sale mec » ? Ou tentait-il juste un trait d’humour pour construire une connivence plus forte avec les journalistes présents ? Difficile à savoir…
En soi, la question du on/off est en passe d’être tranchée : la frontière entre les deux a disparu. C’est la conséquence logique d’une société où les petites phrases en politique font bien plus vendre que les grands projets de société.
 
Ludivine Preneron
 
Crédits photo :
©Sophie Levy

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