Flops

Trop de bashing tue le bashing

 
Si vous avez lu la presse en 2013, si vous avez écouté la radio, allumé votre télévision, ou si vous êtes simplement sorti de chez vous, vous n’avez pas pu passer à côté de ce terme mille fois rabâché, le « bashing ». Le verbe « bash » est un mot anglais qui signifie « cogner ». Pour faire simple, si l’on vous dit que vous allez vous faire « basher », c’est que vous allez prendre une raclée. Mais l’attaque ne sera pas nécessairement physique, le terme est plus souvent utilisé pour parler d’agression verbale. Dans notre cadre médiatique moderne, on pourrait  définir le « bashing » comme étant l’art du dénigrement systématique.
Le bashing est un mot un peu magique, qui a la faculté de pouvoir être accolé à n’importe quel nom de personnalité politique, de personnalité médiatique, de personnalité tout court. Cette année, on a beaucoup lu dans les médias des expressions telles que le « Fillon bashing », le « Taubira bashing », le « Hollande bashing » ou encore le « Ben Affleck bashing ». Quel est le point commun entre le futur acteur de Batman vs Superman et notre président ? Ils ont tous deux été victimes de propos virulents sur les réseaux sociaux.

Après tout, qu’y a-t-il de répréhensible à se moquer un peu des « people » ? Pourquoi les internautes n’auraient-ils pas le droit à une liberté d’expression absolue ? Exprimer son mécontentement à propos d’un homme politique ou du mauvais choix d’un acteur pour un blockbuster de 2015, c’est légitime. Mais ce qui peut poser problème, c’est que le propre du bashing est de ne pas être une critique constructive. Basher c’est insulter, harceler, pousser l’incivilité à son maximum.
Prenons l’exemple de la plateforme Ask.fm. Le principe est simple. Créer une page. Attendre que des anonymes posent des questions. Y répondre. Le site est investi principalement par des adolescents, qui se « trollent » ou se « bashent » souvent mutuellement. En août dernier, David Cameron avait appelé à son boycott, car des adolescents se seraient suicidés après avoir été la cible de commentaires dégradants.

Cet exemple est extrême, mais il nous rappelle que chez les adultes, les propos sont parfois aussi immatures que chez les adolescents. Sur Twitter, le bashing est une déferlante qui ne cesse de prendre de l’ampleur et qui touche tous les milieux : le politique d’abord, mais aussi le culturel ou le milieu économique. Ce qui est inquiétant dans cette pratique, ce n’est pas qu’un individu passe ses nerfs sur une personnalité médiatique, mais c’est qu’il le fait dans l’anonymat d’un groupe. Je bashe, mais bon, tout le monde le fait. Dans Psychologie des foules, Gustave Le Bon écrit : « Dans les foules, c’est la bêtise et non l’esprit qui s’accumule. (…) La foule est toujours intellectuellement inférieure à l’homme isolé. (…) La foule étant anonyme, et par conséquent irresponsable, le sentiment de la responsabilité, qui retient toujours les individus, disparaît entièrement. »
Ces derniers mois, en France, on a beaucoup entendu parler de « French bashing ». Les politiques et les grands patrons, comme par exemple Xavier Niel (le patron de Free), dénoncent « l’auto-flagellation » qui sévit en ce moment sur les réseaux sociaux. Ils crient au scandale car ils sont les principales victimes de la pratique du bashing. Ils ont probablement raison en ce point : c’est une pratique contre-productive, elle favorise la propagation du défaitisme, et dans un cadre économique, elle ne peut que faire fuir les investisseurs.
Espérons qu’en 2014, les « boucs émissaires collectifs », pour reprendre l’expression de François Jost consacrée à Nabilla, auront un peu de répit.
 
Camille Frilley
Sources :
Socialmediaclub.fr
Nouvelobs.com
Huffingtonpost.fr
Allocine.fr
Crédits photos :
News.com
Lagauchematuer.fr
Ozap.com

Société

Twitter, le petit oiseau fait des bulles

 
Le jeudi 7 novembre, à New York, Twitter est entré en bourse. Cette entrée, qui n’aura surpris personne tant le réseau social l’avait soigneusement préparée en amont, a été assez réussie selon les observateurs, le titre ayant grimpé jusqu’au double de sa valeur initiale avant de se stabiliser aux alentour de 44$ l’action. La “catastrophe Facebook” était donc évitée.
Cette réussite s’explique par plusieurs facteurs qui construisent à eux tous une communication globale parfaitement maitrisée. Celle-ci a permis à l’entreprise de San Francisco de résoudre les paradoxes qui existent entre l’intérêt des utilisateurs et celui des investisseurs mais surtout celui entre innovation et prudence.

Premier facteur donc, l’effort de transparence dont a fait preuve Twitter n’hésitant pas à annoncer ses pertes prévisionnelles en place publique ou encore à ne pas cacher qu’il pourrait y avoir des problèmes dans son modèle économique tout en restant ferme sur sa volonté de ne pas ajouter plus de publicité sur son site principal. Cela a bien sûr participé à rassurer à la fois les utilisateurs (audience et donc matière qui fonde la valeur de Twitter) et les investisseurs, Twitter apparaissant comme une société sérieuse consciente de ses défauts et problèmes.
Deuxième facteur, la posture humble et sérieuse que la société a prise vis à vis de sa cotation en bourse. Le choix du NYSE et non du Nasdaq n’est pas anodin (Facebook avait choisi ce dernier). En effet, le Nasdaq est habituellement réservé aux valeurs technologiques à fort potentiel d’innovation et de croissance (choix qui aurait semblé dès lors logique pour Twitter), ce qui en fait le marché privilégié des spéculateurs à court terme. À l’inverse, le NYSE est historiquement le marché des valeurs dites traditionnelles (industrie, sidérurgie, automobile notamment), installées et portées sur le long terme. Le choix du NYSE par Twitter communique une volonté de se développer sur le long terme et permet ainsi de réduire les nombreuses craintes quant aux défauts actuels, aux niveaux financier et économique, de la société. De plus Twitter, qui a surement appris du contre-exemple Facebook a décidé de présenter une action à un taux assez raisonnable (bien que supérieur à celui prévu en premier lieu) et surtout dans un volume relativement faible. Le réseau social a ainsi travaillé sa rareté sur les marchés ce qui a permis à l’action d’augmenter facilement sa valeur.
Mais tout cela n’explique toujours pas pourquoi bon nombre d’investisseurs ressentent le besoin d’investir dans Twitter, de croire tout simplement en la possibilité pour la compagnie de dégager du profit, celle-ci étant jusque là déficitaire (134 millions de dollars de perte attendue en 2013). Manque d’explication apparente qui amène de nombreuses personnes et journalistes à voir en cette Twitter-mania le témoin de la formation d’une nouvelle bulle internet, analogue à celle de la fin des années 90.
Si cette crainte peut être justifiée mais non vérifiée (on ne peut savoir qu’une bulle est une bulle qu’au moment où elle éclate), elle est tout de même en partie infirmée par le fait que des entreprises comme Facebook ou LinkedIn gagnent déjà de l’argent et que Twitter semble suffisamment préparé pour être rentable lui aussi.
 
 
Son principal avantage réside en MoPub, leader dans le secteur de la publicité sur mobiles racheté au groupe Orange début septembre. Rachat qui ne semble pas, par ailleurs, tout à fait fortuit et sans rapport avec l’introduction de l’entreprise sur les marchés. MoPub permet en effet à Twitter d’être l’entreprise la plus intéressante actuellement en terme de développement autour de la publicité mobile, si ce n’est de la publicité tout court. Car si MoPub est le leader en son domaine, Twitter est le mieux placé, ou du moins l’un des mieux placé dans la course aux datas. C’est ainsi un des rares sites à être capable de suivre l’utilisateur sur plusieurs appareils grâce au Twitter ID.
Pour résumer, Twitter est désormais capable d’identifier l’utilisateur quelque soit l’interface utilisée (fixe ou mobile), de le signifier aux annonceurs et de leur vendre en temps réel, grâce au Real Time Bidding, (technologie qui gouverne le monde de la publicité digitale aujourd’hui) un espace publicitaire dont la valeur est accrue par cette identification (en tant qu’intérêt pour une marque, un type de produit). Cela permet alors à une entreprise de suivre son client sur tous les appareils qu’il utilise et ainsi d’augmenter la probabilité d’achat, d’effectivité de l’annonce.
Cette innovation, majeure dans l’ère du Big Data permettrait d’expliquer l’engouement des investisseurs pour Twitter. La firme semblerait dorénavant avoir le plus fort potentiel de croissance à long terme, devant Facebook même.
 
Thomas Luck
Sources :
Lemonde.fr
Lemonde.fr
Lenouvelobs.fr
Huffingtonpost.fr
Medium.com
Crédit photo :
Bannière : metronews.fr
IPO : twimg.com
Mopub : social-media-actu.com
 

Didier Deschamps porté par les joueurs de l'équipe de France
Les Fast

Malheureusement pour certains, ils ont gagné …

 
Comme souvent en France, le football déchaîne les passions. Mais certains avaient mis en jeu beaucoup plus que d’autres sur ce coup-là…
Les paris se sont enchaînés sur les plateaux de télévision et surtout sur Twitter. Ce genre de choses se répand très vite sur la toile. Mais attention à ne pas parler trop vite … C’est ce qu’a découvert la société Dorcel (productrice de films pornographiques) à la fin du match. Cette société avait promis sur son compte Twitter un accès gratuit à sa VOD toute la nuit si les bleus gagnaient, et n’a pas pu tenir parole… Parce que les serveurs ont été complètement noyés sous l’affluence massive des internautes.
Pas besoin d’être connu pour que ses paris soient retenus, en témoigne ce tumblr  créé juste pour l’occasion, et qui va faire regretter très vite à ces tweetos d’avoir tweeté trop vite !
Antoines De Caunes a introduit l’émission en anglais, Augustin Trapenard a dû dire du bien du livre de Nabilla, Doria a fait sa météo dans la charmante ville de Poil (mais aussi à poil !), Cyril Hanouna s’est teint en blond… Bref, tout le monde a tenu son pari.

Tous ces éléments ont été rappelés allègrement tout au long de la journée d’hier sur les pages de ces émissions, pour tenir le public en haleine et pour s’assurer d’une très, très belle audience hier soir. Ou quand les réseaux sociaux, loin de réduire l’audience, sont un moyen de la maintenir, voire de l’augmenter en de grandes occasions. Une nouvelle façon pour les chaînes de télévision d’utiliser leurs pages Facebook, Twitter, Instagram, voire bientôt Bitstrips ?
 
Paola Paci
Sources
Lemonde
Legrandjournal

Stop au hashtag
Les Fast

#Overdose ?

 
Jouons à un nouveau jeu : éviter de croiser un hashtag durant toute une journée. Perdu ?
Le hashtag est un marqueur de métadonnées originellement utilisé par IRC (Internet Relay Chat) dans les années 1990. Rendu populaire par son utilisation sur Twitter à partir de 2007, il permet de classifier sur les réseaux sociaux des mots-clefs lorsqu’ils sont précédés d’un croisillon : le « # » (créant des liens hypertextes). Il apparaît ensuite sur de nombreux autres sites, comme Instagram, Tumblr, Linkedin… et récemment les géants YouTube (2011) et Facebook (2013).
Son succès est tel qu’en 2013, le hashtag ne se cantonne plus à Internet. Perdant son utilité première, il devient un véritable symbole communautaire. Ainsi la publicité et l’événementiel se sont stratégiquement emparés de ce nouveau phénomène. D’innombrables affiches et spots publicitaires utilisent désormais les hashtags.
Citons comme exemple le spot publicitaire de Subway :

Ou encore les affiches du BHV Marais :

Il est désormais courant de voir des hashtags s’afficher en bas de l’écran lorsque l’on regarde des émissions de télévision. Des présentateurs (cf. cérémonie des Grammys) en ponctuent naturellement leurs phrases, démocratisant leur usage.
C’est bien cela le plus troublant, son apparition dans la culture et le langage oral. Dans la musique par exemple : le célèbre rappeur Kanye West parle même d’un « hashtag rap » (une métaphore, une pause, une « one-word punchline »).
Cela prend une telle ampleur que le commun des mortels s’y met aussi. Faire un croisillon avec ses doigts et insérer un hashtag dans la conversation : pas si absurde ?
Phénomène de mode à son apogée ? Indéniablement. Un tel usage du hashtag est-il supposé durer ? Cela est moins sûr. Quand les smileys, lol et autres mdr sont sortis de la sphère Internet pour envahir notre quotidien, ces derniers se sont ringardisés.
Aussi… Gare à l’#overdose.
 Justin Timberlake et Jimmy Fallon sont d’accord 
 
Maud Espie
Sources
TwitteRadar
Wikipédia
Crédits photos :
 Image de Une : Ilétaitunepub.fr

Facebook, j'aime ou j'aime pas ?
Les Fast

Les réseaux sociaux : WHO’S NEXT ?

 
Au secours, Facebook devient has been ?
Une récente étude américaine montre que Facebook séduit moins les jeunes adolescents aujourd’hui que leurs aînés.
Il semble que les jeunes utilisateurs commencent à se lasser de partager leurs photos librement, de liker les pages de leurs films préférés, et préfèrent les mini-messages vifs de 140 caractères.
Sur 8 600 interrogés, 26% préfèrent Twitter, contre 23% pour Facebook et sa filiale Instagram.
De plus, on ne peut ignorer l’entrée fracassante de l’Oiseau bleu à Wall Street, qui semble être au passage bien mieux réussie que celle de son concurrent en son temps.

Facebook et Twitter co-existent depuis plusieurs années déjà, alors pourquoi ce revirement en 2013?
Aujourd’hui, la tendance semble être celle du commentaire. Il faut réagir et interagir sur un article, une émission… et bien sûr dans l’instant.
Alors, Twitter a-t-il déjà remplacé Facebook dans le cœur des ados ? Les tweets ont-ils remplacé les statuts, et les followers les amis ?
Twitter semble bien « follow » les traces du succès de Facebook. Alors faisons une hypothèse un peu folle : après The Social Network, pour quand un film sur la création de Twitter ?
Les réseaux sociaux n’ont pas le temps de s’essouffler qu’ils se trouvent déjà soi-disant remplacés.
Alors chers curieux, à vos Smartphones : Mais pourquoi faire au juste ? Actualiser son statut, retweeter ou pourquoi pas envoyer un Snapchat à un ami ?
Avouez qu’on s’y perd un peu. Who’s next ?
 
Sophie Cleret
Sources :
Stratégies.fr – Twitter détrône Facebook chez les adolescents américains
Slate.fr – Les adolescents se lassent de Facebook
Crédits photos :
Image de une : BeGeek.fr
Image 2 : brandaroundtheweb.fr

Christine Boutin
Flops

Twitter : la déferlante Christine Boutin

 
Les digital natives n’ont qu’à bien se tenir. Avec plus de 6 600 tweets en 3 ans et 57 200 abonnés, l’ex-présidente du parti chrétien démocrate est un membre très actif du réseau social. Nul besoin d’un community manager : Christine Boutin gazouille à qui mieux mieux, et les internautes ne perdent pas une occasion de relever ses dérapages.
Si l’ancienne ministre est si souvent ciblée par les médias et notamment chez les pure players comme le Huffington Post, c’est parce que ses commentaires sont nombreux, polémiques et portent sur tout et n’importe quoi.
Ces derniers mois, son sujet de prédilection était le mariage gay. On se rappelle de la controverse provoquée par son intervention sur RMC à propos de La Vie d’Adèle. La vidéo YouTube qui contient les fameux propos « Aujourd’hui la mode c’est les gays, on est envahis de gays » a été visionnée plus de 444 000 fois, ce qui est très profitable pour la radio généraliste française. Christine Boutin fait le buzz.
La presse l’invite volontiers à témoigner sur des sujets de société, mais il semblerait que ce soit davantage pour la retombée médiatique qui suit ses prises de parole que pour les idées politiques et l’expertise de l’ex-ministre.
Mais Christine Boutin ne se mêle pas seulement de ce qui (selon elle) la regarde, c’est-à dire l’avenir de la France face aux « lubies » du gouvernement sur les droits des homosexuels. Elle s’intéresse aussi de très près à la lutte des stars américaines contre le cancer du sein :

 Comme le montre ce tweet, l’appétit de l’ex-présidente du PCD pour le commentaire de critique gratuite est insatiable.
 Le 27 octobre dernier, Cécile Duflot, elle aussi très active sur Twitter, expliquait pourquoi ses tweets se faisaient de plus en plus rares : « Pour comprendre pourquoi je twitte moins / réponds moins, parce que ça ferait lire ce genre de trucs 10 fois/jour… » (le message était accompagné d’une capture d’écran des dernières insultes qu’elle avait reçues sur le réseau social). Christine Boutin s’est alors empressée de s’adresser à la ministre :

Les médias ont ajouté cette intervention à la liste des désormais fameux « dérapages » de l’ex-présidente du PCD. Journalistes et internautes se moquent de ses tweets car ils sont maladroits, non seulement dans le fond mais aussi dans la forme. La contrainte des 140 caractères pousse l’ex-ministre à utiliser des abréviations parfois peu compréhensibles. Son utilisation des majuscules est arbitraire, et la place du « # » dans ses hashtags est versatile. Quant à l’emploi du « @ », il est parfois aléatoire : en septembre Madame Boutin avait voulu s’adresser à Vincent Peillon pour critiquer la charte de la laïcité à l’école ; elle a malencontreusement interpelé dans son tweet un certain Didier Peillon, directeur du mécénat de l’université… catholique de Lille.
Que cherche donc Christine Boutin ? Si son objectif est de contribuer au dynamisme de la vie politique française et de donner une bonne image au conservatisme chrétien de son ancien parti, les tweets de l’ex-ministre sont un « epic fail » médiatique. Ses commentaires sont évoqués avec humour sur la scène politique, et les membres du PCD se gardent bien de relayer les tweets de l’ancienne présidente.
 Malgré ses flops réitérés, Christine Boutin a tout de même le mérite de s’être adaptée au Web 2.0. A tel point que le « Cogito ergo sum » de Descartes se transforme à la lumière de ses commentaires en « je pense donc je tweete ».
 
Camille Frilley
Sources :
Huffintonpost.fr
Lesinrocks.com
Francetvinfo.fr
Twitter.com

Crédits photos :
Image de Une : Christine Boutin lors de la manif pour tous du 26 mai 2013 © Maxppp – Thomas Padilla

Les Fast

« Tweet-a-coffee », le grain de convivialité qui manquait ?

 
Starbucks, plus 17 000 coffee shops dans le monde, 50 millions de clients par semaine et 35 millions de fans sur Facebook. Si ces chiffres ont fait de Starbucks le géant du café, ils ont aussi contribué à rendre, au fil des années, la multinationale de plus en plus compétitive et de moins en moins chaleureuse.
Les adeptes d’Expresso ou de Caramel Macciato sont pour la majorité jeunes, dynamiques et surtout ultra connectés comme le prouvent entre autre les milliers de clichés inspirés que l’on peut voir chaque jour sur Instagram. Lancé aux Etats-Unis fin octobre, le service « Tweet-a-coffee » propose aux consommateurs dont la carte de crédit est enregistrée sur le site de Starbucks d’envoyer via Twitter une carte cadeau électronique de cinq dollars, en somme de twitter un café. Avec cette offre, Starbucks tente de revenir aux fondamentaux, à son cœur de cible. Elle contribue également à créer du lien, à rendre le tweet, habituellement froid et impersonnel, plus concret, plus généreux. Néanmoins les Starbucks Coffee n’étaient-ils pas à l’origine des lieux de convivialité et de partage plutôt que de simples distributeurs?
Car si la marque a bien compris qu’elle devait mettre à profit sa notoriété sur les réseaux sociaux, il lui faudra tout de même veiller à ce que les nouvelles technologies ne se retournent pas contre elle en achevant demain de rendre virtuels les liens qui nous unissaient encore hier autour d’un bon café.
 
Clémence Lépinard

Les Fast

"My friends call me Batman"

La double vie d’un collaborateur d’Obama sur Twitter.
Un haut responsable de l’administration Obama a été démis de ses fonctions le 23 Octobre dernier pour avoir proféré des insultes à l’encontre des membres du gouvernement sur un compte Twitter anonyme. Depuis 2011, Jofi Joseph, responsable de la lutte contre la prolifération nucléaire et membre de l’équipe en charge des négociations avec l’Iran autour des armes nucléaires, tweetait régulièrement sous le pseudonyme @natsecwonk, n’hésitant pas à critiquer ouvertement la politique de la maison blanche ou même à divulguer des informations internes sur l’administration Obama. « My friends call me Batman », avait-il tweeté, narguant les services de sécurité lancés à sa recherche.
Egalement soupçonné d’avoir ouvert un second compte anonyme, @dchobbyist, sur lequel il publierait cette fois-ci des commentaires sur ses recours aux services de prostituées, Jofi Joseph, a finalement avoué les faits avant de s’excuser auprès de ses collaborateurs et de déclarer :« ce qui avait commencé comme une parodie de la culture de Washington est devenu un ensemble de commentaires déplacés et mesquins. J’endosse la responsabilité totale de cette affaire et je présente mes sincères excuses à tous ceux que j’ai insultés ».
A l’heure où certains supérieurs hiérarchiques n’hésitent plus à licencier leurs employés pour des discussions sur Facebook, cette affaire aux apparences de simple scandale politique fait pourtant ressurgir une problématique récurrente. Entre parole publique et échange à caractère privé, la prise de parole sur les réseaux sociaux ne bénéficie pas encore d’un statut clairement défini. Il est donc légitime de se demander où se situe aujourd’hui la frontière entre ces deux statuts autrefois clairement dissociables.
 
 
Amandine Verdier

logo vine
Société

Veni, Vidi, Vine

Il se regarde plus vite qu’il ne s’explique. Un Vine est une vidéo de l’application mobile du même nom, qui permet de filmer et partager des vidéos de 7 secondes, pas plus. Trois mois après sa sortie en Janvier 2013, elle était déjà la plus téléchargée de l’Apple store. La naissance et la belle carrière de Vine, parmi la multitude d’applications qui existent déjà, avait quelque chose de prévisible. Cet outil est comme un concentré de certains traits de notre société : self-expression, technologie, internationalité, immédiateté, viralité, mobilité, et autres mots en –té…
Un terrain fertile
La montée de l’usage des smartphones et des applications rendent le destin d’outils comme Vine prometeur. De plus en plus de vidéos sont visionnées sur mobile et durant des durées limitées (le temps d’un trajet par exemple). La réalisation et la publication de ces micro vidéos sont facilitées grâce notamment à la 3G, la 4G, et à la réduction du nombre d’images par seconde. Vine surfe sur la mode du gif et sur la tendance à faire passer un message, souvent humouristique, de façon rapide et répétitive. Ce n’est pas pour rien qu’elle a été rachetée par son grand frère Twitter avant même d’être lancée. La vitesse et l’instantanéité sont les maîtres mots de cette fraterie. On est passé tout naturellement du phénomène de « la petite phrase » à celui de la « petite vidéo ».
Comme dans tout champ prospère, la concurrence existe. Instagram propose un système similaire, mais avec des vidéos plus longues de 15 secondes et des filtres pour l’indémodable effet vintage. Mais Vine a un potentiel bien plus comique qu’esthétique.
Le plein de viralité 
Ce qui fait la force de Vine c’est aussi son fort pouvoir viral. Une fois la vidéo finalisée, on a ainsi la possibilité de la publier simultannément sur Vine, Twitter et Facebook. Les vidéos peuvent ensuite être postées sur d’autres sites ou blog. Sur Youtube, il existe ainsi des compilations longues d’une dizaines de minutes réunissant les meilleurs Vines du net (attention ça rend un peu fou). L’humour en image a l’avantage de pouvoir être partagé par le plus grand nombre. Des pages facebook « Best Vines » rassemblent des vidéos bien souvent anglo-saxonnes, à l’humour universel. La vidéo devient aussi simple à partager qu’une image. Il se créé ensuite une réaction en chaîne : on commence par regarder des vines, puis on se dit pourquoi pas moi ? C’est un peu comme sur Twitter, quand on commence par follower avant de se mettre à tweeter soi même.

L’expression sous contrainte
Vine est comme l’évolution d’un format très court d’une vidéo Youtube, avec ce qu’elle implique : la possibilité de s’exprimer pour un grand nombre de personnes. Les utilisateurs deviennent les réalisateurs de micro films. Comme dans tout exercice, on peut penser que la contrainte fait naître la créativité. L’exercice peut sembler simple, et pourtant il nécéssite un mini scénario, une idée simple qui doit surgir en six secondes. On ne peut pas non plus tricher : la vidéo peut se faire en plusieurs prises, mais rapprochées, et la réalisation peut demander une certaine organisation. L’outil est donc facile d’accès, mais sa maîtrise et les chances d’en faire quelque chose de bien ne sont pas si évidentes. Certains poussent l’exercice encore plus loin en créant des séries, comme ce père de famille BatDad dont les vines sont réunis sur un blog.
En instaurant un format de 7 secondes, les créateurs de Vine on répandu une certaine vision du monde. Vine devient un format classique pour faire de la vidéo rapide et la diffuser, un cadre dans lequel on peut construire son message. Comme toute invention, son usage a d’ailleurs déjà échappé à ses créateurs. La profusion de vidéos Vine pornographiques à sa sortie n’est pas sans rappeler les débuts du minitel rose dans les années 90.
Les marques se sont naturellement mises à utiliser Vine elles aussi (Mac do, Orange, Gap, Calvin Klein…). Le concept est séduisant et peu onéreux. L’effet zapping n’est alors plus un problème : on peut être sûr que le consommateur regardera la vidéo en entier.
A noter : pour être vu et entendu, il est préférable de faire court.
Agathe Laurent
Sources :
Vine
Maxime, ingénieur multimédia
http://www.theverge.com/2013/4/9/4204396/vine-number-one-us-app-store-free-apps-char
http://pro.clubic.com/webmarketing/actualite-575894-pierre-laromiguiere-armstrong-vine.html
http://www.journaldunet.com/ebusiness/marques-sites/vine-campagnes-marques/

Flops

Ils auraient mieux fait de tourner 7 fois leur pouce avant de tweeter !

 
Vieil adage inscrit dans la Bible, il est dit à propos de Salomon que “le sage tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler”. A l’heure où la communication des entreprises, des politiques et des individus se fait instantanée et passe par les réseaux sociaux, l’idée reste la même mais version 2.0. Lorsque l’on est une personnalité publique, on ne peut s’exprimer impunément. Petit florilège d’exemples de ceux qui auraient mieux fait de tourner 7 fois leur pouce avant de tweeter.
Christine Boutin
En matière de buzz sur Twitter, cette dernière gagne peut-être haut la main. Dernier dérapage en date, sa “blague” à l’encontre d’Angélina Jolie, qui a décidé de médiatiser la mastectomie qu’elle a récemment subie.

Après que des utilisateurs s’en soient pris à sa page Facebook, la présidente du Parti Chrétien-Démocrate s’est justifiée dans un communiqué.
Si le tweet était maladroit, la justification l’est d’autant plus. Se permettre de critiquer une opération chirurgicale pratiquée sans que la personne soit malade, c’est limite, mais soit. Mais venant de quelqu’un qui défend la vie contre vents et marées, critiquer une personne qui a voulu préserver sa santé et la cohésion de sa famille ; balayer d’une phrase toute la souffrance physique et – surtout – psychologique de subir une ablation de la poitrine, cet attribut si profondément lié à la construction de notre identité féminine, tout ça pour habilement basculer vers le pseudo-débat d’une médecine à deux vitesses, belle prouesse, vraiment !
Le tweet, prétexte à une critique de la mondialisation
En juillet 2012, le Community Manager de Starbucks tweet ses excuses aux consommateurs argentins : les mugs et tasses classiques “Starbucks” sont temporairement indisponibles, “certains magasins utilisent des tasses et des manchons nationaux”.

Le Community Manager voulait simplement informer les clients de la situation. Rien de choquant jusque-là. Au contraire, Starbucks semble faire ainsi preuve de prévenance et de respect envers ses consommateurs. Pourtant, les réactions sur Twitter fusent via le hashtag #pedimosdisculpas (#nousdemandonspardon). Entre second degré et véritables rancœurs contre la marque qui semble dire selon certains : “A défaut de vous donner le meilleur, nous mettrons à votre disposition des produits argentins”. L’un de ses tweets est particulièrement évocateur des tensions nationales vis-à-vis des entreprises étrangères : « #nousdemandonspardon aux enfants qui consomment Starbucks parce qu’ils ne peuvent pas prendre leur café dans une tasse faite par un esclave chinois de 12 ans”.
Il est difficile de soutenir un parti plus que l’autre. Nous serions tentés de reprocher aux twittos argentins une certaine mauvaise foi, car le geste du CM relevait de l’information plus que de la critique sous-jacente des produits nationaux. Pourtant, il est clair que les chargés de communication d’une entreprise étrangère doivent porter une attention particulière à ne pas froisser la fierté nationale, et ceci doit passer par une adaptation permanente des messages au lieu d’implantation de l’entreprise.
Quand Pedobear a pris le contrôle du site La Redoute
Souvenez-vous, début 2012, tout le web avait ri de l’homme nu en arrière-plan d’une photo mode enfant sur le site de La Redoute. Erreur malencontreuse, “l’homme nu” est devenu un “même” repris à toute les sauces. Le concurrent Les 3 Suisses avait également récupéré l’évènement à son avantage.

Une fois le gros du buzz passé, La Redoute était retombé sur ses pattes en organisant un jeu-concours qui enjoignait les utilisateurs à retrouver 14 images volontairement trafiquées. A la clef : la promesse de se faire rhabiller gratuitement des pieds à la tête.
Viens sur mon compte public, je tweet à une copine
Il nous est arrivé, à tous, de se tromper de destinataire pour un message. Imaginez alors que cela concerne un homme politique et que le message soit TRÈS privé.
Le résultat:

Anthony Weiner, démocrate américain aurait dû mieux vérifier son tweet avant de montrer les contours de son sexe au monde entier.
Les conséquences : une carrière politique gâchée, un mariage en danger mais un avenir prometteur dans l’industrie du porno, puisque Larry Flint, maître du genre, lui promet un beau salaire de compensation et affirme la sincérité de son offre.
Dominée par la satisfaction client et les ambassadeurs de marque, la stratégie des entreprises répond au désir d’une relation BtoC exclusive. Sur un web où chacun a la possibilité de s’exprimer, les réseaux sociaux sont la nouvelle ligne directe du service consommateur.
Pourquoi ces affaires prennent-elles des dimensions si disproportionnées quand on sait bien que la plupart sont sans importance ? Comment un tweet de Valérie Trierweiler peut-il alimenter la chronique pendant deux mois et faire trembler la République ? A l’inverse, comment des tweets diffamants et insultants, comme ceux du footballeur anglais Joey Barton traitant Thiago Da Silva de « transsexuel en surpoids », peuvent-ils rester impunis, dans cette toile dont les contours juridiques sont parfois très difficiles à déterminer ?
Entre messages provocateurs, dérapages, malentendus volontaires pour mieux envenimer la situation, le web 2.0 est bien à l’image d’une agora contemporaine, pleine de débats plus ou moins futiles où chacun veut et peut faire entendre sa voix. Mais pas plus haut que celle de son voisin.
 
Pauline St Macary et Sophie Pottier
Sources :
http://news.fr.msn.com/hightech/petits-tweets-grosses-cons%C3%A9quences#image=3
Les dérapages de Christine Boutin : http://www.francetvinfo.fr/christine-boutin-derape-sur-twitter-au-sujet-de-la-mastectomie-d-angelina-jolie_324156.html
Anthony Weiner et sa photo compromettante : http://en.wikipedia.org/wiki/Anthony_Weiner_sexting_scandal
La Redoute : http://www.lefigaro.fr/societes/2012/01/04/04015-20120104ARTFIG00484-la-redoute-fait-le-buzz-avec-un-homme-nu-sur-une-photo.php?cmtpage=0
Le cas du Starbucks argentin :

Bad buzz : Starbucks boit la tasse sur Twitter


Pour aller plus loin sur le cas Barton :
http://www.leparisien.fr/sports/football/foot-twitter-barton-s-excuse-avant-d-en-rajouter-sur-thiago-silva-03-04-2013-2693565.php

Joey Barton sur Twitter : quelles responsabilités, quelles conséquences ?