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Trop de bashing tue le bashing

 

Si vous avez lu la presse en 2013, si vous avez écouté la radio, allumé votre télévision, ou si vous êtes simplement sorti de chez vous, vous n’avez pas pu passer à côté de ce terme mille fois rabâché, le « bashing ». Le verbe « bash » est un mot anglais qui signifie « cogner ». Pour faire simple, si l’on vous dit que vous allez vous faire « basher », c’est que vous allez prendre une raclée. Mais l’attaque ne sera pas nécessairement physique, le terme est plus souvent utilisé pour parler d’agression verbale. Dans notre cadre médiatique moderne, on pourrait  définir le « bashing » comme étant l’art du dénigrement systématique.

Le bashing est un mot un peu magique, qui a la faculté de pouvoir être accolé à n’importe quel nom de personnalité politique, de personnalité médiatique, de personnalité tout court. Cette année, on a beaucoup lu dans les médias des expressions telles que le « Fillon bashing », le « Taubira bashing », le « Hollande bashing » ou encore le « Ben Affleck bashing ». Quel est le point commun entre le futur acteur de Batman vs Superman et notre président ? Ils ont tous deux été victimes de propos virulents sur les réseaux sociaux.

Hollande bashing

Après tout, qu’y a-t-il de répréhensible à se moquer un peu des « people » ? Pourquoi les internautes n’auraient-ils pas le droit à une liberté d’expression absolue ? Exprimer son mécontentement à propos d’un homme politique ou du mauvais choix d’un acteur pour un blockbuster de 2015, c’est légitime. Mais ce qui peut poser problème, c’est que le propre du bashing est de ne pas être une critique constructive. Basher c’est insulter, harceler, pousser l’incivilité à son maximum.

Prenons l’exemple de la plateforme Ask.fm. Le principe est simple. Créer une page. Attendre que des anonymes posent des questions. Y répondre. Le site est investi principalement par des adolescents, qui se « trollent » ou se « bashent » souvent mutuellement. En août dernier, David Cameron avait appelé à son boycott, car des adolescents se seraient suicidés après avoir été la cible de commentaires dégradants.

ask.fm

Cet exemple est extrême, mais il nous rappelle que chez les adultes, les propos sont parfois aussi immatures que chez les adolescents. Sur Twitter, le bashing est une déferlante qui ne cesse de prendre de l’ampleur et qui touche tous les milieux : le politique d’abord, mais aussi le culturel ou le milieu économique. Ce qui est inquiétant dans cette pratique, ce n’est pas qu’un individu passe ses nerfs sur une personnalité médiatique, mais c’est qu’il le fait dans l’anonymat d’un groupe. Je bashe, mais bon, tout le monde le fait. Dans Psychologie des foules, Gustave Le Bon écrit : « Dans les foules, c’est la bêtise et non l’esprit qui s’accumule. (…) La foule est toujours intellectuellement inférieure à l’homme isolé. (…) La foule étant anonyme, et par conséquent irresponsable, le sentiment de la responsabilité, qui retient toujours les individus, disparaît entièrement. »

Ces derniers mois, en France, on a beaucoup entendu parler de « French bashing ». Les politiques et les grands patrons, comme par exemple Xavier Niel (le patron de Free), dénoncent « l’auto-flagellation » qui sévit en ce moment sur les réseaux sociaux. Ils crient au scandale car ils sont les principales victimes de la pratique du bashing. Ils ont probablement raison en ce point : c’est une pratique contre-productive, elle favorise la propagation du défaitisme, et dans un cadre économique, elle ne peut que faire fuir les investisseurs.

Espérons qu’en 2014, les « boucs émissaires collectifs », pour reprendre l’expression de François Jost consacrée à Nabilla, auront un peu de répit.

 
Camille Frilley
Sources :
Socialmediaclub.fr
Nouvelobs.com
Huffingtonpost.fr
Allocine.fr
Crédits photos :
News.com
Lagauchematuer.fr
Ozap.com

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