Agora, Com & Société

Splash, comme un cheveu sur la soupe

Un vrai faux flop ?
Retour sur une émission qui a agité le monde médiatique et suscité moult réactions dans l’opinion publique : Splash. Un concept « nouveau » : des valeurs, des vedettes, du spectacle, du vrai, du naturel… La promotion de l’émission depuis fin janvier n’est pas passée inaperçue. TF1 a lancé en grande pompe sa nouvelle émission du vendredi soir importée des Pays Bas. Les journalistes ont été intransigeants, en partie dépités, les blogueurs se sont manifestés, les twittos aussi, à leur façon, Jean-Marc Morandini a décrypté… Bref tout le monde en a parlé et tout le monde en a entendu parlé. Un nuage médiatique s’est formé avant le lancement de l’émission et s’est transformé en orage pendant sa diffusion. Un orage plutôt avantageux, c’est en effet grâce à lui que l’émission est tout de même restée au-dessus de la barre des 5 millions de téléspectateurs. Une orchestration parfaite plus qu’un buzz naturel.

Plus de mal que de peur ?
Si le fond de l’émission autant que la forme, ont suscité l’émoi des téléspectateurs et des professionnels, on peut s’interroger sur l’avenir de cette recette : une émission de divertissement qui se situe à la croisée des mondes, entre différents genres télévisuels. Elle parvient à s’imposer le vendredi en prime time sur la première chaîne grâce à l’orchestration totale de son lancement à sa production en passant par sa réception. Combien de temps encore va-t-on continuer à critiquer, à juger des émissions sans se rendre compte que l’on participe à leurs déploiements ? Il ne s’agit en aucun cas d’un jugement des téléspectateurs, chacun se divertit comme il l’entend, tant qu’il en est conscient. Pour aborder la question de l’enjeu de ce type d’émission il faut accorder au média télévisuel un certain pouvoir sur les individus.
Splash, parmi tant d’autres, c’est une adaptation du fond et de la forme pour trouver la recette miracle du succès coûte que coûte. On ne se situe pas vraiment dans la télé-réalité, trop télé-poubelle, mais on prône des valeurs humaines, tel que le dépassement de soi, comme justification de l’existence de l’émission et de la participation des « vedettes ». Un peu comme dans une autre émission elle aussi diffusée le vendredi soir, Koh Lanta, là aussi Denis Brogniart avait bien précisé qu’il ne voulait pas qu’on parle de télé-réalité… Splash, du divertissement pur et dur alors, mais qui sait mêler différents codes sans les rendre trop visibles, mais sans les nier complètement non plus.
Sur la forme, TF1 réussit encore un tour de maître, effet de buzz bien orchestré avant et pendant l’émission qui contribue à son succès, à le déclencher même. Un peu comme ça avait été le cas pour The Voice : le nuage formé par les critiques, les détracteurs, tout cela joue en faveur de la chaîne. Commentaires sur commentaires, critiques, débats, rumeurs : tant qu’on en parle on s’assure le succès. Si on voulait vraiment faire disparaître un programme on ne pourrait qu’opter pour l’abstention et l’ignorance, la meilleure des armes. Et c’est ce qui finira irrémédiablement par arriver, les téléspectateurs ne se laissent pas berner indéfiniment.
Le divertissement certes, et sur TF1 d’accord, mais avec une telle recette qui assure à la chaîne succès et rentabilité, tout devient possible. « Le concours des meilleurs tailleurs de haies ? », « Qui veut tondre ma pelouse ? », « Conduite avec les stars, les stars repassent leur permis ? »… La télévision, publique comme privée, n’a-t-elle pas aujourd’hui plus que jamais une responsabilité ? Si le divertissement doit rester rentable et libre dans sa composition, le média lui-même ne devrait pas faire le sourd quant à sa responsabilité sociale. On a su mettre un point d’honneur à ce que les entreprises assument leur responsabilité sociale et environnementale, ici elle prend peut-être un sens un peu différent, mais la télévision ne pourra pas continuer de passer à côté pendant longtemps.

Margot Franquet
Sources :
François Jost, « « Splash » sur TF1 : sous son apparente vacuité, une émission calibrée pour le succès », Le Plus Nouvel Obs
Nathalie Nadaud-Albertini, « « Splash » sur TF1 : pourquoi c’est un bon concept », Le Plus Nouvel Obs
L’express.fr
My TF1 Replay, Splash le grand plongeon

Com & Société

Les couacs de la communication de guerre

 
Communication de guerre et guerre de communication
L’article de Maxence Tauril, « La guerre de la communication », du 6 février, a montré les liens entre journalistes et armée : obtenir des informations sur le conflit est difficile. Pourtant, en période de guerre, la communication est d’autant plus importante qu’elle permet l’adhésion des citoyens à l’action voulue par le gouvernement et menée par l’armée. Et on sait qu’une guerre qui n’est pas soutenue par les citoyens est vouée à l’échec.
Alors en cas de contrecoups comme les prises d’otages actuelles en Afrique, une communication erronée, la diffusion de fausses informations, non vérifiées, peuvent s’avérer dramatiques.
L’exemple le plus marquant et le plus récent est la fausse annonce de la libération des sept otages français au Cameroun. Petit historique du cafouillage :
« Les otages sont sains et saufs et sont aux mains des autorités nigérianes » expliquait un officier de l’armée camerounaise  à l’AFP, jeudi 21 février au matin. Rapidement, une dépêche « urgente » est envoyée à toutes les rédactions, annonçant la nouvelle et l’information est relayée partout.
A peine une demi-heure plus tard, le ministre français des Anciens Combattants, Kader Arif, en pleine session à l’Assemblée, prend alors spontanément le micro pour annoncer cette libération, dont il nuance la légitimité dans les minutes qui suivent…
Après quelques heures, l’information est démentie par le quai d’Orsay, trop tard pour que le journal Le Monde ne retire l’information de sa Une…
Via Twitter, l’ambassade de France au Cameroun et le ministère des Affaires étrangères français ont également démenti l’information, suivis par l’armée nigériane.
La confusion autour du sort des otages a donc été totale pendant plusieurs heures. Confusion contre laquelle Didier Le Bret, directeur de la cellule de crise du quai d’Orsay, a mis en garde le soir même sur France 24. « Il faut être extrêmement vigilant sur la diffusion d’informations. Imaginez l’état dans lequel se trouvent les familles de nos otages qui ont appris, même au conditionnel, que leurs proches avaient été libérés et réalisent au fil des heures que l’information n’a pas été recoupée. C’est une responsabilité collectives des médias. »
Comment une telle situation peut-elle être possible ?
Plusieurs problèmes se posent : avant tout, comme le dénonce D. Le Bret, la question de la vitesse de l’information. La guerre, c’est aussi le règne de l’événement, du moindre rebondissement à saisir au vol. L’empressement de transmettre la « bonne nouvelle » prend parfois le dessus sur l’analyse, la patience, et la mesure. Dans ce cas précis, l’annonce spontanée de Kader Arif a évincé les règles du temps dans la communication.
Enfin, outre la question de la coordination au sein du gouvernement sur laquelle on ne s’arrêtera pas ici, cette affaire pose surtout le problème de la crédibilité des informations recensées, et par là, de la coordination entre les sources et les acteurs communiquant.
Une redéfinition de la communication internationale par la guerre
En effet, la complexité due à la présence d’une multitude d’acteurs explique cette guerre d’information entre les différentes sources, ce manque de cohérence communicationnelle entre les gouvernements et représentants français, camerounais et maliens, et entre leurs armées respectives.
Quels relais pour de telles informations ? Quelle crédibilité leur porter ? Quelle validation par les gouvernements respectifs ? Comment gérer le lien entre des armées et une presse étrangères l’une à l’autre ?
Toutes ces questions sans réponse montrent la difficulté de la gestion de la communication de guerre. Le malheureux exemple des otages au Cameroun est l’illustration des couacs issus de cet imbroglio de sources d’informations qui ne communiquent pas entre elles. Imbroglio d’autant plus complexe que d’autres acteurs se jettent dans cette guerre de communication : Ansar Eddine, mouvement islamiste radical actif sur Twitter, contredit régulièrement les informations données par les médias, notamment français, et répond aux communications de l’armée française et de la présidence malienne.
Ces problèmes de communication occupent de plus en plus l’espace, et certaines initiatives montrent la volonté d’y apporter une réponse. Au Mali, les citoyens qui se plaignaient depuis le début du conflit de l’absence totale de communication de leur ministre de la Défense, le général Yamoussa Camara, ont salué sa première initiative le 11 février dernier. Côté français, c’est une première pour l’armée qui vient de lancer un blog, à destination de la population malienne. Mali-Cikan.fr permettra aux journalistes maliens de récupérer des images, des textes et des sons sur l’opération Serval et d’en faire bénéficier le plus grand nombre. Com’ d’influence, propagande même, diront certains. Quoi qu’il en soit, la volonté d’améliorer les communications entre les acteurs du conflit est là.

La bataille pour la communication a pris une autre dimension. Il ne suffit plus d’établir de bonnes relations avec les journalistes sur le terrain. Elle doit faire avec cette multitude d’acteurs aux objectifs et intérêts souvent distincts, parfois opposés. La lutte se développe aussi en amont, dans la préparation, la justification, l’argumentation et le cadrage de la guerre. Elle se poursuit en aval dans la circulation et l’interprétation, dont les États et leurs grands médias n’ont plus nécessairement le monopole.
 
Bénédicte Mano
Sources :
Huffington Post
Ozap
Le JDD
Maliweb
Jeuneafrique.com

Société

Deezer parle aux jeun’s

 
Site français de musique à la demande cherche campagne de pub : jeune, dynamique et branchée, pour prendre un nouvel élan.
Faire plus de bruit que les autres
Deezer ne peut pas s’endormir sur ses deux oreilles. En matière de streaming musical, le site est loin d’être le seul. En face, la concurrence est directe : Spotify en tête de ligne, et indirecte : Youtube, Dailymotion, téléchargement illégal… Sans compter la menace d’un site de radio en ligne par le géant Apple. L’industrie musicale cherche encore et toujours des modèles économiques rentables, afin de faire payer des utilisateurs habitués à la consommation gratuite de produits culturels. Comment les convaincre de passer à un modèle payant ? La réponse est dans le freenium : l’offre gratuite et Premium se côtoient, le but étant de convertir les utilisateurs du premier modèle au second. Voilà comment on se finance en musique !
Une nouvelle offre…
La nouveauté revendiquée par Deezer, c’est l’accès à l’ensemble de la bibliothèque du site sans connexion 3G, d’où ces slogans sur les affiches de métro : « Il n’y a pas que la musique underground à écouter sous terre », « Dans le métro, votre musique ne rame plus », ou encore « musique non-stop même entre chaque arrêt », et cette signature : « 20 millions de titres dans votre mobile, même sans réseau ». Cette offre est accessible en s’abonnant à l’offre Deezer premium + (à 9,99€ par mois), et elle était déjà présente dans le modèle de Spotify. En matière de musique aussi, il faut être à la page.
Mérite bien une nouvelle campagne !
Rien de tel pour accompagner cette nouvelle promesse qu’une campagne multicanal, aux couleurs de la marque. L’agence Being, associée au très branché collectif CRCR (également créateur de pub pour Adidas et Jean Paul Gaultier), a mis au point ces affiches, spots TV et publicités mobiles. Les illustrations sont signées MacBess, allias Matthieu Bessudo, illustrateur et directeur artistique. Et cet artiste est « expensive », lui-même le précise sur son blog. La crème de l’art moderne a un prix. Et c’est tout son univers, ses typographies, ses personnages qu’on retrouve dans ces pubs Deezer. Mais c’est aussi au street art, à l’univers underground, platines et graphs que ces illustrations renvoient.
Une campagne de cette envergure est une première pour un site de streaming : elle devrait augmenter la notoriété de Deezer et favoriser l’augmentation des abonnements Premium.
Sur les affiches, les détails sont nombreux, l’accumulation de personnages, d’instruments de musiques, d’objets en tout genre, crée du mouvement et du rythme.
Le spot, c’est la même chose en concentré. On fait un voyage rapide dans un monde imaginaire fait d’enceintes, de piano, batterie, guitare, pour arriver jusqu’à un micro face à une foule en délire, comparable à celle des concerts. Voyez plutôt :

A la manière de MTV, Deezer se veut anti-conformiste et souhaite séduire la jeunesse grâce à ce joyeux bordel !
 
Agathe Laurent
Sources :
Ozap
La vidéo Music Unleashed
La page Presse de Deezer
Journal du Net

Société

Playstation : cacher n'est pas jouer

 
La conférence était très attendue mercredi dernier à Los Angeles. Un parterre de journalistes est installé devant un homme, Andrew House, président de Sony entertainement, qui va leur présenter son dernier bijou : la Playstation 4. Le cadre reste celui auquel Sony et l’ensemble de l’industrie vidéoludique nous a habitué : une scène aux aspects technologiques et aux codes graphiques assumés. Des ronds, triangles, croix et carrés nous rappellent l’enjeu de cette conférence pour Sony, qui lance officiellement la bataille pour la prochaine génération de consoles avec son concurrent direct, Microsoft. Andrew House doit donc nous présenter un produit, dans un exercice qui s’inspire visiblement des keynotes, si populaires dans le monde des nouvelles technologies, popularité en grande partie due à Apple et sa façon particulière de présenter ses nouveaux produits.
Seulement ici, les journalistes repartiront sur leur faim. On a parlé de la Playstation 4. On connait ses fonctionnalités, ses jeux et même sa manette. Mais impossible de poser les yeux sur la console, qui n’a tout bonnement pas été présente lors de l’annonce. Un pari risqué pour Sony, mais nécessaire. Ne pas dévoiler ses cartes offre à sa console deux avantages.
Le premier est évidemment la possibilité de continuer à remanier la console, à la faire évoluer, à rajouter ou retirer des fonctionnalités sans avoir à se justifier, puisque la présentation n’était en aucun cas une présentation finale de la console. C’est un moyen de gagner du temps pour le développement, que l’on sait précieux quand on connaît la rapidité de l’évolution du marché – et de son obsolescence. Cette communication fantôme est donc un moyen de ne pas prendre d’engagement, tout en gardant un teasing : A quoi ressemblera cette nouvelle console ? Aura-elle bien les fonctionnalités annoncées ? Quel sera son prix ?
Le second avantage est lui aussi intéressant. Ce milieu est partagé entre trois acteurs principaux, qui sont donc en concurrence très rude et doivent chacun présenter leurs consoles et plans pour la génération à venir (la génération actuelle est présente depuis 2006-2007). En choisissant d’entourer sa console de mystère, Sony met la pression sur ses concurrents, qui ne peuvent se fier à des informations qui ne sauraient être définitives. C’est vrai pour Nintendo, dont la Wii U sorti il y a quelque mois risque d’être dépassée par la Playstation, mais c’est d’autant plus préoccupant pour Microsoft, qui n’a lui pas encore annoncé sa console. Le géant américain ne pourra pas décortiquer la présentation de Sony pour en évaluer les dangers, et présentera donc sa future console dans le noir pendant ce mois d’Avril.
Mais la console en elle même et ses fonctionnalités telles qu’elles ont été présentées à New York sont révélatrices d’une tendance, celle d’inclure les consoles dans une vision plus globale que celle du jeu. Et la Playstation 4 est d’autant plus intéressante qu’elle mise tout sur le « social gaming ». Il ne s’agit plus seulement de jouer dans son coin, ou à plusieurs sur Internet. La console va devenir un réel média social, dont la manette est l’illustration : en plus de l’aspect tactile rajouté, un petit bouton vient remplacer le traditionnel « Start ». Un bouton Share.

Via ce bouton, le joueur pourra publier ses scores, les comparer avec ses amis, et partager vidéos et photos tirées du jeu.
Mais le processus va plus loin. A tout moment, le joueur pourra « streamer » son jeu, et permettre à ses amis de le regarder jouer, un phénomène internet qui ne cesse de prendre de l’importance (on peut nommer le site www.twitch.tv, dédié uniquement à ce streaming de jeu vidéo). De plus, à n’importe quel instant, le joueur peut demander à un ami de prendre le contrôle de sa partie. Le jeu même se partage.
Enfin, pour  renforcer cette dynamique « social media », l’interface a tout d’un réseau social, avec possibilité de message, messagerie instantanée, conseil de jeux, achat de film, séries (en partenariat avec Netflix)…

Bref, la Playstation 4 s’annonce comme un objet multi-média qui s’éloigne du jeu, pour apporter à son utilisateur une expérience sociale. Elle communique intelligemment sur cette stratégie, tout en coupant l’herbe sous le pied de ses concurrents.
 
Clément Francfort
 

Invités

Commente et je te dirai qui tu es…

 
Quelles données pour quels enjeux ?
Aujourd’hui, nous connaissons tous les sites Internet des grands médias. Par exemple, « my tf1 » ou encore « M6 replay » pour ne citer qu’eux. L’intérêt de ces sites est de nous permettre de revoir à volonté nos émissions préférées et surtout de les commenter.
Je ne vais pas ici m’intéresser au « leurre de conversation » que nous proposent les entreprises médiatiques mais plutôt aux moyens qui permettent d’y parvenir. En effet, pour se voir autoriser l’accès à la partie « interactive » de ces plates-formes, il faut remplir un questionnaire. D’ailleurs, pour contacter le groupe ce questionnaire est lui aussi obligatoire. Les questions sont classiques : âge, sexe, nom, prénom, adresse et code postal. Classiques oui mais certainement pas anodines.
Les données stockées par les marques sont diverses. Il peut s’agir de notre adresse IP, du type de système d’exploitation utilisé ou encore du type de navigateur privilégié… Inutile de préciser qu’au passage, nous recevons un bon nombre de ces chers fichiers « cookies », qui permettent de nous suivre à la trace. Jusqu’ici rien de nouveau, tout cela ressemble à un bon vieux profilage publicitaire, devenu banal sur la toile.
Mais, revenons à nos moutons… Toutes ces données, recueillies lors de l’inscription, permettent de dresser le parfait portrait sociologique de notre petite personnalité. Dans les méandres juridiques censés nous expliquer nos droits, on ne trouve pas la moindre annotation concernant les commentaires que nous nous apprêtons à laisser sur le site. Pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit : « commenter ».
Qu’advient-il alors de nos prises de positions ?
Les différents travaux sur la réception, notamment dans le cadre des cultural studies, ont montré qu’ en fonction de notre appartenance sociale, nous décodons les signes envoyés par les contenus médiatiques de différentes façons, mais qu’il existe cependant des similitudes de réception au sein des mêmes groupes sociaux. Autrement dit, selon le modèle de l’habitus (Bourdieu), une partie de la réception nous est propre en tant qu’individus, une autre dépend de notre éducation, de notre environnement et de facteurs liés à notre statut social…
La réception est un enjeu crucial pour les médias. Pourtant, aujourd’hui, il n’est pas si évident pour les chaînes de définir précisément le profil des récepteurs. Il est encore plus ardu d’analyser comment le sens produit va être décodé par les différents publics. L’intérêt des commentaires pourrait donc se trouver ici. En donnant notre avis sur telle ou telle émission, nous permettons aux chaînes d’analyser la réception. En regroupant ces informations avec nos données personnelles, elles sont en mesure de construire une typologie du public. Cela leur permet également de percevoir l’interprétation que nous faisons de leurs contenus et ainsi, de voir si les signes et significations émis sont acceptés, négociés ou refusés.
Quelles conséquences me direz-vous ?
Une fois ce travail accompli, les chaînes seront en mesure de s’adresser efficacement à tel ou tel public. On peut imaginer que les contenus seront alors construits en fonction d’une typologie précise du public. En effet, nos commentaires font transparaître les signes que nous percevons ainsi que notre interprétation.
Le danger principal serait alors que les signes envoyés soient unanimement acceptés. Il ne faut pas perdre de vue le fait que dans les entreprises médiatiques l’argent est roi. Si l’on accepte les contenus plus facilement, pourquoi la publicité qui les accompagne ne serait pas également acceptée ? La cohabitation – voire collaboration – entre médias et annonceurs pourrait les amener à construire leurs messages publicitaires sur le même modèle. La publicité – parfois dissimulée à l’intérieur même des contenus – n’aurait alors plus qu’à réutiliser les signes les plus performatifs adaptés à sa cible. Nous assisterions alors au primat du sens dominant sur l’interprétation. Comprenons, la fin du feedback et le retour à un modèle linéaire. Une bonne vieille injection à grands coups de seringue hypodermique !
Qui les en empêcherait ?
Aussi surprenante qu’elle puisse paraître, la réponse nous vient du site Mytf1.fr : « Nous recueillons les Données personnelles que Vous Nous fournissez ».
 
Jordan Thévenot

Flops

Google Reality

 
Vous en avez probablement entendu parler durant l’année passée. Et cela n’a peut-être pas été sans une petite pensée du style : « le monde devient une série Z ».
Le projet de Google, Glass, devient réel beaucoup plus rapidement que ce que même les plus passionnés des geeks auraient pu imaginer après le teasing de 2012.
De fait, le géant de Mountain View clôture en cette fin février une sorte de Beta ouverte, invitant des volontaires à commander le dernier prototype des lunettes. Un site dédié, racé, efficace et résolument circulaire, permet à ceux qui auront su montrer leur motivation via Twitter et Google+ de devenir des « Glass Explorers », des testeurs en avant-première. Pour la première fois, les rues des États-Unis vont être traversées par d’étranges visages barrés d’un appareil aussi élégant que dérangeant. Et la firme ne parle pas de le commercialiser en 2015 ou 2014. Mais en 2013.
…Verre ?
Pour ceux qui ont raté la vidéo « How It Feels » de Google, retenons que Glass aura plusieurs des fonctionnalités d’un Smartphone (photos, envoi et réception de SMS, recherches Google, suivi GPS…) uniquement activées par la direction du regard, les commandes vocales et les mouvements de l’utilisateur. L’une des fonctions les plus attendues offrira également la possibilité d’inviter ses proches à des « Google Hangouts », consistant en toute simplicité à leur rendre son propre champ de vision accessible en streaming.
L’idée, visant évidemment l’indigène urbain possesseur de Smartphone, est de permettre une immersion dans la vie de tous les jours que tout un chacun tend à perdre à force de passer ses trajets de métro à tapoter sur un écran. Et Google promet des mises à jour très régulières à la fois pour améliorer un système qui est encore loin de fonctionner à merveille et pour bien sûr étendre ses possibilités.
« God » too begins with « G »
Et ce sont ces dernières qui impressionnent. Nul ne tombera de sa chaise en lisant ici que Google est, pour la plus grande part, le prisme par lequel l’Occident (à tout le moins) voit le monde. Son moteur de recherche qui n’est jamais qu’un algorithme, ni omniscient sur le Web ni étranger aux interventions arbitraires sur son référencement, est utilisé par plus de 90% des gens qui ont une question à poser à Internet. Rien de nouveau ici, puisqu’il s’agit là de la toute première activité du géant.
Mais la firme a évidemment bien grandi. Si les réseaux sociaux n’ont pas été une piste très giboyeuse, les fils d’actualités l’ont été beaucoup plus. On se souvient de la récente illustration qu’en a faite le combat entre Google Actualités et les éditeurs de presse européens.
Youtube, pour sa part, est devenu une ouverture inestimable vers le secteur de la télévision. Les refontes successives de la plate-forme de streaming ont certes commencé, via une sorte d’effet diligence, par mettre en forme des suggestions de contenu qui ne faisaient que copier le concept d’une grille de programme télévisuelle. Mais elles sont promises à tellement plus au travers des 13 chaînes Google TV prévues pour la France seule et d’un parc de télévision connectée qui représentera probablement un marché exploitable d’ici fin 2013. Les chaînes traditionnelles, publiques comme privées, ont toutes les raisons d’avoir peur, très peur, du défi que va représenter leur expansion digitale face à un acteur qui nage dans ce secteur depuis sa naissance et pourra certainement éviter les déboires d’un Orange.
Et c’est sur ces bases que sera lancé un appareil bon marché à 1.500 $ en prix de vente annoncé. À comparer aux 125.000 $ du MREAL de Canon.
Bon marché donc, et plus proche des sens humains qu’aucun Smartphone ne l’a jamais été, prenant une terrifiante longueur d’avance sur l’Iwatch d’Apple. Ayant à peine commencé à batailler contre les Galaxy et autres Iphone avec le Nexus, Google passe donc à un produit dont le principal argument est précisément de faire paraître tous ces objets redondants et encombrants.
Le « tout-connecté », c’est « has-been »
Bref, vous savez probablement déjà où je veux en venir. Si l’on admet qu’Internet est devenu une manne et un succès mondial pour sa capacité à générer des communautés solides, et surtout, apparemment spontanées, que penser de Glass ?
Il ne s’agit plus, pour les annonceurs, de bombarder la Toile de discours d’escorte plus ou moins brillamment dissimulés, pour prendre un contact toujours plus fluide avec le consommateur. Il ne s’agit plus, pour ce dernier, d’accepter avec une vague gêne de consacrer chacun de ses instants d’oisiveté à liker, partager, twitter et allègrement diffuser de précieuses informations sur ses pratiques et ses habitudes. Enfin, il ne s’agit plus pour l’industrie des médias de trouver des moyens de garder sa validité tout en restant un vecteur indispensable à des stratégies de communication en refonte constante.
Glass pourra potentiellement faire intervenir tous ces acteurs, à chaque instant, avec une précision chirurgicale. Rendre le data mining ridiculement aisé car alimenté de façon proprement inconsciente. Créer autant de pratiques de consommation qu’il y aura d’occasions de regarder droit devant soi. La promesse de la réalité augmentée, en adaptant le mystérieux Ingress, équivaut même à une renaissance complète de ce que nous appelons communément la publicité.
Et aucun de ces moyens de contact, prodigieusement efficaces à n’en pas douter, ne sera possible sans Google. Ce doit être cela que les anglophones appellent brilliance.
 
Léo Fauvel
Sources :
The Verge
Doc News
The Register…
…et le brevet déposé pour Glass

Agora, Com & Société

Les comédiens hors des planches : la promotion spectacle

 
Introduction
Sur les planches, ce sont les rois du rire et de l’improvisation. En dehors, les cartes sont redistribuées et le contrat de communication, instauré entre l’humoriste et son public, est ébranlé. Dans la tête du téléspectateur, de l’auditeur,  les humoristes sont toujours drôles. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui pousse les producteurs à les inviter sur différents plateaux de télévision.
Pour assurer la promotion de leur spectacle à la télévision,  les comédiens français bénéficient de cadres d’énonciation  télévisuels – divertissement pur, émissions d’actualité et d’information, «infotainment». L’enjeu est de maîtriser le contrat de communication en fonction de l’environnement médiatique et du public visé par l’émission, généralement populaire. Plus facile à dire qu’à faire.
 
De « Vendredi tout est permis » à « Vivement Dimanche » : du rire et encore du rire !  
Les émissions de divertissement proposent aux comédiens une situation de communication rattachée à leur univers qui rappelle la salle de spectacle. Il n’y a pas de décalage sémiotique entre un plateau de télé orienté vers le divertissement et la mise en scène de plusieurs humoristes sur ce même plateau. Ainsi,  les comédiens peuvent montrer qu’ils sont toujours drôles, qu’ils savent improviser selon les situations et qu’ils s’insèrent parfaitement dans la programmation télévisuelle du téléspectateur.
Néanmoins,  le contrat de communication est parfois volontairement flouté. La promotion du divertissement est de moins en moins assumée et les formes de communication se dépublicitarisent en s’insérant dans le divertissement.  Le 17 janvier 2011, Michel Drucker reçoit Jamel Debbouze dans « Vivement Dimanche », l’occasion pour Malik Bentalha, poulain de Jamel Debbouze, de faire une de ses premières interventions à la télé pour la promotion de son spectacle « Malik se la raconte » :
Michel Drucker : « Qu’est-ce tu peux dire pour te présenter ? »
Malik Bentalha : « Je m’appelle Malik Bentalha. J’ai 21 ans. En général, les gens disent que j’fais plus gros. »
(Rire)
Ici, la réplique provient du spectacle mais entre dans une logique de fausse improvisation  qui prend le public en otage en ne lui laissant que deux choix : rire parce que c’est drôle ou rire parce que ça le met mal à l’aise.

« Vendredi tout est permis », la nouvelle émission d’Arthur constitue l’environnement parfait pour montrer le potentiel comique de l’artiste. Dans l’émission du vendredi 8 février 2013, Arthur appelle Rachid Badouri pour effectuer quelques pas de danse sur Michael Jackson avant de lancer : « Faut aller voir le spectacle de Rachid parce que non seulement tu danses mais tu as un sketch sur Michael Jackson ! », ce qui permet à Badouri de placer une réplique de son show : « Je voulais même devenir blanc, j’étais jaune et je voulais devenir blanc. » Lors des émissions de ce type en prime time,  la promotion des artistes tend à devenir son propre objet et à créer une émission multi-promotionnelle, parasitée par une publicité incessante qui participe du divertissement populaire.
 
 
Les humoristes prennent la parole dans le débat public : rien qu’une histoire de casquette !
Être humoriste reste un métier à temps partiel, on ne peut pas être drôle tout le temps. Les humoristes prennent de plus en plus de poids dans le débat public, surtout depuis la dernière campagne présidentielle de 2012. Selon un sondage Ipsos, publié en automne dernier, les humoristes gagnent en crédibilité car ils sont perçus comme « hors-système » et donc dignes de confiance. À travers leur prise de parole hors-scène, les humoristes deviennent de véritables leaders d’opinion et influencent de plus en plus leur public, à l’image de Guy Bedos, Stéphane Guillon ou  encore Jamel Debbouze. Le 21 novembre 2011, Guy Bedos, humoriste, est invité dans l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché » pour parler de son nouveau spectacle. Pourtant,  la conversation  tourne dès le début à l’affrontement  entre E. Zemmour et G. Bedos sur la question du logement. Parler du spectacle devient ensuite difficile car la casquette de Bedos n’est plus celle de l’humoriste mais celle du militant social.

Il en va de même pour les présentateurs ou sportifs qui se reconvertissent dans le one-man show.  Arthur n’était jadis qu’un présentateur ordinaire du PAF,  jusqu’en 2005 où il passe de l’autre côté de la barrière en montant son one-man show « Arthur en vrai ». Résultat: Arthur présente ses émissions de télévision avec plus d’humour pour inciter son public à le suivre en salle. L’actualité de l’artiste détermine son mode d’expression et son rapport avec le public, ce dernier subissant, malgré lui, la promotion d’une actualité brûlante.
 
Steven Clerima

Société

Monstres & Cie : le numérique au service du film

 
Tout miser sur la durée
L’un des points clés d’une bonne stratégie de communication concerne la bonne gestion du temps. A quelle date lancer la campagne, sur quels supports et pour quelle durée ? Cette obsession de maîtriser le planning communicationnel n’est en aucun cas un gage de réussite pour une marque, mais elle assure a minima la maîtrise des messages diffusés. D’ordinaire, pour un produit culturel tel qu’un film, la promotion commence de 3 à 6 mois avant la sortie de celui-ci. Cette période représente le temps nécessaire pour attirer le spectateur en lui fournissant au compte-goutte des anecdotes de tournage, quelques trailers et la bande-annonce.
Ce temps est encore davantage raccourci lorsqu’il s’agit de films d’animation. C’est pourquoi, FastNCurious s’intéresse aujourd’hui à la dernière campagne de Monstres and Cie dont le nouvel opus sortira en juin prochain. Leur campagne de communication a commencé il y a plus d’un an, en mai dernier, lors de la sortie aux Etats-Unis de « Rebelle ». Face à ce choix plutôt inhabituel on peut se demander les raisons qui ont motivé Pixar à entamer une campagne de promotion autant en amont. Ce pari était assez osé dans la mesure où le risque était élevé de voir leur stratégie s’essouffler auprès du public.
Le grand retour de Mike et Sulley
La principale raison ayant motivé une préparation si minutieuse de la part des studios est la relative ancienneté du dernier Monstres and Cie. Le premier volet du film nous narrant les aventures de Mike Wazowski et James Sullivan à Monstropolis a été réalisé il y a bientôt dix ans. En règle générale, les autres films tels que Cars, Shrek ou Madagascar ont profité de l’engouement populaire autour de leurs héros pour sortir une suite dans les quelques années qui ont suivi. Après une si longue absence, le danger était que les spectateurs aient « oublié » Mike et Sulley. D’autant que le synopsis du nouvel opus, est, il faut le reconnaître assez pauvre puisque le film nous raconte la rencontre à l’université des deux personnages principaux qui se détestaient avant de devenir les meilleurs amis du monde. L’enjeu était donc de recréer du contenu sur les réseaux sociaux avec le peu d’informations disponible, sans spoiler le film (ni le lancement des autres films Pixar) tout en entretenant la flamme des spectateurs sur la durée.
La Monsters University : une stratégie de brand content
La campagne a été lancée par la création d’une fanpage appelée Monsters University (je vous encourage à aller y jeter un petit coup d’œil) qui est un bon exemple de communication dynamique sur les réseaux sociaux. La page ne fait pas concurrence à la page officielle de « Monstres and Cie ». Les deux ont leur identité propre. Celle consacrée à l’école parvient à fournir du contenu aux internautes tout en diffusant des vidéos promouvant la vie sur le campus, des messages officiels du doyen. Surtout, elle renvoie au site internet spécialement créé pour l’occasion. Ce site imite en tout point ceux des vraies universités américaines. Outre un plan du campus, un programme détaillé des cours ou les témoignages des anciens étudiants vous trouverez également un onglet pour vous y inscrire. Au passage, Pixar n’a pas oublié d’y intégrer un espace boutique qui permet de s’acheter des goodies à l’effigie du logo de l’université.
Cette stratégie numérique s’est accompagnée aux Etats-Unis d’une large campagne de relations presse relayées par des magazines tels que Entertainment Weekly. En France, peu de sites se sont intéressés à cette campagne qui est pourtant un très bon exemple de la manière dont on peut mobiliser une communauté de fans avant la sortie d’un film.
 
Angélina Pineau
Sources :
Le site de l’école
Message vidéo du doyen
Page Facebook de la Monsters University

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Com & Société

Just don’t do it

 
Afrique du Sud, le mercredi 14 février dernier, Reeva Steenkamp, célèbre mannequin, est retrouvée morte dans sa salle de bains, avec quatre balles dans le corps. Et l’accusé numéro un sur la liste des suspects est son compagnon, Oscar Pistorius. Il tente de se défendre en racontant qu’il a pris Reeva Steenkamp pour un cambrioleur et l’a poursuivie. Nous ne mènerons pas une enquête à la Hercule Poirot, mais nous verrons comment, en une soirée, Pistorius devient à la fois la cible préférée de la police et surtout celle des médias.
Rappelons-le, Oscar Pistorius, le 1er athlète amputé à courir avec les valides aux JO de Londres, est né sans fibula (péronés). Amputé des deux tibias à l’âge de onze mois, il apprend à marcher avec des prothèses à deux ans et s’entraîne à courir avant de devenir le 1er médaillé handisport. Pistorius est à la fois une figure emblématique en Afrique du Sud, un modèle à suivre pour les sportifs handicapés et le symbole même du courage, de la ténacité. Ses exploits ont donné un nouvel élan à l’handisport et aux Jeux Paralympiques. Au début de l’année 2013, le magazine Times le classe parmi les 100 personnes les plus influentes du monde et le présente comme « la définition même de l’inspiration au niveau mondial. » De quoi parfaire son image de l’athlète que rien n’arrête.
Quatre balles plus tard et le mythe s’écroule : « Blade Runner » perd toute son envergure de héros national, en devenant aux yeux de tous le « Bad Runner ».
L’affaire n’éclabousse pas seulement le sportif mais aussi ses sponsors, éléments moteurs de la célébrité… Oakley, British Telecom, Össur, Thierry Mugler et Nike plus particulièrement.
Celui-ci vient de retirer de son site une campagne publicitaire produite par l’agence Wieden+Kennedy en 2011. Campagne qui comparait les exploits de Pistorius sur une piste à ceux d’une balle tirée d’une arme. Le slogan très justement trouvé à l’époque : « I am the bullet in the chamber », sonne désormais comme le glas. Certains y voient la préméditation de l’acte de Pistorius, ce qui ne fait qu’empirer l’image de l’athlète et de son sponsor. Leur étroite dépendance devient risquée et même si Nike n’est pas accusé de meurtre, il ne semble pas y avoir de différenciation entre l’homme et la marque qui le promeut.
Ironie du sort, Nike n’en est pas à son premier épisode douteux : Tiger Woods et ses aventures extraconjugales, Lance Armstrong et le scandale du dopage. Et le slogan « Just do it » ne fait qu’accentuer ces polémiques, comme si la marque encourageait les athlètes à commettre des actions répréhensibles. Or, toute la stratégie de communication de Nike repose sur l’athlète qui est mis en scène dans un combat personnel pour faire du sport à tout prix. Pour donner cette envie au consommateur, la stratégie adoptée par Nike est de lui montrer le parcours du sportif qui servira de modèle de réussite dans l’imaginaire du consommateur.


Le risque pris par la marque est énorme. D’une part, rien n’est fixé à l’avance, l’homme est faillible et d’autre part, une campagne de publicité représente un coût considérable. L’argument économique s’impose aussi aux autres sponsors, qui sont intervenus de manière implicite il y a quelques jours en déclarant qu’ils attendaient les résultats du procès pour décider de poursuivre ou de rompre leurs contrats avec l’athlète. La marque 

Nike espère gagner du temps en jouant la carte de la présomption d’innocence. Peut-être espère-t-elle que les avocats de Pistorius, connus pour être des ténors du barreau, réussiront à l’innocenter. Ou peut-être veut-elle partir sur la pointe des pieds et se détacher de l’image entachée d’Oscar Pistorius.
Pour l’heure, les marques qui sponsorisent l’accusé ne se précipitent pas et restent sur leur garde en attendant l’issue du procès : wait and see est leur mot d’ordre.
 
Félicia de Petiville
Sources :
Site officiel d’Oscar Pistorius
Stratégies
Le Monde

Archives

Jacques a dit OUI au low cost

 
Une annonce « choc » :
« Voilà ! La première offre de train low cost grande vitesse est lancée. On n’aime pas le mot low cost, mais cela en est quand même. Sauf que nous l’avons fait à notre manière, avec nos convictions : transparence, respect, modernité, sécurité. »
La SNCF fait une entrée fracassante sur le marché du low cost. Son offre Ouigo rejoint ses camarades Ryanair, easyJet, Logan et Free. Le train retrouve ses amis de l’automobile, de l’aviation et de la téléphonie. Peu après le lancement du forfait à 2 euros de Free, la SNCF annonce la sortie d’un TGV éco : dès avril, il y aura un million de billets à moins de 25 euros et les enfants de moins de 12 ans accompagnés d’un adulte ne paieront, eux, que 5 euros.
 
On ne mélange pas les torchons et les serviettes.
Il semble que la SNCF ait écouté la sagesse populaire. Le train low cost est certes un TGV, mais pas un TGV comme les autres. La SNCF a tout fait pour lui créer une identité propre. Tout d’abord, le TGV éco sera d’un bleu vif très reconnaissable. À l’intérieur, on ne retrouvera pas les couleurs habituellement neutres des autres trains. Des sièges roses ou bleus se côtoieront pour la plus grande joie des yeux. L’effort de distinction touche même les plus petits détails : le système de numérotation sera différent !
Mais le décalage est surtout frappant en ce qui concerne la vente de billets. Celle-ci se fera exclusivement sur Internet. Cela n’a rien d’extraordinaire et se rapproche d’ailleurs du système de fonctionnement d’iDTGV. Mais à la différence de ce dernier, le site sur lequel s’effectuera la réservation est bien à part.
Cette stratégie de différenciation n’empêche pas une grande unité communicationnelle autour du lancement de l’offre. Les couleurs du TGV (blanc, bleu et rose) sont les seules couleurs représentées sur le site. Des angles arrondis, des couleurs vives, des écritures épaisses, des icônes parlantes : tout est fait pour rendre la recherche simple et efficace. Le site est à l’image du service proposé : il se réduit au strict nécessaire.
Ouigo.com est ainsi très facile à utiliser et incarne cette volonté exprimée par l’équipe de lancement : « Tout, on vous dit tout, pour que vous puissiez choisir et décider de votre façon de voyager ». Il ne s’agit donc pas seulement d’une offre de voyage à petits prix mais aussi et surtout de la promesse d’une grande transparence et d’un voyage qui se plie à nos volontés.
Ce dernier point peut être facilement remis en cause par un essai rapide de réservation : les prix sont certes minimes et fort attractifs, mais les horaires de départ restent rares et souvent peu pratiques.
 
Quand le nom devient slogan
We go ! oui, on y va ! Le TGV Ouigo, le TGV éco !
Ce nom permet de nombreux jeux de mots, de nombreuses rimes et annonce donc de nombreuses publicités à venir ! Que vous soyez convaincus ou pas par cette offre, préparez vous à une vague de campagnes publicitaires pour ce nouveau service !
 
Clothilde Varenne
Sources :
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/auto-transport/actu/0202582512063-ouigo-la-sncf-en-mode-low-cost-541293.php

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/service-distribution/actu/0202574322624-secteur-apres-secteur-la-france-en-crise-se-convertit-au-low-cost-539681.php