Cher Voisin de Transport - page d'accueil
Les Fast

Le retour du défouloir des urbains !

 
Si tout comme moi vous êtes sortis des transports en commun ce matin avec de fortes envies de meurtre, ce site créé par la RATP est pour vous… Après un large succès l’année dernière, la plateforme « Cher Voisin de Transport » revient pour le plus grand plaisir de ces coups de gueule qui se sont tus. Il semblerait que l’ambition de notre transporteur adoré (Rentre Avec Tes Pieds pour les intimes) fut celle de mettre à disposition de ses voyageurs un espace pour exprimer aussi bien ses prises de têtes que ses coups de cœur. On voit aisément de quel côté penche la balance. De quoi faire évoluer le discours sur les incivilités dans les transports ? Et peut-être même dans la vie quotidienne ? La RATP n’en est pas à sa première campagne sur le sujet comme nous avions pu le voir, ici, dans l’article d’Héloïse Hamard en novembre dernier. Pourtant qui peut prétendre avoir vu de véritables changements depuis ? Peut-on vraiment espérer faire évoluer les comportements avec une campagne de communication ? Hélas, c’est là le grand dilemme des campagnes sociales. En attendant ce renversement surprenant, cela nous donne tout de même à voir de belles campagnes.
Si la campagne d’affichage (très réussie à mon humble avis) n’a pas eu l’effet escompté, le site « Cher Voisin de Transport » aura, lui, fait beaucoup d’heureux. Le concept était très simple : les voyageurs frustrés de ne pas avoir pu exprimer leur joie ou leur mécontentement pouvaient enfin se lâcher sous la forme d’un billet joliment tourné. Celui-ci était ensuite publié sur la page d’accueil du site qui s’apparentait alors plus à un blog. Les internautes se prêtaient ensuite au jeu des likes et des commentaires pour élire les pamphlets les plus populaires.
Cette année, le procédé a évolué vers des « mèmes » ou, plus simplement, vers des photographies représentant les situations les plus communes d’incivilités sur lesquelles les internautes peuvent inscrire le message de leur choix, le tout avec humour s’il vous plait !
Voici les trois plus populaires à ce jour :

Si ces mèmes sont plutôt comiques, il reste qu’ils ne sont pas tout à fait conformes à l’intention première du dispositif. Le coup de gueule comme le coup de cœur sont absents mais le détournement est, lui, bien présent. Maintenant vous savez où vous défouler,  n’hésitez pas à nous faire partager vos œuvres en commentaires.
 
Marion Mons
Sources & Crédits photo :
RATP.fr
CherVoisindeTransport.fr

Archives

Jacques a dit tous au vert !

 
Je vous rassure tout de suite, notre ami Jacques n’a rejoint aucun parti, quel qu’il soit. Non non, il tenait juste à vous informer d’une opération à la fois originale et classique (et oui c’est possible) mise en place par Kickers.
La marque de chaussures s’est inspirée de la tendance du « guerilla-gardening », née de l’autre côté de la Manche, pour lancer l’évènement Kickers greeniote la ville. Le concept de guerilla-gardening est simple : ramener la nature et ses bienfaits dans nos grandes villes grises et austères, notamment  en détournant artistiquement le mobilier urbain pour y mettre de la verdure.
Le mois de mai et ses premiers de rayons de soleil, pour les chanceux qui ont eu l’occasion d’en voir, est le moment parfait pour réveiller nos âmes de jardinier et nos envies de nature. C’est pourquoi, des opérations sont menées depuis le début du mois dans plusieurs magasins Kickers autour de la thématique ‘green’.
Ainsi à Paris, La Rochelle ou Nice, vous aurez peut-être la chance de vous voir offrir des graines par des hôtesses Kickers pour fleurir votre balcon ou d’admirer des installations telles que des jardins éphémères. Des concours sont également organisés via la page facebook de la marque () Et si vous êtes plus ambitieux, vous pouvez tenter de gagner une tenue Kickers (ou même un voyage en Irlande !) en entrant directement dans les magasins de la marque.
Car bien évidemment, la green attitude c’est bien beau, mais on n’oublie pas le business. La marque est peu présente dans les médias mais sait comment mener des opérations de communication : l’année dernière déjà, elle a gagné le prix Stratégie de la communication évènementielle. Elle n’en est pas à son coup d’essai, elle avait par exemple proposé un jeu de piste géant baptisé « la prise de la pastille » (en référence à la pastille incrustée sur les semelles) qui permettait de remporter des prix  à condition de trouver les hôtesses Kickers. Et nul doute que l’originalité de cette nouvelle campagne va de nouveau faire mouche.
Originale, oui cette campagne l’est. En tout cas, personne ne m’a jamais offert de graines de coquelicots dans la rue et je ne me suis jamais retrouvée face à un mur couvert de marquages en mousse végétale. Malgré tout, cette campagne comporte un petit air de déjà-vu. Tout d’abord, le fait de faire participer le public, ici grâce au concours photo/vidéo, n’est pas sans rappeler d’autres actions de communication, comme celle de Mac Donald qui prenait les passants en photos pour leur projet ‘venez comme vous êtes’. Et le thème même cette campagne reste dans les tendances du moment.  La mode bobo-écolo atteint les entreprises à travers le greenwashing. Comme le nom l’indique, celles-ci essayent de se débarrasser de leur mauvaise image par des efforts de communication sur les avancées en termes de développement durable, même si elles  ne s’accompagnent pas de véritables actions. Alors, Kickers tente-elle de brouiller les apparences ou a-t-elle vraiment l’âme verte ? A vous de décider.
Bref, une des idées qui se dégage de cette campagne c’est que l’on reprend une recette qui marche et l’on y insère des idées plus ou moins nouvelles. Simple mode ou réelle envie de s’engager auprès de l’environnement, on ne peut pas se plaindre de voir un peu de verdure à saint germain des près. Alors on quitte son PC et on va faire pousser des coquelicots sur son balcon !
 
Manon Levavasseur
Sources & Crédits photo :
Influencia.net
Brandarex.fr
Stratégies.fr

 

Les Fast

Soyezsurpris !

 
Une campagne d’affichage est actuellement visible dans le métro. Une campagne d’affichage parmi d’autres ?
Voici l’essentiel de l’affiche : en grand et en noir sur fond blanc, on peut lire une grande lettre par panneau. Sous celle-ci, la mention « soyezsurpris.fr » ne fait que nous conforter dans notre premier mouvement d’interrogation. Payer de grandes affiches pour n’exhiber qu’une grande lettre, voilà sans doute la surprise, non ? En fait, il y a quatre affiches qui ne diffèrent de l’une à l’autre que par la grande lettre qui couvre l’essentiel de l’affiche. Sans vouloir parodier la Cité de la Peur (film de saison s’il en est !) : A, U, B et E ? Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Dans cet ordre, la question est stupide. Mais si on voit un U puis plus tard un E sans jamais croiser de A ni de B comme ce fut mon cas, on se pose des questions… Bref, c’est bien une campagne publicitaire pour l’AUBE, le département de la région Champagne-Ardenne.
Laissez-vous donc surprendre par le département n°10, voilà le message de l’affiche. Et pour vous accompagner dans votre étonnement l’affiche vous propose un QR code à flasher avec votre smartphone. Ainsi, vous avez un accès direct au site « soyezsurpris » qui propose des vidéos, un concours et des petits sondages mais surtout : un espace de partage et d’échange à propos de la région de Troyes. Le site cherche à créer une communauté internet d’amoureux de l’Aube en invitant à raconter ses « anecdotes », ses « secrets », ses « rencontres » et ses « surprises ».
En somme la campagne d’affichage « soyezsurpris » est un aiguillage vers le site Internet qui lui-même a pour fonction de créer une relation entre la région et le potentiel futur touriste. Audacieux et malin. Dommage que la sauce n’ait pas encore pris malgré une campagne d’affichage de cette ampleur…
 
Thomas Millard
Site :

Pack de Flamby King Size Nestlé
Société

Flanby, on a tous à y gagner

 
Il y a eu Le Général, il y a eu VGE, il y a eu Tonton, il y a eu Chichi, il y a eu Sarko puis il y a eu… Flanby. On ne choisit pas son surnom, on choisit encore moins ceux qui vous le donnent. Pour l’anecdote, c’est le socialiste Arnaud Montebourg qui, le premier, a affublé François Hollande de ce sobriquet si sympathique. C’est l’inconvénient d’organiser une primaire: les coups bas partent plus tôt, et sont susceptibles d’être recyclés par le camp d’en face. Les militants de droite ne se sont d’ailleurs pas gênés. On aurait du mal à le leur reprocher.
Flanby c’est excellent. Flanby, c’est exquis. Quel meilleur moyen de discréditer un candidat à la magistrature suprême que d’associer son image à celle d’un flan retourné dégoulinant de caramel. Très honnêtement, on ne voit pas. Tout y est, le gras synonyme d’oisiveté, la texture flasque pour la difficulté à choisir et à s’affirmer et enfin le caramel, péché de gourmandise et donc faiblesse dans notre morale chrétienne. Comme en plus Flanby est d’abord un produit pour les enfants, le surnom connote de surcroît l’immaturité. Une chose du coup est certaine, si le remuant Arnaud est  nommé ministre, il ne l’aura pas dû à des courbettes.
Tout cela n’a néanmoins pas empêché le candidat socialiste de gagner cette élection présidentielle. Chose intéressante d’ailleurs, il n’a jamais protesté contre ce surnom, ne s’est pas insurgé, n’a pas menacé de traîner qui que ce soit en justice. C’était intelligent. Rien de pire pour la victime de railleries que de protester contre les railleurs. Cela vaut aveu de faiblesse et attire au mieux la pitié, au pire de nouvelles salves de moqueries. Il aurait pu par contre répondre, pour tenter de réorienter les rires vers son adversaire. Si l’idée lui est venue, il a eu assez de lucidité pour en voir le danger. François Hollande a cherché pendant ses deux campagnes, pour l’investiture socialiste et la Présidence de la République, à être à la hauteur juste, c’est-à-dire à bonne distance des conflits partisans. Il ne pouvait donc se permettre de descendre sur un terrain si glissant, même par l’intermédiaire de ses militants.
Ne lui restait donc plus qu’à accepter, où à feindre d’ignorer ce surnom peu enviable. La chose peut sembler dure. Pourtant, si l’on y regarde de plus près, cela en valait sûrement la peine. En ne disant rien, François Hollande a montré de la force, de la solidité. Au lieu d’être démonté par de basses attaques ou de s’abaisser à leur niveau, il a hissé sa stature en ne leur accordant pas la moindre importance publiquement. Plus loin, les premières connotations attachées au désormais célèbre produit laitier sont peut-être en train de se faire oublier, du moins en partie. Ainsi, Flanby pourrait bien se transformer en force pour le nouveau Président, le sobriquet devenant finalement un atout en forme de capital sympathie.
Et la marque Flanby dans tout ça ? Elle s’est tout simplement payé un buzz à l’œil. Comme le dit la directrice marketing des produits frais du groupe Lactalis-Nestlé : « les gens entendent ou lisent très souvent le nom de notre marque et, avec un peu de chance, ils le gardent à l’esprit » (1). En paquet, sur assiette, sur buste, planant au-dessus du palais de l’Élysée ou en rayon à côté d’un certain camembert, on aura de plus beaucoup vu le produit en question, sans qu’il soit, lui, jamais réellement mis en danger. Si au marketing de Lactalis-Nestlé, on la joue prudent et on dit ne pas s’attendre à des hausses « impressionnantes » (1), difficile de nier qu’il s’agit là d’une belle affaire. La marque enregistre évidemment un beau gain de notoriété, sans coût financier ni d’image en outre.
Faut-il dès lors penser que Flanby, on a tous quelque part à y gagner ? L’ambitieux Arnaud sera en mesure de répondre à cette question mercredi.
 
Romain Pédron
(1) – streetpress.com

Les Fast

Yes, he did !

 
Ce mercredi 9 mai fut un tournant dans la campagne électorale américaine mais également dans l’histoire du pays. En effet Barack Obama a pour la première fois annoncé son soutien au mariage homosexuel déclarant  qu’ « iI [était] important pour [lui] personnellement d’aller de l’avant et d’affirmer que les couples de même sexe devraient pouvoir se marier », ce qui constituerait dans les faits une avancée plus franche que le seul accès aux partenariats civils.
Arguant que son expérience et ses rencontres personnelles l’avaient fait progressivement changer d’avis, citant au besoin ses collaborateurs et ses deux jeunes filles, Malia et Sasha, il a enfin clairement exprimé son avis sur la question, à titre personnel cependant, laissant le pouvoir de trancher et de légiférer aux États américain.
Alors vraie conviction ou savant coup de com’ destiné à reconquérir ses électeurs libéraux quelque peu démotivés, il est encore trop tôt pour le savoir mais il est certain que le débat devrait se cristalliser sur ce genre de thématiques. En effet, la société américaine est encore très divisée à ce sujet et si Obama est certain de ravir le cœur d’un bon nombre de citoyens, on peut parier que la pilule aura du mal à passer chez les conservateurs. D’ailleurs la popularité grandissante du républicain Romney, mormon de son état, est une preuve tangible de l’attachement féroce aux valeurs les plus traditionnelles, celui-ci réaffirmant d’ailleurs le jour-même son opposition au mariage gay.
Coup de poker qui pourrait bien lui coûter sa place, on pourra toujours se souvenir que Barack did it !
 
Marie Latirre

Tweet sur Ponce Pilate et le débat Sarkozy Hollande 2012
Agora, Com & Société

« Ponce Pilate ! », mais pourquoi ?

 
Ce moment du débat présidentiel en a surpris plus d’un et à juste titre. Les deux candidats étaient alors parvenus à ce moment de leur « discussion », où était ressorti l’affaire DSK. M. Sarkozy accusait M. Hollande de très bien connaître la nature des vices de Dominique Strauss-Kahn, il lui répond donc : « comment vouliez-vous que je connaisse la vie privée de Dominique Strauss-Kahn ? Vous aviez des informations ? Moi je n’en avais pas ». Son débit oratoire est alors très rapide, et cela fait déjà plus de deux minutes qu’ils parlent en même temps et luttent pour prendre le dessus. On atteint clairement un moment où la tension culmine, et la réponse de M Sarkozy tombe alors, assortie d’un air désabusé : « Ponce Pilate ».
Petit rappel historique. Car, même pour nos lecteurs qui connaissent leurs références, il est important en l’occurrence de revenir sur ces détails. Il faut partir du principe qu’ici la référence est biblique, et non pas historique, et qu’elle est employée comme expression figée. Ponce Pilate est donc, selon l’évangile de Luc (3,1), gouverneur de Judée et il est resté célèbre grâce au rôle qu’il a joué dans l’arrestation et la condamnation de Jésus Christ. En effet, Jésus après avoir été trahi par Judas et condamné par l’assemblée législative traditionnelle du peuple juif (le Sanhédrin), doit encore être jugé par le tribunal romain, dont les autorités occupent Jérusalem. Ponce Pilate est le préfet en charge de ce procès, mais il reste sceptique quant aux motifs d’accusation : Jésus Christ est accusé d’avoir excité la révolte du peuple et d’être « le roi des juifs ». Se joue alors une scène d’une injustice flagrante d’absurdité ; Ponce Pilate lui demande : « Es-tu le roi des Juifs? » et « Jésus lui répondit: Tu le dis. » (Matthieu 27 :11). Il refuse ensuite de répondre à toutes les autres questions de Ponce Pilate, qui déclare alors : « Je ne trouve rien de coupable en cet homme. » (Luc 23 :4). Cependant il existe une coutume qui laisserait la liberté au peuple, durant les jours de fête, de libérer un prisonnier et un seul. Comme c’est le jour de Pâques, Ponce Pilate s’adresse à la foule et demande s’ils souhaitent libérer le « roi des juifs », et la foule excitée par le grand conseil et « les sacrificateurs » crie : « Qu’il soit crucifié! » ; le gouverneur ajoute: « Mais quel mal a-t-il fait? Et ils [crient] encore plus fort: Qu’il soit crucifié! » (Matthieu 27 :22-23). Alors Ponce Pilate se lave les mains devant eux et dit : « Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde », et le peuple en accepte la responsabilité (Matthieu 27 :24).
Après cet examen poussé de l’histoire biblique, revenons au débat. La première remarque sans doute à faire, est que M. Sarkozy a comparé Dominique Strauss-Kahn à Jésus. Outre ce non-sens, on comprend cependant qu’il sous-entendait que M. Hollande défendait intérieurement Jésus Strauss-Kahn, mais qu’il « s’est lavé les mains » de sa condamnation et en a reporté la responsabilité sur autrui, de manière lâche et faible. Dans notre cas très particulier, on peut même comprendre, que dans un sens très large, Nicolas Sarkozy accusait François Hollande de faire lâchement l’ignorant en taisant sa complicité et sa connaissance des vices de DSK.
Et c’est après toutes ces explications que vient la véritable question que veut soulever cet article : POURQUOI ? Quels étaient les potentiels électeurs visés par cette accusation ? Est-elle volontairement allusive ? Quelles sont les personnes qui ne l’ont pas perçue comme pédante et/ou mystérieusement incompréhensible ? Pourquoi, en bref, Monsieur Sarkozy a cessé pendant quelques secondes de faire du « grand public » a un moment qui l’était pourtant tellement ?!
Solution n°1 : M. Sarkozy s’adressait à l’élite cultivée de cette nation, et même à la gauche caviar et sceptique, à ses bobos invétérés qui ont hurlé au scandale durant les épisodes du Sofitel, et qui sont allés au catéchisme quand « ils étaient jeunes ».
Solution n°2 : M. Sarkozy espérait qu’on admire aveuglément sa culture, pour contrecarrer l’image du –pourtant indélébile- « cass’toi pov’ con ».
Solution n°3 : il s’est laissé emporter par la tension qui grandissait alors dans le débat, il s’est laissé tenter par le clash, par la joie de la petite phrase charmante et bien placée, une que, même Giscard d’Estaing n’aurait pas osée, au temps de la première « petite phrase » médiatique. C’est bien une « vanne », et du clash, dans la mesure où ce n’est pas expliqué et soutenu par un réel argument, c’est simplement une « pique » comme on n’en fait plus. Intellectuellement c’était justifié, médiatiquement c’était un échec (et le pire des échec pour une vanne du débat présidentiel : l’indifférence et le silence de l’incompréhension).
La leçon de l’histoire ? La France laïque ne connaît plus la Bible ni ses Evangiles et Sarkozy ne sait plus « clasher ». De quoi « s’en laver la main »…
 
Marine Gianfermi
Sources :
Les passages des Evangiles cités (Matthieu ; Luc)
L’extrait du débat
La page Wikipédia de Ponce Pilate (à consulter si on s’intéresse réellement à l’histoire de Ponce Pilate, qui est tout de même considéré comme un saint par l’Eglise orthodoxe éthiopienne et les Eglises coptes)
Crédits Photo : les meilleures tweets sur Ponce Pilate avant et pendant le débat.

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Kate et William Mariage Baiser balcon
Com & Société

Noblesses et royautés

 
Il y a quelques mois, les yeux rivés sur le petit écran, nous Français, fervents admirateurs de Lady Di, regardions Kate, roturière, dire « oui » au célibataire le plus convoité du gotha. Consécration ultime pour cette « fille du peuple ». Il y a quelques jours, à la veille de leur premier anniversaire de mariage, les médias se sont emparés à nouveau de cette histoire qui a fait rêver tant de jeunes filles.
Premiers pas d’une princesse en devenir, premières sorties officielles, premier discours, sens aiguisé de la mode, les médias se sont littéralement emparés du phénomène « Kate ».  La duchesse de Cambridge n’échappe pas à l’exposition médiatique due à son titre, tout comme les autres têtes couronnées.  Aujourd’hui, envisager les monarchies régnantes revient à les considérer comme un produit médiatique. Charlène, jeune épouse du prince Albert de Monaco, Mathilde de Belgique, la famille Monégasque ou  encore les Bourbons d’Espagne, personne n’y coupe.
La monarchie, véritable symbole constitutif d’un pays, agit sur le sentiment et l’imagination des sujets. Véritable instance, symbole de cohésion et d’unité, la royauté doit être perçue avant tout comme humaine. Du moins c’est ce à quoi s’attèlent les différents services presse des palais.  Incontestablement, la stratégie d’image est un enjeu majeur. Semblable à un produit que l’on markète, chaque détail est minutieusement pensé, planifié. Un vrai ballet. Les activités officielles sont alors indubitablement mises en scène. Mise en scène du couple, mise en scène de la famille, mise en scène de la royale progéniture. La reine, les princesses héritières et chacun des membres de la famille deviennent de véritables atouts du tandem royal. La présence des épouses sur le devant de la scène est donc indéniable. Elles viennent compléter l’image du roi et apportent une dimension maternelle. Kate s’occupera donc des dimensions sociales dans le royaume et d’activités autour de la petite enfance pendant que son cher mari s’occupera des missions économiques à l’étranger. La royauté doit elle aussi chercher à gagner les faveurs de sa cible. Pas étonnant que la reine Elizabeth se serve de Kate pour insuffler un vent de modernité à la monarchie britannique, que Mathilde de Belgique et son mari contribuent à apporter un peu de sérénité en Belgique, que Charlotte Casiraghi contribue à perpétuer le mythe de beauté de sa légendaire grand-mère Grace Kelly.
Sang bleu ou roturiers, les journalistes sont toujours à l’affût de la nouvelle qui fera mouche. Et les familles royales ne se privent pas de mettre en avant les joyaux de la couronne et de les tourner à leur avantage : Kate la roturière devenue princesse, Letizia, divorcée et ex-présentatrice TV, désormais princesse des Asturies, Victoria de Suède épousant son coach sportif… Les journalistes savent où puiser dans les histoires familiales et ne s’en privent pas. Demeure l’éternel dilemme : jusqu’où aller pour satisfaire le besoin des lecteurs curieux ? Droit à l’information certes, et le respect de la vie privée ?
Une chose est sûre, les têtes couronnées font vendre.
 
Rébecca Bouteveille

Archives

Jacques a dit chut !

 
Les élections présidentielles sont enfin terminées, après presque un an de campagne – un répit bien mérité. Sans vouloir répéter ce qui a déjà été dit ni commenter les commentaires des commentateurs, qui se sont plaints en continu des bavardages incessants autour des débats et des chiffres – ces fameux sondages –, je souhaitais simplement vous inviter à savourer ce silence – enfin, ce silence tout relatif, maintenant que les législatives approchent…
Outre les enjeux politiques – le « outre » est de taille, je vous l’accorde –, cette campagne aura permis d’interroger la pertinence d’un certain nombre de règles médiatiques. On a beaucoup critiqué les obligations auxquelles le CSA avait soumises les chaînes de télévision et les radios : l’équité, suivie de l’égalité du temps de parole et des conditions de programmation, et enfin l’interdiction de diffuser pendant le weekend électoral des commentaires ou des propos engagés, qui risqueraient potentiellement de perturber les votants juste avant leur choix.
Je voudrais revenir sur cette dernière règle, qui a conduit les télés et les radios à exécuter de spectaculaires exercices de gymnastique médiatique, souvent cocasses, parfois un peu pathétiques – pirouettes habiles ou pitreries, destinées à combler le temps de parole jusqu’à ce que sonne 20h…
Car samedi et dimanche, impossible pour les journalistes de parler du programme des candidats ; alors même que les élections occupaient la plupart des esprits, il leur était interdit de faire un sujet de fond sur la campagne. Les émissions épluchant, décortiquant les propositions, n’ont certes pas manqué durant les semaines et les mois précédents : les électeurs ne peuvent pas se plaindre sans faire preuve de mauvaise foi d’avoir manqué d’informations pour faire leur choix en toute connaissance de cause… Ce qui est en revanche plus singulier, et qu’il faut noter, c’est que cette interdiction du CSA a forcé les média à proscrire le nom même des deux candidats : ils n’avaient plus le droit, à l’antenne, de prononcer « François Hollande » ou « Nicolas Sarkozy ». La raison : cela aurait pu influencer le vote – et les télés et radios auraient pu se voir accusés d’être partisans…
Un bon nombre de journalistes s’en sont amusés, notamment sur les ondes radio : je retiens la chronique d’un humoriste d’Europe 1, qui se demandait justement quel sujet il pourrait traiter et comment il parviendrait à combler son temps d’antenne – mise en abîme, métadiscours ! Et ne trouvant d’autre matière que les présidentielles pour alimenter sa chronique, il choisit le parti pris d’utiliser des surnoms tel que le fameux « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom », que l’on doit à Harry Potter, pour évoquer les candidats, ou encore de se servir de métaphores cardinales – est, ouest – pour parler de la droite et de la gauche. Tout cela, bien évidemment, pour souligner la gêne à laquelle était confronté l’ensemble des télés et des radios, alors qu’un bon nombre d’entre elles avait justement et paradoxalement bâti leur programme éditorial du weekend autour des élections… Reprenons l’exemple d’Europe 1, qui avait prévu une spéciale « 40h non-stop » – « Coulisses, réactions, premiers résultats. Pendant 40 heures, Europe 1, ses envoyés spéciaux et ses correspondants vous livreront toutes les informations sur le scrutin » –, créant même pour l’occasion le hashtag « #40h »…
Résultat ? Les média ont été réduit au commentaire du dispositif électoral sans pouvoir traiter des élections elles-mêmes – les idées, les dernières tendances de vote, etc. On a vu les journalistes se rendre aux bureaux de vote stratégiques pour filmer les électeurs – les citoyens ! –, et espérer recueillir des images des électeurs un peu spéciaux – candidats et anciens candidats éliminés au premier tour… Ont été également retransmis des « reportages » sur la préparation et l’attente fébrile au sein des QG de campagne – reportages qui n’ont sans doute du reportage que le nom…
On a comblé le « silence » imposé par le CSA aussi bien que l’on a pu.
Faut-il donc remettre en question les règles imposées par l’organisme ? Car si d’un côté la parole médiatique tenait davantage de la communication phatique – ne pas rompre le contact avec les téléspectateurs/auditeurs jusqu’aux 20h – que de l’information, on peut trouver du bon à cette prescription. Elle forcerait en effet les électeurs à se poser et à prendre le temps de réfléchir par eux-mêmes, pour faire le tri entre les messages émis en continu et par l’intermédiaire de tous les types de canaux par les journalistes, analystes, commentateurs, etc. de tous bords politiques… Eviter que l’électeur ne se décide au dernier moment, sur un coup de tête, parce qu’il aurait entendu une remarque qui lui aurait particulièrement plu ou déplu.
Faire en sorte que le choix ne soit pas soumis au zapping.
 
Elodie Dureu

Les Fast

Feel Me Tender !

 
Il semblerait que nous soyons de plus en plus connectés et pourtant de moins en moins proches. C’est le constat de Marco Triverio, l’inventeur d’une nouvelle application pour le moins surprenante nommée Feel Me*. Le concept est simple : en plus d’une interface de Live Chat similaire à celle des textos sur Iphone ou à Whatsapp, l’utilisateur peut également signaler à son destinataire qu’il touche l’écran, où il le touche et de quelle ‘ »façon ». Alors que les nouvelles applications tendent majoritairement à faire appel aux sens de la vue et de l’ouïe, celle -ci se concentre sur le toucher.
Quand l’émetteur appose son doigt sur l’écran du smartphone, son récepteur peut voir s’inscrire sur le sien un cercle à l’endroit choisi lui signifiant un contact tout autre qui se veut plus émotionnel, plus tactile que jamais. Sans compter que le téléphone émet lui aussi une vibration qui décuple la sensation. Tout cela associé au Chat Video pourrait sonner le glas de l’afterwork au profit de la soirée « canapé téléphonée ».
Découvrez la video d’une application à surveiller :

Plus d’infos sur le site…
 
Marion Mons
*Ressent mon toucher
Sources : psfk.com
Crédits photo : ©Marco Triverio

Publicité

Jacques a dit que Balzac et Zola allaient devenir des panneaux publicitaires

 
Rien d’étonnant dans le fait de trouver des doubles pages de publicité dans Glamour, ni même dans votre M du weekend : les annonceurs commerciaux ciblent toutes les composantes du spectre de la presse écrite sans faire les fines bouches, en visant néanmoins les titres correspondant à leur secteur d’appartenance et aux publics qu’ils souhaitent toucher – leurs clients potentiels. Cette stratégie permet effectivement d’atténuer le caractère invasif de leurs appels d’offres qui, tombant à propos, dérangent moins les lecteurs. Prenons l’exemple archétype des magazines féminins : si nombreuses sont les lectrices – et nombreux les lecteurs ? – qui témoignent de leur exaspération face à l’absence de contenu éditorial et se plaignent de l’invasion des annonces, il n’en reste pas moins qu’elles font aujourd’hui partie intégrante du corps de ce genre de titres, jusqu’à paraitre naturelles. Ces magazines constituent des supports publicitaires particulièrement opportuns – des écrins publicitaires si bien conçus que les publicités appartiennent désormais au contrat de lecture. Et notons que ce qui est vrai pour Elle ou Grazia l’est aussi pour Auto-Journal ou Science & Vie Junior. Il serait cependant injuste, inutile voire même insensé de faire de ce constat un blâme : la presse écrite a autant besoin des ressources que lui procure la publicité que les annonceurs des supports qu’elle leurs offre – ils sont nécessaires à leur existence respective. L’ensemble du système de la presse écrite repose sur cette interdépendance qui, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, lui permet de conserver sa liberté – son autonomie vis-à-vis des pouvoirs politiques.
Rien d’étonnant, donc, à trouver de la publicité dans les journaux ou dans les magazines – seuls les lecteurs du Canard Enchaîné ou de Causette y échappent. Mais que diriez-vous de voir apparaitre une annonce pour Nescafé, Mr Propre ou encore Durex dans un livre ?
C’est ce qui vous attend si vous avez adopté les eBook readers, ces liseuses numériques à ne pas confondre avec les tablettes, qui possèdent bien plus de fonctions et sont dotées d’applications. Il vous est par exemple impossible de jouer à Angry Bird sur le Kindle d’Amazon ou sur le Kobo de la Fnac ; et je crains qu’elles ne vous permettent pas non plus de consulter vos comptes, de géo-localiser le McDo le plus proche ou de live-twitter un meeting de Mélenchon. Notons cependant que les liseuses offrent un réel confort de lecture : leur écran n’est pas rétroéclairé, et les yeux ne fatiguent pas. Si elles ne multiplient pas les fonctions, c’est donc pour mieux assumer la leur.
J’entends d’ici les puritains crier au scandale – « un support numérique ne remplacera jamais le livre ! ». Et je ne peux qu’acquiescer.
Les eBooks ne remplaceront pas les livres – ce n’est d’ailleurs pas leur vocation. Les contenus numériques sont transportables plus facilement, et moins chers – tout simplement. Et c’est à la lumière de ces avantages qu’il faut reconsidérer et juger les liseuses.
Mais nous ne sommes pas ici pour faire leur procès. Signalons néanmoins que le fait qu’il n’y ait pas encore de tradition attachée au livre numérique laisse la porte ouverte à des pratiques auxquelles on n’aurait jamais songé avec les livres papiers – c’est le cas de la publicité.
Les éditeurs numériques songent effectivement à autoriser l’insertion de publicités au sein même des eBooks. Ainsi, lorsqu’un personnage du roman que vous lirez sirotera une tasse de thé, il se pourra qu’apparaisse sur la page de votre liseuse une annonce, ou le lien vers une annonce de la marque Earl Grey. De même, si le décor de l’action est planté à San Francisco, vous pourriez voir s’afficher sur votre écran une publicité pour une chaîne d’hôtels prestigieux de la ville, ou pour une agence de voyage américaine …
Une telle nouvelle donne envie de crier au scandale, je vous l’accorde. La première réaction ne peut être que le refus épidermique : souiller ainsi le livre, cet objet sacré – sacralisé ?
Les éditeurs numériques mettent en avant la baisse des coûts : une telle pratique permettrait de diminuer le prix des eBooks, et donc de faciliter l’accès à tous aux contenus et à la culture. Rappelons que la T.V.A. sur les livres vient d’augmenter, passant de 5,5% à 7%…
Que penser d’une telle mesure ? Faut-il distinguer les livres papiers des livres numériques, et accepter de faire une place aux annonceurs sur le territoire bien gardé du livre, via les eBooks ? Sans doute serait-il plus judicieux de ne pas établir de différence fondamentale entre les deux types de supports, pour plusieurs raisons : cela permettrait d’abord de revaloriser le livre numérique, qui souffre d’un manque essentiel de reconnaissance et de crédit par rapport au livre papier. Et puis, si l’on autorisait l’insertion de publicités dans les eBooks, pourquoi la refuserait-on, à long terme, dans les livres traditionnels ? …
 
Elodie Dureu

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