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Jacques a dit tous aux champs !

 
Le XXIe siècle est définitivement une ère « verte ». Le biologique sous toutes ses formes est des plus tendance, les documentaires pleuvent à propos des agriculteurs qui ont la vie de plus en plus dure, mais surtout, envers et contre tout, le Salon de l’Agriculture fait toujours autant parler de lui après des siècles d’existence. Il faut savoir en effet que ce salon est issu d’un Concours Général Agricole, dont le premier a été lancé en 1870 à Paris. Dédié aux concours d’animaux, il a progressivement évolué en une présentation des animaux et produits du terroir, à l’image de ce qu’on connaît aujourd’hui (même si la tradition du concours demeure). C’est aujourd’hui la plus grande manifestation agricole française, qui a accueilli en 2011 pas loin de 680 000 visiteurs.
Et pourtant, ce n’est pas la nature qui attire visiteurs et journalistes à sillonner les allées au milieu du foin, des vaches et des producteurs vendeurs, mais bien plutôt l’aspect très politique de cet évènement. Si Mitterrand avait l’habitude de faire tous les ans un pèlerinage à la Roche de Solutré, Jacques Chirac a lui instauré une sorte de norme pour les politiques, celle d’apparaître au salon de l’agriculture. L’ancien Président y est en effet apparu chaque année durant toute sa carrière politique, où les médias ont notamment pu remarquer son amour des pommes. En 2008, Nicolas Sarkozy avait souhaité reprendre ce rituel en s’y rendant à son tour peu de temps après son élection, au début de son quinquennat. Avait alors eu lieu le dérapage hyper médiatisé que l’on sait du fameux « casse-toi pauvre con » lancé par le Président, dont il allait entendre parler pendant des années.  Suite à cet épisode, le salon de l’agriculture fut plus médiatisé que jamais, dans la logique désormais de dénicher le « buzz ». Et cette année, année électorale oblige, les politiques étaient plus présents que jamais à la porte de Versailles. Mais on peut du coup se demander qui a influencé l’autre : les politiques, sachant l’ampleur communicationnelle de cet évènement, se sont-ils sentis obligés d’y apparaître ? Ou bien, voyant le nombre de candidats prêts à visiter le salon, les médias se sont-ils mobilisés en masse afin d’être sûrs de ne pas louper l’évènement important qui aurait pu avoir lieu ?
En tous les cas cette année, le salon de l’agriculture s’incruste partout sur internet. Depuis l’inauguration Samedi 25 Février par Nicolas Sarkozy, les agriculteurs ont pu accueillir François Bayrou le Dimanche 26, François Hollande le Mardi 28, Jean-Luc Mélenchon le Mercredi 29, Eva Joly le Jeudi 1er Mars ou encore Marine Le Pen le Vendredi 2. Mais on a pu aussi y voir François Fillon, Ségolène Royal, Dominique de Villepin… Lorsque le rituel croise la période électorale, l’évènementiel devient une arme que personne ne veut laisser au hasard. Pourtant ce n’est pas toujours à leur avantage, comme le prouve l’exemple de Marine Le Pen qui a eu un accueil très chaleureux de ses sympathisants mais a également dû affronter une discussion musclée avec les responsables de la filière viande, suite à ses déclarations au sujet de la viande distribuée en Ile de France qui serait, selon la candidate, exclusivement hallal à l’insu des citoyens. De quoi relancer la polémique sur l’abattage des animaux et mécontenter les agriculteurs dépendants de cette activité.
Le salon de l’agriculture semble donc une étape communicationnelle et médiatique obligée, particulièrement en cette année 2012, bien qu’il ne soit pas forcément un bienfait pour le candidat politiquement parlant. Ce qui montre bien que si le lien entre politique et communication est nécessaire, leur adéquation n’est pas si aisée.
 
Héloïse Hamard
Crédits photo :
©AFP

Cube-McDonalds
Les Fast

Ronald nous tire le portrait

 
La campagne « Venez comme vous êtes » continue de nous surprendre avec un nouveau volet qui n’est pas sans rappeler le lancement de la fameuse signature. Souvenez-vous, les stop-motion sympathiques et les enfilades d’affiches dans les couloirs de métro mettant en scène le même personnage avec différents styles si décalés.
Pour soutenir la nouvelle campagne print aux airs de cadavre exquis, lancée le 22 Février 2012, BETC a imaginé pour McDonalds une opération interactive. Ainsi, tout comme sur les affiches, les passants présents le 24 février sur le parvis de la Défense ont pu se prendre en photo et s’intégrer à la campagne dans un photomaton géant pourvu d’un grand écran :

A quand le shooting « portes ouvertes » ? Serons-nous tous bientôt des acteurs de pub ?
 
Marion Mons

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Société

Je suis un « anti-communicant »

 
Début février, nous avons rencontré Maxime Verner, le déjà ex-étudiant du Celsa mais surtout le plus jeune candidat (22 ans) à l’élection présidentielle de 2012. Légèrement en retard, l’outsider nous dit apprendre plein de choses grâce à la campagne qu’il mène, son « école de la vie » comme il aime à le dire. A ce jour, Maxime Verner avait 302 promesses de signatures de maires de villages et de villes qui comptent entre 5 et 8000 habitants. [Il lui en manque aujourd’hui une centaine.] Il avait encore 180 rendez-vous prévus avec des élus dans le mois suivant… « Quand je fais un truc, je le fais à fond ». Pour le vérifier, suivez-le sur Twitter et soyez informés de tous ses voyages !
Croiser un candidat, en théorie, c’est pour parler de politique. Mais nous, nous avions plutôt à cœur de comprendre sa communication. Alors dans cet article, nous ne parlerons pas de la loi pour l’éligibilité des jeunes qu’il a fait passée en 2010, ni de l’Association des Jeunes de France, ni de son livre, ni de ses propositions pour la jeunesse, ni de celles sur l’économie, encore moins de celles à venir sur l’éthique. On trouve tout cela ici. Nous nous contenterons donc de dire qu’il est un candidat de proposition qui ne veut pas être président mais apporter un dynamisme à la campagne, des idées neuves et de vraies propositions pour un projet de société fondé autour d’une politique d’investissements sur la jeunesse. Car la politique, « c’est à tout le monde ». Il aime citer Camus (« La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent ») et faire le « V » avec ses doigts comme Verner mais c’est surtout « le signe le plus courageux et le plus symbolique » qu’il se puisse faire en temps de crise, Churchill le faisait en 1940.
Le « porte-voix de la jeunesse » se fout de l’image qu’il renvoie il s’en fout de la forme : « Ce qui [l]’intéresse, [le] passionne et ce qu’[il] veux faire, c’est ça : du fond ». D’où sa volonté de ne répondre qu’aux invitations d’émissions qui lui permettent réellement d’exprimer ses engagements. Par principe, il ne refuse pas les médias associatifs (et surtout pas FastNCurious). Il se dit lui-même « anti-communicant » et préfère largement Twitter à Facebook. Il y voit un lieu de rencontre et de débat avec des personnes influentes et y va quand il a un moment. Facebook, il ne s’en sert que comme d’un relais vers son site. D’ailleurs, 4000 personnes par jour vont sur son site (qu’il dit lui-même « mal foutu ») en venant de Facebook pour y découvrir ses articles et ses documents en PDF.
Lorsqu’il officialise ses programmes, il convie ceux qui le veulent. Comme les journalistes ne viennent que si leurs patrons le demandent, inutile de perdre du temps à leur courir après. De même, il dit ne pas être là pour diffuser sa pensée à des milliards de personnes mais plutôt pour débattre et convaincre ceux qui sont réellement ouverts à une politique audacieuse. En clair, il est disponible mais ne force personne à l’écouter. Il propose, à l’électorat et aux citoyens de disposer !
D’un esprit curieux, il voit que ce qui manque à la société, c’est de l’« humain ». Alors il va à la rencontre des gens physiquement. Il lit beaucoup et se nourrit de trois débats par semaine minimum. Il aime y croiser des gens, des passions et des projets qui viennent alimenter et consolider son propre système de pensée. Il précise d’ailleurs que sa communication et sa démarche se fondent avant tout sur l’humain et la générosité. Point trop d’argent, on peut faire un don à son association mais pas plus de cent euros, ainsi on reste fidèle à l’idée de l’association et Maxime Verner reste indépendant. Ses affiches ? C’est un architecte qui a une imprimerie qui les lui a imprimées. Quand il se déplace, il puise dans ses économies personnelles mais cela ne lui coûte pas trop cher puisqu’on lui prête des voitures et qu’il dort chez l’habitant. Et quand il rencontre des élus locaux, il leur parle et leur projette ses idées novatrices et ambitieuses. Il sait que les maires parlent entre eux et mise sur le « bouche à oreille » et le « téléphone arabe ».
 
Thomas Millard, Romain Pédron et Ludivine Préneron

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Image du film de la sécurité routière sorti début 2012 par Publicis Consultants sur les dangers de la route
Les Fast

Un conducteur choqué en vaut deux

Voici le troisième volet d’une campagne en 3 temps menée par la Sécurité Routière, toujours bien décidée à nous rendre plus responsables ! En effet, même si le nombre de tués baisse d’années en années en France, elle n’en reste pas moins un des pays les plus concernés par les accidents de la route (encore 3 970 accidentés en 2011). C’est pour cette raison que la Sécurité Routière continue son travail et investie aujourd’hui dans des campagnes toujours plus transmédia. Il est donc possible de voir un nouveau film à la télévision depuis janvier, au cinéma depuis le 1er février, ainsi que sur facebook, sur msn et sur youtube (sans parler des relais média gratuits).
Après « Insoutenable » et ses 3 millions de vue sur Youtube en 2011 :

Et le film « électrochoc » décembre dernier :

Voici donc le premier film de Publicis Consultants pour l’organisme : 45 secondes pour « réveiller les consciences » et rappeler les principales causes des accidents de la route. Ce film fait partie d’une nouvelle campagne de sensibilisation demandant à chacun d’être acteur de la sécurité routière avec ce message « Tant qu’il y aura des morts…il nous faudra agir pour une route plus sûre ». Découvrez, en noir et blanc, 45 secondes d’images réelles mêlées à des images de fictions plus poignantes les unes que les autres :

Pour soutenir le film, l’agence a également prévu un espace de dialogue sur ce site. Le tout formant une campagne numérique conséquente.
 
Marion Mons
Sources :
©Le Parisien – ©Stratégies – ©Sécurité Routière – ©Publicis Consultants – Communiqué

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Twisted Metal "Shoot my truck" Capture d'écran
Flops

Quand le digital devient trop érotique

Être digital, tel est le mot d’ordre de tout bon communiquant désireux de percer aujourd’hui. Le terme revient partout : il est tout aussi bien substantif qu’adjectif, nous sommes tous des « digital natives » ou « digital immigrants », les plus jeunes sont nés dedans, les autres évoluent à ses côtés en tentant de l’apprivoiser. Tant et si bien que l’on commence à avoir un peu de mal à distinguer clairement ce qu’il renferme. L’émergence d’un nouveau « mot besace » ? Peut-être.
Suis-je digital si j’ai un Smartphone et que j’utilise tous les jours mes applications favorites ? Suffit-il d’être sur Facebook et Twitter pour être digital ou faut-il au contraire maîtriser parfaitement la technicité de ces nouveaux outils pour pouvoir vraiment se dire acteur du concept?
Tirer sur un camion au milieu du désert, à balles réelles, simplement en appuyant sur la touche espace de son clavier, ça aussi c’est possible grâce au digital. Les mots ne trompent pas, c’est bien dans le Digital Post n°86 de l’agence DDB° que j’ai pu trouver le sujet de cet article.
Le jeu vidéo de combat motorisé Twisted metal, sorti en 1995 sur PlayStation chez Sony Computer Entertainment, va bientôt être réédité sur PlaySation 3. En attendant sa sortie, la marque lance donc une forme de jeu via un site internet créé à cet effet. « Shoot my truck », invite ainsi les internautes à s’inscrire afin d’avoir peut-être la chance de pouvoir tirer à balles réelles, avec une vraie mitraillette sur un camion en plein désert. Le concept est ici de reprendre la base du jeu qui consiste grosso modo à survivre dans une arène à bord d’un véhicule blindé et massivement armé. Pour être le dernier pilote en lisse, il faudra donc détruire tous les véhicules concurrents d’où l’idée d’illustrer « réellement » le jeu vidéo.

L’internaute se trouve alors en mesure d’agir sur le réel de façon violente par l’intermédiaire d’internet et de l’outil digital. Il a la possibilité de se déresponsabiliser de son acte, de se cacher derrière cette barre d’espace devenue mitraillette.
En conséquent, la frontière entre le monde virtuel et le monde physique devient, par le prisme numérique, de plus en plus réelle. N’oublions pas que dans digital, il y a chiffre mais il y a surtout « doigt » avec cette notion de touché. Et si le tact est une forme de « touché sans toucher » selon le mot de Derrida, alors cette utilisation du digital fait preuve de mauvais tact en créant une puissance hypocrite chez le participant, ne servant ni plus ni moins qu’à étancher sa soif de violence facile et sans conséquence. L’idée n’est pas ici de condamner mais bien de mettre en garde. J’ai d’ailleurs été moi même le premier à être tenté par l’expérience quand j’en ai appris l’existence.
 Mais s’il est mauvais de considérer la dichotomie entre monde numérique et monde réel comme étant trop prononcée, il peut s’avérer dangereux, ou du moins discutable, de la rendre trop perméable.
Pour finir, revenons sur les deux principes fondamentaux de la communication énoncés par Sybille Krämer dans son article « Appareils, messagers, virus : pour une réhabilitation de la transmission » paru en 2008 dans la revue Appareil. Entendons par le « principe postal », une communication fondée sur le processus de transmission du message faisant appel à un voire plusieurs médias ; et par « principe érotique » la dimension dialogique de la communication, non instrumentale, cette pragmatique universelle d’Habermas dans laquelle la réciprocité évince le rôle du média.
Dans le cas de Twisted metal, nous assistons à la dérive d’un des aspects de la communication digitale, pourtant essentielle aujourd’hui, qui comme la viralité, tend à superposer le principe érotique sur le principe postal.
Oublier le média, fenêtre ouverte sur le réel, ou pire encore, nous cacher derrière lui : voilà l’inquiétude naissante face à certaines utilisation du digital.
 
Ambroise

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Société

Detachment

Henry Barthes (Adrien Brody) est un jeune professeur d’anglais remplaçant. Chargé d’élèves plus que turbulents d’un lycée difficile de la banlieue new yorkaise, c’est dans un environnement hostile qu’il fait son apparition. Dans cet établissement, il fait la rencontre d’une proviseure à bout de nerfs et de profs désarmés devant le désintérêt flagrant des élèves, mais également celui du gouvernement américain qui a littéralement abandonné sa mission éducative.
« Jamais je n’ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde », une phrase d’Albert Camus reprise dans le film pour illustrer la position de détachement adoptée par ce professeur qui refuse de s’engager dans une cause perdue d’avance mais qui continue son combat dans l’espoir d’atteindre ces élèves qui ont délaissé les bancs de l’école pour leur rêves de richesse et de célébrité.
Henry Barthes (la référence à Roland Barthes est évidente) donne désespérément cours devant une classe virtuellement vide : des élèves qui ont métaphoriquement quitté la salle de classe par démotivation, manque d’intérêt ou tout simplement par réalisme concernant leur avenir et se sont réfugiés dans la violence verbale, la recherche de l’affrontement et la recherche des plaisirs instantanés.
Les professeurs, qui ressentent un véritable sentiment d’impuissance et d’abandon, se battent pourtant et refusent de déposer les armes. Par des moyens tout aussi brutaux que la violence morale à laquelle ils sont confrontés chaque jour, ces professeurs tentent de ramener leurs élèves à la raison, comme on peut le voir dans le passage où Lucy Liu annonce à une adolescente insouciante dont la moyenne est en chute libre, le futur sordide et dérisoire de pauvreté et de misère auquel elle – comme tous les autres – est destinée si elle ne se ressaisit pas. Encore une fois, on lit le désespoir de cette conseillère d’orientation qui se sent inutile face à cette jeunesse stoïque et impassible.
L’école américaine est en ruine, c’est le message porté par cette image sur laquelle se termine le film de Tony Kaye : une école qui s’effondre sur elle-même par l’absence de soins malgré les symptômes persistants qui n’ont cessé d’être dénoncés. Le gouvernement américain a complètement abandonné cet aspect de la politique pourtant primordial pour l’avenir du pays. Obama avait lui-même  déclaré qu’il ne fallait négliger « cette priorité nationale qu’est l’éducation, essentielle pour l’avenir de la nation ». « Détachment » montre la défaite d’un système scolaire américain dans lequel la jeunesse a perdu toute confiance et tout espoir de s’en sortir. Une problématique de l’éducation qui nous concerne nous Français aussi. Quels individus voulons-nous former pour prendre la relève demain ? Quelles chances donnera-t-on à nos enfants ?

En 2009, l’administration d’Obama a mis en place le plan d’action American Recovery and Reinvestment pour répondre à la crise économique actuelle. Ce plan a pour but de relancer la croissance par l’emploi en s’attardant notamment sur l’éducation. En effet, selon le Président Obama, pour que les États-Unis se relèvent de la crise, tous les citoyens doivent faire des études supérieures adaptées au marché du travail et le pays doit devenir le premier au monde dans l’achèvement des études secondaires et supérieures. En 2009, selon un rapport de l’OCDE, les Etats-Unis ont été classés au 16ème rang des pays de l’OCDE pour le taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement secondaire dans la population en âge typique de l’obtenir. C’est pourquoi 100 milliards de dollars du budget ont été alloués à l’éducation afin d’améliorer les conditions d’enseignement dans les collèges, lycées et universités, en particulier dans les établissements publics à faibles revenus, ainsi que pour venir en aide aux familles les plus en difficultés. Il reste à voir la portée de cette nouvelle action (en 2002 George Bush avait lancé le plan No Child Left Behind dont le bilan reste contrasté), le monde du cinéma avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 1995 avec « Esprits Rebelles » de John N. Smith.
« Detachment » n’est pas sans rappeler le film récompensé par le Festival de Cannes en 2008 « Entre les murs » qui avait dressé un constat similaire, quoique moins dramatique mais pas pour le moins alarmant de l’école « à la Française ». Deux films à portée commune d’une véritable crise universelle de l’éducation qui se profile en ces temps difficiles et qui en appelleront certainement d’autres si les mesures prises ne se révèlent pas efficaces.
 
Camélia Docquin

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An employee of South Korean mobile carrier KT holds an Apple Inc's iPhone 4 smartphone and a Samsung Electronics' Galaxy S II smartphone as he poses for photographs at a registration desk at KT's headquarters in Seoul
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Jakadi qu’un brevet, c’est sacré

Si le duel du moment est celui que se livrent Hollande et Sarkozy à coups de phrases assassines et de meetings, il en est un qui se déroule à échelle mondiale et dans lequel il faut aussi choisir son camp.
Cette guéguerre oppose le grand gourou de la technologie, Apple, à son concurrent sud coréen Samsung depuis déjà avril 2011. La cause officielle ? L’utilisation par Apple de brevets Samsung et des similitudes de design de produits Apple par Samsung. La probable cause officieuse ? La tête du marché, jusque là largement aux mains d’Apple.
Au commencement, Apple leader incontestable lance sa tablette sur un marché sans concurrence. Jusque là tout va bien. Mais dans une économie mondialisée, il faut s’attendre à attirer des envieux.  Le monopole d’Apple prend fin avec la gamme Galaxy de Samsung qui fait de la marque un concurrent plus que sérieux pour la pomme.  Ainsi, la Galaxy Tablet 10.1 ne serait qu’une copie de  l’iPad, et le smartphone est lui aussi concurrencé.
Les 2 marques, jusqu’alors partenaires commerciaux deviennent les deux grands opposants d’un feuilleton judiciaire plein de rebondissements, de quoi nous consoler de la fermeture de megaupload.
Episode 1 : Apple attaque Samsung en justice. En effet, la Galaxy Tablet 10.1 possède un design trop proche de l’ipad et serait donc une contrefaçon. Apple demande donc à plusieurs tribunaux, notamment européens, d’en interdire la commercialisation
Mais la marque coréenne ne s’avoue pas vaincue. Puisque c’est le design épuré cher à la pomme qui est en cause, elle travaille sur une nouvelle version de sa tablette. Et comme il est bien connu que la meilleure défense est l’attaque, elle demande à son tour l’interdiction de commercialiser des produits Apple. Cette fois, c’est l’iphone 4S qui est visé car il enfreint selon Samsung plusieurs de ses brevets, notamment sur la téléphonie 3G.  Il en faut plus pour décourager Apple qui entame des poursuites pour violation de propriété intellectuelle. Bref, le feuilleton n’en finit pas.
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Rien n’est encore tranché semble-t-il. Le conflit a des répercussions  aux Etats-Unis, en Australie, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Japon, en Corée du Sud et en France et les décisions sont différentes selon les pays. Les Galaxy Tablet 10.1 sont par exemple interdites en Australie et Allemagne, mais ce dernier pays a autorisé la vente des tablettes modifiées, la Galaxy Tab 10.1N qui se distingue suffisamment de l’ipad. Quant à la Corée du Sud, berceau de Samsung, elle menacerait de bloquer la sortie de l’Iphone 5. Cette vidéo résume bien l’affaire :

Outre les questions financières et juridiques,  le conflit peut avoir un impact sur les images de ces marques et sur les autres entreprises du secteur.  Quelle image donne Samsung lorsqu’il loue temporairement un local à Sidney à quelques mètres de l’Apple Store pour vendre des Galaxy SII à des prix plus que compétitifs ? Apple semble encore moins se soucier son image dans la mesure où bien souvent, « tu l’aimes ou tu le boycottes ». Ce n’est pas un conflit avec des coréens du sud qui peut ternir la réputation de l’œuvre de Steve Jobs
Alors, stricte application des lois ou recherche frauduleuse de monopole, je vous laisse forger votre opinion, la mienne est faite…
 
Manon Levavasseur
Sources :
Clubic.com
Crédits photo :
©Jo Yong hak
Menly.fr

Oiseaux pris en photo en contre-plongée volant tous ensemble
Société

Twitter, la parole qui fourmille

Jeudi soir, Marine Le Pen était invitée de l’émission politique de France 2 orchestrée par David Pujadas et intitulée « des Paroles et des Actes ». Cette émission a pour but de faire passer les candidats face aux mêmes chroniqueurs pour qu’ils puissent expliquer et défendre leurs propositions de manière équitable. Ainsi, comme c’est l’usage dans cette émission, la candidate du Front National a fait face aux différents chroniqueurs (Nathalie St Cricq, François Lenglet et Fabien Namias) et à deux contradicteurs (Henri Guaino et Jean-Luc Mélenchon). Jusqu’à 5,9 millions de téléspectateurs[1] ont assisté à cette somme d’échanges plus ou moins instructifs.
Parallèlement, sur Twitter, le hashtag[2] « #dpda » a été très employé. Plus de 11.000 twittos sévissaient sur la toile et plus de 42.000 tweets avec le hashtag de l’émission ont ainsi été postés. Ces Tweets étaient de natures très diverses. Certains étaient émis par des journaux et renvoyaient à des articles en ligne relatifs à ce que disaient les protagonistes du débat pour permettre de mieux comprendre ce qui se disait. D’autres étaient émis par des journalistes ou des acteurs politiques et apportaient une analyse sur le fond ou sur la forme du débat. Enfin, une bonne quantité de tweets provenaient de simples téléspectateurs à la culture politique plus ou moins fine qui regardaient le débat en attendant l’arrivée de Mélenchon avec une excitation pareille à celle que l’on ressent quand on attend le début d’un match de foot. A cause du petit nombre de caractères possibles pour chaque message (140), certains sonnaient comme des maximes politiques ne pouvant souffrir d’aucune objection. Il y avait aussi beaucoup de messages pour commenter la prestation de David Pujadas ou la chemise à carreaux d’une fille dans le public.
Twitter s’est ainsi présenté comme un prolongement de l’émission. Une plateforme interactive où chacun peut donner son avis immédiatement à tout le monde. Pas de hiérarchie ni d’encadrement des twittos, juste un fourmillement de paroles. Mais tellement de tweets qu’on ne peut en aucun cas tous les voir. Quelqu’un suggérait de faire comme dans l’émission qu’animait Marc Olivier Fogiel sur France 3 il y a quelques années : mettre en place un bandeau en bas de l’écran de France 2 pour diffuser les tweets à tous les téléspectateurs. Imaginez la vitesse de défilement des tweets ! Et si on sélectionnait les meilleurs ? C’est contraire à l’idée de Twitter qui consiste à réduire les asymétries de parole… Et d’ailleurs cela poserait des problèmes de réalisation.
 
Thomas Millard

[1] Francetv.fr

[2] Thème du tweet précédé du symbole « # » pour en faire un mot clé. Ainsi, en un clic, on peut consulter tous les messages émis par les twittos du monde entier qui se rapportant à ce thème.

Peugeot 208 Expérience Interactive par BETC EURO RSCG
Edito

Parce que le monde roule

 
Comme vous le savez, le secteur automobile est un poids non négligeable dans l’économie du pays. Le marché français compte peu d’acteurs qui se battent férocement pour voir monter leur taux de pénétration. Deux groupes tiennent tête à la concurrence étrangère : PSA Peugeot Citroën et Renault comme le montrent les chiffres du dernier rapport CCFA* en date (janvier 2012) :

VUL** à gauche et VP** à droite.
 
 
 
 
 
 
Non seulement les deux groupes doivent rester concurrents face aux compétiteurs étrangers, mais aussi  l’un vis-à-vis de l’autre ce qui n’est pas pour déplaire aux publicitaires. En effet, le marché automobile représente une grosse part des investissements publicitaires donnant lieu à des campagnes toujours plus spectaculaires et en grand nombre. De magnifiques campagnes d’images, de drôlissimes campagnes produits et surtout, depuis maintenant plusieurs années, d’innovantes campagnes digitales.
Après un petit tour d’horizon des différents sites de marques les plus populaires en France, deux dispositifs ont retenu mon attention. Le plus étonnant est sans aucun doute celui de Peugeot pour sa nouvelle 208. Plusieurs agences du groupe BETC EURO RSCG ont imaginé pour la marque une campagne intitulée « Let Your Body Drive »*** comportant notamment une forte présence sur le web en trois temps :
• Le jeu interactif « Body Way » comme première mise en bouche…
• Suivi d’une e-card « Body Painting » pensée par BETC Digital :
Pour envoyer ses vœux en light-painting,  Peugeot a mis à disposition des internautes un mini-site web très simple à utiliser : rédiger, signer, prévisualiser, envoyer ! Le tout sur les pas de danses d’ Aurélien Kairo et chorégraphié par Kader Attou.

• Enfin la dernière addition nous vient tout spécialement de BETC EURO RSCG Worldwide et Euro RSCG South Africa.  Pour boucler la boucle, l’expérience va plus loin avec une aventure interactive qui peut faire penser à la campagne Tipp-Ex par Buzzman ou la campagne Mennen par l’agence H. L’internaute est invité à choisir la suite de l’histoire en répondant par « Yes » ou « No ». Le corps et les sensations physiques sont bien entendu au centre de l’intrigue avec un scénario, disons le, assez comique et grotesque :

Ce concept m’est apparu très ludique même si ce n’est pas la première fois que j’y participe, c’est la première fois que cela a eu comme effet de me rappeler un souvenir d’enfance. Rien de pervers dans mes placards ne vous inquiétez pas ! Juste un livre de dessins Disney sur La Belle au Bois Dormant. C’était plus qu’un livre, c’était quasiment un jouet. Il avait cette particularité d’offrir au lecteur la possibilité de découvrir une suite différente à chaque lecture. Les carrefours de choix étaient nombreux  et les alternatives multiples !
Quand on y pense, cela pourrait être une façon intelligente d’assurer un taux de reprise en main élevé…
Dans le cas de Peugeot, c’est un peu le même système : le spectateur va consacrer 7 minutes de son précieux temps à cette expérience sans même vraiment s’en rendre compte car l’action opère son effet hypnotiseur, puis une fois qu’il aura fini pourra se prêter au jeu de recommencer pour tester les suites des réponses inverses. Le spectateur se transforme en joueur et tire du plaisir de l’expérience, ce qui peut aider à renforcer le pouvoir affinitaire de la marque. Sans compter que cela crée un véritable univers prometteur autour de la 208.
Le deuxième dispositif retenu fut celui de Mercedes pour sa nouvelle Classe M. Certes, moins extraordinaire que celui de Peugeot, il n’en reste pas moins remarquable par le travail et le soin qu’il aura demandé :
Découvrez la Machine à Voyager…
On se croirait presque sur un site d’agence de voyages avec les grandes photographies de paysages occupant tout l’écran et le texte descriptif du lieu situé à droite de la voiture. Le Classe M emmène l’internaute dans un tour du monde extrêmement rapide. Le site est soutenu par un film invitant à découvrir les voyages imprévus :

Bonne route !
 
Marion Mons
 
*Comité des Constructeurs Français d’Automobiles
**VUL – Véhicules Utilitaires, VP – Voitures Particulières
*** Traduction : « Laissez votre corps conduire »
Sources :
CCFA.fr
BETC-Life.com
Crédits photo et video : ©CCFA – ©Peugeot – ©Mercedes

wax-tailor-olympia
Agora, Com & Société

Wax Tailor, la révolution numérique s'exprime aussi par la musique

La révolution numérique est paradoxale. Certes, Internet, les blogs, les smartphones et Twitter ont révolutionné notre rapport à l’écrit et sacralisent une écriture intuitive, rapide et fragmentée; mais ces mêmes outils s’inscrivent dans une tradition de l’écriture et revendiquent bien souvent des référents anciens (l’icône correspondant à la composition d’un nouveau tweet est celle d’une plume et d’un parchemin).
Toutes les formes d’art sont touchées par le paradigme propre au numérique de l’articulation du passé et du moderne. A l’heure ou David Fincher est qualifié de cinéaste du numérique; dans le milieu musical aussi, l’innovation prend forme. Les musiques dites « électroniques » sont une fusion détonante entre la nostalgie et l’innovation. Wax Tailor explique très bien cette synthèse, lorsqu’il expose dans le blog de l’Atelier, son double rapport au vinyl et aux platines: « Il faut garder le meilleur des deux mondes […]. J’ai une collection de Mp3, des outils qui me permettent de voyager léger. Quand je vais faire un DJ set, je vais être capable d’aller jouer avec des fichiers […] mais cela ne m’empêche pas de collecter des vinyls. Il y a un rapport affectif à l’objet, à son histoire. C’est quelque chose qu’on ne peut pas nous enlever. » 
Zoom sur Wax Tailor, alias Jean-Christophe le Saoût, compositeur et Dj mixant le trip-hop, le hip-hop et la down tempo. Voici 6 raisons pour lesquelles sa musique me semble particulièrement emblématique des nouvelles tendances la révolution numérique.
 
• La duplication et la répétition
 
Dans la chanson We be (clip ci-dessous), l’anaphore du « We be », la répétition du même discours en fond (« Power to the people! ») semble faire écho au matraquage médiatique, au flux incessant des réseaux sociaux… Cette pratique est à lier à celle du morcellement, du découpage en petites unités, qui est au fondement d’un média comme Twitter. Wax Tailor utilise des petites phrases répétées inlassablement, des répliques de films sorties de leur contexte et re-mixées avec d’autres paroles. Ces segments sont comme ces phrases volées par les médias et journalistes, partagées et naviguant d’utilisateur en utilisateur grâce au partage et au retweet, qui personnifie pleinement cette notion de fragmentation.
 
• L’importance de l’écriture
 
La pratique de l’écriture est une forme de communication hyper prégnante et magnifiée par les nouveaux médias (le règne du commentaire, de l’ « exprimez vous! », l’application « Notes » pour les Iphones designé comme du papier brouillon…)
Dans l’univers visuel de Wax Tailor, c’est une forme de communication efficace. Dans ses clips, on retrouve souvent de l’image et du texte mixés ensemble. Dans Positively Inclined (2e clip ci-dessous), le graphe est mis en valeur, et les mots qui s’inscrivent ont un pouvoir performatif qui doit donner l’inspiration au rappeur-poète :« inspiration », « insulation », « intonation »…
 
• Les thématiques du rassemblement
 
Dans son morceau We be, les paroles expriment un besoin de se regrouper autour d’une identité commune, de se rassembler en transcendant les différences: « We be… Joinin’ the endless convoy of cultural hegemony. »; « We be…oh so many… like the multitudes of souls, lost… in the wars of men…/Over gold, over power, over god & hate/; « Why can’t we be more peaceful? Why can’t we be… nicer… to one another? Why can’t we be… we be… what we were meant to be: LOVE ». C’est un discours souvent tenu par les nouveaux médias et qui se matérialise par la création de plus en plus de communautés virtuelles qui transcendent les nationalités, les âges, les idées politiques pour se concentrer sur d’autres intérêts tel que la musique, justement.
 
• L’emprunt, le patchwork
 
« Wax Tailor », le tailleur de cire en anglais: la matière est celle qui est commune à tous. Ici, le tailleur, c’est celui qui mixe, qui fait un montage, un patchwork: les musiques de Wax Tailor sont un vrai « melting pot » d’influences diverses et d’emprunts.
Dans le clip Positively Inclined, cette pratique est illustrée par le flux de couleur noire, le matériau de l’inspiration musicale qui passe de personnage en personnage, de l’objet à l’humain dans un mouvement constant de va-et-vient. On rejoint la pratique du partage, qui est commune à tous les médias 2.0.
 
• L’héritage du passé
 
Cet emprunt se fait selon des référents universels, une sélection parmi une culture populaire qui symbolise notre héritage.
Comme les multiples applications smartphones opérant un fascinant retour au vintage (Vintage caméra, Instagram), Wax Tailor utilise (et c’est bien sa marque de fabrique) des répliques de films (la plupart des années d’après-guerre: Welles, Lubitsch, Ford, Hitchcok.. ou des années 70 Forman, Cassavetes) pour ponctuer des rythmes innovants. De plus, il recycle des musiques cultes (comme le « Feeling Good » de Nina Simone dans How I Feel).
 
• Le laboratoire de l’innovation : réaliser un synthèse
 
Mais ces emprunts nostalgiques ne s’inscrivent justement pas dans une vision passéiste et poussiéreuse.
Le collectif franco-suisse-argentin de tango Gotan Project est un autre exemple d’artiste de la génération 2.0. Ils expliquent en 2010, interviewés par l’Express, que le titre de leur dernier album « Tango 3.0 » « symbolise la collision entre l’ancien et le moderne, le tango qui a un siècle d’histoire et le Web 3.O qui commence tout juste la sienne. Notre parti est celui d’une expérimentation autour du tango et de la musique électronique. ». En mixant par exemple des instruments très traditionnels avec du rap ou de la techno minimale allemande, le projet de Gotan Project peut somme toute, résumer celui des NTIC: elles innovent et créent des usages sans précédant, mais restent néanmoins fidèles aux usages hérités du passé, s’inspirent de traditions instituées pour les faire rentrer dans des nouveaux cadres, ceux de la modernité.

Wax Tailor « We Be » By Mathieu Foucher

Wax Tailor, « Positively Inclined » by Tenas
 
Camille Principiano

Sources :
« l’Express.fr » : interview de Julien Adigard
« le blog de l’Atelier », Lila Meghraoua