Légion d'honneur à Spencer Stone
Société

Des trains et des super-héros

« Héros ». Les médias n’avaient plus que ce mot à la bouche le vendredi 21 août 2015. C’est une tragédie manquée qui s’est jouée ce jour-là, à bord d’un train Thalys : un petit groupe de personnes est parvenu à maîtriser un homme armé d’une kalachnikov qui s’apprêtait à faire feu sur les passagers. Parmi eux se trouvaient trois Américains, un Britannique, un Franco-Américain et un discret Français préférant garder l’anonymat. Leur action a été très largement saluée à travers le monde et le rideau s’est soudainement levé sur ces nouveaux « Héros du Thalys ».
La quête du détail spectaculaire
Le théâtre classique interdit toute représentation de la violence. Sur scène, seule la parole compte ; l’action est ailleurs, quelque part en coulisses. Pourtant, au XXIème siècle, c’est l’obsession du hors-scène qui règne. Après l’attentat avorté du Thalys, il s’agissait de reconstituer les faits le plus précisément possible : qui ? Où ? Quoi ? Comment ? En quelques jours, les articles et les reportages se sont accumulés, relatant inlassablement les moindres détails de l’attaque : il y aurait alors eu quatre « héros du Thalys ». Ah, non pardon, cinq. Ou même peut-être six … Mais déjà, des noms sont revenus fréquemment, ceux de Spencer Stone, Alek Skarlatos et Anthony Sadler, les trois passagers américains. Ensemble, ils ont désarmé, immobilisé et ligoté l’assaillant, évitant la fusillade de se produire et la perte de vies innocentes.
L’ethos du super-héros…
Au théâtre antique on préfère finalement le scénario hollywoodien : trois jeunes Américains partent découvrir l’Europe et, tandis qu’ils sont à la recherche d’une connexion Wifi dans le train qui les emmène d’Amsterdam à Paris, ils se trouvent confrontés à une menace terroriste. « Face au mal du terrorisme, il y a un bien, celui de l’humanité. C’est celui que vous incarnez. » a déclaré François Hollande en leur remettant plus tard la Légion d’Honneur. Le président a également employé des mots tels que « courage », « sang-froid » et « héroïsme » face à ce qui aurait pu finir en « massacre ». Il s’agit bien là d’un découpage manichéen – certains journaux ont dit « américain » – du Bien et du Mal, caractéristique peut-être de ces histoires de super-héros que l’on aime tant. Barack Obama pour sa part, a parlé d’« héroïsme », précisant qu’ils étaient « la fierté de tous les Américains ».
« Héros », donc. Le mot est vite tombé, relayé par les journaux et les hashtags Twitter. Pas un article n’est paru sans la précision de ce statut hors-norme : des gratifiants « Le monde salue les héros du Thalys » (Le Parisien), ou « Parade aux États-Unis pour célébrer les héros du Thalys » (L’Express), à l’amusant « Un héros du Thalys va participer à « Danse avec les stars » » (Le Huffington Post), le terme « héros » précède, ou parfois même, supplante totalement leur identité, comme si l’étiquette héroïque suffisait à faire l’homme. Ils ne sont plus ni militaires, ni étudiants, ils sont « héros ».
Pourtant, le témoignage des trois amis se voulait simple. « It was mostly survival/Tout ça, c’était pour survivre » ont-ils annoncé lors d’une conférence de presse. Ajoutons, par ailleurs, que leur présence dans ce wagon n’était due qu’au plus grand des hasards. Oui mais… dans l’imaginaire collectif, l’humilité fait bien souvent partie des attributs du héros. En pensant déconstruire le mythe, ils n’ont fait que l’encourager davantage. Après tout, Spiderman lui-même ne doit-il pas ses pouvoirs à la morsure fortuite d’une araignée ?
… et des super-méchants.
Si certains comportements ont été portés aux nues, d’autres, au contraire, se sont vus pointés du doigt. L’acteur Jean-Hugues Anglade, dans une interview pour Paris Match, a désigné les coupables idéaux : les employés de Thalys « ont couru dans le couloir […] vers la motrice, leur wagon de travail. Ils l’ont ouvert avec une clé spéciale, puis se sont enfermés à l’intérieur. (…) Nous criions pour que le personnel nous laisse entrer (…) en vain… Personne ne nous a répondu». Ce qui importe ici, au-delà de toute véracité factuelle, c’est que pour tout héros à admirer, il faut un lâche à conspuer. Le courage dont ont fait preuve les militaires ne pouvait qu’augmenter la couardise du personnel du train aux yeux des gens. Que celui-ci ne soit guère entraîné pour ce genre de situation extrême n’a finalement pas eu grande importance au sein du jugement général…
Le héros, cet homme d’action.
Le Monde a rapporté les propos de Chris Norman, ce Britannique de 62 ans qui s’est lui aussi interposé lors de l’attaque et qui a reçu la Légion d’Honneur aux côtés de Spencer Stone, Alek Skarlatos et Anthony Sandler : « Soit tu restes assis et tu meurs, soit tu te lèves et tu meurs. C’était aussi simple que ça. » Aussi simple ? Pas sûr. Selon Frédéric Gallois, l’ancien commandant du GIGN interrogé par Libération, « 90% des gens observeraient un comportement de sidération face à une telle situation ». Alors d’où viennent les héros, ces hommes d’action qui un jour sauvent un train d’une attaque armée et le suivant, reçoivent plusieurs coups de couteau pour défendre une femme harcelée ? Sont-ils une projection de l’imaginaire collectif, une construction des médias, ou simplement ces 10% d’individus restant insensibles à la tétanie et à la peur de mourir ? Quoiqu’il en soit, comme dirait l’autre : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités … »

Marie Philippon 
Sources : 
⁃ Le Monde, « Courage, hasard et « survie » : les quatre « héros » du Thalys salués en France et dans le monde », Compte rendu, le 24.08.2015.
⁃ Libération, « Thalys : vrais héros, faux méchants », Frantz Durupt, le 23.08.2015.
⁃ L’Express, « Héros de Thalys : pourquoi certains agissent et d’autres pas », Ludwig Gallet, le 25.08.2015
Crédits images : 
– REUTERS/Michel Euler/Pool
– AFP – Photo Stephen LAM

Application de rencontres Once
Société

Once upon a time …

Une « petite nouvelle » vient d’arriver dans le paysage à présent familier des applications de rencontres : Once compte bien tirer son épingle du jeu grâce à son concept résolument novateur. Exit le volume et la rapidité des actuelles applications de rencontres, Tinder en tête, place au « slow-dating ». Once, comme son nom l’indique, c’est une seule rencontre par jour.
WANTED : Prince charming
Chaque jour, à midi pile, l’application nous révèle le profil d’une éventuelle âme sœur. Comme sur Tinder, les deux personnes ne pourront rentrer en contact que si elles se « likent » réciproquement. Si notre âme sœur du jour n’obtient pas grâce à nos yeux, il suffit de décliner. Un compte-à-rebours s’enclenchera alors jusqu’à notre prochaine suggestion de rencontre, le lendemain à midi. Pour Jean Meyer, créateur de Once (un Français, soit dit en passant), cette lenteur que prône l’application est « un gage de qualité » puisqu’elle ferait fuir les célibataires qui ne seraient pas à la recherche d’une relation sérieuse. Car c’est sur ce créneau du « serious dating » que Once compte bien peser. L’application s’adresse, en effet, aux 20-35 ans à la recherche du prince ou de la princesse charmant(e)s, coincés entre Meetic qu’ils considèrent comme trop vieillot et Tinder qui ne leur a offert que des déconvenues (Sauf s’ils font partie des 65 couples mariés grâce à Tinder). Once serait ainsi la synthèse parfaite entre deux modèles : facilité d’accès et utilisation ludique des applications, d’une part, et caractère plus sérieux de Meetic, d’autre part.
Once, « l’anti-Tinder »
Once cherche à se positionner en prenant ouvertement le contre-pied du leader sur le marché : Tinder … Une stratégie qui pourrait s’avérer payante puisqu’elle convoque l’imaginaire de Tinder, bien connu de la cible que vise Once, et permet à l’utilisateur, par un effet de miroir inversé, de visualiser immédiatement ce que Once n’est pas, à savoir « un supermarché du cul » d’après Jean Meyer. « Tinder (…) est directement estampillé «sexe facile». L’application possède une aura très négative », explique-t-il dans une interview au Figaro. L’application aux « swipes » incessants commence en effet à lasser et l’introduction du service Freemium a bien du mal à convaincre les utilisateurs. Once semble donc arriver au bon moment. « Epuisé(e) des rencontres qui s’enchaînent à la vitesse d’un pouce ? » peut-on lire comme description de Once dans l’Apple Store. La référence saute aux yeux. Ce positionnement de l’application comme « l’anti-Tinder » se manifeste également par un romantisme assumé. « Nous, nous voulons recréer une dose de magie dans la rencontre » déclare son fondateur au Figaro. Le vocabulaire du jeu est abandonné : on ne parle plus de « match » mais de « rencontre ». L’étude des deux logos est, elle aussi, révélatrice de ce positionnement. Constitués tous deux d’un fond blanc, Tinder arbore une flamme rouge tandis que le logo de Once affiche une grenouille bleue avec une couronne sur la tête : une façon imagée de représenter le grand amour. Ainsi, le rouge et la flamme, symbolisant la passion, font place au prince charmant et au bleu, couleur du romantisme. Nul besoin de prouver que les imaginaires créés par les deux marques n’ont, en effet, rien en commun. Une seule interrogation persiste : comment ont-ils bien pu faire pour savoir que le beau / la belle Dominique (vive les prénoms mixtes !) était fait(e) pour vous ?

« Qui allons-nous choisir pour vous ? »
Le slogan de Once met en avant une des autres singularités de l’application par rapport à ses concurrentes. Le sujet « nous » ne renvoie pas ici à un algorithme mais à « des entremetteurs », en chair et en os, employés par Once pour sélectionner les profils susceptibles de nous intéresser (parmi une liste éditée tout de même par un algorithme). L’intervention dans le processus de sélection d’une personne réelle éloigne l’image froide que renvoient les algorithmes et permet à Once de s’afficher comme une marque originale qui s’implique véritablement dans le service qu’elle propose. Une agence matrimoniale 2.0 en somme. Les critères pris en compte par Once ne révolutionnent, en revanche, absolument pas le monde des applications de rencontres puisque le premier critère demeure le physique et le second, le groupe socio-professionnel (Bourdieu es-tu là?). Les intérêts en commun ne représenteraient, eux, que 10% des critères pris en compte par Once, ébréchant l’image « fleur bleue » que l’application souhaite se donner. Nous ne sommes pas si loin du « hot or not » de Tinder que Jean Meyer entend pourtant rejeter… Trouver le grand amour serait donc, avant tout, une question de physique et de milieu social. Réducteur mais néanmoins pas vraiment faux puisque l’homogamie, le fait de se marier entre mêmes catégories sociales, reste un phénomène largement dominant en France. Et pas la peine de faire l’hypocrite, le physique, s’il ne fait pas tout, compte quand même (beaucoup). Reste à voir si les personnes à la recherche du grand amour se tourneront effectivement vers l’application. Une chose demeure certaine : à défaut d’avoir trouvé votre âme sœur sur Once, vous n’aurez pas perdu votre soirée à éplucher inlassablement des profils sans jamais trouver la perle rare. Autant de temps que vous pourrez utiliser pour sortir et, qui sait, faire une belle rencontre…

Héloïse Bacqué
Sources : 

jouanito.com : http://jouanito.com/post/63583956990/tout-ce-quil-faut-savoir-sur-tinder-lapp-qui
JDN : http://www.journaldunet.com/ebusiness/internet-mobile/tinder-plus-payant-0502.shtml
Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/10/02/01016-20151002ARTFIG00073-le-drame-de-la-generation-y-est-que-nous-avons-trop-de-choix-dans-les-rencontres-amoureuses.php
20 Minutes : http://www.20minutes.fr/high-tech/1690207-20150930-once-nouvelle-appli-rencontres-dont-tout-monde-va-parler
Challenges : http://www.challenges.fr/high-tech/20150925.CHA9791/once-l-appli-de-rencontre-slow-dating-qui-prend-le-contrepied-de-tinder.html
L’Obs : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1411110-rencontrer-l-amour-sur-tinder-ou-happn-difficile-ses-applis-favorisent-l-ephemere.html

 
Crédits photos : 

Inkulte

Stylistic

Contre bien-pensants : Houellebecq, Zemmour, Finkielkraut
Société

Le Déclinisme a la côte !

Ils sont partout : sur vos écrans, dans vos journaux, à la radio, sur les réseaux sociaux… Ils sont pamphlétaires, romanciers ou encore philosophes. Ils s’appellent Alain Finkielkraut, Eric Zemmour, Michel Houellebecq ou encore Michel Onfray. Ils se revendiquent contre bien-pensants et ont pour ennemi commun la bien-pensance.
L’ennemi commun
Les contre bien-pensants se définissent en opposition à ceux qu’ils désignent comme étant l’ennemi du peuple français : les bien-pensants. De Bernanos à Finkielkraut, en passant par France culture, Zemmour et Dieudonné ou encore la droite, le terme « bien pensant » semble être devenu un « mot-valise ». Ce terme fortement lié à une critique de l’immigration, désigne aussi le politiquement correct ou encore pour Finkielkraut, un refus de la réalité, « tout ce que l’on n’a pas le droit de savoir ». Pour ce dernier, le contre bien-pensant est un marginal qui risque d’être qualifié de raciste. Le bien-pensant semble donc plutôt de gauche et on lui dispute la légitimité de sa parole morale.
L’assaut de l’espace public
Aujourd’hui le contre bien-pensant est partout. Il fait la Une de nos journaux, il est invité dans de nombreuses émissions. Il y a peu de temps, Libération titrait « Nos réponses à Michel Onfray », Le Point quant à lui annonçait « Régis Debray achève la gauche ». Ou encore plus récemment, L’Express faisait son dossier sur « La grande colère des intellectuels, Alain Finkielkraut contre les bien-pensants ».
La programmation de l’émission « On n’est pas couché » est particulièrement révélatrice de cette place grandissante. Les invités des dernières semaines n’étaient autre qu’Alain Finkielkraut, Michel Onfray et Michel Houellebecq.
Les contre bien-pensants plaisent. Ils sont aussi incorrects que structurés. Ils écrivent des livres et siègent à l’Académie Française avec Alain Finkielkraut. On a beau les détester, on ne peut que l’admettre : ils parlent bien. Finkielkraut écrit particulièrement bien, et Zemmour est un orateur remarquable. Ce sont de véritables « intellectuels médiatiques », comme on peut le lire dans Le Monde.

Une alternative aux politiques ?
Il y a quelques semaines, Valeurs actuelles faisait sa Une avec Zemmour et cette exclamation : « Zemmour Président ! ». Les penseurs médiatiques semblent avoir pris une telle place dans l’espace public, qu’on pourrait les envisager à la tête du pays : « Les hommes politiques ont peu d’importance, et plus on avance et plus ils reculent », scande Zemmour. La présence politique grandissante de Zemmour ou encore d’Onfray reflète le contexte de notre époque. La défiance dans notre pays est telle que l’on en vient à penser que ces personnes seraient sans doutes mieux placées pour nous gouverner, exit l’ENA. Une chose est sûre, ces intellectuels prennent désormais plus de place dans l’espace médiatique que les politiques.
Mais pourquoi ? Pourquoi sont-ils partout à l’instar des politiques ? Dans le milieu de la télévision on le sait, il ne faut pas trop de politiques, personne ne veut les regarder. Les raisons pour lesquelles ces intellectuels font systématiquement la Une de nos journaux sont similaires : nul doute que les ventes du Point se portent particulièrement bien en ce moment.

Les contre bien-pensants un mouvement ?
Dans son ouvrage Ce pays qui aime les idées. Histoire d’une passion française, Sudhir Hazareesingh, professeur à Oxford, soutient que ce qu’il se passe actuellement avec les contre bien-pensants en France est très particulier. D’abord parce que cela s’apparente à un mouvement très bien construit, « mouvement quasi philosophique du déclin ». Il s’agit d’un pessimisme qui s’inscrit dans une sorte de tradition nationale que nous connaissons bien : amour des raccourcis, de la diabolisation et des visions apocalyptiques qui tendent à dire que la France est en déclin. Si il existe beaucoup d’anti-modernes nostalgiques d’un certain âge d’or, d’une culture passée à travers l’Europe, cela reste des idées réactionnaires de droite. En France, ce n’est plus le cas. Il s’agit plus d’un mouvement à l’ambition intellectuelle au delà des clivages politiques, notamment avec Michel Onfray, dont certains se demandent si il n’est pas passé à droite. De plus, ce mouvement est très franco-français. En effet, Zemmour, Onfray ou encore Finkielfraut sont très peu lus à l’étranger. Ils écrivent à destination des français. La vie intellectuelle française est maintenant centrée sur la France et son rayonnement international relayé au second plan.
Une dynamique réactionnaire dépassée
Il ne fait aucun doute que nous avons besoin d’une critique construite de la bien-pensance. Le politiquement correct ne doit pas réduire de manière drastique notre liberté d’expression. Néanmoins, on peut douter de l’efficacité et de la justesse de celle des contre bien-pensants. Le plus étonnant chez eux, c’est qu’ils se réclament républicains et laïcs. Or, cela paraît en opposition totale avec leurs idées anti-modernes. Les valeurs républicaines ne sont-elles pas bâties sur la foi en le progrès et l’égalité ?
Ce mouvement s’est construit par opposition. Ces intellectuels élevaient leurs voix contre tous, se posaient en marginaux. Est-ce encore le cas ? La bien-pensance n’est plus le discours dominant en France, bien au contraire. Face à cette véritable invasion de l’espace public par les contre bien-pensants, qui y a-t-il en face ? Il n’y a plus de débat, car plus de contre-discours. Ces intellectuels contrairement à ce que beaucoup croient, n’ont pas un discours libérateur. C’est ce dont témoigne leur volonté avide d’ordre et de retour en arrière.
Yasmine Guitoune
Sources : 

Le Monde, « A droite comme à gauche, la bien-pensance n’est plus le discours dominant », Nicolas Truong, 26.09.2015.

Le Monde, « Quand les polémistes supplantent les politiques », Thomas Wieder et Ariane Chemin, 26.09.2015.

Le Monde, « Les antimodernes ont cannibalisé l’espace public », Thomas Wieder, 26.09.2015.

L’Express, « La grande colère des intellectuels », N°3353 semaine du 7 au 13 octobre 2015.

Marianne, « Réacs et bien-pensants », Jacques Juilliard, 10.10.15.

Crédits images : 

Photo de une : marclarge.fr. 
Libération
L’Express
Le Point
Valeurs actuelles

Bolloré Canal +
Société

Bollo', les pieds dans le plat

Rififi à la rédac’… Canal + se cherche et peine à renouer avec le fameux esprit éponyme sur lequel reposait toute la singularité du groupe. En effet, « l’esprit canal » a toujours résonné comme un appel à la liberté, à la pluralité des contenus et comme une possibilité de parler de tout, en disant tout enfin toujours… du moins jusqu’à l’avènement de l’ère Bolloré.
Vincent Bolloré, 63 ans -homme d’affaire et main de fer- est aujourd’hui pointé du doigt après qu’il ait saisi les ciseaux d’Anastasie afin d’effacer l’identité Canal pour imposer la sienne. Dès juillet 2015, son entrée en matière s’est faite sans manières puisque dès lors, les fameux Guignols étaient désignés comme irrévérents faisant ainsi de la moquerie un produit soumis à la prohibition à défaut d’être un plaisir de télévision.
De manière récurrente, journalistes et chroniqueurs réduisent l’art de communiquer sous le nom de « com », néanmoins, ces derniers ont fait preuve d’agilité afin de répondre à la censure de manière subtile -en usant de cet art. Yann Barthes annonçait la couleur dès les premières émissions de la rentrée 2015 en réduisant, durant l’émission, la chaîne Canal + au statut de simple “diffuseur” du Petit Journal.

Quand Bolloré interdit la diffusion d’un documentaire « Evasion fiscale, une affaire française » dans le cadre de l’émission Spéciale Investigation, le bras de fer se veut avant tout communicationnel et le Zapping de Canal + prend des allures de résistance ; effectivement l’intervention du milliardaire à la défaveur du documentaire a eu pour effet direct le rachat et la diffusion du doc par France 3. Le Zapping s’empare alors de l’occasion et diffuse de longs extraits de ce sujet sur l’évasion en plein milieu de la traditionnelle séquence du Zapping, un vrai pied de nez envers l’homme au bras long.
L’actuelle situation se veut assez cocasse, alors que Bolloré est taxé d’un cruel manque d’humour, c’est bien l’arme principale des rédacteurs de Canal : en rire. Quel plaisir de voir Catherine et Liliane (Alex Lutz et Bruno Sanches) tourner en dérision le côté « Big Brother » de leur nouveau PDG en mettant en avant la peur de se faire éjecter du groupe : « Fallait pas voler ce stylo bic, ça creuse le budget d’une chaîne, lui il fait ses calculs… il pense qu’à ça » … Le poids du stylo, de la plume face à la montagne financière : classique et toujours aussi efficace.
Confortablement assis, le spectateur de Canal assiste au triste spectacle consistant à voir Vincent Bolloré s’asseoir sur l’esprit de la chaîne. Étrangement, une horde de communicants entoure la classe politique, mais cette dernière ne se distingue dans cette affaire que par un cruel manque de communication. Timidement, Fleur Pellerin – Ministre de la Culture – murmure la nécessité de garantir l’indépendance… Inaudible.
« Ce n’est qu’un au revoir » disait ce semblant d’adage, mais finalement, va-t-on revoir cet esprit Canal ? Difficile d’y croire tant la chaîne a perdu de sa fougue, des Guignols en passant par les interventions un peu barrées de la miss météo, on ne s’y sent plus à l’aise : la décoration a été refaite au profit de plus de sobriété et cela résulte davantage à plus d’ennui.
On aurait pu s’attendre à une forme de solidarité des médias mais malheureusement ces derniers montent davantage au créneau pour parler d’une affaire de « chantage à la sextape » que pour déclamer le cruel manque de libertés, incompréhensible dans la France de 2015. Interviewé par RTL, Vincent Bolloré n’a subi que quelques égratignures gentilles et le débat est resté stérile. Ah si, il y a eu une annonce : le retour de l’ancien cryptage de Canal +, oui oui nous parlons bien du bruit atroce et de ces grosses bandes grisâtres qui ornaient nos écrans lorsque la chaîne était à l’heure cryptée … Quand Canal + figure avant-gardiste du new school, se retrouve enterrée par son « boss » dans … le old school.
Jordan MOILIM
Crédits images : 
– Canal +
– Claude Prigent

Sida fastncurious
Société

Moi, le sida : quand la communication devient vraiment virale

« Je suis là ». C’est tout simple, et pourtant, il a raison. On ne l’a pas oublié, mais à force de campagnes, d’émissions, de manifestations… il est devenu presque banal. On n’en parle plus autant qu’avant. C’est vrai, il fait partie du paysage, aujourd’hui. Puisqu’on parle moins de lui, l’agence WNP pour l’association AIDES, a décidé de redonner la parole au SIDA dans une toute nouvelle campagne. Le sida y parle de lui, de vous, de ses soirées… Personnage virtuel envahissant, et même assez flippant, il s’immisce dans votre vie virtuelle comme il le fait dans la vraie vie, sans prévenir, sans crier gare. L’objectif  de cette campagne de communication est clair : débanaliser le sida, et rappeler qu’il fait toujours 35 millions de victimes.
 
Le sida s’exprime – Il faut le faire taire.
La campagne se déroule en deux phases : du 1er mai au 8 juin, le sida est sur les réseaux sociaux. À 32 ans (pour rappel, il a été identifié en 1983), il est sur Facebook, Twitter, Instagram, Linkedin, Grindr, Tinder… Et il se fait connaître. Sur Facebook, il commente, like, raconte sa vie. Sur Twitter, nombreux sont ceux qui ont reçu la notification (pas forcément rassurante) « Le sida vous suit ». Le sida tweete, retweete, partage… Sur Tinder et Grindr, grâce aux étudiants du groupe ISEG, il est géolocalisé partout en France, et son profil peut apparaître dans votre périmètre. Sur Linkedin, il parle de son parcours professionnel, sur Intsagram, vous pouvez découvrir ce qu’il mange, ce qu’il voit, où il sort… Il évoque sa vie sexuelle dans le courrier du cœur des magazines féminins, et sur Leboncoin, il vend des boîtes de préservatifs périmés.
En somme, le sida est partout, et il le dit : canicule, Eurovision, bac 2015, affaire Carlton, Festival de Cannes… Tous les sujets d’actu le concernent. #Jesuislà.

Et depuis le 8 juin, il n’est plus seul à s’exprimer. Pour la deuxième partie de la campagne AIDES prend aussi parole : vidéo diffusée à la télévision et sur internet, spot radio, affichage, pétitions… Le message est simple : le sida est là, il parle, avec la voix de Gaspard Proust. Alors, « Pour le faire taire : AIDES.org ».

 

Une campagne innovante
L’atout principal de cette campagne se trouve dans son analyse du sujet lui-même : ses piliers sont la viralité, la parole, et l’intrusion… Comme le sida ! Aujourd’hui, pour continuer à sensibiliser sur le virus et les risques de transmission, il fallait qu’il s’exprime, et l’analyse faite par WNP est sur ce point se révèle pertinente. Tout le monde a déjà évoqué ce sujet, il fallait donc trouver un nouveau moyen innovant pour lui donner la parole. De plus, les campagnes de communication et de sensibilisation se développent de plus en plus aujourd’hui via les réseaux sociaux, outils de communication qui permettent une diffusion virale du sujet… Evidemment, le parallèle créé avec le VIH n’est pas innocent.
Enfin, l’intrusion dans la vie des gens organisée par cette campagne permet une prise de conscience individuelle. C’est bien le fait d’être suivi, liké ou d’avoir sa publication partagée ou commentée par le sida qui rappelle à chaque individu que le sida est toujours là, autant sur les réseaux sociaux que dans la vraie vie : le sida frappe à votre porte, le sida vous a « en ami », le sida « vous suit », personnellement.
En outre, le storytelling de cette campagne se construit au jour le jour, selon les réactions des gens sur les réseaux sociaux, selon l’actualité… L’objectif est donc double : sensibiliser les individus pour qu’ils se protègent eux-mêmes, et les inviter à faire taire le sida sur AIDES.org grâce à la pétition illustrée par Pénélope Bagieu (en rappelant les principes fondamentaux que l’on nous répète depuis 32 ans, mais qu’il est toujours nécessaire de rappeler) :

 
En somme, inviter chacun à être acteur de sa propre prévention et de celle des autres, et à être solidaire des personnes touchées… Une ambition renouvelée donc, à l’heure où le combat contre le VIH continue : un nouveau président pour l’association AIDES, Aurélien Beaucamp (qui, comme le sida, a 32 ans, puisqu’il est né le jour de la publication de l’article de l’équipe de l’institut Pasteur dévoilant la découverte d’un rétrovirus à l’origine de la maladie – ça ne s’invente pas !), une nouvelle forme de dépistage disponible dès la fin du mois de juin (il ne faut qu’un doigt, une petite goutte de sang et 30 minutes d’attente), des avancées sur un potentiel vaccin… Et si l’on parvenait à le faire taire, pour de bon ?
FastNCurious veut aussi faire taire le sida, et vous invite à visiter aides.org pour plus d’informations, pour signer la pétition et pour faire un don.
 
Léa Lecocq
Sources :
aides.org
cbnews.fr
metronews.fr
metronews.fr
huffingtonpost.fr
Crédits images :
tetu.com
Captures d’écran Facebook, Twitter, Instagram, Youtube…
Captures d’écran du dossier de presse : http://www.aides.org/node/2935
 

 

Société

Persona Synthetics: Quand la virtualité dépasse la réalité

« Persona Synthetics »
Cela ne vous dit peut-être rien mais, Outre-Manche, cette formule nébuleuse a semé la panique et le doute durant quelques jours sur les internets.
En effet, les twittos invétérés et autres cybernautes ont inondé les réseaux sociaux après la diffusion de ce spot, sur la chaîne britannique Channel 4:

Présentés comme des humanoïdes « multi-tasks » au service de l’Homme, dans un monde parallèle où technologie et quotidien s’entremêlent, ces Persona Synthetics sont la vitrine de la campagne de communication lancée à l’occasion de la diffusion prochaine d’une nouvelle « série console », produite par Microsoft et Channel 4, Humans.
Cette production est, en réalité, une adaptation de la série suédoise Real Humans dans laquelle l’usage d’androïdes à des fins domestiques et industrielles est devenu monnaie courante. Série destinée, au départ, à la plateforme internet de la Xbox.
Enfin, si Channel 4 et Microsoft se sont inspirés de l’intrigue du succès suédois, ils n’ont pas lésiné sur les moyens en ce qui concerne la campagne marketing afin de promouvoir ce nouveau TV show qu’elle diffusera en juin prochain sur les petits écrans.
Vous avez dit « buzz »?
Cette campagne est, en effet, digne de celle d’un blockbuster: ajouté aux canaux standards que sont le print et internet, le faux spot télé diffusé sur Channel 4, qui a mis le feu à Twitter, s’est vu complété d’un shop front en plein cœur de Londres annonçant l’ouverture prochaine d’une boutique Persona Synthetics. A cette occasion, les passants avaient la possibilité d’interagir avec les écrans installés à l’occasion via la technologie Microsoft Kinect.
De plus, les nombreux partenaires du projet ont, eux aussi, contribué à cette vague marketing, à l’instar d’e-Bay qui est allé jusqu’à mettre aux enchères deux « Synth », Charlie et Sally, sur son site internet. Un e-Bay shop sur lequel les internautes pouvaient, durant deux jours, « acquérir » les modèles d’humanoïdes, personnages phares de la série.
Les retombées de cette campagne ont été gargantuesques : plus de 100 000 recherches Google après la diffusion du spot TV et des milliers de tweets suivis du hashtag #Humans ont déferlé en quelques heures sur la toile.
Seule ombre au tableau : le buzz ne semble pas avoir dépassé les frontières britanniques malgré un dispositif 360.

Une « technolâtrie », symptôme de notre époque ?
Le succès de la série Real Humans confirme, par ailleurs, la folle obsession des Hommes pour ces machines, fabriquées à leur image
En attestent les propos de James Walker, responsable marketing de Channel 4 : « Le monde de Humans est peut-être plus proche qu’on ne le pense. Cette campagne cherche à faire réagir les gens au sujet de l’intelligence artificielle et toutes les questions que cette technologie soulève ».
En effet, les humanoïdes sont traités et marketés comme des objets de consommation standards et par là même appellent les consommateurs à s’interroger sur un futur déjà présent, celui d’un monde régi par l’omniprésente et omnipotente technologie.
On remarque aujourd’hui une plus grande utilisation des « robots » à des fins industrielles ; ils remplacent l’Homme dans un souci de gain de temps et d’argent.
Et c’est bien là le souci : l’arrivée des androïdes, robots et autres cyborgs peut, à terme, être l’alternative définitive au manque d’efficacité d’un simple être humain.
Certes, les avantages que présentent ces machines ne sont pas négligeables : vie quotidienne simplifiée, rendement et productivité plus importants, efficacité accrue. Cependant, les désavantages sont nombreux : tout d’abord le coût, leur utilisation industrielle aux dépens des hommes, la dépendance de nos sociétés aux nouvelles technologies mais surtout les questions d’ordre social, économique et éthique liées à cette révolution technologique.
En littérature et au cinéma, la « création à l’image de l’Homme » a été érigée en véritable mythe de la transgression: du fameux « Frankenstein ou le Prométhée moderne » à « Blade Runner » en passant par « Terminator », l’Homme a toujours appréhendé de manière pessimiste la cohabitation de l’espèce humaine et d’une forme d’intelligence artificielle. S’agit-il, au travers de fictions de plus en plus réelles, de nous faire réagir face à la place, de plus en plus prépondérante, que prend la technologie dans la société actuelle ?
Tout comme l’ont fait Fritz Lang ou encore Georges Orwell auparavant ?
« La technologie est l’opium du peuple »
Pour reprendre l’idée du magazine Humanoïde, la technologie tient une place plus qu’envahissante dans notre société. Cette dépendance est efficacement illustrée par leur campagne, lancée lors de la sortie du numéro 4 où l’on retrouve la notion d’addiction et le détournement des noms des « géants du secteur ».
Chaque époque a son vice : le nôtre est de totalement dépendre des gagdets et autres appareils qui nous simplifient la vie, nous rendant plus fainéants encore.
Jean-Marie Besnier, professeur à la Sorbonne, parle d’une « fatigue d’être libre et d’être soi » : se laisser peu à peu asservir par une nouvelle science dont la promesse d’une vie simplifiée est tenue.
A l’instar de Microsoft (plus précisément, Xbox Entertainment Studios) qui a, en réalité, racheté les droits de Real Humans afin d’en faire un remake, destiné, à la base, à la plate-forme internet Xbox : la plus grosse entreprise d’informatique au monde investit maintenant dans la production de séries télévisées afin de développer et d’offrir une « expérience virtuelle » augmentée.
Force est de constater qu’une certaine forme de posthumanisme alimente ce cercle vicieux et accompagne la révolution technologique qui est en train d’avoir lieu. Doucement mais sûrement.
Pour tous les fans de Sci-Fi et pour tous les autres, la série réalisée par Jonathan Brackley (MI-5) sera diffusée en juin sur Channel 4 et Xbox Live.
Toujours pas de nouvelles concernant l’arrivée de Humans sur les chaînes françaises. En attendant, voici de quoi vous donner envie ! Enjoy !
https://youtu.be/9zYQjR0wvxM
Alizé Grasset
Sources :
Laruche.com
Mirror.co.uk
Marketingmagazine.co.uk
Digitalspy.co.uk
Crédits Photos :
persona_synthetics.pentagonhosting.co.uk
i.ytimg.com
tfmainsights.com

potiron kiri jambon cobranding fastncurious
Société

Le cobranding : une nouvelle pratique de marketing marital

Qui veut épouser ma marque?
« Stretcher » sa marque en lançant un produit cosigné semble être une pratique marketing largement adoptée par nos grandes industries pour innover à moindre frais. La créativité de nos marques n’a pour ainsi dire aucune limite. Toutefois le projet de cosignature comporte des risques non négligeables. Plus complexe qu’un lancement de produit classique, le cobranding, telle une forme de conjugalité marketing et industrielle, peut présenter des failles et conduire à un double échec pour les deux marques. Quelles seraient alors les vertus d’une telle pratique ? Du bonheur et beaucoup d’enfants ? Une guerre des roses ? Un divorce ?
D’un Philadelphia goût noisette labellisé Milka, d’une brique de soupe Liebig plaisir de potimarron au Kiri, jusqu’à la carte de crédit Best Western Platinium poinçonné de l’insigne Motor Harley Davidson Cycles, le cobranding, stratégie marketing qui consiste à lancer un produit sous deux marques, connait aujourd‘hui une réelle accélération. Dans l’industrie agroalimentaire, la pratique est déjà largement banalisée. Depuis les plats cosignés Gerblé et Fleury Michon aux produits snacking jusqu’aux solutions repas produites par Bonduelle et Andros, les industries de la grande distribution misent sur des alliances crédibles pour développer de nouveaux produits toujours plus originaux.
Les produits « cobrandés » fleurissent dans les supermarchés, alternant les rayons, investissant le territoire du frais, du yaourt, du biscuit, du plat préparé, sans modération. Les formes de cobranding se déclinent à l’envie. Certaines reposent sur une union d’ingrédients entre marques « ingredient branding » d’autre sur des associations avec des packaging et des jouets, chez Kellog’s notamment.
L’offre à succès Pasta Box de Fleury Michon lancée en 2011 avec La Vache qui rit -dont tout étudiant a forcément abusée – peut parfaitement illustrer les différents objectifs atteints, sur le long terme, par le cobranding. En effet cette stratégie a permis de mettre sur le marché un nouveau produit doublement élaboré sans avoir besoin de lancer un produit ex nihilo. Marier deux marques qui font référence dans leurs domaines doit aussi logiquement donner lieu à une augmentation du prix de vente. Eenfin on y voit l’avantage de la conquête d’un nouveau marché. L’offre Pasta Box de Fleury Michon a inspiré quantité d’autres associations notamment le développement plus osé d’une gamme de plats cuisinés dits plus « sains ». L’enjeu est double pour les marques. Quand Fleury Michon développe un Risotto de Saint Jacques aux « poireaux et lentilles » signés Gerblé, il s’attribue une caution plus diététique ; en contrepartie, Gerblé propose une offre plus gourmande.
Un cobranding consanguin?
Le cobranding n’est pas uniquement une synergie marketing. Il peut être une solution pour innover tout en évitant le risque d’étendre une marque sur un segment qu’elle n’aurait jamais investi seule. Néanmoins, les industriels ne font pas nécessairement le choix d’une association avec une marque extérieure. Certains magnats pratiquent le cobranding interne en mariant deux de leurs marques propres. : La marque de chocolat Milka notamment et ses tablettes aux incrustations d’OREO et de DAIM parmi tant d’autres. Cette stratégie de cobranding consanguin permet dans ce cas particulier de minimiser les risques et de maximiser la marge de profit de la marque en vendant un produit pour le prix de deux.

 
 
D’aimer ou de haïr, telle est la question
Choisir la marque avec laquelle s’associer n’est pas chose aisée. Certaines associations peuvent, comme certains mariages trop arrangés, conduire au désastre. A ce titre, l’importance de la définition du concept en amont de l’association est décisive. L’association de la marque de desserts Senoble avec Haribo pour une gamme de desserts, pour exemple, a mené à un échec marketing total tant les deux images de marques étaient incompatibles. En revanche, en s’associant avec la marque de jus de fruits Oasis, Haribo a retrouvé un créneau sur lequel il peut faire évoluer ses produits sans difficulté.

Quel que soit le cas de cobranding, le produit censé émaner de l’association est toujours élaboré par les deux marques qui détiennent chacun un droit de regard sur la fabrication. L’exemple des bâtonnets de surimi Fleury Michon au Kiri a permis d’atteindre une nouvelle cible de consommateurs, plus jeune, et d’élargir la notoriété des deux marques.
Certes le cobranding n’est pas une pratique aisée et une cohérence reste à élaborer en termes de choix de signature et de fabrication. Trouver la bonne association et faire un beau mariage procèdent, comme nous le rappelle un sens commun trop romantique, d’un coup de foudre inattendu. Comme le Doux Plaisir de Liebig et le Kiri, pour une belle union de marques, laissons ses chances à l’amour.
Johana Bolender
Sources :
Adrien Cahuzac in L’USINE NOUVELLE N°3394
« Le cobranding pour innover moins cher »
 
 
Credits photos :
Foodly.fr
Carrefour.fr
Dreamstime.com
 

banniere american apparel fastncurious
Société

American Apparel, du scandale au paresseux

Le mois dernier, American Apparel a lancé sa dernière campagne de communication autour d’une nouvelle égérie. Cette fois ci, pas de jeune femme dénudée ni de peau dévoilée, mais une charmante femelle paresseux de 23 ans du nom de Buttercup. Originaire du Costa Rica, elle est la star du « Sanctuaire pour paresseux » tenu par Judy et Luis Avey-Arroyo. Lorsqu’en 1992 la petite paresseuse orpheline est déposée chez eux, le couple décide d’en prendre soin. Très vite, un deuxième paresseux esseulé les rejoint, et ils décident de faire de leur maison un refuge pour paresseux. Et c’est en 2015 que la consécration arrive pour Buttercup, qui avait déjà fait l’objet d’un buzz il y a quelques années (c’est bien elle que vous retrouvez sur ce gif ) : American Apparel souhaite en faire la mascotte de sa nouvelle campagne à l’occasion de la journée de la Terre (« Earth Day ») fêtée aux Etats Unis.
Après avoir fait un peu de teasing via la publication d’une photo de Buttercup accompagnée de la légende « Buttercup has a surprise ! Stay tuned. », et avec la mise en ligne le 9 avril dernier sur son compte Vine d’une vidéo de l’animal désormais célèbre et célébré, la marque a dévoilé un nouveau modèle de T-shirt.

Celui-ci, vendu 32$ dont 30% sont reversés au refuge costaricain, est l’occasion pour la marque de mettre en avant son engagement en faveur des artistes, des animaux sauvages, du coton bio et sans pesticide, et de manière générale pour la production éthique de ses produits… Et par là même de changer radicalement de stratégie de communication.

En effet, la marque n’est pas tant connue pour ses engagements éthiques que pour ses campagnes de communication provocantes et souvent scandaleuses (même si elle s’est souvent engagée, notamment pour la cause LGBT). Nous vous en avions déjà parlé ici . Censurée à plusieurs reprises dans certains pays, comme le Royaume Uni, American Apparel a souvent été accusée d’hypersexualisation de la femme, parfois même d’utiliser des images quasi pédopornographiques comme en août dernier, avec la campagne intitulée « Back to school ».

Ce changement (assez radical) d’orientation de la stratégie marketing d’American Apparel n’est pas difficile à expliquer. En effet, la marque a changé de PDG : abonnée au trash et à l’explicite sous la direction de Dov Charney, licencié en juin 2014 pour harcèlement sexuel et détournement de fonds, elle se réoriente sous l’impulsion de la nouvelle PDG, Paula Schneider. Celle-ci désire toujours voir la marque aussi provocatrice et séditieuse, mais sans qu’il soit nécessaire de montrer autant de peau dénudée. Elle explique que « Ça ne doit pas toujours être ouvertement sexuel. Il existe des façons de raconter notre histoire sans que ce soit offensant. C’est une marque qui sort des sentiers battus. Et elle continuera à sortir des sentiers battus. » Et la différence n’est pas difficile à voir :

Avant : une campagne menée par Dov Charney et Terry Richardson
Après : Buttercup prend la pose
Avec des poses aussi lascives que ses prédécesseurs, Buttercup assurerait ainsi le futur d’une marque dont les excès en matière de communication étaient le reflet des problèmes internes en matière de management et de finances. Espérons que ce tournant dans la communication d’American Apparel soit durable, parce qu’il n’est pas nécessaire de se montrer offensant pour vendre. La nouvelle PDG de la marque l’explique bien : « Il faut que ce soit un peu sexy. Nous vendons de la lingerie. Nous vendons des collants. Il faut juste être sûrs de ne pas aller trop loin. Cela devrait permettre de montrer des femmes libres, des gens libres ». Reste à voir comment American Apparel négociera ce virage…
Léa Lecocq
Sources :
lesinrocks.com
businessoffashion.com
ecrans.liberation.fr
madmoizelle.com
ticotimes.net
francetvinfo.fr
Crédits photo :
metrouk2.files.wordpress.com
style.lesinrocks.com
store.americanapparel.net
i.kinja-img.com
 
 

Société

#RoyalBaby It’s a girl !

L’Angleterre est en effervescence, l’Angleterre accueille une héritière, l’Angleterre pouponne. La future princesse, Charlotte Elizabeth Diana, quatrième dans l’ordre de succession au trône est née à Londres, le 2 mai à 8h34.
Cette naissance est orchestrée comme une véritable opération diplomatique, commerciale et médiatique. En effet, la famille royale s’illustre ici par la maîtrise quasi militaire d’un tempo médiatique rigoureux. Elle répond surtout au sentiment d’attente relayé sur les réseaux sociaux via le compte Kensington Palace, porte-parole officiel de la famille royale, et crée un buzz médiatique attendu : la naissance est l’événement qui a généré le plus de retweets et de favoris en 2015 (47 000 retweets pour la naissance, 45 000 favoris pour la sortie de la clinique).

Des enjeux qui dépassent la simple communication d’information : entre maintien de la sécurité et dopage de l’économie britannique
Le protocole d’annonce est clair et allie tradition et modernité : la famille proche est avertie de la naissance avant une annonce aux citoyens via une proclamation des médecins royaux placée sur un chevalet à Buckingham (ce chevalet a accueilli précédemment les proclamations des naissances de William et George). Aux réseaux sociaux, succède un message sonore : 62 coups de canons tirés depuis la Tour de Londres et 42 depuis Green Park, enfin le drapeau Union Jack sera hissé sur tous les bâtiments officiels.
 

 

En parallèle, la presse se prépare aux trois moments phares : hospitalisation, annonce de la naissance et sortie avec le nouveau-né. La mort de la princesse Diana a cependant introduit une rupture entre la presse et la famille royale. « Les gens ont peut-être une idée un peu obsolète de la meute de correspondants royaux. La réalité c’est que la presse britannique est devenue très respectueuse envers la famille royale, frileuse même, diront certains. » note Richard Palmer, correspondant royal pour le Daily Express.
Cet historique explique également la protection extrême de l’image du Prince George excepté lors de rares occasions. Le même sort attend la future petite princesse, après quelques instants de lumière éphémères, le rideau tombera.
 
L’annonce de cette naissance dépasse de simples enjeux d’information : cet évènement se veut également un important faire-valoir stratégique. En effet, elle promet un dopage de l’économie britannique, des marchés financiers et commerces divers. Si celle du petit Prince George a rapporté 247 millions de livres (344 millions d’euros) en vente de souvenirs, les prévisions cette année environnent les 70 millions de livres (97 millions d’euros). « Tout le monde voudra acheter les mêmes tenues que le bébé, ses jouets. Il y aura un impact long sur l’économie, surtout si c’est une fille, » remarque Joshua Bamfield sur le site Hello !. Des observateurs mentionnent également le lien entre le sexe de l’enfant et les indices boursiers, prouvé pour les naissances des princesses Anne (1950), Margaret (1930), Elizabeth (1926).
 
A Londres, l’effervescence gagne les foules, des célébrations s’organisent : baby shower royale au Park Lane Hotel, dégustation de champagne et pâtisseries au London Hilton ou croisière-conférence pour les bébés royaux sur la rivière Thames ?
Plus symboliquement, les enfants nés le 2 mai 2015 recevront, comme pour la naissance de George une pièce en argent sur laquelle figurera le portrait de la reine Elizabeth et la date du 2 mai. Ce symbole fait écho à la tradition anglaise consistant à déposer une pièce en argent dans la main du nouveau-né en gage de richesse et de bonheur.
Enfin, les bookmakers font des pronostics multiples sur le sexe, prénom, poids de l’enfant, sa date de naissance mais également le parent qui le portera en sortant de la clinique ou le lieu de sa première sortie officielle. Le prénom Charlotte était favori avec une cote de 3 contre 1, soit un gain de 3 livres pour 1 livre pariée.

Un lien symbolique entre le peuple et ses dirigeants assuré par une communication sans faute
Son prénom étant un hommage direct à la mère du Prince William, la naissance de la petite princesse nourrit la recherche d’une nouvelle Diana dans le cœur des anglais. Cependant, le journal The Guardian s’inquiète de ce lourd héritage pour les petites épaules de l’héritière : « Cet enfant serait non seulement le premier lien direct féminin avec le tsunami émotionnel que représentait Diana, elle aussi appartiendrait [dès sa naissance] au public ». Cette inquiétude laisse présager un avenir traqué et scruté par les médias.

A naissance royale, communication royale
Après une attente interminable sur les réseaux sociaux et aux abords de l’hôpital entre le 15 et le 30 avril, la naissance a été annoncée sur le compte Twitter @KensingtonPalace. De nombreuses célébrités ont félicité les parents, à l’instar de Barack et Michelle Obama : «Michelle et moi sommes ravis de féliciter le duc et la duchesse de Cambridge, sa majesté la reine et la famille royale, et tous les habitants du Royaume-Uni pour la naissance de la princesse royale», indique la Maison Blanche dans un communiqué.
 
A leur manière, les marques ont également célébré cette naissance sur les réseaux sociaux :

Une dizaine d’heures après l’accouchement et l’annonce de la naissance de l’enfant aux citoyens britanniques, le couple royal est apparu sur le perron de l’hôpital, accompagné de la petite princesse et du Prince George pour un premier bain de foule relayé par les médias du monde entier. Son prénom a été annoncé le 4 mai, plus de 48 heures après sa naissance, comme pour George (il a fallu attendre 7 jours pour connaître le nom de William et 1 mois pour celui de Charles).

Sur les plans marketing et médiatique, il apparait clair que tout est fait pour que les anglais adoptent et apprivoisent cette petite princesse comme, peut-être une future reine, 4ème dans l’ordre de succession, si son frère George n’a pas de fils. Pour finir, Welcome to Princess Charlotte Elizabeth Diana, and congratulations to her parents and family !
Clarisse De Petiville
Sources :
thisismoney.co.uk
theguardian.com
elle.fr
parismatch.com
vanityfair.fr I & II 
dailymail.co.uk
Crédits photos :
rtl.fr
lexpress.fr
huffingtonpost.fr
thestar.com
thestar.com
twitter.com
elleuk.com
francetvinfo.fr
ladn.eu
 
 

metro harcèlement fastncurious
Société

Stop Harcèlement de Rue permettra-t-il de rester civil sur toute la ligne ?

100% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexiste dans l’espace public. C’est le constat saisissant qui a déclenché une tempête médiatique en cette semaine internationale contre le harcèlement de rue. Du 13 au 19 avril 2015, bon nombre de militant-e-s antisexistes sont allé-e-s à la rencontre des passants et pouvoirs publics afin de les sensibiliser à l’ampleur du harcèlement sexiste et aux impacts profonds que celui-ci a sur les femmes. La visée est simple : faire comprendre aux hommes et aux femmes que le harcèlement de rue n’est pas anodin et qu’il ne saurait être cautionné sous couvert de fatalisme. Est-il réellement envisageable de mettre fin au harcèlement sexiste dans l’espace public et semi-public, alors qu’il est l’une des manifestations les plus évidentes de la mainmise du patriarcat sur notre société ?
100% des femmes touchées par le harcèlement sexiste, un constat #Plutôtsympa
Sifflements, regards lubriques, attouchements, agressions sexuelles : la totalité des femmes y ont été confrontées au moins une fois dans leur vie. Et dans la moitié des cas, les victimes sont mineures lorsqu’elles subissent leur première agression sexuelle ou harcèlement sexiste. Voilà le réjouissant constat du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (le HCEfh) qui constitue le premier rapport institutionnel sur le sujet, commandé par la Ministre de la Santé, Marisol Touraine et la Secrétaire d’Etat chargée des Droits des femmes, Pascale Boistard. Rendue ce jeudi 16 avril, cette étude a l’effet d’une douche froide. Pour les hommes comme pour les femmes,  l’heure est à la prise de conscience d’un fléau qui fait partie intégrante du quotidien de la moitié de la population : le harcèlement de rue. Le rapport est ici.
Afin d’éviter tout haussement de sourcils suspicieux aussi mal venus qu’un tweet de Sophie de Menthon –nous allons y venir–, convenons dès à présent de l’acception de l’expression « harcèlement de rue ». Le harcèlement de rue définit les comportements adressés aux personnes dans les espaces publics et semi-publics, visant à les interpeler verbalement ou non, en leur envoyant des messages intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants, menaçants, insultants, en raison de leur sexe, de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Ces approches, que certains pensent flatteuses, poussent en réalité les femmes à craindre de stationner dans la rue ou les transports, à éviter certaines lignes, à changer leurs habitudes vestimentaires voire leur démarche ou encore à éviter tout contact visuel avec le sexe opposé. Pas étonnant donc que le tweet polémique de la chef d’entreprise et ancienne participante aux Grandes Gueules Sophie de Menthon, « 100% des femmes seraient « harcelées » quotidiennement. Ne pas tout confondre : être sifflée dans la rue est plutôt sympa ! », ait engendré un petit bad buzz. Immédiatement, les internautes ont repris ironiquement le hashtag #plutotsympa en faisant part de leurs expériences douloureuses, tandis que politiques et journalistes lui réépondaient que les femmes se passeraient bien de ce type d’interpellations.
Voici un petit schéma de ce qui est #plutotsympa et de ce qui ne l’est pas, issu de l’excellent Projets Crocodiles.

 
Une stratégie de communication rondement menée
A l’occasion de cette semaine internationale contre le harcèlement de rue, le collectif Stop Harcèlement de Rue a considérablement intensifié son action de sensibilisation. La quasi-totalité des médias ont parlé au moins une fois de ce sujet, que ce soit sous la forme d’une tribune du collectif (Mediapart, à lire ici), d’un billet en réponse au dit tweet plutotsympa (France Inter) ou de témoignages (les chaînes de télévisions nationales, par exemple). Leurs actions jouent sur un fort potentiel viral : partage de nos propres expériences, partenaires de « soirées réussies » avec le label « bar sans relou » inauguré à Lille, détournement des affiches de la RATP qui prônent le civisme dans les transports en commun ou encore application pour téléphone.

Plus récemment, Stop Harcèlement de Rue a lancé, avec l’agence BETC, l’application « Hé », qui vise à sensibiliser au harcèlement de rue en en reproduisant l’expérience. La finalité de celle-ci est que les témoins de telles scènes aient le réflexe d’intervenir. Son fonctionnement est expliqué dans la vidéo ci-dessous.

Les initiatives mises en œuvre au cours de cette semaine ont réussi à tirer à elle une couverture médiatique d’une ampleur inédite à propos de ce phénomène. La prise de conscience est en marche, l’information des témoins potentiels concernant les réactions à adopter aussi. Pour autant, il n’est pas de révolution qui ne passe par un changement de vocabulaire et, s’il le faut, par l’invention de terme adéquats.
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». Le harceleur : agresseur ou simple « relou » ?
L’enjeu de ces actions est de mettre un terme à la banalisation des comportements sexistes oppressants. Or en centrant sa communication autour de l’expression « relous », le collectif Stop Harcèlement de Rue décrédibilise son propos. Dire que le harcèlement est le fait de « relous », c’est le rendre paradoxalement marginal. Le harcèlement de rue est l’expression d’une domination masculine et de l’appropriation par un genre de l’espace public dans lequel les femmes sont uniquement de passage, toujours en mouvement. Ainsi terrasses, bancs publics, stades sont-ils majoritairement occupés par des hommes. C’est ce qui rend légitime les mesures gouvernementales qui devraient être prises (ou du moins fixées) d’ici à la fin juin. Comment alerter l’opinion et les pouvoirs publics avec des termes aussi vides de sens que « relous » ?
Les harceleurs, agresseurs, frotteurs (petit nom pour désigner les hommes qui profitent de l’affluence des transports en commun pour se masturber sur les passagères) ne sont pas des dragueurs ratés mais des contrevenants au respect le plus élémentaire et à la loi, dont les agissements hostiles répétés engendrent une souffrance psychologique chez les femmes. Qualifier les agresseurs de « relous », c’est tirer un trait sur toute hypothèse de poursuite judiciaire, et en fin de compte, normaliser ces comportements. L’utilisation de ce terme, enfin, en s’éloignant du vocabulaire juridique, contribue à brouiller la frontière entre séduction et violence. Nommer les actes, c’est les reconnaître et permettre la prise de mesures. Cela conduirait notamment à l’évolution des mentalités chez les hommes comme chez les femmes, contrant ainsi la tendance à la culpabilisation des victimes et au slut shaming (« elle l’a cherché, elle n’a qu’à se respecter elle-même en s’habillant correctement »).

Le phénomène de harcèlement de rue est suffisamment difficile à désigner, de par son aspect hétéroclite, sans le décrédibiliser par des enjeux communicationnels futiles. L’action des associations est en voie de faire évoluer les mentalités, grâce à la couverture médiatique d’une ampleur inédite et à la démarche des pouvoirs publics. Mais face à un phénomène systématique que la société persiste à minorer, peut-être faudrait-il commencer par nommer ces agressions…
Pour se faire une idée sur le harcèlement quotidien que subissent les femmes :


http://projetcrocodiles.tumblr.com/
Louise Pfirsch
@: Louise Pfirsch

Sources :
stopharcelementderue.org
liberation.fr
youscribe.com
konbini.com
Crédit image :
projetcrocodiles.tumblr.com
stopharcelementderue.org
Crédit vidéo :
stopharcelementderue.org